La réglementation des influenceurs, quel état des lieux ?

Au cours des dernières années, le nombre de plaintes et accusations d’escroquerie s’est multiplié, devenant ainsi un problème majeur pour les réseaux sociaux.

Les arnaques et escroqueries mises en place par certains influenceurs sont devenues monnaie courante, mettant en danger les utilisateurs des réseaux sociaux et obligeant les plateformes à trouver des moyens pour limiter ces pratiques frauduleuses et protéger leurs utilisateurs. La Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes s’est exprimée sur le sujet dans un communiqué fin 2021, confirmant l’augmentation inquiétante des pratiques commerciales trompeuses en ligne, en grande partie de la part d’influenceurs.

« Plusieurs dossiers traités récemment par la DGCCRF confirment la montée inquiétante des pratiques commerciales trompeuses en ligne dans le domaine des services financiers, notamment de la part d’influenceurs. »

Un nouveau terme, les « Influvoleurs », a même été créé pour dénoncer les influenceurs qui ont promu les investissements dans des produits financiers, souvent de manière irresponsable, incitant leurs abonnés à prendre des décisions financières risquées basées sur des recommandations peu scrupuleuses.

Alors que le métier d’influenceur continue de se développer et d’attirer de plus en plus de jeunes, le manque de contrôle et d’encadrement se fait de plus en plus ressentir. Bien que le marketing d’influence soit en grande partie autorégulé, il y a un besoin croissant de réglementation par des autorités compétentes.

C’est dans ce contexte que Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances, a présenté le 24 mars 2023 une nouvelle réglementation visant à encadrer les plateformes et les influenceurs. Mais dans quel cadre de réglementation sur les acteurs du marketing d’influence cette proposition s’ajoute ?

Quelles dispositions sont déjà existantes ?

Si le marketing d’influence n’est pas encadré par des codes spécifiques, il n’en reste pas moins encadré par des dispositions plus larges. 

La Chambre de Commerce Internationale, présente depuis 1937, révise régulièrement ses articles pour une meilleure identification des contenus commerciaux, et sur toute question traitant des influenceurs et des algorithmes. Ces décisions vont influencer les structures nationales d’autorégulation de la publicité, telles que l’Autorité de Régulation Professionnelle de la Publicité (ARPP) en France ou encore la Federal Trade Commission (FTC) aux États-Unis, qui est chargée de surveiller le droit de la concurrence déloyale et le droit de la consommation depuis 1914. En Italie, c’est l’Institut d’Autodiscipline Publicitaire italien (IAP) qui est en charge de ces questions. Les décisions prises par la Chambre de Commerce Internationale permettent ainsi d’obtenir une certaine unité dans le contrôle de ces acteurs.

En Europe, la directive 2005/29/CE sur les pratiques commerciales déloyales des entreprises s’adresse également aux influenceurs. Ces derniers doivent désormais spécifier si leur publication présente un caractère promotionnel, permettant ainsi une meilleure transparence envers les consommateurs.

Quel contrôle est mis en place ?

Un certain nombre d’autorités sont également déployées pour contrôler le respect des décisions.

En France, de nombreuses autorités administratives indépendantes (AAI) mais également des autorités extrajudiciaires comme la DGCCRF (qui dépend du ministre de l’Economie) veillent au respect du droit de la consommation. Celles-ci ont permis d’établir plusieurs constats, comme celui fait depuis 2021 sur 60 influenceurs ayant un nombre significatif d’abonnées ou ayant fait l’objet de signalement, qui montre que 60% des créateurs de contenus ne respectent pas la réglementation en vigueur. En faisant notamment la promotion de produits et/ou services risqués ou encore étant accusés de tromperie sur les propriétés des produits vendus. Les enquêtes ont conduits à des avertissements et des transmission de procès-verbaux d’infraction au procureur de la République, mais ces autorités administratives n’ont pas de moyen direct de sanctionner.  L’Autorité de Régulation Professionnelle de la Publicité (ARPP), association indépendante des pouvoirs publics, elle aussi sensibilise, émets des rapports sur la publicité déguisée, et définit des plans d’action pour favoriser les bonnes pratiques, notamment avec la mise en place de deux plateformes spécialisées pour détecter les cas litigieux. 

La proposition de loi par Bruno Le Maire, en consultation avec différents acteurs, dont l’ARPP a pour but de protéger davantage l’exposition des jeunes, car l’appropriation des règles par les plateformes et les influenceurs en activité dessus est encore insuffisante. De nombreuses interdictions y sont ajoutées, tel que celles de la promotion de la crypto monnaie et de la chirurgie esthétique mais également des obligations, comme celle de mentionner l’utilisation de filtres sur la base de la réglementation des photographies publicitaires, avec la mention obligatoire si la photo a été retouchée. Une brigade de l’influence commerciale sera également créée au sein de la Répression des Fraudes afin d’assurer un meilleur suivi des activités. Pour autant, protéger les influenceurs et les accompagner pour qu’ils ne soient pas victimes de partenariats frauduleux n’est pas écarté de la proposition avec la volonté de mettre en place un meilleur accompagnement. La protection des influenceurs mineurs, et plus spécialement de ceux de moins de 16 ans, est étudiée avec la création d’un agrément obligatoire auprès des services de l’État. 

Une question à intérêt international

La France n’est pas le seul pays à prendre ses dispositions. Le Royaume Uni développe son cadre réglementaire pour les plateformes numériques au sein de l’Autorité de la Concurrence (CMA), publiées en fin 2020. 

D’autres pays étendent le champ des pratiques considérées comme commerciales, ainsi dans le cas d’un compte associé à de la chirurgie esthétique un « like » a été considéré par la FTC à caractère promotionnel. 

La cour de Berlin, elle, a émis l’hypothèse de considérer directement les post d’influenceurs en tant que publicités pour éviter toute confusion, voulant ainsi appliquer aux influenceurs la présomption de commercialité. Certains pays comme la Belgique, a contrario, se basent uniquement sur la présence d’une contrepartie monétaire pour déterminer si une publication est commerciale ou non, sans prendre en compte le contenu du post.

Il est intéressant de noter que les mesures prises par la France servent également d’exemple à d’autres pays à l’international. C’est le cas de l’Inde qui suit exemple de la France en créant Advertising Standards Council of India (ASCI), qui permet la mise en place d’une surveillance automatique pour relever les dérives sur les réseaux sociaux. On note ainsi que les dispositions prises par chaque pays ont une influence sur les autres pays à l’échelle mondiale, témoignant de l’intérêt international croissant pour la régulation des activités des influenceurs sur les réseaux sociaux.

Quel futur pour la réglementation ?

Même si aujourd’hui il n’existe pas de règlementation européenne sur le marketing d’influence, nous ne sommes pas en présence d’un vide juridique pour autant. Les autorités nationales ont su s’adapter et transposer des dispositions législatives spécifiques à certains secteurs. Des projets européens sont également en cours de préparation afin d’harmoniser la réglementation entre les pays tels que le Digital Service Act qui va faire peser une plus grande part de responsabilité sur les influenceurs par rapport au caractère non trompeur et légal du contenu qu’ils publient mais également sur les plateformes, qui devront mettre en place des moyens facilités et plus efficaces de signalements.

Si le marketing d’audience a toujours été compliqué à contrôler, c’est une thématique de plus en plus importante, notamment avec l’intérêt grandissant pour le marketing d’influence visible par la hausse conséquente des post sponsorisés sur les réseaux sociaux. Désormais le marketing d’influence concerne tous les types d’influenceurs puisqu’il est également mis en œuvre par des influenceurs avec des audiences plus modestes, ce qui rend la surveillance plus complexe, dû au nombre d’acteurs plus important. Et cette dynamique n’est qu’au démarrage, avec la reconnaissance de ce nouveau métier et le développement des formations spécialisées et des écoles d’influenceurs.

Emma Levesque

Références :
[Vidéo] Influenceurs et créateurs de contenu : les mesures d’accompagnement et de protection. (s. d.). economie.gouv.fr. https://www.economie.gouv.fr/influenceur-createur-contenu-mesures-encadrement
 
DI MAGGIO Alexandra, « Contrôle des influenceurs aux frontières : petit tour d’horizon de quelques réglementations nationales », Légipresse, 2021/HS2 (N° 66), p. 64-80. DOI : 10.3917/legip.hs66.0064.  https://www.cairn.info/revue-legipresse-2021-HS2-page-64.htm
 
Marketing d’influence : 60 % des influenceurs ciblés par la DGCCRF en anomalie. (s. d.). economie.gouv.fr. https://www.economie.gouv.fr/dgccrf/marketing-dinfluence-60-des-influenceurs-cibles-par-la-dgccrf-en-anomalie
 
Les influenceurs : obligations et responsabilité en Europe. (2022, 7 novembre). https://www.europe-consommateurs.eu/achats-internet/les-influenceurs.html
 
Mansoura, S. (2023, 23 janvier). “Influvoleurs” : cinq questions sur les plaintes pour escroquerie déposées contre des influenceurs français. France Inter. https://www.radiofrance.fr/franceinter/influvoleurs-cinq-questions-sur-les-plaintes-pour-escroquerie-deposees-contre-des-influenceurs-francais-7190836

Apple privacy vs. mobile ad ecosystem

Apple’s ATT is « Privacy by default, abuse by design »

Thomas Hoppner / Philipp Westerhoff – Hausfeld Competition Bulletin, Spring 2021

            La mise à jour d’iOS14.5 introduit pour les détenteurs d’un iPhone : l’Apple Tracking Transparancy (ATT). Cette fonctionnalité est imposée aux développeurs qui veulent voir leur application téléchargeable au sein de l’Apple app store. L’ATT est la fenêtre qui s’ouvre lors de la première ouverture de n’importe laquelle de vos applications mobiles et qui vous demande de choisir :

Apple prompt. Source : Apple Inc.

Elle a, de ce fait, eu des conséquences sur l’écosystème publicitaire mobile en réduisant certaines possibilités de ciblage et d’analyse des campagnes, ce qui s’est traduit en premier lieu par une augmentation des coûts d’acquisition. C’est une mesure qui est d’un côté, saluée et de l’autre critiquée. En effet, la demande, soit les mobinautes et certains acteurs publics en sont contents dans la mesure où elle s’ancre dans une logique grandissante de protection des données personnelles, mais de l’autre côté de ce marché biface se trouvent les annonceurs publicitaires et développeurs qui estiment que la marque à la pomme fait preuve d’hypocrisie, se réservant la data pour ses propres usages. 

Apple possède 18% des parts sur le marché mobile qui est estimé à 5,31 milliards d’utilisateurs en 2022. Même si les systèmes Android sont largement dominant à l’échelle mondiale, les utilisateurs iPhone sont de précieux clients puisqu’ils ont tendance à dépenser plus d’argent (et sont en majorité sur le marché nord-américain). De plus, fin 2021, 89% des utilisateurs d’iPhone auraient fait la mise à jour système (ce chiffre a nécessairement augmenté). Nous sommes ainsi sur une base d’utilisateurs entre 800 millions et 1 milliard dont les données personnelles sont un élément structurant de business modèles basés sur la gratuité financée par la publicité ciblée. Ces derniers possèdent leur propre DSP, gestionnaire publicitaire de mise en relation entre annonceurs et mobinautes et selon certaines estimations auraient connu une perte de revenus total de 16 milliards de dollars. 

Il est difficile de faire un exposé précis et chiffré de l’impact de l’ATT sur ce marché puisqu’un grand nombre de causes peuvent venir perturber les enchères programmatiques, je vais tenter aujourd’hui d’en expliquer les raisons. 

L’impact technique de l’Apple Tracking Transparancy ?

Les utilisateurs d’iPhones pouvaient déjà avant cette mise à jour restreindre le traçage publicitaire de leurs applications téléchargées, ils avaient la possibilité d’activer le Limited Ad Tracking (LAT) dans les réglages. Le grand changement avec iOS 14.5 est qu’ils doivent se prononcer au premier lancement de chacune de leurs applications. Ainsi, si un usager accepte le traçage publicitaire, Apple communiquera au développeur de l’application un identifiant à usage publicitaire IDFA (identifier for advertisers). C’est une chaîne de caractère unique et anonymisée qui est assignée par Apple à votre terminal (nous pouvons la comparer à une version iOS du cookie tiers de Google qui va lui aussi bientôt disparaître). Concrètement, cet identifiant permet retracer le parcours d’un utilisateur, faisant des liens inter-applications ou inter-sites web, depuis son exposition à une publicité à son potentiel succès et ainsi permettre aux annonceurs de faire des analyses de KPI au sein de leur campagne. L’IDFA permet :

  • Le retargeting : pouvoir cibler les internautes qui ont déjà interagis avec un annonceur.
  • De mesurer les conversions et attribuer à un network les évènements recensés. 
  • De cibler d’audiences pertinentes avec contrôle de la fréquence d’exposition.

Ainsi posé, sans IDFA, la prévision, l’optimisation des coûts et budgets devient compliquée. Refuser le traçage publicitaire signifie que le développeur n’a à sa disposition que les données dites first-party. Apple met à disposition des développeurs, et ce sans demande de consentement, l’IDFV (identifier for vendors) qui lui permet de récolter les données des usages dans l’application. Cet identifiant est différent pour chaque application mais unique par développeur (Par exemple : il sera le même pour Facebook et Instagram tous les deux possédés par Meta). Il y ainsi deux catégories d’utilisateurs, ceux qui ont accepté le traçage (opt-in) et ceux qui ont refusé (opt-out). 

Apple propose tout de même une API pour la remontée des données du nom de SKAdNetwork. Tant les ad network, les apps qui diffusent la pub que celles qui cherchent à se promouvoir doivent s’inscrire auprès d’Apple pour pouvoir utiliser le service. Ce dernier ne peut être aussi précis que posséder l’IDFA (puisqu’il était un lien direct entre l’app et son utilisateur) :  

  • Il ne fait pas la distinction entre les opt-in et opt-out (progressivement les annonceurs n’auront pas le choix que de passer par SKAN)
  • Le nombre de campagnes pouvant être lancé est limitée
  • Il n’y a aucune remontée en dessous d’un certain seuil et elles ne sont pas en temps réel (les premiers chiffres mettent 24 à 48h – le temps de perdre pas mal d’argent).

Cette mise à jour a donc provoqué des changements au sein de l’écosystème puisqu’il est plus difficile et moins rentable de tester ses formats publicitaires. Ceci complique l’optimisation des campagnes et implique une réduction des budgets annonceurs. En effet, les dépenses publicitaires pour les apps mobiles ont diminué de 5% en 2022, les grands perdants seraient Meta et Snapchat, mais il est difficile d’attribuer cette baisse uniquement à l’ATT.

Le prompt obligatoire n’est pas si efficace 

Le choix de l’utilisateur est une variable au sein de l’ATT et les taux d’attribution des IDFA ont augmenté depuis le printemps 2021 (la publicité est-elle l’ennemi?), les développeurs adaptent les messages affichés. Certaines projections étaient pessimistes, allaient chercher un taux d’opt-out de 98%, d’autres se positionnaient plus aux alentours des 50%. Cependant, ces taux sont différents en fonction :

  • des applications : les réseaux sociaux et notamment Facebook dont les polémiques liées à l’usage des données personnelles ont fait couler beaucoup d’encre ces dernières années accuse des taux d’opt-in les plus bas)
  • des pays (en décembre 2021 la France compte un taux d’opt-in à 55% là où les États-Unis sont à 37%). 

De plus, certaines applications trouvent des moyens pour contourner le système de l’ATT. Nous retrouvons des techniques de suivi de cohorte ou l’identification d’individus de manière probabiliste (technique de fingerprinting : des applications calculent et acceptent un identifiant dérivé de l’empreinte digitale en utilisant un code côté serveur). Nous pouvons penser aussi au studio français Voodoo qui a été condamné par la CNIL en fin d’année dernière pour avoir utilisé l’IDFV à des fins publicitaire ou l’annonce récente de Shopify qui s’allie à Google et Meta dans le cadre d’un partage de leurs données. 

Une conjoncture économique défavorable mais tout de même lucrative

La pandémie a également amené une certaine imprévisibilité dans les dépenses médias. De plus, le gain en popularité de Tiktok met également à mal ces réseaux puisqu’il vient prendre dans le budget marketing des annonceurs. Cependant, les réseaux sociaux mobiles continuent de croître en utilisateurs, ces nouveaux médias prennent leur parts dans les médias traditionnels ainsi que les médias numériques qui ne peuvent que difficilement rester indépendants face aux réglementations sur le respect de la vie privée. 

Toutes les prévisions annonçaient un impact important sur Facebook mais qui en même temps perd en DAU l’année dernière alors qu’il investit massivement dans les technologies liées au métavers. En effet, le manque à gagner de $10 milliard annoncé par le groupe est équivalent aux dépenses qu’il réalise. Cette année, eMarketer prévoit que les annonceurs américains dépenseront 58,11 milliards de dollars en publicités Facebook, soit une hausse de 15 % par rapport à l’année précédente, malgré les modifications apportées à iOS.

L’écosystème publicitaire, terrain de jeu pour les entreprises de la tech ?

Apple qui jusque lors était une entreprise spécialisée dans le hardware, opère – en même temps que la baisse progressive de ses ventes – sa transition vers une entreprises de software et avec son dispositif publicitaire Search Ads au sein de l’Apple Store, vers une part des budgets marketings, précisément gardés par Facebook. Les deux géants de la technologie auraient par ailleurs étés en pourparlers sur un accord de partage des revenus, il était mention d’une éventuelle version de Facebook sans publicité et par abonnement. Apple aurait ainsi considéré les revenus d’abonnements à Facebook comme un achat In-App qui lui aurait rapporté 30% de commission. Quelques temps après le non-aboutissement de ces négociations, Apple propose iOS14.5 et une campagne marketing qui met l’accent sur le respect de la vie privée de ses consommateurs. L’entreprise creuse ainsi son conflit existant avec la coalition d’éditeurs d’applications qui sont contre son pouvoir monopolistique.  

Ainsi, même si le suivi des utilisateurs individuels est plus difficile aujourd’hui, les changements renforcent le pouvoir de marché existant d’Apple (ou d’Amazon qui ne dépend aucunement de données tierces) ayant accès à de grandes quantités de données de première main et motivent un contre-mouvement n’allant pas nécessairement dans le sens du respect des données personnelles.

Alexandra Levigne.

Sources et pour aller plus loin : 

OECD (2013-12-16), “The App Economy”, OECD Digital Economy Papers, No. 230, OECD Publishing, Paris. http://dx.doi.org/10.1787/5k3ttftlv95k-en

APPLEYARD Bryan, « Facebook et Apple : la pomme de discorde », Books, 2021/4 (N° 116), p. 41-45. DOI : 10.3917/books.116.0041. URL : https://www-cairn-info.proxy.bu.dauphine.fr/magazine-books-2021-4-page-41.htm

Konrad Kollnig, Anastasia Shuba, Max Van Kleek, Reuben Binns, Nigel Shadbolt (06-2022), “Goodbye Tracking? Impact of iOS App Tracking Transparency and Privacy Labels". FAccT '22: 2022 ACM Conference on Fairness, Accountability, and TransparencyJune 2022 Pages 508–520https://doi.org/10.1145/3531146.3533116

Rapports sur les opt-in et opt-out : 
Tableau de bord interactif par Appsflyer (consultée le 17/01/23)
Carte interactive des IDFA par remerge (consultée le 24/01/23)
Prévisions des eMarketers (consulté le 24/01/23) 
Prévisions de Flurry (consulté le 24/01/23)
Prévisions par AdAge (consulté le 27/01/23

Prédictions des tendances mobile marketing 2023 par Appsflyer (consulté le 17/01/23)
Rapport par Lotame : IDFA impact on big tech (consulté le 24/01/23)

Condamnations de la CNIl : 
Apple : 
CNIL (04-01-2023), "Identifiant publicitaire : sanction de 8 millions d’euros à l’encontre de APPLE DISTRIBUTION INTERNATIONAL"
https://www.cnil.fr/fr/identifiant-publicitaire-sanction-de-8-millions-deuros-lencontre-de-apple-distribution-international (ouvert le 3 Janvier 2023)
Voodoo :
CNIL, (17-01-2023), "Jeux mobiles : la CNIL sanctionne VOODOO à hauteur de 3 millions d’euros"
https://www.cnil.fr/fr/jeux-mobiles-la-cnil-sanctionne-voodoo-hauteur-de-3-millions-deuros (ouvert le 24 Janvier 2023)

Shopify s’allie à Google et Meta : 
Claudia Cohen, (03-01-2023), "Publicité ciblée: Shopify s’allie avec Meta et Google"
https://www.lefigaro.fr/medias/publicite-ciblee-shopify-s-allie-avec-meta-et-google-20230103 (ouvert le 24 Janvier 2023)


Coalition app fairness et France Digitale : 
https://francedigitale.org/combat/france-digitale-rejoint-la-coalition-for-app-fairness/
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La nouvelle ère de la Télé ? Retour sur le phénomène FAST

Pluto TV, Roku, FreeVee, Freeview et d’autres pourraient révolutionner la TV

« Nous gardons donc un œil sur ce segment, c’est certain » : voici ce que Ted Sarandos, Co-CEO de Netflix pense du développement du géant américain sur le marché des FAST. Alors qu’Amazon, Comcast, Fox Corporation, Paramount et d’autres y sont déjà présents. Les FAST (Free Ad-Supported Television) représentent selon certains l’avenir de la télévision. Dans quelle mesure les audiences sont-elles prêtes à recevoir ce nouveau mode de diffusion ? Quel avenir dans la distribution des FAST ?

Un nouvel usage adapté à l’évolution de la consommation

D’après Bearing Point, le succès des plateformes de diffusion de contenus ne résiderait plus uniquement dans la qualité et l’exclusivité du contenu mais aussi dans la réflexion sur leur pricing et l’optimisation du fonctionnement des plateformes technologiques. Or, la tension actuelle sur le pouvoir d’achat des ménages pousse les consommateurs à réduire leur budget en loisir et divertissement, quitte à se passer des dernières sorties sur les plateformes.  C’est là qu’interviennent les FAST : Free Ad-Supported Television. Il s’agit de services de streaming gratuits permettant d’accéder à des contenus disponibles à la demande ou de manière linéaire, financés par la présence de publicité avant, pendant et après les contenus. Ce modèle serait apprécié par 71% des français, en particulier par les 18-34 ans.

Un triptyque : éditeur, plateforme, fabricants

Trois principaux types d’acteurs afférant aux contenus existent dans ce marché des FAST : des éditeurs de chaines, mobilisant ou acquérant un catalogue de contenus ainsi que des plateformes agrégeant différentes chaines et enfin les fabricants de device et notamment de télévisions connectées (CTV).

Certaines plateformes sont exclusives à un système (tel que Samsung TV+ sur les Smart TV Samsung), ou sont agnostiques et disponibles en OTT (Over-the-top), c’est le cas de Pluto TV par exemple.

Certains acteurs combinent aussi plusieurs rôles, éditant et distribuant via leur propre plateforme des chaines FAST.

Des performances rémunératrices

Ces audiences sont en pleine croissance, en 2022, l’exposition publicitaire a presque doublé

Entre ces acteurs réside une relation commerciale basée sur la publicité rémunérant les différents acteurs, celle-ci peut être opérée par des régies tierces ou directement par l’un des acteurs précédent. Plus cette publicité est ciblée et interactive, plus son CPM (coût pour mille) sera élevé : estimé entre $40 et $50 pour les FAST contre entre $10 et $25 pour une chaine du câble traditionnelle, ces revenus sont partagés entre éditeur, plateforme et distributeur selon différents modèles en fonction des acteurs.

Si les audiences des FAST sont en hausses depuis le lancement de Pluto TV en 2014, celles-ci sont mesurées pour l’instant par deux indicateurs clés : les HOV (hours of viewing) et l’exposition publicitaire (ad impressions, nombre de répétitions où une publicité s’affiche sur le digital). Ces méthodes de mesure de l’audience pourraient être amenées à évoluer puisqu’elles sont ciblées comme étant un champ d’amélioration du marché des FAST selon Mike Shields (consultant TVREV). Ce-dernier identifie aussi un manque de transparence des éditeurs et plateformes FAST sur la diffusion des publicités. Les marques ont en effet du mal à surveiller les programmes pendant lesquels leurs publicités sont diffusées, mettant alors à mal leur brand safety. Les annonceurs souhaiteraient donc une meilleure transparence, similaire à ce qu’ils peuvent observer en télévision. Toutefois, le niveau élevé du CPM des FAST étant rendu possible par la vente d’espaces publicitaires en programmatique, le manque de transparence devient inhérent aux FAST.

Ces audiences sont en pleine croissance. En 2022, l’exposition publicitaire a presque doublé. Nous avons observé une hausse de 51,3% des HOV et les sessions de visionnages durent de plus en plus longtemps (+32,86%). L’attention accordée aux FAST est en pleine croissance tandis que l’industrie se rode encore.

Quelle expérience FAST ?

Mais alors quelle expérience attire les utilisateurs, de plus en plus nombreux ? Ils sont séduits par une expérience « lean-back », où la facilité d’utilisation prime et où le temps de sélection d’un programme, toujours plus long (celui-ci est notamment passé de 7 à 9 minutes en 2020), peut être réduit. 80% du temps passé sur des services FAST l’est sur le plus grand écran du foyer, illustrant cette envie de facilité d’utilisation.

En termes de contenus, nous observons une domination des genres du cinéma et de l’information (respectivement 15,5% et 14,3% des HOV), les documentaires (12,6%), la musique (11,5%), les sports (9,6%), les programmes faune et flore (6,5%), la télé-réalité (5%) représentent eux aussi une part importante des HOV. Toutefois, la rentabilité des programmes n’est pas la même, l’information et la faune et la flore ne représentent que 6,3% et 4,7% de l’exposition publicitaire (contre 14,3% et 6,5% des HOV), quand le cinéma, les documentaires, la musique, les sports et la télé-réalité permettent tous plus d’exposition publicitaire (notamment concernant la musique).  Il est toutefois identifié que les contenus attractifs sur les FAST sont issus de marques fortes, sont bouclés (tel une série procédurale ou une sitcom) et disponibles dans de larges volumes. Jeff Shultz (Paramount Global) nous apprend ainsi que la chaine dédiée aux Experts est devenue numéro 1 le jour de son lancement et l’était toujours en décembre 2022.

Nous retrouvons ainsi trois types majeurs de chaines FAST :

  • Des chaines d’infos (ABC News Live, NBC News NOW…)
  • Des chaines basées sur une série, une marque, une IP (South Park, Alerte à Malibu, Forensic Files)
  • Des chaines agrégées : plus thématique, elles alternent les marques et formats (on retrouve des chaines d’action, de comédie, pour les enfants …)

Les chaines FAST permettent ainsi de proposer aux audiences du contenu de niche avec une utilisation très lean-back.

Différent en fonction des territoires

Ces données ne sont toutefois pas représentatives de tous les territoires. Le genre dominant en Allemagne est par exemple le documentaire (42%), il s’agit de la musique pour l’Espagne et des sports pour l’Italie (52% des HOV). Nous observons aussi une domination de la faune et la flore dans les expositions publicitaires espagnoles (29%). Ces chiffres correspondent aussi bien sûr à l’offre de contenus et à l’actualité. Le décès de la Reine Elisabeth II a par exemple représenté un pic de consommation des FAST en Grande-Bretagne (+51,44% par rapport à la moyenne).

Afin de maximiser l’attention de ses utilisateurs, les FAST sont à la recherche d’engagement et de fidélité. Dans cette optique, il est important d’avoir accès à des marques, IPs reconnaissables et proches des cultures de chaque pays. Il est aussi important de proposer des contenus dans la langue du pays concerné.

En Europe, l’audience se concentre dans 7 pays : le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Espagne, la France, l’Italie et les Pays-Bas qui représentent 85,4% des HOV. D’autres territoires européens émergent et semblent favorables aux FAST.  L’Autriche, l’Albanie, la Hongrie, la Grèce, la Bulgarie, la Slovénie, la Serbie, la Roumanie, la Croatie font partie de ces pays.

Cohérent dans des stratégies de groupe

Alors que Warner Bros. Discovery a annoncé son souhait de diffuser certains de ses titres sur des chaînes FAST tierces ainsi que celui de développer ses propres FAST en 2023, nous observons de nombreux groupes mobiliser les chaines FAST dans leur stratégie. C’est le cas pour Samsung qui déploie sa plateforme FAST Samsung TV Plus uniquement sur ses télévisions connectées. Plus généralement, une activité d’un groupe peut permettre de favoriser la rentabilité des activités FAST. C’est notamment le cas des données pouvant être générées par l’utilisation de la télévision connectée (CTV) de Samsung, ou par l’utilisation de la boutique ou de tous les services proposées par Amazon. Celles-ci permettront d’améliorer le ciblage de la publicité et d’en augmenter son CPM. De la même manière, un enjeu principal des FAST étant sa facilité d’utilisation, l’enjeu de la distribution est clé. Dans ce rôle, les fabricants de télévisions ont une longueur d’avance. Lorsque 6 foyers sur 10 possédant une CTV utilisent au moins ponctuellement un service FAST, les fabricants peuvent plus facilement introduire les utilisateurs de TV à leur service FAST.

Les usages des audiences évoluent et nous amènent à une révolution FAST. Si les préférences de contenus des utilisateurs sont en train d’être définies, elles restent assez dépendantes du pays et de ses habitudes culturelles. L’adoption par ces-derniers des FAST est certes en croissance, mais le marché reste fortement cantonné aux Etats-Unis qui représentent 90% du revenu publicitaire des FAST à l’heure actuelle et devraient représenter plus de $10 milliards des $12 milliards de revenus générés par les FAST en 2027.

L’audience des FAST se développe mais avec ses aspérités locales. Les acteurs internationaux devront veiller à proposer une offre de contenu adaptée aux goûts de chaque utilisateur. Chaque acteur devra veiller à favoriser des modes de distribution facilitant les principaux avantages des FAST : leur facilité d’utilisation et le rapide choix des contenus.

Julien PIVETTA


Bibliographie

Alena Brandenburger (2023) The rise of FAST, free ad-supported streaming television. Newcast Studio [En ligne]. Disponible via : https://www.newscaststudio.com/2023/01/19/free-ad-supported-streaming-television-overview/ [Consulté le 21/01/2023]

Alex Wreplin (2023) A Free Ad-Supported Netflix Service? Ted Sarandos Says Company Is “Open” to the Idea [En ligne]. Disponible via : https://www.hollywoodreporter.com/business/digital/netflix-free-ad-supported-tier-fast-service-sarandos-1235304683/ [Consulté le 24/01/2023]

Amagi (2023) Amagi Global FAST Report Edition #6

BearingPoint (2022) Etude Submix 2022

Bevin Fletcher (2023) FAST ad spend to surpass that of cable, broadcast, SVOD by 2025: TVREV. Fierce Video [En ligne]. Disponible via : https://www.fiercevideo.com/advertising/fast-ad-spend-surpass-cable-broadcast-or-svod-2025-tvrev [Consulté le 21/02/2023]

Brid TV (2022) Free Ad-Supported TV (FAST) Is the Future, and the Future Is Now. Brid TV [En ligne]. Disponible via : https://www.brid.tv/free-ad-supported-tv/ [Consulté le 21/02/2023]

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La fin de l’utilisation des cookies tiers par Google

Y-a t’il des alternatives aux cookies tiers dans le cadre de la publicité en ligne?

Introduction

Les cookies sont des outils de collecte de données largement utilisés par Google. Ils sont des petits fichiers stockés sur l’ordinateur de l’utilisateur lorsqu’il visite un site web et ont différentes fonctions comme stocker l’ID client d’un site de commerce électronique, le contenu actuel du panier, la langue d’affichage de la page web, un ID pour suivre la navigation à des fins de statistiques ou de publicité. (Cnil, 2021)

Il existe deux types de cookies, les interne et les tiers. Les cookies internes ne permettent de suivre l’utilisateur que sur le site web qui les a déposés, tandis que les cookies tiers permettent de suivre le comportement de l’utilisateur sur tous les sites web qui les intègrent. (Cnil, 2021)

Les cookies tiers sont utilisés par les acteurs de la publicité en ligne pour suivre les utilisateurs, collecter ou déduire des informations personnelles et créer des profils détaillés pour cibler des publicités. Ces cookies sont utilisés pour générer des revenus pour les sites web. Cependant, les utilisateurs sont de plus en plus soucieux de leur vie privée. Google a annoncé en 2020 qu’il arrêterait l’utilisation de ces cookies d’ici 2022, mais cette date a été repoussée jusqu’à la fin de 2024. Cela pourrait impacter significativement la façon dont les entreprises ciblent et atteignent leurs publics et pourrait les amener à se tourner vers des méthodes publicitaires traditionnelles plus coûteuses et moins efficaces (AFP, 2022). Google est cependant en train de développer de nouvelles solutions innovantes qui pourraient venir pallier à la fin de l’utilisation des cookies tiers. 

Les cookies tiers ont l’air voués à disparaître, laissant un certain sentiment d’incertitude et d’instabilité chez les spécialistes du marketing digital au sujet du suivi et du ciblage publicitaire. Dès lors on peut se demander comment la fin des cookies tiers va venir impacter le marché de la publicité ? Quelles solutions sont en train d’être développées ?

  1. L’utilisation des cookies tiers dans le secteur de la publicité 

Les données de tiers sont généralement utilisées dans le secteur de la publicité et du marketing pour la publicité ciblée et la segmentation de l’audience. Ces données sont recueillies par des sociétés spécialisées dans la collecte et l’analyse de données et peuvent inclure des informations telles que des données démographiques, des habitudes d’achat et des comportements en ligne. (Cnil) 

Les sociétés de publicité et les spécialistes du marketing utilisent ces données pour mieux connaître leur public cible et créer des campagnes publicitaires plus efficaces et plus ciblées. Par exemple, ils peuvent utiliser ces données pour segmenter leur public en fonction de facteurs tels que l’âge, le sexe, le lieu, le revenu et les intérêts. Cela leur permet de créer des publicités ciblées qui ont plus de chances d’être vues et utilisées par les bonnes personnes. Les données de tiers peuvent être utilisées pour suivre les performances des publicités, surveiller l’engagement du public et optimiser les campagnes. Les données provenant de tiers jouent donc un rôle crucial dans le secteur de la publicité et du marketing en permettant aux entreprises de mieux comprendre leur public cible et de créer des campagnes publicitaires plus efficaces et efficientes.

  1. La fin de l’utilisation des cookies tiers sur google 

La décision de Google de mettre fin à l’utilisation de cookies tiers est motivée par la demande croissante des utilisateurs pour la protection de leurs données personnelles ainsi qu’un contrôle individuel sur la data générée. De plus en plus, les utilisateurs sont sceptiques quant au respect de la vie privée par Google et Facebook. Les premiers signes de changement ont été observés avec la mise en œuvre du règlement général sur la protection des données (RGPD) en 2018 et du règlement ePrivacy 2021, qui imposent des règles de transparence aux entreprises. L’objectif est désormais de donner aux utilisateurs le choix de partager ou non leurs données et de savoir comment elles seront utilisées. Le problème des cookies tiers est qu’ils permettent de récupérer les données des utilisateurs pour les vendre à des fins de publicité ciblée, créant ainsi des profils très ciblés. Ces données sont utilisées massivement et de manière opaque, suscitant la méfiance des utilisateurs. (Raffin, 2022)

Outre les problèmes de confidentialité, les cookies tiers présentent également d’autres problèmes pour les annonceurs, comme des données générales et moins précises accessibles à toutes les entreprises, ainsi que des problèmes de fiabilité des informations. Les annonceurs ne peuvent pas vérifier l’origine, l’ancienneté ou l’exactitude des données, ce qui rend difficile la garantie de la pertinence des campagnes publicitaires pour les utilisateurs. 

  1. Les alternatives développées par google 

Il existe plusieurs technologies différentes qui sont proposées ou en cours de développement pour remplacer les des cookies tiers. Google a annoncé la fin de l’utilisation des cookies tiers en 2024, afin de respecter la vie privée des utilisateurs. Toutefois, cela ne signifie pas la fin de la publicité ciblée. Pour remplacer les cookies tiers, Google a lancé son programme Privacy Sandbox (Raffin, 2022), qui vise à créer des technologies de ciblage alternatives respectant la vie privée des utilisateurs. L’objectif est de collecter les données des utilisateurs de manière sécurisée, puis de les partager avec les annonceurs via une API sécurisée. Les entreprises n’auront donc pas accès aux données trop personnelles. Parmi les alternatives proposées par Google, il y a FLoC (Federated Learning of Cohorts). Il s’agit d’un nouveau mécanisme qui regroupe les utilisateurs ayant des historiques de navigation similaires en segments d’audience, afin que les annonceurs ne puissent pas suivre individuellement la navigation des utilisateurs (Marc Langheinrich, 2021). Cette alternative soulève toutefois des questions quant à la dépendance accrue des annonceurs vis-à-vis de Google et de Facebook, qui détiennent déjà 75 % du marché de la publicité en ligne. FLoC a également été critiqué par les défenseurs de la vie privée, les régulateurs et même d’autres entreprises. Il analyse l’historique complet de navigation des utilisateurs, ce qui représente un volume de données plus important que les cookies tiers qui ne reçoivent que les informations des sites effectivement visités. Il est également intéressant de noter que Google n’a pas déployé de tests FLoC dans l’Union européenne en raison du risque de non-conformité avec le RGPD.

Une autre solution qui pourrait venir remplacer l’utilisation des cookies tiers telle qu’on la connait aujourd’hui serait le Privacy Pass. Ce protocole vise à anonymiser les transactions en ligne tout en protégeant la vie privée de l’utilisateur. Il fonctionne en créant des jetons cryptographiques qui peuvent être utilisés pour vérifier l’identité sans révéler d’informations personnelles sensibles. Les jetons sont stockés sur l’appareil de l’utilisateur et peuvent être utilisés pour remplacer les informations d’identification directe telles que les adresses IP lors de l’accès aux services en ligne. Il vise donc à fournir une méthode sécurisée et privée qui permettrait aux utilisateurs de se connecter à des services en ligne sans révéler leur identité ou leur historique de navigation. (Calme S,2017)

Enfin, une technique qui permet aux sites de suivre l’activité des utilisateurs est l’empreinte de navigateur. Le fonctionnement des sites web modernes nécessite l’exécution de scripts, qui sont des ensembles d’instructions indiquant à notre navigateur ce qu’il doit faire. Ils s’exécutent discrètement en arrière-plan et peuvent détecter toutes sortes d’informations sur votre appareil et votre navigateur (Latto, 2022). L’ensemble de ces informations constitue votre « empreinte digitale ». Cette empreinte digitale peut être utilisée pour vous retrouver sur l’internet et à travers différentes sessions de navigation. Les scripts sont capables de déterminer de nombreuses informations sur l’appareil utilisé : le système d’exploitation, le navigateur, les logiciels installés, le fuseau horaire, la langue utilisée, toutes les extensions de navigateur installées, de nombreux détails techniques sur la carte graphique, les pilotes, etc. L’empreinte digitale du navigateur fournit suffisamment d’informations sur un appareil et ses paramètres pour identifier un utilisateur parmi des millions et des milliards d’appareils sur Internet. En fait, l’empreinte du périphérique peut identifier les utilisateurs avec un taux de précision de 90 à 99 %. (Latto, 2022)

Si google  a repoussé une nouvelle fois l’abolition des cookies tiers à 2024, de nouvelles solutions vont être amenées à emerger pour permettre un ciblage publicitaire pertinent pour les utilisateurs et les annonceurs. Les solutions évoquées sont encore en cours de développement ou ne substituent pas encore les cookies tiers. Dès lors, il est impossible de savoir si ces solutions seront celles qui s’imposeront ou si d’autres solutions feront leur apparition dans les mois à venir. Cependant, il est clair que les entreprises vont devoir se plier à la volonté du grand public d’avoir le contrôle sur la donnée générée. Il y a un réel besoin de transparence et de pédagogie pour trouver des systèmes qui satisferont les besoins de chaque parti. 

Bibliographie 

AFP, L.M.avec (2022) Google présente son Nouveau système destiné à mettre fin aux cookies publicitaires, Le Monde.fr. Le Monde. Available at: https://www.lemonde.fr/pixels/article/2022/01/26/google-presente-son-nouveau-systeme-destine-a-mettre-fin-aux-cookies-publicitaires_6111053_4408996.html (Accessed: January 25, 2023). 

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Tom Bourgeois

L’influence de TikTok sur l’intention d’achat de la génération Z dans l’industrie de la fast-fashion

Source : ITP Live

Les réseaux sociaux sont devenus l’une des plateformes médiatiques les plus populaires au monde. Ils sont définis comme des applications basées sur Internet qui permettent de créer et d’échanger du contenu (Kaplan et Haenleman, 2010). Ainsi, en tant que plateforme de communication marketing, ils sont devenus un élément clé de la stratégie globale de marketing des entreprises, car ils permettent non seulement d’accroître la notoriété d’un produit ou d’un service grâce au contenu promotionnel de la marque, aux influenceurs ou aux utilisateurs, mais ils sont aussi un moyen de vendre directement aux consommateurs grâce à des fonctions d’achat intégrées (Br Sagala et Rachmawati CH, 2016). D’après Neher (2013), le contenu visuel est le meilleur moyen d’attirer l’engagement des consommateurs grâce à des fonctionnalités telles que les clics, les vues et les commentaires, signifiant que TikTok est donc un moyen idéal pour les entreprises d’interagir avec les clients potentiels et de créer des relations durables.

De nos jours, les réseaux sociaux évoluent rapidement pour offrir aux consommateurs de nouvelles façons de découvrir des marques et d’acheter des produits ou des services par le biais d’un parcours d’achat raccourci et non-linéaire, ce qui conduit à un nombre croissant d’achats non planifiés (63 %) et d’achats impulsifs (23 %) (WARC, 2021). Les consommateurs cherchent de nouvelles façons de se divertir et de créer du contenu sur les médias sociaux. Le nombre d’individus présents sur TikTok ne cesse d’augmenter, la génération Z étant les utilisateurs les plus importants et les plus actifs de la plateforme. Il s’agit donc d’une opportunité énorme pour les marques et les particuliers de profiter de ce phénomène mondial afin de gagner en visibilité et, ainsi, de potentiellement faire grimper leurs ventes.

Au Royaume-Uni, 82 % des personnes déclarent avoir effectué un achat après avoir vu un produit présenté sur les réseaux sociaux et 80% des consommateurs déclarent que TikTok les a aidés à découvrir une nouvelle marque ou un nouveau produit. La génération Z consomme le plus de contenu sur TikTok puisque 60% des utilisateurs mondiaux font partie de cette génération (Doyle, 2022). Il serait donc intéressant de comprendre dans quelle mesure ceci s’applique au secteur de la fast-fashion en ligne.

Qu’est-ce que la génération Z et comment est-elle liée à l’état actuel de l’industrie de la fast-fashion en ligne ?

Source : Luc Alvarez

La génération Z désigne les personnes nées entre la fin des années 1990 et le début des années 2000, après l’apparition d’Internet. Ils ont donc été exposés à la technologie dès leur plus jeune âge et ont rapidement adopté les nouvelles technologies, telles que les smartphones ou les réseaux sociaux (Francis et Hoefel, 2018).

L’une des principales caractéristiques de cette génération est son besoin de s’évader (Wood, 2013). Les réseaux sociaux permettant aux utilisateurs d’interagir avec du contenu 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, les marques ont une excellente occasion de gagner des consommateurs (Leland, 2016) qui cherchent un contact avec les marques (McWilliams, 2021) sur des plateformes telles que TikTok. De même, aux yeux des consommateurs de la génération Z, les influenceurs sont généralement perçus comme dignes de confiance et sont donc plus susceptibles d’influencer le comportement d’achat sur ces plateformes (Lim, Mohd Radzol, Cheah et Wong, 2017). De même, les micro-influenceurs ont également démontré qu’ils avaient un impact positif sur l’intention d’achat des jeunes (Gupta et Mahajan, 2019).

En prenant le cas du Royaume-Uni, les dépenses des consommateurs en ligne pour les produits de mode ont fortement augmenté depuis la pandémie de Covid-19, avec une croissance de 26% en 2020 pour atteindre un total de plus de 28 milliards de livres (Sender Ceron, 2020), les achats de vêtements en ligne représentant 56 % des ventes globales de ce secteur. Cela signifie que les consommateurs achètent plus de vêtements en ligne qu’en magasin.

En outre, la pandémie combinée à l’augmentation du temps moyen passé sur Internet ainsi que sur les réseaux sociaux a poussé davantage d’utilisateurs à faire des achats en ligne, 27 % des consommateurs passent plus de temps à rechercher des produits en ligne qu’auparavant. Parallèlement, la génération Z est celle qui recherche le plus de produits de mode en ligne avec 43% d’entre eux qui passent plus de temps à rechercher des vêtements (Sender Ceron, 2020).

L’augmentation du temps consacré à la recherche d’articles de mode a entraîné une augmentation des achats en ligne avec 41 % des consommateurs de la génération Z qui achètent davantage de vêtements et d’accessoires en ligne depuis janvier 2020. Parmi ces consommateurs favorables à l’achat en ligne, 42 % des consommateurs de la génération Z ont acheté directement des articles de mode sur les réseaux sociaux (Sender Ceron, 2020).

La fast-fashion, en particulier, a connu une augmentation de la demande, car les consommateurs cherchent à consommer davantage et plus rapidement (Sender Ceron, 2021). Ce phénomène est particulièrement visible chez les jeunes consommateurs qui cherchent à partager leurs aventures en ligne sur les réseaux sociaux à l’aide de leurs smartphones (Sender Ceron, 2021). En conséquence, les marques de fast-fashion comme Boohoo, ASOS, Misguided ou SHEIN investissent de plus en plus dans le e-commerce, car elles cherchent à personnaliser leur contenu marketing. Avec plus de 47 % des femmes âgées de 16 à 24 ans (Sender Ceron, 2021) qui utilisent leur smartphone pour acheter des produits de fast-fashion, le e-commerce est en train de devenir la priorité des principaux acteurs du secteur.

Comment TikTok influence ces achats ?

Un cadre conceptuel développé par Zhang et al. (2021) utilise en partie la théorie Stimulus-Organisme-Réponse (SOR) développée par Mehrabian et Russell (1974) pour comprendre l’impact de contenu sur l’intention d’achat. Selon la théorie SOR, il existe un stimulus (S) susceptible d’avoir un effet sur l’organisme, qui agit comme un médiateur (O) et conduit à un comportement de réponse (R). Par conséquent, en utilisant le modèle SOR, ceci peut expliquer comment la valeur perçue du contenu de TikTok (stimulus) affecte directement et indirectement l’intention d’achat (réponse) à travers le niveau de confiance perçue (organisme).

Source : Zhang et al.

Tout d’abord, la valeur hédonique s’avère être un prédicteur positif et significatif, mais relativement variable de l’intention d’achat. Cela pourrait être dû à la nature de la plateforme. Sur TikTok, les utilisateurs s’attendent à un divertissement rapide et efficace grâce au contenu recommandé sur leur For You Page (Yang et Ha, 2021). Ce résultat est conforme aux recherches antérieures menées sur le contenu vidéo court sur Instagram par le biais de la fonction stories (Santiago, Magueta et Dias, 2020) et des publicités vidéo sur TikTok (Dwinanda, Syaripuddin, Hudaifi et Hendriana 2022), qui soutiennent l’idée que le divertissement par le contenu vidéo court a finalement un impact positif sur l’intention d’achat.

Ensuite, la recherche menée par Zhang et al. (2021) a montré que la valeur utilitaire perçue dans les vidéos TikTok était le principal prédicteur de l’intention d’achat.

De plus, la confiance perçue s’est avérée être un prédicteur de plus en plus positif de l’intention d’achat. Cela signifie que les messages liés à certains produits et partagés par un influenceur spécifique doivent être cohérents pour conduire à une éventuelle intention d’achat (Kamins et Gupta 1994). En outre, la génération Z est 1,3 fois plus susceptible d’acheter des produits qui lui sont recommandés par un influenceur crédible (Brooks, 2019). Cette affirmation est cohérente avec plusieurs recherches indiquant que la confiance perçue affecte positivement le comportement d’achat des utilisateurs, ceci sur Instagram (Santiago, Magueta et Dias, 2020 ; Astuti et Putri, 2018).

Enfin, Mosunmola, Omotayo et Mayowa (2018), avance une théorie selon laquelle il existe une relation significative entre les valeurs perçues et la confiance perçue envers l’achat en ligne, ce qui entraîne une intention d’achat plus accrue (Kim et Stoel, 2004). En conclusion, ceci révèle que la confiance perçue sert de médiateur à la relation entre valeurs perçues et l’intention d’achat sur les réseaux sociaux, et plus particulièrement sur TikTok, pour les consommateurs qui cherchent à acheter des produits en ligne.

Conclusion

Avant de développer du contenu vidéo court promotionnel pour TikTok, les marques doivent chercher à comprendre les facteurs qui influencent l’intention d’achat en comprenant les besoins et les désirs des consommateurs sur cette plateforme de réseaux sociaux unique. Yang et Ha, (2021), ont révélé que pour les utilisateurs, leur principale motivation d’utiliser TikTok est de passer le temps et de se divertir. Par conséquent, lors du partage de vidéos, les spécialistes du marketing devraient s’efforcer de créer un contenu amusant qui met en avant la valeur utilitaire de leurs produits avec des messages de marketing axés sur la confiance des consommateurs dans l’espoir d’augmenter les intentions d’achat et les ventes globales. Cela confirme l’idée qu’il est possible d’atteindre les jeunes consommateurs dans le domaine de la fast-fashion en ligne en satisfaisant leurs besoins d’évasion et en immergeant inconsciemment les messages publicitaires dans des contenus divertissants plutôt que de simplement promouvoir ces produits. Cela souligne l’importance d’étudier les motivations des intentions d’achat sur la plateforme qui offre la plus grande opportunité d’atteindre la génération Z.

Chloé Sangiorgio



Références

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Le phénomène Emily in Paris : entre placement de produit et publicité native.

Depuis le 2 octobre 2020, la folie “Emily in Paris” ne cesse d’accroître. En effet, depuis 3 saisons, la série de Darren Star produite par Netflix enchaîne les records de visionnage. La dernière saison mise en ligne par la plateforme de SVOD américaine a cumulé 177 millions d’heures de visionnage en seulement 5 jours.

Mais le phénomène Emily in Paris ne se lit pas seulement à travers le prisme des audiences. En effet, la série est aussi largement connue pour son impact publicitaire.  Depuis le lancement de la première saison, nous remarquons qu’après la diffusion des épisodes, des pics de recherche des mots-clés liés à la série sont enregistrés par les moteurs de recherche mais pas seulement, certains objets et notamment des vêtements et accessoires voient leurs ventes exploser. 

Mais ce phénomène est-il délibérément initié par les producteurs de la série ?  Et à qui bénéficie le plus son succès ?

L’impact publicitaire d’Emily in Paris est notamment dû à la très efficace utilisation du placement de produit. 

Le placement de produit est une technique marketing qui consiste à inclure des produits et/ou des marques dans différents types de programmes audiovisuels (films, séries, émissions de flux) dans le but de le promouvoir.

Bien sûr en France, ce système de promotion est très réglementé. Le placement de produit audiovisuel est autorisé en France depuis de nombreuses années. Cependant, il a été encadré par la loi en 2009 et réglementé par l‘Autorité de Régulation Professionnelle de la Publicité (ARPP) et par la Commission de Contrôle des Programmes (CCP). Il doit notamment être clairement identifié, ne pas être trompeur, ne doit pas porter atteinte aux valeurs de la société, ni aux mineurs et ne doit pas concerner alcool, tabac ou produit illicite.

Le placement de produit est donc un moyen pour les annonceurs de promouvoir leurs produits ou services d’une manière qui se différencie de la publicité traditionnelle. Le placement de produit peut être assimilé au Native advertising. C’est-à-dire le fait d’intégrer des annonces publicitaires de manière à ce qu’elles ressemblent à du contenu éditorial normal de sorte qu’elles ne soient pas immédiatement identifiées comme une publicité par les utilisateurs. 

La native publicité est considérée comme plus efficace car moins dérangeante pour les utilisateurs. Elle minimise la sensation de gêne que peut provoquer la publicité traditionnelle. 

De plus, la publicité native est souvent plus pertinente car mieux ciblée. 

Le placement de produit, quand il est bien réalisé, est la forme de publicité native la plus poussée et efficace. 

La série Emily in Paris est l’un des meilleurs exemples de l’utilisation du placement de produit et de son efficacité.

L’un des exemples le plus parlant de publicité native via le placement de produit dans la série, est lié au premier épisode de la saison 3. Dans cette épisode Emily Cooper, l’héroïne, employée d’une agence marketing de luxe doit promouvoir la célèbre chaîne de fast-food américaine Mcdonald’s

Quoi de mieux que d’utiliser un véritable Mcdonald’s parisien et des véritables produits Mcdonald’s France pour l’épisode. La placement de produit pour l’entreprise américaine est totalement imbriqué au scénario. Et la collaboration entre Mcdonald’s et la série ne va pas rester fictionnelle. En effet, la chaîne de restauration rapide va proposer à la vente le menu “créées” par Emily Cooper dans la série. 

La publicité fonctionne ici dans les deux sens. La marque est intégrée dans le média d’un côté via le scénario et de l’autre côté la marque intègre la série directement dans ses produits via une collaboration.

La barrière entre le média et le retail s’est donc estompée, média et retail se sont mélangés pour tirer le meilleur des deux parties.

Le placement produit de McDonald’s n’est pas le seul, dans la série et selon le même principe nous retrouvons de nombreuses marques comme Edgard & Cooper ou encore McLaren.

Mais l’impact de la série est encore plus important. En effet, l’influence d’Emily Cooper va encore plus loin et booster les ventes et la popularité de marque n’ayant pas financée leur présence à l’écran. 

Exemple, le sac à main modèle Scoubidou de la marque française Carel a connu une augmentation exponentielle de vente suite à la séquence où l’héroïne porte le sac. Bien sûr , la marque française n’est pas passée à côté de ce regain de publicité gratuite et a même ajouté sur son site une mention précisant qu’il s’agit bien sûr du sac présent dans la série. 

Carel n’est pas la seule marque à bénéficier de l’impact médiatique de la série. Courrèges a vu les requêtes de recherche pour une certaine jupe augmenter de 194% jusqu’à 342% de hausse pour la marque de bob Kangol. 

La mode n’est pas la seule bénéficiaire de l’effet Emily mania. La ville de Paris en profite aussi et notamment son immobilier.  En effet, depuis le lancement de la série et selon un expert de l’immobilier britannique, les recherches internet pour déménager à Paris ont augmenté de 1 416%  une semaine après le lancement de la saison 3. 

Mais pourquoi le placement de produit à la sauce Emily in Paris, ça fonctionne autant ? 

L’atout du placement de produit, c’est de proposer un placement pensé sur mesure pour la série qui va parfaitement s’intégrer dans cette dernière, sans la dénaturer et faire partie du scénario. Le spectateur ne se sent pas dérangé par la publicité, elle ne lui provoque pas de situation d’inconfort visuel ou auditif.

C’est aussi de la publicité très souvent ciblée. Effectivement, le public choisit de regarder cette série là et donc il est sensible aux thèmes qui y sont abordés ou à l’esthétisme de l’univers. 

De plus, la cible est aussi très intéressante, surtout pour les séries ou films qui sont créés et ou diffusés par les plateformes, car cela permet d’atteindre une cible qui délaisse les médias traditionnels, les 25-35, une cible qui est aussi très peu réceptive à la publicité traditionnelle. 

Cela permet aussi de couvrir une zone géographique extrêmement large. Par exemple, une série originale Netflix comme Emily in Paris est présente dans plus de 190 pays, ce qui fait autant de pays couverts par le placement de produit. 

Le placement de produit est donc un réel atout pour les marques et elles l’ont bien compris. En effet, le marché du placement de produit équivaut à 10-20 millions annuels. On peut compter en moyenne entre 10 000 et  15 000 euros pour une séquence avec un logo visible. 

Mais pour des séries comme Emily in Paris, il faut compter plusieurs centaines de milliers d’euros pour y apparaître. Les sommes sont tellement conséquentes que la série pourrait être totalement financée par les placements de produits. 

Le placement de produit à la sauce native advertising semble être la parfaite balance entre l’omniprésence de la publicité et la multiplication de la proposition audiovisuelle, tout en répondant à la problématique de la baisse de l’impact de la publicité via les médias traditionnels et du digital. 

Fiona Gouze

 Sources : 

Articles internet : 

  • Baëza J. (2023,12 janvier) Qu’apporte «Emily in Paris» à Paris ?. Slate 

Consulté le 21 janvier 2023.  Lien : https://www.ozap.com/actu/audience-netflix-emily-in-paris-demarre-en-trombe-et-renverse-mercredi/625757

  • Dahmani S. (2022, 5 avril) Le placement de produit dans les films et les séries. Hubspot. 

Consulté le 22 janvier 2023. Lien : https://blog.hubspot.fr/marketing/placement-produit-films-series 

  • Etancelin V. (2022, 12 décembre) « Emily in Paris » veut influencer votre manière de vous habiller. HuffPost. 

Consulté le 21 janvier 2023. Lien : https://www.huffingtonpost.fr/culture/video/emily-in-paris-veut-influencer-votre-maniere-de-vous-habiller_190329.html 

  • Krehl M. (2022, 15 décembre) Mode : le juteux business d’« Emily in Paris ». Les Echos 

Consulté le 22 janvier 2023. Lien : https://www.lesechos.fr/weekend/business-story/mode-le-juteux-business-d-emily-in-paris-1889642

  • Le Borgne J. (2022, 23 décembre)  « Emily in Paris » (Netflix) : la série donne envie aux Anglais de venir vivre à Paris. RTL

Consulté le 21 janvier 2023. Lien : https://www.rtl.fr/actu/economie-consommation/emily-in-paris-netflix-la-serie-donne-envie-aux-anglais-de-venir-vivre-a-paris-7900217828 

  • Métogo I. (2022, 23 juin) L’état des médias dans le monde : crédibilité, manque de ressources et déclin de la publicité. France Info. 

Consulté le 22 janvier 2023. Lien : https://www.meta-media.fr/2022/06/23/letat-des-medias-dans-le-monde-credibilite-manque-de-ressources-et-declin-de-la-publicite.html 

  • Vives E. (2022, 22 décembre) “McDonald’s s’incruste dans la série Netflix Emily in Paris !”. J’ai un pote dans la com ! 

Consulté le 19 janvier 2022. Lien : https://jai-un-pote-dans-la.com/mcdonalds-incruste-serie-netflix-emily-in-paris/ 

Podcast : 

Fay P. (2023, Janvier) Emily in Paris, le filon de la mode, La Story par Les Echos. 

Le native advertising. L’art de jouer avec l’ambiguïté

« Women Inmates : Why the Male Model Doesn’t Work”. C’est le titre de l’enquête réalisée par le New York Times sur le milieu carcéral féminin aux États-Unis. Rien ne laisse paraître à la lecture de l’article que derrière celui-ci se trouve une plateforme de streaming : le code couleur orange et noir des illustrations, et le thème choisi rappelant pourtant celles d’une des premières séries à succès de Netflix, Orange Is the New Black. Ce grand format produit par T Brand Studio, la branche Brand Content du quotidien américain, est ce que l’on appelle une opération de native advertising éditoriale. Sponsorisé par Netflix, ce contenu hybride s’intègre dans la ligne éditoriale et graphique du journal, à la frontière entre information et promotion de la série.

Article « Women Inmates : Why the Male Model Doesn’t Work.

Capture d’écran issue du site internet du New York Times, 24.01.2023

Définissons ce concept. Publicité native en français, ce format publicitaire peut se définir comme un contenu sponsorisé qui correspond aux normes éditoriales d’un média tout en répondant aux attentes de l’audience. Il consiste donc à intégrer à la fois des contenus rédactionnels pertinents et contextualisés, ou des publicités discrètes dans la mise en page des sites internet.

À l’heure des ad blockers, ces publicités caméléon se multiplient et s’invitent dans les pratiques éditoriales des médias digitaux, tant sur les titres de presse traditionnelles que sur les pure players d’infodivertissement.

Une formule bénéfique pour les annonceurs, les médias et les consommateurs

Face au déclin de la publicité traditionnelle et en réponse à la perte d’efficacité des formats digitaux classiques, ce type de publicité offre à la fois aux annonceurs un excellent moyen de capter leur audience et aux médias une source de revenus supplémentaire.

Caroline Marti de Montety – Professeure des universités en sciences de l’information et de la communication – fait état de la phase de dépublicitarisation entamée par les annonceurs pour proposer un contenu différenciant et divertissant sans que celui-ci soit perçu comme intrusif et marchand. En tirant profit de la puissance d’un média, ce format permet aux marques de satisfaire les consommateurs en s’adaptant à l’interface du support et de facto de préserver l’expérience utilisateur. Par ailleurs, en créant ce contenu à réelle valeur ajoutée pour les marques, les médias apportent une brique supplémentaire à leurs sources de revenus. En effet, l’érosion des recettes publicitaires les oblige à se diversifier afin de pérenniser leur activité : le contexte économique dégradé de la presse les poussant ainsi à saisir cette opportunité. C’est le magazine économique américain Forbes qui a été le précurseur de cette pratique avec l’intégration de la rubrique « BrandVoice ». Aujourd’hui, du New York Times au Monde, la majorité des médias traditionnels se sont pliés à l’exercice. Dans le cadre d’une enquête pour le site d’analyse critique des médias, Arrêt sur image, le rédacteur en chef Loris Guémart évoque que la rédaction du journal Le Monde aurait rédigé une centaine d’articles promotionnels. Ces derniers valorisant tant des institutions culturelles – Fondation LVMH – et publiques – Agence Française de Développement -, que des entreprises – Toyota -.

Articles du journal Le Monde réalisés dans le cadre de partenariats avec l’Agence Française de Développement (AFD) et la Fondation Louis Vuitton

Captures d’écran issues de l’application du Monde, 24.01.2023

À l’heure du marketing éditorial, c’est finalement une relation tripartite gagnante : tout en engageant le lecteur, le sponsor ou le partenaire finance et enrichit le propos journalistique, et la rédaction sert de caution en rendant le contenu légitime.

Au cœur du business model des sites d’infodivertissement

Konbini, Brut, Slate, Vice, Melty, Buzzfeed, le HuffPost, … Nombreux sont les pure players qui ont construit leur modèle économique autour de la publicité native. Au cœur de l’infotainement – mot valise composé des termes information et entertainment – ces nouveaux médias proposent aux marques des histoires autour de leurs produits et services afin que celles-ci s’intègrent dans leur écosystème éditorial. Cette proposition, faite aux annonceurs, est rendue possible grâce à la capacité qu’on eut ces médias de créer des univers identifiables par tous et attractifs, tant pour les consommateurs que pour les marques. Des concepts originaux de Konbini – Fast&Curious, À l’ancienne, …- aux codes graphiques sobres et épurés de Brut, ces formats majoritairement diffusés sur les réseaux sociaux captent l’attention des utilisateurs. Les marques financent donc l’accès à cette visibilité et à cette expertise rédactionnelle innovante.

C’est donc dans ce sens que Prime Vidéo collabore régulièrement avec Konbini pour mettre en lumière son catalogue et renforcer sa notoriété auprès des jeunes adultes. De la même manière, Brut cumule les partenariats médias avec plusieurs mastodontes comme le groupe Accor ou Volkswagen avec « la minute pour innover » par exemple. La rubrique « En transit.ion » du HuffPost qui s’intéresse aux mobilités de demain est quant à elle en partenariat avec Toyota.

« Fast and Curious » de Konbini en partenariat avec Amazon Prime Vidéo / Vidéo de Brut en partenariat avec Accor Group

Captures d’écran tirés des Facebook de Konbini et de Brut, 24.01.2023

À la croisée de l’information, du divertissement et de la publicité, ces médias en ligne crédibilisent le positionnement des marques partenaires. En outre, elle permet à ces derniers de bénéficier de la puissance de leurs programmes et donc de l’engagement des internautes.

Le lecteur face à cette dépublicitarisation : une frontière délicate entre journalisme et marketing ?

L’efficacité du native advertising réside dans l’ambiguïté entre contenu éditorial et publicitaire. Le lecteur à la recherche d’éclaircissements fiables et non biaisées par un intérêt commercial risque d’être trompé, renforçant ainsi la perte de confiance vis-à-vis des médias d’information. Alors même que le caractère publicitaire peut être clairement identifié par la présence du logo de la marque ou une mention précisant que le contenu est rémunéré par un sponsor, le média joue le rôle de caution, car son identité visuelle et sa notoriété rassurent les internautes. D’où ce paradoxe entre devoir d’information et enjeu commercial : la déontologie journalistique ne pouvant corréler avec l’objectif publicitaire selon certains détracteurs. La journaliste indépendante Iris Deroeux évoque dans Libération une « forme de publireportage en ligne qui brouille la frontière entre journalisme et marketing ».

De facto, ces pratiques éditoriales adoptées par les médias traditionnels, sont sous le feu des critiques. Cyril Lachèvre – journaliste économique – fait état de ces polémiques dans sa tribune diffusée sur l’Opinion avec la dénonciation par les médias indépendants de ce phénomène hybride. Les accusations de ces médias marqués politiquement peuvent s’expliquer par leur hostilité vis-à-vis des annonceurs : leur modèle économique étant axé sur l’abonnement et le soutien de ses lecteurs, et non sur les recettes publicitaires.

La problématique est légèrement différente pour les sites d’infodivertissement. Alors que le native advertising est un moyen de diversifier les revenus des médias d’information, le cœur du business model de ces pure players repose sur la création et l’intégration de contenus de marque dans la proposition éditoriale du média.

Face à un réel de Brut – format vidéo d’Instagram – traitant du métier de médecin urgentiste au SAMU, comment l’internaute discerne t-il si ce contenu à pour vocation d’être informatif, ou si celui-ci sert simplement d’outil promotionnel grâce au média qui joue le rôle de garant?

Derrière ce contenu pouvant comme ici se cacher un opérateur de télécommunications comme Orange qui souhaite renforcer l’image d’Enovacom, sa filiale e-santé.

Ce partenariat étant simplement matérialisé par la mention Paid partnership with Orange dans la description.

Vidéo de Brut en partenariat avec Orange. Capture d’écran tiré d’un réel Instagram de Brut, 24.01.2023

Michael Chrisment, ancien CMO de Konbini répond à ses détracteurs en misant sur la valeur des formats : « si les contenus sont de qualité, les gens se fichent qu’ils soient sponsorisés ».

De son côté, la rédaction du Monde précise que les « acteurs économiques, associatifs ou institutionnels » finançant les « suppléments rédactionnels » n’ont « aucun droit de regard sur les angles et les contenus de ces projets ». La rubrique du Monde Afrique consacrée aux mutations du continent africain ayant vu le jour en 2015 en partie grâce à la fondation Bill & Mélinda Gates.

Par ailleurs, quid de l’approche stratégique des plateformes de streaming ? Les docus-séries sportives produites en collaboration avec les fédérations faisant la promotion de la formule 1 –Formula 1 : Drive to survive -, du tennis – BreackPoint-, ou de la Moto GP – MotoGP Unlimited– sont-elles des produits marketing déguisés à la frontière entre audiovisuel et communication ?

En conclusion, légitimement ou non, se posent alors deux questions. À la fois, sur la capacité du lecteur à prendre conscience de l’intention promotionnelle de ces formats sponsorisées, et sur le flou information-divertissement-publicité, qui pourrait paraître à contre-courant de la déontologie journalistique.

Lucas Faure


SOURCES

Olivier Cimelière (2015) Publicité native : Innovation pour les Contenus ou risque patent de dérive éditoriale ? – Le blog du Communicant – Communication, Information, Conversation, Réputation. Available at: https://www.leblogducommunicant2-0.com/2015/03/07/publicite-native-innovation-pour-les-contenus-ou-risque-patent-de-derive-editoriale/ (Accessed: January 31, 2023).

Lazer, J. (2017) How the New York Times built its content marketing engine, Contently. Available at: https://contently.com/2014/10/30/to-make-this-work-you-have-got-to-compete-with-editorial-inside-the-nyts-native-ad-journey/ (Accessed: January 31, 2023).

Rivet, D. and Olité, M. (2019) Enquête : Comment stranger things surfe sur le marketing de la Nostalgie, Konbini. Available at: https://www.konbini.com/biiinge/stranger-things-marketing-nostalgie/ (Accessed: January 31, 2023).

Camus, A. (2013)  » native advertising  » : Les Journalistes ont leur mot à dire !, Culture RP. Available at: https://www.culture-rp.com/relations-presse-medias/native-advertising-les-journalistes-ont-leur-mot-a-dire/ (Accessed: January 31, 2023).

Sirrah, A. (2019) Guide to native advertising, Columbia Journalism Review. Available at: https://www.cjr.org/tow_center_reports/native-ads.php (Accessed: January 31, 2023).

Yahav, O. (2020) Showvertising, Medium. Medium. Available at: https://medium.com/@yahavofir/showvertising-db83c0379333 (Accessed: January 31, 2023).

Wojciak, T. (2013) M publicité à l’heure du native advertising, CB News. Available at: https://www.cbnews.fr/medias/image-m-publicite-heure-du-native-advertising-5121 (Accessed: January 31, 2023).

Guémart, L. (2022) Au « Monde », La pub des « Partenaires » écrite par des journalistes, Arrêt sur images. Available at: https://www.arretsurimages.net/articles/au-monde-la-pub-des-partenaires-ecrite-par-des-journalistes (Accessed: January 31, 2023).

Union Internationale de la Presse Francophone (2014) Des pubs pour des articles dans les médias : Bienvenue dans le monde de la « publicité native ». Available at: https://www.presse-francophone.org/fr/actualites/des-pubs-pour-des-articles-dans-les-medias-bienvenue-dans-le-monde-de-la-publicite-native (Accessed: January 31, 2023).

Laugée, F. (2020) Publicité ou information : Qui fait quoi ?, La revue européenne des médias et du numérique. Available at: https://la-rem.eu/2015/09/publicite-ou-information-qui-fait-quoi/ (Accessed: January 31, 2023).

Okoué Métogo, I. (2022) L’état des médias dans le monde : crédibilité, manque de ressources et déclin de la publicité, Méta-Média. Available at: https://www.meta-media.fr/2022/06/23/letat-des-medias-dans-le-monde-credibilite-manque-de-ressources-et-declin-de-la-publicite.html (Accessed: January 31, 2023).

Snapchat Shows : de nouvelles opportunités publicitaires ?

Apparus en novembre 2018, les « shows » sont des programmes vidéo quotidiens ou hebdomadaires que l’on peut retrouver dans l’onglet Discover de Snapchat. D’une durée comprise entre 3 et 7 minutes, ils combinent la volonté de proposer du contenu plus scénarisé tout en participant à la tendance des formats courts. Les annonceurs étant de plus en plus friands de la publicité sur les réseaux sociaux, quels sont les arguments de Snapchat pour les convaincre ?

Les shows au coeur du Discover

Format vertical s’imbriquant dans une série composée plusieurs épisodes, les shows Snapchat sont proposés par des éditeurs et abordent plusieurs sujets : actualité, société, cuisine, sport ou encore beauté. Contrairement aux éditions publishers également présents dans le Discover, les shows ne disparaissent pas après 24h. Proposés exclusivement par une cinquantaine de partenaires media sélectionnés par Snapchat, ils ne sont donc pas (encore) accessibles en termes de production au grand public, ni aux autres créateurs de contenu.

Les partenaires éditoriaux de Snapchat, dans la rubrique Discover

Chaque show est scénarisé, planifié en termes de fréquence et d’audience par l’éditeur, et ensuite validé par le réseau social. Il de se focaliser sur un thème ou un angle, moins développé dans les éditions publishers. Par exemple, « Témoignage » par Cosmopolitan propose chaque semaine un épisode de 300 secondes d’une prise de parole face relatant tabous persistants dans la société (troubles psychiatriques, violences, handicap etc.).

Avec une durée de quelques minutes, les éditeurs (et Snapchat) ont la volonté de créer de nouveaux rendez-vous, afin de créer de la fidélité et augmenter le temps passé sur l’application. Avec des formats courts, ils ont la volonté de séduire les générations, notamment habituées à la courte durée des Tiktoks et des Reels Instagram. La proposition par série permet donc d’installer un réel storytelling et de préserver l’attention de l’utilisateur, avec comme objectif à long terme de développer des fictions ou des mini-séries.

Un reach potentiel non négligeable

Si la motivation des éditeurs réside dans le fait d’informer leur audience, le reach potentiel de la plateforme demeure un très bon argument de vente auprès des annonceurs. En effet, selon Médiamétrie, en janvier 2022 en France, Snapchat comptait 25,2M de visiteurs uniques (+26% par rapport à 2020), et 18,1M par jour (+32% par rapport à 2020). Son score journalier le classe 5e des marques les plus visitées sur internet, derrière Google, Facebook, Youtube et WhatsApp. L’application dépasse Instagram de plus de 3M de visiteurs uniques journaliers alors qu’Instagram compte 10M de visiteurs mensuels de plus au niveau mensuel. Une preuve d’engagement pour Snapchat : un utilisateur est plus susceptible d’ouvrir Snapchat une fois par jour plutôt qu’Instagram.

Cette progression des visiteurs uniques va de pair avec les utilisateurs actifs quotidiens (DAU), qui sont près de 16,6 millions en France et 82 millions en Europe. La diffusion des campagnes publicitaires a ainsi de grandes chances d’atteindre un niveau d’impressions satisfaisant. Le potentiel d’audience de la plateforme est significatif, sachant que le temps moyen/jour d’un utilisateur Snapchat est de 49 minutes, et plus d’une heure pour les utilisateurs entre 15 et 24 ans, le faisant réseau social le plus important en termes de temps d’utilisation. Dans le cas des shows, il faut compter 2 publicités pour 5 minutes de format. Avec un plus grand temps passé pour l’utilisateur, un plus grand nombre d’affichage de publicités est possible.

PureBreak, éditeur géré par Webedia, compte en avril 2020 3,8M de visiteurs uniques. Ses trois shows, « Match ou Next », « Off Screen » et « L’interro Surprise » atteignent une audience de 2,6 millions de spectateurs uniques en moyenne sur la plateforme. Si les annonceurs peuvent craindre une audience trop jeune (spectateurs non-décisionnaires d’achats), Snapchat a récemment diffusé ses audiences, en affichant que 14,9% des audiences touchés par la publicité sont mineurs. Si ce n’est un engagement de transaction, les annonceurs peuvent organiser des campagnes avec pour objectif de la notoriété ou du branding.

Age de l’audience de Snapchat en France, par DataMind, basé sur les rapports de Snap Ads Manager

Des formats publicitaires spécifiques

Avec 2 coupures publicitaires pour 5 minutes de contenu, les annonceurs ont de quoi se positionner sur la plateforme.


Les formats publicitaires sur Snapchat, © Snap Inc

  • Les Snap Ads. GIF animé ou vidéo, cette publicité intervient entre les Snaps présents dans le Discover. Agrémenté d’un CTA (Call To Action) tel que « Voir », « Jouer », « Acheter » ou encore « S’inscrire », ce format permet de générer du traffic ou d’augmenter les téléchargements d’une application, mais aussi d’améliorer le taux de conversion. Bien que les normes de Snapchat acceptent les publicités jusqu’à 3 minutes (idéales pour les teasers ou bandes annonces), le format recommandé est de 3 à 5 secondes, afin de maximiser l’attention de l’utilisateur.
Exemple : Snap Ad de Krys

  • Les Snaps Commercials. Ce format publicitaire est considéré comme premium, car non-skippable pendant 6 secondes, en plein écran et avec le son activité automatiquement. Les annonceurs peuvent décider du placement de leur publicité, avec une réservation de l’emplacement dans le contenu éditorial des shows. Cela leur permet d’obtenir une meilleure mémorisation du message par un meilleur taux de complétion vidéo. Snapchat a communiqué la campagne exclusive de Coca Cola Light Taste, qui a été diffusée exclusivement sur Snapchat pour en mesurer la réelle efficacité. Résultat : taux de complétion moyen de 80%, mémorisation publicitaire de plus de 18 points et augmentation des ventes de 3,6%.

  • Les Collection Ads. Composé d’un carrousel d’images et/ou de vidéos, ce format est utilisé surtout dans un but de conversion pour le e-commerce. Il apparaît entre le visionnage de deux stories, et dans le cas des shows, entre deux épisodes.

  • Les Story Ads. Ces annonces viennent se mélanger aux éditions publishers et aux shows dans le discover. Comme si ces publicités étaient des émissions/contenus à part entière, elles ne s’activent que si les utilisateurs cliquent dessus.

  • Les Dynamics Ads. Ces annonces permettent de mettre en avant des publicités directement avec le catalogue produit de l’annonceur, avec un ciblage et une sélection automatique.

  • La native/partenariat éditorial. Non-gérable directement par Snap Ad Manager, ce format consiste à faire la promotion d’un produit/d’une marque à travers le journaliste qui présente le Show. Les annonceurs passent alors directement par la rédaction de l’éditeur, ce partenariat sera néanmoins toujours validé par Snapchat, car eux-seuls valident scénarios et contenus avant la diffusion.

En ce qui concerne le prix, le réseau social propose deux options : un budget quotidien (minimum de 5€) ou un budget global sur une période définie. Snapchat met à disposition, pour les annonceurs préférant collaborer directement avec leur régie publicitaire et non avec celles des éditeurs, des prévisions d’affichage et du nombre de « Swipe-Up ». Snapchat peut ainsi vendre des emplacements au sein des contenus éditoriaux et entre les épisodes des Shows des éditeurs, en leur partageant 50% des revenus. Cependant, toutes les données récoltées auprès des segments d’audience des publicités vendues par Snapchat leurs sont réservées, et les éditeurs ne peuvent y avoir accès. Du côté des régies publicitaires des éditeurs, les tarifications des formats varient entre 8 et 12€ de CPM (Coût Par Mille).

Pourquoi Snapchat ?

Tout comme ses concurrents, Snapchat propose un ciblage data précis, qui permet de viser des secteurs démographiques, des intérêts ou encore la localisation de ses utilisateurs. A l’instar de Facebook, il propose également des audiences personnalisées qui permettent de créer des Lookalikes, pour cibler des utilisateurs similaires aux clients actuels de l’annonceur. Les différents formats laissent libres les annonceurs pour exprimer leurs créativités, tout comme optimise le temps de ceux qui souhaitent réaliser les campagnes les plus simples possibles (GIF d’images par exemple). Moins populaire auprès des annonceurs, comme Facebook Ad Manager avec Instagram, la concurrence peut également être plus faible sur Snapchat. Argument de taille, l’écosystème éditorial fermé du Discover, avec seulement des partenaires médias, protège des fakes news. En contrôlant le contenu éditorial, Snapchat s’assure d’avoir un environnement sain pour ses annonceurs au sein du Discover. Par ailleurs, Snapchat possède des règles publicitaires assez strictes, avec un encadrement autour des sujets sensibles pour les annonceurs comme pour le public, avec notamment les sites de rencontre, l’alcool, les traitements minceurs, la chirurgie esthétique, les jeux d’argents ou encore les produits financiers.

Cependant, Snapchat possède des contraintes non négligeables. Par exemple, le format vertical, avec très peu de largeur peut contraindre les annonceurs qui ont l’habitude de promouvoir avec des formats horizontaux. En ayant moins d’offres publicitaires pour des normes plus strictes que ses homologues, Snapchat a également des contraintes en termes de possibilités pour les plus petits annonceurs, n’ayant pas nécessairement le budget.

Snapchat est en test pour un nouveau modèle de contenu, les Dynamic Stories, permettant aux articles d’un site de remonter directement en story dans le flux de Discover, avec en swipe up l’accès au site de l’éditeur. Deux problématiques inhérentes à cette démarche : quels seront les impacts sur les formats publicitaires des articles sur les sites, et quid de la présence exclusive des éditeurs partenaires sur le Discover.

Alice Joie

Sitographie

The weight of UGC in the gaming industry

© Branded Mini Games

User generated content, or UGC, is content that has been created and posted by a user on any type of online platform, from social media and streaming platforms to video games.

More and more actors of the gaming industry have UGC-based strategies as it is becoming a popular and customisable business. For example, the game World of Minecraft where users can buy land within the game and construct their houses, even entire villages, forests and so forth. This type of gaming is spreading so much that these platforms are becoming the largest digital properties in the world. In the first quarter of 2021, Minecraft had gained $350 million just by selling add-ons and gadgets to its users for better and innovating game experience.

This trend changes the way advertisement is achieved and perceived which begs the question whether User Generated Content as a business model, is the future of the gaming industry is.

Video games, a new form of social media

Permitting the players to have a semblance of power on what their interface looks like and how they want to move forward within their online experience is not a new movement, even in the gaming industry. It exists since the 1980s, in the Mario games in form of “mods”, that stand for small for modifications.

At first, this small bequeathing of control to the users was not well received. Developers were afraid that gamers would change the game’s core too much and consequently, their vision of the game. It also meant that the developers’ job shifted from conceiving a world for users, to letting the gamers create their own world. Developers must now facilitate the users’ creativity within the game and let their imagination fabricate the rules and path they wish to follow.

This strategy is presently widely accepted. Indeed, some of the biggest online gaming actors have UGC-based strategies such as, but not limited to, Fortnite, Minecraft, the SIMS, etc.

The last decade has also seen new platforms emerging, also based on UGC like Roblox, where any user can create his or her own game. In addition, other users can play the games created by the others. This concept of exchange within a platform is why Roblox is referred to as “The Youtube of Gaming”. Meaning that whatever the user’s age or mood of the moment, they can search on the platform for a game they wish to play or create it if it doesn’t exist.

Last year alone, Roblox counted over 8 million game creators and had 42.1 million daily users, including 44% of female players, in no less than 150 countries around the world.

Hence, it is only normal to question how these games, entirely based on UGC, make ends meet.

The monetisation of UGC-based games

Generating money is possible because of the social aspect of UGC-based games. This whole business plan is based on engaging users and giving them the opportunity to share the content they create with others. It is a new offer to socialise and a new way to create communities with people from all around the world.

This initiative is better supported and reflected with UGC because people create their realities as well as a space that is entirely their own. It appeals to the creativity of the users and urges them to spend money to keep their digital world going and evolving.

Therefore, UGC expends the shelf life of games and provides a steady stream of engagement content. This benefits advertisers as users are invested for a longer time and dedicated because they are now personally empowered. Nevertheless, it also changes the way advertising is done.

A good study is the latest partnership between Roblox, previously stated gaming platform and Vans, a skateboarding brand. These two companies collaborated in order to launch an interactive skate park on Roblox called “Vans World”, with characters wearing Vans products and as such, embodying their brand. The world also enables the users to buy virtual Vans merchandising like sneakers, skates and various clothing items.

The physical world of fashion was slowly drifting to the digital world, nonetheless, this new strategy seeks to blur the line between the two worlds.

Vans World, partnership between the skate brand Vans and kid gaming platform Roblox; ©Roblox

Around 99% of websites with a game guide uses advertisement as a way to monetise their content. In addition, users are more and more solicited to create content. As they become active in their game experience, the same is expected to happen with advertising. Users want to have a part in the advertisement they are shown and how the campaigns affect them. More brands take their merchandise within games to create interaction with the gaming communities and target younger audiences inside the space of their hobby.

It’s the case for Vans and likewise for more luxurious brands like Gucci. Two years ago, on Roblox, Gucci sold a virtual bag for $4,115 which is even more than the retail price, on their new online gaming platform. The latter generates items for players to experience with and in December 2021, a Gucci Garden was hosted on Roblox with interactive features and the possibility to shop for Gucci items.

The Italian luxury brand went beyond basic digital advertisement by interacting with video game players and turning them into customers for their products. Gucci adapted its marketing strategy to the gaming industry by using a UGC-based platform. Due in part to this innovative marketing campaign, the company’s revenues were up 20% in 2021.

It is not hard to speculate that these interactions between brands and users are more and more drifting towards a metaverse. As of now, there isn’t any cryptocurrency noted yet but who knows what the future might hold?

AAA-games will always have a market as they are anchored in the gaming world. Nevertheless, UGC-based games are stepping up and gaining in notoriety each day. Gaming is likely to be entering a new era where users follow specific players because of their UGC, just like the social media model, rather than following gaming development studios and their different titles.

Emma HUBERT

Articles and sources:

https://www.forbes.com/sites/adrianbridgwater/2021/12/06/a-serious-game-microsoft-azure-champions-user-generated-content/?sh=2674d0f11527

https://kylehulse.medium.com/why-ugc-is-the-future-of-gaming-faa9e8b1bf1a

https://www.thedrum.com/profile/anzu-io/news/why-the-rise-of-user-generated-content-in-video-games-should-matter-to-advertisers

https://www.slashgear.com/microsoft-making-it-easier-for-you-to-make-money-from-games-21696162/

https://www.forbes.com/sites/dbloom/2021/09/01/roblox-partners-with-vans-to-launch-interactive-skatepark/?sh=5b96d11c78b9

https://www.forbes.com/sites/forbesagencycouncil/2021/12/28/marketing-in-the-metaverse-detailed-predictions-for-business-musts-in-2022/?sh=3677da687675

https://www.pcgamesinsider.biz/interviews-and-opinion/72744/the-importance-of-user-generated-content-in-the-metaverse/

https://digitalmediaknowledge.com/medias/jeux-video-les-nouveaux-reseaux-sociaux/

https://www.glossy.co/fashion/why-luxury-brands-are-doubling-down-on-roblox/

Publicité pour les jeux d’argent en ligne, dérives et modernisation

Source : Sud Ouest

La nocivité des jeux d’argent et leur caractère addictif n’est plus à prouver. Récemment, le phénomène a pris une nouvelle ampleur avec le ciblage des jeunes publics et une forte utilisation des paris en ligne lors de la Coupe d’Europe de Football 2020.

En 2017, une étude menée par l’OFDT (Observatoire Français des Drogues et Toxicomanies) révélait que 38,9% des jeunes de 17 ans avait déjà joué à un jeu d’argent, et 47,1% des jeunes garçons interrogés. Le jeu d’argent le plus prisé ? le grattage et juste après, les paris sportifs, par près de 44% des joueurs. Le fait le plus inquiétant avec les paris, particulièrement chez ces jeunes joueurs, est indéniablement la fréquence. Le pourcentage de jeune de 17 ans qui déclare jouer régulièrement aux paris sportifs (plus d’une fois par mois) est de 57% contre un quart pour les joueurs réguliers de grattage selon cette même étude de l’OFDT.

En 2010, la FDJ (Française des Jeux) perd le monopole sur les paris sportifs. Ainsi, on a une multiplication des acteurs mettant en œuvre de nouvelles techniques marketing.

Et ce phénomène ne se limite pas aux paris sportifs. Le dernier rapport annuel de l’ANJ (Autorité Nationale des Jeux) montre qu’entre 2019 et 2020, le nombre de joueurs réguliers de poker en ligne est passé de 1,2 millions à 1,85 millions, soit une hausse de 53%.

Une raison de cette ruée récente vers les jeux d’argent en ligne ? La publicité y est pour quelque chose. Entre 2019 et 2021, le budget publicitaire alloué par les plateformes de jeu d’argent et de hasard a augmenté de 26%. De plus, les méthodes ont évolué pour s’inscrire encore plus dans les usages et toucher particulièrement les jeunes, même mineurs, ne pouvant pas légalement jouer aux jeux d’argent et de hasard.

Le marketing pour les jeux d’argent en ligne

Cette forte croissance du nombre de joueurs est en lien avec les stratégies marketing des plateformes de jeux d’argent. Celles-ci visent à banaliser le jeu et les risques associés et à rendre plus présent dans la sphère médiatique leurs produits. La finalité de cette stratégie est d’attirer de jeunes joueurs sur leurs services.

  • La banalisation des jeux d’argents

Le jour de la fête des mères en 2021, à moins d’un mois de l’Euro 2021, Winamax diffuse son dernier clip publicitaire avec comme catchphrase : Tout pour la daronne.

L’histoire ? Un jeune homme gagne son pari et protège sa mère de tout risque financier en l’envoyant en ascenseur jusqu’à un avion en classe affaire, gravissant l’échelle sociale.

Le message ? Si vous ne le faites pas pour vous, faîtes-le pour elle.

Le but de cette campagne est de montrer le pari sportif comme une activité récréative, pouvant rapporter beaucoup d’argent et gravir l’échelle sociale.

La pub Le nouveau Roi présente le pari sportif comme un moyen d’acquérir reconnaissance et respect de ses pairs. Ce dernier point est encore plus marqué par l’actuel slogan de la plateforme : Grosse côte, gros gain, gros respect. Cette anaphore omet simplement un ingrédient essentiel du pari sportif : la mise d’argent.

Autre aspect mis en avant par la publicité pour les paris sportifs ? l’intensité que procure le fait de parier. C’est le message de la campagne publicitaire de Betclic : Bascule dans le game. Le pari n’est plus alors vu comme un moyen de remporter un peu d’argent mais comme l’ingrédient essentiel pour mieux apprécier le sport.

  • Une modernisation des moyens de communication

En plus de ces campagnes banalisant le jeu d’argent, les acteurs de ce secteur développent leurs stratégies de communication et les moyens de diffusion de leurs messages. Cela passe notamment par une stratégie de marketing d’influence.

On trouve de plus en plus de parieurs sur les réseaux sociaux. Les plateformes de jeux d’argent ont bien l’intention de se servir de leur notoriété.

Comment ? En proposant des partenariats, espérant qu’ils pourront ramener leurs audiences sur leurs services en ligne. Mohammed HENNI est certainement le plus connu des influenceurs traitant des paris en ligne. Tous les week-end, il parie sur la victoire de l’Olympique de Marseille, et publie une vidéo après le match. En cas de défaite, il casse sa télévision, pour le plus grand plaisir de ses spectateurs.

Il est ainsi souvent invité à commenter des matchs en direct sur la chaîne YouTube de Winamax. Pas besoin d’images de la rencontre, la spontanéité de l’influenceur suffit. Et le grand intérêt de cette émission pour le bookmaker est de mettre en avant les dernières côtes de paris suivant le cours du jeu.

Source : Winamax

Les paris sportifs ne sont pas le seul secteur sur lesquels les plateformes de jeu d’argent essayent de s’étendre en utilisant l’image d’influenceurs. Sur la plateforme Winamax, les participants de l’émission Les Marseillais, influenceurs parmi les influenceurs, ont leur propre tournois : Le Sud VS le Reste du monde. Le principe est simple, pour chaque mouvement significatif au poker tel que, se mettre à tapis, un son significatif est lancé. L’image visuelle est aussi travaillée pour ces tournois et des participants iconiques de l’émission sont régulièrement présents sur ce tournoi.

Source : Winamax

Un autre exemple est le tournoi La fièvre, reprenant le titre de la chanson du groupe NTM dont fait partie Kool Shen, également joueur professionnel de poker. Voici un extrait audio que l’on peut trouver si l’on touche une quinte flush, la meilleure main au poker !

https://s3-eu-west-1.amazonaws.com/sharing-folder/ClubPoker/sounds/fever_audio_mp3_common_1.mp3
Source : Winamax

Et enfin, les rooms de poker (plateforme de poker, Winamax/Unibet/Betclic…) font de plus en plus de partenariats avec des YouTubeurs et Streamers de la scène Twitch française. C’est notamment ce qu’on a pu voir récemment avec des tournois organisés par Pokerstars ou encore PMU.fr rassemblant Gotaga, Doigby ou encore Domingo. Ce type de partenariat vise particulièrement le jeune public de ces célébrités d’internet. L’objectif est le même : banaliser les jeux d’argent et ramener de nouveaux utilisateurs grâce à de nouveaux canaux de communication.

Ici l’exemple de l’offre en suivant un lien sous la vidéo d’un tournoi organisé par le streamer Xari en partenariat avec Winamax :

Source : https://www.xari.fr/winamax

Ce lien d’affiliation permet à Winamax d’évaluer la pénétration de ce mode de communication commerciale. Cela permet également de rémunérer le créateur Xari grâce à des objectifs de résultats, en fonction du nombre de personnes ayant suivi le lien.

Un cadre règlementaire qui pourrait être renforcé

La règlementation concernant la publicité pour les jeux d’argent est sous la forme de recommandations établies dans le Code de l’ARPP.

Celle-ci prévoit que le jeu d’argent doit être clairement identifié comme tel et que la publicité se doit d’être loyale et véridique. Par ailleurs concernant les mineurs, la communication pour des jeux d’argent ne doit en aucun cas les viser. Cela signifie qu’il ne faut pas que la communication pour des jeux d’argent utilise des éléments la rendant spécifiquement attractive pour les mineurs. De plus, les jeux d’argent ne doivent pas être présentés comme un passage à l’âge adulte.

Sur ces points, les publicités présentées ne sont pas vraiment en conformité. Dans Tout pour la Daronne de Winamax, le pari est montré comme un moyen pour un fils de prendre soin de sa mère, de n’être plus un enfant mais un adulte, autonome financièrement. De même les stratégies de communication faisant appel au marketing d’influence sont à la destination directe des mineurs et jeune public. Parmi les internautes suivant des influenceurs sur internet, près de 40% ont entre 15 et 24 ans. De même, spécifiquement sur la plateforme Twitch, près de 15% des utilisateurs ont entre 13 et 17 ans.

Face à ces pratiques nouvelles en matière de communication pour les jeux d’argent, une riposte s’organise. La plateforme Twitch a interdit toute publicité directement sur sa plateforme pour les casinos en ligne même s’il est toujours possible de diffuser des contenus live sur ce type de jeu d’argent par ailleurs complètement illégale en France. Google a développé YouTube Kids, la version de la plateforme à destination des parents voulant offrir une version plus sécurisante de YouTube. Dans ce service, les enfants ne peuvent pas accéder à des vidéos traitant de jeux d’argent.

Source : https://lucky-7-bonus.com/blog/top-10-des-streamers-slots-sur-twitch

Enfin, suite à la forte publicité constatée lors de l’Euro 2020, une députée française, Agnès THILL, a déposé une proposition de loi interdisant totalement la publicité pour les jeux d’argent le 21 Juillet 2021.

Par ailleurs, Sarah EL HAIRY, secrétaire d’état chargée de la Jeunesse et de l’Engagement, annonçait lors d’un interview pour Ouest-France le 18 Janvier 2021 les mesures du gouvernement concernant la publicité pour les jeux d’argent. Pas d’interdiction stricte de prévue mais un renforcement du décret du 20 novembre 2020 prévoyant le champ d’action de l’ANJ concernant les publicités directes et indirecte par les plateformes de jeu d’argent. Pour le marketing d’influence, la secrétaire d’état évoque la création d’un label par l’ARPP “certificat d’influence responsable“ valorisant les influenceurs ne faisant pas de publicité pour l’alcool ou encore les jeux d’argent.

Ce dernier élément ne semble pas être particulièrement contraignant même si, cela pourrait devenir indispensable avec la montée grandissante du marketing d’influence dans les méthodes de communications.

Pierre PRIMAULT

Sources :

Brand content et content marketing : quel positionnement pour les médias ?

Une étude de 2016 sur le Content Marketing (UDA&BVA Limelight), montre que 32% des directeurs et responsables du marketing digital dans les entreprises françaises, ne font pas la différence entre le brand content et le content marketing. Dans le même temps, cette étude montre que malgré le bruit qui est fait autour de ces méthodes, 36% des directeurs français n’y allouent pas plus de 10% de leur budget. À l’inverse, aux États-Unis, 59% des marketeurs estimaient que les budgets de content marketing devaient dépasser les autres canaux.

Ces pratiques se sont davantage développées depuis ces études, notamment sur les réseaux sociaux où les questions de taux d’engagement et de retour sur investissements sont une des premières préoccupations des entreprises. Cependant les médias traditionnels, nationaux et régionaux, peinent encore à suivre ces logiques. Plusieurs d’entre eux n’ont pas encore pris ce virage et se voient complètement invisibilisés sur les réseaux sociaux. Le développement de contenus de marque a même un effet néfaste pour l’équilibre des médias, puisqu’il se substitue à leurs productions. De la même façon, les médias ne parviennent pas à saisir l’importance du brand content, ce qui laisse place à des stratégies marketing et commerciales tâtonnantes et souvent peu productives.

Il faut donc définir ces deux notions tout en analysant, à travers des exemples concrets, quels leviers marketing les médias doivent-ils exploiter pour ne pas rater leur transition numérique.

Le content marketing

Le content marketing place le consommateur au centre de sa stratégie. Il consiste à livrer un produit souvent informatif qui va parler au spectateur, quitte à laisser sa marque de côté. Il faut pour mener à bien cette stratégie, connaître les besoins de son audience, ses habitudes et ses caractéristiques. Cette méthode est contre intuitive à l’échelle du marketing puisqu’elle exige un investissement qui ne mette pas spécialement la marque en avant. Le but de la démarche consiste essentiellement à drainer une nouvelle audience grâce à des contenus originaux. La visibilité est l’enjeu majeur.


Schéma du fonctionnement du Content marketing. CD : Stéphane Torregrosa

La forme que prend le contenu de marque est souvent informative, ce qui empiète sur le terrain des médias traditionnels. Valérie Patrin-Leclère, chercheuse au GRIPIC, avait déclaré dans une interview donnée aux Echos en 2019 : « Le marketing met sur le même plan des marques et des médias. Quand la marque n’a plus d’espace identifié, le média peine à rester crédible dans sa prétention à informer. »

La plupart des modèles de financement des médias reposent sur la publicité. Si la publicité elle-même s’approprie les codes journalistiques pour vendre son produit et inscrire sa marque sur le temps long, il se peut qu’elle se passe des médias plus vite que prévu. Alors l’équilibre financier de ceux-ci, déjà vacillant, pourrait tout à fait s’écrouler.

Devant ce constat alarmiste, il n’appartient qu’aux médias traditionnels de répliquer et de proposer à leur tour un contenu original et approprié aux réseaux sociaux. Comprendre que les sujets et la forme des publications ne doivent pas être les mêmes sur le compte instagram et sur le site du journal est primordial.

Capture d’écran des comptes Instagram du Parisien et du Figaro

Quelques journaux commencent à en prendre conscience comme le Parisien sur Instagram ou encore le Monde sur TikTok. Pour le reste, les efforts et les investissements sont encore trop faibles pour espérer toucher une nouvelle audience. On voit sur ces captures d’écrans que le Parisien a une approche plus intelligente sur les réseaux sociaux et a réussi avec un contenu adapté à toucher des personnes qui ne s’y seraient pas intéressé autrement. On voit qu’ils atteignent des centaines de milliers de vues, alors que le Figaro qui a plus d’abonnés arrive au mieux à quelques milliers.

Le brand content

S’il est souvent confondu avec le content marketing, il ne repose pourtant pas sur le même principe. Le brand content repose sur une stratégie brand-centric, qui va développer l’image de la marque pour la rendre attractive. L’objectif est de cultiver l’image de la marque et d’augmenter sa notoriété indépendamment des contenus qu’elle propose. Les objectifs de cette stratégie sont clairs : Apporter une forte visibilité, rajeunir l’image d’une marque, créer des ambassadeurs et des fans de la marque.

La plateforme de SVOD Mubi l’a par exemple bien compris et développe son profil « d’expert cinématographique » en publiant du contenu spécifique et niche pour attirer tous ceux qui se lassent des contenus mainstreams. Le site développe de nombreux partenariats avec des comptes spécialisés sur les réseaux sociaux et bénéficie d’une croissance d’abonnés exponentielle. Sur ses contenus sponsorisés, le logo Mubi brille au-dessus du visage de Pénélope Cruz dans un film d’Almodóvar. C’est ainsi que l’on expose au public les ambassadeurs de sa marque.

Capture d’écran du compte Instagram de Mubi

Même principe pour le média So Foot qui veut imposer sa marque comme une institution et pas seulement comme un média émergent. Celui-ci a organisé une émission unique sur les réseaux, avec trois spécialistes football et des cadeaux SoFoot à gagner. Résultat, 43 000 participants et six milliers de nouveaux followers sur les réseaux sociaux.

Dans les exemples cités le contenu ne se met pas nécessairement au service de l’audience mais davantage au service de la marque. Ses valeurs, son modèle et ses produits y sont mis en avant sur une période plus courte que le content marketing. Cette méthode est efficace et rentable puisqu’une image de marque saine et une audience croissante vont également attirer de potentiels annonceurs.

Face à ce phénomène les médias traditionnels semblent encore plus désemparés qu’avec le content marketing, dont ils maîtrisent au moins la forme. La crise de confiance qu’ils traversent les empêche probablement de développer une image saine et vendeuse sur le numérique. Cet a priori qui veut que le journaliste se mette en retrait au profit d’une information neutre empêche également ce fonctionnement. Enfin, mélanger contenus marketings et contenus politiques pose un vrai problème d’éthique.

Pourtant des solutions existent et doivent être, au même titre que le content marketing, mises en place indépendamment du contenu journalistique déjà disponible. Certains contenus tendance, mode ou sport sont plus adaptés à du brand content. Cette problématique est essentielle pour les médias, notamment du point de vue du vieillissement de l’audience. Les médias traditionnels doivent développer une identité forte sur leurs réseaux sociaux et se démarquer pour continuer d’exister. L’urgence d’une stratégie marketing et commerciale ne doit pas être une question secondaire car elle participe, au même titre que la qualité de l’information, à l’équilibre du paysage médiatique.

Capture d’écran du crowfunding de Légende sur le site KissKissBankBank

Bien que ce ne soit pas tout à fait comparable, plusieurs médias alternatifs et indépendants ont montré qu’une cohérence éditoriale et une marque forte pouvaient permettre un financement indépendant via des abonnements ou des crowfundings. Le 1hebdo a par exemple eu recours à des crowfundings pour le lancement de nouveaux magazines comme Légende, financés par des particuliers convaincus par le storytelling et l’image du média. Si cela n’est pas directement ce qu’on nomme brandcontent, c’est un signe encourageant quant à la possibilité pour des médias traditionnels d’exister à travers leur image et leur audience.

Louis Haéri

Sources

https://www.redacteur.com/blog/difference-content-marketing-brand-content/

http://www.eclaireursdelacom.fr/brand-content-une-marque-peut-elle-etre-un-media-legitime-et-credible/

https://www.docaufutur.fr/2016/06/29/etude-content-marketing-activis-uda-bva-limelight-content-marketing-brand-content/

Le retail media : l’avenir des enseignes de la grande distribution ?

Bien avant la crise sanitaire, les habitudes des consommateurs avaient déjà évoluées pour se tourner de plus en plus vers le digital. Cette tendance n’a épargné aucun secteur, encore moins celui de la grande distribution. Depuis 2020, la crise sanitaire n’a fait que renforcer ce phénomène.

De plus en plus d’enseignes de supermarchés ont comme ambition de devenir un retail media sur le digital, avec pour objectif ultime celui de concurrencer Amazon, leader sur le marché. Le retail media désigne l’ensemble des solutions de publicité apportées par les enseignes, que ce soit en magasin physique ou sur du e-commerce. Ce phénomène a cependant plus d’impact sur le digital, grâce à l’exploitation des données des clients : on peut connaître davantage leurs centres d’intérêt et leur expérience utilisateur. Malgré tout, la récolte de données peut également avoir lieu dans les magasins physiques, avec par exemple le développement des “scanettes”, grâce auxquelles les clients enregistrent les produits achetés au fur et à mesure de leur parcours dans le magasin, ou tout simplement grâce aux cartes de fidélité qui enregistrent les différents achats. Toutefois, cette récolte de données est beaucoup moins intéressante que sur le digital.

De nombreuses solutions peuvent être apportées par le retail media en digital. Par exemple, mettre en avant certains produits d’une marque contre rémunération sur une e-boutique, c’est du retail media. C’est ce que fait Amazon qui permet aux revendeurs de payer des commissions pour que leurs produits soient mis en avant sur le site internet, que ce soit lors des recherches de produits ou lors des produits recommandés à la suite d’un achat. Dans les magasins physiques, les marques peuvent également payer pour que leurs produits soient présentés dans les rayons au niveau des yeux, ou mieux encore, en tête de gondole. Mais, le digital permet beaucoup plus de pertinence pour les marques grâce au ciblage beaucoup plus précis des clients intéressés par leurs produits.

Ainsi, au travers de la monétisation de leurs audiences et l’exploitation de la data, les enseignes de supermarché deviennent des médias, d’où le terme employé de retail media. Le retail media permet de créer une nouvelle source de revenu pour les enseignes de distribution au travers de revenus publicitaires non négligeables. Ainsi, par exemple, au troisième trimestre 2021, Amazon a récolté plus de 8 milliards de dollars de revenus publicitaires. 

Les enseignes traditionnelles veulent devenir des retail media

Les enseignes traditionnelles de supermarché en France ont donc compris qu’il était temps de se développer davantage sur le digital. Ces enseignes sont historiquement présentes en physique, mais, face à la diminution du trafic en magasin, il leur est nécessaire de se réinventer et de diversifier leurs revenus. En effet, selon une étude réalisée par l’institut Kantar, la fréquentation des supermarchés et des hypermarchés ne reviendra au niveau d’avant la crise sanitaire seulement dans huit ans. Certaines enseignes se séparent même de leurs hypermarchés, à l’image du groupe Carrefour, première enseigne française en Europe en termes de chiffre d’affaires, qui a placé une quinzaine de ses établissements sous le statut de location-gérance.

Il est donc important pour ces enseignes de trouver d’autres sources de revenus, notamment grâce au digital. Carrefour a donc décidé de développer une stratégie axée sur le digital en signant différents partenariats avec des entreprises de ce secteur. Ainsi, en juin 2021, Carrefour a signé un contrat avec la firme Criteo afin de se doter de la plateforme technologique Criteo Retail Media. Ce service permettra à Carrefour de valoriser ses données propriétaires, mettre en avant son inventaire et in fine permettre aux annonceurs de promouvoir leurs produits sur tous les supports digitaux détenus par Carrefour. Le but est de proposer aux annonceurs d’intégrer entièrement leur publicité au sein du parcours d’achat du client, grâce à des ciblages fondés sur les comportements d’achat. 

Carrefour a également signé un contrat avec le groupe Meta en novembre 2021. Au travers d’un plan d’investissement de 3 milliards d’euros, Carrefour souhaite s’ancrer encore plus dans le digital avec comme objectif ultime celui de concurrencer Amazon. Parmi les annonces issues de ce partenariat, la volonté d’une digitalisation plus accrue de l’expérience client semble en être le socle. Les directeurs des magasins locaux pourront ainsi utiliser les différentes plateformes du groupe Meta pour toucher au plus juste les clients. Plus intéressant encore, Meta et Carrefour vont travailler main dans la main pour développer une offre commune de ciblage et de mesures des campagnes au sein de Carrefour Links, propriété de Carrefour qui recense les différentes solutions propres au retail media. Il est toutefois utile de questionner la dépendance du groupe Carrefour à un groupe américain pionnier dans le secteur de la publicité digitale.

D’autre part, d’autres enseignes françaises ont également créé leur propre plateforme en interne, regroupant leurs outils rattachés au retail media. Les groupes Casino – regroupant les enseignes Casino, Monoprix et Franprix – et Intermarché ont ainsi annoncé en novembre 2021 la création de l’entreprise Infinity Advertising. Cette entreprise aura pour objectif de proposer une offre de retail media et de data sharing auprès de marques alimentaires et de leurs agences. Cette annonce montre bien l’importance grandissante du retail media au sein du secteur de la grande distribution. En effet, deux enseignes concurrentes en sont venues à s’allier pour essayer de se faire une place au sein du retail media. Infinity Advertising a pris ses fonctions à partir de début 2022. 

Par ailleurs, déjà en 2018, le groupe Casino avait pris conscience de l’importance des données clients pour les marques. L’entreprise RelevanC a donc été créée à ce moment-là. Son but est de recueillir au mieux les données des clients récoltées en magasin, grâce à la carte fidélité ou à la scanette par exemple. Par la suite, l’objectif est d’exploiter ces données clients afin de permettre aux marques d’être plus pertinentes auprès de ces derniers, en leur proposant par exemple la bonne promotion au bon moment. RelevanC a un chiffre d’affaires estimé à 55 millions d’euros et, en 2020 les premières signatures de contrats avec des clients externes, des acteurs de la distribution ont été réalisées.

Malgré leur retard évident sur leur positionnement en tant que retail media face aux pionniers comme l’américain Amazon ou le chinois Alibaba, ces enseignes françaises ont tout de même un avantage : elles sont omnicanales et peuvent récolter des données sur leurs clients aussi bien en magasin que sur le digital. 

Les media, futur leader du retail media ?

Par ailleurs, aujourd’hui, nous assistons au phénomène inverse : celui des médias qui deviennent des retails media. C’est le cas par exemple du réseau social TikTok qui développe des offres de live shopping, où les marques promeuvent et vendent leurs produits via des live streams, soit directement via leurs comptes soit au travers de partenariats avec des influenceurs. Mais la nouveauté la plus intéressante est celle de la fonctionnalité Tiktok Shopping lancée en août dernier et fruit d’un partenariat entre la plateforme de vidéo et Shopify. Les vendeurs clients du service Shopify et inscrits sur Tiktok Business auront la possibilité d’insérer directement des liens sur leurs profils et de créer une vitrine virtuelle composée de leurs produits. Cette stratégie de développement de TikTok est d’autant plus forte qu’en décembre dernier, l’entreprise est devenu le site le plus consulté au monde, reléguant pour la première fois Google au deuxième rang.

Ainsi, l’avenir du retail media n’appartiendrait peut-être pas aux acteurs historiques du secteur de la grande distribution, mais bien aux nouveaux acteurs des médias, qui ont l’avantage d’avoir une grande audience très fidèle.

Elsa Bleuzen

Projet de fusion TF1-M6 : enjeux et perspectives

Annoncé en mai dernier, le projet de prise de contrôle exclusif du Groupe M6 par le Groupe Bouygues (actionnaire majoritaire du Groupe TF1) consisterait, pour ce dernier, à racheter 30% des parts de son concurrent historique, actuellement détenues par RTL Group, contre 641 millions d’euros. Néanmoins, cette perspective fédère les oppositions et ne va pas sans susciter nombre d’interrogations. Tentative d’éclaircissement.

(Source : https://media.lesechos.com/api/v1/images/view/60dc32dbd286c231392a33f6/1280×720/
0611303262612-web-tete.jpg)

Quelles questions ce projet fait-il émerger ?

Un point clé de ce dossier réside dans la définition du « marché publicitaire pertinent » qu’il convient de prendre en compte afin d’analyser la faisabilité de la fusion au regard du droit de la concurrence. Faut-il considérer uniquement le marché de la publicité TV ou bien celui de la publicité numérique dans son ensemble ?

Le poids de ce nouvel acteur sur le premier marché cité dépasserait tous les seuils d’analyse et ne permettrait pas à l’Autorité de la concurrence (ADLC) d’autoriser cette fusion. Agrégés, les deux groupes représenteraient 75% du marché de la publicité télévisée (dont 50% pour les seules chaînes TF1 et M6) et 98% des écrans dits premium, à plus forte audience, d’après Le Monde.

De leur côté, TF1 et M6 promeuvent un changement radical de philosophie de l’antitrust et souhaiteraient convaincre l’Autorité de la nécessité d’adapter le critère du marché pertinent aux évolutions de l’environnement concurrentiel, marqué par l’irruption des plateformes de SVOD et réseaux sociaux. Il conviendrait alors d’ajouter le marché de la publicité numérique à celui de la publicité télévisée, dans la mesure où, le « temps de cerveau disponible » des individus étant contraint, il s’agirait d’un unique « marché de l’attention ». Ce faisant, le duo verrait alors sa part de marché réduite à 24% au premier semestre 2021. De plus, l’autorisation sous conditions, par l’ADLC en 2016, de la fusion Fnac-Darty les incite à l’optimisme.

Néanmoins, une limite à ce raisonnement réside dans la relative stabilité des investissements publicitaires télévisuels en France ces dernières années. Selon l’IREP, en 2019, ils s’établissaient à 3,403 milliards d’euros, en baisse de -0,7% par rapport à 2018 ; corroborant la puissance persistante du média TV malgré l’annonce récurrente de son agonie prochaine.

Outre cet enjeu central, cette potentielle fusion entre TF1 et M6 s’accompagne d’interrogations concernant les programmes.

Au niveau de l’investissement dans la création tout d’abord, la perspective de voir Nicolas de Tavernost, hostile aux obligations de financement en la matière, prendre la tête de ce mastodonte inquiète l’ensemble du secteur de la production.
Rappelons qu’en l’état actuel des obligations, l’investissement annuel dans la création française du nouveau groupe TF1-M6 est estimé à 280 millions d’euros, là où les plateformes de SVOD seraient amenées à injecter entre 350 et 400 millions d’euros annuels d’ici cinq ans (cf. transposition de la directive SMA de 2018).

De plus, selon un diffuseur, l’alliance posséderait 62% des tranches d’information de la mi-journée et 52% en soirée ; sans même considérer RTL, pourtant première radio de France et propriété du Groupe M6. D’un point de vue démocratique, une telle concentration de l’offre d’information entre les mains d’acteurs privés est-elle souhaitable ?

Techniquement enfin, un prérequis à la réalisation effective de cette fusion réside dans la vente de plusieurs canaux TNT. En effet, TF1 et M6 possèdent trois canaux de diffusion supplémentaires par rapport à la limite de sept fixée par le dispositif anti-concentration médiatique. Les deux groupes envisageraient donc de céder 6Ter, TF1 Séries Films, TFX ou Gulli ; chaînes aux faibles audiences et dont la numérotation n’est pas stratégique. Cette stratégie est fréquemment dénoncée par les opposants à ce projet.

(Source : https://cdn-s-www.bienpublic.com/images/3cb62475-27b3-4616-83bc-96cc57c1b481/NW_listA_M/title-1621360209.jpg)

Zoom sur les oppositions

Au vu de l’étendue de leurs périmètres d’activités, de leur puissance économique et du précédent qu’une telle opération pourrait représenter, de nombreuses voix – aux intérêts extrêmement variés – s’élèvent contre ce projet de fusion.

Au premier rang de ceux-ci, se trouvent les concurrents privés des deux groupes (Canal+, Altice Media, NRJ, etc.), inquiets pour leurs revenus publicitaires notamment. Arthur Dreyfuss, CEO d’Altice Media (BFMTV, RMC, etc.) et l’un des rares à affirmer publiquement son opposition au projet, disait à ce propos : « L’objectif semble surtout être d’affaiblir les concurrents sur le marché français ».

Suivant une logique diamétralement opposée, Delphine Ernotte-Cunci, présidente de France Télévisions, s’est prononcée en faveur de cette fusion lors du festival Médias en Seine le 12 octobre dernier – auquel j’ai eu l’opportunité d’assister. De là à y interpréter l’espoir d’ainsi obtenir une augmentation de la CAP ou un allègement des contraintes publicitaires pesant sur le service public en arguant du renforcement de la concurrence privée gratuite au niveau national…

Les annonceurs publicitaires (agences et syndicats) sont également largement opposés à ce projet. Ainsi, en affirmant la non-substituabilité entre publicité télévisée et numérique, le directeur général de l’Union des marques (240 adhérents) a sapé l’argument principal des défenseurs de ce projet. Selon lui, la fusion aurait trois conséquences principales : (i) une (très forte) hausse des tarifs publicitaires, (ii) un problème d’accessibilité au média TV pour certains annonceurs (nouvelles marques et PME) et (iii) un appauvrissement de la qualité et de la diversité de l’offre des contenus. De plus, la séparation des régies publicitaires des deux groupes – solution parfois évoquée – est jugée non pertinente en raison de leur poids sur le marché.

Comme mentionné précédemment, de nombreux producteurs et distributeurs audiovisuels garnissent également les rangs des adversaires de ce projet (syndicats professionnels mais aussi Banijay ou Mediawan par exemple). Outre la crainte de l’apparition d’un « guichet unique », la constitution d’une filiale de production/distribution d’envergure – Newen – par TF1 n’est certainement pas de nature à apaiser les craintes relatives à une internalisation croissante de ces activités.

Les agrégateurs de contenus (opérateurs télécom (Iliad) et Canal+ notamment), quant à eux, estiment que ce nouvel acteur pourrait se prévaloir d’un poids nettement plus important lors des négociations les opposant et donc demander davantage en échange de la reprise des fils linéaires de leurs chaînes.

Enfin, le secteur de la presse écrite est également opposé à ce projet. Déjà mal en point financièrement, il risquerait de perdre de nombreux annonceurs au profit de médias puissants (Internet et TV). Pour autant, la fragilité économique de certains médias doit-elle pénaliser les mieux portants ?

(Source : https://www.lerevenu.com/sites/site/files/u499351/p11-graf2.jpg)

Quelles perspectives pour ce projet ?

Passés les remous provoqués par l’annonce, le projet est entré dans une phase institutionnelle qui ne semble pas devoir aboutir avant de longs mois.

L’Autorité de la concurrence a commencé, à la rentrée, un test de marché accompagné de l’envoi d’un questionnaire aux acteurs potentiellement impactés et son avis officiel est attendu à l’automne 2022. Le non-renouvellement, fin 2021 par le Président de la République, d’Isabelle de Silva – qui avait publiquement exprimé son scepticisme à l’égard de ce projet – à la tête du gendarme de la concurrence a d’ailleurs été interprété par certains comme une volonté de l’Élysée d’influencer le verdict. 

Quoi qu’il en soit, le timing de cette fusion est malvenu pour l’exécutif tant le sujet est épineux. Signes de sa portée politique, une commission d’enquête sénatoriale sur la concentration dans le domaine des médias a été créée et rendra son rapport d’ici fin mars et un rapport conjoint IGF-IGAC sur cette question a été commandé par Bruno Le Maire et Roselyne Bachelot-Narquin.

Saisie début novembre 2021 par l’ADLC, l’Arcom rendra son avis sur ce dossier d’ici au 31 mars 2022. S’il a initialement été prêté un regard bienveillant à Roch-Olivier Maistre, président de l’Autorité, au sujet de cette fusion, celui-ci a rappelé que l’étude de ce dossier n’en était qu’à sa phase d’instruction et qu’il était donc impossible de présager des conclusions de l’autorité indépendante. 

Par ailleurs, Iliad – maison-mère de Free – a saisi, fin 2021, les services de la concurrence de la Commission européenne. Son argument ? Les décisions étant prises conjointement par Bouygues et RTL Group (actionnaire majoritaire du Groupe M6 et propriétaire de 16% des parts du nouvel acteur), il conviendrait de considérer les chiffres d’affaires de Bouygues et de Bertelsmann (propriétaire de RTL Group). Dans ce cas, les seuils pour considérer que l’opération est de dimension européenne seraient atteints. Cependant, l’avis partagé est que ce dossier relève des autorités nationales. Ce qui n’empêche pas Bruxelles de le suivre avec attention dans la mesure où il pourrait redéfinir le marché pertinent de la publicité pour les médias traditionnels et ainsi constituer un précédent à l’échelle européenne. 

Il sera extrêmement intéressant de voir comment les autorités françaises intègrent la nouvelle donne concurrentielle – sur le marché publicitaire notamment – dans leurs analyses. Il en va de la survie des médias traditionnels, et d’une partie de notre souveraineté culturelle, à l’ère du numérique.
D’autant que Benoît Cœuré, tout juste nommé à la tête de l’ADLC, a indiqué que cette opération « ne va pas de soi ». En cas d’autorisation de la fusion, de nombreux opposants menacent déjà de déposer un recours devant le Conseil d’État. Verdict attendu au plus tard au printemps 2023…

Théo ANFOSSI


Sources :

https://event.mediasenseine.com/session/cd1e55ee-592b-ec11-ae72-a04a5e7d345e

https://www.groupem6.fr/content/uploads/2021/05/Projet-de-fusion-M6-TF1.pdf

La publicité audio digitale : comprendre les enjeux de la monétisation des contenus audio


Qu’il s’agisse de notre consommation de médias, de nos achats en ligne, du travail, de l’apprentissage ou de la santé, nos habitudes sont aujourd’hui bousculées par l’adoption massive du digital, catalysée par la crise de la Covid-19.[1] Le smartphone est aujourd’hui l’appareil privilégié par les utilisateurs de toutes générations, même à la maison.[2] L’année 2020 a été l’occasion d’expérimenter avec le digital, comme le montre une étude du cabinet Deloitte selon laquelle 38% des consommateurs auraient testé ou effectué leur première souscription à un nouveau service durant cette période.[3] Spotify enregistre par exemple une croissance du nombre de ses utilisateurs actifs mensuels (MAU) de 29% en Q3 2020 par rapport à celui de l’année 2019, et plus précisément de 27% pour les utilisateurs premium et de 31% pour les utilisateurs ad-supported.[4]

L’audio digital concerne de manière générale l’écoute de programmes audio via un canal de diffusion digital.[5] La croissance du secteur est notamment marquée par le dynamisme d’un marché qui arrive peu à peu à maturité : celui du podcast. Près de 100 millions de podcasts ont ainsi été téléchargés dans le monde durant le seul mois de juin 2020, soit 29% de plus que juin 2019.[6] Le podcast touche une audience jeune, deux tiers des auditeurs ayant entre 15 et 34 ans,[7] et représente un chiffre d’affaires de près d’1 milliard de dollars aux U.S. en 2020.[8] L’année 2019 avait d’ailleurs battu des records avec une croissance de 48% du chiffre d’affaires aux U.S. par rapport à l’année 2018, avant que la crise sanitaire ne la réduise à 14,7% en 2020.[9]

La popularité de l’audio digital n’est pas passée inaperçue auprès des annonceurs, attirés notamment par le degré d’engagement et de loyauté élevé des auditeurs de podcasts.[10] Le volume des impressions publicitaires audio a ainsi suivi la croissance du marché du podcast, augmentant de 40% en 2019 en France par rapport à l’année 2018.[11] Cette augmentation n’est que de 5% en 2020, mais les résultats du dernier trimestre indiquent un rebondissement du marché de l’audio digital qui devrait se réaligner avec les prévisions pre-Covid-19.[12]

L’audio digital serait-il en passe de devenir un investissement média indispensable pour les annonceurs ? Il convient d’analyser quels types d’offres leur sont aujourd’hui mis à disposition, pour ensuite aborder les difficultés liées à la mesure de la performance des campagnes publicitaires. Il s’agira enfin de comprendre pourquoi la créativité est essentielle pour capter l’attention de l’auditeur.


1. L’offre mise à disposition des annonceurs dans le secteur de l’audio digital

L’annonceur doit tout d’abord comprendre quelles sont les modalités qui lui permettront d’investir dans l’audio digital pour ses campagnes. L’offre peut être divisée entre la publicité native et la publicité insérée dynamiquement dans le contenu.

La publicité native (baked-in) est directement intégrée dans le fichier audio. Elle est traditionnellement lue par le présentateur d’un podcast (host-read), mais peut aussi correspondre à un jingle ou une voix préenregistrée par l’annonceur (announcer-read). Les contenus host-read représenteraient environ deux tiers des publicités dans le secteur du podcast.[13] Ils capitalisent sur la confiance que porte l’auditeur au présentateur, ce dernier endossant en quelque sorte le rôle d’influencer dans la campagne. Selon une étude récente, 58% des auditeurs exposés à une publicité host-read se rappelleraient du nom de la marque après l’écoute, contre 35% pour une publicité announcer-read.[14]

L’insertion dynamique (Dynamic Inserted Ads) est une technologie développée ces dernières années permettant d’insérer une publicité dans un fichier audio au moment où l’utilisateur le stream.[15] Le spot publicitaire peut être inséré avant la lecture d’un podcast (pre-roll), au milieu (mid-roll) ou à la fin (post-roll). La publicité midroll présente le CPM (coût par mille) le plus élevé pour l’annonceur, car elle est en général plus longue et capte mieux l’attention de l’auditeur qui ne souhaite pas rater la suite du contenu.[16]

L’insertion dynamique est devenue particulièrement intéressante avec le développement de l’achat programmatique dans l’audio digital. Utilisé à l’origine dans les campagnes publicitaires en ligne, le programmatique est une alternative à la vente directe et permet aujourd’hui d’automatiser l’achat des inventaires et l’insertion des spots publicitaires dans les contenus audio. Cette méthode offre la possibilité de cibler la publicité en fonction des données collectées sur l’auditeur, notamment grâce aux environnements logged-in des plateformes de streaming. L’entreprise américaine Triton Digital, le leader mondial de la monétisation des contenus audio, aurait relevé une augmentation de l’achat programmatique de 244% entre 2018 et 2019, et de 86% de 2019 à 2020.[17] La plateforme de streaming française Deezer a par ailleurs conclu un partenariat avec Triton Digital en 2018 pour rendre ses inventaires accessibles en achat programmatique.[18]

Enfin, l’optimisation dynamique des créations publicitaires (Dynamic Creative Optimization) est une pratique qui s’est développée ces dernières années. Elle permet d’adapter  automatiquement en temps réel les créations publicitaires audio en fonction du profil de l’auditeur.[19]

Malgré ces évolutions technologiques récentes, le marché de l’audio digital est toujours confronté à certains obstacles techniques qui freinent son développement. 


2. Les difficultés liées à la mesure de la performance des campagnes

L’obstacle principal au développement de la publicité audio est la difficulté de mesurer l’efficacité des campagnes. Ce qu’on entend communément par « streaming » est en réalité un téléchargement progressif fonctionnant sur le même protocole http qu’un téléchargement normal.[20] La mesure des campagnes est donc limitée aux données accessibles côté serveur (server side), à l’inverse de la publicité digitale sur le web qui utilise des cookies et autres identifiants pour analyser les données côté client (client side). Connaître le taux de conversion d’une impression est par exemple très difficile. Certaines techniques consistent à inciter l’auditeur à rentrer en contact avec l’annonceur sur d’autres supports (call-to-action), en le renvoyant par exemple à un URL, ou en lui donnant des bons d’achat et de réduction sur un produit.

L’IAB Tech Lab a publié en 2016 une méthodologie pour pallier partiellement à ce problème, en attendant que des technologies permettant de mesurer l’impact d’une impression audio se développent côté client. Ces recommandations ont fait l’objet d’une première révision en 2017 (la version 2.0) et d’une deuxième très récente, ouverte à la consultation du publique jusqu’au 12 février 2021. Elles font intervenir quatre aspects de la mesure : Download (téléchargement complet ou partiel du fichier), Listener (téléchargement par un utilisateur unique), Ad Delivered (téléchargement de l’impression complète) et Client-Confirmed Ad Play (proportion de l’impression écoutée par l’auditeur). L’écoute d’une impression sera par exemple confirmée si seulement 25% du fichier audio est téléchargé et que l’impression est inclue dans cette portion de l’émission.

La publication de ces méthodes a surtout pour objectif de fournir un langage commun aux différents acteurs de l’audio digital, afin que les annonceurs puissent investir dans leurs campagnes publicitaires en toute confiance. L’IAB Tech Lab a ainsi lancé en 2018 un programme de certification pour les acteurs qui choisissent de se conformer à ces méthodes.[21] On y trouve notamment Triton Digital, ou encore son concurrent européen Acast. Les plateformes comme Spotify ou Deezer sont cependant absentes. En France, l’ACPM propose également de certifier le nombre de téléchargements des contenus audio, et Médiamétrie publie désormais une mesure indépendante à travers ses rapports eStat Podcast et The Global Audio Study.[22]

Les acteurs de l’audio digital souhaiteraient aussi pouvoir étendre la capacité de mesure sur plusieurs plateformes.[23] Antoine Daccord, Directeur des contenus et du développement à LNEI, souligne que certains contenus comptabilisent plus de vues sur les réseaux sociaux que sur les plateformes de streaming audio.[24] Cela nécessiterait cependant une structuration importante du marché ainsi qu’une coopération entre acteurs complémentaires de l’audio digital. L’IAB France et GESTE ont d’ailleurs publié une cartographie exhaustive de ces acteurs début 2021.[25] Malgré ces difficultés techniques, Yann Thebault, Directeur Général France d’Acast, indique que les rapports présentés par l’entreprise aux annonceurs incluent tout de même des informations comme le nombre d’écoutes, le temps d’écoute, le nombre d’auditeurs uniques touchés ou encore les appareils et applications utilisés.

Si l’annonceur peut choisir de se contenter d’une mesure de la performance de ses campagnes plus limitée qu’elle ne l’est sur le web, il doit cependant adapter son contenu publicitaire aux spécificités du format audio digital.


3. Faire preuve de créativité pour s’adapter au format audio digital

Le format audio digital est un moyen d’expression et de communication à part entière. Il est plus intime que la radio et accompagne l’auditeur dans ses différents moments de vie, qu’il s’agisse de se détendre, d’étudier, de cuisiner, de faire du sport, de voyager ou même de dormir. L’adaptation des contenus publicitaires est donc primordiale, notamment pour les plateformes de streaming, qui souhaitent préserver la qualité de l’expérience d’écoute de leurs auditeurs.[26] Sur sa page web, Spotify incite ainsi les annonceurs à proposer des contenus créatifs et adaptés aux attentes des auditeurs, comme des exercices de relaxation, des conseils de cuisine ou du coaching sportif.[27] En effet, 45% des utilisateurs de la plateforme souhaiteraient que les annonceurs sachent ce qu’ils sont en train de faire au moment où ils entendent une publicité.[28] On peut également y lire le terme brand intimacy ou encore le slogan « be part of their soundtrack ». Un outil de création de contenus appelé Spotify Ad Studio leur est même mis à disposition gratuitement.[29]


Plusieurs leviers permettraient donc de mieux monétiser les contenus audio. La rapidité des évolutions technologiques laisse penser que des solutions de mesure de la performance des campagnes client side pourraient voir le jour au long terme. En attendant, les annonceurs ont intérêt à choisir des partenaires qui appliquent les méthodes de l’IAB Tech Lab afin de pouvoir investir dans des campagnes en toute confiance. En France, un rapport de l’Inspection générale des affaires culturelles datant d’octobre 2020 reconnaît enfin l’originalité de la « création audionumérique ».[30] A l’instar des autre secteurs créatifs, les podcasts pourraient donc à terme bénéficier d’aides financières publiques.

Stanislas Legrain – Master 226 Management des Télécoms et des Médias – Université Paris-Dauphine – PSL


[1] McKinsey & Company, How Covid-19 is changing consumer behavior, 2020

[2] Deloitte Belgique, un nouveau consommateur émerge de la crise Covid-19, 2020

[3] Deloitte, Digital media trends survey, 15th edition, 2020

[4] https://investors.spotify.com/financials/press-release-details/2020/Spotify-Technology-S.A.-Announces-Financial-Results-for-Third-Quarter-2020/default.aspx

[5] IAB France et GESTE, Livre blanc sur l’Audio digital, janvier 2020

[6] Médiamétrie eStat Podcast, juin 2020, https://www.mediametrie.fr/fr/la-mesure-des-podcasts-en-juin-2020

[7] Ibidem

[8] IAB/PwC, U.S. Podcast Advertising Revenue Study, juillet 2020.

[9] Ibidem

[10] IAB Tech Lab, Podcast Measurement Guidelines v.2.1, 2020

[11] Kantar, Baromètre de l’audio digital, janvier-septembre 2020

[12] Ibidem

[13] Stitcher/Midroll/Signal Hill Insights, Report: Podcasts ads perform, host-read ads outperform, novembre 2020

[14] Ibidem

[15] IAB Tech Lab, Podcast Measurement Guidelines v.2.1, 2020

[16] Midroll’s Definitive Guide to Podcast Advertising, 2014

[17] IAB, Webinar-Audio Digital Programmatique (chiffres de Benjamin Masse, Market Development & Product Strategy – Triton Digital), janvier 2021, https://www.youtube.com/watch?v=pQMk2HrVgF4

[18] https://www.businesswire.com/news/home/20181205005134/en/Deezer-Partners-with-Triton-Digital-to-Launch-New-Mobile-Programmatic-Audio-Advertising

[19] IAB France/GESTE, Livre blanc sur l’Audio digital, janvier 2020

[20] IAB Tech Lab, Podcast Measurement Guidelines v.2.1, 2020

[21] https://iabtechlab.com/compliance-programs/compliant-companies/#

[22] https://www.mediametrie.fr/en/podcasts-audio-contents-lots-potential

[23] Webinar GESTE, La Pub Audio : un modèle d’efficacité ?, décembre 2020, https://www.youtube.com/watch?v=G2Zwq9gv_S8&feature=youtu.be

[24] Ibidem

[25] https://www.iabfrance.com/actualite/glossaire-et-panorama-des-acteurs-de-laudio-digital-programmatique-en-france-par-liab

[26] Emilie Proyart, Marketing Lead Deezer, IAB video

[27] https://ads.spotify.com/en-US/news-and-insights/the-advertisers-guide-to-at-home-streaming/

[28] Ibidem

[29] https://ads.spotify.com/en-US/how-it-works/

[30] Inspection générale des affaires culturelles, Rapport sur l’écosystème de l’audio à la demande (« podcasts »), octobre 2020

La publicité est-elle l’ennemi? – Plaidoyer de la publicité.

Forbes ? 30€ ! Netflix ? 15,99€ ! Instagram ? Quelques publicités.

Ça vous dérange ? Pas moi.

Parce que sans publicité, la gratuité n’existerait pas…

En effet, il est important de comprendre que la publicité est avant tout un business model, et ce pour de très nombreux médias, sites, plateformes et applications. Ces derniers ont délibérément fait le choix de nous offrir gratuitement l’accès à leurs contenus. Souvent des contenus informatifs, éducatifs, culturels, ou encore de divertissement, ils comptent donc particulièrement aux yeux de leurs consommateurs ; ces consommateurs qui se plaignent déjà bien assez du coût de dépenses de première nécessité, et qui se réjouiront donc toujours de ne pas avoir à payer pour ce qui occupe leur temps de loisir.

Mais n’oublions pas qu’alors qu’il s’agit pour le consommateur de ses loisirs, il s’agit pour ces médias de leur travail et gagne-pain, et que l’énergie investie dans la création de ces contenus mérite donc, comme tout travail, un salaire. Pour répondre à cela, comme toute entreprise, ces derniers ont donc un business model ; celui de la publicité. Une promesse simple : visibilité du produit ou service de la marque contre rémunération du média.

Il existe des modèles alternatifs permettant la gratuité me direz-vous ?

Oui, mais ne vous laissez pas méprendre. Certaines gratuités sont simplement des outils d’attraction visant à vous verrouiller en tant qu’utilisateurs frustrés pour vous convertir en utilisateurs premium. A titre d’exemple pour ce modèle que l’on appelle le Freemium, l’application Google Drive, qui sait vous séduire pour stocker vos quelques fichiers, jusqu’au jour où vous vous décidez à y stocker les souvenirs de toute une vie pour abandonner votre disque dur externe, et vous retrouvez à devoir payer pour obtenir plus de stockage.

Alors, lequel de ces deux modèles vous dérange le plus ? 

Celui qui vous offre une gratuité totale et permanente, ou celui qui vous amadoue par une gratuité incomplète pour que vous finissiez par payer ?

Mais l’avantage de la publicité pour les consommateurs ne s’arrête pas là.

La publicité est-elle réellement l’ennemi ?

Il est si commun de diaboliser la publicité, souvent vue comme un outil manipulateur au service du capitalisme et de la surconsommation. Mais parler de manipulation revient à retirer au consommateur tout son esprit critique. Si nous disposons d’un droit de vote, nous disposons donc d’une capacité de jugement bien suffisante pour savoir filtrer les informations et avoir notre propre avis en ce qui concerne une publicité. Il est de plus particulièrement important de rappeler le contexte dans lequel se fait la publicité en 2021. Avec internet, le consommateur dispose de bien suffisamment de ressources pour s’informer sur un produit avant de l’acheter, grâce aux nombreux avis publiés en ligne.

Il serait donc excessif de parler de manipulation face à un consommateur éclairé.

Par ailleurs, pour rappel, la publicité se fait à travers des contenus créatifs, et son objectif est la découverte. Elle a donc plus d’un point commun avec l’art, et plus encore, elle a finalement un intérêt étroitement similaire à celui des contenus audiovisuels ou digitaux entre lesquels elle se positionne, et dont les audiences sont directement demandeuses.

Et pourtant, une distinction s’opère et la perception en diffère. La publicité dérange. Le problème réside-t-il donc dans la visée commerciale de la publicité ? Sans aucun doute.

Mais la contradiction est de taille. Car à la question « Achetez-vous des produits quels qu’ils soient plusieurs fois par semaine voire par jour? », qui répondrait non? Sans parler là de surconsommation, nous parlons bien de consommation. Et je ne vous apprendrai rien en vous disant que les plus belles des choses de ce monde se vendent et se consomment ; les voyages, la culture, les livres, les restaurants…

Toutes ces choses sont vendues, et jusqu’alors, si leur existence n’est pas portée à notre connaissance, comment assouvir notre soif de nouvelles expériences, d’apprentissage, de partage, de développement personnel ?

Prenons un exemple simple.

Vous vous rendez à pieds chez Fred, votre meilleur ami, pour un dîner. Sur votre chemin, rue du Commerce, se trouve ce restaurant, le Bel ami, qui est ouvert. A travers la vitrine, vous apercevez, alors que vous suivez droit devant vous votre itinéraire, une belle entrecôte comme vous les aimez tant.

Laissez-moi vous poser deux simples questions.

Premièrement, faut-il fermer le Bel ami lorsque vous vous en approchez, sous prétexte que vous n’allez pas vous y rendre ce soir-là ?  Non ? Alors pourquoi la présence d’une publicité dans un coin de page web devrait-elle être si dérangeante, si elle ne fait que partie du paysage ?

Deuxièmement, irez-vous dîner au Bel ami prochainement et en serez-vous heureux ? Sans aucun doute. Heureusement donc qu’il a été mis sur votre chemin.

Oui, mais, ai-je envie de découvrir TOUS ces produits, me direz-vous ?

Une publicité ciblée

C’est à ce moment-là que la publicité digitale et ciblée entre en jeu.

Nous vivons à l’ère de l’abondance de l’information. Les options sont multiples et les offres infinies. Mais rien dans ce monde n’est fait pour tous. Nous sommes tous différents, nous avons tous des goûts et des besoins différents. Chaque produit a donc son public, et pourrait en intéresser certains à la même intensité qu’il en désintéresserait d’autres. De la même manière, la publicité est un concept et un outil au service de cette variété de produits. A ce titre, le problème n’est donc pas forcément la publicité mais le produit. Pas même le seul produit, mais le produit relativement au destinataire de la publicité.

Dire que la publicité dérange n’aurait donc pas de sens.

Chaque publicité en dérangera certains, qui n’en constituent pas une audience qualifiée, et en intéressera d’autres, qui eux, sont des cibles tout à fait adaptées. D’où la pertinence de la publicité ciblée, par opposition à la publicité de masse faite sur les médias traditionnels. En effet, la récolte de data sur les leviers digitaux offre l’avantage d’exposer les internautes uniquement à des publicités à forte potentialité de les intéresser.

Et dans cette abondance d’information, c’est un gain de temps précieux qui nous est offert.

Un temps précieux de recherche dans une dense masse est gagné, puisque l’information vient directement à nous et la découverte est facilitée. La publicité ciblée vient donc même résoudre des problématiques posées par les nouveaux modes de communication et permet l’amélioration de la qualité de notre navigation en portant directement à notre connaissance des informations qui nous intéresseront.

L’aiguille dans la botte de foin n’a jamais été aussi facile à trouver.

Une publicité plus digeste

Par ailleurs, l’approche publicitaire est de plus en plus délicate et fluide. Les plateformes publicitaires les plus connues, telles que Google Ads, imposent un certain nombre de contraintes aux annonceurs, notamment dans les contenus et formats de leur publicité, empêchant la publication de toute publicité intrusive ou agressive. A titre d’exemple, le clignotement interdit par Google Ads dans les formats display, ou encore les publicités affichées en story sur Instagram, qui se fondent avec brio dans la masse des stories tels de véritables contenus de divertissement.

Lorsque ces pratiques sont combinées à une publicité ciblée et donc personnalisée, l’expérience publicitaire peut donc réellement se positionner au même niveau que les contenus consommés sur les moments de loisir et devenir ainsi une réelle source de découverte et de divertissement.

Un véritable travail d’équipe

Pour aboutir à une expérience publicitaire apaisée et bénéfique à chacun – en ligne du moins -, il est important de comprendre qu’un échange doit se faire. Sans implication et coopération de la part de l’internaute, il est plus difficile de faire de la publicité une expérience positive.

L’issue?

Un véritable cercle vertueux qui transforme l’expérience publicitaire en divertissement et améliore ainsi à la fois notre expérience – en tant qu’internautes mais aussi en tant que consommateurs -, et celle des marques, qui trouvent ainsi leurs clients.

Pour ce faire, pensez-donc à bloquer moins, et à cliquer plus, mais attention ; seulement là où votre regard vous mènera !

Manel E.

La fin des cookies tiers annoncée par Google : quelles perspectives pour les acteurs de la publicité digitale ?

Après Safari, Explorer et Mozilla Firefox, Google annonce il y a un an la suppression des cookies tiers sur son navigateur. À l’horizon 2022, les acteurs de l’Ad Industry ne seront plus en mesure de collecter et d’exploiter ces données. L’annonce du géant américain résonne comme un coup de tonnerre. En effet, Chrome équipe 6 internautes sur 10, soit 60% du marché mondial et recueille des cookies sur 95 % des pages internet affichées. De ce fait, la domination de Google sur le marché des navigateurs et la fin des cookies tiers, bouleversent l’ensemble des standards établis par les acteurs de la publicité digitale. Alors que l’Ad Industry est d’ores et déjà dominée par Google et Facebook à 75%, la disparition des cookies tiers interroge sur la menace d’une « GAFAisation » de l’écosystème. Également, la multiplication des scandales liés à l’utilisation frauduleuse des données personnelles tel que Cambridge Analytica en 2018 ou le documentaire évènement The Social Dilemma parut en 2020 sur Netflix, participent à une prise de conscience du point de vue sociétal et des décideurs, alors sensibilisés aux enjeux de privacy. Dans ce contexte, la suppression des cookies tiers sur Chrome permet à Google de se positionner en chevalier blanc, défenseur et protecteur de la vie privée des internautes. Entre coup de communication au bénéfice de son image et verrouillage de son écosystème publicitaire, la décision de Google a amorcé une transformation massive de l’Ad Industry. D’un point vue national, l’annonce de la firme de Mountain View a été faite au lendemain de la publication d’un projet de recommandation de la CNIL quant aux modalités de collecte des cookies. L’autorité préconise aux éditeurs de proposer aux utilisateurs, la possibilité « d’exercer ses choix avec le même degré de simplicité ». En somme, la CNIL souhaite que l’interface de recueil du consentement permette à l’utilisateur le choix entre deux boutons : « tout accepter » ou « tout refuser », présentés au même niveau et format. Le projet de la CNIL qui s’inscrit dans le cadre du consentement « libre, spécifique, éclairé et univoque » du RGPD, implique pour les acteurs de la publicité digitale une diminution de leurs activités. En effet, les cookies sont nécessaires aux entreprises de l’Ad Industry. Ces fichiers informatiques enregistrent les informations de navigation, permettent de reconnaître l’utilisateur et d’offrir une expérience personnalisée. Les cookies aident à cibler les publicités en fonction des comportements de l’utilisateur, mesurer la performance des campagnes et attribuer les conversions aux éditeurs qui participent aux plans médias des annonceurs. Alors que le sujet est porté par Google au W3C (World Wide Web Consortium) afin d’avancer vers la création de nouveaux standards, à l’instar du « Private Click Measurement » d’Apple, la suppression des cookies tiers sur Chrome interroge sur le futur de l’Ad Industry.

Quelles conséquences à prévoir pour l’écosystème de la publicité digitale ?

En conséquence de la disparition du cookie tiers sur Chrome, les éditeurs pourraient perdre une partie importante de leurs revenus : jusqu’à 52% de leur chiffre d’affaires d’après Google. Alors que ces acteurs, pâtissent déjà d’un « waterfalling programmatique » qui les ampute de 50% des investissements côté annonceur et de l’utilisation d’Ad Block par 30% des internautes français, la décision de Google remet en question la viabilité des éditeurs qui dépendent en tout ou partie des revenus publicitaires. Au-delà des éditeurs, la fin des cookies a des répercussions sur l’ensemble de la chaîne programmatique et de nombreux acteurs sont impactés par la disparition des cookies « third party ». Parmi eux, les trading desks, chargés de l’achat d’espaces publicitaires sur les Ad Exchanges pour le compte des annonceurs. Ce maillon de la chaîne programmatique utilise différentes données dont les third party, pour optimiser l’achat. Du côté des DSP, les identifiants utilisés dans le cadre des échanges programmatiques, s’appuient sur les cookies tiers pour le ciblage d’audience ou le retargeting. Par conséquent, la suppression des cookies tiers expose une partie des fournisseurs de technologies « cookie based », à la disparition. Pour survivre, ces acteurs sont contraints repenser leurs stratégies et opérer une diversification de leurs activités, nécessaires à leur viabilité. La disparition des cookies tiers impacte également les annonceurs dans la gestion et le pilotage de leurs activités publicitaires. Les cookies tiers interviennent dans la mesure des campagnes et l’analyse des parcours utilisateurs. Aussi, il sera d’autant plus difficile pour les annonceurs de déterminer le retour sur investissement de leurs campagnes et donc d’acheter des espaces publicitaires auprès des éditeurs. La publicité digitale sans cookie tiers questionne sur l’avenir de l’écosystème, entre régression de l’industrie et hégémonie des « trillion-dollar companies » : Google, Facebook et Amazon.

La position dominante de Google

Outre la volonté de Google de « rendre le web plus privé et sécurisé pour les utilisateurs, tout en soutenant les éditeurs » (Justin Schuh, directeur de Chrome Engineering), la fin des cookies tiers permet à la firme de Mountain View une exploitation accrue de ses données propriétaires. Au sein de son environnement loggé, Google collecte et exploite de multiples données issues de ses services : YouTube, Gmail ou Chrome. De ce fait, la disparition des cookies tiers érige Google en collecteur et fournisseur exclusif de la donnée third party, lui conférant ainsi un avantage concurrentiel. Dans ce contexte, la fin des cookies tiers accroit également la position de Google dans la chaîne de valeur programmatique, déjà intégré verticalement. En effet, Google se positionne au niveau de la plateforme d’achat (DSP), de la plateforme de vente (SSP) et régit la place de marché (Ad Exchange). Ainsi, son intégration verticale et son monopole sur les cookies tiers, octroient à Google une maîtrise absolue de la chaîne programmatique. Alors que des dérives liées à son intégration verticale ont été identifiées par diverses parties prenantes, telles que les stratégies de « self-preferencing » et de « bundling » (technologique et commercial), la mainmise de Google sur les cookies tiers interroge sur la perspective de potentiels abus de position dominante. En conséquence, Google place l’ensemble des acteurs en situation de dépendance vis-à-vis de ses solutions technologiques et participe donc à l’élimination de ses concurrents. Afin d’apporter une alternative à la disparition des cookies tiers, Google développe la « Privacy Sandbox » dont l’objectif exprimé par la firme est la création d’un environnement sécurisé et de nouveaux standards open-source. La Privacy Sandbox se compose d’une suite d’API qui proposent de lutter contre la fraude en distinguant l’activité humaine de celle des robots, de mesurer les conversions ou encore de cibler les utilisateurs. Actuellement, le projet est intégré au groupe de discussion « Improving Web Advertising » et encadré par le W3C. Néanmoins, Google et les acteurs du secteur comme Criteo, Sirdata ou ID5 peinent à faire émerger des solutions viables, notamment autour de la question du ciblage des utilisateurs. D’une part, Google souhaite restreindre les capacités de ciblage à des groupes d’individus ayant des centres d’intérêt communs. Précisément, le procédé de Google baptisé « FLoC » (Federated Learning of Cohorts), s’appuie sur des modèles de machine learning qui permettent d’assigner chaque utilisateur à une cohorte en fonction de son historique de navigation. Cette solution basée sur des comportements de navigation similaires, semble être l’une des pistes envisagées par Google. Les premiers contrôles pour la Privacy Sandbox débutent en Mars avec la version 89 de Chrome, puis se poursuivent en Avril avec la version 90. Pourtant, ce procédé pose un souci de transparence car la cohorte à laquelle l’utilisateur est assigné, s’établit selon les paramètres de Google et des modèles de machine learning locaux. Ainsi, à l’instar des pratiques de la firme dans la publicité programmatique, une opacité réside. D’autre part, les acteurs tiers de l’Ad Industry souhaitent opérer un ciblage au niveau de l’utilisateur. Cependant, à l’exception de FLoC développé par Google, les divergences d’intérêts entre la firme et les acteurs de l’Ad Industry, limitent les propositions dans le cadre du W3C.

D’autres alternatives dans un monde « cookieless »

« It’s the end of the world as we know it »

Lors de l’annonce de Google en Janvier 2020, Criteo chute au NASDAQ de 16%. « La page des cookies tiers se tourne mais un nouveau chapitre commence » pour l’entreprise française spécialisée dans le retargeting. À l’instar de Criteo, de nombreux acteurs de l’Ad Industry sont contraints d’adapter leurs stratégies face à la décision de Google. Outre la Privacy Sandbox, les acteurs de la publicité digitale développent diverses alternatives pour pallier la fin des cookies tiers.

  • L’exploitation des first party data : ces données appartiennent à l’éditeur d’un site ou d’une plateforme et se limitent à son seul domaine. Les médias financés par la publicité ont donc la liberté de s’appuyer sur les données first party pour construire leurs segments d’audience. Néanmoins, acheter des segments d’audience auprès d’éditeurs implique des deals entre les acteurs. Le système de transaction gré à gré participe d’autant plus à une régression de l’écosystème, face aux technologies du RTB (Real Time Bidding).
  • L’identifiant unique ou partagé : cet identifiant, commun à un groupe ou à un réseau de sites, représente un axe de réflexion pour l’ensemble des acteurs. Du point de vue des éditeurs, ce système est l’opportunité de proposer aux annonceurs une donnée qualitative et exclusive. Cependant, créer un univers loggé regroupant des sites et des environnements différents requiert des intégrations complexes, ajoutant un niveau de difficulté supplémentaire à son développement.
  • Le Single-Sign-On (SSO) : le ciblage cross-site est considéré comme un élément essentiel de la publicité digitale et l’adresse mail peut ainsi s’envisager comme le dénominateur commun d’une connexion partagée via un SSO. Dans ce sens, des initiatives se sont développées telles que le Pass Média ou Alliance Gravity. Toutefois, la mutualisation des données reste un sujet dans un univers hyperconcurrentiel. De plus, les actions initiées sont relativement locales, restreignant l’impact de ces initiatives au niveau international.
  • L’identification probabiliste : la combinaison des traces numériques liées à la navigation (appareil, dimension de l’écran, heure UTC, etc.) permet l’identification d’un profil utilisateur. En s’appuyant sur les techniques de machine learning pour croiser les données, les outils technologiques sont en capacité d’identifier un utilisateur d’un site à l’autre. ID5 ou Flashtalking œuvrent autour de ces solutions qui permettent un traçage simple des utilisateurs. Néanmoins, l’identification probabiliste est incertaine et nécessite un entraînement des modèles algorithmiques.

Un an après l’annonce de Google, le développement de solutions alternatives à la Privacy Sandbox s’impose essentiel afin de survivre au sein de l’Ad Industry et de lutter contre la « GAFAisation » qui menace l’écosystème.

Juliette Ben-Hadria


https://siecledigital.fr/2020/01/29/la-disparition-des-cookies-tiers-nest-ni-plus-ni-moins-que-la-gafaisation-du-marche-publicitaire-digital/

https://www.cnil.fr/sites/default/files/atoms/files/projet_de_recommandation_cookies_et_autres_traceurs.pdf

https://www.iclarified.com/79505/apple-announces-support-for-private-click-measurement-coming-to-ios-and-ipados

https://github.com/w3c/web-advertising/blob/master/README.md

https://www.isba.org.uk/media/2424/executive-summary-programmatic-supply-chain-transparency-study.pdf

https://www.journaldunet.com/ebusiness/publicite/1494909-rearc-et-privacy-sandbox-l-adtech-pietine-pour-trouver-le-successeur-du-cookie-tiers/

https://github.com/WICG/floc

https://www.criteo.com/fr/blog/la-page-des-cookies-tiers-se-tourne-mais-un-nouveau-chapitre-commence/

Cyberpunk 2077: Une campagne marketing réussie, des conséquences désastreuses

Cyberpunk 2077 Affiche officielle

Si vous avez vécu sur terre depuis quelques mois, vous n’avez pas pu passer à côté de Cyberpunk 2077. Moi qui ne suis pas joueuse pour un sous, qui ne possède pas de console si ce n’est la vieille Game cube de mon père avec pour seul jeu « Mario Kart », je n’ai pas pu m’empêcher d’avoir une petite envie de découvrir l’univers de ce jeu. Il est le dernier né du studio Polonais CD Projekt Red (The Witcher) sorti le 10 Décembre 2020 sur PC, PS4, Xbox One et Google Stadia. Ce triple A avait tout pour être le jeu de l’année et était extrêmement attendu. Si vous avez vécu sur terre depuis ce 10 décembre vous n’avez pas pu passer à côté de la débâcle qu’a connu ce jeu après sa sortie ; passant de l’évènement du secteur à une énorme déception pour les joueurs, un naufrage médiatique et entrainant la chute de l’action du studio de 30% entre la sortie de l’opus et la mi-janvier.

Comment l’impensable a-t-il pu arriver ? Quelles en sont les conséquences ?

Une aventure qui avait tout d’une success story

Ce jeu d’une ambition considérable avait tout pour réussir. CD Projekt Red, fort des succès de la saga The Witcher, se plaçait comme le deuxième studio européen juste après Ubisoft. Le studio s’attaquait à quelque chose qu’il semblait maîtriser : un open world. L’univers choisit avait toute ses chances de plaire (car il questionne notre humanité), et ce, d’autant plus que c’est Keanu Reeves qui avait été choisi pour interpréter V, le héros du jeu. Cet acteur était déjà empreint d’univers similaires (Matrix, John Wick, …) renforçant

sa légitimité et sa crédibilité dans son personnage. De plus, le studio a su gérer la communication autours du jeu d’une main de maître (si ce n’est une polémique transphobe). Il a été annoncé la première fois en 2012 et réévoqué régulièrement depuis (bien que le développement ne commençât qu’en 2016, le studio étant occupé à la sortie de The Witcher 3). 8 ans ont passé entre l’annonce et la sortie du jeu créant une attente et une exaltation remarquable chez les joueurs, les professionnels du secteur, la presse spécialisée, …

Capture de The Witcher 3: Wild Hunt

A l’approche de sa sortie, une campagne marketing massive a été mise en place pour en assurer le succès. Le studio étant relativement petit, les sorties de jeux sont rares et se doivent donc d’être une réussite. Cyberpunk 2077 a vu ses publicités diffusées dans 55 pays et dans 34 langues, dans les médias traditionnels (télévision, papier, affichage, …) et sur les réseaux sociaux (Instagram, Youtube, Twitter, …). Le studio a sorti une série de vidéos où leurs employés testaient le jeu , ainsi qu’une publicité avec Keanu Reeves comme narrateur et Billie Eillish en fond sonore qui a été très appréciée. L’affiche du jeu s’est même retrouvée à Time Square pour la modique somme de 2,5 millions d’euros.

Publicité pour Cyberpunk 2077 à Time Square, New York

Le jeu était partout. En France, ce sont des Youtubeurs et des Influenceurs tels que Maskey, Captain Popcorn ou encore Léna Situation qui ont produit du contenu sponsorisé pour Cyberpunk 2077.

Il est intéressant de noter que ce ne sont pas uniquement des influenceurs spécialisés dans la culture populaire qui ont été utilisés. Par exemple, Léna Situation fait, plus habituellement, des vidéos sponsorisées par Dior ou Zalando. Elle est moins attendue sur un jeux vidéo. En effet le jeu avait déjà fait sa place dans l’esprit des joueurs classiques, CDPR a eu l’intelligence de chercher à conquérir un public différent.

Vidéo sponsorisée de Léna Situations pour Cyberpunk 2077

Le jeu était bien parti pour être un succès. Grâce aux préventes, il était rentable avant même sa sortie. Il s’était vendu à plus de 13 millions d’exemplaires 10 jours après son lancement.

« La ville la plus fascinante de l’histoire du jeu vidéo à ce jour » à propos de l’univers de City Night.

ING Japon

Il avait reçu de très bonnes critiques de la presse qui avait pu le tester avant sa sortie mais avait aussi éveillé quelques doutes.

Des inquiétudes qui se sont révélées fondées

En effet, le jeu n’avait été envoyé à la presse que dans sa version PC. Pourtant, les versions consoles représentent une partie très importante des ventes, ce qui est venu renforcer les quelques inquiétudes qui commençaient à se répandre.

Le jeu était extrêmement ambitieux; peut-être trop pour un studio de cette taille. Cyberpunk 2077 est un jeu qui se joue en « first-person view », un défi pour les développeurs. De plus, il leur a

fallu sortir de leur zone de maîtrise en passant d’un univers médiéval-fantastique à sci-fi-steam punk. Il leur a donc fallu engager de nouveaux talents et investir dans de nouvelles technologies. L’investissement global était donc très important (les équipes ont été doublées) et d’autant plus périlleux que c’était une première pour le studio. D’autre part, le lancement était prévu en Avril 2020 et a été reporté plusieurs fois, laissant penser que des difficultés en avaient retardées le développement.

Le 10 Décembre, c’est la douche froide. Le jeu est bourré de bug sur les consoles de salon, des fonctionnalités qui avaient été présentées semblent manquer, la déception des joueurs est immense. Le désastre est tel que le Playstation Store retire le jeu de la vente, Xbox propose son remboursement, et des poursuites judiciaires sont engagées contre le studio.

Comment en arrive-t-on là ?

Cyberpunk 2077 est certainement l’un des cas les plus marquants de tensions entre marketeurs, actionnaires, directions et développeurs, de l’histoire des jeux vidéo. Cela pose la question du point d’équilibre des pressions monétaires dans les secteurs culturels. Dans notre cas, le point de bascule a été largement franchis. Des développeurs ayant participés à la fabrication du jeu ont, sous couvert d’anonymat, raconté les pressions qu’ils subissaient pour terminer le jeu. Malgré une augmentation significative de la taille des équipes,

le studio restait sous-staffé en comparaison aux objectifs qui avaient été fixés. La crise sanitaire a grandement altérée la cohésion des groupes de travail. Certains ont cru à une blague lorsque la date du 16 Avril a été annoncée dans les médias, pensant que le jeu ne pourrait pas être prêt avant 2022. Le choix a ainsi été fait d’annuler certaines fonctionnalités. Les gameplay qui avait été montrés étaient tout à fait mensongers (plus que ce qui est coutume dans le secteur), la brève démonstration présentée à l’E3 2018 était fallacieuse.

E3 2018 – CYBERPUNK 2077 HACK LA CONFÉRENCE XBOX

D’autre part, le fait de choisir de sortir le jeu sur des consoles vieilles de 7 ans a été désastreux. Elles n’ont pas la capacité de supporter un univers graphique aussi riche.

La volonté de ne pas rater le coche de noël et de sortir le jeu sur les consoles d’ancienne génération dans le but d’augmenter le nombre de ventes a accentué l’ampleur de la crise pour le studio.

Finalement, l’attente titanesque qui avait été créé a augmenté la déception et le sentiment d’avoir été floués ressentis par les joueurs. Ainsi, c’est la campagne marketing qui aurait dû entrainer le succès du jeu qui a tracé le sillon de sa descente aux enfers.

Les conséquences

On peut partir du principe que de la mauvaise pub, c’est de la pub tout de même mais le studio a pâti de ce scandale. Comme nous l’avons évoqué, les actions en bourses de CDPR ont chuté, les talents du studio risquent de fuir, … Toutefois, le déferlement semble s’apaiser et les actions du studio sont remontées de 13% après un tweet positif d’Elon Musk à propos du jeu. Cyberpunk 2077 est resté rentable malgré les demandes de remboursements. Le studio a peut-être ses chances de se relever, il y a des précédents.

Tweets d’Elon Musk à propos de Cyberpunk 2077

Mais quelles sont les conséquences plus largement ?

Le secteur du jeu vidéo qui, bien qu’il prenne de l’importance chaque année, a déjà mauvaise réputation (sexisme, considéré comme de la sous-culture, …), risque de voir les progrès de ces dernières années reculer. Il risque de renforcer la vision selon laquelle c’est un secteur qui fait de la publicité mensongère, dont les employés subissent des pressions énormes et évoluent dans un environnement toxique, qui a soif d’argent à tout prix, …

Plus globalement encore, ce scandale révèle l’instabilité du secteur digital qui peut être sensible à la puissance des communautés (et de leur niveau de colère), de tweets de personnalités,

…  Une audience déjà surexposée et méfiante qui le devient encore un peu plus, et ce, d’autant que le scandale provient d’un studio important, auquel la confiance devrait être plus facilement accordée. Cela pose des questionnements pour la publicité digitale qui risque de voir son audience (clé du secteur) la défier. D’autre part, c’est aussi le pan concernant les influenceurs qui se trouve bousculé. Ce type de précédents peut créer de la défiance des influenceurs envers les marques qui se sentent floués voyant leur image dégradée par association. En effet, le système repose sur la confiance de la communauté envers ses stars des réseaux qui se voit ici affaiblie.

Finalement, la débâcle du RPG (bien qu’elle puisse être relativisée) vient faire trembler plusieurs secteurs et a des conséquences plus étendues que la simple mise en difficultés CDPR. Elle vient questionner l’équilibre produit-super campagne marketing, temps nécessaire à la création-pressions monétaires dans le secteur culturel, et confiance de l’audience-secteur de la publicité digitale.

Léna Weiss

Sources:

“Cyberpunk 2077”, autopsie d’un désastre commercial. (2021, 23 janvier). Courrier international. https://www.courrierinternational.com/article/jeux-video-cyberpunk-2077-autopsie-dun-desastre-commercial

Futuristic Cyberpunk gets stuck in 2020 as bugs derail launch. (2020, 19 décembre). The Indian Express. https://indianexpress.com/article/technology/gaming/futuristic-cyberpunk-gets-stuck-in-2020-as-bugs-derail-launch/

Geoffre-Rouland, A. (2021, 25 janvier). Cyberpunk 2077 : en dématérialisé, le jeu bat tous les records de vente. PaperGeek. https://www.papergeek.fr/cyberpunk-2077-en-dematerialise-le-jeu-bat-des-records-de-vente-2431386

Henley, S. (2020, 4 décembre). CD Projekt Red catered to its edgiest fans with Cyberpunk 2077’s marketing. Polygon. https://www.polygon.com/2020/12/4/22058784/cyberpunk-2077-marketing-cd-projekt-red-transphobia

Hume, M. M. K. (2020, 30 décembre). The biggest questions facing the gaming world in 2021. Washington Post. https://www.washingtonpost.com/video-games/2020/12/30/2021-video-game-outlook/

Jason Schreier, J. S. (2021, 16 janvier). Inside Cyberpunk 2077’s Disastrous Rollout. Bloomberg. https://www.bloomberg.com/tosv2.html?vid=&uuid=b33484c0-63eb-11eb-8a2f-b5733fc77046&url=L25ld3MvYXJ0aWNsZXMvMjAyMS0wMS0xNi9jeWJlcnB1bmstMjA3Ny13aGF0LWNhdXNlZC10aGUtdmlkZW8tZ2FtZS1zLWRpc2FzdHJvdXMtcm9sbG91dA==

Kratky, O. (2020, 31 décembre). Effective Marketing For Cyberpunk 2077 Only Hurt It More. DualShockers Inc. https://www.dualshockers.com/effective-marketing-hurt-cyberpunk-2077/

Matheis, M. (2020, 27 novembre). Cyberpunk 2077 Presentation Spotlights Date de sortie et autres détails. Parler De Sport | La Perspective Des Fans. https://parlersport.com/cyberpunk-2077-presentation-spotlights-date-de-sortie-et-autres-details/

Perocheau, J. (2020, 15 décembre). Comment l’esthétique cyberpunk est devenue incontournable dans la culture populaire. Views. https://views.fr/2020/12/15/esthetique-cyberpunk-tendance/

Pomian-Bonnemaison, R. (2021, 29 janvier). Cyberpunk 2077 : Elon Musk dit qu’il adore le jeu, le cours de CD Projekt bondit de 13%. PhonAndroid. https://www.phonandroid.com/cyberpunk-2077-elon-musk-dit-quil-adore-le-jeu-le-cours-de-cd-projekt-bondit-de-13.html

Radio-Canada. (2020, 10 décembre). Cyberpunk 2077 : un chef-d’œuvre, malgré le risque de crises d’épilepsie. Radio-Canada.ca. https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1756081/cyberpunk-2077-chef-oeuvre-risque-crise-epilepsie-jeux-video-cd-projekt-red

Richaud, N. (2020, 18 décembre). Cyberpunk 2077 : ce jeu vidéo à plus de 300 millions de dollars qui affole la Bourse. Les Echos. https://www.lesechos.fr/tech-medias/hightech/cyberpunk-2077-le-jeu-video-a-plus-de-300-millions-de-dollars-qui-affole-la-bourse-1272376

« Jedi Blue » ou comment Google et Facebook s’assure main dans la main de la pérennité de leur duopole ?

Source : New York Times

« C’est une très grosse affaire sur le plan stratégique »

Voilà ce qu’aurait envoyé en 2018 Sheryl Sandberg, Chief Operating Officer chez Facebook, aux dirigeants de la firme, en désignant un certain accord passé entre Facebook et Google. Accord qui fait aujourd’hui l’objet d’une enquête.

En effet, le 22 décembre 2020, le Wall Street Journal révèle que dix états américains ont décidé de déposer plainte contre Google, enquête menée notamment par le procureur général du Texas, Ken Paxton. Le 17 janvier 2021, le New York Times complète les informations données par leurs confrères. Le média affirme alors avoir mis la main sur des documents utilisés dans le cadre de la procédure en cours. Ces documents révèlent qu’un accord « secret » aurait été passé entre Google et Facebook qui viserait alors à éviter la concurrence sur le marché de la publicité digitale et ainsi pérenniser leur duopole. Dix états américains, dont le Texas, accusent le géant du numérique de collaborer avec Facebook et d’enfreindre alors la fameuse loi antitrust. En 1890 est votée aux USA la loi Sherman ou « antitrust » qui « reconnaît coupable toute personne qui monopolise une partie quelconque du trafic ou du commerce entre les divers États ».

Facebook et Google ont-ils travaillé main dans la main dans le but d’évincer la concurrence sur le marché de la publicité digitale, marché qu’ils dominent déjà ?

La publicité digitale mondiale – un marché dominé par deux acteurs

« Si vous êtes aujourd’hui un jeune marketeur, il n’y aura probablement pas de meilleur endroit pour passer les dix prochaines années que chez Facebook ou Google.  Sauf si vous avez une appétence pour la prise de risque et le développement de nouvelles aventures… »

Mark Ritson – Professeur de marketing

Depuis 2016, le digital est passé devant la télévision pour les dépenses publicitaires. En effet, la publicité en ligne apporte de nombreux avantages aux entreprises qui peuvent désormais contrairement à la publicité TV (pour le moment) toucher un segment d’audience plus spécifique.

En 2018, 590,4 milliards de dollars ont été dépensés en publicité, dont 24,5% captés par Google et Facebook. Ce sont les acteurs incontournables du domaine de la publicité et plus particulièrement de la publicité digitale. Ils détenaient en 2019 environ 61% de la part du marché.

Source : Statista

Durant la crise sanitaire, deux secteurs de l’e-pub ont particulièrement bien surmonté cette épreuve : le search et le « social media ». En effet pour une grande majorité des annonceurs ce sont les deux moyens les plus efficaces en publicité digitale (cela représente 70% des dépenses publicitaires). Ils sont portés principalement par Google (qui détient 91,38% du marché mondial des moteurs de recherche) et Facebook (68,39% du marché mondial des réseaux sociaux). Difficile donc de faire sans eux…

Face à l’apparition de règlementation visant à protéger les données personnelles, Google et Facebook ont développé ces dernières années ce qu’on appelle des « walled garden » : des écosystèmes qui leur permettent d’assurer leur position sur le marché de la publicité digitale, et évincer la concurrence. Ainsi, Google a annoncé la fin des cookies tiers d’ici 2022, empêchant ainsi la collecte de « la third party data ». La firme impose également à certains de ses appareils Android le moteur de recherche Google et comme Facebook met en place le « single sign on » s’assurant ainsi de collecter de la « first party data ».

Conséquences de cette hégémonie ? Les éditeurs souffrent tout particulièrement de ce duopole et se voient alors dans l’obligation de licencier, l’argent disponible pour ces derniers étant à la baisse depuis quelques années.

Que contient le contrat Jedi Blue ?

Source : Digital Information World

Concernant l’origine de l’appellation de ce contrat, la référence à Star Wars est encore incertaine, ou du moins non fondée. Certains acteurs s’accordent pour dire que le Blue ferait notamment référence au bleu de la couleur du logo Facebook et que le Jedi serait synonyme de force. Ceci laisserait sous-entendre que la force est avec Facebook, que les deux géants du numérique travaillent donc ensemble.

Tentant dans un premier temps de condamner Google pour la concurrence déloyale qu’ils effectuent sur le moteur de recherche (la firme mettrait en avant ses propres produits au détriment d’autres acteurs) les procureurs des dix états, loin d’imaginer que les deux rivaux puissent collaborer, découvrent le contrat « Jedi Blue ».

Tout débute en 2017 lorsque Facebook décide de concurrencer Google en créant le Facebook Audience Network. Ainsi grâce à FAN, la firme de Mark Zuckerberg aurait permis aux annonceurs de s’afficher en dehors de Facebook ou Instagram. Plusieurs accords sont ainsi signés notamment avec The Washington Post, Forbes et le Daily Mail. C’est alors que Google s’affole. Son principal concurrent, juste derrière lui sur le marché mondial de la publicité, empiète sur ses plates-bandes. Une bonne partie de ses revenus découlant des enchères publicitaires, Google décide de faire de Facebook son allié plutôt que son concurrent et lui propose alors un « deal » qui avantagerait les deux compagnies. Fin 2018, la firme de Mark Zuckerberg annonce que le Facebook Audience Network fait désormais partie de l’Open Biding de Google. Facebook passe alors de menace à revendeur privilégié du network. En effet, plutôt que de dépenser des milliards en essayant de concurrencer son rival, Facebook décide suite à la proposition de Google de pactiser avec l’ennemi. Nous vous expliquons pourquoi.

Les termes de cet accord ?

Le contrat « Jedi Blue » concerne plus particulièrement le domaine du « header bidding ». Dans ce processus de gestion publicitaire, les éditeurs ont la possibilité d’offrir aux enchères des impressions publicitaires digitales à des supply side-plateforms (SSD), des Ad Exchange. Ces derniers sont donc en concurrence : celui qui propose le plus l’emporte.

Dans un premier temps, la firme de Mountain View s’est engagée à donner à Facebook des données, lui offrant ainsi une meilleure analyse. Ayant davantage d’informations sur les internautes exposés aux publicités il est alors plus facile pour Facebook de choisir les sites pour lesquels ils participeraient aux enchères. Le contrat mentionne également qu’un délai supérieur (300 millisecondes) est accordé à Facebook quand bien même les enchères s’arrêtent pour les autres annonceurs (160 millisecondes).

En contrepartie, Facebook s’est engagé à participer à 90% des négociations et à investir à hauteur de 500 millions de dollars par an chez Google.

De plus, afin de garantir à Facebook de remplir son FAN, Google truquait les enchères afin que son allié en remporte certaines quand bien même la mise était inférieure. Le prix de commission a aussi été négocié. Alors que les autres acteurs du marché publicitaire ont des frais fixés à 20%, les frais de transaction de Facebook et Google se trouveraient entre 5% et 10% en fonction du montant publicitaire investi.

Ken Paxton, procureur général du Texas a plutôt bien résumé en quelques mots le « Jedi Blue »  : « Si le marché était une partie de baseball : Google serait à la fois le lanceur, le batteur et l’arbitre. L’entente favorise tellement Facebook, c’est comme si ce dernier démarrait chaque tournoi à la finale. »

Les réponses aux accusations

Suite aux accusations des dix états, les violons ne semblent pas s’accorder.

Google assure de son côté qu’aucune entente de la sorte n’a été conclue entre la compagnie et celle de Mark Zuckerberg, revendiquant que cette dernière fait simplement partie des vingt-cinq entreprises de l’Open Bidding, et qu’en aucun cas elle ne reçoit des informations supplémentaires. Adam Cohen, directeur de la politique économique de Google, affirme même : « Notre accord avec le Facebook Audience Network (FAN) leur permet simplement (ainsi que les annonceurs qu’ils représentent) de participer à notre système d’enchères publicitaires programmatiques. […] Pas de falsification du tout, le FAN doit payer l’offre la plus élevée s’il veut apparaître. »

Facebook de son côté laisse entendre qu’une entente a effectivement été signée, mais qu’elle a pour but de renforcer la concurrence.

Pour les vingt-quatre autres entreprises de l’Open Bidding la peur prend le dessus : c’est l’omertà. Seulement six ont témoigné sous couvert d’anonymat dans l’article du New York Times. Les contrats sont-ils les mêmes pour les vingt-quatre autres compagnies du programme ? C’est ce qu’il reste à découvrir. Pour l’heure, pour les autres participants, parler reviendrait à perdre les avantages (qu’ils ont peut-être) ou bien même à se faire exclure du programme. 

En 2020, Google a fait l’objet de trois plaintes antitrust. Preuve irréfutable que les autorités peinent à réguler le marché de la publicité digitale et que rien n’effraie le géant Google. Suite à cette enquête, la force sera-t-elle avec eux ou le colosse s’avérera -t-il aux pieds d’argile ?

Victoire Boissont

Sources :

Face à la multiplication des plateformes, l’AVOD peut-elle tirer son épingle du jeu ?

Un marché saturé ?

Lorsque Netflix crée sa plateforme en 2007, ils mettent en place une stratégie de « blue ocean », c’est à dire utiliser simultanément des stratégies de différenciation et de faible coût (rappelons qu’ils n’ont rien produit avant 2013), afin de conduire à la création d’un nouveau marché et d’une nouvelle demande. C’est un marché dans lequel Netflix a longtemps nagé seul. Néanmoins, l’un des principaux aspects de la stratégie de « blue ocean » est qu’elle ne dure pas éternellement. Devant le succès d’une telle offre (195 millions d’abonnés à ce jour), d’autres entreprises sont entrées sur le marché. Et un raz-de-marée de plateformes a eu lieu ces deux dernières années. 

Que ce soit les majors américaines (Disney+, HBO Max pour Warner, Paramount+, Peacock pour Universal), les chaînes de télévision (Britbox pour la BBC et ITV au Royaume-Uni, Salto en France), ou même des entreprises non spécialisées dans le secteur audiovisuel (Amazon et Apple), nombreux sont ceux qui ont créé leur propre plateforme. Aujourd’hui, le streaming est devenu un secteur extrêmement concurrentiel. Et la crise sanitaire, en forçant les gens à rester chez eux, n’a fait qu’aggraver cette concurrence. En effet, nombreux sont ceux qui, à la recherche de divertissement, ont souscrit à plusieurs plateformes. Mais lorsque la crise sera passée, garderont-ils tous leurs abonnements ? 

Quoi qu’il en soit, cette multiplication des plateformes engendre une saturation du marché et toutes n’y trouvent pas leur place, comme l’a montré l’échec de Quibi, une plateforme spécialisée dans du contenu premium destiné aux smartphones, qui a déposé le bilan après seulement 6 mois.

C’est ici que réside le problème: les plateformes se sont démultipliées et les gens ne sont pas prêts à souscrire à un trop grand nombre. Quand Netflix est arrivé, l’un des intérêts principaux était le fait de trouver un catalogue riche, avec des programmes de tous les studios. Maintenant qu’ils ont créé leur plateforme, le contenu s’est dispersé. Et malgré la popularité du streaming, le budget des utilisateurs est limité, comme on peut le voir sur cette étude américaine: 

Le coût étant le facteur de désabonnement le plus important, de plus en plus de foyers se tournent vers les services AVOD. 

L’AVOD, un business model qui gagne du terrain

L’AVOD est l’acronyme de « Advertising video on demand », ce qui signifie que le financement du service vidéo se fait grâce à la publicité. Alors que Netflix avait justement développé un système sans publicité, il semble que cette dernière soit finalement l’une des solutions au problème de la « subscription fatigue », cette lassitude face à la démultiplication des offres par abonnement (surtout si l’on ajoute un abonnement à un service de musique, le câble TV, etc). Une étude du Trade Desk et YouGov a montré que plus d’un tiers des américains préfèrent utiliser une plateforme gratuite avec publicité ou payer un prix réduit pour des abonnements comprenant certaines publicités. Dans le cas spécifique de Netflix, l’étude montre qu’environ un tiers des abonnés seraient prêts à passer à une offre financée par la publicité si elle était proposée. Ainsi, l’AVOD a une réelle demande. 

En 2020, selon Deloitte, le marché de l’AVOD devrait représenter 32 milliards de dollars US. C’est moitié moins que la SVOD, mais c’est un secteur en forte croissance (47% en 2020). Notons également qu’en Asie, les plateformes, qui ont plusieurs centaines de millions d’utilisateurs, fonctionnent principalement sur le business model de l’AVOD, et c’est seulement depuis quelques années qu’elles proposent un abonnement. Aujourd’hui encore, une bonne partie de leurs revenus provient de la publicité, comme c’est le cas par exemple pour iQIYI, la plateforme chinoise de Baidu:

La plateforme la plus connue d’AVOD est Youtube, qui a d’ailleurs du mal à imposer son offre premium sans publicité. Nous pouvons aussi mentionner Facebook et Snapchat. Ces trois services proposent en effet du contenu vidéo original et exclusif, accessible gratuitement: Youtube Originals (« The Age of AI » avec Robert Downey Jr.), Facebook Watch (« Sorry for your loss » avec Elizabeth Olsen) et Snap Original (« Coach Kev » avec Kevin Hart). 

Mais il existe également des plateformes entièrement dédiées à l’AVOD, qui comptent pour certaines des millions d’utilisateurs. Au vu du succès de l’AVOD et de sa forte croissance, la plupart des entreprises ayant déjà une offre SVOD investissent en rachetant  ou créant une plateforme AVOD. C’est par exemple le cas d’IMDb TV pour Amazon, de Tubi acheté par la Fox pour 440 millions de dollars ou encore Pluto TV acquis par ViacomCBS pour 340 millions de dollars. Ces 3 plateformes AVOD ont entre 20 et 40 millions d’utilisateurs, essentiellement aux Etats-Unis. Notons également les offres hybrides, comme Peacock de NBCUniversal et Hulu appartenant à Disney, également très populaires. La première, lancée en avril 2020, a déjà atteint 22 millions d’abonnés, mais la part d’AVOD n’a pas été communiquée. 

Car la plateforme propose en effet 3 offres différentes: la version premium à $9,99 (formule SVOD), la version gratuite financée par 5 minutes de publicité par heure mais avec un catalogue restreint (formule AVOD) et la formule hybride pour $4,99 avec accès à tout le catalogue avec la même quantité de publicité. En ce qui concerne Hulu, 70% de ses 32 millions d’utilisateurs ont souscrit à la formule hybride avec publicité. 

En Europe, le numéro un est Rakuten TV, avec 8 millions d’abonnés. Le Royaume-Uni et l’Allemagne sont les locomotives de l’AVOD. En ce qui concerne la France, « elle a deux ou trois ans de retard sur ces deux marchés » selon Sébastien Robin, consultant spécialiste de l’OTT. En même temps, l’offre disponible est encore restreinte. Actuellement, les porte-drapeaux de ce marché sont les offres de replay: MyTF1 et 6play.

Rentabilité et contenu

Les plateformes avec une offre hybride y gagnent-elles à proposer une offre gratuite? Qu’en est-il de la rentabilité de l’AVOD par rapport à la SVOD? Selon Deloitte, le revenu annuel moyen par utilisateur (ARPU) d’une plateforme SVOD est de $98, contre environ $60 pour une plateforme AVOD. Dans le cas spécifique de Hulu, d’après Matthew Ball, ancien responsable de la stratégie chez Amazon Studios, les abonnements à $5,99, avec un peu de publicité, seraient plus rentables que les abonnements premium à $11,99. En effet, le revenu mensuel moyen par utilisateur serait d’environ $15 : $5,99 + $9 de publicité. Le potentiel est si grand que l’entreprise a renoncé à 500 millions de dollars de revenus annuels en baissant son prix financé par la publicité afin d’encourager les utilisateurs premium à «rétrograder» et pour que les nouveaux abonnés choisissent le niveau avec publicité. 

En outre, la plus grosse dépense des plateformes provient de l’acquisition de contenu. Or les plateformes AVOD peuvent baser les contrats d’acquisition sur les ventes publicitaires, ce qui permet aux dépenses de contenu d’être en cohérence avec les revenus. Et toujours concernant ce contenu, les utilisateurs bénéficiant d’une offre gratuite n’ont pas les mêmes attentes en terme de qualité. En effet, si les utilisateurs payent chaque mois, c’est pour avoir du contenu premium, c’est-à-dire exclusif ou nouveau et de bonne qualité, là où sur une plateforme gratuite, ils acceptent de regarder une veille série comme Friends. Or le coût pour la énième diffusion d’une série n’est pas du tout le même que celui de la production de séries originales.

Ainsi, les catalogues des services AVOD sont-ils de moindre qualité que la SVOD? Comme on l’a vu précédemment, les formules AVOD de Hulu ou Peacock ne donnent pas accès au même catalogue que la formule SVOD. La formule premium de Peacock donne par exemple accès à 5000 heures en plus de contenu. Et les nouveautés sont parfois disponibles avant pour les abonnés premium. Mais cette tendance pourrait être sur le point de changer. En effet, certaines entreprises espèrent miser sur leur service AVOD en proposant du contenu original ou exclusif, comme par exemple IMDb TV qui a diffusé en exclusivité la série anglaise « Alex Rider » aux Etats-Unis, ou Crackle de Sony qui produit ses propres films et séries.

Enfin, le développement du business model de l’AVOD va de pair avec l’amélioration des stratégies adtech et de la donnée. Afin de ne pas exaspérer les utilisateurs avec des publicités trop redondantes ou nombreuses, les plateformes prévoient un temps limité à 5-7 minutes de pubs par heure, ce qui reste bien inférieur à la télévision. Elles mettent également de la publicité ciblée, à partir des données socio-démographiques et comportementales collectées sur les utilisateurs, comme cela se fait sur Internet, mais de façon plus premium. Les marques peuvent par exemple mettre leur publicité sur une série spécifique, ou cibler une audience précise, le tout dans un environnement propice à leur brand safety. Mais, si la plateforme est gratuite, c’est que l’utilisateur en est le produit…

Ainsi, face à un marché de la SVOD saturé et dominé par des grands groupes et face à la « subscription fatigue », l’AVOD possède un réel atout – sa gratuité- et devrait rapidement prendre des parts de marché à la SVOD. A moins qu’elles ne soient tout simplement complémentaires.

Auriane Morel

SOURCES

BALL Matthew, « The Flaws of « Subscription Fatigue », « SVOD Fatigue », and the « Streaming Wars » », 10 février 2020: https://www.matthewball.vc/all/misnomers

CSI, « Trends and predictions – the rise of AVOD (and adtech) », CSI Magazine, 19 décembre 2019: https://www.csimagazine.com/csi/Trends-and-predictions-the-rise-of-AVOD-and-adtech.php

DE ROCHEGONDE Amaury, « L’AVOD, modèle en vogue », Stratégies, 25 février 2020: https://www.strategies.fr/actualites/medias/4040786W/l-avod-modele-en-vogue.html

DIXON Colin, « Will Hulu and Peacock miss out on the AVOD boom? », 1 juin 2020: https://nscreenmedia.com/hulu-peacock-avod-growth-boom/

FRATER Patrick, « China’s Tencent Video Eyeing Takeover of Streaming Rival iQIYI », Variety, 16 juin 2020: https://variety.com/2020/biz/asia/tencent-iqiyi-china-video-streaming-takeover-merger-1234636656/

JAIMES Nicolas, « Les plateformes d’AVOD peuvent-elles percer en France ? », Journal Du Net, 4 mai 2020: https://www.journaldunet.com/ebusiness/publicite/1491055-les-plateformes-d-avod-peuvent-elles-percer-en-france/

LECHEVALLIER Pascal, « Peacock, le service de streaming de Comcast, atteint 22 millions d’utilisateurs », 1 novembre 2020: https://www.zdnet.fr/blogs/digital-home-revolution/peacock-le-service-de-streaming-de-comcast-atteint-22-millions-d-utilisateurs-39912299.htm

LOVELY Stephen, « Are There Too Many Ad-Supported Streaming Services? », 20 juin 2020: https://www.fool.com/investing/2020/06/20/are-there-too-many-ad-supported-streaming-services.aspx

Marketing Charts : « How Much Are Consumers Willing to Spend on SVOD Services? », 23 janvier 2020: https://www.marketingcharts.com/digital/video-111659

Marketing Charts: « Ad-Supported SVOD Services Gain Steam », 31 janvier 2020: https://www.marketingcharts.com/digital/video-111743

PAOLI-LEBAILLY Pascale, « L’AVoD, un modèle gagnant pour exister face aux géants du secteur ? », La Tribune, 6 novembre 2019: https://www.latribune.fr/technos-medias/l-avod-un-modele-gagnant-pour-exister-face-aux-geants-du-secteur-832366.html

SOYEZ Fabien, « Face à Netflix, l’AVoD (Tubi, Rakuten TV…) débarque (et lorgne sur nos données ?) », CNET France, 29 juin 2020: https://www.cnetfrance.fr/news/face-a-netflix-l-avod-tubi-rakuten-tv-debarque-et-lorgne-sur-nos-donnees-39892771.htm

Wikipedia:

https://fr.wikipedia.org/wiki/Vid%C3%A9o_%C3%A0_la_demande

https://en.wikipedia.org/wiki/Peacock_(streaming_service)

https://en.wikipedia.org/wiki/IQIYI

ADS Reddit: “The Era of WE”

Le marketing de groupes auxquels les consommateurs revendiquent d’appartenir

Souvent peu évoqué et mis de côtés par rapport aux réseaux sociaux comme Facebook, Instagram, Twitter et LinkedIn au sein des stratégie de marketing digital, Reddit est un géant du Net, voté en 2017 comme 4eme page web plus visité aux US.  Avec un trafic de 1.29 milliards de visites et 330 millions d’inscrits en Octobre 2019, la page reste un canal très intéressant pour les marques.  Basée sur un concept de pluri-forums gratuit en vision communautaire, Reddit offre un espace de dialogue et discussions directe avec le public.  Au sein de chaque espaces (communément appelés subreddit, identifié par l’identifiant r/nomdusubreddit) les internautes échangent et discutent sur les sujets par le biais de commentaires. Les commentaires sont au centre du model UGC de Reddit, car en fonction des votes que celui-ci reçoit, positifs ou négatifs, sa visibilité s’accroît ou décroît au sein du subreddit. Dans le cas d’un vote positif le post remonte dans le fils (upvoting), au contraire il se perd dans les limbes de la page (downvoting). Pour conclure, une home-page (frontpage) générale pour chaque inscrit, en réunissant tous les contenus suivis (come Twitter)   

Quelle est la valeur ajoutée de Reddit ?

En tant qu’utilisateur, Reddit offre un contenu crée par les utilisateurs qui mixe divertissement et informations. Définit comme un espace d’échange intelligent au sein duquel l’utilisateur peut, poser des questions sur un sujet, répondre et aider d’autre utilisateurs ou s’informer sur l’actualité. La segmentation en subreddit permet de regrouper des personnes qui partagent les même signes, langages et humour. Le site devient donc un espace où s’entraider et s’amuser entre proches en partageant une étique commune (Reddtiquete).

Quelle sont les intérêts d’aller sur Reddit ?

La présence de la marque sur Reddit se traduit en engagement, image de marque, service après-vente (SAV) et notoriété. Au fil du temps ces aspects sont devenus toujours plus importants pour les firmes, en adaptant en conséquence les actions marketing. Ainsi se développent les figures de Community Manager, qui doivent assurer l’image de la marque par différents canaux. Une conversation ouverte et transparente s’instaure sur un sujet quelconque qui peut intéresser le brand en question. Pour répondre à des problématiques, demander un avis, communiquer ou vendre un produit/service. Reddit restes aussi un moyen pour suivre l’actualité d’un certain sujet ou topic en lien avec l’activité de la société.

Quelle est le service publicitaire offert par Reddit ?

La page en question, qui a reçu 300 millions de dollars d’un investissement du géant chinois Tencent, a su s’adapter aux besoins B2B en mettant en place un système enraciné dans l’économie du Net. Le service d’ADS de Reddit est clair et linéaire. En payant une certaine somme, en fonction de la discussion, le message du client accroît en notoriété, sans prendre en compte le classement organique des votes des internautes, en remontant le fil de discussion. Il s’agit donc d’un système de visibilité payante qui rappelle le Paid Search en opposition avec le référencement naturel SEO du champion moderne du web Google. Évidemment les options de revenu du site ne s’arrêtent pas au B2B en s’adressant aussi à l’utilisateur. La plateforme, définit donc en tant que multiface, permet aux utilisateurs de récompenser les utilisateurs pour leur contribution de contenus. Pour faire cela un système de monnaie virtuelle interne (les Coins) peuvent être achetées et données. Cette currency peut être ensuite échangée avec des icônes et de features à l’intérieure du site même. Posséder ces icônes devient donc emblème de l’implication de l’utilisateur. Pour finir, un service de vente d’espace publicitaires pour display est fourni, qui se base sur un ciblage en programmatique très précis. Les données qui permettent telle précision sont, comme sur Facebook, sont des données captées sur le site, basées sur les centres d’intérêts des visiteurs, leurs votes et données third-party.

Quelles sont les stratégies marketing utilisées sur Reddit ?

Les campagnes de marketing à appliquer sur Reddit sont nombreuses et changent en fonction des objectifs, du contexte et de la marque qui l’applique. Concrètement des actions payantes et des actions gratuites peuvent êtres misent en places par les firmes. Comme avec Google le payant s’impose pour une vision court terme et le référencement pour une vision long terme. Mais dans tous les cas une règle s’impose, c’est à dire maintenir une discussion horizontale avec l’utilisateur. L’idée de mettre en avant des arguments d’authenticité et parité permet d’être accepté par l’internaute. Voici quatre exemples d’action marketing sans recourir à des solutions payantes assez communs parmi les nombreux :

  • Organiser des AMA : Ask me Anything, il s’agit d’une FAQ cachée qui permet à la marque de répondre aux questions des utilisateurs et les rendre publiques. En faisant ainsi la marque peut fixer des réponses standards qui peuvent intéresser plusieurs clients et communiquer une présence et une image de marque. 
  • Fixer des Calendriers : C’est un système qui se refait à un outil de Reddit qui fixe un compte à rebours et envoie un push-up (notifications) à toute la communauté. Cela permet de créer le sentiment de hype (attente) pour les inscrits en vue d’un lancement d’une offre, un événement ou une communication.
  • Mettre en place un Contest : Lancer un défi aux utilisateurs en échange de récompense pour recueillir des informations, créer de l’engagement et agrandir la communauté.
  • Créer du contenu Viral : Créer du contenu qui est facilement partageable par l’utilisateur sur la plateforme sur d’autre subreddit pour aller toucher les membres d’autres communautés.

Le concept de communauté est donc au centre des nouvelles campagnes de digital marketing qui s’oppose en manière directe à la fragmentation des réseaux sociaux où la publicité était vu comme un élément dérageant la navigation. Au contraire avec Reddit la publicité doit être accepté par l’internaute.

 “As the social media landscape continues to fragment and people look for authentic connections based on shared interests, we’re proud that Reddit offers a place for users to find community. “Jack Koch Global Head of Marketing Sciences Reddit

THIERRY TURCO
MTM 226 DAUPHINE

Blockchain : the future of programmatic advertising ?

Simply put, advertising is a contract between advertisers, who seek to reach a certain audience, and publishers, who need retribution for their content. With the Internet, this contract has become more complex: the boundaries between the different players in the ad sector have become confused and new business models have emerged, which has made competition increasingly harsh. Thus, the battle for value has intensified, especially facing the duopoly of Google and Facebook which represents two-third of the market. In this context, it is interesting to see how a technology such as blockchain could be used to answer most of the programmatic advertising issues.

First of all, it is important to note that the model that prevails today in digital advertising is programmatic: it represents 60% of the display in 2018. However, event though programmatic was useful to reduce the number of intermediaries between advertisers and publishers, this is no longer the case. Many players, who were supposed to facilitate the placement of advertisements and remuneration, have gradually been put in place. From then on, the digital advertising supply chain includes various intermediaries between advertisers and publishers: ad exchanges, trading desks, DSPs and SSPs. The value is scattered throughout this chain of actors.

According to the World Federation of Advertisers, for $ 100 invested by an advertiser, only $ 40 will return to the publisher.

Programmatic value chain

Similarly, Marc Pritchard, the Chief Brand Officer of Procter & Gamble, one of the largest advertisers in the world, says that « only 25% of the money that is spent on digital advertising really serves to reach consumers « .

To this problem of return on investment is added the question of opacity of transactions. The World Federation of Advertisers surveyed 59 of its largest members, representing more than $ 70 billion in annual advertising spend: 90% of those using trading desks said they had to review their contract in 2017, especially because of the lack of transparency. In order to optimize their revenues, publishers and advertisers are forced to combine several techniques and tools and remain dependent on the intermediaries who hold the data. An advertiser therefore has little visibility on the audience of its advertisements and is rarely able to truly measure its return on investment.

There is a real crisis of trust between the advertising players and it is all the more reinforced by fraud. According to a study by Juniper Research, advertising fraud cost almost $ 19 billion in 2018, amounting to 9% of digital advertising investment. This sum might even reach $ 50 billion by 2025 according to the World Federation of Advertisers.

This lack of trust is also found among end-users: “badvertising” has led to the expansion of adblockers. Publishers are now required to review their models and find other sources of revenue.

Faced with these different challenges, advances in artificial intelligence, data collection and new technologies are emerging as potential answers. The lack of transparency, the loss of value along the chain and the large number of intermediaries make digital advertising a key sector for the implementation of blockchain technology. Indeed, in principle, the blockchain allows the traceability of transactions and the disintermediation of exchanges.

First of all, blockchain could meet the need for traceability thanks to the « tokenization » principle. Thus, a token – a form of identification – is associated with every ad, which can then be followed throughout its course and enable to assimilate data (audience and amounts spent in particular). Concretely, the blockchain makes it possible to record the value throughout the chain. It also avoids the misuse of data by some actors who do not pay its owners.

In addition, by construction, a blockchain is available to all stakeholders that form its network: the entire chain can see transactions in real time, including the advertiser who is then able to know exactly for what his expenses are used for. As the register of a blockchain records all the transactions, it is almost impossible to make a mistake about the number of advertisements viewed, and therefore, about the payment: the advertiser no longer pays « blindly ».

This way, the entire journey of a digital ad can be traced with much more transparency and reliability through a blockchain registry.

Moreover, the blockchain is also at the heart of smarts contracts: they are unfalsifiable contracts that trigger the transaction only when the execution conditions are met. These stand-alone programs automatically execute the terms and conditions of a contract, without requiring human intervention once started. This allows in particular to set very specific payment rules: for example, the transaction, and therefore the payment, will be made only for advertisements that are seen more than 30%.

According to Christophe Dané, the founder of the consulting firm Digitall Makers, « thirty blockchain projects related to media buying, data management and the fight against fraud » were born in the Anglo-Saxon market between 2017 and 2018. Among them, some are already well advanced: Brave, a browser based on a blockchain that remunerates publishers and users with tokens, MetaX which traces advertising assets on the Internet, Amino that makes payments made in online advertising more transparent or AdEx which offers a decentralized platform of exchange to solve the problems of fraud and privacy.

All these initiatives tend to show that the programmatic advertising sector seems already prepared to welcome the blockchain. However, some limits still hinder the main players, advertisers and publishers. First of all, the extreme transparency provided by the technology through its tamper-proof registry can be a strategic obstacle: an advertiser does not necessarily want to reveal its CPM prices to the entire chain. The life of the data is also problematic: one of the founding principles of the Internet is the right to be forgotten, which becomes impossible with the blockchain that is immutable.

Another point is particularly limiting: blockchain technology is still relatively slow, especially because of the block encryption phase. The number of transactions is therefore limited in time, and still slower than real time bidding. In programmatic, reactivity must be of the order of a millisecond, which blockchain technologies are not yet able to achieve.

Finally, blockchain technology is only one of the possible solutions to the many obstacles encountered in digital advertising, and cannot be the only answer. Many other business and organizational challenges are still to be overcome.

One final point that is interesting to mention regarding blockchain and programmatic advertising is the role of one of the most important player in the advertisement value chain: the end-user. Indeed, consumers can become true counterparties to the digital advertising transactions that today leverage their profile data in exchange for access to ad-supported content. They will play an indispensable role in claiming, maintaining, and managing their digital identities and will then support the new “token economy”.

In order for blockchain to achieve massive scale and truly transform the digital advertising supply chain, individual consumers will also need to become involved. That is why, to conclude, we can expect blockchain, once mature, to be at the very core of value sharing between the three main players : advertisers, publishers and consumers.

Amélie Costadoat

IA et marketing digital

Avec un revenu de 5,42 milliards de dollars aujourd’hui et de 59,7 milliards estimés pour 2025, l’intelligence artificielle connait une croissance exponentielle et touche tous les secteurs, de la domotique à l’environnement en passant par la finance. Près de 1550 startups dans le monde en ont fait leur cœur de métier. L’IA touche désormais le marketing digital et le fait basculer dans une nouvelle ère. 

La promesse ancestrale du marketing est d’envoyer le bon message au bon moment et au bon endroit. A l’heure d’Internet et de l’infobésité dans laquelle tous les internautes se trouvent, le challenge est de captiver le bon utilisateur avec le message le plus approprié pour susciter l’acte d’achat. En moyenne, il faut 8 interactions pour convertir un prospect en client. L’intelligence artificielle fait le pari de diminuer ce chiffre en offrant du contenu personnalisé.

Intelligence artificielle et big data

L’intelligence artificielle fonctionne selon le principe dit de machine learning : elle apprend au fur et à mesure des données dont elle dispose. Elle se sert ainsi du big data pour apprendre d’elle-même et être toujours plus performante. Dans le cadre du marketing digital, l’intelligence artificielle permet d’en savoir toujours plus sur toutes les cibles, apprendre des sites visitées, des actions menées par les utilisateurs et des publicités visionnées pour afficher le message le plus pertinent. Après avoir emmagasiné toutes ces données, les algorithmes mis en place sont ainsi capables de diffuser un message personnalisé pour chaque utilisateur, qui seront ainsi plus sensibles à passer à l’acte.

En apprenant grâce au big data, l’intelligence artificielle peut alors devancer les choix des internautes. Le concept de singularité explique cette idée et apporte une finalité proche de la science fiction : a singularité technologique (ou simplement la singularité) est l’hypothèse que l’invention de l’intelligence artificielle déclencherait un emballement de la croissance technologique qui induirait des changements imprévisibles sur la société humaine. Au-delà de ce point, le progrès ne serait plus l’œuvre que d’intelligences artificielles, ou « supraintelligence » qui s’auto-amélioreraient, de nouvelles générations de plus en plus intelligentes apparaissant de plus en plus rapidement, créant une « explosion d’intelligence » créant finalement une puissante super-intelligence qui dépasserait qualitativement de loin l’intelligence humaine. Par effet boule de neige, l’explosion de l’intelligence artificielle entraînerait non seulement un gain de temps colossal mais un emballement technologique. La science fiction n’est donc pas loin.

Travailler moins pour gagner plus

En plus de faire gagner un temps fou aux internautes, l’intelligence artificielle peut désormais lire dans les pensées et savoir précisément ce que les utilisateurs veulent. Cette technologie permettrait alors d’affiner les publicités, et ainsi mettre une fin au marketing abusif et intrusif via les différentes bannières et pop-ups des sites Internet. Tout le monde est alors gagnant : une publicité profite à l’utilisateur mais surtout à l’annonceur qui a alors beaucoup plus de chances de voir son message lu et son produit ou service consommé. On se trouve ainsi dans un modèle gagnant – gagnant : d’une part l’annonceur ne dépense plus pour toucher des cibles toujours plus vastes, mais moins pour toucher une partie réduite prête à payer, et d’autre part l’utilisateur se retrouve face à message personnalisé, face auquel il sera plus sensible. 

Un exemple d’intelligence artificielle est l’algorithme basée sur de l’IA de Google appelé « Rank Brain », qui, en plus d’analyser les mots tapés sur le moteur de recherche, essaie de comprendre l’intention de l’utilisateur et en déduit les résultats les plus pertinents possibles, en plus de les classer par leur simple dimension sémantique. 15% des recherches tapées dans Google n’ont jamais été cherchées auparavant. L’algorithme cherche alors à donner les résultats les bons résultats et comprend même les mots-clés et expressions proches de la recherche souhaitée.

Il existe également un exemple moins glorieux d’intelligence artificielle : Tay, IA mise en place par Microsoft sur Twitter en 2016. Ce chatbot lancé par la firme américaine avait pour but d’être capable d’interagir avec les internautes via des conversations sur les réseaux sociaux ou des applications de messagerie instantanées. Pour dialoguer avec les autres utilisateurs, Tay se base sur des données accessibles publiquement, notamment pour construire des réponses et des questions.

Avec le temps, Tay est censée s’améliorer en apprenant de ses conversations avec les internautes. Mais aussi en personnalisant ses réponses. Cette fonction de learning a été la force mais également la faiblesse de cette IA, qui l’a mené à sa fin. 

Au bout de 8 heures d’existence, Microsoft a donc préféré la faire taire, car écrivant beaucoup d’insultes et de remarques sexistes, homophobes et xenophobes. Tay a annoncé dans la nuit qu’elle avait « besoin de sommeil ». Sommeil qui dure depuis 2 ans.

Les chatbots se révèlent être une application de l’intelligence artificielle au marketing tout particulièrement interessante et rentable pour les marketeurs : il s’agit ici d’offrir à l’utilisateur une conversation avec un conseiller fictif, qui résout un problème, offre le produit souhaité ou conseille un client. En fonctionnant sur la technologie de machine learning, le chatbot apprend au fur et à mesure des conversations pour ne plus afficher aucun blanc et toujours répondre de façon pertinente. Disponibles 24 heures sur 24 tous les jours de la semaine, ils offrent une meilleure expérience aux clients qui visitent le site ou la page sur un réseau social d’une entreprise.

L’intelligence artificielle va rapidement concerner toutes les industries. Le marketing digital, secteur incontournable de l’économie numérique, a beaucoup à gagner des innovations que permettent cette technologie. Bénéfique à tous dans ce domaine, elle permet de réduire les dépenses, segmenter les cibles et ne plus envahir le temps de cerveau disponible avec des produits non adaptés à leurs cibles. Cependant, toutes les qualités renferment tout de même quelques failles qu’il ne faut pas laisser de côté. Les logiciels et les algorithmes d’IA se perfectionnent rapidement et leurs possibilités deviennent de plus en plus concrètes. De nombreux chercheurs se demandent si la société ne va pas trop vite avec l’intelligence artificielle : elle offre une nouvelle manière d’appréhender le monde et a tout d’une révolution. Affaire à suivre. 

Jacques Antoine Lando

Quelle programmatique pour la télévision de demain?

Depuis les années 2000, on assiste à une délinéarisation de la télévision traditionnelle avec l’émergence des services de streaming et des contenus à la demande. Ces dernières années, l’apparition de Youtube, Netflix, Amazon, Hulu, Snapchat, Periscope, Facebook Live ont amplifié ce phénomène. Alors que la demande augmente et que le public consomme toujours plus de programmes, la part d’audience de la télévision linéaire ne cesse de décroître. C’est ainsi qu’en 2015, aux Etats-Unis, 77% du temps alloué à la consommation de contenus vidéo s’est fait sur un écran de télévision contre 99% en 2005. On note la multiplication des devices (supports médias : tablettes, ordinateurs, smartphones…) et un profond bouleversement des habitudes de consommation au sein des foyers.

C’est justement sur ces supports non-linéaires que la programmatique a commencé à se développer en France, dans une volonté de cibler toujours plus efficacement le destinataire : diffuser le bon message, à la bonne audience, au bon moment.

La télévision programmatique désigne le processus d’automatisation des achats et permet de mieux cibler une audience pour les annonceurs. Il s’agit en effet d’une part, de mettre en place un mode d’achat programmatique d’espaces publicitaires aux spots TV (sans toutefois utiliser le « RTB » comme c’est le cas dans le digital) et d’autre part, de cibler une audience en lui adressant un message personnalisé (« publicité adressable »).

Dans les faits, la télévision programmatique existe déjà et s’intègre progressivement dans ce paysage médiatique transformé. La question est donc non pas de savoir si la télévision en France est amenée à devenir programmatique mais de quelle manière elle va le devenir.

La télévision programmatique est une aubaine pour les annonceurs. Finies les dépenses colossales dans des publicités adressés au large public, désormais, la programmatique va permettre aux marques de dépenser moins en dépensant mieux à travers une optimisation des opérations et la possibilité de segmenter les campagnes.

En France, des tests ont déjà eu lieu en catch-up TV, c’est-à-dire sur la télévision de rattrapage, délinéarisée, là où la loi le permet. TF1 a ainsi testé en octobre 2016 la publicité segmentée sur son offre de replay en partenariat avec Orange, tandis que France 3 et BFM Paris ont mis en place depuis 2017 la diffusion de publicités ciblées selon les données de géolocalisation.

Mais la loi est très stricte et le cadre législatif interdit d’instaurer de la publicité télévisée linéaire segmentée afin de protéger les acteurs de la presse quotidienne régionale et des radios locales. Pourtant, la Direction générale des médias et des industries culturelles, sous la tutelle du Ministère de la Culture a remis en cause cette interdiction dans le cadre d’une grande consultation lancée sur la libéralisation du marché télévisé.

La législation française impose en effet que les programmes diffusés par ondes hertziennes soient exactement les mêmes pour toute la population ce qui rend parfaitement impossible la personnalisation de la publicité sur la TNT, mais seulement en replay pour le moment.

Selon l’IDATE, la télévision programmatique est un marché qui devrait s’élever à 19,1 milliards d’euros au niveau mondial en 2021, soit près de 9 fois plus que la valeur du marché mondial en 2017.

Encore fragile dans presque tous les pays du monde, la télévision programmatique est pourtant couronnée de succès aux Etats-Unis où elle représente 6% de la publicité en 2018 et dans certains pays anglo-saxons parmi lesquels le Royaume-Uni et l’Australie, mais aussi en Allemagne.

Outre-Atlantique, un test a été effectué lors du Super Bowl en 2015 auprès de 100 000 téléspectateurs de Pennsylvanie : on connaissait leur niveau d’éducation, le niveau de revenus du foyer, des critères au-delà des critères sociodémographiques qui étaient essentiels pour pouvoir créer des cibles, avec de la data. Pour la première fois, des téléspectateurs ont ainsi assisté en direct lors de la mi-temps, à une publicité de la marque Oreo qui avait été achetée et délivrée au moyen de logiciels, autrement dit, selon un mode programmatique.

Nos voisins européens ont également une longueur d’avance sur la télévision programmatique. En 2014, au Royaume-Uni, Sky mettait en place AdSmart, logiciel permettant aux annonceurs d’acheter des espaces publicitaires en temps réel en choisissant l’audience cible à partir d’une centaine de critères. En 2017, Sky affirmait souhaiter que tout son inventaire télé soit disponible en programmatique au plus vite.

Sky AdSmart constitue aujourd’hui la première plateforme européenne de télévision adressable à tel point qu’elle est désormais mise en place en Italie, en Autriche, en Allemagne et en Irlande. 

L’Allemagne n’est pas en reste au niveau du déploiement de la programmatique. En 2014, SmartClip, l’une des premières plateformes de télévision programmatique a vu le jour. Elle permet à toutes les télévisions connectées de diffuser un encart publicitaire personnalisé en fonction de la cible, généralement en miniature en bas à droite à de l’écran. Le téléspectateur est alors libre de choisir ou non de cliquer dessus, sans quoi la publicité disparaitra automatiquement au bout de quelques secondes. Ici, le téléspectateur est ciblé grâce à la technologie de serveur publicitaire et à la « data anonymisée », accessible uniquement avec une télévision connectée sans même passer par la box.

Enfin, en Australie, un processus sensiblement similaire existe. En 2015, Multi Channel Network a lancé MCN Programmatic TV. L’objectif est d’offrir aux annonceurs la possibilité d’acheter des espaces publicitaires sur la télévision linéaire en ciblant une audience précise et ainsi toucher un public particulier. Dans cette lignée, en 2018 MCN a lancé SIA : il s’agit d’une solution de data management qui a pour objectif de délivrer des données uniques, permettant aux annonceurs d’obtenir une vue d’ensemble de leurs stratégies cross-canales et de délivrer à son public le bon message à la bonne audience au bon moment.

La France tente de rattraper son retard malgré le cadre législatif très strict. En septembre 2018, les régies publicitaires de TF1, France Télévisions et M6 ont instauré une interface commune dans l’objectif de simplifier l’achat d’audiences ciblée sur le marché de la publicité automatisée dans la vidéo, un secteur en plein boom.

Cette interface, baptisée Sygma, permet aux annonceurs et aux publicitaires d’acheter des cibles en fonction de leurs besoins pour une campagne publicitaire. Sygma vise ainsi un ciblage performant, la qualité des espaces pubs, la simplification du parcours d’achat et la protection des données mais ne se concentre que sur les plateformes digitales MyTF1, France.TV et 6play.

Au premier semestre 2018, le marché de la publicité programmatique en display a réalisé un chiffre d’affaires de 576 millions d’euros, selon l’Observatoire de l’ePub (en hausse de 50% sur un an).

Le directeur adjoint de M6 Publicité affirmait en novembre 2018 : « le ciblage data en IPTV est l’une de nos priorités 2019 », certain que « de plus en plus de projets de ciblage data entre opérateurs et chaînes de télévision vont avoir lieu ».

Il y a quelques mois, la députée LREM Aurore Bergé, dans un rapport, préconisait l’autorisation de la publicité segmentée et géolocalisée à la télévision, grâce aux données des FAI, dans le cadre d’une expérimentation sur 18 mois dans un premier temps. Selon le rapport, cette libéralisation du marché de la publicité segmentée en France permettrait aux annonceurs de doubler la valorisation de chaque espace publicitaire.

C’est bien là le point délicat du débat de la télévision programmatique : la collecte des données. Pour permettre le ciblage précis d’une publicité adressée et ainsi l’individualisation du message publicitaire, des chaînes ayant mis en place un système de log en télévision adressable (M6) ou d’abonnement (Canal+) sont sur la bonne voie grâce aux données comportementales et démographiques de leurs téléspectateurs. Ainsi, le prochain et principal grand enjeu dans le développement de la télévision programmatique réside incontestablement d’instaurer les discussions avec les FAI (fournisseurs d’accès à Internet) qui disposent d’informations précieuses et permettant ainsi d’enrichir la data IPTV.

En France, la télévision se dirige donc aujourd’hui vers la programmatique, qu’elle soit adressable, connectée ou linéaire. Notre modèle doit prendre exemple sur ses voisins européens mais aussi sur les Etats-Unis ou l’Australie dont le succès n’a jamais été démenti. Le marché traditionnel de la publicité en France est aujourd’hui obsolète et dépassé. On se dirige vers une nouvelle forme de publicité à la télévision : valoriser la qualité des contenus, créer de la valeur pour les acteurs du marché, permettre une meilleure performance des annonceurs tout en respectant les consommateurs et la protection de ses données.

Corentin Durrleman

Une nouvelle place de marché pour le monde de la publicité


Mobvalue et AdVideum ont annoncé cet été la création de la plateforme Uniq marketplace. Pour rappel une marketplace ou place de marché désigne « les interactions B2B et B2C dans le monde de la vente en ligne » (source : JDN).  La création d’Uniq marketplace vise à faciliter l’accès aux «  environnements premium sur desktop, web mobile et In-App via rien de moins que 12 formats vidéo outstream et display (InRead, VideoSkin, Pavé, FullScreen, H5 Vidéo, InFeed, Slidemotion, Vidmotion, Cube 3D, Parallaxe, Interstitiel et deux nouveaux formats Branding : le Blurred View et le Looper). » (communiqué de presse du 13 septembre 2018). Cette marketplace vise à faciliter l’achat programmatique pour les clients de Mobvalue et AdVideum qui sont des éditeurs et des annonceurs publicitaires. Uniq marketplace offre une diversité de modes d’achats (enchères ou prix fixes) simplifiée afin de faciliter les transactions entre les agences et les annonceurs.

Cette alliance entre deux piliers du monde de la publicité est inédite en France et tente de répondre aux nombreux enjeux auxquels le monde de la publicité doit faire face.

Mobvalue & AdVideum

Avec ses 26,4 millions de mobinautes uniques dédupliqués, Mobvalue est la première régie publicitaire premium sur mobiles en France. « Mobvalue s’est imposé comme l’acteur de référence auprès des éditeurs et annonceurs sur deux domaines d’expertise : la régie premium et la studio créatif » (Advideum). Elle regroupe plus de 90 éditeurs couvrant une diversité de cibles et de thématiques du marché. Grâce à son studio créatif Mobvalue est en constante innovation et personalisation de son offre en répondant aux besoins de ses clients. Elle développe notamment de nouveaux formats et technologies mobiles.

Depuis 2010 AdVideum a pour ambition de faciliter l’écosystème vidéo en accompagnant les éditeurs, annonceurs et agences média dans leurs stratégies. AdVideum est l’un des pionniers de l’InStream et de OutStream en France. Le but est de mieux appréhender les modèles de monétisation en passant par le programmatique. « Notre Club Éditeurs couvre plus de 80% de la population internet en France et près de 75% des mobinautes » (AdVideum)

L’état du marché de la publicité en France

Le marché français de la publicité digitale a un chiffre d’affaire de 2,264M au premier semestre 2018. Cela représente une augmentation de 15,5% en comparaison au premier semestre 2017. Tous les leviers digitaux sont en augmentation. Le search a augmenté de 8,5% et représente 47% du marché global avec un revenu global de 1 078M euros. Le display a la plus grande croissance avec + 29,9%, donc 37% sur le marché global. Les autres leviers ont cru de 6%. C’est 16% du marché total. 51% comprennent le search et le display (1 925M euros) et ont augmenté de 43%. De plus 76% des visites de sites internet sont fait sur le mobile.

Un autre donnée intéressante est la façon dont les réseaux sociaux prennent la plus grosse part des investissement en publicité digitale avec un chiffre de 73% .

En dehors des réseaux sociaux les investissements augmentent dans le développement du programmatique : 46% d’achat ce qui signifie +25,3%. Le  programmatique augmente pour 50% dans le secteur de la publicité et s’élève à ⅔ sur le display (66%)

Comprendre le programmatique

Créé en 2011 le programmatique est le nouveau logiciel d’échange qui permet aux publicitaires et aux éditeurs de se rencontrer. Il fonctionne comme une place de marché en ligne. Le programmatique offre un inventaire des espaces publicitaires. On l’appelle programmatique car le système est automatisé. Les publicitaires payent des encarts en temps réel aux éditeurs. Ce marché est regulé par des third parties comme les DSP et ATD. Les espaces non vendus donnent naissance au réseau publicitaire.  Le programmatique fonctionne comme une place d’enchère. Certains espaces perdent de leur valeurs en fonction de l’état du marché. Le dictionnaire marketing donne la définition suivante “une plateforme programmatique dite full-stack est une solution technique de gestion et monétisation des espaces publicitaires qui combine la gestion du trafic management, les procédures de commercialisation en RTB et les modes classiques ou historiques de commercialisation (vente directe, opérations spéciales, etc.).”

Uniq marketplace: une solution unique ?

L’alliance de ces deux acteurs de la publicité en France est intéressante puisqu’elle répond aux grands enjeux actuels. Comme développé précédemment le secteur de la publicité en ligne est en constante mutation aussi bien par les acteurs (Google et Facebook sont les plus gros investisseurs) que par les outils (le programmatique). Ainsi Uniq marketplace cherche à fusionner deux entreprises aux activités complémentaires pour s’imposer en jouant sur leurs qualités d’innovation. Elle prend le pas sur les autres plateformes comme Viooh de JCDecaux pour améliorer la fluidité de l’écosystème publicitaire. Selon quantcast 50% des responsables marketing pensent que le programmatique peut s’appliquer aux deux approches, branding et performance et 83% sont satisfaits des performances du programmatique. Ainsi les annonceurs sont prêts et attendent une offre complète et qualitative en achat programmatique. C’est ce qu’Uniq ambitionne. Le marché semble donc prêt à accueillir cette nouvelle plateforme !

Domitille J.

Les alliances data, une solution pour les éditeurs face aux GAFA ?

Le 21ème siècle ne sera pas celui de la publicité print, c’est maintenant une triste évidence confirmée. Alors que les géants Facebook et Google s’accaparent la croissance du marché de la publicité, les éditeurs s’en retrouvent dépossédés, laissant leur industrie à la dérive.

L’ère des alliances data

En effet, en 2017 Google et Facebook captaient 78% des dépenses publicitaires du marché français (19e édition de l’Observatoire de l’e-pub, 2017), et 91% en 2018, alors que ces dernières ne cessent d’augmenter elles-aussi (le marché de la publicité digitale ayant dépassé pour la première fois les 4 milliards d’euros en 2018, selon BFM Business). Une situation pouvant s’apparenter à un véritable changement structurel de l’industrie, avec l’encrage d’un duopole du marché publicitaire digital.

Face à cette menace, l’Europe et notamment la France ont vu ces dernières années naître de premières alliances data : elles se nomment Gravity, Verimi ou encore Skyline. L’enjeu : investir dans le marché programmatique afin de ne pas en laissant l’exclusivité aux deux géants.

Gravity, une alliance de rassemblement de grands groupes français, se veut ainsi offrir des solutions alternatives aux solutions dominantes proposées par les acteurs transnationaux. Elle rassemble 150 éditeurs membres partenaires, qu’ils soient issus du milieu de la télévision, de la presse écrite ou encore des télécoms : on y retrouve Marie Claire, BFMTV, L’Equipe, L’Express, Les Echos, le groupe M6, Orange… D’après Fabien Magalon, Directeur Général de l’Alliance Gravity, les facteurs clefs de succès des GAFA sont la massification des audiences et la création de valeur sur la data.

Pour faire face à ces adversaires, Gravity compte donc sur sa stratégie d’union, la capacité à atteindre de grosses volumétries, l’ADN médias premium des marques ou encore le label Digital Ad Trust. En effet, alors que les plateformes Facebook et Youtube ont bien du mal à offrir une véritable brand safety à leurs annonceurs (fake news, commentaires haineux, contenu douteux mal régulé…), les alliances data revendiquent une publicité de meilleure qualité et maîtrisée. Un second vent positif vient souffler en faveur des alliances : à l’heure où le contenu est roi, et où la contextualisation du message fait ses preuves en tant que facteur impactant l’effectivité des publicités, les alliances partent alors avec un avantage sur les GAFA. En effet ,alors que ces derniers ne sont que diffuseurs de contenus, les éditeurs en sont producteurs. Or, une publicité serait bien plus impactante dans un environnement éditorial que sur une plateforme sociale : il s’agirait d’une augmentation de 27% d’intention d’achat (e-marketing, 2017).

Et en 2019 ?

Mais à quoi ressemblent vraiment les chiffres en 2019 ? D’après Fabien Magalon, l’alliance Gravity adresserait 53% de couverture quotidienne sur internet, soit un internaute sur deux  et 90% de couverture mensuelle (Médiamétrie, 2018). Elle recueillerait chaque mois 10 milliards de données. En comparaison, Google et Facebook couvrent respectivement 60% et 70%  de la population au quotidien, Google atteignant les 96,5% par mois. Le Groupe Figaro, lui, en s’associant avec Le Monde au sein de Skyline, revendique une couverture mensuelle de 80% de la population française avec 35 millions de visiteurs uniques sur les trois écrans (e-marketing, 2017). Un bilan qui se veut, pour le moment, très positif.

Une question se soulève tout de même quant à la crédibilité et la puissance de ces alliances face aux GAFA. Nous assistons en effet en cette fin 2018 / début 2019 à une multiplication des alliances, nationales mais également européennes, à l’image de la naissance de Verimi en Allemagne, mastodonte rassemblant les données de Lufthansa, Allianz, Samsung et la Deutsche Bank. Or, toutes sont conscientes que leur force se trouve dans l’union, l’enjeu étant d’égaler les deux géants sur la massification de l’audience touchée. Ainsi, une multitude d’alliances ne mènerait-elle pas logiquement à un affaiblissement face à Google et Facebook ? Pourquoi ne pas créer une seule alliance Française, voire Européenne ? Le manque d’un projet global de rassemblement des éditeurs pourrait être la raison d’un échec futur face aux GAFA.

Autre possible échec de ces projets : l’adoption de la RGPD en 2018. En effet, ce texte européen qui renforce et unifie la protection des données individuelles et personnelles au sein de l’Union Européenne vient bouleverser les piliers de fonctionnement de ces alliances : la collecte et l’utilisation de millions de données personnelles.

Cependant, selon François Magalon, PDG de Gravity, il n’y a pas de quoi s’inquiéter. Selon lui, si la RGPD va impacter les volumétries des données exploitables au travers d’un consentement plus libre et plus explicite, elle améliore également la qualité des données exploitables (Gravity, 2018). Elle consisterait donc à assainir le marché. Et en effet, les alliances semblent bien toutes avoir pleinement adopté la RGPD et être en accord avec la nouvelle régulation. Chacune d’elles respectent sur leur site les principes de transparence (il faut désormais expliquer concrètement d’où vient sa data ) et de consentement imposée par cette dernière (il faut également expliquer comment les consentements sont obtenus, transmis et modifiables). A titre d’exemple, un système de opt-out direct est à présent sur le site de Gravity. Par ailleurs, dans son règlement, l’alliance affirme que ses technologies de ciblage ne permettent pas de tracer l’activité des internautes sur d’autres sites, ni de collecter de données permettant d’identifier un individu.

Mais plus encore : l’implémentation de la RGPD favoriserait les collaborations directes entre éditeurs et annonceurs, selon Grégoire Fremiot, Chief Revenue Officier de Mediarithmics. Alors que Facebook peine à faire face aux régulations européennes et aux condamnations de l’Union Européenne, les alliances, conçues dans le cadre du respect de la RGPD, assurent la traçabilité de bout en bout des données et permettent de gérer ces dernières en temps réel, en accords avec les normes européennes. Ces plateformes, grâce à un modèle de cross-DMP, permettent ainsi à chaque acteur de maîtriser l’accès à sa donnée propriétaire d’une part et d’activer des campagnes sur tous les membres d’autre part.  Ainsi, le paysage concurrentiel s’en voit bouleversé, et l’heure n’est plus au volume seul mais à la qualité et légalité de la data.

Enfin, n’oublions pas que 2018 a surtout vu émerger une troisième grande plateforme publicitaire : Amazon. Son chiffre d’affaires publicitaire attendrait les 16 milliards de dollars en 2021 : bien assez pour en faire une troisième solide menace. Ce mastodonte de la donnée vient donc assombrir l’écosystème des alliances data, et affaiblira certainement ces dernières…2019 sonnerait-elle donc l’heure d’un projet data global à l’échelle européenne ?

Lucie Franco

La publicité en ligne et les enfants : stratégies pernicieuses d’acteurs du net

Les enfants sont de plus en plus nombreux à passer du temps sur des applications de jeux sur smartphone. Elles sont devenues des activités incontournables des plus jeunes. Apprendre l’alphabet, entretenir un jardin ou être docteur de peluche, les concepts sont très variés.

Nombre d’entre elles sont gratuites et leur modèle d’affaire pose alors question. En effet, afin d’assurer un modèle économique pérenne, la publicité est le produit largement adopté par les créateurs d’application.

L’Université du Michigan a mené une étude sur les applications mobiles destinées aux jeunes enfants de moins de 5 ans. Elle met en avant les stratégies publicitaires des éditeurs d’applications pour enfants. Sur près de 150 applications testées, les chercheurs montrent que 88 % des applications payantes et 100 % des applications gratuites contenaient de la publicité. 

Bien que la publicité envers les enfants de moins de 13 ans soit très encadrée par la loi en France comme aux États-Unis. Il semble néanmoins que certains fournisseurs de contenus déploient des stratégies publicitaires parfois redoutables.

L’étude de l’Université du Michigan met notamment en cause l’application Doctor Kids éditée par Budadu disponible sur le Playstore de Google. Le jeu sensibilise les jeunes enfants aux pratiques médicales. Mais, sous couvert de cet aspect récréatif, l’application semble marcher sur une corde sensible concernant les règles de publicité. En effet, l’enfant peut acheter des accessoires payants pour évoluer dans le jeu. Pour les pousser à l’achat, l’éditeur a établi une rhétorique discutable. Le Figaro rapporte que « si l’enfant refuse d’acheter les accessoires virtuels payants du jeu, l’un des personnages se met à pleurer. »

L’Autorité de régulation professionnelle de la publicité formule des dispositions générales, reconnues par l’ensemble des professionnels en France. Elle formule les obligations suivantes « 7.1 La publicité ne doit pas suggérer que la seule possession ou l’utilisation d’un produit donne à l’enfant un avantage physique, social ou psychologique sur les autres enfants de son âge, ou que la non-possession de ce produit aurait un effet contraire. » et « 7.2 La publicité s’adressant aux enfants ne doit pas susciter un sentiment d’urgence d’achat ou suggérer que cet achat possède un caractère indispensable. » Le constat est pourtant clair, cette application associe le refus d’achat à quelque chose de douloureux, en jouant sur l’émotionnel et l’affectif particulier développé des enfants. L’éditeur de l’application est garant des contenus publicitaires mis en avant dans son application. 

Mais un autre acteur mérite également une attention particulière : Google. Le géant du web distribue Doctor Kids depuis son magasin d’application. Avant d’y être disponible, les applications doivent répondre à certaines conditions. Les applications pour enfants doivent répondre au programme Designed for Families. Ce programme fournit un ensemble de contraintes liées aux contenus publicitaires notamment ce qui suit « Il doit être possible de distinguer clairement les annonces du contenu de l’application ». Dans le cas de Doctor Kids, il est indéniable que le contenu publicitaire est dissimulé dans l’univers du jeu puisqu’un personnage du jeu auquel l’enfant joue se met à pleurer lorsque ce dernier refuse d’acheter des accessoires. L’univers immersif des applications peut être un danger pour les enfants puisque la publicité est intégrée dans un environnement de divertissement. 

Malgré le fait que Google paraisse transparent sur sa politique envers la publicité, il n’empêche que des failles apparaissent dans la plupart des nombreux produits proposés par la firme. En témoigne notamment l’affaire sur les publicités ciblées envers les enfants de moins de 13 ans sur Youtube en 2016. La plateforme de vidéos en ligne officiellement interdite aux moins de 13 ans est tout de même une pépinière de dessins animés et de comptines pour enfants. YouTube semble délibérément tenter d’attirer ce jeune public sur sa plateforme. En effet, Little Baby Bum se classe comme la 9ème chaîne la plus populaire. La chaîne propose des vidéos où des personnages chantent des comptines. Cumulées, ces vidéos totalisent près de 18 milliards de vues. Vingt-trois associations de défenses des droits des enfants aux États-Unis ont attaqué la plateforme et la société-mère Google pour pratiques illégales. La loi américaine est relativement similaire à la loi française dans ce domaine : le Children’s Online Privacy Protection Act (COPPA) interdit la collecte en ligne d’informations personnelles sur les enfants de moins de 13 ans, sans le consentement vérifiable de l’un des deux parents. Néanmoins, le géant collecterait un nombre colossal de données sur les enfants pour les revendre aux publicitaires dont leur localisation, leur numéro de téléphone ainsi que le modèle d’appareil utilisé alors même qu’il se défend de faire de la publicité ciblée pour les enfants partout sur internet.  

Les enfants sont en effet une cible marketing particulièrement intéressante pour ces empires du net. Ils sont les acheteurs de demain. En les conditionnant dès le plus jeune âge à des comportements d’achat, les entreprises s’assurent des clients fidèles par la suite. Mais ils sont également des prescripteurs d’achat hors pairs. L’enfant a un réel rôle dans les comportements d’achat des adultes, il reconnaît les marques, il a des préférences. La marque Peugeot l’avait d’ailleurs bien compris avec son slogan pour sa voiture 806 : « 806, la voiture que les enfants conseillent aux parents.» En effet, selon Kantar Media en 2016, 47% des mères d’enfants de 0 à 14 ans estiment qu’il est bon de les consulter pour des achats qui les concernant tandis que 30% des mères achètent toujours les marques préférées de leur enfant. Le Baromètre Conso-Famille 2016 montre quant à lui que la prescription des enfants dans les achats alimentaires est particulièrement forte sur les produits pour le petit déjeuner et le gouter. 

Mais l’enfant est également celui qui dispose d’un certain pouvoir d’achat. « À partir de 8 ans, l’enfant commence à s’intéresser au monde des adultes, demande de l’argent de poche et davantage d’autonomie, recherche l’approbation de ses pairs. L’entrée au collège marque le passage vers l’adolescence et ses changements physiques, l’intégration de nouvelles règles, plus seulement celles de la famille mais émanant aussi du clan », résume Xavier Terlet, directeur du cabinet XTC World Innovation. Grâce à l’argent de poche, les enfants deviennent des cibles marketing avec une forte propension à payer pour un produit. Cet argent de poche représentait en 1,1 Mrd € en France en 2016 et LSA Conso note que les enfant n’ont aucun mal à doubler la valeur de leur argent de poche. En effet, cet argent est souvent gardé à la maison et ce sont souvent les parents qui avancent l’argent mais qui ne se font pas souvent remboursé des achats impulsifs de leurs enfants. Par ailleurs, selon Junior City, plus de 80% des 4-14 ans ont un livret d’épargne pour un montant moyen de 1 400 €. 

Ainsi les géants du net ont bien compris l’eldorado que représente la jeunesse connectée dans le ciblage marketing et semble redoubler de stratégies pour les atteindre de manière parfois pernicieuse. 

Valentine Tucoulat

SOURCES

https://www.michigandaily.com/section/research/university-study-finds-excessive-inappropriate-ads-apps-children

https://www.clubic.com/application-mobile/actualite-846883-apps-enfants-truffees-publicites-manipulatrices.html

http://www.lefigaro.fr/secteur/high-tech/2018/04/09/32001-20180409ARTFIG00154-publicites-youtube-accuse-d-avoir-illegalement-cible-des-enfants.php

http://www.lefigaro.fr/medias/2018/09/17/20004-20180917ARTFIG00160-little-baby-bum-l-empire-des-videos-youtube-pour-enfants-qui-vaut-des-millions-d-euros.php

https://www.arpp.org/nous-consulter/regles/regles-de-deontologie/enfant/#toc_0_7

https://developer.android.com/google-play/guides/families/

https://www.lsa-conso.fr/les-kids-petits-et-deja-grands-consommateurs-dossier,239946

AMAZON : LE NOUVEAU GÉANT DE LA PUB ?

 Actuellement, le marché français de la publicité online est accaparé par deux acteurs, que sont Google et Facebook. En effet, ces derniers captent près de 2/3 des investissements, mais plus pour longtemps… Un nouvel entrant est en train de bousculer la hiérarchie : il s’agit d’Amazon qui investit depuis deux ans dans une offre publicitaire baptisée Amazon Media Group. Ce dernier est déjà connecté aux principales places de marché : Google Adexchange, Appnexus, Rubicon Project…

Parviendra t-il à casser le duopole actuel ? 

Il faut savoir que la publicité d’Amazon se concentre sur des produits sponsorisés. Via Amazon Media Group, les annonceurs vont payer pour mettre en valeur leurs produits et accroître leur visibilité sur la plateforme. Concrètement, Amazon propose des bundles « media + data » (offre promotionnelle où un ensemble de produits complémentaires sont vendus ensemble par lot pour attirer les clients) aux agences. Le business model d’Amazon étant très orienté vers le commerce en ligne, Amazon s’efforce donc de créer des campagnes attractives qui renvoient vers l’espace commercial de l’annonceur au sein du site.

Des atouts indéniables

On le sait tous, la monétisation des données personnelles est désormais l’or noir du 21ème siècle, ce qui se vérifie avec les résultats de Google et de Facebook. Sur ce terrain, Amazon ne cache pas ses ambitions : avec près de 4,5 millions de visiteurs par jour et 10 à 21 millions par mois en France (source : Médiamétrie), Amazon est un siphon à data. 

Selon Gartner, l’entreprise a le potentiel nécessaire pour devenir un leader de la publicité numérique au même titre que Google et Facebook.

En fait, le modèle économique est très simple : le but est de récolter le plus d’informations personnelles sur les internautes afin de les revendre aux acteurs de la publicité, annonceurs et agences. Amazon aurait donc un double avantage concurrentiel avec les autres vendeurs d’espaces publicitaires : d’un côté une possession de data énorme, et de l’autre des clients vis-à-vis des marques qui achètent ces espaces publicitaires.

Ainsi, sa force réside dans toutes les informations qu’il détient sur ses clients : 40% des visiteurs d’Amazon sont des acheteurs, selon le PDG de Performics France. Or, cette data transactionnelle n’est pas possédée par Google et Facebook. 

Dès lors, les équipes commerciales travaillent ensemble à la création des clusters d’audience, en fonction de la cible visée. 

Par exemple : un annonceur qui cible les CSP+ pourra se concentrer sur les détenteurs d’American Express. 

Autre atout non négligeable, le programme de livraison « Premium » permet de « verrouiller » près de 4 millions de clients et de proposer aux annonceurs une data géolocalisée de qualité. La base de données d’Amazon serait segmentée à partir des adresses de livraison qu’il détient pour cibler des endroits particuliers (un quartier ou une zone précise de Paris). 

Concrètement, Amazon est prêt à payer chère une data transactionnelle qu’il est difficile de trouver ailleurs même si son coût est, de fait, plus élevé que celui de la donnée socio-démo standard.

Pour parler en chiffres, au cours du troisième trimestre 2018 clôturé fin octobre, Amazon a vu son chiffre d’affaires généré par la publicité exploser de +122% sur un an, passant de 1,1 milliard à 2,5 milliards de dollars. 

« Les annonceurs américains devraient dépenser 4,61 milliards de dollars sur Amazon au cours de l’année 2018 », (cabinet eMarketer). L’entreprise de Jeff Bezos obtiendrait alors une part de marché de 4,1% aux États-Unis, contre 20,6% pour Facebook et 37,1% pour Google.

Un modèle encore fragile pour le moment

Il a été dit plusieurs fois qu’Amazon était un des meilleurs dans le real-time bidding côté ROI, même s’il reste derrière Google AdWords et Facebook. 

Cependant, il est clair que le DSP (Demand Side Platform) d’Amazon laisse à désirer pour le moment puisque les « bugs » sont encore très présents. C’est sans doute la raison pour laquelle Amazon fait encore profil bas. En outre, les formats proposés sont encore très basiques, de la bannière display essentiellement, et la vidéo commence à être proposée en extension d’audience. Mais l’intégration aux deux principaux SSP (Sell Side Platform) vidéo du marché, Freewheel et Youtube, n’est pas encore proposée. 

D’importantes parts de marché vont être à prendre à mesure que les acteurs de la grande consommation vont basculer une partie de leurs investissements TV vers le digital. Ces derniers se tourneront sans doute naturellement vers une offre qui leur garantira un impact direct sur leurs ventes online. 

Microsoft et Oath Net dépassés pour la première fois

Si Amazon est encore un débutant dans la publicité en ligne, il se hisse à la troisième place, avec 4,15% de parts de marché, surpassant pour la première fois Microsoft (4,05%) et Oath Net (ex-Yahoo et AOL, désormais aux mains du groupe télécoms Verizon, 3,32%). En 2018, eMarketer prévoit que le groupe tirera 4,61 milliards de dollars de la publicité aux Etats-Unis.

Pourquoi un telle ascension ? Une raison plausible de ce constat serait que les consommateurs débutent de plus en plus leurs recherches de produits sur Amazon, plutôt que Google. Au deuxième trimestre, Amazon avait dégagé 2,2 milliards de dollars de chiffre d’affaires dans la catégorie « autres ventes » qui recouvrent essentiellement les recettes publicitaires. 

Quelle réaction pour les grands distributeurs ?

Il y a une très forte tendance à se rapprocher des nouveaux concurrents : Wallmart et Carrefour pactisent avec Google, Carrefour avec Tencent, Auchan avec Alibaba, Monoprix avec Amazon… Leur objectif est d’apprendre à travers ces partenariats, mais les risques sont évidemment importants.

Quels sont-ils ? Tout d’abord, que Monoprix perde l’accès à la data, moteur du nouveau modèle vertueux du retail en s’associant à la market place d’Amazon. Que Carrefour et Wallmart offrent potentiellement à un futur concurrent (Google), l’opportunité de développer sa courbe d’expérience dans l’univers du retail. Enfin qu’Auchan prenne le risque de donner les clés de compréhension de nouveaux marchés cible pour Alibaba.

Ainsi, le rapprochement avec des acteurs moins menaçants (de type Criteo, par exemple sur le volet publicitaire) serait probablement une démarche moins risquée pour apprendre les nouveaux codes de ce secteur.

L’avenir d’Amazon : vers de la publicité sur les enceintes connectées ?

Il est clair qu’Amazon s’efforce de se diversifier notamment dans les formats publicitaires. Elle aurait d’ailleurs annoncé le lancement d’un service de streaming gratuit (avec publicité quand même), via sa filiale IMDb. 

Cette stratégie offrira donc une nouvelle voie pour les annonceurs. Un risque demeure encore puisqu’on sait tous qu’il y a peu de plateformes de streaming gratuites qui sont économiquement viables. 

Mais a priori M.Bezos sait ce qu’il fait : il choisit un format attractif (la vidéo) pour attirer le plus d’annonceurs. 

Un des prochains axes possibles de développement serait la publicité sur les enceintes connectées. Amazon a été pionnier en la matière, avec son modèle Echo sorti dès 2015 aux États-Unis. 

« Tous les acteurs réfléchissent à la manière d’intégrer de la publicité sur les enceintes connectées, mais le bon format reste à trouver en terme de durée, de non-intrusivité et de ciblage », explique Caroline Huet (NPA Conseil).

En somme, Amazon tente de s’intercaler entre les deux géants et il y arrivera doucement mais sûrement comme le pense Marcus Wohlsen quand il affirme que «Si Facebook sait qui sont vos amis, Google sait ce qui vous intéresse ponctuellement sur Internet, Amazon sait ce que vous avez acheté et a une bonne idée de ce que vous pourriez vouloir acheter ensuite».

L’avenir nous le dira…

Camille Desroches

SOURCES :

De la simple suggestion à la capture de notre attention : Les technologies nous manipulent- t-elles ?

Portable, ordinateur, tablette, Facebook, Snapchat, Instagram, … une routine largement répandue et partagée par beaucoup chaque jour. Face à cet empressement informationnel et social sont apparus depuis quelques années des manifestes anti-technologies, des « Digital Detox » salvatrices. Leur mission ? Nous libérer de notre hyperconnexion, de ce sentiment d’urgence permanent qui nous assiège dès que l’écran de notre smartphone s’éclaire. Comme pour arrêter de fumer, une bonne dose de volonté serait nécessaire et le webonaute se verrait libérer de ses démons modernes.

 

Évolution du nombre d’occurrences des termes « digital detox » dans le temps
– Source Google Trends

 

Alors, tous coupables ?

 

Nos applications/sites favoris sont-ils à dédouaner de toute responsabilité dans ce va-et-vient continuel de pouces sur les écrans ? Derrière la transparence supposée des interfaces pâmées de couleurs délicates et de cadres discrets, nos dispositifs de communication et d’informations sont bien plus que de simples intermédiaires neutres entre nous et le monde. Leur organisation, design, architecture et types de mise en visibilité des contenus sont pensés dans un objectif précis. Ainsi, selon Tristan Harris, ancien spécialiste du design chez Google, les nouvelles technologies « kidnapperaient » l’attention de leurs utilisateurs qu’elles garderaient captifs. Comment ? Par d’inlassables stimulus comme les notifications ou les alertes, par un scroll infini, ou même via le lancement automatique de vidéos, espérant ainsi capter notre regard. L’approche se veut délibérément pavlovienne, et crée a fortiori un comportement réflexif, l’individu se jetant frénétiquement sur son écran. L’attention est devenue le nouvel or noir et la technologie, son écrin.

 

Ainsi, selon Yves Citton dans Pour une économie de l’attention, le temps d’attention serait en passe de reconfigurer les lois de l’économie et de la politique. Il rappelle ainsi dans son œuvre une phrase de Michael Goldhaber qui soutenait que, « comme toute autre forme d’économie, celle-ci est basée sur ce qui est à la fois le plus désirable mais surtout le plus rare, et c’est maintenant l’attention venant d’autres personnes qui satisfait cette double caractéristique ». Cette nouvelle rareté est directement corrélée au web et à la profusion de biens disponibles qu’il propose. De plus en plus d’articles, de vidéos et d’images sont produits alors même que la quantité d’attention disponible par individu est fixe. C’est alors le business model même du web qui se trouve impacté, obligeant les entreprises à agir pour « attirer l’attention ».

 

En effet, le web, dès ses prémices a été conçu pour ne faire aucune distinction entre ses usagers. Dans cette agora connectée, la gratuité des biens était compensée par la publicité, et notamment le display. Dès lors, l’attention est devenue hégémonique pour qui voulait exister en ligne. Sans visites sur son site web, pas de revenus publicitaires. Des acteurs comme Twitter ou Facebook ont rapidement compris ce nouveau paradigme et ont adapté leurs modèles. L’équation était simple, plus les individus étaient connectés à la plateforme, plus celle-ci pouvait leur montrer des publicités et donc accroître ses revenus. Les notifications se sont alors multipliées et le scroll s’est allongé. Cependant, ces formes de stimulus ne sont pas les seules. Cette volonté de garder l’individu en ligne peut expliquer pourquoi notre News feed ne montre pas de manière équitable les actualités journalistiques récentes et les photos et publications likées par nos amis. L’article vous mènerait vers un autre site et vous ferait alors stopper votre navigation. Les photos de vos amis à contrario vous feront interagir, et donc rester davantage en ligne. Notons que la gestion des « fake news » suit un raisonnement semblable. Ce type de publication ayant tendance à se faire massivement relayer et à entraîner de nombreuses interactions (likes, commentaires), les supprimer au premier signalement couperait Facebook de revenus potentiels. L’attention est devenue un gibier à capturer, et pour se faire, tous les moyens sont bons.

 

De la « petite attention » à la capture complète de celle-ci, il n’y a qu’un pas, déjà franchi.

 

Rien d’étonnant alors à ce que le mot « captologie » (captology en anglais), contraction entre le mot anglais « captor » (ravisseur), et –logy (science), vienne de faire son apparition sur le site www.definitions-marketing.com (26 janvier 2018). Inventé par un chercheur de Stanford, il désigne les techniques de design des interfaces destinées à capter l’attention des utilisateurs. Cependant, cette capture, comme le souligne F.Cochoy, n’aurait rien de brutale, personne ne s’est jamais plaint d’une supposée violence physique de Facebook ou Google à son encontre. Il s’agirait plutôt d’une stratégie visant à tirer parti des capacités des individus afin de les dévier de « leur trajectoire, les soustraire à l’espace extérieur, les placer sous contrôle ». A travers cet art du « faire laisser faire », ces acteurs donneraient aux internautes une impression de liberté, qui bien qu’étant conditionnelle, ne se ressentirait pas comme telle. Le « champ des possibles » resterait ouvert, mais se limiterait à un nombre réduit d’actions.

 

L’interface de Netflix est l’un des exemples les plus frappants de l’impact du design sur les actions individuelles. En effet, l’abonné n’a que deux possibilités de navigation, horizontale et verticale. Dans le premier cas, 6 choix lui sont proposés, dans le second, 40 catégories. Il peut éventuellement rechercher un contenu, mais le catalogue est très large et les possibilités de filtrage inexistantes. Les films qui lui sont suggérés deviennent rapidement la seule possibilité qu’a l’individu dans sa recherche de contenu. Notons qu’il choisira plus volontiers les films se situant dans la catégorie la plus en haut et non ceux demandant de scroller plusieurs secondes. Dans cette situation, le design a un impact direct sur la consommation culturelle des individus.

www.medium.com/netflix-techblog/

 

Vers une éthique du design ?

 

Ces différents constats ont poussé plusieurs chercheurs à s’interroger sur l’impact à long terme de ce type de pratique et à demander l’apparition d’une éthique quant aux designs de nos technologies et sites web/applications. Tristan Harris, dont nous avons parlé plus haut a ainsi créé l’organisation Times Well Spent, qui se définie comme un « mouvement visant à transformer la course à l’attention afin qu’elle s’harmonise avec nos meilleurs intérêts ».  Elle prodigue ainsi de nombreux conseils permettant d’établir une relation plus seine aux technologies : tourner son écran en noir et blanc, arrêter les notifications, sur mobile lancer les applications uniquement en les cherchant dans la barre de recherche, etc. En France se tient depuis 2017 l’évènement Ethics by Design, première conférence en France dédiée à la conception numérique durable. Les choses sont donc en train de bouger du côté de la recherche mais les individus seront-ils prêts pour mieux vivre à se séparer des outils les reliant au monde ? Wait and see.

 

– Thomas JAFFEUX.

 

 

Bibliographie :

L’économie de l’attention – Yves CITTON – Éditions La Découverte.

– Michael H. Goldhaber , « Principles of the new economy », 1996.

– www.timewellspent.io

– https://2017.ethicsbydesign.fr

– COCHOY F. La captation des publics entre dispositifs et dispositions, ou le petit chaperon rouge revisité. La captation des publics : ”c’est pour mieux te séduire, mon client”, Presses Universitaires du Mirail, pp.11-68, 2004.

 

 

Le programmatique en télévision, pour bientôt ?

Alors que le SRI vient de dévoiler son bilan annuel de l’e-pub en France pour l’année 2017[1], plusieurs tendances s’affirment. D’abord, la décroissance de la part des investissements publicitaires des médias traditionnels (65,6%) au profit du digital (34,4%) se poursuit. Notamment, l’écart entre télévision (27,2%) et digital continue de se creuser depuis 2016, année charnière, où la publicité numérique dépassait le média roi télévisuel. Autre constat, les achats programmatiques poursuivent leur folle croissance et totalisent 63% des achats display (bannière et vidéo).

Aucune mention cependant de la part des achats TV programmatiques, promettant un achat automatisé et ciblé, annoncé pourtant depuis plusieurs années comme une des plus grandes tendances de la publicité en ligne[2] et comme le prochain bouleversement à venir sur le marché publicitaire qui sauvera la télévision.  Ceci alors même que le programmatique TV pourrait représenter 6% des investissements TV en 2018 aux USA[3] et que le marché mondial représenterait $19,1 Md en 2021[4]. Alors quand est-il en France ? La télévision programmatique (PTV) est-ce pour bientôt ?

 

Le programmatique TV : qu’est-ce que c’est ?

Déjà, la définition du programmatique, désignant l’achat et la vente de publicités via un processus automatisé, est sujette à galvaudisation puisque souvent raccourcie à tort aux seuls achats RTB (Real Time Bidding). La définition de ce qu’est et sera le programmatique TV demeure d’autant plus floue. Flou que l’on doit aussi bien au terme télé, qui ne désigne plus seulement depuis plusieurs années l’unique écran noir du salon, qu’à celui de programmatique. D’une part, les devices et les modes de réception du signal ont évolué entre TV connectée, IPTV, satellite, service OTT ou TNT et le flux s’est délinéarisé. D’autre part, le programmatique pour se qualifier hésite entre adressable TV, targeted TV ou programmatic TV… tachons d’y voir plus clair.

Si la définition du programmatique était une pure transcription du mode d’achat web, alors cela se définirait simplement par l’achat automatisé et informatisé d’inventaires publicitaires télévisuels. Cependant, pour le programmatique TV, l’opportunité ne vient pas réellement de l’automatisation. Quand on compare aux centaines de milliers d’inventaires disponibles sur internet, et pour lesquels l’achat automatisé a été un réel gain opérationnel, les inventaires TV restent, eux, limités.  Avec l’émergence des technologies de PTV, la proposition de valeur vient davantage d’un meilleur ciblage. C’est la fin du GRP (Gross Rating Point) tel qu’il fût pendant des décennies, c’est-à-dire liés aux seules données sociodémographiques (âge + sexe) au profit d’un GRP, dit data, qualifié. En découle les termes d’adressable TV ou targeted TV qui peuvent également tout à fait être commercialisés de manière classique. Avec un meilleur ciblage, c’est aussi la promesse d’une diffusion contrôlée et d’un meilleur ROI. Quand la télévision, désignée longtemps comme le « media de masse », s’adresse à une audience, le PTV ne cible plus que certains foyers. Inutile pour un annonceur de diffuser sa publicité de couches pour bébés à l’ensemble des téléspectateurs, incluant retraités, célibataires ou encore les foyers où les enfants ont bien grandi, quand il peut se concentrer uniquement sur les foyers avec enfants en bas âges. A la clef, la promesse de belles économies. Également, celle d’une uniformisation des cibles TV et digitales pour une meilleure connaissance de l’utilisateur et une meilleure optimisation des campagnes qui deviennent réellement multiscreen. LE PTV constitue donc une grosse opportunité pour les annonceurs.

Mais d’où vient cette data ? En France, selon le dernier rapport du SNPTV, plus de 48% des foyers reçoivent la télévision via leur box (IPTV) et près de 56% de la population possède un téléviseur connecté soit une augmentation de 15% en seulement 4 ans[5]. Le fournisseur d’accès à internet possède donc l’ensemble des données de connexion, données restant pour l’instant inexploitées en publicité. Quand on accède à un service OTT (type Netflix, Amazon vidéo…) directement depuis son écran ou casté par le biais d’un appareil, il faut se loguer et entrer ses identifiants. Les données utilisateurs : profil, consommation, géolocalisation sont également collectées. C’est l’ensemble de ces données 1st, 2nd et 3rd party qui seraient mises à disposition du PTV impliquant donc leur collecte, regroupement et synchronisation via les DMP du marché. En conséquence, c’est un élargissement du modèle de la catch-up TV où login et cookie permettent déjà d’adresser une publicité ciblée qui est proposé avec la télévision programmatique. Ceci de manière automatisé et grâce à des délais, sinon en temps réel, bien plus courts.

 

Où en est le marché en France ?

 

Alors que les USA, avec les ¾ du marché, et les pays anglo-saxons concentrent la plupart des investissements en TV programmatique avec plus de 2 Mds € en 2017 (rapport Idate Digiworld[6]), en France le marché n’en est qu’à ses débuts. En cause ? Le décret de 1992 relatif à la publicité et plus particulièrement légiférant le fait que « les messages publicitaires doivent être diffusés simultanément dans l’ensemble de la zone de service » (Art.13). Il est interdit, hormis pour les décrochages régionaux, de diffuser des contenus publicitaires adaptés, ciblés et géolocalisés sur la TNT. Les professionnels du secteur attendent donc patiemment un assouplissement du décret par le CSA. Pour ce qui est des boxs, leur technologie ne permet pas, pour l’instant, d’adresser des signaux différents en fonction des utilisateurs. Quand cela sera possible, le rapport de force entre chaînes et FAI, à l’image de TF1 menaçant de couper sa diffusion sur les boxes des utilisateurs Orange si ce dernier ne concède à mettre la main au portefeuille, sera certainement inversé puisque la data sera dans le camp des fournisseurs d’accès. En attendant, c’est donc la TV programmatique linéaire qui se trouve figée.

Pour ce qui est du non-linéaire, les premières expérimentations sont déjà à l’œuvre. TF1, première chaîne de France, a développé sa technologie d’AdSwitching dès 2015 permettant une publicité ciblée en digital sur mobile, PC et tablette et propose la commercialisation du dispositif en programmatique via sa place de marché One Exchange. Pour, Jean-François Ruhlmann, directeur délégué digital TF1 Publicité : « L’AdSwitching permet à nos annonceurs de cibler ces audiences avec un triple bénéfice : live, contexte engageant et activation data. L’« Adressable TV » est désormais une réalité avec la possibilité d’individualiser les campagnes sur nos audiences live digitales[7] ». Également, France Télévision a lancé sa propre place de marché Francetv Exchange, et s’est dotée d’un SSP pour commercialiser son inventaire vidéo sur PC, mobile et IPTV. Pour passer sur le linéaire, il n’y a qu’un pas.

 

Même si le programmatique TV reste à construire en France avec des normes de diffusions de mesures de l’audience et des métriques communes, il apporte de belles promesses pour le marché TV : ciblage affiné et optimisé, meilleur ROI, campagnes cross-devices… d’autant plus dans un contexte où la publicité digitale est aux prises avec les problématiques de visibilité, brand-safety et de fraude, le programmatique en télévision pourrait alors être une alternative.

 

Bruno Massondo

 

[1] SRI – PWC – UDECAM, Observatoire de l’e-pub – bilan 2017, janvier 2018, France

[2] http://www.journaldunet.com/ebusiness/expert/68315/les-10-tendances-de-la-publicite-en-ligne-en-2018.shtml

[3] OffreMedia, La TV programmatique pourrait représenter 6% des investissements TV en 2018 aux USA d’après emarketer.com, juin 2016

[4] Idate Digiworld, De la TV programmatique à la TV adressable, août 2017

[5] SNPTV, Le guide du SNPTV 2017

[6] Idate Digiworld, De la TV programmatique à la TV adressable, août 2017

[7] Site de TF1pub.fr

Amazon to Instagram: Deja vu? The Reality of Retargeting and the Future of Privacy

Amazon to Instagram: Deja vu? The Reality of Retargeting and the Future of Privacy

Now: Have you ever been scrolling through your news feed on Instagram and you found an advertisement that looked eerily familiar? In the spring of 2017, I was taking part in a group project for my marketing class at the University of Richmond in Richmond, Virginia, United States. Our assignment was to come up with a product and develop an original marketing plan. We decided on an electronic door key called “Keyless”. Anyways, while conducting research for our pricing strategy, I searched the prices of similar products on Amazon. Long behold, I was scrolling through my Instagram a few hours later and voila! There was an Amazon advertisement on Instagram for the very product I previously looked up. At first, I was dumbfounded and naive, thinking that this was some crazy coincidence. For a few moments, I thought to myself “what are the chances that the products I looked at on Amazon would be advertised to me on Instagram?” However, I quickly realized that this couldn’t be a coincidence. I concluded that my Instagram and Amazon accounts must be linked in some capacity. This was an “Aha moment” that reminded me of the digital world that we live in, where so much of our personal information is shared between various networks. This scenario was the perfect example of how my information could be used by different sources to profit. The following marketing class, I mentioned this occurrence to my professor who told me that this happens even more often via the Amazon Echo. Moreover, there have been situations in which a product that someone has recently discussed out loud appears on his or her device in the form of an advertisement. This phenomenon is known as “retargeting”, which is when online advertisements are targeted to someone according to the target person’s online activity. Retargeting is not exclusive to Amazon and Instagram as it appears on many other platforms including Facebook. This implies that our devices are not only tracking our every search or click, but also that our devices are listening to what we are saying.


With advancements in online technology comes increased capabilities for many people, especially advertisers. Not only do online advertisers have a whole new way to reach their audience, but they can reach them with products that have been of interest to Instagram users. From Instagram’s perspective, there is a critical advantage and disadvantage of allowing advertisers to retarget to Instagram users. While retargeting could be highly lucrative as advertisers pay Instagram for ad space, it could also carries the risk of making Instagram users uncomfortable. Furthermore, when seeing a recently searched Amazon item in an Instagram advertisement, Instagram users could feel that their privacy has been invaded. As the platform for individuals to share pictures of their life with one another, Instagram has a brand image to maintain. Individuals, who only use Instagram to view pictures posted by their loved ones, could be turned off by precisely retargeted advertisements. These people want to feel safe when they are viewing these pictures and not as if they are being spied on. For Instagram, the question becomes, do the benefits of advertisement dollars outweigh the potential costs of upset users? In order to effectively understand the reasons for retargeting on Instagram, it is essential to look at the numbers provided by Facebook, which acquired Instagram in 2012 for $1billion. According to Facebook, when presented with a product post on the app, 60% of Instagram users see new products while 75% of users take action. Although the 60% figure was in regards to finding new products in advertisements, this could still be seen as retargeting. For example, an individual might have been browsing Nike.com for a specific Nike Lebron James basketball sneaker, but decided to not purchase the product due to its high price. In turn, Nike chooses to retarget a similar, yet more affordable basketball sneaker to the same consumer. Nike pays Instagram to display the advertisement and Nike could profit if the consumer makes the purchase. Additionally, Nike is able to see that their customer pays attention to social media ads and that the customer prefers cheaper purchases.
Instagram provides companies with so much information that could be valuable for effective advertising. If a company has an Instagram page, it could potentially monitor the accounts and topics that its own followers are interested in. For example, Nike might monitor its followers and see that many of them are also following Neymar Jr., the elite soccer player. In turn, Nike could pay Neymar Jr. to appear in a Nike advertisement that will be directly targeted to those mutual followers. Combining this data with retargeting, Neymar could appear in Nike advertisements for a product that those mutual followers displayed interest in online but never purchased.

The near future: If Instagram users feel that their privacy is already being invaded, they might feel even more uncomfortable in the near future. Apple recently introduced the iPhone X, featuring Facial Expression Recognition Software, which is marketed as a security measure. However, it would only make sense that the data provided by this software ultimately becomes a valuable item that Apple could sell to marketing researchers. Furthermore, this software could enable marketing researchers to actually observe user facial expression and therefore analyze how consumers felt when presented with a specific advertisement for a product or service. Specifically, advertisers could purchase the data containing the facial expression of Instagram users when presented with a specific advertisement. This would help companies’ marketing teams determine how consumers truly feel about their products, pricing, promotion, and even place. This would be much more effective than having biased consumers tell you how they feel. For example, if Apple has data showing that a Facebook user smiled when viewing an iPhone X advertisement, Apple knows that the person is interested in the promotion and potentially the product. In turn, Apple could retarget the iPhone X to the same individual by showing the same exact promotion on that user’s Instagram account. All the while, Instagram is paid for the advertisement. Since Facebook owns Instagram, it profits from advertising on both platforms.
The last thing an advertiser wants to do is upset consumers. Although Facial Expression Recognition Software could enable advertisers to better target consumers with material that is more relevant, it could also make consumers extremely uncomfortable. Ultimately, social media platforms like Facebook and Instagram are free because we provide value in our personal data. Therefore, if users become increasingly paranoid about their privacy being jeopardized, social media companies could face an uphill battle. However, it would be very interesting if platforms like Facebook or Instagram estimated the value of each user’s data. In turn, Facebook could introduce an option for users to pay a fee for privacy equal to the value of forgone personal data that could no longer be sold by the company.
Personally, I believe our data has been available to social media platforms and big companies for many years now and that we will only become more exposed. As someone who has nothing to hide and thinks before making a purchase, I do not feel threatened by enhanced methods of retargeting. From my perspective, we get to use these platforms for free and companies are therefore able to profit off of the information that we make available. That seems reasonable. Moreover, both sides benefit as users enjoy these free platforms, which profit off of our tendencies. Ultimately, I think there is a fragile boundary that advertisers must not cross. In other words, there is a fine line between retargeting consumers with the perfect, most relevant products and intrusion of privacy. However, some consumers will feel these two things simultaneously occurring.
Consumers could one day find themselves living in a world where companies are omniscient. On the other hand, it is possible that we are already living in such a world.

Samuel Altman

What about the garage gig, Facebook and Google?

Clémence Fonville (exchange student fall semester)

 

We have seen throughout the course that the advertising industry is going through some fundamental changes and that the commonly used standards are now open for discussion. Mainly, the invasion of tech firms into the ad industry is causing these changes. The key players in online advertising are not the traditional WPP or Publicis anymore, it is Facebook and Google who are setting the rules of the game. Especially, the recent advertising festival in Cannes has demonstrated the power of these tech firms in the ad industry. But while the power is shifting to tech firms, they are as well under threat. Google and Facebook have been openly criticized by big consumers regarding the measurement of ad effectiveness (Bond, 2017). The problem that they are facing is that these tech firm hold all the power in their hands when it comes to where to publish advertisements and how to measure the performance of these online advertisements. This means that companies pay them to publish their advertisements and at the same time rely on them to track the performance of this publishes. Hence companies are struggling to understand how objective these performance measures are and thus how much to invest to maximize their ROI.

 

It is very ironic that Facebook and Google hold the power of analyzing their own performances of linking a company to a publisher. It is as if a middleman is telling you after you have already paid him for guiding you to a clothing store, that the dress you are trying at that store is the perfect dress for you and that you will not find anything better. This middleman will then advocate that he is the best middleman to contact if you want to find the perfect dress, and no other person is able to judge this performance.  In my opinion, and I am joining that of many companies, the current practices for online advertising are not objective and there is an urgent need for change.

 

This urgent need for change is becoming more and more strongly resented in the industry. Not only because of the questionable objectivity of ad performance tracking but as well of the accusations that these tech firms are at the source of spreading fake news and hate speech. Google has very recently attempted to calm down this resentment by announcing to sharpen their YouTube policy for ad monetization. This is mainly following the bad publicity it recently got with YouTubers who have published questionable content but still were able to monetize the content through ads published alongside their videos (Litman-Navarro, 2018).

 

This action from Google follows another coming from Facebook who has announced January 11th that Facebook’s newsfeed algorithm will be changed. The change will prioritize posts that spark conversations and meaningful interactions between people and will prioritize posts from friends and family over public content (Cohen, 2018).

 

Unluckily for Facebook, this announcement has not generated an overall positive reaction, mainly brands and publishers are considered to become losers. The change in general means that brands will need to redesign their social media strategies to remain part of the conversations. And publishers will have less chances to sell their publishing space. But it does not entirely mean that these two groups will be the losers. The main downside that this change is bringing along is that it will make it much harder to connect with your fans or stand out if you are a small business. Facebook will prioritize brands that you as a user have interacted with in the past and with which your friends are interacting as well (Castillo, 2018). Besides, brands will still be able to be involved in the conversations or advertised along the conversation by paying a certain amount of money. But the prices of these advertisements will go up since the advertising space will diminish. This means that brands who have already much awareness and who have the possibility to pay the higher prices for advertising will continue to stand out. But smaller business will suffer. Before through social media they had a chance of reaching audience and consequently customers with small budgets, but now this seems to be a thing of the past.

 

As well, it seems that Google’s Youtube policy change will have the same consequence. Youtube’s Creator Blog has mentioned the following statistics regarding the policy change: “99 percent of those affected were making less than $100 per year in the last year, with 90 percent earning less than $2.50 in the last month.” This means that very unfortunately with the Google policy change also mainly the smaller YouTube channels (read: small businesses) will suffer, just like Facebook’s new newsfeed algorithm. In the the case of YouTube these small channels are paying the price of a blunder made by a well-known YouTuber who with the policy changes will still be able to monetize its YouTube channel in the future.

 

To summarize, through these changes Facebook and Google have partially reacted upon the critics they have faced publicly. They have shown to be willing to improve the online content shown on their platforms along with how I call it premiumizing the display of advertisements to their users. These changes do not lessen their power within the advertising industry and the problem of advertising performances remain. Facebook and Google will still need to reassure the public of their performance practices. This will mean providing some degree of transparency but unless forced by law to do so they will not be willing to give in their power.  And what can be concluded of today’s policy changes is, the main losers are the least powerful smaller businesses.

 

References

Bond D 2017 https://www.ft.com/content/9a9ac60a-575a-11e7-9fed-c19e2700005f

Castillo M 2018 https://www.cnbc.com/2018/01/16/facebook-news-feed-changes-not-doom-for-publishers-adam-mosseri.html

Cohen D 2018 http://www.adweek.com/digital/the-ad-communitys-reaction-to-facebooks-news-feed-algorithm-change/

Litman-Navarro K 2018, https://www.inverse.com/article/40270-youtube-partner-program-monetization-changes-logan-paul

The Evolution of Ad Blocking

Before we dive into the evolution of ad blocking, first let’s start with taking a look at what is the ad blocking? According to Wikipedia, the ad blocking or ad filtering is a type of software (or less commonly, a computer hardware device), that can remove or alter advertising content from a webpage, website, or a mobile app. Ad blockers are available for a range of computer platforms, including desktop and laptop computers, tablet computers and smartphones. A variety of methods have been used for blocking advertisements. The benefits of this software are wide-ranging and the use of ad blocking software is increasing. However, many media owners and publishers rely on advertising to fund the free content that they provide to users. Some have taken counter-measures against users who block ads on the sites they visit, for example Forbes.

Now it’s time for the evolution timeline. The starting point of an ad blocking software is surprisingly humble. Henrik Aasted Sorensen originally wrote the source code for Adblock. It was the most popular and widely used extension dated back in 2002. However, where he started was as humble as just a thing he did to distract himself from university work.

« I suppose some people expect Adblock to have been created in a fit of anti-capitalist rage, or as an idealistic effort to return the internet to its less commercial roots, » Sørensen said. « What actually happened is I was supposed to be cramming for an upcoming exam at university [in Copenhagen, where he studied internet technology and computer science.] As a procrastination project, I decided to try out the relatively new possibility of creating extensions for the Phoenix browser — which is the browser that eventually got renamed Firefox. The idea was primarily to try out a new development environment and move a bit out of my development comfort zone.”

At the moment, there was an existing extension to remove ads, however it was only based on an image size. Sørensen then figured out that it would be better and more efficient to filter ads according to their address of the image, because ads tend to be centralized at specific address. The original Adblock just hide the ads from the webpage, it did not actually prevent ads from being downloaded.

Despite of the limited functionality, Sørensen launched the source code to the public and it became an immediate success. « I remember it as a runaway success from day one, which caught me quite by surprise. One thing that stands out as funny in retrospect is how giddy it made me when Adblock got a front page mention on a website that dealt with Mozilla technology. Of course, Adblock has been mentioned in far bigger publications since then, » Sørensen said.

After he finished his studies and began working full-time, Sørensen abandoned his involvement in the project and his excitement in seeing Adblock flourished. The owner of the code had been changed hands to hands for years, until 2006, when Wladimir Palant, the Adblock Plus co-founder, picked up the code and rewrote the code to be assured that the ads were completely blocked from being downloaded at all, not just blocked from view. The original code were modified almost completely, little of the original one remained today.

No matter how successful and profitable the Adblock Plus is, the original creator Sørensen said he has never made any money from his original Adblock code. However, the owner of Adblock Plus, the Germany-based company, Eyeo, earns millions of dollars by doing business with big name companies like Google, Microsoft and Amazon. Eyeo charged those companies with huge fees to get their ads white-listed. Some of the acceptable ads will be appeared to Adblock Plus users. Adblock Plus also calculated and charged 30% of the additional ad revenues they would have made were the ads unblocked to those companies. On the other hand, PageFair estimated that Google will lost $6.6 billion in global revenue to ad blockers in 2016.

Ben Williams, Adblock Plus operations and community manager, has previously told Business Insider that only about 10% of the partner companies actually pay for their ads to be unblocked on the white-list and the fees are depended on the company’s size.  Sørensen comments on Adblock Plus and other ad blockers that runs similar white-listing strategy have “a fine line to walk. « It won’t require much more than a tiny misstep before the endeavor is labeled as simple extortion. Had I still been involved, I would not have chosen that direction, earning money from Adblock never really entered into the equation for me while I was involved. I’m a huge fan of the open source movement and I benefit from it on a daily basis in my work. On the other hand, you could argue that I dropped out of the development, and that anyone who picked up the mantle is allowed to make that decision for themselves, » Sørensen said.

Now that we learned about where did it all started, the yearly timeline of the evolution of ad blocking is here. After the Danish developer, Henrik Aasted Sørensen builded the first widely used ad blocking extension in 2002, the boom in internet pop-ups advertisement declined dratiscally in 2004. The enormous number of ads that popped up in separated windows of the web browser were seen as the most intrusive and most obnoxious features on the internet. Later, major companies, Time Warner’s AOL unit, Google and Yahoo launched software that blocked those annoying pop-up advertisements from opening. And soon the reach of those ads were reduced sharply.

After Wladimir Palant had developed Adblock Plus from the original source code of Sørensen. The Adblock Plus has been the most downloaded and used ad block extension since its creation in 2006. It is an open source project that blocking annoying ads on the web as we know it.

Later in 2009, the use of Adblock Plus increased continually. Wladimir Palant said that the reason behind Adblock Plus was to give control back to internet users by allowing them to be able to choose and block annoying ads by their own choice. He also presented an approach to fair blocking.

Wladimir Palant then launched Adblock Plus as a Chrome Extension in 2010. And the consequences of supporting only one browser has limited the Adblock Plus’ options enormously. As in that moment, Internet Explorer was the dominant browser, however, it did not give a hand enough to the usable extension support. And by creating an ad blocker extension for the Internet Explorer would be very complicated. On the other hand, Google Chrome supported JavaScript-only extensions, which Palant believed that he could more or less reuse his Adblock Plus source code.

Global adblock users reported to be grow 30% from 30 million to 39 million in 2012. This exponential growth rate was demographically clustered in Poland, Greece, Sweden and Denmark, all of them have more than 20% growth rate in ad blocking. Number of Adblock Plus global download reached 77 million in 2013, a 35% growth from last year. According to PageFair, adblock users characteristics were found as typically young, tech-savvy and more likely to be male.

As the same time with the rise of Google Chrome, the Adblock also grow together with the penetration rate nearly doubled to be 70% in June 2014. A report of PageFair said the millennial users drove the adblock usage, 41% of the adblock users was 18-29 years old.

After Apple users complained that the ads tracked them, slowed down web browsers’ speed and were extremely annoying, Apple then enabled ad-blocking apps through its new mobile operating system, iOS 9 in 2015. In less than 48 hours, ad-blocking applications, for example, Peace, Purify and Crystal had been ranked so high in the Apple’s App Store top chart.

The online advertising companies must have been shaking in 2016, when a report from Global Web Index showed that 37% of internet users have blocked online ads on their mobile device over the last month. Moreover, 42% of who have not blocked the ads said that they are definitely interested. This will resulted in more than 80% of blockers, which definitely leave a huge impact on online advertising revenue.

And that was the Evolution of Ad Blockers that we use today, from how it was originated to the one that we installed today. I would like to give more information about the AdBlock Plus (ABP) since it is the most well known and used among ad blockers. It is available for Firefox, Chrome and Opera. Its handy and effective features that contributed to its success are quick set up, loading preset filter lists that allow users to quickly block most of the annoying online ads, along with the option to filter malicious software. Moreover, it offers savvy internet users to be able to choose additional block lists, customized filters, or even whitelist their favorite websites. AdBlock Plus also covers the mobile version with two different offerings for both Android and iOS users. For iOS users, the seamlessly advertisement blocking on Safari is the integration between the AdBlock Plus application and the content blocker system in Apple’s mobile OS. While the AdBlock Browser provides Android users with a Firefox-based Android browser that automatically block any of the advertisings.

 

Vayada Leelasiwaporn

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