Fake news sur la guerre en Ukraine : les réseaux sociaux sont-ils plus trompeurs que les médias traditionnels?

Vous avez peut-ĂȘtre dĂ©jĂ  vu des passages des Ă©missions tĂ©lĂ© dans lesquels les rĂ©seaux sociaux sont prĂ©sentĂ©s comme les principaux responsables de la propagation des fake news et dans une pĂ©riode dans laquelle de plus en plus de monde, notamment les jeunes, s’informe en ligne et sur les rĂ©seaux sociaux il est pertinent de se demander si les rĂ©seaux sont plus trompeurs que les mĂ©dias traditionnels et en particulier la tĂ©lĂ©vision, en se penchant sur un Ă©vĂ©nement qui nous impacte tous depuis plus d’un an maintenant : la guerre en Ukraine.

Historiquement, les chaĂźnes d’information avaient la prioritĂ© lorsqu’un Ă©vĂ©nement important se passait, maintenant avec l’émergence des rĂ©seaux sociaux un Ă©vĂ©nement qui se passe mĂȘme trĂšs loin de nos frontiĂšres peut vite devenir viral et faire le tour du monde. Dans ce contexte, les chaĂźnes d’information perdent leur avantage historique dans ce jeu de concurrence avec les rĂ©seaux sociaux, la plupart des Ă©vĂ©nements n’arrivant plus Ă  la tĂ©lĂ©vision en premier, mais sur les rĂ©seaux sociaux. 

Étant donnĂ© que les chaĂźnes d’information doivent faire preuve d’une rĂ©elle rĂ©activitĂ© afin de tenir le cap face aux rĂ©seaux sociaux et qu’elles ont besoin de contenu en continu, il arrive parfois que les chaĂźnes d’information n’aient pas le temps nĂ©cessaire de vĂ©rifier la vĂ©racitĂ© de toutes les informations qu’elles relaient. 

Quant aux rĂ©seaux sociaux, cet attribut qui leur permet de connecter facilement le monde est Ă  double tranchant. D’un cĂŽtĂ©, l’information peut venir de sources diverses et arriver rapidement aux quatre coins du monde. D’un autre cĂŽtĂ©, ces mĂȘmes sources sont souvent difficilement vĂ©rifiables et une fois l’information lancĂ©e il est compliquĂ© d’arrĂȘter sa propagation et donc favoriser un environnement propice Ă  l’apparition des fake news. 

En fĂ©vrier 2022, Ursula von der Leyen annonce l’interdiction des mĂ©dias d’État russes au sein de l’Union EuropĂ©enne : la chaĂźne de tĂ©lĂ©vision Russia Today et le journal Sputnik lors de l’annonce des sanctions contre la Russie. Dans une publication sur Twitter, Ursula von der Leyen affirme : «[Ils] ne pourront plus diffuser leurs mensonges pour justifier la guerre de Poutine. Nous dĂ©veloppons donc des outils pour interdire leur dĂ©sinformation toxique et nuisible en Europe». La guerre en Ukraine se joue non seulement sur les théùtre de combat, mais dans l’information Ă©galement.

Les hĂ©ros de l’üle des Serpents

 Une vidĂ©o a fait le tour des rĂ©seaux au dĂ©but de la guerre. Il s’agit d’une vidĂ©o initialement diffusĂ©e par le conseiller du ministre de l’intĂ©rieur ukrainien sur son compte Telegram et reprise par plusieurs mĂ©dias en ligne (comme Ukrayinska Pravda). La vidĂ©o montre les Ă©changes entre les soldats russes et les gardes-cĂŽtes ukrainiens sur l’üle des Serpents et une cĂ©lĂšbre phrase est restĂ©e dans la mĂ©moire collective : «Navire militaire russe, allez vous faire fou***»  . Volodymyr Zelensky avait dĂ©clarĂ© : «Sur notre Ăźle de Zmiinyi, en la dĂ©fendant jusqu’au bout, tous les gardes-frontiĂšres sont morts hĂ©roĂŻquement. Mais ils n’ont pas renoncĂ©. Ils recevront tous, Ă  titre posthume, le titre de HĂ©ros de l’Ukraine. Que la mĂ©moire de ceux qui ont donnĂ© leur vie pour l’Ukraine vive Ă  jamais». La vidĂ©o a Ă©tĂ© reprise Ă©galement dans les mĂ©dias français sur des chaĂźnes d’information comme LCI et  BFMTV ou encore le journal Le Point sur son compte Twitter. 

Quelques jours plus tard, les forces armées ukrainiennes reviennent sur cette information  dans une publication Facebook déclarant que les soldats ukrainiens sont en vie et capturés par les soldats russes. Les chaßnes de télévision françaises ont également clarifié la situation par la suite.

LCI et BFM ne sont pas les seules chaĂźnes qui relaient des informations sans toujours vĂ©rifier leur provenance et leur vĂ©racitĂ©. En effet, CNEWS, a publiĂ© le 28 avril 2023 un article en ligne «VLADIMIR POUTINE : LE PRÉSIDENT RUSSE A-T-IL ÉCHAPPÉ À UN ATTENTAT AU DRONE KAMIKAZE ? » sans que Moscou ou Kiev confirment cette affirmation. Il s’agit donc d’un exemple de clickbait car en lisant le contenu de l’article est loin de dĂ©montrer un tel Ă©vĂ©nement. 

Les rĂ©seaux sociaux sont eux aussi loin d’ĂȘtre innocents dans la propagation des fake news et la Russie semble bien maĂźtriser la technique de l’astroturfing en utilisant le partage massif par des faux comptes des informations propagĂ©e soit par les officiels russes (des membres du gouvernement ou des institutions russes) soit directement par des comptes dont l’identitĂ© est difficilement vĂ©rifiable ou Ă  travers les commentaires des diverses publications.

Depuis la crĂ©ation de Twitter Bleu, des faux comptes peuvent maintenant obtenir le badge bleu qui fait gagner la crĂ©dibilitĂ© du compte le dĂ©tenant, en payant un abonnement mensuel. Twitter Bleu pose un problĂšme dans la propagation des fake news car certains mĂ©dias traditionnels ou des journalistes indĂ©pendants perdent leur badge en refusant de payer l’abonnement alors que d’autres comptes Twitter risquent de sembler plus vĂ©ridiques aux yeux des utilisateurs.

L’AutoritĂ© de rĂ©gulation de la communication audiovisuelle et numĂ©rique est l’organisme chargĂ© de veiller sur le phĂ©nomĂšne des fake news en France. Si pour les chaĂźnes de tĂ©lĂ©vision ce contrĂŽle peut ĂȘtre plus facile Ă©tant donnĂ© le rĂŽle historique de la CSA et le fait que chaque tĂ©lĂ©spectateur peut dĂ©noncer des passages problĂ©matiques vus Ă  l’antenne, sur les rĂ©seaux sociaux il est plus compliquĂ© pour le rĂ©gulateur d’intervenir directement. Chaque annĂ©e l’Arcom publie les dĂ©clarations des opĂ©rateurs de plateformes (Meta, Twitter, Google, etc.) en ligne sur les moyens de lutte contre la manipulation de l’information.

Une des mesures prises par Twitter pour lutter contre les fake news est le lancement de Twitter Birdwatch, un outil qui permet aux utilisateurs d’identifier des publications qu’ils estiment trompeuses et d’écrire des notes qui fournissent un contexte informatif. 

Néanmoins, sur les réseaux sociaux le nombre quotidien de publications reste trop élevé comparé aux moyens de régulation et des fake news passent toujours à travers les mailles du filet.

Bien Ă©videmment, en France il n’y a pas de chaĂźne de tĂ©lĂ©vision avec un discours pro russe et donc les fake news que l’on trouve dans les mĂ©dias traditionnels ont peut-ĂȘtre moins d’impact sur l’avis gĂ©nĂ©ral de  la population concernant la guerre que les publications sur les rĂ©seaux oĂč tout le monde est libre de partager ses idĂ©es, mais on peut remarquer que tous les fake news sur les rĂ©seaux sociaux ne viennent pas de faux comptes et parfois les chaĂźnes de tĂ©lĂ©vision ou les journaux sont Ă  l’origine de celles-ci.

Et en Russie?

Malheureusement les mĂ©dias indĂ©pendants sont rares voire inexistants en Russie, la quasi-totalitĂ© des mĂ©dias Ă©tant des mĂ©dias d’État qui sont contrĂŽlĂ©s par le Kremlin. 

Depuis le dĂ©but de la guerre, les journalistes des mĂ©dias indĂ©pendants ont pour la plupart dĂ» quitter le pays Ă©tant considĂ©rĂ©s comme des “agents Ă©trangers”. En ce qui concerne les mĂ©dias d’État, afin de maintenir l’opinion et le soutien de la population la guerre est prĂ©sentĂ© comme une opĂ©ration de dĂ©nazification de l’Ukraine, souvent faisant rĂ©fĂ©rence Ă  la Seconde Guerre mondiale (la “Grande Guerre Patriotique » en russe), guerre qui est restĂ© comme une fiertĂ© nationale dans la mĂ©moire collective russe. C’est dans ce contexte que les rĂ©seaux sociaux deviennent une autre source d’information notamment pour les jeunes gĂ©nĂ©ration, car c’est seulement sur les rĂ©seaux sociaux qu’ils peuvent avoir un autre discours que celui propagĂ© dans les mĂ©dias d’État russes, d’oĂč la dĂ©cision de la Russie d’interdire Facebook et Instagram. 

ARTE Tracks a produit une sĂ©rie des mini-documentaires sur les fake news dans les mĂ©dias d’État russes.

Pour conclure, il est difficile de dire si les rĂ©seaux sociaux sont plus dangereux que les mĂ©dias traditionnels et parfois il faut bien prendre en compte le contexte diffĂ©rent d’un pays Ă  l’autre. Il est certes important de se rendre compte que les fakes news existent et sur les rĂ©seaux sociaux et dans les mĂ©dias traditionnels et le plus important c’est de vĂ©rifier chaque information avant de la partager afin d’éviter un effet de chambre d’écho. Finalement, peut-ĂȘtre qu’avec le discours gĂ©nĂ©ralisĂ© qui pointe du doigt les rĂ©seaux sociaux on fait encore plus attention lorsque l’on s’informe sur ceux-ci et on risque de considĂ©rer l’information des mĂ©dias traditionnels comme vĂ©ridique et c’est probablement dans ce rapport de confiance que l’on peut ĂȘtre encore plus facilement victimes des fake news.

Sebastian Udriste

Bibliographie :

Donada, E. , de la Roche Saint-AndrĂ©, E. (le 25 fĂ©vrier 2022). «Allez vous faire foutre !»: que sait-on des derniĂšres paroles de soldats ukrainiens devenus hĂ©ros en dĂ©fendant l’üle des Serpents?. LibĂ©ration (rĂ©f le 28 fĂ©vrier 2022) :

https://www.liberation.fr/checknews/allez-vous-faire-foutre-que-sait-on-des-dernieres-paroles-de-soldats-ukrainiens-devenus-heros-en-defendant-lile-aux-serpents-20220225_6I3QUB7QMBGX7C3KMRQRAGIGWA/

La rĂ©daction de TF1info ( le 28 fĂ©vrier 2022). Ukraine : dĂ©clarĂ©s morts, les 13 soldats de l’üle des Serpents sont en rĂ©alitĂ© aux mains des Russes. TF1 info :

https://www.tf1info.fr/international/guerre-en-ukraine-declares-morts-les-13-soldats-de-l-ile-des-serpents-sont-en-realite-aux-mains-des-russes-2212148.html

CNEWS (le 28 avril 2023). VLADIMIR POUTINE : LE PRÉSIDENT RUSSE A-T-IL ÉCHAPPÉ À UN ATTENTAT AU DRONE KAMIKAZE ?. CNEWS :

https://www.cnews.fr/monde/2023-04-28/vladimir-poutine-le-president-russe-t-il-echappe-un-attentat-au-drone-kamikaze

La rĂ©daction numĂ©rique de France Inter (le 16 mars 2022). Comptes complotistes, fake news, propagande : plongĂ©e dans les tweets de l’ambassade russe en France. France Inter :

https://www.radiofrance.fr/franceinter/comptes-complotistes-fake-news-propagande-plongee-dans-les-tweets-de-l-ambassade-russe-en-france-2267509

Arcom. Questionnaire 2021 aux opĂ©rateurs de plateformes en ligne soumis au titre III de la loi du 22 dĂ©cembre 2018 relative Ă  la lutte contre la manipulation de l’information – Twitter :

https://www.arcom.fr/sites/default/files/2022-07/D%C3%A9claration%20Twitter%20-%20%20Lutte%20contre%20la%20manipulation%20de%20l%27information%202022.pdf

Masha Borzunova, Kobalt Productions (2022). Fake News. ARTE Tracks :

https://www.arte.tv/fr/videos/109809-001-A/fake-news/

Maxime Audinet (le 16 fĂ©vrier 2023). Un an aprĂšs l’invasion de l’Ukraine : que deviennent RT et Sputnik ?. La revue des mĂ©dias, INA:

https://larevuedesmedias.ina.fr/guerre-information-russie-ukraine-medias-influence-rt-sputnik-afrique-nouveau-rideau-de-fer

Evangelical Church And Celebrity Culture Are A Match Made In Heaven

Ex- Hillsong preacher Carl Lentz is on the verge of hitting 600K followers on Instagram. He and other pastors such as Chad Veach (Zoe Church in Los Angeles), Judah Smith (Churchome in Seattle) or Rich Wilkerson Jr. (Vous Church in Miami) are used to sharing the gospel on social media. They also appear in paparazzi photos, surrounding themselves with the likes of Justin Bieber and Kanye West all the while living lavish lifestyles.

Reverend Billy Graham speaks to the crowds – Tallahassee, Florida (1943)

This trend of inspiring supporters through communication technology has been around since seventeenth-century England, and famous evangelists like Billy Graham has used secular media as a tool for their ministry. In 1989, he began a series of Crusades via satellite extending his preaching to live audiences in more than 185 countries and territories.

Although incorporating celebrity culture in religion is not new, the social media exposure of spiritual leaders is slowly closing the gap between celebrity pastor and regular celebrity.

What don’t you like about church ?

Evangelical Protestants are the largest religious group in the U.S. and are accounting for 25.4% of the population in 2023. Nonetheless, this proportion has been in decline for a long time since grapes of American adults are starting to describe themselves as atheist, agnostic, or nothing in particular.

Megachurches (i.e., Protestant congregation having 2 000 or more people in average weekend attendance) have been trying to offer something different from traditional evangelicalism. Pioneering pastor Rober H. Schuller and his disciple Bill Hybels popularized the idea that churches should heavily focus on reaching seekers, the ones who distanced themselves from God but are still seeking for meaning in their lives. He believed that leaders could use marketing strategies to find out what they didn’t like about church and tailor its service according to their answers.

 The Australian Hillsong congregation has churches in 30 countries and an average global attendance of 150 000 believers weekly. As a seeker sensitive church, Hillsong tries reaching out to the unsaved person by making the church experience more inviting, comfortable and entertaining. Hillsong managed to curate a brand image promoting a more progressive form of Christianity involving theatrics and musical skits, fashion.

Indeed, megachurches offices are using technology and celebrities guests appearance to offer a high end religious experience to the audience. The goal is to create an emotionally highly charged atmosphere designed to foster the worshipper’s connection to God. As soon as you walk into the venue, you are blinded by the lights and cannot help but notice the massive LED screens along with the multiple cameras. 

According to Kelly Bollman who has been involved on the volunteer creative team of Hillsong New York, Hillsong “off-platform” identity is has important has the “on-platform” one. The off-platform identity is curated on social media and in the persona of media-trained pastors that transcend what it means to be Christian.

Relatables narratives of Christianity

Hillsong offers a message even seekers can digest by preaching what is relevant to daily life : dating, confidence, grief and so on. Since relatability appeals to younger worshipers, pastors passionately share the ups and downs of their spiritual journey. Vox explained how evangelical church was turning into “a gathering place for the cool kids, the kids who might have had too much to drink the night before but know they’re welcome no matter what on Sunday morning”. Pastors are using the language and rhetoric of the social media-savvy Millennials and Generation Z. Services available for streaming on Hillsong’s Website display titles such as “Relevance: Hole-y Jeans or Holy Life?”.

Megachurches are also adding a dose of prosperity gospel theology to their narrative, teaching the mass that God will reward believers with material benefit and success for their faithfulness. Evangelical celebrities feed this belief with their posts showcasing lavish luxury lifestyle and A-list friends. Moreover, megachurches often cultivate the image of culturally, diverse and young communities.

Media-friendly pastors

Megachurches are producing a new generation of Celebrities for Jesus, a term coined by Katelyn Beaty in her book Celebrities for Jesus: How Personas, Platforms, and Profits Are Hurting the Church. She explores the way celebrity culture has shaped the American Church. She distinguishes fame, the attention arising from an act of virtue from celebrity that relies on the tool of mass media to project an image of ourselves. Celebrity pastors are key opinion leaders and are using different tactics to make themselves appealing to their followers.

Pastors cautiously curate their Instagram feeds with selfies, inspirational messages of self-care , promotional posts urging their followers to buy their books or the latest footage of the Sunday service. About the latter, behind-the-scenes of the worships provide leaders with an aura of importance. Ferris and Harris explain that the asymmetry of knowledge between pastors and audience is a common indicator of religious celebrity. Pastor rarely interacts off-stage with the congregation but knows that his physical absence is more than  compensated by his media presence. A media-trained spiritual leader carefully balances between privacy and publicity while shaping his persona as a celebrity.

Youth Pastor Matt Davis on stage (2020)

However, scandals can still occur, as seen in the case of Carl Lentz, the former lead pastor at Hillsong Church in New York City, who was dismissed in 2020 a moral failure. He was caught having an extramarital affair and held accountable for not upholding the values he so convincingly preached.

Rich in faith and dollars

The line between pastors and their fellow celebrities starts to be blurred when the spiritual leaders engage in a transactional relationship with their followers.

Megachurches often expose their communities to paid services, and lead pastors can make significant profits from book sales and merchandising. Both online followers and Sunday attendees serve as potential customers.

 Pastor Rich Wilkerson Jr. achieved a new level of stardom when he starred in his own TV show Rich in Faith along with his wife DawnCheré Wilkerson, also a lead pastor. The Christian couple  have their own Youtube Channel called  Official Rich & DC. Thanks to their content creation activity, their net work oscillates between 1$ to 4$ million dollars as of 2023.

Beliebers turned Believers : when celebrity become religious brand ambassadors

Selena Gomez, Kendall Jenner or Chris Pratt have been vocal about their faith online. However, Justin Bieber and Hillsong have taken their spiritual partnership to a new level.   Back in 2014, the singer was a PR disaster, regularly making headlines wherever he was illegally importing a pet monkey or spending a night in jail for underage drag racing.

Mugshot of Justin Bieber taken by Miami Beach Police – Miami, Florida (2014)

At his lowest, he got baptized in an NBA player’s bathtub by none other than Pastor Lentz. Since then, his relationship with Hillsong is an essential part of his social media brand. On Instagram, Bieber is a vocal Christian and more importantly a vocal Hillsong supporter, appearing at Hillsong events alongside Lentz and speaking in tongues on his posts.

Justin Bieber posting about Easter on Instagram (2018)

In 2017, he even posted an Instagram Live of him praising God to a heartfelt piano melody. Bieber was performing a song written by the Christian rock band Hillsong United followed by 2.5 million souls on Instagram. Hillsong is known for its focus on Christian pop songs that are not solemn hymns, still in a move to attract seekers. This led them to produce millions of dollars’ worth of albums and singles, all available on regular music streaming services. 

Bieber is a perfect representative for Hillsong as he provides media attention for the megachurch, while benefiting from their redemption narrative.

Also, Bieber is Christian, but not too Christian. His Christianity is seen through the lyrics of some of his songs but is tamed so that non-believers are under the impression they are listening to a conventional love song. His fans love it and so does the church, benefiting from the pop stars’ following, the Beliebers.

A fairly conservative theology

Credits : rawpixel.com

Various articles criticize how Hillsong’s curated forward-thinking and youthful brand clashes with its underlying conservative evangelical theology. One issue is that the church leaders do not endorse homosexual lifestyles, as noted in a 2015 blog post by Hillsong’s founder, Brian Houston.

Moreover, only 3% of evangelical churches in America have a female lead pastor, according to the latest National Congregations Study from Duke University. Even when women are co-pastors, their male partners are still seen as the primary preachers.

As a result, they successfully invest in social media for self-expression purposes. Like their male counterparts, they are white, charismatic and good-looking individual. Holly Furtick married to Steven Furtick, lead pastor of Elevation Church has half a million followers on Instagram, runs an online book club and hosts a Youtube Channel with 78 000 subscribers. She also has a website showcasing her favorite recipe and a shop where customers can buy worship merchandise. While evangelical digital culture offers female leaders a space of influence, this authority is not transgressive enough to challenge the patriarchal structure within churches. Female microcelebrities serve as visual examples of a good Christian woman devoted to marriage and motherhood, but they don’t fundamentally challenge traditional gender roles.

It is evident that megachurches are conflicted  between modernity and traditionalism. Their seeker sensitive model is consumer oriented, catering to fill the desire with the bored unchurched. Megachurches design an entertaining and immersive religious experience in which pastors and celebs play a pivotal role. Religious content creators are appealing to the believers and non-believers because they are inspiring and trendy. But for Christian celebrities, social media are not the place of Biblical transgression but rather a showcase of the ideal concept of the Christian Life. And they sometimes struggle to live up to that.

Linda Ndiaye


References

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Biography – Billy Graham Memorial. (2023, 15 fĂ©vrier). Billy Graham Memorial. https://memorial.billygraham.org/biography/

Burton, T. I. (2018, 1 octobre). Justin Bieber, Hillsong Church, and the celebrity redemption narrative. Vox. https://www.vox.com/identities/2018/10/1/17596502/justin-bieber-hillsong-carl-lentz-married

Frishberg, H. (2022, 29 dĂ©cembre). Inside disgraced, disheveled ex-Hillsong pastor Carl Lentz’s downgraded house. New York Post. https://nypost.com/2022/03/09/pics-emerge-of-disgraced-disheveled-ex-hillsong-pastor-carl-lentzs-house/

Gaddini, K., & Gaddini, K. (2022). The Rise and Fall of Evangelical Influencers | Religion & Politics. Religion & Politics. https://religionandpolitics.org/2022/03/15/the-rise-and-fall-of-evangelical-influencers/

GotQuestions.org. (2022, 4 janvier). GotQuestions.org. https://www.gotquestions.org/seeker-sensitive-church.html

Hillsong Church. (2022, 22 novembre). Fact Sheet – Hillsong. Hillsong. https://hillsong.com/fact-sheet/

Kidwell, J., & Borer, M. I. (2021). The Sanctuary of the Spectacle : Megachurches and the Production of Christian Celebrities and Consumers. Journal of Media and Religion, 20(2), 53‑64. https://doi.org/10.1080/15348423.2021.1925463

Nadeem, R. (2022, 13 septembre). Modeling the Future of Religion in America. Pew Research Center’s Religion & Public Life Project. https://www.pewresearch.org/religion/2022/09/13/modeling-the-future-of-religion-in-america/

Ostling, R. (2022). Is Celebrity Culture Eroding American Evangelicalism ? This Publishing Insider Says Yes. Religion Unplugged. https://religionunplugged.com/news/2022/9/13/is-celebrity-culture-eroding-american-evangelicalism-this-publishing-insider-says-yes

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Robert Schuller and The Seeker Sensitive Church. (s. d.). https://cicministry.org/commentary/issue56.htm

The Cult of Celebrity in the Church of Christ. (2023, 25 janvier). Acton Institute. https://www.acton.org/religion-liberty/volume-33-number-1/cult-celebrity-church-christ

Turner, L. (2019, 6 fĂ©vrier). Chris Pratt, Justin Bieber, and the rise of the “cool” Christian celebrity. Vox. https://www.vox.com/culture/2019/2/6/18205355/church-chris-pratt-justin-bieber-zoe-hillsong

Williams, G. (2022, août 17). Katelyn Beaty Explores the Underbelly of Christian Celebrity Culture. Sojourners. https://sojo.net/articles/katelyn-beaty-explores-underbelly-christian-celebrity-culture

Russie/Ukraine : quand la guerre devient virtuelle

Désinformer. Semer le doute. Décontextualiser. Emouvoir. Propager la haine.

Telles sont les actions rendues possibles par l’intermĂ©diaire des rĂ©seaux sociaux dans le cadre de l’invasion agressive menĂ©e par la Russie en Ukraine. Cette guerre ne se limite pas aux champs de bataille, mais se caractĂ©rise essentiellement par la maniĂšre dont elle est propagĂ©e et partagĂ©e en ligne.

@Source : BFM TV.

Les conflits armĂ©s prĂ©cĂ©dents ont Ă©galement connu l’implication des mĂ©dias sociaux, mais l’invasion massive de l’Ukraine par la Russie dĂ©montre quotidiennement comment les plateformes en ligne altĂšrent la maniĂšre dont la guerre est rapportĂ©e, vĂ©cue et comprise. Cela est en grande partie dĂ» Ă  la couverture Internet en constante augmentation et Ă  l’utilisation croissante des rĂ©seaux sociaux, avec 79% des Ukrainiens utilisant Internet contre 88% des Russes selon les chiffres de Datareportal de 2023. À titre de comparaison, lorsque la Russie a envahi l’Ukraine en 2014, seulement 4 % des abonnĂ©s ukrainiens Ă  la tĂ©lĂ©phonie mobile avaient accĂšs Ă  des rĂ©seaux 3G ou plus rapides, et pendant la guerre en Syrie en 2015, seuls 30 % de la population syrienne Ă©taient en ligne (OECD, 2022). Cette dynamique a Ă©galement mis en Ă©vidence l’ampleur de la menace de la dĂ©sinformation, qui a toujours Ă©tĂ© utilisĂ©e comme une arme mais dont la portĂ©e et la pĂ©nĂ©tration potentielle ont Ă©tĂ© multipliĂ©es Ă  l’aide des rĂ©seaux sociaux.

Un terrain de jeu étendu sur plusieurs canaux

Les rĂ©seaux sociaux servent d’outils de propagande via les contenus partagĂ©s sur les diffĂ©rentes plateformes et les interactions entre les nombreux utilisateurs. Des conversations sur Whatsapp et Telegram, des vidĂ©os relayĂ©es sur Twitter, TikTok ou Instagram ou encore des posts sur VKontakte, le ‘Facebook local’ : tous les canaux de diffusion sont mobilisĂ©s, qu’il s’agisse des mĂ©dias traditionnels, des rĂ©seaux sociaux, des sites web d’information, des blogs ou encore des messageries instantanĂ©es, dans le but de propager des discours, des images ou des vidĂ©os destinĂ©s Ă  influencer l’opinion publique ou Ă  dĂ©sinformer les citoyens.  

Bien que VKontakte soit la solution de rĂ©seau social prĂ©fĂ©rĂ©e en Russie (comptant 73% de la part des utilisateurs russes), Instagram – appartenant Ă  la mĂȘme entreprise mĂšre Meta – reste en tĂȘte, utilisĂ© par environ 59% des utilisateurs de rĂ©seaux sociaux dans ce pays, soit prĂšs de 80 millions de personnes selon une estimation de FranceInfo, se basant sur les donnĂ©es de Statista.

MalgrĂ© cela, la Russie a rĂ©cemment dĂ©cidĂ© de bloquer Instagram pour protester contre Meta. Ces sanctions Ă  l’encontre du gĂ©ant amĂ©ricain des rĂ©seaux sociaux font suite Ă  la dĂ©cision de Meta d’autoriser la publication de messages incitant Ă  la violence Ă  l’encontre des dirigeants et du personnel militaire russes dans certains pays, et cela uniquement dans le contexte de la guerre en Ukraine. Dans cette guerre de communication, Meta est devenue « la figure de l’Occident », perçue comme une menace par les autoritĂ©s russes. Les utilisateurs russes doivent dĂ©sormais se tourner vers les autres rĂ©seaux sociaux ou utiliser un rĂ©seau privĂ© virtuel (VPN) pour contourner la censure imposĂ©e par les autoritĂ©s. L’interdiction d’Instagram a d’ailleurs entraĂźnĂ© une hausse de la demande de VPN de plus de 2 000 %, selon TOP10VPN, une sociĂ©tĂ© de surveillance numĂ©rique. Cela confirme l’importance cruciale des rĂ©seaux sociaux dans cette guerre de dĂ©sinformation oĂč tous les canaux de diffusion sont utilisĂ©s pour influencer l’opinion publique.

@Photographie : Chesnot/Getty

« C’est gagnĂ© quand le doute est installé »

Les rĂ©cits de dĂ©sinformation russes reposent frĂ©quemment sur des demi-vĂ©ritĂ©s et des « whataboutisms » – tentatives de rĂ©pondre Ă  un problĂšme en le comparant Ă  un autre problĂšme qui n’a rien Ă  voir avec le problĂšme initial-, ou sont simplement faux, obscurcissant ainsi les faits. Ainsi, les acteurs russes utilisent une approche diversifiĂ©e pour introduire, amplifier et diffuser des rĂ©cits faux et dĂ©formĂ©s Ă  travers le monde. Ils se basent notamment sur une combinaison de faux comptes et de comptes artificiels, de sites web anonymes et de sources mĂ©diatiques officielles de l’État pour diffuser et amplifier du contenu qui sert leurs intĂ©rĂȘts et dĂ©crĂ©dibilise les rĂ©cits concurrents.

« Si la dĂ©sinformation est une arme de guerre indĂ©niable, les stratĂ©gies mises en place, et les raisons de leur utilisation diffĂšrent Ăąprement dans ce conflit : l’un l’utilise pour justifier l’invasion d’un Ă©tat souverain, l’autre pour tenter justement de prĂ©server cette souverainetĂ©. »

Arnaud Mercier, professeur en sciences de l’information et de la communication (novembre 2022)

Le nombre d’exemples illustrant la dĂ©sinformation dans ce champ de batail virtuel est indĂ©nombrable et ne cesse d’accroĂźtre, voici ci-dessous un rappel des plus marquants:

  • Attaque de Marioupol : la discrĂ©ditation d’une bloggeuse ukrainienne  
@Source : AP. Cette influenceuse beauté a été accusée de mentir aprÚs la publication de cette photo.

En mars dernier, un hĂŽpital pour enfants a Ă©tĂ© la cible d’un bombardement Ă  Marioupol en Ukraine. La Russie a remis en cause la vĂ©racitĂ© de ces faits et a accusĂ© cette influenceuse ukrainienne d’avoir jouĂ© le rĂŽle d’une femme enceinte lors de cette attaque. Le porte-parole du ministĂšre russe de la DĂ©fense a mĂȘme dĂ©fendu cette affirmation absurde en justifiant que Marianna PodgourskaĂŻa est une bloggeuse Instagram. En plus de la non-validitĂ© de l’argument, cette accusation a Ă©tĂ© rapidement dĂ©mentie aprĂšs qu’une de ses publications antĂ©rieures prouve qu’elle Ă©tait bien enceinte Ă  ce moment. Cet exemple illustre la stratĂ©gie russe visant Ă  discrĂ©diter les informations ukrainiennes en semant le doute dans l’esprit du public, rendant ainsi difficile la distinction entre la vĂ©ritĂ© et le mensonge.

@Marianna a posté cette photo sur Instagram fin février, demandant à ses followers de deviner si son bébé serait un garçon ou une fille. Source : Instagram.
  • Avions de combats russes dans le ciel ukrainien

La décontextualisation ne vient pas toujours du camp russe, bien que cette technique reste majoritairement utilisée par les pro-russes.

Une publication, qui a Ă©tĂ© vue plusieurs milliers de fois, prĂ©tendait montrer des avions russes survolant l’Ukraine aprĂšs l’annonce de l’intervention militaire de Vladimir Poutine dans le pays en 2022. Il est important de noter que cette vidĂ©o partagĂ©e ne concernait pas la situation actuelle en Ukraine. En rĂ©alitĂ©, il s’agit d’un extrait d’une vidĂ©o plus longue qui avait Ă©tĂ© diffusĂ©e en 2020 et montrant la rĂ©pĂ©tition de la parade militaire du « jour de la victoire », cĂ©lĂ©brĂ© chaque 9 mai en Russie pour commĂ©morer la victoire sur l’Allemagne nazie et la fin de la Seconde Guerre mondiale. Cette diffusion de fausses informations s’inscrit dans la stratĂ©gie russe visant Ă  semer la confusion dans l’opinion publique en dĂ©crĂ©dibilisant les informations provenant de l’Ukraine.

Susciter l’émotion, parfois avec l’humour

L’utilisation des rĂ©seaux sociaux ne se cantonne pas Ă  la propagation de doutes pour discrĂ©diter le partie adverse. En effet, les mĂ©dias sociaux ont Ă©voluĂ© pour devenir bien plus qu’un simple canal d’information : ils sont devenus des canaux de mobilisation et d’émotion, notamment en rendant la guerre plus « attrayante ».

De la danse des soldats ukrainiens sur les lignes de front aux visites imperturbables des abris antiatomiques par des citoyens ordinaires, la « premiĂšre guerre TikTok du monde » a gĂ©nĂ©rĂ© un flux constant de reportages d’actualitĂ© en direct depuis les zones de combat. Le prĂ©sident ukrainien Volodymyr Zelensky n’est pas le seul Ă  utiliser TikTok comme canal de diffusion, de nombreux citoyens utilisent le rĂ©seau social quotidiennement pour informer, parfois de maniĂšre humoristique, sur la rĂ©alitĂ© du combat et de la vie sous les bombardements.

@valerisssh

Thanks for supporting ukrainian refugees!

♬ Zou Bisou Bisou – Gillian Hills

Ces vidĂ©os permettent de rendre compte de la rĂ©alitĂ© vĂ©cue par les populations en Ukraine en Ă©liminant les barriĂšres gĂ©ographiques. Elles ont aussi la particularitĂ© de toucher un public plus jeune qui n’aurait peut-ĂȘtre pas Ă©tĂ© informĂ© de la guerre par d’autres canaux de communication.

« Si c’était une guerre de mĂšmes, nous serions en train de gagner. »

Cette citation provient d’une source qui s’occupe du compte du ministĂšre ukrainien de la dĂ©fense, qui a souhaitĂ©e rester anonyme. Elle conclue bien sur la situation actuelle de cette guerre hybride se jouant sur le terrain virtuel de la dĂ©sinformation.

Valentine CAZIN

Références :

  • BBC News. (2022, October 4). Ukraine crisis: Social media users struggle to separate fact from fiction. BBC News. https://www.bbc.com/news/world-europe-63272202
  • BBC News. (2022, October 3). Ukraine war: Russian officials claim government offensive imminent. https://www.bbc.com/news/world-europe-63272202.amp
  • CNET France. (2022, July 22). VPN : le ban d’Instagram en Russie fait encore bondir leur popularitĂ©. CNET France. https://www.cnetfrance.fr/news/vpn-le-ban-d-instagram-en-russie-fait-encore-bondir-leur-popularite-39939067.htm
  • Datareportal. (2023). Digital 2023 Ukraine. https://datareportal.com/reports/digital-2023-ukraine
  • Datareportal. (2023). Digital 2023 Russian Federation. https://datareportal.com/reports/digital-2023-russian-federation
  • France Info. (2022, April 28). Vrai ou Fake : la femme enceinte Ă©vacuĂ©e sur brancard Ă  Marioupol est-elle une actrice ? France Info. https://www.francetvinfo.fr/monde/europe/manifestations-en-ukraine/vrai-ou-fake-la-femme-enceinte-evacuee-sur-brancard-a-marioupol-est-elle-une-actrice_5014961.html
  • France Info. (2022, February 22). Guerre en Ukraine : un an de propagande et de dĂ©sinformation. France Info. https://www.francetvinfo.fr/monde/europe/manifestations-en-ukraine/video-guerre-en-ukraine-un-an-de-propagande-et-de-desinformation_5677757.html
  • L’ADN. (2022, March 11). Ukraine : TikTok, la premiĂšre guerre « attractive » du monde. L’ADN. https://www.ladn.eu/actualite/ukraine-reseau-sociaux-tiktok-tactique-guerre-attractive/
  • NPR. (2023, February 28). How Russia Is Losing (And Winning) The Information War In Ukraine. NPR. https://www.npr.org/2023/02/28/1159712623/how-russia-is-losing-and-winning-the-information-war-in-ukraine
  • OECD. (2022, March 15). Disinformation and Russia’s war of aggression against Ukraine. OECD Ukraine Hub. https://www.oecd.org/ukraine-hub/policy-responses/disinformation-and-russia-s-war-of-aggression-against-ukraine-37186bde/
  • Polytechnique Insights. (2022, March 10). Ukraine : une guerre hybride sur le terrain de la dĂ©sinformation. Polytechnique Insights. https://www.polytechnique-insights.com/tribunes/geopolitique/ukraine-une-guerre-hybride-sur-le-terrain-de-la-desinformation/
  • Statista. (2022, February). RĂ©seaux sociaux les plus utilisĂ©s par les Russes en 2021. Statista Infographies. https://fr.statista.com/infographie/26982/reseaux-sociaux-les-plus-utilises-par-les-russes/#:~:text=Les%20r%C3%A9seaux%20sociaux%20du%20groupe,pour%20les%20deux%20derniers%20cit%C3%A9s.
  • TV5MONDE. (2022, March 23). Conflit en Ukraine : les rĂ©seaux sociaux influencent-ils la guerre ? TV5MONDE. https://information.tv5monde.com/info/conflit-en-ukraine-les-reseaux-sociaux-influencent-ils-la-guerre-452619
  • Zolan, A. (2023, February 28). How Russia Is Losing (And Winning) The Information War In Ukraine. NPR. https://www.npr.org/2023/02/28/1159712623/how-russia-is-losing-and-winning-the-information-war-in-ukraine

E-SPORT : Comment les plateformes ont aidĂ© Ă  faire de l’E-sport un divertissement grand public ?

Le Championnat du monde 2022 de League of Legends bat un nouveau record d’audience en enregistrant un pic de 5,1 millions de spectateurs lors de sa finale. Selon la sociĂ©tĂ© de donnĂ©es Esports Charts, il s’agit d’une augmentation de 1,1 million par rapport Ă  l’édition 2021. L’une des rĂ©ussites les plus emblĂ©matiques de la compĂ©tition organisĂ©e par Riot Games est d’avoir renouĂ© avec son pic d’audience sur la plateforme de streaming en ligne Twitch en atteignant prĂšs de 3,1 millions de spectateurs simultanĂ©s lors du match dĂ©cisif.

En devenant le tournoi League of Legends le plus regardĂ© de l’histoire, ce record traduit une rĂ©alitĂ© bien plus significative : les compĂ©titions rendues de plus en plus accessibles par les plateformes contribuent Ă  faire de l’E-sport un divertissement grand public indĂ©tournable.

La montĂ©e en puissance de l’E-sport : un divertissement Ă  l’ùre du numĂ©rique

Le sport électronique, plus communément appelé E-sport désigne la pratique de jeux vidéo en compétition organisée sous forme de tournois et réunissant les plus grands joueurs professionnels de la planÚte.

Bien que numĂ©rique, la discipline reprend tous les codes d’un sport traditionnel. En effet, les compĂ©titions se dĂ©roulent dans des arĂšnes accueillant des milliers de spectateurs et dont la scĂ©nographie est travaillĂ©e pour rendre le tournoi divertissant et impressionnant. Tout comme la diffusion d’une coupe du monde de football ou d’une finale de NBA, les compĂ©titions sont rythmĂ©es par les interventions animĂ©es de commentateurs du monde entier. Enfin, les joueurs exercent Ă  un niveau professionnel d’excellence et sont accompagnĂ©s de leurs coach. L’atteinte de ce niveau exige, comme tout sport, un entraĂźnement quotidien intensif.

Unique en son genre, la discipline offre aux fans de jeux vidéo une nouvelle expérience de divertissement.

Lors de la cĂ©rĂ©monie d’ouverture des Championnats du monde 2022 de League of Legends, de nombreux artistes internationaux Ă©taient prĂ©sents comme Lil Nas X ou encore Jackson Wang. Les visuels et la scĂ©nographie mise en place prouvent encore une fois Ă  quel point les compĂ©titions sont divertissantes pour le public.

Ainsi, les plus grands champions de League of Legends, DOTA 2, Call of Duty ou encore Counter-Strike : Global Offensive sont parfois presque autant adulés que les plus grandes stars du football et rassemblent alors une communauté de fan conséquente et ce, notamment sur les plateformes digitales telles que Twitch, YouTube, Twitter ou encore Instagram.

Cette croissance rapide connue par l’E-sport ces derniĂšres annĂ©es est tout sauf anodine : les mĂ©dias sociaux ont jouĂ© un rĂŽle dĂ©terminant dans la dĂ©mocratisation de la discipline en attirant un public de plus en plus important et diversifiĂ©.  

Une opportunité de connexion avec les fans du monde entier

Twitch est certainement l’un des principaux acteurs des mĂ©dias sociaux dans l’Esport. ClassĂ©e premiĂšre plateforme de streaming de jeu vidĂ©o, Twitch comptabilise environ 31 millions de visiteurs en ligne chaque jour et offre ainsi l’accĂšs Ă  une audience large et variĂ©e.

En diffusant l’intĂ©gralitĂ© des compĂ©titions E-sport rĂ©gionales, nationales et internationales qui se dĂ©roulent Ă  travers le monde, la plateforme rend la discipline plus accessible non seulement aux communautĂ©s de fans des diffĂ©rentes franchises mais Ă©galement aux fans de jeux vidĂ©o qui ne sont pas encore familiers avec cet univers niche du gaming.

L’argument de la masse est Ă©videmment dĂ©cisif sur la plateforme : plus il y a de monde, plus le stream remonte dans les classements et est donc exposĂ© Ă  une plus large audience. C’est notamment en permettant Ă  certains streamers comme Ibai de couvrir la finale des Championnats du monde 2022 de League of Legends que la compĂ©tition a Ă©tabli de nouveaux records d’audience. Le streamer espagnol a rassemblĂ© Ă  lui seul plus de 481 000 spectateurs simultanĂ©s lors de l’évĂ©nement, preuve que la force des communautĂ©s fait la diffĂ©rence.  

L’argument du divertissement l’est alors encore plus. Ce qui fait l’attractivitĂ© de Twitch, c’est son expĂ©rience de visionnage interactive avec la mise Ă  disposition d’un chat de discussion. Les fans du monde entier peuvent alors se connecter entre eux en rĂ©agissant et interagissant en temps rĂ©el. Mais dans le cadre des compĂ©titions e-sport, la plateforme pousse l’expĂ©rience immersive encore plus loin en intĂ©grant de nombreux mini-jeux. Par exemple, Chat Clash permet aux fans de voter pour l’équipe qu’ils soutiennent en utilisant des Ă©moticĂŽnes spĂ©cifiques dans la discussion en direct. Ceux-ci sont ensuite affichĂ©s Ă  l’écran lors de la diffusion de la compĂ©tition. Des jeux de pronostics et des quiz interactifs sont Ă©galement intĂ©grĂ©s afin de tester les connaissances des fans et leur permettre de gagner des rĂ©compenses.

Ces fonctionnalitĂ©s permettent d’immerger et d’engager l’audience de maniĂšre forte, ce qui renforce la culture du divertissement de l’e-sport.

Twitter joue Ă©galement un rĂŽle majeur dans la popularisation de l’E-sport. Le rĂ©seau social constitue le canal principal utilisĂ© par les fans afin de rester Ă  jour sur les derniĂšres actualitĂ©s du secteur. La viralitĂ© particuliĂšre de la plateforme permet de diffuser rapidement des informations mais aussi d’atteindre une audience consĂ©quente. Twitter parvient Ă  rĂ©unir les fans grĂące Ă  l’utilisation massive de hashtags qui permettent de facilement regrouper les publications autour d’un sujet commun et d’ainsi rassembler les communautĂ©s. Par exemple, le joueur de Call of Duty, Scump, utilise rĂ©guliĂšrement le #GreenWalI afin de rassembler sa communautĂ© de fans sur les rĂ©seaux sociaux.

L’influence Ă©tendue Ă  l’E-sport

Comme les plus grands athlĂštes, les joueurs professionnels d’E-sport ont une portĂ©e immense sur les mĂ©dias sociaux : sur Twitch et Youtube les plus grandes stars touchent des millions de personnes chaque jour dans des livestreams. Ainsi, on retrouve de plus en plus la logique d’influence appliquĂ©e aux gamers notamment sur Instagram.

Des joueurs, comme le professionnel corĂ©en Faker (de son vrai nom, Lee Sang-hyeok), partagent les coulisses des compĂ©titions (entrainements, gameplay, vie personnelle en dehors des entraĂźnements). Leur apparition avec d’autres stars influentes, comme ici le cĂ©lĂšbre joueur de foot corĂ©en Son Heung-min, accroit son influence auprĂšs d’une autre audience.

D’autres partagent du contenu exclusif afin de se rapprocher et de fidĂ©liser leur communautĂ©. Par exemple, l’équipe amĂ©ricaine TSM (Team SoloMid) diffuse depuis 8 ans sur YouTube sa sĂ©rie documentaire « TSM Legends » dans laquelle ils rĂ©vĂšlent les coulisses des compĂ©titions.

Ces initiatives permettent de rapprocher la communauté de fans de ses « héros » en apportant un regard plus humain à leur profession et en cultivant leur influence via différents canaux.

Gentle Mates ou l’E-sport pour tous

En avril 2023, les streamers et Youtubeurs Squeezie, Gotaga et Brawks ont lancé leur premiÚre structure E-sport « Gentle Mates » sur le jeu Valorant.

Cette association n’est pas anodine pour l’avenir du E-sport français car elle s’appuie sur des communautĂ©s de fans trĂšs diversifiĂ©es et promet de participer Ă  la popularisation de la discipline du fait de leur notoriĂ©tĂ© respective. On y retrouve Gotaga et Brawks, deux acteurs majeurs dans le domaine de l’E-sport puisqu’ils sont les co-crĂ©ateurs de la Team Vitality (Ă©quipe française d’E-sport). Le duo s’associe Ă  Squeezie, premier Youtubeur français aux 18 millions d’abonnĂ©s. Ce dernier touche un large public sur YouTube, plateforme oĂč il offre du contenu divertissant et variĂ©. Il possĂšde Ă©galement une solide communautĂ© sur Twitch oĂč il a derniĂšrement battu des records d’audience avec la diffusion du Grand Prix Explorer.

Ce qui rend ainsi cette structure unique, c’est qu’elle ne s’adresse pas qu’aux adeptes de l’E-sport. Gentle Mates utilise ainsi les mĂ©dias sociaux pour promouvoir sa structure et ses joueurs Ă  une large audience. Par exemple, la diffusion du trailer de promotion a notamment contribuĂ© Ă  toucher un public nombreux et a suscitĂ© un fort engagement sur les rĂ©seaux sociaux au-delĂ  des fans d’E-sport traditionnels.

Sur tous les gens qui jouent aux jeux vidĂ©o, la moitiĂ© ne connaissent pas l’E-sport. Plus on est nombreux Ă  suivre cette discipline, plus la discipline a du potentiel et plus il va se passer de choses autour de celle-ci. Dans l’intĂ©rĂȘt de tout le monde, c’est cool de faire des ponts pour rendre ça accessible aux gens.

Squeezie

L’engagement d’une communautĂ© variĂ©e de fans sur les rĂ©seaux sociaux rĂ©pond ainsi Ă  la volontĂ© de Gentle Mates de rĂ©ussir Ă  dĂ©cloisonner le milieu niche que peut constituer l’E-sport, divertissement encore en expansion.

Par l’influence de ces personnalitĂ©s et l’engagement de leur communautĂ© sur les diffĂ©rentes plateformes, la structure promet de populariser encore un peu plus l’E-sport au sein du paysage français.

Évolutions en perspective

L’avenir de l’E-sport est plus que prometteur et travaille sur de nombreuses perspectives pour son dĂ©veloppement. Les technologies Ă©mergentes, comme la rĂ©alitĂ© virtuelle et augmentĂ©e peuvent offrir de nouvelles opportunitĂ©s pour les joueurs et les fans de se connecter entre eux, en crĂ©ant des expĂ©riences de jeu encore plus immersives et en augmentant la qualitĂ© des tournois.

Les plateformes vont-elles rĂ©ussir Ă  s’adapter Ă  ces nouveaux enjeux ?

Emmanuelle YOG


SOURCES

Flamm. (2022, 6 novembre). League of Legends : Un pic à plus de 5 millions de personnes pendant la finale des Worlds 2022 de League of Legends, un nouveau record. Team aAa. https://www.team-aaa.com/fr/actualite/un-pic-a-plus-de-5-millions-de-personnes-pendant-la-finale-des-worlds-2022-de-league-of-legends-un-nouveau-record_127688#:~:text=C’est%20au%20cours%20de,l’histoire%20de%20League%20of

GOTAGA. (2023, 16 avril). JE LANCE MA STRUCTURE ESPORT (avec Squeezie et Brawks) [Vidéo]. YouTube. https://www.youtube.com/watch?v=kego3hlrVUc

Marchandet, W., & Marchandet, W. (2022). Worlds 2022 : une audience globale en demi-teinte. Trente Trois Degrés : Le média de toute une génération. https://trentetroisdegres.fr/worlds-2022-une-audience-globale-en-demi-teinte/

News_13052021_eSports_ISPO_Netzwerk. (s. d.). ISPO.com. https://www.ispo.com/fr/theme/esports

Reisacher, A. (2023, 22 février). Chiffres Twitch & # 8211 ; 2023. BDM. https://www.blogdumoderateur.com/chiffres-twitch/

SnapChat, Facebook, Twitter, 
 Avec l’abonnement payant : est-ce la fin de l’ùre des rĂ©seaux sociaux Ă  100% gratuits?

Payer l’abonnement Ă  9,60€ sur Twitter ou 11€ sur Facebook et Instagram permet dĂšs maintenant d’avoir un compte certifiĂ© avec un badge bleu et l’accĂšs Ă  d’autres services.

« Nous relançons @TwitterBlue lundi – abonnez-vous sur le web pour 8 dollars par mois ou sur iOS (le systĂšme d’exploitation d’Apple utilisĂ© sur les iPhone, NDLR) pour 11 dollars par mois pour avoir accĂšs aux fonctionnalitĂ©s rĂ©servĂ©es aux abonnĂ©s, notamment la coche bleue.»

Le groupe Twitter a indiqué dans un tweet, publié le 10 décembre 2022.

En novembre 2022, Twitter a lancĂ© une offre payante : « Twitter Blue. » Cet abonnement allant de 9,60€ Ă  12€ par mois ou 100,8€ par an (tarifs en France) permet d’obtenir le petit badge bleu, c’est-Ă -dire d’avoir un compte certifiĂ©, et donne Ă©galement accĂšs Ă  d’autres fonctionnalitĂ©s telles qu’Éditer le Tweet, dĂ©passer les 280 caractĂšres, recevoir 50% de publicitĂ©s en moins dans les fils, images de profil NFT, 
 

En fĂ©vrier 2023, le patron de Meta semble de suivre le pas d’Elon Musk en prĂ©voyant une formule similaire Ă  ses plateformes, Facebook et Instagram, en mettant en place un modĂšle d’abonnement payant nommĂ© « Meta Verified. » Pour un prix oscillant entre 11€ et 14€ par mois, cette offre permet aux utilisateurs de faire vĂ©rifier leur compte, d’obtenir des protections contre l’usurpation d’identitĂ©, mais aussi de gagner en visibilitĂ©. L’abonnement est pour l’instant uniquement disponible en Australie, en Nouvelle ZĂ©lande et aux États-Unis. 

Mais, ce ne sont pas les seuls. En effet, Snapchat, Discord, Linkedin, 
 ont toutes leurs propres offres d’abonnement payant. Le modĂšle payant s’implante peu Ă  peu dans les rĂ©seaux sociaux : est-ce la fin de l’ùre des rĂ©seaux sociaux 100% gratuit ? Explications. 

Les réseaux sociaux : des modÚles financés par des revenus publicitaires arrivent à maturité.

Selon le rapport « Global Advertising Market : Industry Trends, Share, Size, Growth, Opportunity and Forecast 2023-2028 », en 2022, les revenus publicitaires en ligne mondiaux ont atteint 615,2 milliards de dollars. Selon Statista worldwide, les revenus sur les rĂ©seaux sociaux reprĂ©senteraient environ 36% des revenus publicitaires en ligne mondiaux, soit 207,1 milliards de dollars. Ce nombre est d’autant plus flagrant lorsqu’il s’agit des rĂ©seaux sociaux. 

En effet, la publicitĂ© gĂ©nĂšre plus de la moitiĂ© des revenus des rĂ©seaux sociaux : Facebook a rĂ©alisĂ© en 2021 un chiffre d’affaires publicitaire de 117 milliards de dollars, soit environ 97% de son chiffre d’affaires total (Rapport Annuel 2021, Meta); en 2021, Twitter a gĂ©nĂ©rĂ© un revenu total de 5,08 milliards de dollars dont la publicitĂ© reprĂ©sentait environ 88%, soit 4,51 milliards de dollars (Rapport annuel 2021, Twitter). 

Mais comment les rĂ©seaux sociaux se rĂ©munĂšrent-ils via la publicité ? « Si c’est gratuit, c’est que vous ĂȘtes le produit. » 

Pendant prĂšs de deux dĂ©cennies, le modĂšle Ă©conomique des rĂ©seaux sociaux Ă©tait 100% gratuits pour les utilisateurs : pas besoin de payer pour poster, pas besoin de payer pour accĂ©der au contenu, pas besoin de payer pour parler Ă  ses amis. Le cƓur du modĂšle Ă©conomique des rĂ©seaux sociaux Ă©tait les revenus publicitaires dont la publicitĂ© ciblĂ©e. Ces derniers s’efforcent de cerner les comportements et profils de leurs utilisateurs sur le web en se servant des donnĂ©es collectĂ©es. Ainsi, les entreprises qui souhaitent diffuser leurs annonces doivent acheter des espaces d’affichage en ligne, en prĂ©cisant le profil d’utilisateurs cible souhaitĂ©. En fonction de ces critĂšres, les algorithmes des rĂ©seaux sociaux diffusent les publicitĂ©s aux utilisateurs ciblĂ©s. 

Mais depuis quelque temps, les rĂ©seaux sociaux ont fait face Ă  des problĂšmes de rentabilitĂ©. La publicitĂ© ne gĂ©nĂšre plus autant de revenus qu’auparavant en raison de l’affaiblissement du marchĂ© publicitaire, de diffĂ©rents scandales concernant l’usage des donnĂ©es, le renforcement de la lĂ©gislation de la protection des donnĂ©es personnelles. Le groupe Meta (Facebook, Instagram, Whatsapp) a mĂȘme enregistrĂ© une baisse de revenus annuels, en 2022, pour la premiĂšre fois depuis son entrĂ©e en bourse en 2012. L’ùre de la gratuitĂ© des rĂ©seaux sociaux est-elle en train de se clore ? « Nous sommes au commencement de la fin d’une Ăšre. (
) L’économie de l’attention qui a transformĂ© les plateformes sociales en entreprises les plus profitables au monde a fini par se tirer une balle dans le pied. », explique  Clara Lindh Bergendorff dans les colonnes de Forbes.

Le modĂšle Ă©conomique des rĂ©seaux sociaux est en plein Ă©volution : les offres d’abonnement se multiplient.

Nous assistons Ă  une Ă©volution du modĂšle Ă©conomique des rĂ©seaux sociaux oĂč l’ùre de la gratuitĂ© semble de disparaitre au profit de l’abonnement. En effet, le modĂšle de l’abonnement permet d’assurer des rentrĂ©es de revenus rĂ©currents et stables pour faire face Ă  la forte volatilitĂ© des revenus liĂ©s Ă  la seule publicitĂ©.

Linkedin a montrĂ© que cela fonctionne et la mise en place de l’abonnement est inĂ©vitable : la publicitĂ© ne reprĂ©sente que 20% du chiffre d’affaires total de l’entreprise. En effet, les services de recrutement et les abonnements constituent ses principales sources de revenus. Selon le site Kinsta, 39% des utilisateurs de Linkedin payent pour un de ces abonnements. Linkedin a rĂ©ussi Ă  dĂ©velopper des formules payantes le permettant d’avoir un modĂšle Ă©conomique durable. 

« Sur LinkedIn, il y a toute une offre d’abonnements payants et lĂ , ça fonctionne. On les achĂšte parce qu’on veut avoir plus de visibilitĂ© ou alors quand on est recruteur. On a besoin de ces offres »

Emmanuel Berne

« C’est payant, mais vous ĂȘtes quand mĂȘme le produit »

Instagram et Tiktok testent actuellement un systĂšme d’abonnement premium Ă  certains crĂ©ateurs. Snapchat a lancĂ© sa formule payante nommĂ©e Snapchat+. Twitter a lancé Twitter Blue, Meta avec Meta verified
 Ces offres payantes donnent accĂšs Ă  des fonctionnalitĂ©s exclusives aux abonnĂ©es telles que la vĂ©rification des comptes, l’accĂšs au service client, plus de visibilitĂ©,
 afin d’encourager les internautes Ă  rester actifs.

«L’idĂ©e est d’amĂ©liorer l’authenticitĂ© [des profils et donc des Ă©changes] et la sĂ©curitĂ© sur nos services.»

Mark Zuckerberg, PDG de Meta

La question se pose alors de savoir si les utilisateurs sont-ils prĂȘts Ă  payer. Les rĂ©seaux sociaux tels que Facebook, Twitter, Instagram ou Tiktok proposent-ils des offres suffisamment intĂ©ressantes pour inciter les usagers Ă  payer l’abonnement ?  

Il semblerait que ce ne serait pas aussi facile de faire payer les utilisateurs parce que les rĂ©seaux sociaux ont proposĂ© leurs services gratuitement pendant bien trop longtemps. En effet, la formule « c’est gratuit, c’est que vous ĂȘtes le produit » est ancrĂ©e dans la culture populaire. Pour que la formule « c’est payant, mais vous ĂȘtes quand mĂȘme le produit » puisse succĂ©der Ă  la premiĂšre, il faut une nouveautĂ© qui soit vraiment intĂ©ressante pour sĂ©duire les utilisateurs et pour faire passer la pilule du payant.  

Sophie Hong Vy Nguyen-Massicot

Bibliographie :

  • Baudot, J. (s. d.). ModĂšle Ă©conomique des rĂ©seaux sociaux. http://www.jybaudot.fr/Management/reseauxsociaux.html
  • Bergendorff, C. L. (2021, 12 mars). From The Attention Economy To The Creator Economy : A Paradigm Shift. Forbes. https://www.forbes.com/sites/claralindhbergendorff/2021/03/12/from-the-attention-economy-to-the-creator-economy-a-paradigm-shift/?sh=3a183e20faa7
  • Diallo, K., & Diallo, K. (2022). RĂ©seaux sociaux : les utilisateurs sont-ils prĂȘts Ă  payer ? L’Éclaireur Fnac. https://leclaireur.fnac.com/article/107960-reseaux-sociaux-les-utilisateurs-sont-ils-prets-a-payer/
  • Laratte, A. (2022, 6 novembre). Payer pour avoir un badge bleu sur Twitter ? C’est dĂ©sormais possible dans certains pays. leparisien.fr. https://www.leparisien.fr/high-tech/payer-pour-avoir-un-badge-bleu-sur-twitter-cest-desormais-possible-dans-certains-pays-05-11-2022-W73TOEMLEFFZFOFZKP5OYB2XXI.php
  • Osman, M. (2023). Mind-Blowing LinkedIn Statistics and Facts (2023). KinstaÂź. https://kinsta.com/blog/linkedin-statistics/
  • Afp, C. A. (2023, 20 fĂ©vrier). A son tour, Meta lance une offre payante. Capital.fr. https://www.capital.fr/entreprises-marches/a-son-tour-meta-lance-une-offre-payante-1460713
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Balenciaga et les réseaux sociaux : la cancel culture a-t-elle encore frappé ?

Boycott, dĂ©nonciations et lynchage, les rĂ©seaux sociaux en tant qu’espace public et lieu d’expressions, sont Ă©galement les théùtres de polĂ©miques et controverses. Au fil des annĂ©es, ils sont devenus des armes pouvant avoir des impacts positifs comme nĂ©gatifs considĂ©rables.

63.1 milliards. C’est le nombre d’internautes dans le monde entier recencĂ©s en avril 2022 et parmi eux, 4.7 milliards sont utilisateurs de rĂ©seaux sociaux.

Aujourd’hui incontournables, les rĂ©seaux sociaux sont de vĂ©ritables outils marketing afin de se faire connaĂźtre et d’avoir accĂšs Ă  la notoriĂ©tĂ©. En adoptant certains codes, il est aisĂ© d’ĂȘtre propulsĂ© sur le devant de la scĂšne. C’est pourquoi la plupart des marques et notamment les marques de luxe ont commencĂ© Ă  axer leurs stratĂ©gies sur leurs campagnes de communication en ligne. Cependant, cet accĂšs simplifiĂ© Ă  la cĂ©lĂ©britĂ© est Ă©galement Ă  double tranchant, la moindre erreur pouvant ĂȘtre fatale. Balenciaga en a d’ailleurs fait les frais en novembre dernier avec ses deux campagnes impliquant de la pĂ©dopornographie et la mise en scĂšne d’enfants avec des accessoires associĂ©s Ă  des pratiques SDM.

Les réseaux sociaux : une nouvelle vitrine des marques de luxe

La communication sur les réseaux sociaux est devenue monnaie courante .

De fait ils offrent une couverture trĂšs intĂ©ressante afin de pĂ©nĂ©trer en profondeur le marchĂ©. Les marques ont recours notamment Ă  des stratĂ©gies d’influences. En ayant recours Ă  des individus bĂ©nĂ©ficiant d’une certaine popularitĂ© tout en ayant une image en adĂ©quation avec la marque, la visibilitĂ© et la crĂ©dibilitĂ© des enseignes s’en retrouvent d’autant plus affirmĂ©es. Il n’est pas rare de retrouver des cĂ©lĂ©britĂ©s Ă©gĂ©ries de marque de luxe.

Nous pouvons citer en exemple Kim Kardashian Ă©gĂ©rie de Balenciaga ou encore Lea Seydoux, Ă©gĂ©rie de Louis Vuitton. La crise du covid19 est Ă©galement passĂ©e par lĂ . Entre les diffĂ©rentes contraintes sanitaires sans oublier les confinements, les rĂ©seaux sociaux Ă©taient l’unique moyen de conserver un lien avec les consommateurs, les Ă©vĂšnements en prĂ©sentiels Ă©tant bannis et les ouvertures de nouvelles boutiques suspendues.  TrĂšs vite, les rĂ©sultats sont apparus puisque de 2020 Ă  2022, Louis Vuitton est passĂ© de 35.1 Ă  52.5 millions de followers et d’autres de ses pairs l’ont suivi dans cette ascension comme Gucci, Dior ou encore Balenciaga.

Selon le classement luxe Digital , parmi les marques les plus populaires en ligne Gucci, Dior et Channel arrivent en tĂȘte de la liste. Cependant, d’autres enseignes comme Gucci ou Balenciaga sont trĂšs populaires sur les rĂ©seaux sociaux. Le 29 avril 2023, Louis Vuitton comptabilise 52.7 millions de followers, Chanel 55.7 millions, Gucci 51.5 millions alors que Dior ne comptabilise que 43.9 millions. Ces donnĂ©es soulignent que bien que certaines marques soient plus recherchĂ©es en ligne que d’autres, toutes peuvent bĂ©nĂ©ficient d’une visibilitĂ© mĂ©diatique plus importante et donc d’un levier de manƓuvre non nĂ©gligeable afin d’accroĂźtre leur influence.

Ce levier est maximisĂ© par un contenu Ă©tudiĂ© et une logique d’engagement mis en place. Le partage rĂ©gulier de contenus concernant les nouvelles collections mais Ă©galement les Ă©vĂšnements phares de la marque de type dĂ©filĂ©s ou soirĂ©es mondaines, jusqu’à s’étendre Ă  la publication des interviews de leurs collaborateurs et Ă©gĂ©ries, ont permis d’impliquer les consommateurs dans le quotidien et l’intimitĂ© des enseignes.

Les marques ont Ă©galement appris Ă  adopter leur contenu en fonction des diffĂ©rentes cibles des diffĂ©rentes plateformes, afin d’apparaĂźtre authentiques et accessibles pour tous. Chacun doit pouvoir s’identifier et se projeter au travers de leur histoire et de leurs crĂ©ations.

Le joyau français de Kering : un habitué des provocations

Balenciaga, maison française de Kering, est connue pour utiliser les rĂ©seaux sociaux afin de faire parler d’elle et de ses crĂ©ations. En effet, la marque fait rĂ©guliĂšrement l’objet d’articles et de buzzs sur les rĂ©seaux sociaux avec des crĂ©ations jugĂ©es provocantes et parfois Ă  la limite de l’indĂ©cence. Nous pouvons penser Ă  la mise en vente de baskets dĂ©chirĂ©es Ă  plus de 1000 euros en mai 2022. L’objet de cette crĂ©ation Ă©tait de souligner la durabilitĂ© des chaussures et donc que les articles Balenciaga ont pour vocation d’accompagner leurs utilisateurs tout au long de leur vie.

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Autre prouesse créative non pas moins épargnée par les critiques, la mise en vente de sacs à main inspirés de sacs poubelles, mais à un prix bien éloigné de ces objets domestiques.

Le directeur artistique de Balenciaga a cependant toujours affirmĂ© sa position et l’a exprimĂ© lors d’une interview suite au dĂ©filĂ© de la collection automne-hiver 2022-2023.

« Je ne pouvais vraiment pas rater l’occasion de concevoir le sac-poubelle le plus cher du monde. Qui n’aime pas les scandales dans la mode ? »

Demna Gvasalia Women Wear’s Daily, 6 mars 2022

Ainsi, certaines enseignes vont jouer de leur visibilitĂ© et du pouvoir de diffusion des rĂ©seaux sociaux afin de faire parler d’elle et de gagner en visibilitĂ©. Cependant visibilitĂ© n’est pas synonyme de popularitĂ©.

Balenciaga : une campagne dévastratrice

En novembre 2022, Balenciaga a connu une vĂ©ritable descente aux enfers avec une campagne sur les rĂ©seaux jugĂ©e inadmissible par l’opinion public.

En effet, sur Instagram la marque avait partagĂ© des photos afin de promouvoir de nouveaux objets en vente, la marque souhaitant Ă©tendre son domaine d’expertise au-delĂ  du prĂȘt Ă  porter. Jusqu’à lĂ  rien Ă  redire, puisqu’il est devenu monnaie courante chez les marques de luxe, d’élargir leur champ d’action comme l’a fait Dior avec l’ouverture de son cafĂ© Ă  Paris. Cependant Balenciaga a poussĂ© la chose plus loin que ce qu’elle n’aurait dĂ» en mettant en scĂšne des enfants avec des peluches portant des accessoires associĂ©s Ă  des pratiques BDSM. L’opinion publique a lynchĂ© la marque, l’accusant de sexualiser des enfants et donc d’avoir un comportement absolument intolĂ©rable. AprĂšs avoir gardĂ© le silence pendant plusieurs jours tandis que la toile se dĂ©chainait sur cette campagne, la marque a prĂ©sentĂ© publiquement ses excuses et a retirĂ© les photos compromettantes.

Cela aurait pu passer pour une simple erreur et l’histoire en serait restĂ©e lĂ  mais quelque semaine aprĂšs, le joyau de Kering a de nouveau fait parler de lui avec la promotion d’un sac Balenciaga x-Adidas sur une pile de documents. En zoomant sur ces documents, le public s’est rendu compte qu’il s’agissait d’un compte rendu d’un procĂšs statuant que « la promotion et la publicitĂ© de la pornographie infantile relĂšve de la libertĂ© d’expression ».

Encore une fois, la marque a prĂ©sentĂ© ses excuses publiques et cette fois-ci, elle a remis la faute sur l’équipe chargĂ©e de la campagne. Balenciaga a totalement niĂ© ĂȘtre au courant du contenu de la campagne et a mĂȘme engagĂ© des poursuites judiciaires contre l’équipe concernĂ©e.

MalgrĂ© cette initiative, le scandale a pris une telle ampleur que rapidement les effets se sont faits ressentir. Le lendemain du premier scandale, les actions du joyau Kering ont connu une chute de 0.02%. Cette chute pourrait impacter au long terme la maison dans sa croissance fulgurante initiĂ©e en 2019 . De fait, la firme rĂ©alisait un chiffre d’affaire de 927 millions de dollars en 2019 jusqu’à atteindre les 1.189 milliards en 2021. Dans le communiquĂ© officiel des rĂ©sultats annuels Kering n’a communiquĂ© aucun rĂ©sultat concernant Balenciaga. « Balenciaga a rĂ©alisĂ© une excellente annĂ©e, en dĂ©pit d’un mois de dĂ©cembre difficile », cette phrase est l’unique information dont nous disposons. Cependant le directeur gĂ©nĂ©ral dĂ©lĂ©guĂ© de Kering a admis que « la regrettable controverse  » dont Balenciaga avait fait l’objet a fortement impactĂ© les rĂ©sultats de cette maison. Kering a par ailleurs estimĂ© que « les procĂ©dures avaient Ă©tĂ© correctement suivies mais une erreur de jugement » aurait Ă©tĂ© la cause de ces deux scandales ayant eu lieu en une seule annĂ©e. Cela a poussĂ© la maison Ă  revoir ses procĂ©dures et Ă  mettre en place de nouvelles mesures .

« Plus que de changer les personnes, il est question de renforcer l’organisation en favorisant davantage de diversitĂ© et d’intelligence collective ainsi que la capacitĂ© Ă  exprimer une opinion diffĂ©rente dans les jugements »

Jean Marc Duplaix directeur financier de Kering dans Fashion work

Un bad buzz médiatique sur tous les plans

MĂȘme si la crise ne semble pas avoir eu d’effets exorbitants sur le rĂ©sultat , la maison connait une vĂ©ritable crise concernant son image, jamais vue jusqu’alors.

En raison de la polĂ©mique, elle a fait l’objet d’un bad buzz international. Les stars et cĂ©lĂ©britĂ©s se sont rapidement dĂ©solidarisĂ©es de la marque. L’égĂ©rie du moment Kim Kardashian avait notamment annoncĂ© sur Twitter qu’elle reĂ©valuait son partenariat avec Balenciaga.

 

« I have been quiet for the past few days, not because I haven’t been disgusted and outraged by the recent Balenciaga campaigns, but because I wanted an opportunity to speak to their team to understand for myself how this could have happened.« 
Kim Kardashian (@KimKardashian) 27 novembre 2022

D’autres stars ont retirĂ© de leurs rĂ©seaux sociaux tout contenu associĂ© Ă  la marque comme Alexa Demie, actrice emblĂ©matique de la sĂ©rie Euphoria. Cela s’est mĂȘme Ă©tendu Ă  certains partenaires qui ont enlevĂ© de leurs stands les produits Balenciaga comme la marketplace The Closet Ă  Dubai.

Sur Tiktok, la rĂ©action a Ă©tĂ© la plus violente. On a pu voir pendant plusieurs semaine des vidĂ©os d’internautes et d’influenceurs dĂ©chirants et brĂ»lants leurs articles Balenciaga. Un hashtag #cancelbalenciaga a mĂȘme Ă©tĂ© créé pour l’occasion et le 28 novembre il cumulait plus de 25.5 millions de vues et le 30 avril, 310.7 millions de vues. Rappelons que Tiktok cible principalement les jeunes de 13 Ă  20 ans, avec cette campagne Balenciaga a perdu de son prestige et de son attractivitĂ© auprĂšs d’une cible qu’elle avait rĂ©ussi Ă  conquĂ©rir parmi les plus jeunes.

Un calme jusqu’au prochain scandale ?

S’il semble que les choses se soient calmĂ©es pour le petit joyau français de Kering, cela n’aura pas Ă©tĂ© sans consĂ©quences. Bien qu’étant habituĂ©e Ă  faire la une en raison de crĂ©ations provocantes et originales, cette fois-ci le buzz aurait eu un effet plus que nĂ©gatif et il est probable qu’au prochain scandale, la marque soit « cancel » pour de bon.

Mathilde Delevoye

Références

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Assaut du Capitole : entre désinformation et incitations à la violence

Quelles responsabilités pour Facebook et Twitter ?

Le 6 janvier 2021, des partisans de Donald Trump envahissent le Capitole, lĂ  oĂč siĂšge le CongrĂšs amĂ©ricain. Une seule idĂ©e en tĂȘte : empĂȘcher la certification de la victoire de Joe Biden Ă  la prĂ©sidentielle amĂ©ricaine de 2020. 
Retour sur le rĂŽle jouĂ© par ces rĂ©seaux sociaux lors de cet Ă©vĂšnement majeur de l’histoire amĂ©ricaine.

Une prĂ©paration prĂ©-Ă©lection prĂ©sidentielle 2020 afin d’éviter le scandale de 2016

Photo de little plant sur Unsplash

Dans le contexte des Ă©lections prĂ©sidentielles amĂ©ricaines de novembre 2020, il Ă©tait inconcevable pour Facebook de revivre un scandale de la mĂȘme ampleur que celui de 2016. En 4 ans, la plateforme a ƓuvrĂ© Ă  la mise en place de mesures concrĂštes ayant pour but de protĂ©ger l’intĂ©gritĂ© de la nouvelle Ă©lection, limiter la diffusion de fausses informations et lutter contre l’incitation Ă  la haine et Ă  la violence.

Mark Zuckerberg avait affirmĂ© en octobre 2020 que le rĂšglement de la plateforme empĂȘcherait tout candidat de «dĂ©clarĂ© victoire prĂ©maturĂ©ment» et de «dĂ©lĂ©gitimer les rĂ©sultats de l’élection». Afin de limiter la dĂ©sinformation, Facebook a implĂ©mentĂ© la «War Room». Cette cellule de vĂ©rification analyse en temps rĂ©el les abus signalĂ©s sur les Ă©lections. Dani Lever, responsable des affaires publiques de Meta a affirmĂ© que Facebook avait mis en pause ses campagnes publicitaires politiques et supprimĂ© le groupe StopTheSteal dĂ©but novembre 2020.  Le groupe qui comptait 360 000 utilisateurs parmi ses rangs, mettait en doute la lĂ©gitimitĂ© de l’élection en diffusant la thĂ©orie du «Big Lie».

Pour Twitter, c’est seulement 2 mois aprĂšs l’attaque que l’ex CEO Jack Dorsey affirma que la plateforme avait effectivement jouĂ© un rĂŽle dans la diffusion de fausse informations et dans l’organisation de cette attaque. Twitter avait misĂ© sur des pratiques de marquage de tweets et de dĂ©rĂ©fĂ©rencement. 

Lorsqu’un tweet contenait des informations trompeuses au sujet de l’élection, il Ă©tait Ă©tiquetĂ© d’un avertissement. Une autre mesure plus radicale a Ă©tĂ© mis en place d’octobre 2020 jusqu’à l’élection. Si certains messages de personnalitĂ©s politiques et/ou influentes contenaient des propos non vĂ©rifiĂ©s et trompeurs, une banniĂšre contenant un avertissement sur le contenu empĂȘchait de lire le tweet. Les tweets ciblĂ©s Ă©taient privĂ©s d’interactions (retweet, like, commentaire). En amont de l’élection, Twitter avait dĂ©cidĂ© dĂ©but 2020 d’instaurer des messages de fact checking Ă  la fin des tweets contenant du contenu trompeur.

@realDonaldTrump sur Twitter

Des baisses de vigilance sous l’impulsion de la libertĂ© d’expression 

AprĂšs l’annonce des rĂ©sultats, Facebook Ă©tait soulagĂ©. L’opĂ©ration s’était dĂ©roulĂ©e sans encombre. Certaines mesures, temporaires, ont donc Ă©tĂ© retirĂ©es.
Facebook a dĂ©cidĂ© de dĂ©manteler la cellule Civic Integrity Team composĂ©e d’experts qui dĂ©tectaient et combattaient la dĂ©sinformation et les discours haineux. Ces changements ont commencĂ© Ă  inquiĂ©ter plusieurs employĂ©s du rĂ©seau social. A partir de la fin des Ă©lections, certains employĂ©s ont remarquĂ© que le nombre de signalements pour des messages contenant de fausses informations augmentaient fortement. 
Des documents internes, rĂ©vĂ©lĂ©s par la lanceuse d’alerte Frances Haugen, ont soulignĂ©s les manquements de Facebook en termes de lutte contre la dĂ©sinformation et d’incitation Ă  la violence ayant jouĂ© un rĂŽle dans l’attaque du Capitole.
Des pistes d’amĂ©lioration du rĂšglement ont Ă©tĂ© proposĂ©es pour contrer la dĂ©sinformation mais dĂ©clinĂ©es par la hiĂ©rarchie. L’une des raisons avancĂ©es par la direction est que cela ne ferait qu’augmenter le nombre de signalements erronĂ©s et diminuerait l’engagement sur la plateforme. Comme prĂ©cisĂ© par Haugen lors de son tĂ©moignage au SĂ©nat, Facebook semble vouloir faire passer son « profit avant la sĂ©curité » et « avant la population ».

Image par El Sun de Pixabay

La suppression du groupe StopTheSteal n’a non plus Ă©tĂ© d’une grande efficacitĂ©. Cela donna un boost de popularitĂ© aux groupes moins importants contenant des propos #StoptheSteal. Les membres du groupe d’origine se sont juste dispatchĂ©s. StopTheSteal était bien plus qu’un groupe Facebook et la plateforme n’a pas vraiment ƓuvrĂ© Ă  contrĂŽler et signaler ces groupes complotistes. 

Sur Facebook, les algorithmes jouent un rĂŽle majeur dans la diffusion de ces fausses informations. Dans les documents rĂ©vĂ©lĂ©s, il a Ă©tĂ© confirmĂ© qu’il n’a fallu que 2 jours pour qu’un utilisateur, suivant quelques personnalitĂ©s/mĂ©dias conservateurs, ait des recommandations conspirationnistes et 1 semaine pour que des contenus du groupe QAnon lui soient recommandĂ©s.

L’une des rĂ©vĂ©lations majeure des Facebook Files Ă©tait la mise en place d’une politique de fact-checking XCheck permettant de limiter les faux signalements de comptes. Certaines personnalitĂ©s politiques et comptes les plus suivis bĂ©nĂ©ficiaient d’une vĂ©rification des signalement Ă  part. Cependant, certaines de ces personnalitĂ©s soumises Ă  ce systĂšme se retrouvaient «whitelisted» et exemptĂ©es du rĂšglement de Facebook : «Contrairement au reste de notre communautĂ©, ces personnes peuvent enfreindre nos normes sans aucunes consĂ©quences».

De son cÎté, Twitter a aussi failli. 
Il n’a pas su prendre en considĂ©ration les avertissements de ses employĂ©s sur les risques de la mauvaise gestion de la dĂ©sinformation et des incitations Ă  la violence sur la plateforme aprĂšs les Ă©lections de 2020. MalgrĂ© les efforts et les signalements reportĂ©s par Twitter Safety Policy team, en charge de la rĂ©daction du rĂšglement de la plateforme, aucune mesure supplĂ©mentaire n’a Ă©tĂ© prise. Les dirigeants semblaient plus inquiets de dĂ©clencher la colĂšre des supporters du prĂ©sident sortant plutĂŽt que de prĂ©server le discours Ă©lectoral (Draft Comittee Report, The Washington Post, 2023).

Un rĂšglement proposĂ© par la Twitter Safety Policy team visant les messages qui incitaient indirectement Ă  la violence («coded incitement to violence» CIV) n’a pas Ă©tĂ© retenu par les dirigeants, considĂ©rant que les messages visĂ©s pouvaient ĂȘtre interprĂ©tĂ©s dans un autre contexte. Le supposĂ© rĂšglement portait notamment sur ce message: «stand back and stand by». Il avait Ă©tĂ© utilisĂ© par le prĂ©sident Trump pour s’adresser plus tĂŽt dans l’annĂ©e au groupe d’extrĂȘme droite Proud Boys connu pour ses idĂ©es fortes et ses comportements violents. Peu de temps aprĂšs, cette expression Ă©tait devenu le cri de ralliement de groupes de supporters Trump sur Twitter.

Twitter a pris l’initiative d’écouter les signalements dĂ©posĂ©s par des organisations comme Fair Fights luttant pour des Ă©lections justes aux États-Unis. Ces tweets, directement liĂ©s Ă  l’incitation Ă  la violence au nom d’une Ă©lection truquĂ©e, ont reçu des avertissements mais n’ont cependant pas Ă©tĂ© retirĂ©s. Pour Twitter, ces messages restaient dans le cadre de la libertĂ© d’expression et n’avaient en aucun cas dĂ©passĂ© les limites du rĂšglement.
Twitter montre ici des signes de relùchement quant à la gestion des messages haineux et de la désinformation.

Un rapport de la MDPI rĂ©vĂ©la qu’afin d’éviter les signalements, des hashtags contenants des fautes Ă©taient utilisĂ©s massivement. Des tweets relatifs aux suspicions de corruption des Biden utilisaient majoritairement le #bidencrimefamiily plutĂŽt que #bidencrimefamily. Cela devait dĂ©jouer les mesures mises en place par le rĂšglement de la plateforme tout en ralliant les supporters autour de thĂ©ories conspirationnistes.

@realDonaldTrump sur Twitter

Le 19 décembre 2020, Trump écrivait : «Big protest un D.C. on January 6th». Par la suite, le nombre de tweets utilisant les CIV «locked and loaded» et «civil war» ont augmenté de maniÚre exponentielle.

Selon un ancien employĂ© de la plateforme, il a fallu attendre l’attaque du 6 janvier 2021 pour que Twitter demande Ă  la Safety Policy team de mettre en place en urgence la CIV Policy. Cependant, toujours incomplĂšte dĂ» Ă  son blocage quelques mois plus tĂŽt, son application Ă©tait imparfaite.

Au Capitol, les attaquants documentaient leur avancĂ©e sur Twitter, obligeant les responsables de la modĂ©ration Ă  supprimer/bannir en direct les contenus et hashtags problĂ©matiques. D’autres hashtags, remontĂ©s dans les tendances, ont dĂ» ĂȘtre dĂ©rĂ©fĂ©rencĂ© comme #CivilWar.

Une prise de conscience sur l’importance de la dĂ©sinformation et de l’incitation Ă  la haine ?

Donald J.Trump sur Facebook

Dani Lever confirme la suppression des contenus ayant comme la mention StoptheSteal dĂšs l’instant de l’attaque ainsi que la suspension du compte de Donald Trump pendant 24 heures. Comme l’a annoncĂ© Facebook, cela fut Ă©tendu Ă  2 semaines puis Ă  une durĂ©e indĂ©terminĂ©e. 

C’est finalement il y a un peu plus d’un mois, le 17 mars 2023, que l’ancien prĂ©sident fait son retour avec une vidĂ©o et 3 mots : I’M BACK !


Facebook s’est engagĂ© Ă  renforcer l’obligation des administrateurs de groupes de vĂ©rifier les messages postĂ©s, Ă  dĂ©sactiver les interactions sur les posts provenant de groupes avec des taux Ă©levĂ©s de discours haineux/violents et Ă  dĂ©rĂ©fĂ©rencer les contenus qui enfreindraient les rĂšglements.

AprĂšs l’attaque, Twitter a suspendu le compte @realDonaldTrump (une premiĂšre fois pendant 12 heures puis de maniĂšre permanente). Fin 2022, aprĂšs l’arrivĂ©e d’Elon Musk Ă  la tĂȘte de Twitter, son compte a Ă©tĂ© Ă  nouveau dĂ©bloquĂ©. Plus de 70000 comptes ont Ă©tĂ© bloquĂ©s, des mesures ont Ă©tĂ© ajoutĂ©es Ă  la Civic Integrity Policy, les comptes affiliĂ©s aux contenus conspirationnistes ont Ă©tĂ© dĂ©rĂ©fĂ©rencĂ©s et certains sujets ne pourront plus apparaĂźtre dans les tendances.

Bien que les attaquants prĂ©sents au Capitol ainsi que Donald Trump sont responsables de leurs actions, il est clair que les rĂ©seaux sociaux ont jouĂ© un rĂŽle majeur dans la prĂ©paration en amont de cet Ă©vĂšnement. MĂȘme si le January 6th Comittee a dĂ©cidĂ© de s’attarder sur la responsabilitĂ© de Trump, cette affaire aura Ă©tĂ© l’opportunitĂ© pour ces grands rĂ©seaux sociaux d’ĂȘtre mis face aux consĂ©quences de leurs dĂ©cisions.

Margot Brenier


Bibliographie :

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https://doi.org/10.3390/journalmedia2040042

Permanent suspension of @realDonaldTrump. (s. d.). [ref. 30 avril 2023]
https://blog.twitter.com/en_us/topics/company/2020/suspension

L’économie de la cĂ©lĂ©britĂ© Ă  l’ùre des rĂ©seaux sociaux : impacts et nouvelles tendances dans l’industrie du la K-Pop

Source : Alexander Shatov

Si vous utilisez des rĂ©seaux sociaux, vous avez probablement dĂ©jĂ  entendu parler de la K-pop. En effet ce genre musical nĂ© en CorĂ©e du Sud dans les annĂ©es 90 est extrĂȘmement prĂ©sent sur toutes les plateformes sociales, notamment grĂące aux fans de ces chanteurs de pop corĂ©enne que l’on appelle « idoles ».

La K-Pop et sa fulgurante montée en popularité

CaractĂ©risĂ©e par des vidĂ©os extravagantes aux grands budgets, des chorĂ©graphies dĂ©taillĂ©es et des productions musicales uniques et variĂ©es, la K-Pop a su sĂ©duire un bon nombre de fans, et ce depuis des dĂ©cennies. NĂ©anmoins, durant ces derniĂšres annĂ©es, le genre a franchi un nouveau seuil de popularitĂ© en devenant une industrie internationale faisant succomber toutes les barriĂšres gĂ©ographiques : 89 millions de fans dans 113 pays, des tournĂ©es mondiales, des apparitions dans les plus grands festivals de musique (Coachella, Lollapalooza), de nombreux prix (Grammys, BBMAs, VMAs
), etc.

Et l’une des explications derriĂšre cette montĂ©e rapide en popularitĂ© rĂ©side dans les rĂ©seaux sociaux. Mais comment les rĂ©seaux sociaux ont-ils transformĂ© l’industrie du divertissement sud-corĂ©enne, notamment dans des logiques d’économie de la cĂ©lĂ©brité ?

Une économie de la célébrité déjà présente


« La cĂ©lĂ©britĂ©, c’est l’avantage d’ĂȘtre connu de ceux qui ne vous connaissent pas »

Nicolas de Chamfort, poÚte et journaliste français.

Les cĂ©lĂ©britĂ©s sont dotĂ©es d’une influence parasociale, qui est un type de relation sociale Ă  sens unique dont une personne peut faire l’expĂ©rience vis-Ă -vis d’une personnalitĂ© publique ou d’un personnage de fiction. Le fan peut ainsi dĂ©velopper des sentiments d’amitiĂ©, mĂȘme sans existence de rĂ©elle interaction directe.

En CorĂ©e du Sud, cette influence Ă©tait dĂ©jĂ  assez forte avant les rĂ©seaux sociaux, avec une industrie de K-Pop prĂŽnant une apparente proximitĂ© entre les fans et les artistes en multipliant les apparitions de ces derniers : Ă©missions de variĂ©tĂ©, sĂ©ances de dĂ©dicace, tĂ©lĂ©rĂ©alitĂ©s, publicitĂ©s tĂ©lĂ©visĂ©es
 Les artistes deviennent des professionnels du divertissement pour leurs fans, et sont ainsi dĂ©jĂ  au centre d’une Ă©conomie de la cĂ©lĂ©britĂ© dans laquelle le fan est prĂȘt Ă  consommer toute sorte de contenu dĂšs lors qu’elle est en lien avec sa star favorite, faisant tourner une Ă©conomie.


 mais renforcée par les réseaux sociaux

Les mĂ©dias sociaux introduisent de nouvelles opportunitĂ©s de relations parasociales, car ils tendent Ă  jouer sur des interactions frĂ©quentes, plus personnelles et parfois rĂ©ciproques entre les cĂ©lĂ©britĂ©s et leurs fans. En profitant de cette nouvelle opportunitĂ©, l’industrie de la K-Pop s’est appropriĂ© l’usage de ces rĂ©seaux (TikTok, Instagram, Twitter, Youtube) et est parvenue Ă  en faire profit grĂące Ă  des stratĂ©gies inĂ©dites et crĂ©atives pour gagner en exposition et entretenir des relations solides avec leurs fans, notamment en postant rĂ©guliĂšrement du contenu donnant aux fans un sentiment de proximité : vlogs, lives, challenges, sketchs, documentaires, multiplication des shows de variĂ©tĂ© et Ă©missions de tĂ©lĂ©rĂ©alité 

L’objectif est rempli : partager leur quotidien et se positionner comme un ami pour des fans de plus en plus fidĂšles, grĂące Ă  des contenus viraux produits en parallĂšle de leur carriĂšre musicale ; chose qui Ă©tait auparavant compliquĂ©e alors que la promotion des artistes reposait essentiellement sur des mĂ©thodes traditionnelles telles que les apparitions tĂ©lĂ©visĂ©es ou les interviews Ă  la radio.

Les fans, fidùles à leurs idoles vont alors les soutenir quoiqu’il arrive, en achetant leurs albums, places de concert, en votant, etc.

Les diffĂ©rentes agences et leurs stars, en maĂźtrisant parfaitement leurs contenus et leur viralitĂ©, sont ainsi devenus expertes dans ce domaine de la prĂ©sence en ligne, et ont su s’imposer comme des personnalitĂ©s Ă  la rĂ©putation extrĂȘmement solide : en date du 30 avril 2023, Lisa des Blackpink est l’idole de K-Pop la plus suivie et la 38e cĂ©lĂ©britĂ© la plus suivie au monde sur Instagram, avec 92.9 millions d’abonnĂ©s. Elle est suivie par V des BTS, deuxiĂšme star corĂ©enne et 82e mondialement avec 58.6 millions d’abonnĂ©s.

Les réseaux sociaux, un moyen de rassembler les communautés de fans

Ces trĂšs larges bases d’abonnĂ©s sont principalement constituĂ©es de fans, qui vont s’organiser en communautĂ©s – ou « fandoms » – sur les rĂ©seaux sociaux afin de pouvoir soutenir au mieux leurs artistes qu’ils considĂšrent et tiennent en estime. Ils vont ainsi agir Ă  leur Ă©chelle comme des promoteurs de leurs idoles favorites sur les rĂ©seaux sociaux : discussions entre fans, hashtags hissĂ©s dans les tendances, comptes fans Ă©crivant sur l’actualitĂ© d’un groupe
 En 2020, Twitter a enregistrĂ© 6.7 milliards de tweets liĂ©s Ă  la K-Pop.

Les agences, quant Ă  elles, ont su dĂ©celer le potentiel de ces communautĂ©s de fans motivĂ©s et ont alors dĂ©cidĂ© d’investir dans de nouveaux moyens pour faire tourner cette Ă©conomie de la cĂ©lĂ©britĂ©, en les rĂ©unissant autour de contenus exclusifs. C’est ainsi qu’ont Ă©tĂ© créés Vlive puis Weverse, deux rĂ©seaux sociaux dĂ©diĂ©s exclusivement aux interactions entre artistes et fans, qui leur permettent d’échanger dans des cadres plus intimistes et donc de prĂ©server ce sentiment de proximitĂ©. Les artistes peuvent y poster des messages courts, rĂ©pondre aux posts des fans, faire des lives pour parler de leur quotidien avec leurs fans. Sur chacune de ces plateformes, chaque artiste a un compte auquel le fan peut s’abonner, et ce dernier peut mĂȘme profiter de plus d’avantages en payant, notamment en achetant une adhĂ©sion au fanclub de leur artiste favori.

De nouvelles opportunités pour les artistes

Les rĂ©seaux sociaux reprĂ©sentent aussi des opportunitĂ©s inĂ©dites pour les artistes. Tout d’abord la nature mĂȘme des rĂ©seaux, reliant les quatre coins du monde, a permis aux artistes de gagner en renommĂ©e grĂące Ă  la musique, en accĂ©dant Ă  des marchĂ©s qui n’auraient pas Ă©tĂ© envisageables sans une prĂ©sence physique lors de tournĂ©es ou autres Ă©vĂšnements.

Les stars sont aussi devenues des marques Ă  part entiĂšre dans cette Ă©conomie de la cĂ©lĂ©britĂ©, et peuvent gĂ©nĂ©rer des revenus grĂące des activitĂ©s annexes, car leurs fans seront prĂȘts Ă  soutenir tous leurs projets et produits (G-Dragon et sa marque de mode, IU et sa marque de cosmĂ©tiques
).

Cette logique est aussi valable pour les partenariats de plus en plus communs, Ă  une Ăšre oĂč les marques sont de plus en plus disposĂ©es Ă  digitaliser leur marketing en collaborant avec des cĂ©lĂ©britĂ©s aux grandes bases d’abonnĂ©s. Les idoles de K-Pop sont ainsi en haut de leur liste grĂące Ă  leur popularitĂ© sans prĂ©cĂ©dent auprĂšs des fans, qui peut faire augmenter considĂ©rablement les ventes de n’importe quel produit. Cela passe par des posts sponsorisĂ©s, ou mĂȘme des contrats d’endorsement de plus en plus nombreux et prestigieux : Jungkook (BTS) pour Calvin Klein, Hanni (New Jeans) pour Gucci, Lisa (Blackpink) pour CĂ©line, Cha Eun Woo (Astro) pour Dior, etc.

Les cĂ©lĂ©britĂ©s corĂ©ennes ont Ă©galement la possibilitĂ© d’utiliser leur plateforme en tant que leader d’opinion pour sensibiliser Ă  des causes sociales et des campagnes de bienfaisance, crĂ©ant un impact positif dans la sociĂ©tĂ©. Par exemple, Ă  la suite d’un don d’un million de dollars du groupe BTS au mouvement Black Lives Matter, leur fandom ARMY s’est organisĂ© sur les rĂ©seaux sociaux grĂące Ă  l’hashtag #MatchAMillion, et a rĂ©ussi Ă  doubler la donation pour le mouvement par ses propres moyens.

Une exposition plus grande aux dĂ©rivĂ©s liĂ©es Ă  la rĂ©putation et Ă  l’économie de la cĂ©lĂ©britĂ©

NĂ©anmoins l’impact des rĂ©seaux sur l’industrie du divertissement corĂ©en n’est pas que positif. En effet ils introduisent une plus grande pression pour les idoles quant Ă  le gestion de leur statut de cĂ©lĂ©britĂ©.

Les scandales et controverses, notamment, sont beaucoup plus visibles et impactantes en raison des réseaux sociaux, poussant les stars doivent à faire trÚs attention à chacun de leurs gestes au quotidien, car ils sont observés.

Cela est dĂ» en partie au fait qu’avec de cette logique d’interaction extrĂȘme, les fans peuvent dĂ©velopper un sentiment de droit sur la vie privĂ©e et les actes de leurs idoles : ils sentent que ces derniers ont besoin d’eux et leur doivent beaucoup au vu de leur implication incomparable, et vont donc se servir des rĂ©seaux sociaux pour exprimer leur possessivitĂ© ou leur mĂ©contentement sur chacun de leurs actes, mĂȘmes anodins ; allant parfois Ă  critiquer l’apparence d’idoles s’écartant des standards de beautĂ©. Des fans extrĂȘmes vont mĂȘme aller jusqu’à les suivre, Ă  leur envoyer des lettres de menace, ce qui peut dĂ©tĂ©riorer les relations.

Beaucoup vont les considĂ©rer comme des marchandises qui ne peuvent pas s’écarter d’une vision idĂ©alisĂ©e que les fans ont d’eux. Cette pression est telle que l’industrie a connu plusieurs cas de suicides, alors que les idoles supportent de moins en moins la pression et les critiques du milieu, et que certains commencent Ă  exprimer leur mĂ©contentement.

Il est donc clair que les rĂ©seaux sociaux ont Ă©normĂ©ment apportĂ© au milieu de la K-Pop en renforçant l’impact des artistes et leur proximitĂ© avec les fans ; nĂ©anmoins cela peut se faire Ă  leurs dĂ©pens car ils peuvent souffrir de cette ouverture au monde, qui introduit plus de pression et les prive de certaines libertĂ©s. Il est donc nĂ©cessaire que les agences fassent le nĂ©cessaire afin d’assurer leur bien-ĂȘtre, en imposant des limites et en adaptant leur comportement Ă  cette nouvelle Ăšre connectĂ©e.

Article de Wendy Mbango.

Sources

  • Black lives Matter : aprĂšs le don de BTS Ă  1 million de dollars, les fans du groupe font la mĂȘme chose, Le Parisien.
  • #KpopTwitter achieves new record of 6.7 billion Tweets globally in 2020, Twitter Blog.
  • List of Most-Followed Instagram Handle in World, Sacnilk.com.
  • K-Pop 2023: A Look at the Statistics Behind the Music, Gitnux.

Cinéma et jeu vidéo : deux arts irréconciliables ? 

Tomb Raider, Silent Hill, Assassin’s Creed, Uncharted
depuis la sortie de Super Mario Bros dans les annĂ©es 90, les jeux vidĂ©o sont rĂ©guliĂšrement adaptĂ©s pour le grand Ă©cran. Une source d’inspiration inĂ©puisable  pour l’industrie du cinĂ©ma, comme en tĂ©moigne la sortie d’un nouveau film – un dessin animĂ© cette fois – consacrĂ© au petit bonhomme Ă  casquette rouge. Bien que ces aventures Ă©piques soient souvent controversĂ©es, elles tĂ©moignent de la popularitĂ© croissante des jeux vidĂ©o en tant que source d’inspiration pour l’industrie cinĂ©matographique.
En 1998, les frĂšres Le Diberder dĂ©ploraient dĂ©jĂ  les « rĂ©sultats lamentables » des adaptations cinĂ©matographiques de jeux vidĂ©o, Ă  l’instar de  Final Fantasy: The Spirits Within, fustigĂ© Ă  la fois par  la critique et les fans du jeu. Beaucoup justifient  ces Ă©checs par les faiblesses des jeux d’origine. NĂ©anmoins,  il serait pertinent de s’interroger davantage sur les diffĂ©rences fondamentales entre ces deux mĂ©dias qui les rendent incompatibles.

Le risque de vouloir faire plaisir Ă  tout le monde

Les franchises de jeux vidĂ©o sont devenues de vĂ©ritables phĂ©nomĂšnes de sociĂ©tĂ©, avec des communautĂ©s de joueurs actives et passionnĂ©es. De nombreux cinĂ©astes y voient donc  une opportunitĂ© de « surfer » sur la notoriĂ©tĂ© dĂ©jĂ  bien installĂ©e de certains univers, tout en attirant un nouveau public par le cinĂ©ma, un mĂ©dia plus accessible. Ainsi, si des films comme Resident Evil ou Assassin’s Creed ont connu un certain succĂšs au box-office, c’est notamment parce que ces deux licences Ă©taient  dĂ©jĂ  bien connues du grand public. Elles ont ainsi pu compter sur un public de curieux, non initiĂ©, mais aussi sur  leurs  fans, prĂ©sents pour  s’assurer de la fidĂ©litĂ© du film au jeu d’origine.
Par ailleurs, adapter une licence au cinĂ©ma permet de dĂ©mocratiser le jeu vidĂ©o auprĂšs du  grand public. Mais ce double ciblage, qui espĂšre transformer les cinĂ©philes en gamers et inversement,  pose problĂšme. En voulant faire plaisir Ă  tout le monde, bon nombre de rĂ©alisateurs et scĂ©naristes se sont perdus concernant la direction Ă  donner Ă  leur adaptation, donnant lieu Ă  des maladresses mĂ©morables. C’est notamment ce qui a Ă©tĂ© reprochĂ© Ă  la premiĂšre adaptation de Super Mario Bros au cinĂ©ma, en 1993 : en voulant constamment rappeler l’Ɠuvre originale tout en le rendant accessible, beaucoup de rĂ©fĂ©rences se sont retrouvĂ©es placĂ©es alĂ©atoirement dans le film et sans vraiment de rĂ©flexion. Dans leurs critiques, de nombreux  fans de la franchise ont Ă©tĂ© mĂȘme jusqu’à les  juger « ridicules ».

L’art subtile d’adapter avec succĂšs les jeux vidĂ©o au cinĂ©ma 

La narrativité

Dans l’un de ses Ă©crits, l’universitaire amĂ©ricain spĂ©cialisĂ© dans les mĂ©dias, Henry Jenkins, explique que l’adaptation cinĂ©matographique des jeux vidĂ©o est un exercice complexe car certaines caractĂ©ristiques propres Ă  ce mĂ©dium ne sont pas facilement transposables Ă  l’écran. En effet, contrairement au cinĂ©ma, oĂč la narrativitĂ© est au cƓur de chaque construction, les jeux vidĂ©o offrent une grande libertĂ© au joueur qui peut influencer le dĂ©roulement de l’histoire. Cette spĂ©cificitĂ© particuliĂšrement importante pour les joueurs, est difficile Ă  reproduire dans un film oĂč la narration est prĂ©dĂ©terminĂ©e.

Au cinĂ©ma, le rĂ©cit est essentiellement sĂ©quentiel ou linĂ©aire et influence donc la façon dont le film est perçu et compris, ainsi que les choix esthĂ©tiques du rĂ©alisateur. Les films utilisent des techniques cinĂ©matographiques telles que les dialogues et les cinĂ©matiques pour raconter l’histoire de maniĂšre cohĂ©rente. Le public est ainsi un observateur passif, qui suit le dĂ©roulement du rĂ©cit sans avoir de prise sur son issue.

Dans les jeux vidĂ©o, en revanche, la narration est souvent non-linĂ©aire, le joueur est un participant actif Ă  la construction de l’histoire. Cela crĂ©e une diffĂ©rence majeure dans la construction du scĂ©nario par rapport au cinĂ©ma, oĂč la narration est essentiellement linĂ©aire et le public est un observateur passif. En outre, le temps de jeu d’un jeu vidĂ©o, qui peut s’étendre sur 15 Ă  30 heures, contraste avec la durĂ©e d’un film, qui est gĂ©nĂ©ralement comprise entre 1h30 et 3h, limitant ainsi la possibilitĂ© de dĂ©velopper des personnages et des Ă©motions complexes.

Pour les frÚres Le Diberder, auteurs de « Qui a peur des jeux vidéo », ce sont ces différences en termes de structure narrative qui créent un fossé entre cinéma et jeux vidéo.

L’interactivitĂ©

Ce fossĂ© est renforcĂ© par la prĂ©sence (ou l’absence) d’interactivitĂ©. En effet, bien que la dimension narrative existe au sein des jeux vidĂ©o, elle se retrouve Ă©clipsĂ©e par ce que l’on peut appeler « l’interaction narrative » qui correspond Ă  la notion de « jouabilitĂ© ». 

Et pour cause, le gameplay des jeux vidĂ©o, qu’Alexis Blanchet (enseignant et chercheur français en cinĂ©ma et nouveaux mĂ©dias) dĂ©finit comme « l’agencement des rĂšgles imposĂ©es par le jeu et les possibilitĂ©s d’appropriation de ces rĂšgles par le joueur » dans son ouvrage « Des pixels Ă  Hollywood : cinĂ©ma et jeu vidĂ©o, une histoire culturelle et Ă©conomique » est difficilement imitable pour le cinĂ©ma. En effet, des mĂ©canismes tels que le choix des dialogues et les embranchements narratifs ne peuvent pas facilement ĂȘtre reproduits au cinĂ©ma.

Dans son article consacré aux relations entre cinéma et jeu vidéo, Sandy Baczkowski conclut simplement que « On ne regarde pas un jeu, on y joue. On ne joue pas à un film, on le regarde » : devant un film, nous sommes des spectateurs, tandis que devant un jeu vidéo nous sommes de véritables joueurs. Ainsi, un jeu vidéo pourra, par exemple, offrir plusieurs histoires ou fins différentes selon les interventions du joueur, tandis que les films ont une fin unique pour tous les spectateurs.

L’immersion dans l’espace-temps

Au niveau de l’espace-temps, lĂ  aussi les deux mĂ©dias diffĂšrent : lorsque le cinĂ©ma se caractĂ©rise par une proposition d’un rĂ©cit en image, le jeu vidĂ©o, quant Ă  lui, est un univers numĂ©rique dans lequel les joueurs sont amenĂ©s Ă  plonger, s’immerger voire s’enfermer pour vivre des aventures hors du temps et de l’espace. En effet, ils se dĂ©placent au sein de l’espace et ainsi du temps, libĂ©rant le prĂ©sent du jeu pour rĂ©pondre Ă  une logique de mĂ©moire virtuelle. Le cinĂ©ma sollicite donc principalement le regard, la vue, tandis que le jeu vidĂ©o correspond Ă©galement Ă  une dimension tactile et corporelle.

Des convergences indéniables :  le cinéma transludique

Ainsi, il paraĂźt Ă©vident que le cinĂ©ma et le jeu vidĂ©o rĂ©pondent Ă  des logiques qui sont, par essence, diffĂ©rentes Ă  plusieurs niveaux, rendant impossible l’adaptation d’un jeu vidĂ©o en film. 

NĂ©anmoins, on observe ces derniĂšres annĂ©es que des convergences entre le cinĂ©ma et la vidĂ©oludique apparaissent et se renforcent. Au cinĂ©ma, les expĂ©riences sont de plus en plus immersives : on parle alors de « remĂ©diatisation », que Jay David Bolter et Richard Gursin dĂ©finissent dans leur ouvrage « Remediation : Understanding New Media », comme la reprise des formes et techniques d’un mĂ©dia par un autre. On constate qu’au cinĂ©ma apparaissent des stratĂ©gies de remĂ©diatisation pour crĂ©er davantage d’immersion pour le spectateur. Les rĂ©alisateurs utilisent des techniques de narration spĂ©cifiques pour immerger le public dans l’histoire, grĂące au montage, Ă  la mise en scĂšne, etc
 Ces techniques sont accompagnĂ©es par les avancĂ©es technologiques de ces derniĂšres annĂ©es, telles que la 3D, la 4D, les effets spĂ©ciaux, le son spatialisĂ©, la technologie Dolby Atmos, la VR, etc
 Par exemple, le film de Christopher Nolan, Dunkerque, transporte les spectateurs directement dans l’action des Ă©vĂ©nements de la Seconde Guerre mondiale grĂące Ă  sa narration non linĂ©aire, combinĂ©e Ă  une cinĂ©matographie immersive et Ă  une bande sonore stressante. 

A partir de ce phĂ©nomĂšne, Martin Picard thĂ©orise l’idĂ©e de « cinĂ©ma transludique » dans sa thĂšse intitulĂ©e « Pour une esthĂ©tique du cinĂ©ma transludique : Figures du jeu vidĂ©o et de l’animation dans le cinĂ©ma d’effets visuels du tournant du XXIe siĂšcle ». Il dĂ©finit ce concept comme une forme de cinĂ©ma qui aurait plus Ă  voir avec l’esthĂ©tique des jeux vidĂ©o et des nouveaux mĂ©dias en gĂ©nĂ©ral qu’avec les codes cinĂ©matographiques classiques du cinĂ©ma. Un film transludique reste un film « traditionnel » du fait qu’il comporte un rĂ©cit avec un dĂ©but, un milieu, une fin, axĂ© sur la progression d’un ou plusieurs personnages. Les spectateurs ne peuvent donc pas intervenir dans l’action et avoir un impact sur son dĂ©roulement. NĂ©anmoins, il intĂšgre des Ă©lĂ©ments vidĂ©oludiques dans sa narration et sa mise en scĂšne et s’impose donc comme le rĂ©sultat de la convergence de diffĂ©rentes influences, notamment Ă  travers l’attitude ludique qui permet d’impliquer davantage le spectateur sans pour autant lui donner la maĂźtrise du rĂ©cit, tout en conservant des conceptions et des idĂ©es qui existent depuis toujours au cinĂ©ma.

Anne-Lise Magnien

Sources

Picard M. (2009), Pour une esthétique du cinéma transludique

Marti Marc (2012), Jeux vidéo et logiques narratives

Maison des Sciences de l’Homme (2019), Culture vidĂ©oludique !

Alix Odorico (2021), Ces raisons qui expliquent pourquoi les adaptations des jeux vidéo en film sont souvent ratées

Di Crosta Marida (2009), Entre cinĂ©ma et jeux vidĂ©o : l’interface-film

Comment les deepfakes peuvent impacter la santé sur les réseaux sociaux ?

Vous avez dĂ©jĂ  pu tomber sur la fameuse vidĂ©o de Barack Obama insultant Donald Trump ou encore sur celle de Zelensky diffusĂ©e sur une chaĂźne d’information officielle ukrainienne. Certains adeptes du deepfake, s’amusent Ă  inventer des visages qui n’existent pas, Ă  parler Ă  la place de personnalitĂ©s publiques


Cependant, l’usage du deepfake souligne des risques en termes de droits Ă  l’image et dĂ©sinformation de masse.

Le deepfake consiste en la crĂ©ation de photos, d’audios ou de vidĂ©os utilisant le visage d’une personne existante ou non, rendus crĂ©dibles grĂące Ă  l’intelligence artificielle. Contraction de Deep Learning et fake, cette technologie repose sur les GANs (Generative Adversarial Networks), produisant un contenu trĂšs rĂ©aliste.

Le champ des possibles du deepfake s’élargit. Du visage d’une personne sur le corps d’un autre, Ă  la crĂ©ation d’une personne qui n’existe pas ou encore Ă  la possibilitĂ© de prendre l’apparence d’une personne sur une vidĂ©o et de « cloner » sa voix, le Deepfake ne cesse de gagner en rĂ©alisme.

Cependant, nous pouvons nous interroger quant aux dangers auxquels les internautes sont exposĂ©s via l’utilisation de cette technologie. Rappelons que le premier Deepfake a Ă©tĂ© publiĂ© sur Reddit, plateforme sur laquelle un utilisateur mettait en scĂšne des cĂ©lĂ©britĂ©s comme Natalie Portman ou Jessica Alba dans de fausses vidĂ©os pornographiques. Une entrĂ©e plutĂŽt fracassante


Cette technologie est d’autant plus rĂ©pandue par l’usage des rĂ©seaux sociaux et pourrait fortement nuire Ă  la santĂ© de tous.

De ludique à politique, comment peuvent-ils impacter la santé via les réseaux sociaux ?

L’impact sur le secteur de la santĂ©

Commençons par l’aspect nĂ©gatif :

L’influence des deepfakes sur la santĂ© commence Ă  prĂ©occuper les experts.

Certains deepfakes sont utilisĂ©s pour compromettre la confidentialitĂ© des donnĂ©es de santĂ© des patients. Les cybercriminels peuvent ainsi publier sur les rĂ©seaux des enregistrements vocaux ou des vidĂ©os semblant provenir de professionnels de la santĂ© ou autoritĂ© comme l’OMS mais qui sont en rĂ©alitĂ© des piĂšges Ă  clics. Les risques sont qu’ils y fassent fuiter les donnĂ©es personnelles des malades.

D’un point de vue purement mĂ©dical, une vidĂ©o peut, par exemple, ĂȘtre diffusĂ©e et faire croire que quelqu’un a Ă©tĂ© guĂ©ri d’une maladie via un traitement spĂ©cifique. Un politique peut sembler dire ou agir Ă  l’opposĂ© des recommandations de santĂ© publique


Ces pratiques peuvent pousser Ă  adopter des comportements prĂ©judiciables, conduisant, qui plus est, Ă  des fraudes Ă  l’assurance maladie et des perturbations des soins de santĂ©.

Par consĂ©quent, il est important que les utilisateurs des rĂ©seaux sociaux soient conscients de la possibilitĂ© de deepfakes mĂ©dicaux et qu’ils vĂ©rifient toujours l’authenticitĂ© des informations avant de les partager.

De surcroĂźt, l’augmentation de deepfakes aux visages « parfaits » sur les rĂ©seaux va de pair avec l’accroissement du taux de chirurgie esthĂ©tique.

« En moyenne, sur cette tranche d’ñge (18-34 ans), la proportion de femmes qui poussent les portes des cabinets de chirurgie esthĂ©tique est de l’ordre de 80%. »

Chirurgie esthétique : favorisée par les réseaux sociaux, la tendance explose chez les jeunes (rtl.fr)

Heureusement il n’y a pas que du mauvais au deepfake :

Parfois le trucage de voix peut ĂȘtre utilisĂ©e Ă  des fins positives. La voix pouvant ĂȘtre trafiquĂ©e, certaines communications du secteur de la santĂ© pourrait mieux « passer » aux yeux des utilisateurs.

« Si l’on prend l’exemple d’une campagne de santĂ© publique, avec 2-3 % de personnes convaincues en plus, les Deepfake peuvent sauver des vies. »

Deepfake, entre réel progrÚs et enjeux éthiques (bpifrance.fr)

Par ailleurs, la langue des signes n’étant encore que trĂšs peu rĂ©pandue, en particulier sur les rĂ©seaux sociaux, les deepfakes pourraient amĂ©liorer le quotidien de personnes atteinte de mutisme. Leur message pourrait avoir plus d’impact et entraĂźner plus d’engagement.

De plus, les deepfakes pourraient contribuer aux progrÚs de la science. Un des exemples relevés serait leur capacité à repérer des organes malades au travers de la radiographie, aidant ainsi les médecins à effectuer un diagnostic. Les réseaux sociaux pourraient alors y développer la diffusion de ces savoirs (pour les étudiants en médecine par exemple).

Images d’IRN gĂ©nĂ©rĂ©es grĂące aux GANs

L’impact sur la santĂ© mentale

Commençons à nouveau par le négatif :

Les deepfakes peuvent également avoir un impact sur la santé mentale des gens sur les réseaux sociaux.

Une personne peut ĂȘtre victime de cyberharcĂšlement et voir sa rĂ©putation salie par du deepfake utilisant son visage dans un contexte faux et dĂ©favorable. Ces risques touchent principalement les femmes pouvant ĂȘtre victimes de Revenge porn. Cependant, certaines victimes doutent de leur statut avançant qu’elles n’étaient pas rĂ©ellement prĂ©sentes sur ces vidĂ©os et guĂ©rissent difficilement de ce traumatisme.

Par ailleurs, les deepfakes peuvent conduire Ă  une usurpation d’identitĂ© de la part de cybercriminels se faisant passer pour d’autres via des notes vocales crĂ©dibles. Cette situation provoque une perte de confiance et instaure un climat de « paranoĂŻa » .

D’autre part, il est dĂ©sormais facile pour les utilisateurs de se crĂ©er une « fausse vie » et de « faux attributs physiques », qu’ils partageraient sur les rĂ©seaux sociaux. Des biais raciaux, sexistes et des critĂšres de beautĂ© « standards » inatteignables y sont, d’ailleurs, cachĂ©s sous la table. En effet, les deepfakes ont souvent tendance Ă  blanchir, rajeunir ou vieillir les utilisateurs, Ă  donner des traits plus fins pour une femme et inversement pour les hommes. Cette thĂ©ologie de la perfection physique prĂŽnant le transhumanisme enferme les users dans un carcan de mensonges, complexes et de frustrations.

Le feed d’un jeune se voit donc de plus en plus lisse : une jeune femme magnifique dans un paysage de rĂȘve alors que tout s’avĂšre souvent truquĂ© (fond vert). Cette surexposition constante au « parfait » pousse certains utilisateurs Ă  ne plus se reconnaitre et Ă  accepter leur faux visage Ă  mesure que leur taux de likes augmente. Ce qui induit des troubles en termes de dĂ©finition et limites de soi avec la question suivante : « OĂč s’arrĂȘte le vrai Moi, oĂč commence mon faux personnage ». Pas Ă©tonnant que le taux de chirurgie esthĂ©tique augmente
.

« Chaque fois que j’obtenais un “j’aime” sur une photo, je sentais ces endorphines comme si c’était moi, comme si quelqu’un que je connais aimait une photo de moi »

https://leclaireur.fnac.com/article/220141-apres-les-vraies-fausses-vies-sur-les-reseaux-sociaux-place-aux-vies-truquees-grace-a-lia/

Mais l’aspect positif donne un brin d’espoir :

Avez-vous dĂ©jĂ  entendu parler de la Deepfake Therapie ? Une Ă©tude publiĂ©e dans la revue Frontiers in Psychiatry a mis en avant deux victimes d’agressions sexuelles dialoguant sur la plateforme Zoom avec leur faux agresseur, en prĂ©sence de leur thĂ©rapeute. Elle s’est avĂ©rĂ©e fructueuse puisque l’une des victimes a vu ses stress post-traumatiques diminuer en une semaine. PrĂ©cisons que l’agresseur s’exprime « avec empathie sans chercher Ă  revictimiser le patient » . Ce type de plateforme existe dĂ©jĂ  notamment DeepTherapy.ai, dans laquelle certains endeuillĂ©s parlent avec un dĂ©funt. Il faut cependant savoir limiter son utilisation car en faussant le vrai, certaines sĂ©quelles peuvent subsister. Cette pratique pourrait s’étendre de la mĂ©diation pour le divorce au harcĂšlement des enfants.

Certaines personnes n’arrivent pas Ă  tourner la page concernant une personne Ă©tant donnĂ©e la visibilitĂ© que donnent les rĂ©seaux sociaux et cette pratique pourrait fortement les aider.

Conclusions et résolutions qui en découlent

Les deepfakes constituent donc le sujet emblĂ©matique des rĂ©seaux sociaux et de l’intelligence artificielle. Nous devons ainsi tenir compte de la portĂ©e de cette IA afin de protĂ©ger la santĂ© de tous.

Heureusement, une réglementation vient encadrer les dérives des deepfakes.

Ainsi, l’utilisation de deepfakes pour tromper les internautes sur l’identitĂ© d’une personne peut ĂȘtre punie par la loi.

Aux États-Unis, par exemple, le CongrĂšs a adoptĂ© la loi de lutte contre la cybercriminalitĂ© (Cybercrime Enforcement Act) en 2019, qui criminalise la production et la distribution de deepfakes dans le but de tromper ou de nuire Ă  une personne. La loi impose des peines allant jusqu’à 10 ans de prison.

En France, les deepfakes peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme de l’escroquerie ou de l’usurpation d’identitĂ©, voire de la diffamation, selon la loi sur la libertĂ© de la presse. Ainsi, un deepfake non mentionnĂ© comme tel est illĂ©gal. La loi du 22 dĂ©cembre 2018 relative Ă  la lutte contre la manipulation de l’information permet de stopper la diffusion massive de dĂ©sinformation.

Au niveau européen, le projet de rÚglement sur les services numériques (« Digital Services Act ») prévoit des mesures pour lutter contre les risques systémiques découlant des plateformes en ligne et moteurs de recherche, en particulier contre tout effet négatif sur le discours civique.

D’autre part, la Commission europĂ©enne a publiĂ© un code de conduite europĂ©en renforcĂ© pour lutter contre la dĂ©sinformation. Le Conseil de l’Union europĂ©enne a adoptĂ© une rĂ©solution en 2021 appelant Ă  une rĂ©glementation renforcĂ©e des deepfakes pour lutter contre la dĂ©sinformation et les menaces pour la sĂ©curitĂ©.

Enfin, plusieurs solutions ont été développées par les grands acteurs du numérique pour détecter et lutter contre les deepfakes, comme le Deepfake Detection Challenge de Facebook, AWS, Microsoft et Partnership in AI, ainsi que la plateforme InVID pour aider les journalistes à détecter les vidéos truquées.

Désormais, il est obligatoire de préciser si un contenu est Deepfake ou non.

Cependant, cette rĂ©glementation pose Ă©galement des dĂ©fis en matiĂšre de libertĂ© d’expression et de droits de la personne, la ligne entre manipulation de contenu malveillant et parodie Ă©tant souvent floue.

Ce qui importe donc le plus est d’ĂȘtre conscient que les rĂ©seaux sociaux ne sont pas la vraie vie


Chirel Darmouni.

Sources

WeChat, l’application totale

En 2022, 1,3 milliards de personnes utilisent l’application de messagerie WeChat. Parmi ces utilisateurs, deux tiers sont localisĂ©s en Chine0. Sur l’App Store, l’application se prĂ©sente comme reprĂ©sentant un vĂ©ritable « style de vie » Ă  part entiĂšre.

Créée en janvier 2011, WeChat est Ă  l’origine une application mobile de messagerie textuelle et vocale. Le groupe Tencent, son crĂ©ateur, est qualifiable de « gĂ©ant chinois du numĂ©rique ». DĂšs 1998, le groupe lance la messagerie instantanĂ©e qui deviendra la plus populaire de Chine : OICQ, un clone d’ICQ (une messagerie dĂ©veloppĂ©e en 1996 par Mirabilis, une entreprise israĂ©lienne), renommĂ© par la suite QQ pour prĂ©venir d’une dĂ©convenue juridique. Les services en ligne gĂ©rĂ©s par Tecent s’étendent des rĂ©seaux sociaux aux jeux-vidĂ©os, en passant par les services bancaires, du streaming vidĂ©o, et aujourd’hui le cloud et l’intelligence artificielle. Avec Alibaba et Baidu, Tencent est l’une des plus grandes entreprises chinoise travaillant dans le numĂ©rique. Elle est la plus valorisĂ©e du pays en 2022, Ă  375 milliards d’euros1.

WeChat tient son nom de Weixin, qui signifie « micro-message » en chinois2. L’objectif de sa crĂ©ation est de crĂ©er un concurrent de Whatsapp, dĂ©ployable en Chine. Avec le temps, des fonctionnalitĂ©s ont Ă©tĂ© ajoutĂ©es, et l’application est dĂ©sormais irrĂ©ductible Ă  un systĂšme de messagerie. On pourrait imaginer une comparaison avec Line pour le Japon, Kakao Talk pour la CorĂ©e du Sud, Facebook ou Instagram pour l’Europe et l’AmĂ©rique. Mais l’application dĂ©veloppĂ©e par Tencent s’étend au-delĂ  de ces utilisations. Aujourd’hui, WeChat est indispensable au fonctionnement de la sociĂ©tĂ© chinoise. Si WeChat peut apparaĂźtre grossiĂšrement comme une pĂąle copie de diffĂ©rents mĂ©dias sociaux majoritairement utilisĂ©s en occident, c’est que l’on sous-estime le modĂšle pris peu Ă  peu par l’application, entre complexitĂ©, omniprĂ©sence et presque-monopole sur le territoire chinois.

Lorsque Tencent dĂ©veloppe QQ, elle ne prĂ©voit pas immĂ©diatement son adaptation mobile. Similaire Ă  MSN, la messagerie commercialisĂ©e par Microsoft Ă  partir de 19953, QQ s’utilise sur PC. Il a donc fallu adapter QQ aux services de tĂ©lĂ©phonie et aux mobiles, et lancer WeChat.

Mais alors, pourquoi WeChat s’est-elle immĂ©diatement positionnĂ©e comme une messagerie mobile idĂ©ale pour les citoyens chinois ? Elle est le prĂ©curseur d’une technologie rĂ©pondant parfaitement Ă  un certain besoin des Chinois au moment de son dĂ©ploiement : la messagerie vocale. En effet, les rĂ©pondeurs n’existent alors pas chez les opĂ©rateurs chinois, ce qui obligent systĂ©matiquement les citoyens Ă  appeler directement ou Ă  Ă©crire. Or, le mandarin permet difficilement une communication Ă©crite, de par l’utilisation d’idĂ©ogrammes. L’adapter sous forme de clavier est difficile4, car la prononciation et le ton a un impact sur la signification d’un mot. Alors, les messages vocaux intĂ©grĂ©s Ă  la messagerie instantanĂ©e rĂ©pondent Ă  cette problĂ©matique, et permettent Ă  WeChat de s’implanter rapidement dans le quotidien des Chinois, et ce dĂšs 2011.

En 2012, WeChat met en place la possibilitĂ© de s’identifier via un QR Code, qui devient un identifiant numĂ©rique Ă  scanner. L’application dĂ©cide Ă©galement de dĂ©velopper l’aspect social : elle lance la fonctionnalitĂ© « moments », qui permet aux utilisateurs de de partager des images, des liens ou des mises Ă  jour avec des lĂ©gendes. On peut ensuite y rĂ©agir, les liker, les commenter, et mĂȘme partager des moments vidĂ©o Ă©phĂ©mĂšres comme via les storys Instagram dĂšs 2018. Mais WeChat ne met pas en place ces fonctionnalitĂ©s de façons Ă  Ă©tendre au maximum les rĂ©seaux humains (et donc sociaux) de ses utilisateurs : on ne peut ajouter une personne sur WeChat que si le contact nous a Ă©tĂ© transfĂ©rĂ© par un ami commun. L’autre possibilitĂ© est celle de scanner le QR Code affiliĂ© au compte d’un utilisateur directement sur son tĂ©lĂ©phone, et pour cela il faut ĂȘtre Ă  proximitĂ© directe. On comprend donc la volontĂ© de crĂ©er un rĂ©seau social dont les liens sont Ă©troits, recrĂ©ant en ligne une forme de sphĂšre privĂ©e5.

La fonctionnalitĂ© official account, elle-aussi instaurĂ©e en 2012, permet Ă  WeChat d’obtenir une dimension informative : des acteurs journalistiques, institutionnels, commerciaux, touristiques, scolaires, peuvent envoyer des messages push aux utilisateurs, et ainsi communiquer sur leurs actualitĂ©s, informer, mais aussi transmettre des messages publicitaires. WeChat devient un mĂ©dia d’information, qui s’impose comme le 1er de Chine dĂšs 2016, d’aprĂšs « The 39th China Statistical Report on Internet Development »6, publiĂ© par le China Internet Network Information Center en 2017. Cependant, les acteurs privĂ©s ne sont pas les seuls Ă  pouvoir utiliser la fonctionnalitĂ© official account. Les utilisateurs influents deviennent alors eux aussi producteurs de contenu mĂ©diatique.

WeChat Pay est instaurĂ© en 2013, et constitue un porte-monnaie Ă©lectronique. Le fait d’instaurer un service de paiement dĂ©ploie un nouvel aspect de l’application : elle inclut dĂ©sormais l’acte marchand. Son but est de se diffuser dans tous les aspects quotidiens de Chine. Ceux qui ne trouvaient pas d’intĂ©rĂȘt Ă  utiliser un mĂ©dia social ou informationnel se voient contraints d’utiliser eux-aussi l’application, afin de pouvoir payer dans certaines circonstances. WeChat Pay est acceptĂ© dans toutes les boutiques de Chine, et mĂȘme dans de grands magasins Ă  l’étranger (tels que le BHV Marais ou les Galeries Lafayette Ă  Paris). Le systĂšme des « enveloppes rouges » permetd’envoyer de l’argent virtuellement, dans le cadre de la tradition chinoise des hongbao, les Ă©trennes Ă©changĂ©es lors du nouvel an chinois. DĂ©sormais, ces enveloppes circulent toute l’annĂ©e, pour faire circuler des sommes d’argent. Certains espaces de consommation ou lieux n’acceptent plus les paiements en espĂšces, le paiement dĂ©matĂ©rialisĂ© via WeChat s’impose petit Ă  petit, mĂȘme chez les plus ĂągĂ©s qui se doivent alors d’ĂȘtre prĂ©sents sur l’application. Seule AliPay, le systĂšme de paiement dĂ©veloppĂ© par Alibaba Group en 2004, tente de concurrencer WeChat Pay, mais il n’a pas la force qu’à WeChat en Ă©tant dĂ©jĂ  intĂ©grĂ© Ă  une application complĂšte.

MĂ©dia social, d’information, service de paiement et d’identification, WeChat ne cesse de se dĂ©ployer au sein de la sociĂ©tĂ© chinoise et est devenu un Ă©cosystĂšme construit et structurĂ©. Au-delĂ  de sa propre structuration, WeChat est lui-mĂȘme structurant pour les citoyens chinois, car c’est par lui que la quasi intĂ©gralitĂ© des actions numĂ©riques effectuĂ©es dans la journĂ©e vont passer. On peut dĂ©sormais, via l’application, faire presque tout ce que l’on peut retrouver sous forme de service numĂ©risĂ© dans la vie quotidienne : effectuer des dĂ©marches administratives, acheter un billet de train ou un ticket de cinĂ©ma, commander un repas ou un taxi ou encore envoyer des mails professionnels Ă  l’étranger. L’application constitue une aujourd’hui une agrĂ©gation des services7 : elle contient des « mini-programmes », des applications dans l’application elle-mĂȘme8. Les entreprises externes Ă  WeChat peuvent donc s’y retrouver pratiquement intĂ©grĂ©es.

L’agrĂ©gation des services mis en place par WeChat crĂ©e une forte dĂ©pendance. Regroupant toutes les interactions sociales, les informations mais Ă©galement les paiements et les aspects administratifs, WeChat se positionne comme une plateforme « totale ». En Chine, elle est utilisĂ©e pour tout, et par tous. Cette omniprĂ©sence centralise l’entiĂšretĂ© des donnĂ©es collectĂ©es sur les utilisateurs, et donc sur les citoyens chinois : ce qu’ils font et comment ils le font, qui ils frĂ©quentent, ce qu’ils mangent, leurs habitudes de consommation, de dĂ©placement, et de paiement. Or, dans sa chartre d’utilisation9, WeChat prĂ©cise qu’il ne chiffre pas toutes les donnĂ©es collectĂ©es : l’application souhaite ĂȘtre en mesure de les « collecteur, utiliser, stocker et partager ».

Le rĂ©seau unique et structurĂ© constituĂ© par Tencent permet au gouvernement chinois de maĂźtriser l’organisation sociĂ©tale. S’il est un besoin de censure, de rĂ©gulation, ou de transmission d’information, le Parti Communiste Chinois est en mesure d’agir directement sur tous ses citoyens par le biais de WeChat10. En plus d’avoir, par son intermĂ©diaires, accĂšs aux habitudes et aux pratiques de chacun. Toutes les applications mobiles et les mises Ă  jour effectuĂ©es par le groupe sont soumises Ă  l’État chinois avant leur mise en service, et ce depuis 202111. Depuis 2015, le gĂ©ant chinois du numĂ©rique Tencent est autorisĂ© par le gouvernement Ă  dĂ©velopper un systĂšme de notation des citoyens, donc de crĂ©dit social12. L’entiĂšretĂ© des donnĂ©es fournies par WeChat constitue une base extrĂȘmement prĂ©cise d’informations sur les comportements, et donc d’évaluation potentielle. 

Le contrĂŽle social exercĂ© par le gouvernement chinois s’effectue tant via WeChat que dans la vie rĂ©elle. En d’autres termes, ce qui se passe sur WeChat en Chine affecte immĂ©diatement les conditions de vie d’un de ses utilisateurs. Si l’État considĂšre qu’un individu est problĂ©matique, il peut par exemple agir en supprimant son compte WeChat. Et, avec celui-ci, les sommes d’argents prĂ©sentes sur le compte bancaire en ligne reliĂ© Ă  WeBank, ou reçues lors des transitions WeChat Pay13. Cette suppression de compte peut Ă©galement couper le citoyen de ses communications professionnelles, mĂ©dicales et administratives. De la mĂȘme façon, enlever de son propre cercle WeChat quelqu’un de problĂ©matique aux yeux du gouvernement ou s’étant simplement mal comportĂ©, est dĂ©sormais valorisĂ© via le crĂ©dit social. Par tous les temps et en tous lieux chinois, WeChat est ainsi devenu le lien quasi-direct entre ceux qui contrĂŽlent et surveillent la population chinoise, et ceux qui doivent se contenter de la constituer.

David Butow/Corbis via Getty Image

De MySpace à TikTok : les réseaux sociaux comme un eldorado de la promotion musicale

À l’ùre du numĂ©rique, les mĂ©dias sociaux font dĂ©sormais partie intĂ©grante de l’industrie musicale. Ce n’est plus un secret que les rĂ©seaux sociaux sont devenues un Ă©lĂ©ment essentiel du marketing pour la promotion de la musique des artistes. Le premier rĂ©seau social lancĂ© en 2003, MySpace, a d’ailleurs Ă©tĂ© construit sur la musique: de nombreux artistes ont utilisĂ© cette plateforme pour promouvoir leur musique, partager des clips audio et vidĂ©o, ou pour se connecter avec des fans et d’autres artistes. Le rĂ©seau est mĂȘme devenu un Ă©lĂ©ment clĂ© de la promotion musicale Ă  l’époque, avec des artistes tels que Arctic Monkeys, Adele, ou encore Lily Allen, qui ont Ă©tĂ© dĂ©couverts grĂące Ă  la plateforme.Cependant, Ă  mesure que les rĂ©seaux sociaux ont Ă©voluĂ©, MySpace a Ă©tĂ© supplantĂ© par des plateformes plus modernes, comme Facebook, Youtube, Instagram ou bien Twitter, qui permettent aux artistes d’atteindre de nouveaux publics et promouvoir leur musique plus efficacement que jamais. Aujourd’hui, c’est TikTok, qui reprend la place de l’outil de marketing puissant pour l’industrie musicale. Dans cet article, nous allons ainsi explorer la façon dont le secteur de la musique s’appuie sur les rĂ©seaux sociaux pour la promotion. 

Se faire connaßtre et développer la fanbase

La premiĂšre chose Ă  considĂ©rer est la façon dont ils peuvent ĂȘtre utilisĂ©s comme outil de communication pour les artistes. Les mĂ©dias sociaux leur permettent de partager leur travail avec des fans potentiels en temps rĂ©el: ils peuvent obtenir un retour immĂ©diat de la part de ceux qui Ă©coutent ou regardent leur contenu en ligne. Les artistes nouent ainsi des relations avec les auditeurs, ce qui peut se traduire par une augmentation des ventes Ă  terme – un Ă©lĂ©ment clĂ© de toute campagne de promotion rĂ©ussie. De nombreuses fonctionnalitĂ©s existent aujourd’hui sur les rĂ©seaux sociaux pour dĂ©velopper une communautĂ©, comme les streamings en direct sur Instagram, Tiktok ou Twitch, oĂč les fans peuvent s’impliquer directement en interagissant via des fonctions de chat. Par exemple, Adele a organisĂ© son tout premier live “Q&A” sur Instagram, ou elle rĂ©pond aux questions de ses fans pour la sortie de son album “30” en 2021: certains extraits font encore du bruit aujourd’hui!

Avant une sortie de projet, il est quasiment indispensable de “teaser” ce dernier sur les rĂ©seaux sociaux. En effet, de nombreux artistes publient des courts extraits sur les plateformes pour susciter l’intĂ©rĂȘt; ces clips donnent juste assez d’informations sur le matĂ©riel Ă  venir pour que les auditeurs soient intriguĂ©s – crĂ©ant ainsi une anticipation autour des futurs projets. Par exemple, en 2020, le rappeur français Laylow sortait Trinity, un album qui a Ă©tĂ© vendu Ă  plus de 10 000 exemplaires en premiĂšre semaine: un rĂ©sultat spectaculaire pour un artiste encore Ă©mergent Ă  l’époque. Cette ascension fulgurante dans l’industrie musicale peut ĂȘtre expliquĂ©e par sa musique novatrice mais Ă©galement par sa stratĂ©gie de marketing efficace. Celle-ci reposait sur la crĂ©ation d’une image forte et cohĂ©rente sur les rĂ©seaux sociaux qui se dĂ©cline Ă  travers sa musique, ses visuels, et ses collaborations artistiques. Ses clips recherchĂ©s publiĂ©s sur Youtube Ă©taient l’un de ses principaux moyens de communication, qu’ils mettaient en avant sur ses rĂ©seaux sociaux via de courts extraits. Pour Trinity, il a procĂ©dĂ© Ă  un sĂ©quençage de la sortie des clips qui suit la logique de l’album. 

Trinityville – Laylow

Les mĂ©dias sur les plateformes de rĂ©seaux sociaux  jouent Ă©galement un rĂŽle important dans la promotion de la musique, qui dĂ©livre des courts interviews d’artistes, ou promeut tout simplement la sortie d’un projet. On peut citer des mĂ©dias digitaux, sur Instagram et Twitter comme Antidote, les Inrocks, Camino TV ou bien Raplume. 

En outre, les services de streaming tels qu’Apple Music et SoundCloud ont permis aux labels indĂ©pendants ou aux groupes non signĂ©s qui ne bĂ©nĂ©ficient pas du soutien d’une grande maison de disques, d’accĂ©der Ă  une exposition sans prĂ©cĂ©dent grĂące Ă  des algorithmes spĂ©cialement conçus pour dĂ©couvrir de nouveaux talents (ce qui n’était pas le cas il y a encore peu de temps). Les artistes Ă©mergents ont maintenant des opportunitĂ©s disponibles sans coĂ»t, autre que le temps investi dans la crĂ©ation d’un contenu de qualitĂ© – leur permettant d’avoir un plus grand espace dans ce marchĂ© compĂ©titif. On peut citer de nombreux talents connus grĂące Ă  Soundcloud, comme Jorja Smith, en passant par Billie Eilish ou bien Lil Uzi Vert. 

TikTok ou bien la nouvelle star de la promotion musicale

TikTok est une plateforme de mĂ©dias sociaux permettant aux utilisateurs de crĂ©er et partager de courtes vidĂ©os courtes. LancĂ©e en 2016, l’application a connu une croissance exponentielle pour atteindre plus d’un milliard d’utilisateurs actifs mensuels dans le monde entier. Les utilisateurs de TikTok se prĂȘtent Ă  des vidĂ©os de danse, lip sync ou bien des challenges, avec un audio souvent tirĂ© de chansons tendances. Pour l’industrie musicale, TikTok est devenu un moyen puissant de promouvoir la musique et de lancer des artistes. Les chansons qui deviennent virales sur TikTok sont souvent propulsĂ©es au sommet des classements des charts musicaux, grĂące Ă  l’énorme audience de la plateforme. De nombreux artistes amĂ©ricains tels que Doja Cat ou bien Megan Thee Stallion ont tous connu une croissance rapide de leur popularitĂ© grĂące Ă  des musiques qui sont devenues populaires sur TikTok, notamment pendant la pĂ©riode de Covid. Des challenge de danse autour de sa chanson « Savage” de Megan Thee Stallion ou « Say So » de Doja Cat ont Ă©tĂ© crĂ©e et repris par de nombreux fans.

Say So – Doja Cat

Les maisons de disques et les promoteurs peuvent utiliser TikTok pour lancer des campagnes de marketing ciblĂ©es. L’application propose des services spĂ©cialisĂ©s tels que le suivi analytique, la conception de profils personnalisĂ©s, des campagnes promotionnelles ou bien des conseils en matiĂšre d’image de marque. Les artistes peuvent faire appel Ă  des influenceurs ou Ă  des cĂ©lĂ©britĂ©s trĂšs suivies sur diverses plateformes afin de faire connaĂźtre les prochaines sorties ou les Ă©vĂ©nements liĂ©s Ă  l’Ɠuvre d’un artiste particulier. Cette mĂ©thode peut s’avĂ©rer trĂšs efficace, car elle permet Ă  ceux qui n’ont peut-ĂȘtre pas eu l’occasion d’écouter la musique de l’artiste de dĂ©couvrir ce qu’il crĂ©e de maniĂšre organique, tout en augmentant sa visibilitĂ© auprĂšs des fans qui le connaissent dĂ©jĂ  bien ! 

En conclusion

Les rĂ©seaux sociaux sont ainsi le nouvel eldorado de la promotion musicale pour les artistes. Tout bien considĂ©rĂ©, il est clair que les plateformes jouent un rĂŽle vital dans les stratĂ©gies de promotion modernes, et le fait d’avoir des profils actifs sur plusieurs rĂ©seaux est aujourd’hui presque incontournable pour  promouvoir votre musique. Si vous ne l’avez pas encore fait, c’est le moment idĂ©al pour commencer Ă  construire votre prĂ©sence en ligne aujourd’hui.

Artemia S.

Les nouvelles sources d’informations sur les rĂ©seaux sociaux : l’exemple d’HugoDĂ©crypte

En 2015, alors qu’il est en premiĂšre annĂ©e à Sciences Po, Hugo Travers, dit HugoDĂ©crypte, crĂ©e sa chaĂźne YouTube, qu’il prĂ©sente comme un mĂ©dia qui se veut ouvert aux jeunes et informatif via un traitement journalistique de l’actualitĂ©. 6 ans plus tard, il est Ă  la tĂȘte d’une entreprise de 25 employĂ©s postant quotidiennement des condensĂ©s d’actualitĂ©s sur TikTok, Instagram, Twitch, Snapchat, Twitter et mĂȘme Spotify sous format audio. Aujourd’hui, son mĂ©dia semble avoir conquis les jeunes audiences sur les rĂ©seaux sociaux, alors que de nombreux mĂ©dias s’interrogent sur la façon dont ils pourraient capter ce public rĂ©putĂ© fragile et dĂ©sintĂ©ressĂ©.

De nouvelles formes d’information

A seulement 25 ans, le mĂ©dia HugoDĂ©crypte compte Ă  ce jour 1305 publications sur Instagram pour 2.5 millions de followers, 1400 vidĂ©os sur Youtube pour 1.89 million d’abonnĂ©s et 266 millions de likes sur TikTok, pour 4.2 millions de followers. Le mĂ©dia est devenu le media par excellence sur les rĂ©seaux sociaux. 

Le mĂ©dia HugoDĂ©crypte s’engage Ă  rendre accessible n’importe quel sujet au plus grand nombre. Ce principe de vulgarisation permet Ă  un jeune de 14 ans de comprendre et de s’intĂ©resser Ă  des sujets d’actualitĂ©. Sur le fond, un sujet pourra donc tout autant intĂ©resser un adolescent que quelqu’un qui maitrise dĂ©jĂ  le sujet.

Le concept de la chaĂźne est simple : Hugo dĂ©crypte l’actualitĂ© et les sujets de sociĂ©tĂ© qui intĂ©ressent les jeunes, en utilisant des exemples concrets et des images pour illustrer ses propos. Ses vidĂ©os sont courtes, souvent moins de dix minutes, et vont droit au but. Il aborde des sujets variĂ©s, allant de la politique aux nouvelles technologies, en passant par les enjeux environnementaux ou encore les phĂ©nomĂšnes de sociĂ©tĂ©.

La force du mĂ©dia est la comprĂ©hension des stratĂ©gies et enjeux propres Ă  chaque rĂ©seau social. Chaque rĂ©seau Ă  ses codes, son public est ses modes d’utilisation. Le mĂ©dia propose une rĂ©flexion stratĂ©gique sur les contenus qui seront diffusĂ©s. Sur Youtube, on retrouve les « Actus du jour » (entre 10 et 15 minutes d’infos par jour) ainsi que des reportages. Le vidĂ©aste dĂ©tient Ă©galement une chaine secondaire Ă  900K abonnĂ©s sur lesquels il poste des grands formats, reportages, dĂ©bats
 Sur Instagram, il privilĂ©giera des formats Ă©crits (carrousels) intuitifs et visuels ainsi, que des courts extraits pour les Reels. Sur TikTok, il postera des formats courts et impactants. Le mĂ©dia compte Ă©galement un compte Twitter et une chaĂźne Twitch sur laquelle Hugo anime un talk-show tout les mercredis.

Enfin, le fait de passer par ces canaux d’information renforce le degrĂ© de transparence entre le mĂ©dia et les consommateurs. Le manque de transparence sur la maniĂšre dont les mĂ©dias traditionnels diffusent les informations leur est souvent reprochĂ©. Chez HugoDĂ©crypte, les personnes qui suivent le mĂ©dia peuvent facilement faire un retour sur les contenus. Cela participe au maintien de la confiance envers le mĂ©dia.

Capter un public jeune et dĂ©fiant par l’horizontalité 

Selon le 35Ăšme baromĂštre de confiance dans les mĂ©dias publiĂ© en janvier 2022 par Kantar & La Croix, la rupture entre la jeunesse française et les supports de radio, de tĂ©lĂ©vision et de presse Ă©crite s’accroĂźt chaque annĂ©e. Chez les 18-24 ans, l’intĂ©rĂȘt pour l’actualitĂ© a chutĂ© de 51 % Ă  38 % en l’espace d’un an. Cette jeune population estime Ă©galement que certains sujets qui leur sont chers n’ont pas Ă©tĂ© assez traitĂ©s par les mĂ©dias traditionnels (comme le dĂ©rĂšglement climatique par exemple).

Ainsi, dans un contexte compliquĂ© oĂč l’actualitĂ© est nĂ©gative, les 18-25 ans s’intĂ©ressent de moins en moins aux mĂ©dias dits « traditionnels ». C’est lĂ  que les nouveaux mĂ©dias, tels que HugoDĂ©crypte, prennent de l’importance en s’implantant sur les rĂ©seaux sociaux oĂč les jeunes se trouvent dĂ©jĂ . Ce qu’il reprĂ©sente correspond parfaitement Ă  ce que les jeunes recherchent : des informations rapides, concises et expliquĂ©es par une personne sympathique de 25 ans. Alors que la fiabilitĂ© de l’information sur les rĂ©seaux sociaux Ă©tait la principale source de mĂ©fiance, HugoDĂ©crypte change la donne en se prĂ©sentant comme fiable, transparent et pluraliste. Sa stratĂ©gie marketing est efficace; son public ressent une proximitĂ© et une spontanĂ©itĂ©, alors que tout est en rĂ©alitĂ© minutieusement prĂ©parĂ©. Selon Hugo Travers, le succĂšs de son mĂ©dia repose sur la confiance mutuelle avec les internautes. En somme, cela pourrait ĂȘtre notre « pote ». Un « pote » que l’on peut peut retrouver sur la chaĂźne de Squeezie le lundi, puis sur sa chaĂźne le mardi en train d’expliquer le conflit israĂ©lo-palestinien.

Cette nouvelle façon de penser les mĂ©dias, sur les rĂ©seaux sociaux, se caractĂ©rise par une approche horizontale. Contrairement aux mĂ©dias traditionnels oĂč l’information est diffusĂ©e de maniĂšre verticale, avec des experts et des journalistes diffusant l’information vers le public, les mĂ©dias sur les rĂ©seaux sociaux impliquent davantage les utilisateurs dans la production et la diffusion de l’information. Les rĂ©seaux sociaux permettent une interaction directe entre les producteurs et les consommateurs, offrant ainsi une approche plus dĂ©mocratique et collaborative. Cette approche permet aux utilisateurs de partager leur point de vue, de poser des questions, de discuter et d’interagir avec les autres utilisateurs, crĂ©ant ainsi une communautĂ© d’intĂ©rĂȘts autour du mĂ©dia et une nouvelle façon de s’informer. Bien que l’envie de transparence et de dialogue entre un mĂ©dia et sa communautĂ© ait toujours existĂ©, elle s’est longtemps heurtĂ©e Ă  un modĂšle de diffusion descendant oĂč le mĂ©dia transmettait l’information et le public la recevait. Avec l’avĂšnement des rĂ©seaux sociaux, il y a davantage d’horizontalitĂ© dans les Ă©changes. 

Un virage à emprunter pour les médias traditionnels

Ainsi, si l’on suit le modĂšle Ă  succĂšs d’HugoDĂ©crypte, la digitalisation des contenus proposĂ©s est primordiale Ă  la survie des mĂ©dias traditionnels. Depuis quelques annĂ©es, on observe ainsi la transition des mĂ©dias traditionnels vers les rĂ©seaux sociaux. MĂȘme si les mĂ©dias traditionnels ne sont pas vouĂ©s Ă  disparaĂźtre, de plus en plus investissent les rĂ©seaux sociaux. Par exemple, le Monde a trĂšs rapidement proposĂ© ses contenus sur les rĂ©seaux sociaux : Snapchat, Youtube, Facebook Instagram et plus rĂ©cemment TikTok. Aujourd’hui, Le Monde compte 1.7m de followers sur Instagram, 1.54m d’abonnĂ©s sur YouTube et 800k followers sur TikTok. DĂšs lors, celui-ci s’ancre dans l’esprit des jeunes de 18-25 ans comme un mĂ©dia moderne et dans l’ùre du temps.

Les mĂ©dias traditionnels comme la tĂ©lĂ©vision, la radio et les journaux ont des relations complexes avec l’utilisation du big data et la façon dont l’information est numĂ©risĂ©e. Cela est dĂ» aux opportunitĂ©s de croissance que cela peut apporter mais Ă©galement au chamboulement de leur business model. Tout cela a un impact sur la façon dont l’information est produite, consommĂ©e et payĂ©e.

Avec l’avĂšnement des rĂ©seaux sociaux, la transition vers une nouvelle façon de fonctionner pour les mĂ©dias est devenue presque nĂ©cessaire. Les mĂ©dias doivent s’adapter Ă  cette nouvelle rĂ©alitĂ© pour continuer Ă  ĂȘtre pertinents et atteindre leur public. Cela implique des changements dans la façon dont ils produisent, diffusent et monĂ©tisent l’information.

Jean Pisanté


Bibliographie

Léa Iribarnegaray (20 Octobre 2020): « HugoDécrypte » et sa petite entreprise. LeMonde.fr. https://www.lemonde.fr/campus/article/2021/09/22/hugo-decrypte-et-sa-petite-entreprise_6095649_4401467.html

Astrid-Edda Caux et Rita Faridi (12 Octobre 2018): HugoDécrypte en long, en large, et en Travers. La Péniche. https://www.lapeniche.net/hugodecrypte-en-long-en-large-et-en-travers/

Kati Bremme (20 Janvier 2022): BaromÚtre Kantar-La Croix : les médias attendus comme acteurs de la démocratie. Méta-Média.fr. https://www.meta-media.fr/2022/01/20/barometre-kantar-la-croix-les-medias-attendus-comme-acteurs-de-la-democratie.html

LĂ©a Iribarnegaray (05 avril 2022): Jean Massiet, HugoDĂ©crypte, « Brut »  Comment de nouveaux producteurs d’infos captent les jeunes sur les rĂ©seaux sociaux. LeMonde.fr. https://www.lemonde.fr/campus/article/2022/04/05/jean-massiet-hugodecrypte-brut-comment-de-nouveaux-producteurs-d-infos-captent-les-jeunes-sur-les-reseaux-sociaux_6120599_4401467.html

Randa El Fekih (25 janvier 2023): Hugo Travers : « Seuls les médias qui réussiront leur transition en ligne survivront ». MediaConnect.com. https://mediaconnect.com/hugo-travers-seuls-les-medias-qui-reussiront-leur-transition-en-ligne-survivront/?lang=fr

Olivier Meier (05 juillet 2022): LES MÉDIAS TRADITIONNELS FACE À LA NUMÉRISATION DE L’INFORMATION. Management&datascience. https://management-datascience.org/articles/20406/

Randa El Fekih (25 janvier 2023): Hugo Travers : « Seuls les médias qui réussiront leur transition en ligne survivront ». MediaConnect.com.

Les bulles de filtre : une influence sociale et politique ?

Parmi les nombreuses critiques rĂ©centes issues de la presse occidentale du rĂ©seau social TikTok, revient souvent l’idĂ©e que l’application du gĂ©ant chinois Byte Dance favoriserait la crĂ©ation de bulles de filtre, et ce bien plus que ses concurrents comme Facebook, Instagram, Twitter ou mĂȘme LinkedIn.

L’existence des bulles de filtre

Concept souvent rĂ©pandu au sein des presses presque lobbystes « anti rĂ©seaux sociaux » mais finalement assez peu dĂ©montrĂ©, la bulle de filtre est dĂ©crite par Eli Rider comme « l’état dans lequel se trouve un internaute lorsque les informations auxquelles il accĂšde sur Internet sont le rĂ©sultat d’une personnalisation mise en place Ă  son insu ».

Ainsi, en utilisant diverses donnĂ©es collectĂ©es sur les utilisateurs, des algorithmes dĂ©terminent les contenus qui leur seront accessibles. L’expression « bulle de filtres » illustre l’isolement rĂ©sultant de ce mĂ©canisme : chaque utilisateur navigue dans une version unique du web, adaptĂ©e Ă  ses prĂ©fĂ©rences et crĂ©ant donc une « bulle » personnalisĂ©e.

StratĂ©gies d’audience et algorithmes

En consĂ©quence de leurs modĂšles d’affaires centrĂ©s sur le contenu et la data, les grandes entreprises d’internet dĂ©veloppent des stratĂ©gies d’audience reposant sur la hiĂ©rarchisation des pages web dictĂ©e par l’implĂ©mentation d’algorithmes, comme le Page Rank de Google, qui offre plus de visibilitĂ© aux pages les plus citĂ©es, liĂ©es et commentĂ©es. Et l’on retrouve Ă©galement ces mĂȘmes types de stratĂ©gies sur les rĂ©seaux sociaux.

Dans A quoi rĂȘvent les algorithmes ? , Dominique Cardon explique que « les calculateurs reproduisent l’ordre social ».

Ces algorithmes trient et hiĂ©rarchisent les informations, sans que l’on sache prĂ©cisĂ©ment leurs composantes techniques. Ces actions ont des visĂ©es commerciales, en prĂ©sentant aux utilisateurs des publicitĂ©s adaptĂ©es Ă  leur profil. On assiste donc Ă  une « personnalisation » de l’information.

De plus, les algorithmes renforcent la culture du « winner takes all » : grĂące aux recommandations, plus un contenu est vu, plus il sera suggĂ©rĂ© Ă  d’autres utilisateurs. Celui-ci entre alors dans un cercle vertueux (ou vicieux ?), au dĂ©triment des autres contenus qui sont complĂštement nĂ©gligĂ©s. C’est pour cette raison que les algorithmes ont tendance Ă  rendre certaines informations invisibles. Et ces derriĂšre ces deux concepts que se cache celui de la chambre d’écho, au cƓur du dĂ©bat sur les bulles de filtre. Cette notion fait rĂ©fĂ©rence Ă  l’idĂ©e que les rĂ©seaux sociaux, en crĂ©ant un environnement cognitivement homogĂšne, nous renvoient une image emprisonnant de nous-mĂȘmes, validant ainsi nos opinions et croyances prĂ©existantes et annihilant notre libre arbitre.

Renforcement de l’entre-soi idĂ©ologique et fragmentation de la rĂ©alitĂ© sociale

Ce constat un tant soit peu dramatique est susceptible d’entraĂźner des consĂ©quences directs sur la politisation des individus. L’entre-soi idĂ©ologique serait donc favorisĂ© par Internet et plus particuliĂšrement par les rĂ©seaux sociaux. Les forums tels que « jeuxvideo.com » sont connus pour abriter une communautĂ© d’extrĂȘme droite ou de droite radicale, crĂ©ant une chambre d’écho oĂč ces idĂ©es sont renforcĂ©es. Les utilisateurs opposĂ©s Ă  ces idĂ©ologies Ă©vitent gĂ©nĂ©ralement ce site, ce qui explique le faible nombre de signalements. En revanche, Facebook et Twitter rassemblent des communautĂ©s et opinions diverses, ce qui peut entraĂźner des confrontations idĂ©ologiques et plus de signalements de contenus discriminatoires. De plus, les algorithmes de recommandation sur des plateformes comme Instagram ou TikTok maintiennent ces bulles en utilisant les traces numĂ©riques telles que les likes, les re-visionnages ou les commentaires sur du contenu d’extrĂȘme droite par exemple. Le contenu suivant sera alors influencĂ© par ces traces. Cela conduit Ă  une information biaisĂ©e, concentrĂ©e sur des thĂ©matiques rĂ©actionnaires, identitaires, racistes ou xĂ©nophobes.

En fin de compte, les individus se retrouvent dans une rĂ©alitĂ© fragmentĂ©e, contribuant ainsi Ă  la segmentation de la sociĂ©tĂ©. Les groupes sociaux continuent d’exister sur Internet et l’idĂ©e d’un internet en dehors du monde est illusoire. Les nouvelles technologies ne modifient pas fondamentalement les rapports sociaux hors ligne. Les conflits et dynamiques sociales existent indĂ©pendamment de l’Internet. Les individus ont une existence sociale qui dĂ©passe le contexte en ligne et leur comportement sur Internet est souvent influencĂ© par leur rĂ©alitĂ© sociale et leur identitĂ© en dehors de la sphĂšre numĂ©rique. Cependant, cette existence sociale est renforcĂ©e par ces rĂ©seaux. Pendant les annĂ©es 2015 et 2016, marquĂ©es par une vague d’attentats terroristes en France, le nombre de signalements de contenus haineux en ligne a connu une augmentation significative. Les catĂ©gories de contenus les plus signalĂ©es Ă©taient celles impliquant des « provocations publiques Ă  la haine et la discrimination raciale, ethnique ou religieuse », des « apologies de crimes de guerre et contre l’humanité », ainsi que des « injures ou diffamations xĂ©nophobes ou discriminatoires ».  Cette corrĂ©lation entre les Ă©vĂ©nements majeurs tels que les attentats et l’augmentation des signalements dĂ©montre en partie que les rĂ©seaux sociaux peuvent reflĂ©ter voire amplifier les phĂ©nomĂšnes sociaux qui se produisent Ă  l’extĂ©rieur comme en tĂ©moigne l’augmentation des rixes mortels entre jeunes dans les quartiers populaires.

Au-delĂ  des limites des bulles de filtre : la dĂ©mocratisation de l’espace public

Ce constat ne doit cependant pas devenir dogmatique car Internet reste selon Dominique Cardon un des meilleurs moyens de dĂ©mocratisation  de l’espace public. Dans La dĂ©mocratie Internet, Internet est dĂ©crit comme le moyen d’un Ă©largissement de l’espace public, favorisant sa dĂ©mocratisation. L’auteur soutient que l’apparition de nouveaux acteurs dans l’espace public a entraĂźnĂ© la levĂ©e des obstacles qui bloquaient l’accĂšs Ă  la parole, et a multipliĂ© des formes des expressions publiques plus subjectives, personnelles et privĂ©es via les rĂ©seaux sociaux.

« Internet pousse les murs de l’espace public, tout en enlevant le plancher ».

Internet a bouleversĂ© la hiĂ©rarchie des Ă©metteurs de savoir et de vĂ©ritĂ©, autrefois presque incontestable dans les mĂ©dias de masse traditionnels. Aujourd’hui, l’autoritĂ© ne repose plus uniquement sur quelques institutions mĂ©diatiques Ă©tablies, telles que les journaux, les chaĂźnes de tĂ©lĂ©vision et les radios. Internet a permis Ă  n’importe qui de devenir un Ă©metteur potentiel de savoir et d’informations. Les plateformes en ligne, comme les blogs, les rĂ©seaux sociaux et les sites web indĂ©pendants, offrent Ă  chacun la possibilitĂ© de partager ses idĂ©es, opinions et connaissances avec un public potentiellement mondial. Cette dĂ©mocratisation de la production de contenu a donnĂ© lieu Ă  une multitude de sources d’information accessibles aux individus, renforçant en thĂ©orie l’idĂ©e de neutralitĂ© globale des rĂ©seaux. Cela remet en question les mĂ©dias de masse, les nouveaux mĂ©dias Ă©tant perçus Ă  diffĂ©rents moments comme une avancĂ©e, une libĂ©ration des formes de communication traditionnelles, favorisant une meilleure interconnexion entre les individus et un nouveau lien social.

Fractures informationnelles et polarisation du paysage médiatique

Si le marchĂ© de l’information s’est profondĂ©ment transformĂ© avec l’émergence des rĂ©seaux, les mĂ©dias traditionnels restent assez consommĂ©s en particulier en France. Il semble donc intĂ©ressant d’analyser la polarisation de l’espace mĂ©diatique français pour comprendre les fractures informationnelles auxquelles contribuent les bulles de filtres des nouveaux mĂ©dias.

Selon un rapport publiĂ© par l’Institut Montaigne, Bruno Patino, Dominique Cardon et ThĂ©ophile Lenoir affirment que le champ mĂ©diatique en France est structurĂ© selon un axe vertical, avec d’un cĂŽtĂ© les mĂ©dias du centre et de l’autre les mĂ©dias pĂ©riphĂ©riques, tandis qu’aux États-Unis, il est polarisĂ© selon un axe gauche droite horizontal. Cependant, quel que soit le pays, les rĂ©seaux sociaux proches du centre sont utilisĂ©s par une population d’individus diplĂŽmĂ©s de l’enseignement supĂ©rieur : « C’est en fait un monde social qui Ă©largit le champ des dominants : hommes politiques, journalistes, urbains, etc. ».

Ainsi, cette polarisation se rĂ©percute sur les rĂ©seaux sociaux. Dans les mĂ©dias du centre, les plus institutionnalisĂ©s, dont Twitter et Facebook sont relativement proches, la circulation de l’information fonctionne diffĂ©remment que dans les espaces les plus Ă©loignĂ©s de ce centre. Une fraction de la population se voit exclue de l’espace public prĂ©dominant oĂč elle forge sa relation avec le monde, en s’opposant aux mĂ©dias centraux. Les « fake news » rĂ©sultent alors d’une opposition sociale entre le public central et le public pĂ©riphĂ©rique. Pour qu’une fausse information soit crĂ©dible, elle doit ĂȘtre soutenue par une personne ayant une certaine autoritĂ©. Ce phĂ©nomĂšne, appelĂ© « blanchiment d’information » dĂ©veloppĂ© par Dominique Cardon, implique que des personnalitĂ©s influentes lĂ©gitiment cette information. Les « fake news » ne peuvent se propager que si des individus y croient, les diffusent, les ciblent et les adaptent pour les intĂ©grer Ă  l’agenda mĂ©diatique, souvent en crĂ©ant une communautĂ©. Les milieux d’extrĂȘme droite identitaires utilisent principalement cette tactique en diffusant des informations exagĂ©rĂ©es, manipulĂ©es ou sorties de leur contexte, renforçant ainsi les bulles de filtres et confortant leurs partisans. Et on assiste de plus en plus Ă  un glissement dangereux de certains mĂ©dias et rĂ©seaux sociaux.

Une influence palpable pour qui ?

En conclusion, Internet et les rĂ©seaux sociaux reflĂšte nos comportements dans le monde rĂ©el en les modifiant lĂ©gĂšrement. Si un individu Ă©volue dans un environnement socialement homogĂšne, fermĂ© ou de niche comme les mouvements identitaires, la « bulle » aura une influence significative amplifiante. Nonobstant, beaucoup de progrĂšs techniques offrent dĂ©sormais la possibilitĂ© aux individus mĂȘme marginalisĂ©s de retrouver leur libre arbitre par un contrĂŽle technique des filtres.

Mais pour la majoritĂ© de la population, il est compliquĂ© de prouver que les rĂ©seaux sociaux via les bulles de filtre emprisonnent les individus. Les rĂ©seaux sociaux formeraient en fait une multitude de communautĂ©s oĂč les informations circuleraient entre elles via les liens faibles augmentant ainsi la neutralitĂ©. En outre, l’irrationalitĂ© psychologique des individus est telle qu’il est difficile d’affirmer avec certitude que les propositions de contenu des algorithmes exercent une grande influence sur nos comportement sociaux et politiques, pour une majoritĂ© modĂ©rĂ©e aux sources informationnelles diverses en tout cas


Bibliographie

  • Dominique Cardon : A quoi rĂȘvent les algorithmes ?
  • Dominique Cardon : La DĂ©mocratie d’Internet
  • Institut Montaigne : Bruno Patino, Dominique Cardon et ThĂ©ophile Lenoir
  • ENS Lyon
  • WikipĂ©dia
  • Le Monde
  • Le Bilan
  • Le Figaro
  • Radio France
  • L’Obs
  • France Culture
  • LibĂ©ration
  • Le Parisien
  • Le Journal du Net
  • La Gazette des Communes
  • L’internaute

Un article écrit par Jonathan Lévy Guillain

The double-edged sword of medical crowdfunding campaigns on social media

Charlie Gard was born in August 2016 with a form of mitochondrial disease, a condition that causes progressive muscle weakness and brain damage. In order to cover the costs of a nucleoside therapy, Charlie’s parents turned to crowdfunding and opened a GoFundMe page. This campaign appeared to be one of the most successful crowdfunding initiatives online, receiving more than £1.2 million in donations in less than 6 months.

The trend of donation-based campaigns, called medical crowdfunding, is growing rapidly in recent years. It can be defined as the raising of funds from a large pool of donors for medical purposes through an online public appeal. While the earliest popular experiments in crowdfunding were in the music industry, crowdfunding websites such as GoFundMe, Kickstarter, and FundRazr are now mainly utilized for raising funds for medical needs. Due to the absence of geographic restrictions and their low transaction costs, those platforms enable patients in urgent need to set up campaigns and receive financial and emotional support from international contributors. It should be noted that the popularity of social media has become as a means for medical crowdfunding. Facebook, Twitter, WeChat, or TikTok enable crowdfunding projects to spread across as wide a range of people as possible in a faster way. Not only are social media convenient for donation, but a simple click of a button is also all takes to share the campaign to another community. Despite the apparent simplicity, medical crowdfunding on social media is not a risk-free practice.  Even though GoFundMe, the most used platform for medical crowdfunding, reported that all campaigns had raised $9 billion in 2019, the reality is that 90% of medical crowdfunding campaigns fail to reach their goal and most of them do not receive any funds. Therefore, medical crowdfunding on social media raises moral issues and reveals insights into questioning access to the healthcare system, particularly for those who struggle to get financial support.

Health-focused campaigns represent GoFundMe’s largest category of fundraising for personal use (Screenshot from www.gofundme.com)

When patients in need turn into content creators

Patients, who start crowdfunding campaigns,  undoubtedly face the tremendous challenges of the attention economy.  Indeed, content creators represent a minority of users, and most of the content posted online is only watched or not watched at all. When these crowdfunding projects are posted on social media where users are connected somehow, the project information can be extensively disseminated among the online community.

Therefore, reaching new people and enhancing the credibility of campaigns ask for digital skills and the implementation of brand content strategies. In this regard, GoFundMe even recommends fundraisers to start a Facebook business page, in order to reach an audience of potential donators and foster communication around their campaign. As crowdfunding on social media relies heavily on electronic word-of-mouth and the ability of fundraisers to make their posts go viral, campaigns’ success tends to reproduce the same strategies that earned media. Launching a business page on social media also lets them track their key metrics (reach, engagement, share rate, like rate) and get to know their audience.

One can easily understand how managing content and following look-alike marketing strategies is beyond the capability of most people. Studies have shown that media literacy and good storytelling play a major role in communicating deservingness, stimulating donations, or spreading the campaign to personal networks. In the context of China, mentioning traditional Chinese cultural values in family and “filial piety”, is likely to generate engagement among viewers. Thus, the way of communicating and being able to adapt to the audience directly impacts users’ trust in projects. When a project is more relatable, users are more likely to feel empathy and donate more money.

The (unfair) advantage of an extensive network

Even though well-tailored strategies offer valuable insights for the success of a crowdfunding campaign, evidence suggests that patients with preexisting large social networks tend to engage more donators, and most donations typically come from donors of the same socioeconomic class as them. As crowdfunding platforms offer an option to share campaigns through various channels, giving access to a broader audience of potential donors. Notably, different strengths of social relationships can affect people’s attitude and behavior. On the one hand, developing strong relationships with help seekers may generate  more empathy towards the projects, and make the audience be more likely to donate as well as to forward the project to other potential donors. On the other hand, studies argue that people with weak social relationships can help to spread the information factors among different groups of users and attract greater social attention from others.

Thus, “celebrity endorsement” could be another effective strategy for medical crowdfunding campaigns on social media. The influence of celebrities’ social capital facilitates peer-to-peer fundraising and the unleashing of “Star Power” to benefit the campaign. For instance, the success of Charlie’s Gard campaign on GoFundMe is partially attributable to significant media attention, not to mention the public support of prominent figures, such as D. Trump and Pope Francis, who drove a high rate of donation to this crowdfunding campaign.

While social media may appear to make raising funds online an easy task, it actually requires know-how, dexterity with technology, and access to a large social network. This ultimately reinforces the gap between people who are more likely to raise funds and those who are not.

Medical crowdfunding and its ethical implications

Accordingly,  the use of social media for crowdfunding presents ethical challenges as human rights can be undermined during those online fundraising campaigns.

Countries with significant socio-economic inequality, typically accentuated by a digital divide, further perpetuate injustices regarding raising funds online. Fundraisers with social privileges like high income, home ownership, and high educational attainment, are more likely to succeed in medical crowdfunding on social media, widening the existent social gap between fundraisers. Additionally, the voluntariness of patients is at stake, especially when they feel indebted, burdensome, or dependent on a caregiver. Indeed, most of them are either too young or too sick to start these campaigns, thus placing them in a vulnerable position. Decisions are made on their behalf by caregivers or family members who decide on the extent of the information to be shared to raise funding. In order to endorse the credibility of a campaign and stimulate donations, crowdfunding platforms encourage the disclosure of sensitive information, as well as the share of pictures and videos, on social media. Families may feel forced by this extensive online sharing strategy, leaving permanent footprints that could impact patients’ lives after recovery. While clinicians are accountable for respecting patients’ wishes and their privacy, it raises the question of whether it is acceptable to harm the family finances for the sole reason of preserving an individual’s autonomy.  Indeed, the rapid spread of information on social media could lead health professionals to face new dilemmas. One wonders whether doctors should be accountable for the accuracy of information posted online by the fundraisers since it can lead to conflicting ethical obligations towards what may be the best for the patient versus the expectations of a pool of donors.

Healthcare system is dead 
 long live to crowdfunding !

In addition to structural inequities among patients and these ethical issues, sharing medical crowdfunding campaigns on social media reflects serious flaws in the healthcare system, forcing people to turn to donation-based sources of funding.  Indeed, medical crowdfunding first arose in the United States, the United Kingdom, and Canada, where universal health insurance is limited to essential medical services, causing a high uninsurance rate. For instance, in 2009, 62.1% of all bankruptcies in the U.S. were caused by medical debt. Crowdfunding platforms grew rapidly in China as well, due to limited medical resources and disparities between urban and rural public healthcare systems.  Patients resort to crowdfunding for direct health care expenses because of shortfalls in medical insurance coverage, inadequate public health funding, and desperation caused by financial strain from life-threatening medical conditions. In this regard, many people try to convince donators to help them by tweeting their out-of-control medical bills on social media.

« We should not be the solution to a complex set of systemic problems »

Rob Solomon, former GoFundMe CEO

Considering crowdfunding platforms as an “ad-hoc safety net” may detract decision-makers’ attention from structural problems related to healthcare funding. Executives of those platforms are quick to point out that they are not built as a healthcare company: “We should not be the solution to a complex set of systemic problems”, recalled the former GoFundMe CEO in January 2019.  Indeed, they are for-profit. The relationship between them and the campaigners is transactional and may promote commodification of healthcare. In the past, those platforms have even demonstrated bias in donating to some while denying fee waivers to other charitable appeals, thereby enlarging the gap between successful campaigns. To some extent, crowdfunding on social media tends to reflect neoliberal values in which campaign success, virality, and even forms of care become the responsibility of individuals and their personal networks. By reproducing a competitive market environment, social media shift resource allocation according to medical needs toward distribution according to merit. In this sense, there is an urgent need for policymakers to monitor the use of online medical crowdfunding to identify unmet needs and prevent the diversion of attention from policy failures.

Laura Landrein


References:

Le scrolling infini : 200 000 vies par jour.

En 2020, Aza Raskin affirme lors d’une interview avec France info qu’il a calculĂ© le temps que le scrolling infini avait perdre aux utilisateurs : « En durĂ©e, c’est l’équivalent de 200 000 vies par jour ! ». 

Depuis sa crĂ©ation en 2006 par ce dernier, le scrolling infini – ou dĂ©roulement infini – est devenu l’une des interfaces utilisateurs les plus courantes sur les rĂ©seaux sociaux. Contrairement Ă  la pagination, elle permet aux utilisateurs de faire dĂ©filer du contenu sans interruption, Ă  mesure qu’ils parcourent la page.

Une interface utilisateur particuliÚrement adaptée aux réseaux sociaux et aux smartphones

Les smartphones sont l’un des principaux moyens d’accĂ©der Ă  des sites Web et des applications utilisant le scrolling infini. En effet, ils sont souvent utilisĂ©s en mode portrait, ce qui permet un dĂ©filement plus naturel ; et leurs petits Ă©crans, qui rendent la pagination plus difficile pour les utilisateurs, sont adaptĂ©s au scrolling infini.

En outre, le scrolling infini s’accorde particuliĂšrement bien avec les rĂ©seaux sociaux. En effet, une limite du scrolling infini est de ne pas apporter de repĂšre Ă  l’utilisateur lors de sa recherche comme le fait la pagination. Les repĂšres apportĂ©s par celle-ci, tels que le numĂ©ro de la page, sont utiles aux utilisateurs notamment dans le cadre des sites de e-commerce (pour retourner Ă  un article prĂ©cis par exemple). Sur les rĂ©seaux sociaux, l’utilisateur est en quĂȘte de divertissement, et ne recherche pas de contenu particulier : le contenu qui lui est proposĂ© a Ă©tĂ© sĂ©lectionnĂ© par l’algorithme pour son potentiel Ă  ĂȘtre apprĂ©ciĂ© par l’utilisateur en question.

Les rĂ©seaux sociaux contournent donc cette limite, et font du scrolling infini leur force, puisque celui-ci permet Ă  l’utilisateur de se divertir sans conscience du temps passĂ© sur une page.

Ainsi, le scrolling infini est devenu une caractĂ©ristique courante de nombreuses applications, notamment auprĂšs des rĂ©seaux sociaux, tels que Tik Tok, dont le caractĂšre addictif s’explique Ă©galement par cette interface utilisateur.

Expérience utilisateur, engagement, et difficulté de conception

Le scrolling infini a d’abord comme effet d’amĂ©liorer l’expĂ©rience utilisateur et d’augmenter leur engagement. En effet, ce type d’interface, visant Ă  Ă©liminer l’action de cliquer sur la seconde page et d’en attendre le chargement, ne fait pas prendre conscience Ă  l’utilisateur du temps passĂ© sur le site ou de son avancement sur celui-ci.

Une Ă©tude de Chartbeat rĂ©vĂšle la mesure dans laquelle le scrolling infini affecte l’engagement des visiteurs sur les sites Web en 2013 : l’analyse de 2 milliards de visites sur plus de 50 sites de mĂ©dias en ligne a permis d’établir que les utilisateurs ont passĂ© 70% de leur temps en plus sur les sites utilisant le scrolling infini que sur les autres.

Cette augmentation du temps passĂ© en ligne est lourde d’enjeux.

D’abord, celle-ci peut s’avĂ©rer bĂ©nĂ©fique pour les utilisateurs, puisque ce temps leur permet d’ĂȘtre contact avec plus de contenus : selon la prĂ©cĂ©dente Ă©tude, les utilisateurs exposĂ©s Ă  cette interface ont lu 50% d’articles en plus par visite que ceux qui n’y Ă©taient pas exposĂ©s. En outre, l’article « Scrolling vs. Pagination: Which One Wins for Your Web Content? » publiĂ© par HubSpot en 2016, montre que les pages avec scrolling infini ont un taux d’engagement plus Ă©levĂ© que celles avec pagination.

Elle s’avĂšre donc Ă©galement bĂ©nĂ©fique pour le site en lui-mĂȘme puisque l’engagement de l’utilisateur permet d’accroĂźtre la valeur d’un site par rapport aux annonceurs, puisque celui-ci serait exposĂ© Ă  de nombreux utilisateurs, et aurait un meilleur rĂ©fĂ©rencement naturel par exemple.  

 Cependant, le scrolling infini peut rendre la conception d’un site Web ou d’une application plus complexe, et peut Ă©galement affecter sa performance. Sa conception doit prendre en compte les diffĂ©rents appareils utilisĂ©s par les utilisateurs, car le scrolling infini peut ne pas fonctionner de maniĂšre optimale sur tous. Les dĂ©veloppeurs doivent Ă©galement s’assurer que le contenu se charge correctement et que les utilisateurs puissent trouver facilement les contenus qu’ils cherchent.

Comment expliquer cette augmentation de temps passé en ligne ?

Celle-ci en ligne s’explique d’abord par le fait que sans les repĂšres que fournit pagination, l’utilisateur perd la notion du temps car il n’a pas Ă  changer de page, mais Ă©galement car les barres de scrolling ne donnent pas de repĂšre fiable quant au parcours restant Ă  l’utilisateur sur une page : elle ne reste en bas de page de quelques secondes avant de charger le contenu suivant et de se replacer au milieu : cela donne Ă  l’utilisateur l’impression de n’avoir parcouru qu’une demie page.

Mais elle s’explique Ă©galement par les mĂ©canismes psychologiques auxquels fait appel le scrolling infini, tels que l’effet Zeigarnik. Celui-ci se rĂ©fĂšre au fait que les humains ont tendance Ă  se souvenir des tĂąches inachevĂ©es. Le scrolling infini s’appuie donc sur cet effet, en encourageant les utilisateurs Ă  continuer de scroller pour voir ce qui se trouve plus bas sur la page. Ils peuvent ainsi ĂȘtre poussĂ©s Ă  rester plus longtemps sur une page.

Le scrolling infini utilise également le mécanisme de gratification immédiate. Celui-ci se produit lorsque les utilisateurs sont récompensés pour leur comportement, et dans ce cas, pour chaque nouvel élément qui apparaßt lors du scrolling.

Quelles consĂ©quences sur l’utilisateur ?

S’il a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© mentionnĂ© que ce temps supplĂ©mentaire est synonyme avec une augmentation du divertissement de l’utilisateur, il peut Ă©galement renforcer une addiction aux rĂ©seaux sociaux, tout comme gĂ©nĂ©rer chez l’utilisateur de la « social media fatigue ».

Il s’agit d’un phĂ©nomĂšne psychologique qui peut se manifester chez les personnes qui utilisent les rĂ©seaux sociaux de maniĂšre excessive, et se caractĂ©rise par un sentiment d’épuisement Ă©motionnel, d’anxiĂ©tĂ© et de lassitude face aux interactions en ligne. Il peut Ă©galement entraĂźner une diminution de l’attention et une perte d’intĂ©rĂȘt pour les contenus.

Les Ă©tudes dĂ©signant les consĂ©quences du scrolling infini, et plus gĂ©nĂ©ralement de l’excĂšs de temps passĂ© sur les mĂ©dias sociaux, sur les capacitĂ©s cognitive des utilisateurs se multiplient.

Parmi elles, « Scrolling and Attention » menĂ©e Nielsen Norman Group, rĂ©vĂšle les effets du scrolling infini sur l’attention et la mĂ©moire Ă  court terme des utilisateurs : les rĂ©sultats ont montrĂ© que les utilisateurs passent plus de temps sur les sites avec scrolling infini et qu’ils se souviennent moins de leur contenu que de celui des sites sans scrolling infini. Les auteurs ont conclu que le scrolling infini peut encourager les utilisateurs Ă  scanner le contenu plutĂŽt que de le lire attentivement, ce qui peut entraĂźner une baisse de la qualitĂ© de l’attention.

Le scrolling infini peut aussi mener Ă  une surcharge cognitive, et Ă  une diminution la mĂ©moire Ă  court terme, des capacitĂ©s de traitement de l’information en continu et des capacitĂ©s de concentration.

Le risque du Doomscrolling

Les risques prĂ©cĂ©demment Ă©voquĂ©s se joignent au risque de tomber dans la pratique doomscrolling, c’est-Ă -dire Ă  l’obsession de scroller une page contenant des informations nĂ©gatives. Selon le Docteur Fabian Almeida dans l’article “Doomscrolling: Know its health effects and ways to keep it in check” publiĂ© par l’Idian Express en mai 2022 : »Cette habitude a un impact nĂ©gatif sur la santĂ© mentale, dĂ©clenchant et aggravant l’anxiĂ©tĂ©, le stress, la dĂ©pression, la panique et affectant Ă©galement rapidement la santĂ© neurologique ».

Or, les mĂ©dias sociaux utilisant le scrolling infini sont justement conçus pour favoriser ce genre d’utilisation : en cliquant sur un contenu nĂ©gatif, l’algorithme du mĂ©dia social va s’ajuster et proposer Ă  sa suite une infinitĂ© de contenus semblables.

Quelle régulation pour le scrolling infini ?

Le scrolling infini peut cependant ĂȘtre rĂ©gulĂ©. En effet, les plateformes peuvent prendre des mesures pour limiter la propagation de contenus nĂ©gatifs en utilisant des algorithmes capables de dĂ©tecter les contenus anxiogĂšnes et de les limiter. Certaines proposent Ă©galement des outils pour permettre aux utilisateurs de limiter leur temps en ligne.

En outre, dans l’interview qu’il a donnĂ© Ă  France info, Aza Raskin a affirmĂ© travailler sur un « anti infinite scroll », permettant de ralentir de flux de contenu au fur et Ă  mesure de son dĂ©filement.

Le scrolling infini reste au cƓur de l’actualitĂ©, notamment pour sa responsabilitĂ© dans le caractĂšre addictif du rĂ©seau social Tik Tok.

En effet, les 4-18 ans passeraient en moyenne 1h47 par jour sur le rĂ©seau social. Pour pallier Ă  cela, l’entreprise a pris des mesures : un avertissement au bout d’une heure consĂ©cutive d’utilisation, suivi d’un message d’avertissement aprĂšs lequel un mot de passe devra ĂȘtre saisi pour dĂ©bloquer l’application ; et la possibilitĂ© d’un contrĂŽle parental permettant aux parents d’inscrire un temps maximal d’utilisation par jour Ă  leurs enfants. Cette derniĂšre mesure continue de faire dĂ©bat car elle dĂ©pend de l’entrĂ©e manuelle de l’ñge de l’utilisateur lors de son inscription.

Amélie Reignier


Bibliographie :

Twitch : un nouveau média concurrent de la télévision ?

Le samedi 8 octobre 2022, le GP Explorer, Ă©vĂ©nement organisĂ© par Squeezie, dĂ©marre Ă  17h sur la plateforme Twitch. On dĂ©compte environ 500 000 personnes qui regardent l’évĂ©nement dĂšs les premiĂšres minutes, puis 750 000 au bout de quelques minutes, jusqu’à atteindre et dĂ©passer la barre du million de spectateurs, record pour un streamer français. Ce nombre de viewer dĂ©passe certaines chaĂźnes de tĂ©lĂ©vision lors du prime time comme TMC ou W9. Le GP Explorer a fait plus de vue que l’émission de 50’ Inside de la chaĂźne TF1, Ă  la mĂȘme heure, le week-end d’avant.

Alors, on peut se demander pourquoi cette plateforme parvient-elle à séduire la jeune population, qui délaisse la télévision ?

Un bref retour sur Twitch

RachetĂ© par Amazon en 2014, Twitch est aujourd’hui la plateforme de streaming de jeux vidĂ©o la plus importante. En effet, au dĂ©but, elle offrait uniquement du contenu autour des jeux vidĂ©o ou des compĂ©titions E-sport, mais rapidement, cette derniĂšre s’est diversifiĂ©e pour proposer des contenus plus divers comme sur le « lifestyle », la « musique », ou le « Just Chatting ».

Aujourd’hui, Twitch est utilisĂ© par plus de 7,21 millions de streamers, c’est-Ă -dire des personnes proposant du contenu en live sur Twitch. Cette plateforme dĂ©compte environ 15 millions d’utilisateurs d’actif journaliers, qui passent environ 733 millions d’heures par mois Ă  visionner du contenu sur cette plateforme. Cela reprĂ©sente donc 72.2% des heures mensuellement visionnĂ©es en streaming sur l’ensemble du web.

Le contenu autour des jeux vidĂ©o est central sur la plateforme et ces crĂ©ateurs rĂ©alisent la majoritĂ© des vues dans cette catĂ©gorie. Cependant, on remarque que la catĂ©gorie du « just chatting » commence Ă  prendre de plus en plus de valeurs dans l’univers du streaming.

Le « Just Chatting » permet aux streamers de discuter avec les auditeurs en direct sans forcĂ©ment avoir besoin de jouer Ă  des jeux vidĂ©o spĂ©cifiques. En effet, en mars 2022, elle Ă©tait la catĂ©gorie la plus regardĂ©e. On peut donc penser qu’elle pourrait prendre de plus en plus d’ampleur dans l’avenir. Il est possible de retrouver des contenus diversifiĂ©s comme des talks show, par exemple : le Zen ou PopCorn, des revues de presse quotidienne avec LaMatinĂ©eEstTienne ou encore des Ă©vĂ©nements sportifs comme le GP explorer ou l’Eleven All Star.

L’atout de Twitch : la combinaison du direct et du chat

La principale diffĂ©rence entre le cinĂ©ma et les chaĂźnes de tĂ©lĂ©vision est le direct. Pendant l’aprĂšs-guerre, l’apparition du « direct », comme l’évoque Virginie Spies, sĂ©miologue et analyste des mĂ©dias audiovisuels, permet aux chaĂźnes de tĂ©lĂ©vision dĂ©jĂ  existantes de se dĂ©marquer face au cinĂ©ma. Ainsi, le direct est utilisĂ© par les des chaĂźnes de tĂ©lĂ©vision pour les JT ou certaines Ă©missions, mais dans la globalitĂ© il s’agit de programmes prĂ©enregistrĂ©s.

C’est le format du live qui progresse le plus en une annĂ©e. En effet, les Français ont besoin d’une proximitĂ©, d’échanger et donner leurs avis en temps rĂ©el, c’est pour cela que Twitch est une plateforme qui rĂ©pond Ă  leurs attentes.

Ainsi, pour Twitch, le live est son ADN. En effet, lorsqu’un streamer prend le crĂ©neau d’un autre streamer, comme ça a Ă©tĂ© le cas par exemple entre Squeezie et Laink, Terracid et Wankil Studio : c’est Ă  la popularitĂ© de ce dernier, que les spectateurs dĂ©cident quel live regarder.

Une des diffĂ©rences entre Twitch et les chaines de tĂ©lĂ©vision, c’est l’interactivitĂ©. Twitch parvient Ă  sĂ©duire la jeune gĂ©nĂ©ration grĂące Ă  cette fonctionnalitĂ© et Ă  l’inclusion du public dans les contenus grĂące Ă  l’intermĂ©diaire du chat.

Aujourd’hui, avec la multiplication des rĂ©seaux sociaux, les utilisateurs sont habituĂ©s Ă  l’interactivitĂ© et Ă  l’échange puisque qu’ils ne consomment plus uniquement les contenus, mais ils peuvent Ă©galement liker, commenter, critiquer. Cette fonctionnalitĂ© du chat permet donc de rassembler sur une mĂȘme plateforme les interactions entre les viewers, les communautĂ©s, les streamers crĂ©ant ainsi une interaction sociale directement intĂ©grĂ©e Ă  la vidĂ©o.

Il y a donc des communautĂ©s qui se crĂ©ent autour de divers centres d’intĂ©rĂȘts mis en avant sur la plateforme. En revanche, en Ă©tant un modĂšle linĂ©aire, les chaĂźnes de tĂ©lĂ©vision n’ont pas cette voie de retour, et peuvent seulement suivre les commentaires sur les diffĂ©rents rĂ©seaux sociaux comme Twitter ou Instagram, perdant l’interactivitĂ© direct que Twitch propose.

Ainsi proposer des contenus sur la tĂ©lĂ©vision Ă  sens unique comme les journaux tĂ©lĂ©visĂ©s n’attirent pas les jeunes, mĂȘme si on constate une limite Ă  l’interactivitĂ©. En effet, pour des millions de spectateurs, comme sur le JT, oĂč il est difficile de mettre ces fonctionnalitĂ©s au goĂ»t du jour.

Une nouvelle façon de consommer des contenus audiovisuels

Selon MichĂšle Benzeno, directrice gĂ©nĂ©rale de Webedia, « il y a un pari sur Twitch dans la bataille de l’attention, mais Twitch ne serait pas en combat avec la tĂ©lĂ©vision linĂ©aire mais en complĂ©mentarité ». Cependant, on peut questionner cette remarque.

Souvent, on peut entendre que les jeunes ne regardent plus la tĂ©lĂ©vision. Il s’agit seulement d’un switch, puisque ces derniers consomment du contenu audiovisuel, mais seulement sous une autre forme. Aujourd’hui, on constate que les chaĂźnes de tĂ©lĂ©vision sont de plus en plus vieillissantes. Selon MĂ©diamĂ©trie, en 2021, l’ñge moyen des tĂ©lĂ©spectateurs est de 52 ans. Comme la maniĂšre de consommer des contenus audiovisuels Ă©voluent dans le temps, on peut voir que les jeunes regardent plus de contenus en ligne, et que la tĂ©lĂ©vision ne parvient donc pas Ă  conquĂ©rir la jeune population.

C’est pourquoi, certaines d’entre elles testent d’ĂȘtre prĂ©sent sur cette plateforme, comme c’est le cas pour France TĂ©lĂ©vision.  En effet, France TĂ©lĂ©vision a lancĂ© une chaĂźne Twitch en 2021 afin de toucher un public plus jeune mais Ă©galement la communautĂ© des gamers. En effet, elle est axĂ©e sur les jeux vidĂ©o, mais propose aussi des programmes d’actualitĂ©s, des Ă©missions de divertissement et des documentaires.

Cependant, il reste tout de mĂȘme difficile pour la plupart des chaĂźnes de tĂ©lĂ©vision de s’adapter au format de cette plateforme. Virginie Spies explique qu’il est compliquĂ© pour une chaĂźne comme TF1 de « faire du TF1 sur Twitch ou sur TikTok », alors que la rĂ©ciproque n’est pas tout Ă  fait exacte. Des streamers reprennent des concepts, des programmes en les adaptant sur la plateforme comme l’émission organisĂ©e par Squeezie « La grosse soirĂ©e de la fortune ! », jeu reprenant l’émission de « Qui veut gagner des millions ».

Comme l’explique la chercheuse, on constate aujourd’hui un « glissement de plateforme et de gĂ©nĂ©ration. » En effet, elle remarque que « lĂ  oĂč les parents regardaient Dechavanne Ă  19h, les plus jeunes se branchent sur Twitch pour regarder les streamers les plus en vue ». Le rassemblement familial ne se fait donc plus vraiment autour de la tĂ©lĂ©vision.

On peut voir d’ailleurs voir ce glissement lors du dĂ©bat de l’entre-deux-tours organisĂ© par TF1 et France TĂ©lĂ©visions. Des streamers ont pu acheter les droits de diffusion du programme, pour la somme de 1 500 euros, comme HugoDĂ©crypte, Samuel Etienne, Sardoche et encore Jean Massiet puisqu’ils avaient une audience importante et fidĂšle. Ainsi, sur leur chaĂźne Twitch, chacun des streamers a pu diffuser, commenter, chatter sur le dĂ©bat. La diffusion a pu ĂȘtre suivie par prĂšs de 250 000 personnes sur leurs chaĂźnes.

Le modÚle économique, une différence majeure

Si le modĂšle Ă©conomique pour les chaĂźnes de tĂ©lĂ©visions est en grande partie basĂ©e sur la publicitĂ© interrompant les programmes. Sur Twitch, le modĂšle est complĂštement diffĂ©rent. La plateforme gagne de l’argent avec la publicitĂ© et les frais d’abonnement Ă  une chaine selon diffĂ©rent montant, un modĂšle premium, les partenariats, le sponsoring, les bits – monnaie sur Twitch, etc

Comme Twitch parvient Ă  sĂ©duire la jeune gĂ©nĂ©ration, il est intĂ©ressant pour les annonceurs de s’intĂ©resser Ă  cette plateforme, puisqu’elle parvient Ă  atteindre une population que la tĂ©lĂ©vision ne touche pas. Par exemple, selon Metrics factory, le « direct bĂ©nĂ©ficie directement aux marques et aux annonceurs ». En 2022, sur le top 100 des streamers Twitch, 1 317 sont des contenus sponsorisĂ©s par une marque.

Ainsi, le modĂšle Twitch fait fureur chez les jeunes avec des contenus de plus en plus diversifiĂ©s en live et son interactivitĂ©. Cependant, de gros pics d’audience montre une des limites de Twitch. En effet, le pic d’audience du GP Explorer a entrainĂ© des complications sur l’interactivitĂ© de l’évĂ©nement puisque le chat Ă©tait saturĂ©, entrainant une nĂ©cessitĂ© de faire appel au modĂ©rateur pour privilĂ©gier l’accĂšs aux abonnĂ©s de Squeezie. Pour info, le GP Eplorer Ă©tait de base programmer sur TMC.

Twitch n’est donc plus seulement une plateforme pour les gamers, mais comme elle se diversifie de plus en plus, elle devient « une plateforme de divertissement » comme la tĂ©lĂ©vision.

Alexandra Becquet


Sources

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Cebo, V. (2022, October 10). Avec Le Gp Explorer, Twitch n’a jamais Ă©tĂ© aussi proche de la tĂ©lĂ©vision. Numerama. Retrieved April 30, 2023, from https://www.numerama.com/pop-culture/1140758-avec-le-gp-explorer-twitch-na-jamais-ete-aussi-proche-de-la-television.html

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Les rĂ©seaux sociaux ont-ils amplifiĂ© le pouvoir des fans dans l’industrie du divertissement ?

Les rĂ©seaux sociaux ont créé une nouvelle Ăšre de fan culture, transformant la maniĂšre dont les fans interagissent avec l’industrie du divertissement. Mais comment se traduit concrĂštement cette montĂ©e en pouvoir des fans ? Les stars des rĂ©seaux sociaux sont-elles devenues les nouveaux maĂźtres de l’industrie du divertissement ? Comment les acteurs du divertissement s’adaptent-ils Ă  cette nouvelle Ăšre ? Dans cet article, nous explorons comment les rĂ©seaux sociaux ont changĂ© la donne dans l’industrie du divertissement et comment les fans ont pris le contrĂŽle grĂące Ă  ces plateformes.

Photo de John Schnobrich sur Unsplash

Game changers : comment les rĂ©seaux sociaux ont transformĂ© l’industrie du jeu vidĂ©o

Les communautĂ©s de fans ont toujours Ă©tĂ© trĂšs prĂ©sentes dans l’industrie du jeu vidĂ©o, on pourrait mĂȘme considĂ©rer que cette derniĂšre a Ă©tĂ© prĂ©curseur de la cocrĂ©ation avec le principe des mods. Les mods, ou modifications, ce sont des contenus créés par les joueurs pour modifier ou ajouter des fonctionnalitĂ©s Ă  un jeu existant. Ils sont souvent créés par des fans passionnĂ©s qui souhaitent partager leur propre vision du jeu avec la communautĂ© de joueurs et peuvent aller de simples ajustements de gameplay Ă  des ajouts massifs de contenu, voire de nouvelles histoires ou de nouveaux univers.

Avec les mods, l’industrie du jeu vidĂ©o a permis aux fans de devenir des crĂ©ateurs et de contribuer activement au dĂ©veloppement du jeu. Par exemple, le jeu Counter Strike, l’un des jeux de tir Ă  la premiĂšre personne les plus populaires de tous les temps, est en fait un mod crĂ©e par deux fans Ă  partir du jeu Half-Life. Counter Strike a ensuite Ă©tĂ© rachetĂ© par Valve Corporation, qui a acquis les droits de propriĂ©tĂ© intellectuelle du jeu et a collaborĂ© avec les crĂ©ateurs pour le dĂ©velopper en tant que jeu autonome.

La contribution des fans Ă©tait donc dĂ©jĂ  bien implantĂ©e dans l’industrie du jeu vidĂ©o avant l’ùre des rĂ©seaux sociaux, mais leur arrivĂ©e a tout de mĂȘme accĂ©lĂ©rĂ© ce phĂ©nomĂšne. Avant l’avĂšnement des rĂ©seaux sociaux, la crĂ©ation de communautĂ©s de joueurs se faisait principalement Ă  travers des forums de discussion, sites web spĂ©cialisĂ©s, blogs etc
, qui permettaient aux joueurs d’échanger des astuces, des mods et des avis sur les jeux vidĂ©o qu’ils aimaient, mais Ă©taient souvent moins interactifs et limitaient la richesse des Ă©changes. Les rĂ©seaux sociaux, eux, permettent une communication plus directe et plus frĂ©quente entre les joueurs et les dĂ©veloppeurs, et grĂące Ă  ça on a des communautĂ©s de fans plus importantes et plus actives autour de leurs jeux prĂ©fĂ©rĂ©s. Les rĂ©seaux sociaux ont Ă©galement permis aux dĂ©veloppeurs de lancer des campagnes de financement participatif, avec par exemple Kickstarter. Cela permet aux dĂ©veloppeurs de recevoir des financements pour des projets qui ne sont ne pas soutenus par les Ă©diteurs traditionnels, tout en crĂ©ant une communautĂ© de fans qui sont investis dans le dĂ©veloppement du jeu. Les dĂ©veloppeurs sont de plus en plus Ă  l’écoute des commentaires des joueurs et les prennent en compte pour amĂ©liorer et Ă©largir leurs offres.

Un bon exemple est Star Citizen, un jeu de simulation spatiale en cours de développement par Cloud Imperium Games. Les développeurs ont utilisé Kickstarter pour financer le jeu et ont depuis utilisé les réseaux sociaux pour interagir avec la communauté de fans et pour fournir des mises à jour sur le développement du jeu. Les fans ont également pu participer à des tests alpha et beta pour aider à améliorer le jeu. Dans les jeux plus populaires, on peut penser à Minecraft qui utilise fréquemment les réseaux sociaux pour interagir avec la communauté de joueurs et pour obtenir des nouvelles idées.

Finalement, les plateformes de streaming comme Twitch ont rĂ©volutionnĂ© la maniĂšre dont les fans interagissent avec les jeux et les joueurs professionnels. GrĂące Ă  ces plateformes, les fans peuvent regarder leurs joueurs prĂ©fĂ©rĂ©s en direct, participer Ă  des discussions en temps rĂ©el, et mĂȘme leur apporter un soutien financier. Ces interactions ont renforcĂ© la relation entre les fans et les joueurs, tout en permettant Ă  de petits studios de jeux de bĂ©nĂ©ficier d’une promotion gratuite et d’un public plus large. Les rĂ©seaux sociaux ont Ă©galement contribuĂ© Ă  populariser l’e-sport, qui sont maintenant des Ă©vĂ©nements majeurs, rivalisant avec les tournois sportifs traditionnels en termes de prestige et de financement.

Les rĂ©seaux sociaux : la nouvelle scĂšne de l’industrie musicale

Les rĂ©seaux sociaux permettent aux artistes de se faire connaĂźtre et de promouvoir leur musique sans passer par les canaux traditionnels de l’industrie musicale. De nombreux artistes dĂ©jĂ  bien en place, comme Aya Nakamura, dĂ©laissent les mĂ©dias traditionnels comme la tĂ©lĂ©vision pour la promotion de leurs projets, ils prĂ©fĂšrent ainsi les rĂ©seaux sociaux pour ĂȘtre moins dĂ©pendants des mĂ©dias traditionnels et contrĂŽler eux-mĂȘme leur exposition mĂ©diatique. Pour ce qui est des artistes Ă©mergents, les rĂ©seaux sociaux jouent un rĂ©el rĂŽle de propulseur de chansons et artistes au sommet des charts grĂące Ă  l’engagement des fans. Des titres peuvent devenir viraux grĂące aux dĂ©fis, aux mĂšmes ou aux vidĂ©os créés par les utilisateurs, influençant ainsi les tendances musicales comment expliquer dans l’article Chanteurs, influenceurs, labels, comment faire de la musique sous le rĂšgne de TikTok ?. Par exemple, TikTok a jouĂ© un rĂŽle majeur dans le succĂšs de nombreux morceaux et artistes, tels que Lil Nas X et son titre « Old Town Road ».

Plus concrĂštement, certains artistes ont permis Ă  leur fans de participer activement Ă  la crĂ©ation de projets musicaux. Par exemple, le groupe Coldplay, a lancĂ© un projet appelĂ© « A Head Full of Dreams » en 2016, oĂč les fans Ă©taient invitĂ©s Ă  soumettre des vidĂ©os d’eux en train de chanter une partie de la chanson « Amazing Day », pour ĂȘtre compilĂ©es dans un clip vidĂ©o officiel.

De l’écran Ă  l’écran : comment les rĂ©seaux sociaux ont créé une nouvelle Ăšre de participation des fans

Les industries cinĂ©matographiques et tĂ©lĂ©visuelles n’échappent pas au phĂ©nomĂšne de pression des fans sur les rĂ©seaux sociaux. Les producteurs et les rĂ©alisateurs peuvent maintenant utiliser les rĂ©seaux sociaux pour tester leurs idĂ©es et Ă©valuer leur popularitĂ© auprĂšs des fans avant de les mettre en production.

Les fans, eux, utilisent souvent les rĂ©seaux sociaux pour exprimer leur soutien ou leur mĂ©contentement concernant le sort de leurs sĂ©ries prĂ©fĂ©rĂ©es. Des hashtags tels que #SaveOurShows ou #RenewOurShows sont frĂ©quemment utilisĂ©s sur Twitter pour encourager les chaĂźnes de tĂ©lĂ©vision Ă  renouveler ou annuler des sĂ©ries en fonction de la mobilisation des fans. Bien que l’impact de ces campagnes puisse ĂȘtre difficile Ă  mesurer, elles montrent que les rĂ©seaux sociaux offrent aux fans une plateforme pour exprimer leur passion et potentiellement influencer les dĂ©cisions des producteurs.

C’est ce qui s’est passĂ© pour la sĂ©rie « Sense8 » de Netflix, qui a Ă©tĂ© annulĂ©e en 2017 aprĂšs deux saisons. Les fans se sont mobilisĂ©s sur les rĂ©seaux sociaux, notamment Twitter et Facebook, pour exprimer leur mĂ©contentement et demander le retour de la sĂ©rie. En raison de l’engouement des fans et de la pression exercĂ©e sur les rĂ©seaux sociaux, Netflix a finalement acceptĂ© de produire un Ă©pisode spĂ©cial de deux heures pour conclure l’histoire.

Entre tendance et crĂ©ativitĂ© : comment les rĂ©seaux sociaux affectent l’innovation dans l’industrie du divertissement

Bien que les rĂ©seaux sociaux offrent une plateforme pour les fans de s’exprimer, certains craignent que la prise en compte excessive de l’avis des fans ne conduise Ă  une uniformisation du divertissement. En effet, les producteurs et les crĂ©ateurs peuvent ĂȘtre tentĂ©s de suivre les tendances populaires sur les rĂ©seaux sociaux au lieu de prendre des risques crĂ©atifs ou de proposer des idĂ©es originales.

Par exemple, dans l’industrie du cinĂ©ma, de nombreux films sont adaptĂ©s de franchises populaires ou de livres Ă  succĂšs pour capitaliser sur une base de fans dĂ©jĂ  existante. Bien que cela puisse ĂȘtre une stratĂ©gie efficace pour attirer un public, cela peut Ă©galement conduire Ă  une saturation du marchĂ© et Ă  un manque de diversitĂ© dans les idĂ©es et les histoires prĂ©sentĂ©es. De plus, les fans ayant de plus en plus de poids, mĂȘme un crĂ©ateur qui souhaite imposer une idĂ©e originale aura du mal Ă  se faire entendre. C’est ce qui est arrivĂ© aux crĂ©ateurs de Game of Thrones : les fans, aprĂšs avoir critiquĂ© la saison finale, ont lancĂ© une pĂ©tition en ligne pour refaire la saison. Cependant, les crĂ©ateurs de la sĂ©rie, ont dĂ©fendu leurs choix crĂ©atifs et ont dĂ©clarĂ© qu’ils n’allaient pas la refaire.

Les rĂ©seaux sociaux ont donc dĂ©finitivement amplifiĂ© le pouvoir des fans dans l’industrie du divertissement. Les fans ont maintenant la possibilitĂ© de dicter les tendances et de dĂ©terminer le succĂšs des productions, crĂ©ant une nouvelle Ăšre de fan culture qui est lĂ  pour rester.

Laura Mariani

Bibliographie :

  • Morgane Brucelle. Fan culture : rĂ©sistance et mĂ©mĂ©tique sur les mĂ©dias sociaux. LittĂ©ratures. UniversitĂ© Paul ValĂ©ry – Montpellier III, 2018. Français. ffNNT : 2018MON30021ff. fftel-02001831f
  • Ravenelle, C. (2021). Les fans qui modifient leurs jeux vidĂ©o : Ă©tudes des communautĂ©s de moddings dans les intervalles des sĂ©ries vidĂ©oludiques de Bethesda. Érudit. https://doi.org/10.7202/1089618ar
  • DUMORTIER SAINT-LAURENT, C. (2021). RAPPORTS DE POUVOIR DANS LE DÉVELOPPEMENT OUVERT DE JEUX VIDÉO : LE CAS DE STAR CITIZEN [MĂ©moire de maitrise]. UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL.

Quel est l’impact socio-Ă©conomique que les rĂ©seaux sociaux ont dans les transmissions d’un procĂšs de cĂ©lĂ©britĂ©s ?

L’annĂ©e 2022 a commencĂ© sous les projecteurs, avec l’intense bataille juridique entre les cĂ©lĂšbres Johnny Depp et Amber Heard, suivie par le monde entier. Cette querelle enflammĂ©e n’était pas une simple affaire de salle d’audience, elle s’est propagĂ©e sur les rĂ©seaux sociaux, conduisant Ă  une guerre totale entre cĂ©lĂ©britĂ©s, influenceurs et fans. Chacun avait son opinion et Ă©tait impatient de la dĂ©fendre au fur et Ă  mesure que le procĂšs avançait. Cette confrontation Ă  enjeux Ă©levĂ©s a tenu en haleine le monde entier. Plongez dans le monde dramatique d’Amber Heard et Johnny Depp, oĂč une relation apparemment parfaite a pris une tournure sombre.

CULVER CITY, CA, USA – JANUARY 09, 2016: Amber Heard and Johnny Depp at the Art Of Elysium’s 9th Annual Heaven Gala held at the 3LABS — Photo by PopularImages

Tout a commencĂ© en 2012, lorsque le couple a commencĂ© Ă  se frĂ©quenter, ce qui a finalement conduit Ă  leur mariage en 2015. Cependant, des problĂšmes ont commencĂ© Ă  se manifester au paradis lorsque Heard a Ă©tĂ© accusĂ©e de plusieurs infractions, notamment l’importation illĂ©gale de Pistol and Boo en Australie. Leur relation a touchĂ© le fond en mai 2016, lorsque Heard a demandĂ© le divorce et a obtenu une ordonnance d’interdiction temporaire contre Depp, l’accusant d’ĂȘtre physiquement et verbalement violent envers elle. Une dĂ©claration sous serment de Heard a confirmĂ© son expĂ©rience dĂ©chirante de la violence domestique tout au long de leur relation. 

En 2019, Depp poursuit Heard pour diffamation aprĂšs qu’elle ait Ă©crit un article pour le « Washington Post » dĂ©taillant son expĂ©rience en tant que survivante de violence domestique. Depp a affirmĂ© que c’était un stratagĂšme de Heard pour se faire de la publicitĂ© positive. La situation s’est encore aggravĂ©e en 2020, lorsque Depp poursuit le journal britannique « The Sun » pour l’avoir qualifiĂ© de « batteur de femme ». MalgrĂ© ses efforts, le juge a statuĂ© en faveur de « The Sun », entraĂźnant le retrait de Depp de la franchise « Fantastic Beasts ».

Les batailles juridiques ne se sont pas arrĂȘtĂ©es lĂ . Depp s’est retrouvĂ© dans un autre procĂšs de diffamation dans le comtĂ© de Fairfax, en Virginie. Le dernier procĂšs orchestrĂ© par Depp et son Ă©quipe juridique en Virginie fut un mouvement stratĂ©gique. La raison derriĂšre le choix d’un tribunal dans le comtĂ© de Fairfax Ă©tait de capitaliser sur la loi anti-SLAPP de l’État, qui n’est pas aussi complĂšte que celle de la Californie. Pour information, SLAPP signifie poursuite stratĂ©gique contre la participation publique, et c’est une tactique souvent utilisĂ©e pour faire taire les critiques d’entitĂ©s puissantes par le biais de batailles juridiques prolongĂ©es et coĂ»teuses.

Pour empĂȘcher de telles tactiques d’intimidation, 31 États ont adoptĂ© des lois pour protĂ©ger les accusĂ©s de telles poursuites et pour encourager la libertĂ© d’expression. GrĂące Ă  cela, le procĂšs a Ă©tĂ© retransmis en direct et a attirĂ© l’attention de millions de tĂ©lĂ©spectateurs. Ce fut un moment captivant et historique oĂč la justice l’a emportĂ© sur l’abus de pouvoir, et qui a maintenu les gens scotchĂ©s devant leur Ă©cran.

Effets des mĂ©dias sociaux sur l’image des cĂ©lĂ©britĂ©s.

Les cĂ©lĂ©britĂ©s savent que leur image publique est primordiale. Le procĂšs de Depp, rendu public, fut une Ă©pĂ©e Ă  double tranchant pour lui et son Ă©quipe : il a commencĂ© par se focaliser sur la diffamation, mais est rapidement devenu plus axĂ© sur les allĂ©gations entourant sa relation avec Heard. La puissance des mĂ©dias sociaux a Ă©tĂ© pleinement exposĂ©e pendant le procĂšs, avec des hashtags comme #justiceforjohnnydepp et #amberheardisguilty qui ont gagnĂ© en popularitĂ©. #justiceforjohnnydepp a mĂȘme recueilli prĂšs de 20 milliards de vues rien que sur TikTok !

Il est clair que les gens avaient des opinions bien arrĂȘtĂ©es sur le procĂšs, avec une pĂ©tition Change.org pour retirer Amber Heard du casting de « Aquaman 2 », atteignant plus de 4,5 millions de signatures. Le sujet Ă©tait si populaire qu’il a Ă©tĂ© mentionnĂ© dans plus de 16 millions de Tweets entre le 11 avril et le 1er juin 2022.

MalgrĂ© le drame, la popularitĂ© de Johnny Depp est montĂ©e en flĂšche pendant le procĂšs, gagnant 9,56 millions de nouveaux abonnĂ©s sur les rĂ©seaux sociaux. En comparaison, il n’avait gagnĂ© que 284 582 abonnĂ©s au cours de la pĂ©riode prĂ©cĂ©dente du 18 fĂ©vrier au 10 avril 2022. Le jour du verdict, il a gagnĂ© 2 millions de nouveaux abonnĂ©s rien que sur Instagram ! Pendant ce temps, Heard n’a gagnĂ© que 91 511 nouveaux abonnĂ©s sur les rĂ©seaux sociaux pendant le procĂšs, contre 1 281 au cours de la pĂ©riode prĂ©cĂ©dente.

Dans l’ensemble, le procĂšs a peut-ĂȘtre Ă©tĂ© un cauchemar de relations publiques, mais il a certainement permis aux gens de parler et de suivre leurs cĂ©lĂ©britĂ©s prĂ©fĂ©rĂ©es.

La perception que le public a des acteurs a Ă©tĂ© fortement influencĂ©e par les Ă©vĂ©nements rĂ©cents. Fait intĂ©ressant, le sentiment nĂ©gatif envers Amber Heard avait dĂ©jĂ  atteint son apogĂ©e avant mĂȘme le dĂ©but du procĂšs. Au cours du procĂšs, les utilisateurs de Twitter ont exprimĂ© une opinion nĂ©gative de 31% de Heard, avec seulement 13% montrant une positivitĂ© et un stupĂ©fiant 18% exprimant de la colĂšre. Cependant, Ă  l’approche du procĂšs (du 18 fĂ©vrier au 10 avril 2022), le sentiment de Twitter envers Heard Ă©tait encore plus hostile, avec 32 % de nĂ©gativitĂ©, 18 % de positivitĂ© et 24 % de tweets exprimant de la colĂšre.

D’un autre cĂŽtĂ©, Johnny Depp a connu un virage vers la nĂ©gativitĂ© pendant le procĂšs. Le sentiment Twitter autour de Depp Ă©tait de 27% nĂ©gatif, 17% positif et 15% exprimant sa colĂšre entre le 11 avril et le 1er juin 2022. En revanche, la pĂ©riode prĂ©cĂ©dant le procĂšs a vu une vision beaucoup plus positive de Depp sur Twitter, avec seulement 14% nĂ©gativitĂ©, 29 % de positivitĂ© et Ă  peine 9 % de tweets exprimant de la colĂšre. Ces changements dans la perception du public montrent Ă  quel point cela peut changer dans un laps de temps relativement court.

Imaginez ceci : une salle d’audience remplie de journalistes, d’avocats et du public, tous attendant avec impatience le verdict d’une affaire trĂšs mĂ©diatisĂ©e. La tension est palpable lorsque le juge lit la dĂ©cision. Mais que se passe-t-il lorsqu’il n’y a pas de gagnant ou de perdant clair dans un tel cas, en particulier lorsqu’il s’agit de quelque chose d’aussi grave que des abus ? Il s’avĂšre que dans de telles situations, le tribunal de l’opinion publique sur les mĂ©dias sociaux est celui qui dĂ©cide en dernier ressort qui l’emporte.

Effets des mĂ©dias sociaux sur l’image et les bĂ©nĂ©fices de l’entreprise.

L’affaire trĂšs mĂ©diatisĂ©e de Johnny Depp contre son ex-femme Amber Heard lui a non seulement rendu justice, mais elle a Ă©galement renforcĂ© la commercialisation de son image. Et qui en a le plus profitĂ© ? Nul autre que la maison de couture de luxe, Dior.

Au fur et Ă  mesure que la base de fans de Depp se renforçait, la demande pour le parfum Sauvage de Dior dont l’acteur est le visage augmentait Ă©galement. Selon l’étude de Hey Discount, les recherches Google pour le parfum ont grimpĂ© en flĂšche de 48 %, passant de 823 000 en mars 2022 Ă  1,2 million en avril 2022, lorsque la procĂ©dure judiciaire a commencĂ©. Et comme si cela ne suffisait pas, les vues TikTok pour Sauvage ont Ă©galement augmentĂ© de 63 % au cours de la mĂȘme pĂ©riode. 

AprĂšs avoir remportĂ© son procĂšs en diffamation contre Amber Heard, Johnny Depp a maintenant obtenu un contrat lucratif avec Dior qui reflĂšte un accord Ă  sept chiffres. Une source liĂ©e Ă  l’accord a rĂ©vĂ©lĂ© que la marque de luxe française avait « renouvelĂ© son contrat » avec l’acteur de 59 ans pour continuer Ă  ĂȘtre l’égĂ©rie du parfum masculin Sauvage de Dior. C’est une situation gagnant-gagnant pour Depp et Dior.

Sur Twitter, les fidĂšles fans de Johnny Depp demandent des excuses aux grandes sociĂ©tĂ©s cinĂ©matographiques telles que Warner Bros. et Disney pour ne pas l’avoir soutenu lors de la tumultueuse saga Amber Heard. Plus prĂ©cisĂ©ment, Warner Bros. avait choisi Depp dans le rĂŽle du puissant sorcier noir Gellert Grindelwald dans « Les animaux fantastiques et oĂč les trouver », pour le remplacer par Mads Mikkelsen aprĂšs que des allĂ©gations aient fait surface concernant son implication dans la violence domestique.

Les fans Ă©taient ravis de voir Depp se transformer en Grindelwald dans la suite, « Les crimes de Grindelwald », mais Warner Bros. a pris la dĂ©cision controversĂ©e de l’effacer de la franchise. DĂšs la sortie du premier regard de Mikkelsen sur Grindelwald, suivi de la bande-annonce, les fans se sont dĂ©chaĂźnĂ©s sur les rĂ©seaux sociaux, appelant au boycott du film et accusant Warner Bros. d’essayer d’effacer Depp de leur histoire cinĂ©matographique.

La bataille juridique entre Depp et Heard en 2022 a Ă©tĂ© un Ă©vĂ©nement trĂšs mĂ©diatisĂ© et dramatique qui a captivĂ© le monde. Le procĂšs ne s’est pas seulement limitĂ© Ă  la salle d’audience, mais s’est Ă©galement dĂ©roulĂ© sur les rĂ©seaux sociaux, le public exprimant ses opinions et prenant parti. Il a sensibilisĂ© Ă  la violence domestique et Ă  l’utilisation de poursuites en diffamation pour faire taire les critiques, tout en dĂ©montrant le pouvoir des mĂ©dias sociaux. MalgrĂ© la fin ambigĂŒe du procĂšs, Depp a gagnĂ© en popularitĂ© sur les rĂ©seaux sociaux tandis que Heard a fait l’objet de critiques, montrant ainsi l’impact de l’opinion publique.

Blanca FERNANDEZ RIVAS

Références

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La spirale du Doomscrolling : pourquoi nous devons prendre conscience de nos habitudes en ligne ?

Selon une rĂ©cente Ă©tude de l’universitĂ© texane de technologie, 74 % des personnes interrogĂ©es Ă©tant les plus sujettes au Doomscrolling ont des problĂšmes de santĂ© mentale.

Si le lien entre cette pratique et des problĂšmes mentaux est peut-ĂȘtre difficile Ă  Ă©tablir, un tel pourcentage ne laisse cependant pas la place au doute. L’un des chercheurs de cette enquĂȘte conclut en expliquant que si « ĂȘtre stressĂ© et anxieux est une rĂ©action lĂ©gitime quand on regarde le monde qui nous entoure, il faut que les gens apprennent Ă  reconnaĂźtre Ă  quel moment la consommation d’informations devient problĂ©matique ».

Le Doomscrolling, qu’est-ce que c’est ?

Le Doomscrolling (ou doomsurffing) est dĂ©crit comme une habitude oĂč les utilisateurs des mĂ©dias sociaux font dĂ©filer de maniĂšre obsessionnelle des informations nĂ©gatives sur leurs fils d’actualitĂ©. Pamela Rutledge, directrice du Media Psychology Research Center, basĂ© en Californie, le dĂ©crit simplement comme « le besoin compulsif d’essayer d’obtenir des rĂ©ponses lorsque nous avons peur ».

Le terme est apparu pour la premiĂšre fois en 2018 et a pris de l’ampleur pendant la pandĂ©mie de coronavirus (COVID-19).

Lors de situations d’urgence telles que les pandĂ©mies, une grande variĂ©tĂ© de sources produisent et diffusent des informations sur le sujet, dont la plupart sont essentiellement nĂ©gatives. Dans ce contexte, les smartphones et les fils d’actualitĂ© des mĂ©dias sociaux, qui sont conçus pour encourager un engagement frĂ©quent et prolongĂ©, peuvent accroĂźtre le besoin de rester informĂ© et renforcer l’attention sur la consultation d’informations nĂ©gatives.

En 2020, le terme « Doomscrolling » a d’ailleurs Ă©tĂ© nommĂ© l’un des mots de l’annĂ©e par l’Oxford English Dictionary.

D’oĂč vient cette nouvelle pratique ?

Le Doomscrolling est initiĂ© par des facteurs qui motivent gĂ©nĂ©ralement la recherche de nouvelles nĂ©gatives, mais qui peuvent ĂȘtre amplifiĂ©s par des facteurs individuels, technologiques et contextuels.

PremiĂšrement, les fils d’actualitĂ© des mĂ©dias sociaux ne prĂ©sentent pas de point final naturel, ce qui favorise donc la pratique de Doomscrolling.

De plus, le phĂ©nomĂšne est causĂ© par l’anxiĂ©tĂ©, l’incertitude, une faible auto-efficacitĂ© politique, un intĂ©rĂȘt politique Ă©levĂ© et les contraintes de la distanciation sociale. 

Cette pratique est aussi Ă©troitement liĂ©e Ă  la vigilance en ligne, Ă  l’utilisation problĂ©matique des mĂ©dias sociaux, Ă  la peur de manquer quelque chose (FOMO, Fear Of Missing Out), et Ă  une faible maĂźtrise de soi.

Ce drĂŽle de mot nous touche en rĂ©alitĂ© tous, indĂ©pendamment de l’ñge, du sexe, de la classe, de la religion et des frontiĂšres nationales. Sciemment ou inconsciemment, le Doomscrolling est entrĂ© dans nos vies.

Ken Yeager, psychiatre Ă  l’Ohio State University Wexner Medical Center, informe que notre cerveau aime, par nature, les choses nĂ©gatives. Selon lui, « nous sommes tous programmĂ©s pour voir le nĂ©gatif et ĂȘtre attirĂ©s par le nĂ©gatif, parce qu’il peut nous nuire physiquement ». Ils ajoutent que les individus sont attirĂ©s par le Doomscrolling car ils ont l’impression d’ĂȘtre en mesure de contrĂŽler n’importe laquelle de ces mauvaises nouvelles.

Quelles conséquences du Doomscrolling ?

Le Docteur Fabian Almeida, psychiatre consultant Ă  l’hĂŽpital Fortis de Kalyan, a dĂ©clarĂ© dans un article publiĂ© dans l’Indian Express en mai 2022 que «  l’habitude du Doomscrolling a eu un impact nĂ©gatif sur la santĂ© mentale, dĂ©clenchant et aggravant l’anxiĂ©tĂ©, le stress, la dĂ©pression et la panique ».

Le fait de se concentrer sur des informations nĂ©gatives peut ĂȘtre prĂ©judiciable au bien-ĂȘtre physique et mental, mais peut ĂȘtre recherchĂ© en raison d’un Ă©tat de bien-ĂȘtre faible ou menacĂ©.

Une Ă©tude publiĂ©e par Preshita Neha Tudu dans l’International Journal of Disaster Risk Reduction a rĂ©vĂ©lĂ© que le risque d’anxiĂ©tĂ© et de stress augmentait pendant le confinement en raison des mĂ©dias et notamment du Doomscrolling.

De plus, dans un article publiĂ© en ligne, Sharon Goldman indique que le comportement de Doomscrolling peut gravement perturber le sommeil et la santĂ© en gĂ©nĂ©ral. Ce mur de mauvaises nouvelles peut entraĂźner des difficultĂ©s d’endormissement et, Ă  terme, des insomnies. Par consĂ©quent, un mauvais sommeil peut provoquer des symptĂŽmes de dĂ©pression chez certains individus, entraĂźnant un cycle nĂ©gatif entre la dĂ©pression et le sommeil qu’il peut ĂȘtre difficile de rompre. L’auteur souligne Ă©galement que le Doomscrolling peut augmenter les niveaux de cortisol et d’adrĂ©naline, qui sont des hormones de stress. Des recherches ont montrĂ© que des niveaux chroniques d’hormones de stress Ă©levĂ©s sont associĂ©s Ă  de nombreux problĂšmes de santĂ© physique, notamment les maladies cardiaques, le diabĂšte et l’obĂ©sitĂ©.

Dans cette mĂȘme perspective, Cassidy Caitlin, dans un article en ligne, fait rĂ©fĂ©rence Ă  l’étude rĂ©alisĂ©e et publiĂ©e dans la revue Health Communication, qui a rĂ©vĂ©lĂ© que 16,5 % des quelque 1 100 personnes interrogĂ©es prĂ©sentaient des signes de consommation d’informations « gravement problĂ©matique », entraĂźnant des niveaux plus Ă©levĂ©s de stress, d’anxiĂ©tĂ© et de mauvaise santĂ©.

En outre, les jeunes adultes de la gĂ©nĂ©ration Z, qui ont grandi avec une technologie omniprĂ©sente, sont plus sujets Ă  l’isolement social et ont de grandes difficultĂ©s Ă  gĂ©rer leur stress. Cette gĂ©nĂ©ration a Ă©tĂ© la premiĂšre Ă  grandir avec une technologie omniprĂ©sente. Les recherches de Jean Twenge montrent que l’influence des technologies mobiles affecte la gĂ©nĂ©ration Z dans tous les milieux socio-Ă©conomiques, ethniques et dĂ©mographiques. De nombreux facteurs de stress comme la santĂ©, les fusillades de masse, la politique et l’actualitĂ©, soient amplifiĂ©s par une utilisation excessive de la technologie. Le dĂ©filement infini des fils d’actualitĂ© a rendu plus facile que jamais le fait d’ĂȘtre aspirĂ© dans une spirale sans fin de Doomscrolling.

Comment sortir de cette habitude de Doomscrolling ?

Il n’est pas facile de se dĂ©faire de cette habitude de Doomscrolling, surtout si l’on a l’habitude de consommer des informations tout au long de la journĂ©e par l’intermĂ©diaire d’applications mobiles.

Une meilleure connaissance du phĂ©nomĂšne de Doomscrolling pourrait profiter aux utilisateurs en les sensibilisant aux stratĂ©gies d’autorĂ©gulation ou Ă  d’autres moyens d’attĂ©nuer l’utilisation excessive de mĂ©dias. Comprendre ses habitudes mĂ©diatiques peut aider les gens Ă  mieux gĂ©rer leur santĂ© mentale et leur bien-ĂȘtre gĂ©nĂ©ral.

Heureusement, il existe des moyens de remplacer rapidement cette habitude toxique par une autre qui peut amĂ©liorer l’état d’esprit.

Elizabeth Victor Rodrigues propose une liste non exhaustive de tips qui peuvent ĂȘtre utilisĂ©s pour Ă©viter le Doomscrolling :

  1. DĂ©sactiver les notifications des applications d’actualitĂ©s et des mĂ©dias sociaux
  2. Régler une minuterie sur le smartphone avant de commencer à scroller
  3. Suivre l’utilisation du temps d’écran
  4. Essayer de lire des fils d’actualitĂ© positifs
  5. Essayer de passer plus de temps avec ses proches et ses amis
  6. Pratiquer une passion
  7. Faire de l’exercice physique 
  8. Pratiquer la méditation

Quel avenir avec le Doomscrolling ?

Bien que des études aient été menées pour comprendre les effets du Doomscrolling sur la santé mentale et physique, il est encore trop tÎt pour tirer des conclusions définitives sur les conséquences à long terme du Doomscrolling. 

De plus, du fait du caractĂšre rĂ©cent de ce terme, et du peu d’études rĂ©alisĂ©es, ou Ă  minima sur de petits Ă©chantillons, il reste encore complexe de mesurer vĂ©ritablement l’ampleur de ce phĂ©nomĂšne dans la sociĂ©tĂ©. 

Pour finir sur le Doomscrolling, il est important de rappeler qu’il faut d’abord prendre conscience de cette habitude et ensuite travailler Ă  la remplacer par des activitĂ©s plus positives et productives. En limitant notre temps sur les mĂ©dias sociaux et en Ă©tablissant des limites claires pour notre utilisation des appareils Ă©lectroniques, nous pouvons rĂ©duire notre exposition Ă  l’information nĂ©gative et amĂ©liorer notre qualitĂ© de vie.

Jeanne Bouvard


Sources

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Les antennes 5G propagent le coronavirus.

QualifiĂ©e par Stephen Powis, directeur du NHS, de “fake news de la pire espĂšce”, cette thĂ©orie du complot a Ă©tĂ© largement diffusĂ©e sur les rĂ©seaux sociaux et dans les mĂ©dias en ligne entraĂźnant des incidents rĂ©els et des actes de vandalisme.

Une fake news aux conséquences bien réelles

Le 12 Mars, l’amĂ©ricain Thomas Cowan, qui se prĂ©sente comme mĂ©decin,  publie sur Youtube une vidĂ©o intitulĂ©e  “Coronavirus caused by 5G?”. Dans ses propos, il avance que la 5G aurait dĂ©stabilisĂ© le champ magnĂ©tique terrestre et empoisonnĂ© l’espĂšce humaine. Le coronavirus serait ainsi nĂ© d’un ĂȘtre humain contaminĂ©. Avant d’ĂȘtre supprimĂ©e sur Youtube, la vidĂ©o est rapidement devenue virale, ayant Ă©tĂ© partagĂ©e quelque 16 000 fois sur Facebook et vue 390 000 fois. Au moins cinq autres chaĂźnes YouTube ont elles aussi publiĂ© la mĂȘme vidĂ©o. Elle a aussi Ă©tĂ© relayĂ©e par une douzaine de pages Facebook, ainsi que sur Instagram et Twitter. Un des arguments phare de Thomas Cowan est que la premiĂšre ville Ă  ĂȘtre entiĂšrement couverte par la 5G est Wuhan. Le parallĂšle est rapidement repris sur la toile avec des cartes faisant figurer une corrĂ©lation entre la propagation du virus et le dĂ©ploiement de la 5G. 

Face Ă  cette thĂ©orie, la communautĂ© scientifique a fermement soutenu que la technologie 5G n’était pas responsable. Le Dr Simon Clarke, professeur de microbiologie cellulaire Ă  l’universitĂ© de Reading explique que les ondes radio 5G sont “loin d’ĂȘtre assez fortes pour affecter le systĂšme immunitaire”. MalgrĂ© un manque de fondements scientifiques, l’idĂ©e d’une corrĂ©lation entre la pandĂ©mie et la 5G s’est rĂ©pandue dans le monde entier. Google trends, l’outil qui permet de savoir quels sont les mots clĂ©s les plus recherchĂ©s sur internet, a recensĂ© un pic des mots clĂ©s “Coronavirus +5G” Ă  compter du 26 janvier 2020, soit cinq jours aprĂšs le premier cas identifiĂ© de malade du coronavirus aux États-Unis. Le quotidien amĂ©ricain The New York Times a repĂ©rĂ© prĂšs de 500 groupes Facebook et des dizaines de comptes Twitter et Instagram propageant cette thĂ©orie conspirationniste. Certains prennent le parti que la 5G affaiblit nos dĂ©fenses face au virus, d’autre que la technologie en est directement vectrice. La thĂ©orie circule aussi que le virus n’existe pas, il s’agirait d’un stratagĂšme pour cacher les morts causĂ©s par la 5G. D’autres vont encore plus loin et affirment que le vaccin serait un moyen d’injecter Ă  l’ensemble de la population des nanopuces 5G. 

En consĂ©quence, plusieurs antennes ont Ă©tĂ© incendiĂ©es Ă  travers le monde. Au Royaume-Uni, une vingtaine d’antennes-relais ont Ă©tĂ© vandalisĂ©es dans plusieurs grandes villes, notamment à Birmingham et Liverpool. Des ingĂ©nieurs du haut dĂ©bit sont menacĂ©s et des techniciens en train d’installer des antennes sont mĂȘme agressĂ©s physiquement. Les attaques sur ces relais de la 5G surnommĂ©s “tours de la morts” ont imposĂ© une rĂ©ponse ferme des institutions. Le ministre britannique Michael Gove est montĂ© au crĂ©neau pour dĂ©noncer cette « dangereuse ineptie ». Le Department for Digital, Culture, Media and Sport (Ă©quivalent des ministĂšres de la Culture et des Sports rĂ©unis) a ajoutĂ© sur Twitter qu’il n’y avait « aucune preuve crĂ©dible » Ă  ces allĂ©gations, tandis que l’association des rĂ©seaux de tĂ©lĂ©phonie britanniques, Mobile UK, s’est dite particuliĂšrement « prĂ©occupĂ©e » par ces rumeurs associĂ©es Ă  la destruction de ces infrastructures utiles.

Le relais sur les réseaux sociaux

Les informations sur le lien entre 5G et Covid se sont diffusĂ©es trĂšs rapidement sur les rĂ©seaux sans passer par des canaux de vĂ©rification ou de validation. Selon une analyse de l’ONG britannique Full Fact, qui a examinĂ© plus de 50 publications complotistes sur la 5G et le COVID-19, ces publications ont Ă©tĂ© partagĂ©es plus de 77 000 fois sur les rĂ©seaux sociaux, y compris sur Facebook, Twitter et Instagram. Une autre Ă©tude menĂ©e par l’UniversitĂ© de Technologie de Swinburne en Australie a rĂ©vĂ©lĂ© que les thĂ©ories du complot sur la 5G et le COVID-19 avaient Ă©tĂ© partagĂ©es plus de 53 000 fois sur Twitter au cours d’une semaine en avril 2020. Ces chiffres ne reprĂ©sentent qu’une partie de la propagation de cette thĂ©orie du complot, car elle a Ă©galement Ă©tĂ© diffusĂ©e par le biais de vidĂ©os, de groupes de discussion en ligne, de messagerie instantanĂ©e et d’autres canaux de communication numĂ©riques.

Notons que les algorithmes de recommandation des rĂ©seaux sociaux suggĂšrent des contenus similaires Ă  ceux que les utilisateurs ont dĂ©jĂ  consultĂ©s. Cela peut conduire Ă  la formation de bulles de filtres, oĂč les utilisateurs sont exposĂ©s Ă  des contenus qui renforcent leurs croyances et leurs opinions. Si un utilisateur a consultĂ© ou partagĂ© des publications complotistes sur la 5G et le COVID-19, les algorithmes de recommandation peuvent lui suggĂ©rer d’autres contenus similaires, ce qui peut amplifier la propagation de la thĂ©orie du complot. 

L’essor de cette fake news a Ă©tĂ© amplifiĂ© par des personnalitĂ©s publiques, cĂ©lĂ©britĂ©s et politiciens, qui ont partagĂ© des publications la soutenant. Par exemple, la chanteuse amĂ©ricaine Keri Hilson a causĂ© la controverse en la relayant Ă  ses 2,3 millions d’abonnĂ©s Instagram, avant de la supprimer.

La réponse des plateformes

Face Ă  la propagation de la thĂ©orie du complot 5G, diffĂ©rents rĂ©seaux sociaux ont pris une sĂ©rie de mesures. Instagram, par exemple, a commencĂ© Ă  Ă©tiqueter les publications liĂ©es Ă  la 5G qui contiennent des informations fausses ou trompeuses. Lorsque la publication a Ă©tĂ© identifiĂ©e comme Ă©tant trompeuse, les utilisateurs voient une alerte en haut de l’écran avec un lien vers des informations fiables pour aider Ă  Ă©clairer le sujet.En parallĂšle, Facebook, YouTube et Twitter ont tous supprimĂ© des vidĂ©os et des publications qui propageaient activement la thĂ©orie du complot selon laquelle le COVID-19 est propagĂ© par la 5G.

En avril 2020, Google a annoncĂ© que les publications qui propagent des thĂ©ories du complot liĂ©es Ă  la 5G et au COVID-19 seraient rĂ©trogradĂ©es dans les rĂ©sultats de recherche. Cette mesure visait Ă  rĂ©duire la visibilitĂ© de la dĂ©sinformation. Au mĂȘme moment, Facebook a qu’il travaillerait avec des organisations de fact-checking pour vĂ©rifier les publications liĂ©es Ă  la 5G et au COVID-19. Les publications identifiĂ©es comme contenant des informations fausses ou trompeuses ont Ă©tĂ© Ă©tiquetĂ©es comme telles.

La propagation de la thĂ©orie du complot selon laquelle le COVID-19 est propagĂ© par la 5G est un exemple marquant de la puissance des rĂ©seaux sociaux pour diffuser des fausses informations Ă  grande Ă©chelle. Elle illustre la part de responsabilitĂ© des rĂ©seaux sociaux, l’importance du fact-checking et les risques liĂ©s Ă  la dĂ©sinformation.

InĂšs de Rozaven

Dr. Google and his friend psychiatrist TikTok

Do you have an appointment with Dr. Google?

“Do you think I might have ADHD?”. I asked my sister, who is a general practitioner, this question 6 months after first downloading TikTok. She asked the reasons behind this questioning, and I had to tell her that I related closely to many TikTok videos that I had been seeing on my ‘For You Page’. For example, I did have trouble staying focused for an extended period of time. She answered that, no I did not have ADHD (attention deficit hyperactivity disorder) and I did not have OCD (Obsessive–compulsive disorder) and I did not have BPD (borderline personality disorder) as well. She did say that while you could have some of the traits that were in these mental disorders it did not necessarily mean that you had it. While short attention span is, indeed, a sign of ADHD, it can also be the result of spending time on a phone and getting used to more and more attention-grabbing videos and scrolling.  

Self-diagnosis and misdiagnosis have always existed and even more so with Google which could be used to search any kind of symptoms and find a disease that matched most of them. A colloquial term has been invented to describe this act of searching on Google for a pathology, it is called ‘Dr Google’. This highlights the prevalence of individuals that turn to the Internet instead of going directly to a doctor or psychiatrist.

Self-diagnosis on TikTok

Yet, with Google you had to search for those symptoms. An action was needed by the user. This is where TikTok differs from this. On TikTok the algorithm pushes this kind of content onto the user, the action becomes passive, and it seeps through the thought process as they interact with one TikTok. They then see ten more a few minutes later. You interact with content on this app because you relate to it. Self-diagnosis and trying to find a community on TikTok have been amplified with lockdowns as it was harder than before to receive professional medical help.

This TikTok received 9.4 million views – @milliemclay

Of course, some creators are genuinely using their platform to give a sense of community to those who have the same mental disorder as them or, are trying to raise awareness. Sharing their experiences and struggles has opened a wide pathway to discussing mental. Some creators are jumping on these trends and make trendy and relatable content on the topics to increase their views and interactions on their videos. They make simplified content with videos saying things such as ‘3 things I did not know where signs of ADHD’ and one of them will be ‘picking at my nails’. This can lead to minimizing many mental illnesses and disorders. Influencers and companies can also be capitalizing on the attention that mental illnesses awareness is getting to sell products. This is the case with a telehealth startup called Cerebral that sells expensive treatments.

Self-diagnosis on TikTok can also lead to teenagers portraying the mental disorders that they think they have. An increase of young girls displaying Tourette’s like symptoms came to a hospital in Chicago. They did not have Tourette, but they convinced themselves that they might have it. This has been called a ‘horoscope effect’, it is a sort of self-fulfilling prophecy (Financial Times, 2022)

There are no tangible proofs of this increasing self-diagnosis trend. It is still too early to have research papers and it would be complicated to record as it is a personal matter and hardly quantifiable. However, many professionals are testifying on this matter “A number of mental health providers say that they are seeing an uptick in teenagers and young adults who are diagnosing themselves with mental illnesses — including rare disorders — after learning more about the conditions online.” (The New York Times, 2022). We only have records of the individuals who were seeing or chose to see a psychiatrist or therapist after a self-diagnosis. For many of them, they decide either not to see one or they do not have the resources to do so. Generation-Z is less likely compared to other generations to seek help according to a study done by McKinsey.  And when they do seek help Gen-Zers rely mainly on “emergency care, social media, and digital tools” (McKinsey, 2022).

Many fidget products selling companies, such as rings or toys, also targets anyone that has or think they have ADHD. This means that the individuals seeing ADHD awareness content, are also likely to be targeted with an ad for a quick relief of the condition.

Consequences of self-diagnosis

Self-diagnosis can indeed lead to getting a diagnosis done by a professional. This diagnosis can either confirm what the patient thought they had, find the illness or condition, or even just reassure the patient that they do not have anything. This is what happened to 23-year-old Matilda Boseley who discovered that she had ADHD thanks to content on TikTok. ADHD is widely less diagnosed for women than for men and many young girls who have ADHD are trying to bring awareness on this matter on TikTok.

However, a self-diagnosis can be harmful in many ways. First off, most individuals do not have the medical knowledge or expertise to diagnose their symptoms accurately. It can also delay treatment if the individual is convinced that they have made an accurate self-diagnosis, they can delay going to a doctor or a psychiatrist to receive help or treatment. Misdiagnosis can also lead to self-medication and induce a wrong treatment, and this can be harmful. It can also cause a lot of anxiety which could be easily avoided, as they do not have any guidance in the diagnosis. Finally, self-diagnosis can lead to a sort of dependence on unreliable sources such as TikTok where they will find both the diagnosis and the treatment which is most likely to be wrong. For example, borderline personality disorder is extremely rare with only 1.4% of U.S Population that has this disorder. Yet, on TikTok the #bpd has around 8.2 billion views as of January 2023 (TikTok, 2023).

People who self-diagnose themselves should not be shamed as it can sometimes be seen online but rather, it should be used to open discussion about their feelings. There are reasons why they thought they had this illness or mental disorder, and it can lead to going to see a professional to solve any matter that they could have.

Bibliography

Ashekian Health Sciences Researcher & PhD Student, T.L. (2023) The rise of ‘dr. google’: The risks of self-diagnosis and searching symptoms online, The Conversation. Available at: https://theconversation.com/the-rise-of-dr-google-the-risks-of-self-diagnosis-and-searching-symptoms-online-180278 (Accessed: January 21, 2023).

Boseley, M. (2021) Tiktok accidentally detected my ADHD. for 23 years everyone missed the warning signs | Matilda Boseley, The Guardian. Guardian News and Media. Available at: https://www.theguardian.com/commentisfree/2021/jun/04/tiktok-accidentally-detected-my-adhd-for-23-years-everyone-missed-the-warning-signs (Accessed: January 21, 2023).

Caron, C. (2022) Teens turn to TikTok in search of a mental health diagnosis, The New York Times. The New York Times. Available at: https://www.nytimes.com/2022/10/29/well/mind/tiktok-mental-illness-diagnosis.html (Accessed: January 23, 2023).

Mohamed, Z. (2022) Young women are self-diagnosing personality disorders, thanks to Tiktok, ELLE. Available at: https://www.elle.com/uk/life-and-culture/a39573245/young-women-self-diagnose-personality-disorder-tiktok/ (Accessed: January 21, 2023).

Murphy, H. (2022) Self-diagnosis ads on TikTok Blur Mental Health fears with reality, Subscribe to read | Financial Times. Financial Times. Available at: https://www.ft.com/content/dd63fb93-fa81-4a29-918e-93fa06fb8c4c (Accessed: January 13, 2023).

Emma Le Vourch

Les nouveaux enjeux du marchĂ© de l’attention  

Les rĂ©centes Ă©tudes menĂ©es par Google pointent du doigt la baisse du niveau d’attention des gĂ©nĂ©rations Y et Z. La durĂ©e d’attention est estimĂ©e Ă  9 secondes, soit une seconde de plus que celle du poisson rouge. ConsĂ©quence ? La durĂ©e de vie des contenus se rĂ©duit. Dans un article publiĂ© en juin 2019 par Maxime Tellier sur France Culture, ce journaliste souligne l’accĂ©lĂ©ration dans la diffusion des contenus et ce mĂȘme en dehors d’Internet. Il prend l’exemple des nouvelles expressions linguistiques qui se maintiennent en moyenne pendant un mois au XXIe siĂšcle contre six mois au XXe siĂšcle. Sur Internet, les vidĂ©os publiĂ©es sur les rĂ©seaux sociaux doivent capter l’attention du spectateur pendant les 10 premiĂšres secondes au risque de le perdre. 

Le nouveau dĂ©fi des gĂ©ants de le tech est alors de rĂ©ussir Ă  capter l’attention des gĂ©nĂ©rations distraites de la distraction. La rĂ©cente publication : « La civilisation du poisson rouge, petit traitĂ© sur le marchĂ© de l’attention»(2019) par Bruno Patino, s’interroge sur les mĂ©canismes utilisĂ©s par les rĂ©seaux sociaux et les plateformes numĂ©riques pour capter notre attention. Le prĂ©sident d’Arte France, spĂ©cialiste des mĂ©dias et des questions numĂ©riques, met en avant diffĂ©rentes thĂ©ories qui expliqueraient notre addiction. 

Il cite notamment : la boite de Skinner, la thĂ©orie de la complĂ©tude, la prise en charge de la fatigue dĂ©cisionnelle et la thĂ©orie de l’expĂ©rience optimale qui structurent, selon lui, le fonctionnement des applications les plus utilisĂ©es. A noter que cet ouvrage prĂ©sente un point de vue qui n’est pas toujours scientifiquement validĂ©, mais qui promet en tout cas une rĂ©flexion intĂ©ressante sur la course au marchĂ© de l’attention.

La science comportementale au coeur du marchĂ© de l’attention 

La boite de Skinner est une thĂ©orie dĂ©veloppĂ©e par le professeur Burrhus au dĂ©but des annĂ©es 1930. Ce scientifique dĂ©cide de placer une souris dans une boite qui dispose d’un bouton, lui fournissant de la nourriture Ă  des quantitĂ©s alĂ©atoires. La souris, plutĂŽt que de se dĂ©tourner du bouton, se met Ă  appuyer frĂ©nĂ©tiquement dessus, car elle finit par ĂȘtre plus intĂ©ressĂ©e par le gain que par la nourriture. Ainsi, le professeur Burrhus met en lumiĂšre le biais comportemental que produisent les systĂšmes de rĂ©compense alĂ©atoire. Il explique que l’incertitude produit une compulsion qui se transforme en une addiction, consolidĂ©e par la satisfaction instantanĂ©e du gain. Ce principe est appliquĂ© aux machines Ă  sous dans les casino, mais aussi aux rĂ©seaux sociaux tels que Tinder ou Facebook. L’application pourrait choisir de ne fournir qu’uniquement des profils compatibles avec le profil de l’utilisateur ; pourtant, Tinder entretient l’alternance entre profils proches des choix passĂ©s, Ă©loignĂ©s de l’historique des choix ou susceptible de plaire afin de maintenir l’attention et la participation de l’utilisateur. Dans le cas de Facebook, le feed est alĂ©atoire et non chronologique, car plus la rĂ©compense est imprĂ©visible, plus l’addiction grandit.

Autre thĂ©orie celle de la complĂ©tude, aussi appelĂ©e « effet Zeigarnik », dĂ©veloppĂ©e par la psychologue Russe, Bluma Zeigarnik en 1929. Elle Ă©nonce que : ne pas finir une tĂąche renvoie Ă  un sentiment d’incomplĂ©tude, de frustration qui pousse Ă  toujours continuer et favorise l’effet d’addiction. Ce mĂ©canisme est particuliĂšrement prĂ©sent dans les mĂ©dias sociaux comme Tik Tok, Youtube ainsi que sur les plateformes tels que Netflix ou Prime Video. Dans le cas de Tik Tok, la quantitĂ© de vidĂ©os Ă  regarder est telle que l’utilisateur ne ressent jamais l’effet de complĂ©tude. L’utilisateur peut scroller le feed de l’application en permanence sans jamais ĂȘtre rassasiĂ©. Ce sentiment est renforcĂ© dans le cas de Youtube ou Netflix qui dispose de la fonction « autoplay » permettant d’enchainer les vidĂ©os sans avoir Ă  faire un geste ou exprimer une volontĂ©.

Les « ordinateurs charismatiques » ou la manipulation transparente 

Bruno Patino va encore plus loin et explique que certains mĂ©canismes sont mis en place pour orienter les dĂ©cisions et actions des utilisateurs. Il cite les travaux de B.J Fogg, fondateur du Persuasive Lab au sein de la Silicon Valley, qui s’est notamment fait connaitre grĂące Ă  sa thĂšse sur les « ordinateurs charismatiques ». Ce dernier postule que : « la façon dont les ordinateurs s’adressent Ă  leurs utilisateurs, leur graphisme, la conception de leur interface et leur langage, sont aussi importants que les informations qu’ils dĂ©livrent » (extrait de l’ouvrage de Bruno Patino). C’est la naissance du concept du « design d’attention » ou « persuasive design » thĂ©orisĂ© dans les annĂ©es 2000 par Nir Eyal dans son ouvrage Hooked – Comment crĂ©er un produit ou un service qui ancre des habitudes (Hook: hameçon en français). Selon Nir Eyal, il y a 4 Ă©tapes pour orienter les actions de l’utilisateur. Tout d’abord, il faut un dĂ©clencheur qui peut ĂȘtre interne (comme une Ă©motion telle que la FOMO – Fear of Missing Out) ou externe (comme une notification qui entraine ce que Yves Citton appelle une « attention captive »). Cela amĂšne ensuite Ă  une action puisque l’utilisateur est poussĂ© Ă  regarder son tĂ©lĂ©phone et Ă  ouvrir l’application qui mĂšne Ă  une rĂ©compense (un like, une nouvelle personne qui le suit, une actualitĂ©) et qui le pousse Ă  maintenir son utilisation et Ă  investir (soit utiliser l’application) pour recommencer le cycle. B. J Fogg rĂ©sume ses Ă©tapes par : la motivation, l’habiletĂ© (la capacitĂ© Ă  mener Ă  bien l’action) et l’élĂ©ment dĂ©clencheur. 

Ainsi, l’addiction qui dĂ©coule de l’utilisation des plateformes numĂ©riques n’est pas un dommage collatĂ©ral mais plutĂŽt la consĂ©quence de la recherche vers toujours plus de rentabilitĂ© par les gĂ©ants du Net. Comme thĂ©orisĂ© par de nombreux ouvrages scientifiques depuis les annĂ©es 1990, l’économie de l’attention est un bien rare. C’est un bien d’autant plus rare que les gĂ©ants du numĂ©rique doivent rĂ©ussir Ă  capter l’attention d’une gĂ©nĂ©ration de plus en plus distraite face Ă  la surabondance de choix, d’informations et d’usages auxquelles elle fait face. 

Caroline Caye

Chanteurs, influenceurs, labels, comment faire de la musique sous le rĂšgne de TikTok ?

https://dittomusic.com/en/blog/how-to-promote-music-on-tiktok-and-go-viral/


Quoi de mieux qu’un confinement pour faire exploser une application dont l’additivitĂ© et le caractĂšre chronophage en sont les principales ressources ?

LancĂ©e en 2016 par l’entreprise chinoise Byte Dance, c’est l’épidĂ©mie de Covid-19 qui sera l’occasion parfaite pour TikTok de s’immiscer dans le quotidien d’une population qui navigue entre son lit et son canapĂ©, smartphone toujours au bout du bras.

Challenges, chorĂ©graphies, lives, etc., l’application TikTok, dĂ©rivĂ©e de Musical. Ly, propose Ă  ses utilisateurs la crĂ©ation de vidĂ©os courtes (30s Ă  3min) sur la musique de leur choix. IdĂ©e simple, carton planĂ©taire. En 2020, 75% des 13-24 ans l’utilisent quotidiennement, pour pas moins d’1 milliard d’utilisateurs mensuels. Atteignant des audiences comparables Ă  ses ainĂ©s zuckerbergiens, Instagram et Facebook, TikTok s’impose comme le rĂ©seau social de ce dĂ©but de dĂ©cennie. Plaçant le son au cƓur de son fonctionnement – chaque vidĂ©o en Ă©tant accompagnĂ©e – l’application devient la premiĂšre source de dĂ©couverte musicale pour les moins de 25 ans. La musique est partout sur TikTok et devient ce que la radio a pu ĂȘtre pour la prĂ©cĂ©dente gĂ©nĂ©ration : un nouveau canal de dĂ©couverte musicale. Et un trĂšs bon canal. En 2020, Byte Dance dĂ©clare que 176 morceaux ont dĂ©passĂ© le milliard de vues sur la plateforme et 90 titres devenus viraux sur l’application ont tutoyĂ© le top 100 des Charts aux États-Unis.

Au-delĂ  des chiffres, TikTok a donc un impact qui va outre la barriĂšre de sa propre application, et redessine une industrie musicale en plein trouble, dans le rapport d’un artiste Ă  sa musique, Ă  ses fans, remodelant la fabrication du succĂšs, et parfois la composition mĂȘme de la musique.

Naissance et renaissance d’artistes

Depuis 2016, TikTok se fraie un chemin entre l’auditeur et l’artiste, enfilant parfois, la casquette habituellement celle des maisons de disques.

Lil Nas X, Olivia Rodrigo, Kid Francescoli, la liste des artistes ayant « percĂ©s » sur la plateforme ne cesse de s’allonger, et la suite de leur succĂšs musicale ne peut que dĂ©montrer l’impact que TikTok provoque dans cette sphĂšre. En voici quelques exemples :

  • Lil Nas X, explose en 2019 avec Old Town Road, cumule plus d’1 milliard de vues sur YouTube, et signe chez Columbia
  • Wedjene, se fait connaitre avec Anissa, signe chez Universal, son album « 16 » est certifiĂ© disque d’or
  • Pierre de Maere, son morceau Un jour je marierai un ange repris par un TikToker, explosion des streams (20 millions en 2 mois)
Clip de Lil Nas X – Old Town Road – 1 068 410 130 vues au 31/01/2023

Tremplin pour les certains nouveaux, TikTok est aussi le moyen de renouer avec une notoriĂ©tĂ© perdue pour d’autres :

  • Fleetwood Mac retrouve un second souffle aprĂšs qu’un internaute reprenne leur chanson Dreams en fond de son TikTok Ă  skateboard, elle est ensuite streamĂ©e 36 millions de fois et intĂšgre en 2020 le top 20 amĂ©ricain des chansons les plus Ă©coutĂ©es
  • David Guetta dĂ©voile en avant-premiĂšre sur l’application son single Let’s Love et atteint les 500 000 vidĂ©os, gĂ©nĂ©rant plus d’1 milliard de vues
TikTok de @420doggface208 sur Dreams – Fleetwood Mac, 89.3M de vues au 31/01/2023

TikTok est puissant, mais il n’est donc pas une fin en soi. PlutĂŽt un nouveau chemin empruntable par les artistes voulant ĂȘtre dĂ©couverts ou redĂ©couverts par le public – essentiellement jeune.

Poule aux Ɠufs d’or des maisons de disque

En 2020, 70 musiciens rĂ©vĂ©lĂ©s sur la plateforme ont ensuite trouvĂ© un contrat avec une maison de disque. En 2021, 430 artistes ont vu leur son dĂ©passer le milliard de vue. Il n’en faut pas plus pour qu’artistes, labels et maisons de disque fassent de l’application, un nouvel outil marketing ultra puissant.

La rĂ©munĂ©ration sur TikTok, aujourd’hui en phase de test et n’allant pas forcĂ©ment Ă  l’artiste (mais Ă  l’auteur de la vidĂ©o), c’est loin d’ĂȘtre le moteur de ces nouveaux usages, en tout cas loin derriĂšre la perspective de notoriĂ©tĂ©. TikTok est une nouvelle vitrine, interactive, mouvante et Ă  l’algorithme furieusement secret, mais une vitrine de taille pour qui sait s’y exposer.

Chanteur influenceur

Les maisons de disque, dont les revenus viennent essentiellement des plateformes de streaming, ont compris que les utilisateurs basculaient de TikTok Ă  Spotify en quelques secondes, et possĂšdent maintenant des Ă©quipes dĂ©diĂ©es Ă  l’application, aussi bien dans la recherche de nouveaux talents que la promotion de leurs poulains. Ont aussi vu le jour des agences spĂ©cialisĂ©es dans le marketing musical sur TikTok – comme Monsieur Darmon – proposant la promotion par des influenceurs. Quand ce ne sont pas des influenceurs qui sont payĂ©s Ă  la faire, ce sont parfois les artistes eux-mĂȘmes qui se voient mettre en scĂšne leur chanson, rendant la frontiĂšre entre influence et musique de plus en plus poreuse. Alors que la signature d’un artiste avec un label est censĂ©e lui assurer sa promotion, les artistes se retrouvent parfois Ă  jouer les deux rĂŽles, quitte Ă  privilĂ©gier le buzz et Ă  effacer l’aspect artistique personnel de leur travail.

Site Web Monsieur Darmon qui explique « quelques succÚs » de leurs campagnes sur TikTok, https://monsieurdarmon.com/

La TikTok-compatibilité

TikTok permet une toute nouvelle façon pour les artistes d’interagir avec leur communautĂ©, naissante ou dĂ©jĂ  constituĂ©e. Like, partage, commentaires, duo, reprises des sons, etc., un lien direct se crĂ©e entre le crĂ©ateur et l’utilisateur. L’algorithme diffĂ©rant des autres mĂ©dias sociaux par la mise en avant de contenue « alĂ©atoires » mais « personnalisĂ©s » (on ne nous montre pas des personnes que l’on suit, mais du contenu devant nous plaire), les maisons de disque ne peuvent plus rien laisser au hasard. Si l’utilisateur n’est pas convaincu par la vidĂ©o dans les premiĂšres secondes, la probabilitĂ© qu’il « swipe » vers un autre contenu est bien plus grande qu’ailleurs. Il faut donc plaire, et rapidement. C’est tout l’ambivalence d’une plateforme pouvant « crĂ©er » un artiste en un rien de temps, tout en laissant de cĂŽtĂ© tous les autres n’ayant pas « buzzé ».

Les artistes, sous les impulsions de leurs labels, vont se former au moule TikTok, dans leur communication mais aussi dans leur Ɠuvre musicale mĂȘme. La campagne marketing commence alors dĂšs le studio ou les agences d’influence et labels aident les artistes Ă  dĂ©terminer « quel sera le titre TikTok-compatible, pour modifier les paroles d’un morceau, pour qu’il soit le plus percutant sur l’appli ». Samuel Skalawki, cofondateur de l’agence Follow explique « On travaille avec des artistes de chez Believe, Sony ou Warner en France. On les conseille sur les punchlines d’une chanson qui peuvent ĂȘtre mises en avant sur TikTok, les mises en scĂšne ou les chorĂ©graphies qui peuvent aller avec ». Tout est calculĂ©, calibrĂ© pour que la gĂ©nĂ©ration Z qui peuple l’application fasse de ces morceaux les prochaines tendances.

@davidguetta

#letslove Can we go over difficult times together?Use #letslove to show us how you stay positive. it’s your time to shine ✹

♬ Let’s Love – David Guetta & Sia
Promotion par David Guetta en avant-premiùre sur son compte TikTok de son dernier single Let’s Love

Fin du marketing, retour au bouche-Ă -oreille ?

Sur TikTok il faut buzzer, et pour ça il faut Ă©tonner, sortir du lot, mais en mĂȘme temps, en utilisant les codes spĂ©cifiques qui rendent la plateforme si caractĂ©ristique.

Les maisons de disques jouent maintenant un tout autre rĂŽle dans la chaine de construction de l’artiste. Auparavant repĂ©rĂ© en premier lieu par un label qui soumettait une promesse de promotion du crĂ©ateur auprĂšs du public, le chemin peut dĂ©sormais se faire en sens inverse, trouvant l’approbation du public qui lui permet d’arriver aux oreilles des Warner, Sony et compagnie. La dĂ©couverte est plus que jamais entre les mains du public qui a le pouvoir de lancer ou non une carriĂšre. Serait-ce le retour du bon vieux bouche-Ă -oreille ?

Oui et non car, mĂȘme si le commun des mortels possĂšde entre ses mains le sort de ces musiciens, cela rĂ©sulte de fortes stratĂ©gies en coulisse pour prendre avantage dans la For You Page.

Une gloire éphémÚre et associée à TikTok

Cette glorification par vidĂ©os aussi courtes rĂ©vĂšle des effets pervers sur les artistes, devant jongler avec une notoriĂ©tĂ© nouvelle. Premier constat, quand une musique perce sur la plateforme, elle est trĂšs souvent modifiĂ©e – accĂ©lĂ©rĂ©e, remixĂ©e – pour coller davantage aux autres contenus. La version originale est donc parfois totalement mĂ©connue et oblige les artistes Ă  redoubler d’effort pour imposer leur composition. C’est ce qui est arrivĂ© Ă  Pierre De Maere qui, suite au succĂšs d’une reprise de sa chanson, a dĂ» faire un TikTok pour en dĂ©voiler l’originale. Cela montre aussi la difficultĂ© qu’ont les artistes Ă  faire reconnaitre leur Ɠuvre sur une plateforme ou la limite entre reprise et usurpation semble mettre Ă  mal les droits d’auteur.

Les chansons ne sont reprises souvent que partiellement – toujours dans ce souci de rapiditĂ© – laissant un goĂ»t faussĂ© d’une Ɠuvre aux internautes. Si on sait que le passage entre TikTok et les plateformes de streaming audio se fait bien, cela ne le rend pas automatique. Certains interprĂštes s’en sont rendu compte lorsque lors de concerts ; les fans huaient les 10 lignes qui ont fait la trend, se retrouvant muet Ă  la seconde suivante, comme si la vidĂ©o s’était stoppĂ©e en direct, devant l’incomprĂ©hension de l’artiste.

Vidéo de Konbini sur un concert de Steve Lacy dont 20s du morceau Bad Habits a percé sur la plateforme, laissant le reste de la chanson totalement inconnue du public

TikTok crĂ©e des chansons TikTok, et c’est aussi lĂ  le risque. Au-delĂ  d’une harmonisation certaine mais pas vraiment nouvelle – on retrouve le mĂȘme fonctionnement dans les chansons en radio – c’est aussi l’association Ă  une certaine tendance, dĂ©fi ou juste Ă  l’application qui peut porter prĂ©judice Ă  une Ɠuvre. Les chansons trop associĂ©es Ă  l’application, au mĂȘme titre que l’on pourrait l’associer Ă  une publicitĂ© Ă  la tĂ©lĂ©vision, peuvent subir une « dĂ©crĂ©dibilisation » aussi bien par une saturation de son audience qui y a Ă©tĂ© trop exposĂ©e (les tendances sont trĂšs Ă©phĂ©mĂšres) que par l’association trop forte au rĂ©seau social – assez peu valorisĂ© socialement.

Les outils de diffusion ont toujours modifiĂ© l’industrie musical, ce petit monde se façonnant Ă  la maniĂšre dont le public va pouvoir recevoir l’Ɠuvre, pour qu’elle fonctionne et colle aux codes du moment. Les nouveaux artistes apparaissent et disparaissent aussi vites que les vidĂ©os sur notre smartphone. Alors il faut vite capter l’attention. Les chansons les plus Ă©coutĂ©es sur TikTok ont un impact sur les Ă©coutes des plateformes de streaming qui sont aujourd’hui’ une des principales sources de revenu des maisons de disque. On en use alors, faisant des interprĂštes des objets d’influence, et de leurs Ɠuvres un placement de produit. Quand 9% du temps musical se fait sur TikTok, le monde de la musique ne peut plus rester permĂ©able au gĂ©ant chinois et doit s’y adapter, sans perdre l’essence mĂȘme de leur mĂ©tier et de leur art.

Sophie PINIER

Sources

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https://www.meltwater.com/fr/blog/statistiques-tiktok

L’influence de TikTok sur l’intention d’achat de la gĂ©nĂ©ration Z dans l’industrie de la fast-fashion

Source : ITP Live

Les rĂ©seaux sociaux sont devenus l’une des plateformes mĂ©diatiques les plus populaires au monde. Ils sont dĂ©finis comme des applications basĂ©es sur Internet qui permettent de crĂ©er et d’échanger du contenu (Kaplan et Haenleman, 2010). Ainsi, en tant que plateforme de communication marketing, ils sont devenus un Ă©lĂ©ment clĂ© de la stratĂ©gie globale de marketing des entreprises, car ils permettent non seulement d’accroĂźtre la notoriĂ©tĂ© d’un produit ou d’un service grĂące au contenu promotionnel de la marque, aux influenceurs ou aux utilisateurs, mais ils sont aussi un moyen de vendre directement aux consommateurs grĂące Ă  des fonctions d’achat intĂ©grĂ©es (Br Sagala et Rachmawati CH, 2016). D’aprĂšs Neher (2013), le contenu visuel est le meilleur moyen d’attirer l’engagement des consommateurs grĂące Ă  des fonctionnalitĂ©s telles que les clics, les vues et les commentaires, signifiant que TikTok est donc un moyen idĂ©al pour les entreprises d’interagir avec les clients potentiels et de crĂ©er des relations durables.

De nos jours, les rĂ©seaux sociaux Ă©voluent rapidement pour offrir aux consommateurs de nouvelles façons de dĂ©couvrir des marques et d’acheter des produits ou des services par le biais d’un parcours d’achat raccourci et non-linĂ©aire, ce qui conduit Ă  un nombre croissant d’achats non planifiĂ©s (63 %) et d’achats impulsifs (23 %) (WARC, 2021). Les consommateurs cherchent de nouvelles façons de se divertir et de crĂ©er du contenu sur les mĂ©dias sociaux. Le nombre d’individus prĂ©sents sur TikTok ne cesse d’augmenter, la gĂ©nĂ©ration Z Ă©tant les utilisateurs les plus importants et les plus actifs de la plateforme. Il s’agit donc d’une opportunitĂ© Ă©norme pour les marques et les particuliers de profiter de ce phĂ©nomĂšne mondial afin de gagner en visibilitĂ© et, ainsi, de potentiellement faire grimper leurs ventes.

Au Royaume-Uni, 82 % des personnes dĂ©clarent avoir effectuĂ© un achat aprĂšs avoir vu un produit prĂ©sentĂ© sur les rĂ©seaux sociaux et 80% des consommateurs dĂ©clarent que TikTok les a aidĂ©s Ă  dĂ©couvrir une nouvelle marque ou un nouveau produit. La gĂ©nĂ©ration Z consomme le plus de contenu sur TikTok puisque 60% des utilisateurs mondiaux font partie de cette gĂ©nĂ©ration (Doyle, 2022). Il serait donc intĂ©ressant de comprendre dans quelle mesure ceci s’applique au secteur de la fast-fashion en ligne.

Qu’est-ce que la gĂ©nĂ©ration Z et comment est-elle liĂ©e Ă  l’état actuel de l’industrie de la fast-fashion en ligne ?

Source : Luc Alvarez

La gĂ©nĂ©ration Z dĂ©signe les personnes nĂ©es entre la fin des annĂ©es 1990 et le dĂ©but des annĂ©es 2000, aprĂšs l’apparition d’Internet. Ils ont donc Ă©tĂ© exposĂ©s Ă  la technologie dĂšs leur plus jeune Ăąge et ont rapidement adoptĂ© les nouvelles technologies, telles que les smartphones ou les rĂ©seaux sociaux (Francis et Hoefel, 2018).

L’une des principales caractĂ©ristiques de cette gĂ©nĂ©ration est son besoin de s’évader (Wood, 2013). Les rĂ©seaux sociaux permettant aux utilisateurs d’interagir avec du contenu 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, les marques ont une excellente occasion de gagner des consommateurs (Leland, 2016) qui cherchent un contact avec les marques (McWilliams, 2021) sur des plateformes telles que TikTok. De mĂȘme, aux yeux des consommateurs de la gĂ©nĂ©ration Z, les influenceurs sont gĂ©nĂ©ralement perçus comme dignes de confiance et sont donc plus susceptibles d’influencer le comportement d’achat sur ces plateformes (Lim, Mohd Radzol, Cheah et Wong, 2017). De mĂȘme, les micro-influenceurs ont Ă©galement dĂ©montrĂ© qu’ils avaient un impact positif sur l’intention d’achat des jeunes (Gupta et Mahajan, 2019).

En prenant le cas du Royaume-Uni, les dĂ©penses des consommateurs en ligne pour les produits de mode ont fortement augmentĂ© depuis la pandĂ©mie de Covid-19, avec une croissance de 26% en 2020 pour atteindre un total de plus de 28 milliards de livres (Sender Ceron, 2020), les achats de vĂȘtements en ligne reprĂ©sentant 56 % des ventes globales de ce secteur. Cela signifie que les consommateurs achĂštent plus de vĂȘtements en ligne qu’en magasin.

En outre, la pandĂ©mie combinĂ©e Ă  l’augmentation du temps moyen passĂ© sur Internet ainsi que sur les rĂ©seaux sociaux a poussĂ© davantage d’utilisateurs Ă  faire des achats en ligne, 27 % des consommateurs passent plus de temps Ă  rechercher des produits en ligne qu’auparavant. ParallĂšlement, la gĂ©nĂ©ration Z est celle qui recherche le plus de produits de mode en ligne avec 43% d’entre eux qui passent plus de temps Ă  rechercher des vĂȘtements (Sender Ceron, 2020).

L’augmentation du temps consacrĂ© Ă  la recherche d’articles de mode a entraĂźnĂ© une augmentation des achats en ligne avec 41 % des consommateurs de la gĂ©nĂ©ration Z qui achĂštent davantage de vĂȘtements et d’accessoires en ligne depuis janvier 2020. Parmi ces consommateurs favorables Ă  l’achat en ligne, 42 % des consommateurs de la gĂ©nĂ©ration Z ont achetĂ© directement des articles de mode sur les rĂ©seaux sociaux (Sender Ceron, 2020).

La fast-fashion, en particulier, a connu une augmentation de la demande, car les consommateurs cherchent Ă  consommer davantage et plus rapidement (Sender Ceron, 2021). Ce phĂ©nomĂšne est particuliĂšrement visible chez les jeunes consommateurs qui cherchent Ă  partager leurs aventures en ligne sur les rĂ©seaux sociaux Ă  l’aide de leurs smartphones (Sender Ceron, 2021). En consĂ©quence, les marques de fast-fashion comme Boohoo, ASOS, Misguided ou SHEIN investissent de plus en plus dans le e-commerce, car elles cherchent Ă  personnaliser leur contenu marketing. Avec plus de 47 % des femmes ĂągĂ©es de 16 Ă  24 ans (Sender Ceron, 2021) qui utilisent leur smartphone pour acheter des produits de fast-fashion, le e-commerce est en train de devenir la prioritĂ© des principaux acteurs du secteur.

Comment TikTok influence ces achats ?

Un cadre conceptuel dĂ©veloppĂ© par Zhang et al. (2021) utilise en partie la thĂ©orie Stimulus-Organisme-RĂ©ponse (SOR) dĂ©veloppĂ©e par Mehrabian et Russell (1974) pour comprendre l’impact de contenu sur l’intention d’achat. Selon la thĂ©orie SOR, il existe un stimulus (S) susceptible d’avoir un effet sur l’organisme, qui agit comme un mĂ©diateur (O) et conduit Ă  un comportement de rĂ©ponse (R). Par consĂ©quent, en utilisant le modĂšle SOR, ceci peut expliquer comment la valeur perçue du contenu de TikTok (stimulus) affecte directement et indirectement l’intention d’achat (rĂ©ponse) Ă  travers le niveau de confiance perçue (organisme).

Source : Zhang et al.

Tout d’abord, la valeur hĂ©donique s’avĂšre ĂȘtre un prĂ©dicteur positif et significatif, mais relativement variable de l’intention d’achat. Cela pourrait ĂȘtre dĂ» Ă  la nature de la plateforme. Sur TikTok, les utilisateurs s’attendent Ă  un divertissement rapide et efficace grĂące au contenu recommandĂ© sur leur For You Page (Yang et Ha, 2021). Ce rĂ©sultat est conforme aux recherches antĂ©rieures menĂ©es sur le contenu vidĂ©o court sur Instagram par le biais de la fonction stories (Santiago, Magueta et Dias, 2020) et des publicitĂ©s vidĂ©o sur TikTok (Dwinanda, Syaripuddin, Hudaifi et Hendriana 2022), qui soutiennent l’idĂ©e que le divertissement par le contenu vidĂ©o court a finalement un impact positif sur l’intention d’achat.

Ensuite, la recherche menĂ©e par Zhang et al. (2021) a montrĂ© que la valeur utilitaire perçue dans les vidĂ©os TikTok Ă©tait le principal prĂ©dicteur de l’intention d’achat.

De plus, la confiance perçue s’est avĂ©rĂ©e ĂȘtre un prĂ©dicteur de plus en plus positif de l’intention d’achat. Cela signifie que les messages liĂ©s Ă  certains produits et partagĂ©s par un influenceur spĂ©cifique doivent ĂȘtre cohĂ©rents pour conduire Ă  une Ă©ventuelle intention d’achat (Kamins et Gupta 1994). En outre, la gĂ©nĂ©ration Z est 1,3 fois plus susceptible d’acheter des produits qui lui sont recommandĂ©s par un influenceur crĂ©dible (Brooks, 2019). Cette affirmation est cohĂ©rente avec plusieurs recherches indiquant que la confiance perçue affecte positivement le comportement d’achat des utilisateurs, ceci sur Instagram (Santiago, Magueta et Dias, 2020 ; Astuti et Putri, 2018).

Enfin, Mosunmola, Omotayo et Mayowa (2018), avance une thĂ©orie selon laquelle il existe une relation significative entre les valeurs perçues et la confiance perçue envers l’achat en ligne, ce qui entraĂźne une intention d’achat plus accrue (Kim et Stoel, 2004). En conclusion, ceci rĂ©vĂšle que la confiance perçue sert de mĂ©diateur Ă  la relation entre valeurs perçues et l’intention d’achat sur les rĂ©seaux sociaux, et plus particuliĂšrement sur TikTok, pour les consommateurs qui cherchent Ă  acheter des produits en ligne.

Conclusion

Avant de dĂ©velopper du contenu vidĂ©o court promotionnel pour TikTok, les marques doivent chercher Ă  comprendre les facteurs qui influencent l’intention d’achat en comprenant les besoins et les dĂ©sirs des consommateurs sur cette plateforme de rĂ©seaux sociaux unique. Yang et Ha, (2021), ont rĂ©vĂ©lĂ© que pour les utilisateurs, leur principale motivation d’utiliser TikTok est de passer le temps et de se divertir. Par consĂ©quent, lors du partage de vidĂ©os, les spĂ©cialistes du marketing devraient s’efforcer de crĂ©er un contenu amusant qui met en avant la valeur utilitaire de leurs produits avec des messages de marketing axĂ©s sur la confiance des consommateurs dans l’espoir d’augmenter les intentions d’achat et les ventes globales. Cela confirme l’idĂ©e qu’il est possible d’atteindre les jeunes consommateurs dans le domaine de la fast-fashion en ligne en satisfaisant leurs besoins d’évasion et en immergeant inconsciemment les messages publicitaires dans des contenus divertissants plutĂŽt que de simplement promouvoir ces produits. Cela souligne l’importance d’étudier les motivations des intentions d’achat sur la plateforme qui offre la plus grande opportunitĂ© d’atteindre la gĂ©nĂ©ration Z.

Chloé Sangiorgio



Références

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BeReal : quel avenir pour le réseau social français ?

Your friends for real, telle est la promesse de l’application française BeReal. Créée en 2020 par Alexis Barreyat et Kevin Perreau, deux anciens Ă©tudiants de l’école 42, ce rĂ©seau social est rĂ©guliĂšrement appelĂ© « l’anti-Instagram ».

BeReal sur l’app Store – Photo by Jakub Porzycki / NurPhoto via Getty Images

Alors que l’application mobile n’a que trois ans, elle s’est retrouvĂ©e propulsĂ©e Ă  la premiĂšre place des tĂ©lĂ©chargements App Store aux Etats-Unis en juillet 2022. Selon le cabinet Sensor Tower, BeReal a atteint rĂ©cemment les 50 millions de tĂ©lĂ©chargements sur l’App Store et le Play Store. Ces tĂ©lĂ©chargements permettent ainsi Ă  l’app d’avoir une base d’utilisateurs actifs solide, environ 20 millions. Selon les fiches de postes disponibles, BeReal ambitionne dĂ©sormais de dĂ©passer les 100 millions d’utilisateurs actifs d’ici quelques annĂ©es. Bien qu’encore loin derriĂšre les statistiques des rĂ©seaux sociaux des GAFAM, sa forte croissance a tout de mĂȘme retenue l’attention des gĂ©ants du web et les a fait rĂ©flĂ©chir autour du concept proposĂ© par la start-up française.

BeReal, le réseau social spontané

BeReal connaĂźt un fort succĂšs cette annĂ©e
 mais en quoi diffĂšre-t-il des autres rĂ©seaux sociaux ? Quelles sont les raisons qui poussent les utilisateurs Ă  tĂ©lĂ©charger une application supplĂ©mentaire ? Le fonctionnement de BeReal est en rĂ©alitĂ© assez simple : tous les utilisateurs reçoivent une seule notification dans la journĂ©e, Ă  une heure alĂ©atoire, et ont deux minutes pour prendre en photo ce qu’ils sont en train de faire. Pour prendre un BeReal, les camĂ©ras avant et arriĂšre s’activent prennent le clichĂ© simultanĂ©ment. Pour l’application française, seulement une des deux vues est disponible lors de la prise de vue, un coup de main Ă  prendre pour ne pas avoir des photos floues ou des angles de son visage pas trĂšs flatteurs.

En rĂ©alitĂ©, ces prises de vues disgracieuses reprĂ©sentent un positionnement affirmĂ© de BeReal : inciter les utilisateurs Ă  montrer Ă  leurs amis qui ils sont vraiment, sans mises en scĂšnes, sans artifices. Ainsi, aucun filtre n’est disponible sur le rĂ©seau social, et l’aspect alĂ©atoire de la rĂ©ception de la notification permet d’obtenir des clichĂ©s et des publications plus spontanĂ©s, et de, selon les fondateurs de l’application, « de dĂ©couvrir la vraie vie de ses amis et de se sentir plus proches d’eux ». 

Concernant le feed de l’application, seules les BeReal du jour de tes amis sont disponibles. Cela est d’ailleurs un point essentiel de l’application qui permet un engagement efficace des utilisateurs : pour pouvoir voir les BeReal de ses amis, il faut d’abord poster le sien. Les BeReal s’affichent ainsi par ordre chronologique de publication, ne nĂ©cessitant pas un algorithme de recommandation que l’on connaĂźt d’Instagram ou de Facebook par exemple.

Si l’utilisateur a ratĂ© la notification, il a la possibilitĂ© de poster un Late (avec toujours deux minutes pour prendre la pose), et son clichĂ© apparaĂźtra dans le feed avec le temps de retard du post. Cet aspect est assez critiquĂ© car bien qu’il ait Ă©tĂ© mis en place pour ne pas perdre des utilisateurs par indisponibilitĂ©, il peut Ă©galement dĂ©vier en perte d’authenticitĂ©. Par exemple, un utilisateur pourrait se dire : “la notification arrive lorsque je suis encore dans mon lit, je vais attendre ce soir d’ĂȘtre au restaurant et entourĂ© d’amis pour le prendre”.

PrioritĂ© Ă  l’engagement et non Ă  la viralitĂ©

Contrairement Ă  la plupart des autres rĂ©seaux sociaux, pas de followers, seulement des amis. Il n’est possible de voir les BeReal d’un utilisateur que si celui-ci nous a ajoutĂ© en retour. Ainsi, ce rĂ©seau social ne met pas au centre de ses ambitions la viralitĂ© ou la large portĂ©e, mais plutĂŽt l’engagement individuel de chaque utilisateur au sein de son rĂ©seau. De la mĂȘme façon, aucuns likes sur l’app, seulement un espace commentaires et la possibilitĂ© de rĂ©agir avec des selfies reprĂ©sentant des emojis, appelĂ© les RealMoji :

  • 👍 Pouce en l’air
  • 😃 Heureux
  • đŸ˜Č ChoquĂ©
  • 😍 Coeur
  • 😂 Rire
  • âšĄïž Selfie de la rĂ©action prise sur le moment

GrĂące Ă  ces diffĂ©rentes options, l’application est certaine que ses utilisateurs sont des utilisateurs rĂ©ellement engagĂ©s. En effet, il n’y a aucun intĂ©rĂȘt d’aller sur l’application pour scroller sans rien interagir, car rien n’est accessible sans poster son clichĂ©. Le rĂ©seau social français se diffĂ©rencie par sa volontĂ© de lutter contre les publications fake que l’on peut trouver sur les rĂ©seaux sociaux, accompagnĂ©es d’une vie radieuse et parfaite que personne ne possĂšde rĂ©ellement. Les voyages, le sport, les restaurants Ă  gogo
 BeReal permet ainsi de rompre le syndrome FOMO (Fear Of Missing Out) et de rationaliser son quotidien en dĂ©montrant Ă  chaque utilisateur que tout le monde ne possĂšde pas une vie d’influenceur. 

Une application qui vit au-dessus de ses moyens

A ce jour, BeReal ne dĂ©gage aucun revenu et fonctionne seulement grĂące aux levĂ©es de fonds rĂ©alisĂ©es avec des investisseurs externes. Le fond d’investissement Andreessen Horowitz a ainsi Ă©tĂ© sĂ©duit en 2021 et a apportĂ© Ă  BeReal 30 millions de dollars. De plus, en 2022, l’application prometteuse a levĂ© prĂšs de 85 millions de dollars supplĂ©mentaires au printemps dernier grĂące Ă  Yuri Milner, un des premiers investisseurs de Facebook. Ainsi, la firme revendique actuellement une valorisation Ă  600 millions de dollars. 

MalgrĂ© cette valorisation, BeReal n’a pas encore trouvĂ© de business model leur permettant d’ĂȘtre rentable, ou mĂȘme de trouver un modĂšle de rĂ©munĂ©ration fiable. En outre, l’application gratuite ne contient aucune publicitĂ©, et ne propose ni d’achats in-app, ni d’abonnement. Dans ses perspectives de dĂ©veloppement, les fondateurs de BeReal restent assez silencieux. Dans l’onglet “presse” de leur site internet, ils indiquent ainsi : “Vous vous demandez peut-ĂȘtre si nous aurons des publicitĂ©s ou comment nous envisageons de monĂ©tiser l’application [
] mais travailler avec des marques n’est pas notre prioritĂ©â€.

La publicité sur BeReal, la fausse bonne idée

Bien que la plupart des applications mobiles gratuites (et des rĂ©seaux sociaux) se rĂ©munĂšrent grĂące Ă  la publicitĂ©, celle-ci ne semble pas ĂȘtre le moyen le plus favorable pour la proposition commerciale de BeReal. En effet, en considĂ©rant le peu de temps passĂ© sur l’appli par les utilisateurs, ainsi que le concept mĂȘme de ne poster qu’un post par jour et de ne pouvoir voir que les publications de ses amis, peu d’espaces publicitaires pourraient ĂȘtre envisagĂ©s. Le reach gĂ©nĂ©rĂ© par les utilisateurs actifs sera assez limitĂ©, et devra ĂȘtre divisĂ© entre les annonceurs potentiels. La publicitĂ© display semble ainsi ĂȘtre compliquĂ©e, et les formats in-read et natifs seraient un trĂšs gros challenge pour les marques. 

Si des marques souhaitent se lancer sur BeReal, elles seront soumises au mĂȘme fonctionnement que les utilisateurs. Les contenus natifs venant des marques demanderaient alors une forte flexibilitĂ© des Ă©quipes de communication des annonceurs. En effet, ils seraient obligĂ©s d’ĂȘtre disponibles dans les 2 minutes de la notification, et ceci Ă  n’importe quelle heure de la journĂ©e. De plus, la contrainte technique consistant de la capture des deux camĂ©ras, et l’impossibilitĂ© d’ajouter du texte, du son ou du contenu vidĂ©o sur l’image obligerait les marques Ă  faire passer leur message Ă  travers une mise en scĂšne sur le plan avant et arriĂšre pour faire passer leur message, ce qui est totalement Ă  l’opposĂ© de l’essence mĂȘme de l’application. Des marques ont pourtant essayĂ©, Ă  l’instar d’ELF, une marque de maquillage et cosmĂ©tiques, qui se sont lancĂ©s sur BeReal en partageant des codes de promotion, poussant ainsi les utilisateurs Ă  devoir s’abonner Ă  la marque pour voir apparaĂźtre le code. 

Extraits du BeReal d’ELF (organique) – © BeReal

Un avenir incertain sans fonctionnalités supplémentaires

Pour perdurer, BeReal va devoir innover. Afin de ne pas finir comme des applications comme ClubHouse, BeReal doit trouver des moyens de se financer, mais aussi de stimuler et fidĂ©liser ses utilisateurs actifs. L’application subit non seulement celle de ses investisseurs, mais Ă©galement celle des GAFAM qui ont vu les formats BeReal ĂȘtre adoptĂ©s par les internautes. Ainsi, TikTok a trĂšs vite lancĂ© ses Tiktok Now et Instagram s’est joint Ă  la fĂȘte en dĂ©veloppant Candid Challege, invitant les utilisateurs de la plateforme Ă  se prendre en double-camĂ©ra sans filtres et Ă  le partager dans leurs stories. Ainsi, BeReal perd peu Ă  peu son avantage concurrentiel.

Et si BeReal se finançait par l’abonnement ? En effet, le rĂ©seau social pourrait ĂȘtre amenĂ© Ă  proposer un abonnement Ă  ses utilisateurs, mais ceci entraĂźne le dĂ©veloppement de fonctionnalitĂ©s et d’avantages assez significatifs pour dĂ©clencher la transaction. Pour conserver l’UX (User Experience), il pourrait ĂȘtre nĂ©cessaire pour le rĂ©seau social de dĂ©velopper des contenus bonus accessibles pour les abonnĂ©s, comme des RealMoji supplĂ©mentaires pour rĂ©agir aux BeReal de ses amis, ou encore la possibilitĂ© de voir ceux des autres sans poster le sien. Il est Ă©galement envisageable qu’à l’instar d’Onlyfans, une cĂ©lĂ©britĂ© puisse rendre l’accĂšs Ă  son BeReal payant, et ainsi partager davantage sa vie privĂ©e Ă  ses fans. BeReal devra ĂȘtre capable de dĂ©velopper d’autres concepts dans le mĂȘme esprit pour faire face aux concurrents directs imposĂ©s par les gĂ©ants des rĂ©seaux sociaux, et ce sans tarder pour ne pas tomber dans l’oubli quelques mois aprĂšs leur succĂšs.

Alice Joie


Sources : 

L’impact de YouTube sur le paysage audiovisuel français

En janvier 2023, YouTube a mis Ă  jour ses rĂšgles afin de dĂ©monĂ©tiser les vidĂ©os contenant des injures. La rĂšgle Ă©tant rĂ©troactive, de nombreuses vidĂ©os – en particulier du gaming – furent dĂ©monĂ©tisĂ©s, privant les crĂ©ateurs d’une part de leurs revenus. Suite Ă  la rĂ©action virulente de la communautĂ©, YouTube a promis de revoir cette nouvelle rĂšgle. De telles rĂ©gulations font penser que YouTube veut devenir plus accessible, plus grand public, quitte Ă  se rapprocher du format de la tĂ©lĂ©, qu’on a pourtant considĂ©rĂ© pendant longtemps comme Ă©tant son  rival. Alors que les contenus sur YouTube Ă©taient Ă  l’origine infĂ©rieurs en termes de qualitĂ© de production, faute de moyens, les YouTubeurs ont changĂ© et produisent des contenus d’une qualitĂ© Ă©gale ou supĂ©rieure Ă  la tĂ©lĂ©vision. On voit mĂȘme l’apparition sur la plateforme de formats vidĂ©os qui rappellent la tĂ©lĂ©vision, comme la sĂ©rie “Qui est l’imposteur ?” du YouTubeur numĂ©ro 1 en France, Squeezie. Ce dernier est Ă©galement Ă  l’origine du GP Explorer, un tournoi de Formule 4, qui a atteint 1 million de spectateurs en direct sur Twitch, le record pour une chaĂźne Twitch française. Enfin, certains YouTubeurs comme McFly et Carlito ont rĂ©alisĂ© une vidĂ©o avec le PrĂ©sident de la RĂ©publique Emmanuel Macron, ce qui tĂ©moigne d’une reconnaissance du mĂ©tier de YouTubeur, et surtout, de l’impact de la plateforme sur l’opinion publique. 

Un des plus importants impacts de YouTube sur le paysage audiovisuel français est que la plateforme est bien plus intĂ©ressante que la tĂ©lĂ©vision en termes de publicitĂ© : communiquer en digital est moins coĂ»teux qu’une publicitĂ© sur la tĂ©lĂ©vision linĂ©aire, alors mĂȘme que cela permet d’avoir de nombreux KPI sur les audiences, lĂ  oĂč la tĂ©lĂ©vision linĂ©aire est beaucoup moins prĂ©cise. En plus, il est possible de cibler bien plus prĂ©cisĂ©ment ses audiences, en fonction de critĂšres d’ñges, goĂ»ts, localisation. De telles fonctionnalitĂ©s ont rĂ©duit l’intĂ©rĂȘt des campagnes traditionnelles au profit des campagnes digitales, du moins pour une partie du marchĂ©.

Une entreprise gaming, Epic Games, menant sa campagne de communication sur YouTube

De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, Youtube a eu un impact significatif sur le paysage audiovisuel français, en partie car il a permis aux crĂ©ateurs de contenu de diffuser leur travail directement auprĂšs d’un public mondial, sans barriĂšre de compĂ©tence ou de revenus. Cela a conduit Ă  une augmentation de la diversitĂ© des voix et des perspectives dans la production de contenu en France, ainsi qu’à un dĂ©veloppement de nouveaux talents et de nouveaux formats de contenu. S’ils n’ont pas Ă©tĂ© reconnus immĂ©diatement, les contenus sur YouTube ont progressivement montĂ© en qualitĂ©, notamment grĂące aux revenus croissants des YouTubeurs ou Ă  des fonds d’aide tels que le fonds CNC Talent, créé en 2017, et ayant pour but de soutenir la crĂ©ation française sur les plateformes de vidĂ©o gratuites telles que YouTube ou TikTok.

Une autre consĂ©quence importante de l’apparition de YouTube est que la plateforme a permis Ă  des genres sous-reprĂ©sentĂ©s ou pas reprĂ©sentĂ©s du tout Ă  la tĂ©lĂ©vision de trouver un canal de distribution. C’est notamment le cas du gaming, qui est trĂšs reprĂ©sentĂ© sur YouTube, avec des formats originaux tels que les Let’s Play, format de vidĂ©o dans lequel le vidĂ©aste s’enregistre en train de jouer au jeu. Encore maintenant, 2 sur 5 des top chaĂźnes sont des chaĂźnes gaming.

En plus de mettre de nouveaux formats Ă  l’honneur, YouTube a permis l’apparition de nouveaux types de contenus : les vlogs, les tutoriels, les lives, les podcasts, etc. C’est aussi les vidĂ©os tutoriels et DIY qui sont apparues, pour rendre service au quotidien. Enfin, l’ASMR est apparu. YouTube a vu la naissance de nombreux autres formats qui ont Ă©voluĂ© au fil du temps, et qui continuent d’évoluer, permettant aux crĂ©ateurs de la plateforme d’expĂ©rimenter et d’innover.

Les crĂ©ateurs de la plateforme : YouTube a donnĂ© la possibilitĂ© Ă  de nombreux talents de se faire connaĂźtre et de se dĂ©velopper, tels que des humoristes ou des sportifs, des joueurs, et mĂȘme des chanteurs, qui ont d’abord Ă©tĂ© connus sur YouTube, par exemple Justin Bieber. 

Cependant, ce nouveau mĂ©dia a conduit Ă  des prĂ©occupations liĂ©es Ă  la rĂ©munĂ©ration des crĂ©ateurs de contenu et Ă  la protection des droits d’auteur. YouTube gĂšre la protection de la propriĂ©tĂ© intellectuelle (PI) grĂące Ă  un systĂšme appelĂ© Content ID. Content ID est une technologie d’empreintes numĂ©riques qui permet aux dĂ©tenteurs de droits d’auteur d’identifier et de gĂ©rer leur contenu sur la plateforme. Lorsqu’une vidĂ©o est tĂ©lĂ©chargĂ©e sur YouTube, le systĂšme la compare Ă  une base de donnĂ©es de contenus protĂ©gĂ©s par des droits d’auteur pour voir s’il y a une correspondance. Si une correspondance est trouvĂ©e, le dĂ©tenteur du droit d’auteur a la possibilitĂ© de bloquer la vidĂ©o, de la monĂ©tiser en diffusant des publicitĂ©s ou de suivre ses statistiques.

Content ID n’est disponible que pour les dĂ©tenteurs de droits d’auteur qui rĂ©pondent Ă  certains critĂšres et s’inscrivent au programme, et n’est pas accessible aux crĂ©ateurs de contenu individuels. Cette situation a suscitĂ© des critiques selon lesquelles le systĂšme est trop restrictif et ne protĂšge pas suffisamment les droits des crĂ©ateurs de contenu. YouTube a Ă©galement Ă©tĂ© critiquĂ© pour ne pas avoir Ă©tĂ© suffisamment transparent sur le fonctionnement de Content ID et pour ne pas avoir fourni aux crĂ©ateurs une procĂ©dure d’appel lorsque leur contenu est signalĂ© ou retirĂ©.

Outre Content ID, YouTube a mis en place un certain nombre d’autres mesures pour protĂ©ger les droits de propriĂ©tĂ© intellectuelle, telles que la possibilitĂ© pour les dĂ©tenteurs de droits d’auteur de dĂ©poser une plainte directement sur la plateforme et la possibilitĂ© pour les crĂ©ateurs de contester les revendications de droits d’auteur.

De plus, le systĂšme de Content ID de YouTube n’est pas parfait et de nombreux crĂ©ateurs se sont plaints de faux positifs et d’erreurs dans le systĂšme. YouTube s’efforce constamment d’amĂ©liorer le systĂšme, mais Ă  l’heure actuelle la solution n’est pas tout Ă  fait au point.

Pour toutes les raisons susmentionnées, on a vu que YouTube a profondément affecté le paysage audiovisuel français.

Gaspard M-L

Un aperçu de Bluesky, le réseau social décentralisé dirigé par Jack Dorsey, fondateur de Twitter.

Bluesky est une initiative Ă  but non lucratif crĂ©e en 2019 et en phase de recherche depuis 2022. Ce projet a Ă©tĂ© créé et financĂ© par sa sociĂ©tĂ© mĂšre, Twitter. Suivant l’annonce de son lancement le 18 octobre 2022, plus de 30 000 inscriptions ont Ă©tĂ© enregistrĂ©es dans les 48 heures. Les utilisateurs peuvent encore s’inscrire Ă  l’application beta avant que la plateforme ne soit disponible publiquement.

Mais alors, pour quelles raisons Bluesky suscite-t-il un tel intĂ©rĂȘt ? Est-elle une alternative Ă  Twitter ou Ă  toute autre plateforme de rĂ©seaux sociaux ?

Logo de Bluesky

Bluesky, un protocole de réseaux sociaux

Jack Dorsey, le fondateur de Twitter et dĂ©sormais de Bluesky, souhaite proposer un systĂšme de rĂ©seau social ouvert et dĂ©centralisĂ©. En clair, il vise Ă  interconnecter les plateformes de rĂ©seaux sociaux actuelles et Ă  venir. Ce nouveau protocole permet aux utilisateurs de se connecter aux diffĂ©rentes plateformes de leur choix, via un identifiant global. Cela signifie que chaque utilisateur de Facebook, Instagram ou Twitter, sera en mesure d’interagir avec tous les autres utilisateurs de la plateforme.

Bluesky est construit avec un logiciel open source, ce qui signifie qu’aucune entreprise n’en sera propriĂ©taire. Ainsi, chacun pourra dĂ©velopper son propre rĂ©seau avec ses propres rĂšgles de modĂ©ration et son propre algorithme.

La dĂ©centralisation, le cƓur du projet

Le cƓur de la vision de Bluesky rĂ©side dans l’idĂ©e que les utilisateurs doivent avoir le contrĂŽle sur les algorithmes. Pour ce faire, en mai 2022, la sociĂ©tĂ© a dĂ©voilĂ© son premier protocole, l’Authenticated Data Experiment ou ADX, rebaptisĂ© depuis en Authenticated Transfer Protocol ou AT Protocol. En rĂ©sumĂ©, cette technologie veut offrir Ă  ses utilisateurs une portabilitĂ© de leurs comptes, le choix dans les algorithmes et l’interopĂ©rabilitĂ© entre diffĂ©rents rĂ©seaux sociaux.

Le contrĂŽle est le moteur du discours de Bluesky et un bon moyen de le distinguer des rĂ©seaux sociaux actuels. Le projet permettra Ă  un utilisateur de gĂ©rer ses donnĂ©es et de les stocker oĂč il le souhaite : « L’identitĂ© en ligne d’une personne ne devrait pas ĂȘtre dĂ©tenue par des sociĂ©tĂ©s qui n’ont aucune responsabilitĂ© envers leurs utilisateurs. Avec le protocole AT, vous pouvez dĂ©placer votre compte d’un fournisseur Ă  un autre sans perdre aucune de vos donnĂ©es », expliquent les fondateurs du projet.

Un CEO venant de l’univers blockchain

Le 16 aoĂ»t 2021, le projet prend une nouvelle tournure avec l’arrivĂ©e Ă  sa tĂȘte de Jay Graber, anciennement dĂ©veloppeur de Zcash, une crypto-monnaie dĂ©centralisĂ©e et open source offrant confidentialitĂ© et sĂ©curitĂ© Ă  ses dĂ©tenteurs.

Jay Graber publiera cette nouvelle sur Twitter : « Je suis heureuse d’annoncer que je vais diriger Bluesky, une initiative lancĂ©e par Twitter pour dĂ©centraliser les rĂ©seaux sociaux. Ma prochaine tĂąche sera d’embaucher pour complĂ©ter l’équipe Bluesky. Je suis impatiente d’établir un partenariat Ă©troit avec Twitter et d’autres entreprises, alors que nous nous lançons dans cette aventure. »

Compte Twitter de Jay Graber @arcalinea

Dans quel contexte est-il né ?

Phase 1 : l’idĂ©e – 11 fĂ©vrier 2020

Le projet Bluesky a dĂ©marrĂ© par un tweet de Jack Dorsey annonçant l’intention de Twitter de financer le dĂ©veloppement d’un protocole ouvert pour les rĂ©seaux sociaux dĂ©centralisĂ©s. Par la suite, Twitter a rĂ©uni une douzaine d’utilisateurs dans un salon de discussion Matrix, et ce fut le dĂ©but des premiĂšres discussions sur ce que devait ĂȘtre Bluesky.

Phase 2 : questions Ă  la communautĂ© – milieu d’annĂ©e 2020

En 2020, Twitter a lancĂ© une demande de proposition aux groupes communautaires. Plusieurs utilisateurs ont rĂ©digĂ© des propositions techniques sur la façon dont un nouveau protocole social dĂ©centralisĂ© pourrait fonctionner, soit en s’appuyant sur des protocoles existants, soit en le construisant. Jack Dorsey, prĂ©voit alors d’engager une Ă©quipe de 5 codeurs pour construire la plateforme tout en crĂ©ant des algorithmes qui sĂ©lectionneront le contenu proposĂ© aux utilisateurs.

Phase 3 : la critique de la centralisation des rĂ©seaux sociaux – dĂ©but 2021

Le 9 janvier 2021, trois jours aprĂšs les Ă©meutes du Capitole orchestrĂ©es par des militants pro-Trump, Twitter a dĂ©cidĂ© de bannir le compte du prĂ©sident amĂ©ricain. Cela a entrainĂ© de lourdes critiques quant Ă  sa forte centralisation et l’opinion publique s’est alors interrogĂ©e sur la lĂ©gitimitĂ© des rĂ©seaux sociaux Ă  censurer des personnalitĂ©s.

Phase 4 : la crĂ©ation de la sociĂ©tĂ© – fin 2021

Le 13 avril 2021, Bluesky est financĂ©e Ă  hauteur de 13 millions de dollars par Twitter, sans condition ni engagement, si ce n’est celui de poursuivre les recherches. Selon Jack Dorsey : « Twitter finance une petite Ă©quipe indĂ©pendante composĂ©e d’un maximum de cinq architectes, ingĂ©nieurs et concepteurs de logiciels libres afin de dĂ©velopper une norme ouverte et dĂ©centralisĂ©e pour les mĂ©dias sociaux. L’objectif est que Twitter devienne Ă  terme un client de cette norme. »

Compte Twitter de Bluesky le 25 avril 2022

Le 4 octobre 2021, la sociĂ©tĂ© Bluesky PBLLC est créé. Parmi les membres du conseil d’administration figurent Jack Dorsey, fondateur de Twitter, Jeremie Miller, inventeur de Jabber/XMPP, et Jay Graber, PDG de la sociĂ©tĂ© Bluesky.

Quel type de modération pour un protocole open source ?

Alors que la plateforme sera dĂ©centralisĂ©e, Bluesky souligne qu’il n’est pas possible d’avoir un rĂ©seau social utilisable sans modĂ©ration et a ainsi l’intention d’ajouter une couche nommĂ©e « Reach », dĂ©cidant de mettre en avant ou non un contenu.

Compte Twitter de Bluesky le 4 mai 2022

Ces algorithmes seraient prĂ©programmĂ©s pour Ă©loigner les utilisateurs des contenus polarisants et pour masquer tout contenu considĂ©rĂ© comme un discours de haine. Ainsi, la charge de la modĂ©ration du contenu ne serait plus assumĂ©e par les plateformes de rĂ©seaux sociaux elles-mĂȘmes mais par le programme. Bluesky a Ă©galement soulignĂ© que les fournisseurs d’hĂ©bergement seront toujours lĂ©galement tenus de retirer le contenu illĂ©gal conformĂ©ment Ă  leurs lois locales.

Quel avenir pour les réseaux sociaux ?

Une autre rĂ©seau social appelĂ© Mastodon créé en 2016, profite du rachat de Twitter pour attirer de nouveaux utilisateurs. Ce rĂ©seau social prend le modĂšle de Twitter oĂč l’on poste des messages de 500 caractĂšres appelĂ©s des « Pouets ». Selon le fondateur Eugen Rochko, Mastodon sĂ©duit car « il est dĂ©centralisĂ© et open source, il ne peut pas ĂȘtre vendu et ne fera pas faillite. Il respecte votre vie privĂ©e et donne le contrĂŽle du rĂ©seau aux personnes. C’est un produit au-dessus d’un protocole, comme Twitter aurait dĂ» l’ĂȘtre ». Depuis le 27 octobre, date de confirmation du rachat de Twitter par Elon Musk, Mastodon compte 3 millions d’utilisateurs.

À mesure que la technologie Ă©volue et que la transition s’effectue des applications dites Web2 (l’internet centralisĂ© tel que nous le connaissons aujourd’hui) aux applications Web3 (un internet dĂ©centralisĂ©), les plateformes dĂ©centralisĂ©es deviendront probablement la norme.

En se concentrant sur l’intĂ©ropĂ©rabilitĂ©, la portabilitĂ© et la gestion algorithmique, Bluesky explore un nouvel environnement dans l’histoire des rĂ©seaux sociaux. Que ce soit pour s’assurer du droit Ă  la libertĂ© d’expression de chacun, ou pour Ă©viter de rĂ©itĂ©rer la question sur la lĂ©gitimitĂ© des rĂ©seaux sociaux Ă  censurer, un acteur dĂ©centralisĂ© tel que Bluesky est en mesure de rĂ©pondre Ă  un vĂ©ritable besoin.

Alina Viatkina

Sources :

https://medium.com/bitcoin-news-today-gambling-news/twitter-bluesky-what-is-bluesky-social-media-78d6624ea07a

https://www.theverge.com/2021/8/16/22627435/twitter-bluesky-lead-jay-graber-decentralized-social-web

https://www.nasdaq.com/articles/is-bluesky-the-ultimate-solution-for-social-media-platforms

https://blueskyweb.org/blog/2-7-2022-overview

https://cointelegraph.com/news/decentralized-twitter-bluesky-releases-code-outlines-content-moderation

https://journalducoin.com/ethereum/le-prochain-twitter-killer-naitra-t-il-sur-ethereum/

Liens hypertextes :

  1. https://blueskyweb.xyz/blog/10-18-2022-the-at-protocol
  2. https://atproto.com/
  3. https://www.cnbc.com/2021/08/16/twitter-funded-bluesky-names-jay-graber-as-leader.html
  4. https://www.20minutes.fr/high-tech/2948775-20210109-trump-banni-twitter-reseaux-sociaux-legitimes-censurer-president-americain
  5. https://www.bizapedia.com/pro-search.aspx?id=b

Médias sociaux et changement climatique : meilleurs-ennemis ?

Le 15 mars 2019, plus d’un million d’étudiants se sont mobilisĂ©s dans le monde pour protester contre l’inaction politique face au changement climatique.  Comment cela a-t-il Ă©tĂ© possible ? Un hashtag #FridaysforFuture créé par la jeune militante Greta Thunberg devenu viral. Aujourd’hui c’est une communautĂ© qui rassemble 14 millions de jeunes pour interpeller les gouvernements afin qu’ils prennent des mesures consĂ©quentes pour limiter le rĂ©chauffement climatique Ă  2 degrĂ©s, comme Ă©tablis lors de l’Accord de Paris de 2015.

C’est le parfait exemple qui illustre le rĂŽle clĂ© que peuvent avoir les mĂ©dias sociaux dans la lutte contre le changement climatique et pourtant il ne s’agit lĂ  que de la face visible de l’iceberg. En effet, d’aprĂšs le Shift Project, le numĂ©rique serait responsable de 4% des Ă©missions de gaz Ă  effet de serre dans le monde. Et cela ne risque pas de s’amĂ©liorer au vu de la place croissante qu’occupe le numĂ©rique dans nos vies.

Alors les médias sociaux font-ils partie de la solution ou du problÚme ?

MĂ©dias sociaux : un puissant vecteur de diffusion de l’information

Quel est le constat ?

Les mĂ©dias sociaux connus pour abolir les frontiĂšres du temps et de l’espace, rĂ©unissent 58% de la population mondiale qui au quotidien partagent des idĂ©es et Ă©changent leurs points de vue. Une Ă©tude rĂ©alisĂ©e par MĂ©diamĂ©trie et le ministĂšre de la culture a rĂ©vĂ©lĂ© que les mĂ©dias sociaux sont le moyen le plus utilisĂ© pour s’informer chez les 15-34 ans. En effet, 71% l’utilisent quotidiennement. Les comitĂ©s scientifiques, les associations ainsi que d’autres acteurs impliquĂ©s pour l’environnement l’ont compris et s’en servent dĂ©sormais comme canal de communication pour sensibiliser la population et changer les mentalitĂ©s.

Cela prend de l’ampleur au vu des nombreuses trends Ă©cologiques qui se dĂ©veloppent mĂȘlant sensibilisation et action. Nous pouvons par exemple citer l’explosion de la visibilitĂ© du film Blue Planet II de David Attenborough grĂące Ă  Twitter , l’organisation des Clean Walk ou encore les campagnes de rĂ©colte de fond comme celle de MR Beast’s pour planter 20 millions d’arbres (#teamtrees).

Cependant, des Ă©tudes dĂ©montrent qu’il y a une limite quant Ă  la visibilitĂ© de ce type de post. D’aprĂšs Hywel Williams, l’espace est polarisĂ© en deux groupes, « activistes et sceptiques ». Les individus communiquent alors avec des personnes avec qui ils s’identifient, phĂ©nomĂšne qualifiĂ© d’homophilie par McPherson. Dans cette mĂȘme communautĂ© les messages sont souvent positifs alors que lorsque des individus aux opinions divergentes Ă©changent le ton devient agressif. Cette agressivitĂ© peut freiner l’objectif principal de sensibiliser aux enjeux Ă©cologiques ceux qui ne le sont pas.

Et les influenceurs dans tout ça ?

Hyperconsommation, jet privĂ©, Dubaï :  vie de rĂȘve pour certains mais cauchemar pour la planĂšte. Leurs rĂŽles d’influence des communautĂ©s et des modes de vie est clĂ© dans la lutte contre le changement climatique. On observe alors une logique d’interpellation, humour ou commentaire de postes de marque, qui a pour but de sensibiliser sur l’impact nĂ©gatif de posts Ă  plusieurs milliers de like. On peut citer par exemple BonPote qui a fait supprimer une vidĂ©o de FastGoodCuisine « livrer un mcdo en jet privĂ©.

Ou encore ce post rĂ©alisĂ© par le master dĂ©veloppement durable de Dauphine  afin de dĂ©noncer la promotion d’un mode de vie dĂ©risoire en pĂ©riode d’urgence climatique.

D’autres influenceurs ont compris que les rĂ©seaux sociaux sont une arme redoutable pour faire changer les mentalitĂ©s et s’en servent pour informer, faire passer des messages et mobiliser. Pour cela je vous invite Ă  lire cet article qui cite ces «influenceurs Ă©colos ».

https://bonpote.com/les-comptes-instagram-a-suivre-sur-le-climat-et-lenvironnement/

Lutter contre la désinformation

En faisant face chaque jour Ă  tout type de contenu sur l’urgence climatique, il faut dĂ©velopper une certaine mĂ©fiance et vĂ©rifier les sources. Au vu du dĂ©bat que sollicite ce sujet tout le monde s’est dĂ©jĂ  retrouvĂ© face Ă  un contenu nĂ©gationniste, de lobbies, greenwahsing, propagande et mĂȘme fake-news.

Rapport du GIEC qualifiĂ© de « canulars » ou encore de nombreuses Ă©tudes que nous allons citer confirment ce phĂ©nomĂšne. Brandwatch dĂ©montre qu’en 2020 « le contenu sur le changement climatique qui a obtenu le plus d’engagements provient d’un site de conspiration connu appelĂ© Natural News ». Euronews a Ă©galement publiĂ© un rapport accusant l’algorithme du gĂ©ant YouTube de faire apparaĂźtre du contenu nĂ©gationniste. Avec 21 % des pages de rĂ©sultats de la recherche par mot clĂ© « changement climatique » Ă©tant des informations fausses qui nient la contribution du CO2 au changement climatique.  Cependant les fakes news sur les rĂ©seaux sociaux sont parfois difficiles Ă  cerner de part la quantitĂ© de contenu humoristique.

Miller l’a thĂ©orisé : les messages sur le climat sont souvent porteurs de mauvaises nouvelles donc pour certains, les histoires de fake news sont plus faciles Ă  accepter que la vraie histoire. 😉

Du virtuel au rĂ©el : l’impact de l’usage des mĂ©dias sociaux sur l’environnement

L’enfer numĂ©rique : Voyage au bout d’un Like par Guillaume Pitron illustre l’impact de l’usage du numĂ©rique sur l’environnement. Les fonctionnalitĂ©s (like,share,comment), dĂ©veloppĂ©es par les rĂ©seaux sociaux pour capter en permanence notre attention et gĂ©nĂ©rer des donnĂ©es sur les individus ont un coĂ»t rĂ©el.  Un like passerait par environ 7 couches physiques, comme les cĂąbles terrestres et sous-marins avant d’ĂȘtre reçu.

Tout est dĂ©matĂ©rialisĂ© mais la pollution elle est bien prĂ©sente. Une Ă©tude de Greenspector affirme que par an notre utilisations des rĂ©seaux sociaux reviendrait Ă  102 kgEqCO2 Ă  l’annĂ©e, soit l’équivalent de 914 km en voiture. De plus, le stockage de nos donnĂ©es dans des data center consomme certes en Ă©lectricitĂ©, comme Greenpeace l’a montrĂ© notamment en fonction des sources d’énergies qui alimentent les serveurs, mais surtout en eau douce pour les refroidir.

Voyons alors comment se placent les médias sociaux.

Pour les data centers : Youtube, Facebook et Instagram sont les plus écolos car alimentés à environ 60% par les énergies renouvelables contrairement à Linkedin et Twitter qui en utilisent 10%.

D’aprĂšs Greenspector TikTok est considĂ©rĂ© comme le rĂ©seau social le plus polluant avec juste derriĂšre Reddit et Pinterest.

L’essentiel des Ă©missions liĂ© Ă  l’usage du numĂ©rique est dĂ» au streaming vidĂ©o qui reprĂ©sente Ă  lui seul 60 % des flux de donnĂ©es sur internet notamment par le poids des fichiers. De plus, les rĂ©seaux sociaux et leur modĂšle Ă©conomique fondĂ© sur la captation de l’attention y contribue aussi grandement. Le fil d’actualitĂ© Tiktok par exemple, en dĂ©clenchant directement une vidĂ©o a impact carbone de 7,4 fois plus important que celui de Youtube qui ne propose qu’un apperçu.

Comment s’engagent alors les mĂ©dias sociaux ? Comment agir ?

On peut certes recommander un usage responsable des mĂ©dias sociaux (regarder une vidĂ©o un niveau de qualitĂ© en dessous, rĂ©sister Ă  l’envie d’engagement de tous les pop-up auxquels on est confrontĂ©s ou encore se connecter le plus possible en wifi plutĂŽt qu’en 4G) mais qu’est-ce qui garantit que les mĂ©dias sociaux s’engagent Ă  leur tour pour rĂ©duire leurs Ă©missions ?

Si nous nous rendons sur le site web de la plateforme TikTok et du groupe Metaverse la diffĂ©rence dans leur rapport Ă  l’environnement est frappante.

Pour TikTok 


tiktok.com

L’unique article en lien avec l’environnement est celui sur le contenu de leurs utilisateurs lors du EarthDay de 2022 mais rien sur leu engagement en interne.

tiktok.com

Le groupe Metaverse (Facebook, Instagram, Messenger, Whatsapp..) a un site dĂ©diĂ© Ă  ses engagements. Il affirme avoir insĂ©rĂ© des nouvelles fonctionnalitĂ©s pour sensibiliser au changement climatique grĂące Ă  son climate science information center ou encore investi dans plus d’un millions d’euros dans un programme de fact checking pour lutter contre la dĂ©sinformation. De plus le groupe s’engage Ă  ĂȘtre « water positive » d’ici 2030 et continue Ă©galement d’innover pour rendre les data centers plus durables.

sustainability.fb.com

De plus le groupe Google et donc Youtube était en avance en étant neutre en carbone depuis 2007 avec des mécanismes de compensation carbone.

Cependant rien ne semble concerner les fonctionnalitĂ©s elles-mĂȘmes des diffĂ©rentes plateformes qui poussent Ă  la consommation de contenu. Oui, il est possible d’intĂ©grer l’aspect environnemental dĂšs la phase de conception de ces services numĂ©riques. Beaucoup d’ingĂ©nieurs affirment qu’allĂ©ger le code informatique est faisable pour que l’impact des sites soit rĂ©duit mais les plateformes ne semblent pas souhaiter s’engager sur ce trĂšs gros chantier. Il serait Ă©galement possible d’intĂ©grer certaines rĂšgles d’éco-conception comme dans ce rapport publiĂ© par notamment l’Ademe et Green IT , mĂȘme de façon facultative en option pour les utilisateurs qui le souhaitent.


Il existe donc un fort lien entre mĂ©dias sociaux et lutte contre le rĂ©chauffement climatique. Ils reprĂ©sentent en effet un moyen efficace de sensibiliser les individus Ă  ce sujet mais leur modĂšle Ă©conomique basĂ© sur la captation de l’attention contribue nĂ©gativement Ă  leur impact environnemental. Un usage du numĂ©rique responsable (mais qui ne s’est jamais perdu des heures sur les fils d’actualitĂ©s interminables ?) ainsi qu’un engagement en interne des plateformes permettrait de rĂ©duire considĂ©rablement l’empreinte carbone des mĂ©dias sociaux.

Nina-Lou Fresnil – Master Siren


 Sources supplémentaires

https://www.cairn.info/revue-reseaux-2009-5-page-157.htm

https://accept.aseanenergy.org/the-power-of-social-media-to-fight-climate-change/

https://www.euronews.com/my-europe/2020/01/16/youtube-algorithms-are-promoting-climate-denial-videos-to-millions-new-report

https://www.mdpi.com/2225-1154/7/10/122/htm

https://medium.com/swlh/can-social-media-save-our-planet-from-climate-change-b3b1e81f64f7

https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0959378015000369?via%3Dihub

https://www.theguardian.com/environment/2021/mar/21/climate-fight-is-undermined-by-social-medias-toxic-reports

https://www.nrdc.org/stories/climate-misinformation-social-media-undermining-climate-action

https://www.franceculture.fr/emissions/les-enjeux-des-reseaux-sociaux/changement-climatique-les-reseaux-sociaux-font-ils-partie-de-la-solution-ou-du-probleme

https://www.linfodurable.fr/technomedias/quels-sont-les-reseaux-sociaux-les-plus-polluants-31783#:~:text=La%20fameuse%20application%20de%20vid%C3%A9o,%2C30%20g%20EqCO2%2Fmin.

https://www.bbc.com/future/article/20200305-why-your-internet-habits-are-not-as-clean-as-you-think

https://screenrant.com/social-media-climate-change-website-calculates-carbon-emissions/

https://www.euronews.com/green/2021/05/24/scrolling-doesn-t-just-waste-your-energy-it-wastes-the-planet-s-too

https://www.globalcitizen.org/fr/content/social-media-emissions-carbon-footprint/

https://www.socialmediatoday.com/news/facebook-announces-new-initiatives-to-raise-awareness-of-climate-change-an/606738/