Avec un revenu de 5,42 milliards de dollars aujourd’hui et de 59,7 milliards estimés pour 2025, l’intelligence artificielle connait une croissance exponentielle et touche tous les secteurs, de la domotique à l’environnement en passant par la finance. Près de 1550 startups dans le monde en ont fait leur cœur de métier. L’IA touche désormais le marketing digital et le fait basculer dans une nouvelle ère.
La promesse ancestrale du marketing est d’envoyer le bon message au bon moment et au bon endroit. A l’heure d’Internet et de l’infobésité dans laquelle tous les internautes se trouvent, le challenge est de captiver le bon utilisateur avec le message le plus approprié pour susciter l’acte d’achat. En moyenne, il faut 8 interactions pour convertir un prospect en client. L’intelligence artificielle fait le pari de diminuer ce chiffre en offrant du contenu personnalisé.
Intelligence artificielle et big data
L’intelligence artificielle fonctionne selon le principe dit de machine learning : elle apprend au fur et à mesure des données dont elle dispose. Elle se sert ainsi du big data pour apprendre d’elle-même et être toujours plus performante. Dans le cadre du marketing digital, l’intelligence artificielle permet d’en savoir toujours plus sur toutes les cibles, apprendre des sites visitées, des actions menées par les utilisateurs et des publicités visionnées pour afficher le message le plus pertinent. Après avoir emmagasiné toutes ces données, les algorithmes mis en place sont ainsi capables de diffuser un message personnalisé pour chaque utilisateur, qui seront ainsi plus sensibles à passer à l’acte.
En apprenant grâce au big data, l’intelligence artificielle peut alors devancer les choix des internautes. Le concept de singularité explique cette idée et apporte une finalité proche de la science fiction : a singularité technologique (ou simplement la singularité) est l’hypothèse que l’invention de l’intelligence artificielle déclencherait un emballement de la croissance technologique qui induirait des changements imprévisibles sur la société humaine. Au-delà de ce point, le progrès ne serait plus l’œuvre que d’intelligences artificielles, ou « supraintelligence » qui s’auto-amélioreraient, de nouvelles générations de plus en plus intelligentes apparaissant de plus en plus rapidement, créant une « explosion d’intelligence » créant finalement une puissante super-intelligence qui dépasserait qualitativement de loin l’intelligence humaine. Par effet boule de neige, l’explosion de l’intelligence artificielle entraînerait non seulement un gain de temps colossal mais un emballement technologique. La science fiction n’est donc pas loin.
Travailler moins pour gagner plus
En plus de faire gagner un temps fou aux internautes, l’intelligence artificielle peut désormais lire dans les pensées et savoir précisément ce que les utilisateurs veulent. Cette technologie permettrait alors d’affiner les publicités, et ainsi mettre une fin au marketing abusif et intrusif via les différentes bannières et pop-ups des sites Internet. Tout le monde est alors gagnant : une publicité profite à l’utilisateur mais surtout à l’annonceur qui a alors beaucoup plus de chances de voir son message lu et son produit ou service consommé. On se trouve ainsi dans un modèle gagnant – gagnant : d’une part l’annonceur ne dépense plus pour toucher des cibles toujours plus vastes, mais moins pour toucher une partie réduite prête à payer, et d’autre part l’utilisateur se retrouve face à message personnalisé, face auquel il sera plus sensible.
Un exemple d’intelligence artificielle est l’algorithme basée sur de l’IA de Google appelé « Rank Brain », qui, en plus d’analyser les mots tapés sur le moteur de recherche, essaie de comprendre l’intention de l’utilisateur et en déduit les résultats les plus pertinents possibles, en plus de les classer par leur simple dimension sémantique. 15% des recherches tapées dans Google n’ont jamais été cherchées auparavant. L’algorithme cherche alors à donner les résultats les bons résultats et comprend même les mots-clés et expressions proches de la recherche souhaitée.
Il existe également un exemple moins glorieux d’intelligence artificielle : Tay, IA mise en place par Microsoft sur Twitter en 2016. Ce chatbot lancé par la firme américaine avait pour but d’être capable d’interagir avec les internautes via des conversations sur les réseaux sociaux ou des applications de messagerie instantanées. Pour dialoguer avec les autres utilisateurs, Tay se base sur des données accessibles publiquement, notamment pour construire des réponses et des questions.
Avec le temps, Tay est censée s’améliorer en apprenant de ses conversations avec les internautes. Mais aussi en personnalisant ses réponses. Cette fonction de learning a été la force mais également la faiblesse de cette IA, qui l’a mené à sa fin.
Au bout de 8 heures d’existence, Microsoft a donc préféré la faire taire, car écrivant beaucoup d’insultes et de remarques sexistes, homophobes et xenophobes. Tay a annoncé dans la nuit qu’elle avait « besoin de sommeil ». Sommeil qui dure depuis 2 ans.
Les chatbots se révèlent être une application de l’intelligence artificielle au marketing tout particulièrement interessante et rentable pour les marketeurs : il s’agit ici d’offrir à l’utilisateur une conversation avec un conseiller fictif, qui résout un problème, offre le produit souhaité ou conseille un client. En fonctionnant sur la technologie de machine learning, le chatbot apprend au fur et à mesure des conversations pour ne plus afficher aucun blanc et toujours répondre de façon pertinente. Disponibles 24 heures sur 24 tous les jours de la semaine, ils offrent une meilleure expérience aux clients qui visitent le site ou la page sur un réseau social d’une entreprise.
L’intelligence artificielle va rapidement concerner toutes les industries. Le marketing digital, secteur incontournable de l’économie numérique, a beaucoup à gagner des innovations que permettent cette technologie. Bénéfique à tous dans ce domaine, elle permet de réduire les dépenses, segmenter les cibles et ne plus envahir le temps de cerveau disponible avec des produits non adaptés à leurs cibles. Cependant, toutes les qualités renferment tout de même quelques failles qu’il ne faut pas laisser de côté. Les logiciels et les algorithmes d’IA se perfectionnent rapidement et leurs possibilités deviennent de plus en plus concrètes. De nombreux chercheurs se demandent si la société ne va pas trop vite avec l’intelligence artificielle : elle offre une nouvelle manière d’appréhender le monde et a tout d’une révolution. Affaire à suivre.
Jacques Antoine Lando