Un aperçu de Bluesky, le réseau social décentralisé dirigé par Jack Dorsey, fondateur de Twitter.

Bluesky est une initiative à but non lucratif crée en 2019 et en phase de recherche depuis 2022. Ce projet a été créé et financé par sa société mère, Twitter. Suivant l’annonce de son lancement le 18 octobre 2022, plus de 30 000 inscriptions ont été enregistrées dans les 48 heures. Les utilisateurs peuvent encore s’inscrire à l’application beta avant que la plateforme ne soit disponible publiquement.

Mais alors, pour quelles raisons Bluesky suscite-t-il un tel intérêt ? Est-elle une alternative à Twitter ou à toute autre plateforme de réseaux sociaux ?

Logo de Bluesky

Bluesky, un protocole de réseaux sociaux

Jack Dorsey, le fondateur de Twitter et désormais de Bluesky, souhaite proposer un système de réseau social ouvert et décentralisé. En clair, il vise à interconnecter les plateformes de réseaux sociaux actuelles et à venir. Ce nouveau protocole permet aux utilisateurs de se connecter aux différentes plateformes de leur choix, via un identifiant global. Cela signifie que chaque utilisateur de Facebook, Instagram ou Twitter, sera en mesure d’interagir avec tous les autres utilisateurs de la plateforme.

Bluesky est construit avec un logiciel open source, ce qui signifie qu’aucune entreprise n’en sera propriétaire. Ainsi, chacun pourra développer son propre réseau avec ses propres règles de modération et son propre algorithme.

La décentralisation, le cœur du projet

Le cœur de la vision de Bluesky réside dans l’idée que les utilisateurs doivent avoir le contrôle sur les algorithmes. Pour ce faire, en mai 2022, la société a dévoilé son premier protocole, l’Authenticated Data Experiment ou ADX, rebaptisé depuis en Authenticated Transfer Protocol ou AT Protocol. En résumé, cette technologie veut offrir à ses utilisateurs une portabilité de leurs comptes, le choix dans les algorithmes et l’interopérabilité entre différents réseaux sociaux.

Le contrôle est le moteur du discours de Bluesky et un bon moyen de le distinguer des réseaux sociaux actuels. Le projet permettra à un utilisateur de gérer ses données et de les stocker où il le souhaite : « L’identité en ligne d’une personne ne devrait pas être détenue par des sociétés qui n’ont aucune responsabilité envers leurs utilisateurs. Avec le protocole AT, vous pouvez déplacer votre compte d’un fournisseur à un autre sans perdre aucune de vos données », expliquent les fondateurs du projet.

Un CEO venant de l’univers blockchain

Le 16 août 2021, le projet prend une nouvelle tournure avec l’arrivée à sa tête de Jay Graber, anciennement développeur de Zcash, une crypto-monnaie décentralisée et open source offrant confidentialité et sécurité à ses détenteurs.

Jay Graber publiera cette nouvelle sur Twitter : « Je suis heureuse d’annoncer que je vais diriger Bluesky, une initiative lancée par Twitter pour décentraliser les réseaux sociaux. Ma prochaine tâche sera d’embaucher pour compléter l’équipe Bluesky. Je suis impatiente d’établir un partenariat étroit avec Twitter et d’autres entreprises, alors que nous nous lançons dans cette aventure. »

Compte Twitter de Jay Graber @arcalinea

Dans quel contexte est-il né ?

Phase 1 : l’idée – 11 février 2020

Le projet Bluesky a démarré par un tweet de Jack Dorsey annonçant l’intention de Twitter de financer le développement d’un protocole ouvert pour les réseaux sociaux décentralisés. Par la suite, Twitter a réuni une douzaine d’utilisateurs dans un salon de discussion Matrix, et ce fut le début des premières discussions sur ce que devait être Bluesky.

Phase 2 : questions à la communauté – milieu d’année 2020

En 2020, Twitter a lancé une demande de proposition aux groupes communautaires. Plusieurs utilisateurs ont rédigé des propositions techniques sur la façon dont un nouveau protocole social décentralisé pourrait fonctionner, soit en s’appuyant sur des protocoles existants, soit en le construisant. Jack Dorsey, prévoit alors d’engager une équipe de 5 codeurs pour construire la plateforme tout en créant des algorithmes qui sélectionneront le contenu proposé aux utilisateurs.

Phase 3 : la critique de la centralisation des réseaux sociaux – début 2021

Le 9 janvier 2021, trois jours après les émeutes du Capitole orchestrées par des militants pro-Trump, Twitter a décidé de bannir le compte du président américain. Cela a entrainé de lourdes critiques quant à sa forte centralisation et l’opinion publique s’est alors interrogée sur la légitimité des réseaux sociaux à censurer des personnalités.

Phase 4 : la création de la société – fin 2021

Le 13 avril 2021, Bluesky est financée à hauteur de 13 millions de dollars par Twitter, sans condition ni engagement, si ce n’est celui de poursuivre les recherches. Selon Jack Dorsey : « Twitter finance une petite équipe indépendante composée d’un maximum de cinq architectes, ingénieurs et concepteurs de logiciels libres afin de développer une norme ouverte et décentralisée pour les médias sociaux. L’objectif est que Twitter devienne à terme un client de cette norme. »

Compte Twitter de Bluesky le 25 avril 2022

Le 4 octobre 2021, la société Bluesky PBLLC est créé. Parmi les membres du conseil d’administration figurent Jack Dorsey, fondateur de Twitter, Jeremie Miller, inventeur de Jabber/XMPP, et Jay Graber, PDG de la société Bluesky.

Quel type de modération pour un protocole open source ?

Alors que la plateforme sera décentralisée, Bluesky souligne qu’il n’est pas possible d’avoir un réseau social utilisable sans modération et a ainsi l’intention d’ajouter une couche nommée « Reach », décidant de mettre en avant ou non un contenu.

Compte Twitter de Bluesky le 4 mai 2022

Ces algorithmes seraient préprogrammés pour éloigner les utilisateurs des contenus polarisants et pour masquer tout contenu considéré comme un discours de haine. Ainsi, la charge de la modération du contenu ne serait plus assumée par les plateformes de réseaux sociaux elles-mêmes mais par le programme. Bluesky a également souligné que les fournisseurs d’hébergement seront toujours légalement tenus de retirer le contenu illégal conformément à leurs lois locales.

Quel avenir pour les réseaux sociaux ?

Une autre réseau social appelé Mastodon créé en 2016, profite du rachat de Twitter pour attirer de nouveaux utilisateurs. Ce réseau social prend le modèle de Twitter où l’on poste des messages de 500 caractères appelés des « Pouets ». Selon le fondateur Eugen Rochko, Mastodon séduit car « il est décentralisé et open source, il ne peut pas être vendu et ne fera pas faillite. Il respecte votre vie privée et donne le contrôle du réseau aux personnes. C’est un produit au-dessus d’un protocole, comme Twitter aurait dû l’être ». Depuis le 27 octobre, date de confirmation du rachat de Twitter par Elon MuskMastodon compte 3 millions d’utilisateurs.

À mesure que la technologie évolue et que la transition s’effectue des applications dites Web2 (l’internet centralisé tel que nous le connaissons aujourd’hui) aux applications Web3 (un internet décentralisé), les plateformes décentralisées deviendront probablement la norme.

En se concentrant sur l’intéropérabilité, la portabilité et la gestion algorithmique, Bluesky explore un nouvel environnement dans l’histoire des réseaux sociaux. Que ce soit pour s’assurer du droit à la liberté d’expression de chacun, ou pour éviter de réitérer la question sur la légitimité des réseaux sociaux à censurer, un acteur décentralisé tel que Bluesky est en mesure de répondre à un véritable besoin.

Alina Viatkina

Sources :

https://medium.com/bitcoin-news-today-gambling-news/twitter-bluesky-what-is-bluesky-social-media-78d6624ea07a

https://www.theverge.com/2021/8/16/22627435/twitter-bluesky-lead-jay-graber-decentralized-social-web

https://www.nasdaq.com/articles/is-bluesky-the-ultimate-solution-for-social-media-platforms

https://blueskyweb.org/blog/2-7-2022-overview

https://cointelegraph.com/news/decentralized-twitter-bluesky-releases-code-outlines-content-moderation

https://journalducoin.com/ethereum/le-prochain-twitter-killer-naitra-t-il-sur-ethereum/

Liens hypertextes :

  1. https://blueskyweb.xyz/blog/10-18-2022-the-at-protocol
  2. https://atproto.com/
  3. https://www.cnbc.com/2021/08/16/twitter-funded-bluesky-names-jay-graber-as-leader.html
  4. https://www.20minutes.fr/high-tech/2948775-20210109-trump-banni-twitter-reseaux-sociaux-legitimes-censurer-president-americain
  5. https://www.bizapedia.com/pro-search.aspx?id=b

Entre écrans traditionnels et nouveaux écrans, quelle évolution des usages ?

Lors du CES 2022, Sony avait révélé son premier téléviseur utilisant la technologie QD-OLED ou Quantum Dot-Organic Light Emitting Diode. Tandis que certains acteurs de l’électronique se focalisent sur le développement de nouvelles technologies adaptées aux écrans traditionnels comme le téléviseur, d’autres préfèrent se concentrer sur la mise en avant de nouveaux écrans pour de nouveaux usages.

Les écrans traditionnels et ceux devenus incontournables

Photo de Glenn Carstens-Peters sur Unsplash

Les écrans traditionnels, ce sont les écrans qui sont présents dans de nombreux foyers depuis très longtemps. Le téléviseur par exemple, est l’écran le plus présent dans les foyers, avec un taux de pénétration de 91,7% d’après la dernière publication du CSA sur l’équipement audiovisuel des foyers pour l’année 2020. Le téléviseur, ou l’écran que l’on regarde assis en arrière, demeure plus présent dans les habitations que l’ordinateur, l’écran que l’on regarde assis en avant, présent dans 85,8% des foyers français.

D’autres écrans plus récents sont, eux, devenus incontournables. Il s’agit du smartphone, l’écran multi-usages, possédé à 77,4% des personnes âgées de plus de 11 ans, et de la tablette, l’écran qu’on lit, possédé par quasiment la moitié des foyers français.

Des écrans traditionnels qui s’adaptent aux nouveaux usages

Les écrans traditionnels s’adaptent à la consommation des utilisateurs : 81% des foyers qui disposent d’un téléviseur ont un téléviseur connecté à Internet, soit un chiffre en hausse de 2 points sur un an. Plus précisément, dans ces foyers-là, on observe une forte progression des Smart TV et des boitiers OTT.

Les Smart TV permettent de se connecter au réseau Internet et de disposer de fonctionnalités supplémentaires comme des applications de streaming telles que Netflix ou YouTube, et fréquemment, la possibilité de diffuser sans fil des contenus à partir de son smartphone.

OTT signifie Over The Top, c’est un service de contournement du fournisseur d’accès à Internet (FAI) : l’utilisateur va consommer du contenu disponible uniquement via une connexion Internet, mais le FAI n’a aucune emprise dessus. Le FAI représente la couche d’accès, mais pas le moyen d’accéder au contenu qui est contrôlé, lui, par le service OTT auquel souscrit l’utilisateur. Les principaux prestataires OTT sont Netflix, Amazon Prime, Hulu ou encore Eurosport Player.

Photo de Mollie Sivaram sur Unsplash

Le contenu que l’utilisateur visionne sur son téléviseur est donc fait selon ses préférences, à sa demande, sous son contrôle. Bien que le streaming de séries et films à la demande semble prédominant en OTT, les domaines du sport et du jeu vidéo constituent des marchés de croissance.

Tout terminal connecté à Internet permet de visualiser le contenu diffusé par les applications OTT : smartphone, tablette, ordinateur… Cependant, la qualité du streaming du contenu dépend de la stabilité et de la performance de la connexion Internet de l’utilisateur. La France est le pays le plus fibré d’Europe avec un taux de pénétration de la fibre de 92% est prévu pour 2026, elle représente donc un fort potentiel de croissance pour le marché de l’OTT.

Avec la télévision connectée, les différents écrans du foyer fonctionnent ensemble tel un écosystème : la Smart TV a besoin d’un smartphone ou d’une tablette pour son usage optimal et l’OTT permet la visualisation des contenus sur tous les écrans connectés. Le renouvellement de la télévision traditionnelle en télévision connectée participe à la densification des écrans connectés et à l’accroissement des usages numériques ; elle marque une convergence des supports.

D’autre part, l’arrivée de l’OTT et la consommation de contenus via les plateformes de services de vidéos à la demande (SVOD) ont bouleversé les usages de telle sorte que la chronologie des médias a dû s’adapter et diffuser plus rapidement les œuvres cinématographiques après leur sortie en salles.

De nouveaux écrans, pour être encore un peu plus connecté

Depuis le réveil jusqu’à l’heure du coucher, les écrans nous accompagnent partout. C’est ce qui est résumé par le concept de ATAWAD qui signifie « any time, any where, any device », ou mobiquité, pour la contraction de « mobilité » et « ubiquité ». Que l’on soit chez soi, dehors ou au travail, on dispose toujours d’un écran à travers lequel on peut être joint.

De nouveaux écrans font leur apparition progressive sur le marché et viennent renforcer la mobiquité. Il s’agit notamment de la montre connectée, l’écran que l’on consulte et qui nous alerte. La montre intelligente permet à l’utilisateur d’avoir accès à ses applications mobiles, mais aussi à des services supplémentaires comme la mesure de l’activité physique. La smartwatch ne se limite pas à un écran déporté du smartphone, elle est pensée pour s’intégrer avec les autres appareils connectés.

Photo de Onur Binay sur Unsplash

La montre connectée a amené de nouvelles habitudes, comme le paiement sans contact via le NFC ou Near-Field Communication. Au-delà, la montre connectée représente la possibilité d’être alerté rapidement, sans avoir à sortir son smartphone puisque la montre, par une simple vibration, va faire savoir à l’utilisateur qu’il a reçu une notification. Pour les médias, cela représente une porte d’entrée pour un flux d’informations en continu, quasiment en temps réel, sous forme de news courtes et rapides à lire. La montre connectée s’inscrit dans la tendance aux formats courts, privilégiés par les médias pour capter l’attention.

D’autres écrans en sont encore à leur balbutiement, et leur adoption par le marché n’est pas encore complète. On parle des lunettes connectées, que l’on peut considérer comme l’écran qu’on lit en transparence, et du miroir, l’écran qui nous regarde.

Les lunettes connectées vont mettre la réalité augmentée à la portée d’un plus grand nombre. La réalité augmentée consiste en une superposition d’une dimension virtuelle sur la réalité de notre environnement. Dans le domaine des jeux vidéo par exemple, la pénétration des lunettes connectées sur le marché des appareils électroniques connectés pourrait faciliter l’apparition de nouveaux types de jeux et de nouvelles pratiques de jeu. Plus largement, la réalité augmentée rendue possible par les lunettes connectées ouvre aussi la porte au métavers.

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La 5G, un enjeu majeur pour la connectivité de nos écrans

En décembre 2020, les premiers services 5G – la norme de réseau de téléphonie mobile de cinquième génération – ont pu être commercialisés. Elle va se déployer sur plusieurs bandes de fréquences : les bandes basses utilisées pour les réseaux actuels, et deux bandes hautes, jusque-là non attribuées aux réseaux mobiles, qui permettront de faire face à la saturation des réseaux actuels.

Le but est en effet d’offrir une connexion plus performante sur trois aspects : le débit, la latence et la densité. Il est prévu que la 5G offre un débit jusqu’à 10 fois supérieur à celui de la 4G, que la latence soit divisée par 10 et que la densité de connexion permette de multiplier par 10 le nombre d’objets connectés au réseau.

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L’amélioration de la connectivité grâce à la 5G permet de faire face à l’augmentation des usages digitaux ; et elle va même en accélérer la tendance grâce à des capacités technologiques qui permettent l’apparition de nouveaux. Non seulement la 5G devrait permettre l’émergence de l’internet industriel, de la smart city ou de la voiture autonome, mais elle va aussi apporter l’ultra-connectivité. 

Le secteur des médias va être particulièrement bouleversé par le enhanced mobile broadband ou eMBB, qui est l’un des trois axes d’amélioration que suit la 5G d’après l’organisation 3GPP, une coopération entre organismes de normalisation des télécommunications. Cette connexion ultra haut débit va permettre le visionnage de vidéo haute définition, l’utilisation de réalité virtuelle ou augmentée avec une qualité de service élevée et stable.

Ces nouvelles possibilités technologiques induisent une adaptation des médias via des contenus sous de nouveaux formats plus visuels. En parallèle, elles induisent aussi une adaptation des supports, c’est-à-dire une prolifération des écrans connectés, d’une part par l’adoption par le marché de nouveaux écrans comme les lunettes connectées, d’autre part par l’augmentation de leur usage, comme celui des smartphones. 


Emmeline Ruellan

Médias sociaux et changement climatique : meilleurs-ennemis ?

Le 15 mars 2019, plus d’un million d’étudiants se sont mobilisés dans le monde pour protester contre l’inaction politique face au changement climatique.  Comment cela a-t-il été possible ? Un hashtag #FridaysforFuture créé par la jeune militante Greta Thunberg devenu viral. Aujourd’hui c’est une communauté qui rassemble 14 millions de jeunes pour interpeller les gouvernements afin qu’ils prennent des mesures conséquentes pour limiter le réchauffement climatique à 2 degrés, comme établis lors de l’Accord de Paris de 2015.

C’est le parfait exemple qui illustre le rôle clé que peuvent avoir les médias sociaux dans la lutte contre le changement climatique et pourtant il ne s’agit là que de la face visible de l’iceberg. En effet, d’après le Shift Project, le numérique serait responsable de 4% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. Et cela ne risque pas de s’améliorer au vu de la place croissante qu’occupe le numérique dans nos vies.

Alors les médias sociaux font-ils partie de la solution ou du problème ?

Médias sociaux : un puissant vecteur de diffusion de l’information

Quel est le constat ?

Les médias sociaux connus pour abolir les frontières du temps et de l’espace, réunissent 58% de la population mondiale qui au quotidien partagent des idées et échangent leurs points de vue. Une étude réalisée par Médiamétrie et le ministère de la culture a révélé que les médias sociaux sont le moyen le plus utilisé pour s’informer chez les 15-34 ans. En effet, 71% l’utilisent quotidiennement. Les comités scientifiques, les associations ainsi que d’autres acteurs impliqués pour l’environnement l’ont compris et s’en servent désormais comme canal de communication pour sensibiliser la population et changer les mentalités.

Cela prend de l’ampleur au vu des nombreuses trends écologiques qui se développent mêlant sensibilisation et action. Nous pouvons par exemple citer l’explosion de la visibilité du film Blue Planet II de David Attenborough grâce à Twitter , l’organisation des Clean Walk ou encore les campagnes de récolte de fond comme celle de MR Beast’s pour planter 20 millions d’arbres (#teamtrees).

Cependant, des études démontrent qu’il y a une limite quant à la visibilité de ce type de post. D’après Hywel Williams, l’espace est polarisé en deux groupes, « activistes et sceptiques ». Les individus communiquent alors avec des personnes avec qui ils s’identifient, phénomène qualifié d’homophilie par McPherson. Dans cette même communauté les messages sont souvent positifs alors que lorsque des individus aux opinions divergentes échangent le ton devient agressif. Cette agressivité peut freiner l’objectif principal de sensibiliser aux enjeux écologiques ceux qui ne le sont pas.

Et les influenceurs dans tout ça ?

Hyperconsommation, jet privé, Dubaï :  vie de rêve pour certains mais cauchemar pour la planète. Leurs rôles d’influence des communautés et des modes de vie est clé dans la lutte contre le changement climatique. On observe alors une logique d’interpellation, humour ou commentaire de postes de marque, qui a pour but de sensibiliser sur l’impact négatif de posts à plusieurs milliers de like. On peut citer par exemple BonPote qui a fait supprimer une vidéo de FastGoodCuisine « livrer un mcdo en jet privé.

Ou encore ce post réalisé par le master développement durable de Dauphine  afin de dénoncer la promotion d’un mode de vie dérisoire en période d’urgence climatique.

D’autres influenceurs ont compris que les réseaux sociaux sont une arme redoutable pour faire changer les mentalités et s’en servent pour informer, faire passer des messages et mobiliser. Pour cela je vous invite à lire cet article qui cite ces «influenceurs écolos ».

Lutter contre la désinformation

En faisant face chaque jour à tout type de contenu sur l’urgence climatique, il faut développer une certaine méfiance et vérifier les sources. Au vu du débat que sollicite ce sujet tout le monde s’est déjà retrouvé face à un contenu négationniste, de lobbies, greenwahsing, propagande et même fake-news.

Rapport du GIEC qualifié de « canulars » ou encore de nombreuses études que nous allons citer confirment ce phénomène. Brandwatch démontre qu’en 2020 « le contenu sur le changement climatique qui a obtenu le plus d’engagements provient d’un site de conspiration connu appelé Natural News ». Euronews a également publié un rapport accusant l’algorithme du géant YouTube de faire apparaître du contenu négationniste. Avec 21 % des pages de résultats de la recherche par mot clé « changement climatique » étant des informations fausses qui nient la contribution du CO2 au changement climatique.  Cependant les fakes news sur les réseaux sociaux sont parfois difficiles à cerner de part la quantité de contenu humoristique.

Miller l’a théorisé : les messages sur le climat sont souvent porteurs de mauvaises nouvelles donc pour certains, les histoires de fake news sont plus faciles à accepter que la vraie histoire. 😉

Du virtuel au réel : l’impact de l’usage des médias sociaux sur l’environnement

L’enfer numérique : Voyage au bout d’un Like par Guillaume Pitron illustre l’impact de l’usage du numérique sur l’environnement. Les fonctionnalités (like,share,comment), développées par les réseaux sociaux pour capter en permanence notre attention et générer des données sur les individus ont un coût réel.  Un like passerait par environ 7 couches physiques, comme les câbles terrestres et sous-marins avant d’être reçu.

Tout est dématérialisé mais la pollution elle est bien présente. Une étude de Greenspector affirme que par an notre utilisations des réseaux sociaux reviendrait à 102 kgEqCO2 à l’année, soit l’équivalent de 914 km en voiture. De plus, le stockage de nos données dans des data center consomme certes en électricité, comme Greenpeace l’a montré notamment en fonction des sources d’énergies qui alimentent les serveurs, mais surtout en eau douce pour les refroidir.

Voyons alors comment se placent les médias sociaux.

Pour les data centers : Youtube, Facebook et Instagram sont les plus écolos car alimentés à environ 60% par les énergies renouvelables contrairement à Linkedin et Twitter qui en utilisent 10%.

D’après Greenspector TikTok est considéré comme le réseau social le plus polluant avec juste derrière Reddit et Pinterest.

L’essentiel des émissions lié à l’usage du numérique est dû au streaming vidéo qui représente à lui seul 60 % des flux de données sur internet notamment par le poids des fichiers. De plus, les réseaux sociaux et leur modèle économique fondé sur la captation de l’attention y contribue aussi grandement. Le fil d’actualité Tiktok par exemple, en déclenchant directement une vidéo a impact carbone de 7,4 fois plus important que celui de Youtube qui ne propose qu’un apperçu.

Comment s’engagent alors les médias sociaux ? Comment agir ?

On peut certes recommander un usage responsable des médias sociaux (regarder une vidéo un niveau de qualité en dessous, résister à l’envie d’engagement de tous les pop-up auxquels on est confrontés ou encore se connecter le plus possible en wifi plutôt qu’en 4G) mais qu’est-ce qui garantit que les médias sociaux s’engagent à leur tour pour réduire leurs émissions ?

Si nous nous rendons sur le site web de la plateforme TikTok et du groupe Metaverse la différence dans leur rapport à l’environnement est frappante.

Pour TikTok …

tiktok.com

L’unique article en lien avec l’environnement est celui sur le contenu de leurs utilisateurs lors du EarthDay de 2022 mais rien sur leu engagement en interne.

tiktok.com

Le groupe Metaverse (Facebook, Instagram, Messenger, Whatsapp..) a un site dédié à ses engagements. Il affirme avoir inséré des nouvelles fonctionnalités pour sensibiliser au changement climatique grâce à son climate science information center ou encore investi dans plus d’un millions d’euros dans un programme de fact checking pour lutter contre la désinformation. De plus le groupe s’engage à être « water positive » d’ici 2030 et continue également d’innover pour rendre les data centers plus durables.

sustainability.fb.com

De plus le groupe Google et donc Youtube était en avance en étant neutre en carbone depuis 2007 avec des mécanismes de compensation carbone.

Cependant rien ne semble concerner les fonctionnalités elles-mêmes des différentes plateformes qui poussent à la consommation de contenu. Oui, il est possible d’intégrer l’aspect environnemental dès la phase de conception de ces services numériques. Beaucoup d’ingénieurs affirment qu’alléger le code informatique est faisable pour que l’impact des sites soit réduit mais les plateformes ne semblent pas souhaiter s’engager sur ce très gros chantier. Il serait également possible d’intégrer certaines règles d’éco-conception comme dans ce rapport publié par notamment l’Ademe et Green IT , même de façon facultative en option pour les utilisateurs qui le souhaitent.


Il existe donc un fort lien entre médias sociaux et lutte contre le réchauffement climatique. Ils représentent en effet un moyen efficace de sensibiliser les individus à ce sujet mais leur modèle économique basé sur la captation de l’attention contribue négativement à leur impact environnemental. Un usage du numérique responsable (mais qui ne s’est jamais perdu des heures sur les fils d’actualités interminables ?) ainsi qu’un engagement en interne des plateformes permettrait de réduire considérablement l’empreinte carbone des médias sociaux.

Nina-Lou Fresnil – Master Siren


 Sources supplémentaires

https://www.cairn.info/revue-reseaux-2009-5-page-157.htm

https://accept.aseanenergy.org/the-power-of-social-media-to-fight-climate-change/

https://www.euronews.com/my-europe/2020/01/16/youtube-algorithms-are-promoting-climate-denial-videos-to-millions-new-report

https://www.mdpi.com/2225-1154/7/10/122/htm

https://medium.com/swlh/can-social-media-save-our-planet-from-climate-change-b3b1e81f64f7

https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0959378015000369?via%3Dihub

https://www.theguardian.com/environment/2021/mar/21/climate-fight-is-undermined-by-social-medias-toxic-reports

https://www.nrdc.org/stories/climate-misinformation-social-media-undermining-climate-action

https://www.franceculture.fr/emissions/les-enjeux-des-reseaux-sociaux/changement-climatique-les-reseaux-sociaux-font-ils-partie-de-la-solution-ou-du-probleme

https://www.linfodurable.fr/technomedias/quels-sont-les-reseaux-sociaux-les-plus-polluants-31783#:~:text=La%20fameuse%20application%20de%20vid%C3%A9o,%2C30%20g%20EqCO2%2Fmin.

https://www.greenqueen.com.hk/browser-extension-carbonanalyser-visualises-emissions-from-internet-activity-co2-social-media/

https://www.bbc.com/future/article/20200305-why-your-internet-habits-are-not-as-clean-as-you-think

https://screenrant.com/social-media-climate-change-website-calculates-carbon-emissions/

https://www.euronews.com/green/2021/05/24/scrolling-doesn-t-just-waste-your-energy-it-wastes-the-planet-s-too

https://www.globalcitizen.org/fr/content/social-media-emissions-carbon-footprint/

https://www.socialmediatoday.com/news/facebook-announces-new-initiatives-to-raise-awareness-of-climate-change-an/606738/

Activisme numérique. L’exemple #BalanceTonPorc sur Twitter

Girl writing « #metoo » on a mirror with a red lipstick. Sexual harassment.

Les réseaux sociaux se sont progressivement imposés comme de nouveaux acteurs dans la structuration du débat public et la mise à l’agenda des questions sociétales. Utilisés par de nombreux jeunes, ils sont à l’origine d’une nouvelle forme d’activisme : l’activisme numérique. A travers l’exemple de #BalanceTonPorc, nous verrons comment s’organise ce nouveau type de militantisme.

Mise à l’agenda politique et réseaux sociaux

A partir des années 1970, la science politique commence à s’intéresser au processus de mise à l’agenda politique des questions sociétales. Ils questionnent les mécanismes en amont et en aval d’une décision politique et définissent les différentes étapes et acteurs en charge de son ascension dans les institutions. Il est intéressant de comprendre à quelles étapes de ce processus les réseaux sociaux peuvent jouer un rôle important.

La notion d’agenda, définie par Garraud en 1990, peut se comprendre comme « l’ensemble des problèmes faisant l’objet d’un traitement, sous quelque forme que ce soit, de la part des autorités publiques et donc susceptibles de faire l’objet d’une ou plusieurs décisions ». Dans toute révolution, c’est un passage obligatoire pour accéder au changement de manière pérenne. Selon Stephen Hilgartner et Charles Bosk (1988), la mise à l’agenda d’un problème est le résultat de plusieurs dynamiques, souvent combinées entre elles.

La première de ces dynamiques est la mobilisation. Elle a pour objectif d’acquérir l’opinion publique en sa faveur pour faire pression sur l’État et légitimer la revendication. Cela passe par différentes actions : manifestations, grèves, symboles, … Les réseaux sociaux peuvent jouer un rôle important à cette étape de la mise à l’agenda. Grâce à la force des liens faibles, ils permettent la diffusion massive d’un message, et donc d’une revendication. Quand le message parvient à s’emparer des fils d’actualité, l’opinion publique est sensibilisée et les médias plus traditionnels peuvent relayer l’information dans le débat public.

Cela nous mène à la deuxième dynamique : la médiatisation. Fortement liée à la première, la médiatisation permet d’affirmer une revendication comme une priorité dans le débat public. C’est une étape quasi-indispensable pour l’accès aux institutions étatiques.

La troisième dynamique est la politisation du problème. Une fois qu’il est médiatisé, il doit encore être traité par les politiques. Cela dépend de plusieurs facteurs : bénéfices politiques (électoraux, symboliques, stratégiques), faisabilité technique des solutions proposées, autres questions à l’ordre du jour, etc.

Toute lutte sociale passe de manière plus ou moins explicite par ces dynamiques qui conditionnent sa réussite ou son échec. Les réseaux sociaux peuvent être un levier d’action important, notamment pour la dynamique de mobilisation.  Pour certains auteurs, l’intervention des réseaux sociaux dans ce processus, et plus largement l’activisme numérique, doit être remis en cause.  

Activisme numérique et activisme réel

Dans l’article polémique Small Change : Why revolution will not be twitted, publié en 2010 dans The New Yorker, Malcolm Gladwell dresse le tableau d’un nouveau type d’activisme : l’activisme numérique. Avec un regarde critique, il défend l’idée selon laquelle les réseaux sociaux ne peuvent pas être le siège des révolutions et luttes sociales à venir. Pour mener cette réflexion, il s’appuie sur l’exemple d’une mobilisation étudiante qui commence le lundi 1er février 1960 en Caroline du Nord. Quatre étudiants noirs décident d’occuper un restaurant après s’être fait refuser le service d’un café pour leur couleur de peau. Le sit-in prend de l’ampleur et sera rejoint pas d’autres étudiants. Un mois plus tard, c’est tout le Sud des États-Unis, soit près de 70 000 étudiants, qui participent au mouvement social. Il utilise cet exemple pour comparer l’activisme dit « réel » et l’activisme numérique autour de deux points principaux :

  • Les liens sociaux qui unissent les mobilisés

Dans l’exemple de 1960, les liens sociaux entre personnes mobilisées sont très forts. Chacun est uni à l’autre par un sentiment de devoir et de communauté. Selon l’auteur, une mobilisation pareille n’aurait pas été possible si elle avait eu lieu sur les réseaux sociaux. Ces derniers s’appuient, s’organisent et capitalisent autour de liens sociaux faibles. D’après Gladwell, ils permettent bien d’étendre la portée d’un message, ou du moins sa vitesse de propagation, mais pas de mobiliser davantage. Si le message est viral, ce n’est pas grâce au réseau social en question, mais au faible coût d’engagement que son partage requiert. Autrement dit, les réseaux sociaux baissent le coût de l’engagement et ainsi augmentent le nombre de mobilisés. Cette mobilisation, cette « fièvre », se repend rapidement mais n’assure pas l’engagement « risqué » nécessaire aux révolutions sociales.

  • Le cadre au sein duquel prend forme l’activisme

L’activisme traditionnel est structuré, hiérarchisé et organisé de sorte à pérenniser la fièvre en mobilisation et la mobilisation en actions. Dans le cas du militantisme numérique, il est beaucoup plus décousu. Les réseaux sociaux fournissent les outils pour construire un réseau et propager la fièvre mais pas pour organiser une lutte sociale solide et pérenne. Le sit-in des années 1960 a donné lieu à des organisations quasi-militaires (NAACP, CORE), qui mettaient en place des plans d’action, formations, etc.

Pour beaucoup, la tribune de Gladwell est excessive et parfois de mauvaise foi. Pour Léo Mirani, journaliste à The Guardian, le point de vue de Gladwell réduit l’activisme à une protestation physique. Ce point de vue occulte le pouvoir des réseaux sociaux sur l’évolution des mentalités, l’influence d’opinion et la mise en place d’un débat public. Jillian C. Work du Berkman Center for Internet and Society pense que l’activisme numérique ne doit pas être dissocié de l’activisme physique, ils sont complémentaires.

#BalanceTonPorc

La première campagne Me Too est lancée en 2007 par Tarana Burke pour dénoncer les violences sexuelles et sexistes à l’égard des minorités. Entre 2007 et 2017, le mouvement ne prend pas particulièrement d’ampleur sur les réseaux sociaux et reste peu connu du grand public. C’est à partir d’octobre 2017, à la suite de l’affaire Harvey Weinstein qui l’accuse de 80 agressions sexuelles, que l’actrice Alyssa Milano propose de partager des témoignages sur les réseaux sociaux sous l’hashtag #MeToo. Du harcèlement au viol, des milliers de femmes et hommes de tous les milieux prennent la parole sur Twitter, Instagram, Facebook, etc pour raconter leur expérience. La fièvre se repend dans 85 pays au total et #MeToo est décliné en plusieurs langues. Le 14 octobre 2017, la journaliste Sandra Muller propose d’inclure la France avec le #BalanceTonPorc.

Le mouvement est d’ampleur et de nature inédites dans la lutte féministe. Analysons cette « révolution twittée » à la lumière des théories expliquées plus haut pour comprendre le phénomène.

En premier lieu, il est intéressant de mentionner le fait que la médiatisation est intervenue avant la mobilisation. C’est une réaction directe à la publication de l’affaire Weinstein par le New York Times. L’activisme numérique n’est donc pas à l’origine même de la mise à l’agenda politique. C’est juste une étape du processus, d’abord initié par les médias traditionnels. Cela peut s’expliquer par le fait que la lutte contre le harcèlement sexuel fait partie du débat public depuis longtemps. Le phénomène BalanceTonPorc entend surtout libérer la parole sur ce sujet, briser l’omerta en place et faire ouvrir les yeux à la population sur la fréquence de ce type de délit.

En second lieu, il est important d’introduire le contexte dans lequel cette révolution émerge. Aux États Unis, Donald Trump vient de gagner les élections présidentielles face à Hilary Clinton. Les droits des femmes sont davantage mentionnés dans le débat public. Au lendemain des élections, une des plus grandes marches pour les femmes est organisée aux Etats-Unis. En off-line de ce phénomène numérique, le contexte encourage ce mouvement et assure son prolongement dans la réalité. On retrouve donc une certaine complémentarité entre l’online et l’offline.

En troisième lieu, il est vrai que ce phénomène n’est pas organisé ou hiérarchisé. La revendication est claire mais l’objectif ne l’est pas. Comme Gladwell le disait, il est difficile de structurer ce mouvement, ce réseau, en lutte pérenne. C’est le premier mouvement féministe d’une ampleur pareille qui n’est pas initié par une organisation militante. Une personnalité publique, actrice hollywoodienne aux États Unis et journaliste en France, lance l’hashtag mais ne se charge pas de la suite. Chacun y va de son tweet mais aucune action concrète n’est lancée collectivement. La dynamique de politisation de la question peine à aboutir.

Un an après le premier tweet de Sandra Muller, la plateforme Visibrain révèle l’ampleur du phénomène on-line. Au total, 931 240 tweets sont postés avec l’hashtag #BalanceTonPorc, 292 946 personnes témoignent, dont 47% d’hommes. En off line, les chiffres révèlent autre chose. Au dernier trimestre de 2017, le ministère de l’intérieur affiche une hausse de 30% des plaintes pour agression sexuelle. Cependant, entre 2007 et 2017, le nombre de condamnations a chuté de 40%. Elles étaient de 1652 en 2007 contre 1003 en 2017.

Bibliographie

SMALL CHANGE : Why revolution will not be twitted – Malcolm –The New Yorker – 2010

L’effet Dragonfly : des moyens rapides, efficaces et puissants pour utiliser les médias sociaux pour conduire le changement social (blog) – Andy Smith et Jennifer Aaker – 2010

Les processus de mise sur agenda : sélection et construction des problèmes publics – Patrick Hassenteufel – 2010

#MeToo : le rôle des réseaux sociaux dans la mise à l’agenda du harcèlement sexuel au RoyaumeUni – Sous la direction de Dephine DULONG, soutenu par James William RAPLEY CIL Promotion Georges Clemenceau (2017-2018)

Affaire Weinstein, comment est né #balancetonporc, le hashtag contre le harcélement sexuel – Nouvel Obs – 2017

Sorry, Malcolm Gladwell, the revolution may well be tweeted – Leo Mirani (2010)

Yale, 2017, « Twitter et gaz lacrymogène : le pouvoir et la fragilité de la protestation en réseau », non traduit

Garraud P., 1990, « Politiques nationales : l’élaboration de l’agenda », L’Année sociologique, p. 17-41.

Hilgartner S. et Bosk C., 1988, « The Rise and Fall of Social Problems : A Public Arena Model », American Journal of Sociology, vol. 94, n° 1, p. 53-76.

« Insécurité et délinquance 2017 – Premier bilan statistique » – Ministère de l’intérieur

Léa Fournier

Comment la Karmine Corp est devenue le club e-sport le plus populaire de France ?

Si vous êtes un utilisateur régulier de Twitter et que vous vous intéressez à l’e-sport, vous avez certainement du voir passer certains tweets en référence au phénomène KCorp et à ses joueurs tels que « SAAAAAAAAAAKEN » ou encore « Cabochad » sur votre fil d’actualité. Depuis 2021, la Karmine Corp a créé un véritable raz de marée sur les réseaux sociaux et a su se créer une communauté de fans fidèles et très engagés.

La Karmine Corp, structure e-sport fondée en 2020, est devenue en l’espace d’un an l’une des équipes les plus populaires de France. Fondée par « Kameto », ancien joueur semi professionnel de League of Legends et actuellement l’un des streamers les plus important en France, ainsi que « Prime », rappeur et influençeur lifestyle sur Youtube, la Karmine Corp a forgé sa popularité grâce à son équipe League of Legends, bien qu’elle soit aussi présente sur d’autres jeux (TFT, Rocket League, …). Kameto a récemment fait beaucoup parlé de lui en tant que « général » français lors de la « Pixel War » qui a vu s’affronter de nombreuses communautés sur la plateforme Reddit pour le contrôle d’un espace artistique virtuel composé de pixels.

Extrait du Pixel Art de la communauté française sur Reddit

Un phénomène immédiatement viral

Tout commence réellement fin 2020 lors de l’annonce de l’arrivée de Prime dans le projet, un nouveau nom pour la structure (anciennement Kameto Corp), et la montée en LFL (Ligue Française de League of Legends) pour l’équipe League of Legends. La LFL est l’une des meilleures ligues régionales en Europe et allait encore changer de visage avec l’arrivée de nouvelles équipes et d’un nouveau diffuseur (OTP), autant dire que les attentes étaient grandes au début de saison 2021. Kameto étant un streamer League of Legends, il est déjà connu par une grande partie de la communauté française sur le jeu, et sa personnalité est maintenant la figure de proue d’une équipe e-sport qu’il incarne totalement et pour lesquelles il ne cache pas ses ambitions.

Comme pour l’équipe Solary (structure aussi détenue par des streamer), Kameto est autorisé à diffuser et commenter les matchs de son équipe sur sa chaîne Twitch. Ainsi, les communautés respectives de leurs CEOs vont se transformer en véritables supporters de l’équipe. La « KC » a donc très rapidement battu tous les records d’audience en proposant un jeu spectaculaire et créant dès le départ un Story Telling autour des premiers matchs, qui étaient extrêmement serrés. Rapidement, les victoires commencent à s’enchaîner et la Karmine Corp va remporter la LFL et par la suite les European Master au « Spring Split » 2021.

Dans ce contexte, sur les réseaux sociaux, le phénomène est viral. A chaque match ou à chaque annonce de la structure, le #KCorp se retrouve en Trending Topic sur Twitter. Mais ce n’est pas tout, en effet Kameto et Prime avaient exprimé leur volonté de révolutionner la façon de supporter une équipe e-sportive, quitte à s’inspirer de la façon de faire des sports traditionnels. Grâce à l’expérience de ses fondateurs sur Twitch et Youtube, la Karmine Corp a toujours proposé énormément de contenus sur les réseaux sociaux, avec de nombreuses créations graphiques par exemple. De plus, un partenariat avec RedBull va leur permettre de partager l’intérieur de la vie de l’équipe et permettre aux fans de s’identifier aux figures de la structure dans le format Back Story. Très vite, les fans se sont pris au jeu et sont devenu eux-mêmes créateurs de contenu liés à la Karmine Corp avec des fan-art mais aussi des montages humoristiques, des memes ou encore des chansons à la gloire de l’équipe.

Une stratégie qui « snowball »

Mais la structure ne compte pas s’arrêter en si bon chemin et profiter de sa dynamique. Kameto et Prime l’ont dit, la Karmine a pour ambition de devenir l’une des meilleures équipes du monde et elle a une forte communauté sur laquelle s’appuyer. Avec le KCX (Karmine Corp Xperience), la structure va pouvoir proposer à ses fans de les rencontrer physiquement et leur permettre de supporter leur équipe ensemble et au plus près des acteurs. On voit alors, comme dans les sports traditionnels, des communautés d’Ultras se créer sur les réseaux sociaux et partager ensemble des chants de soutiens lors des évènements, des idées de pancarte ou simplement discuter de leur équipe favorite ensemble. Au-delà de la viralité du phénomène de suivi de la structure, c’est surtout l’engagement des fans sur les réseaux sociaux qui est exceptionnel. Cette effervescence se répercute tout au long de l’année avec des audiences toujours très élevées et de bons résultats pour l’équipe en « Summer Split » 2021 (2 finales en LFL et un deuxième titre de champion des European Masters).

En organisant régulièrement des vidéos d’annonce ou des conférences de presse, ou simplement par l’intermédiaire de Kameto lorsqu’il stream sur Twitch, la Karmine Corp a toujours été transparente auprès de sa communauté. Recruté en 2021 en tant que Managing Director Business & Strategy, Xavier Oswald, co-fondateur de Gozulting (entreprise de production évènementiel dans le milieu du gaming et de l’e-sport) et ancien de Team Vitality, partage donc régulièrement sur son compte Twitter les chiffres qui nous montrent cet engagement fort de la communauté sur les réseaux sociaux.

Les communautés de fans et d’ultras Karmine Corp ont leurs codes bien à eux sur les réseaux sociaux, souvent reconnaissables à leurs initiales KC se trouvant au début de leur pseudo. Beaucoup de ces codes ont été pensés dès le départ par Kameto comme le « Blue Wall » que l’on retrouve derrière les photos de profil des fans mais de nombreuses initiatives sont prises directement au sein de la communauté comme dans les groupe Discord créés par les fans. Et l’avantage d’avoir cette communauté très engagée derrière la structure ne se fait pas seulement ressentir en termes d’audiences ou de résultats.

Des ambitions toujours aussi élevées

Grâce à cet engouement, la Karmine Corp peut produire des recettes diversifiées grâce au merchandising, avec notamment les maillots des joueurs qui sont numérotés, chose inédite dans l’e-sport bien que ce soit commun dans les sports traditionnels comme le football. En proposant par exemple des versions dédicacées par les joueurs, la Karmine Corp entretient ce lien de proximité avec ses fans qui le lui rendent bien. Cette notoriété a aussi permis à l’équipe d’attirer des sponsors importants pour le projet tels que Michelin ou Orange. Les équipes de Community Management de ces marques ont rapidement compris l’impact de la communauté Karmine Corp sur des plateformes comme Twitter et n’hésitent pas à interagir régulièrement avec les comptes officiels de la structure ou des supporters. La production de contenu par la structure est toujours une priorité. Désormais, la Karmine Corp va jusqu’à produire des documentaires sur l’équipe et propose énormément de contenu sur sa chaine Youtube. On peut noter que la KCorp a toujours la volonté de rendre à ses fans autant qu’elle reçoit d’eux, comme avec l’organisation de jeux-concours autour de la création de fan-art.

L’équipe a continué d’asseoir sa crédibilité cet hiver en recrutant Martin « Rekkles » Larsson, joueur star de League of Legends considéré par de nombreuses personnes comme le joueur européen le plus emblématique de l’histoire. Ce recrutement ainsi que les bons résultats de l’équipe et leurs audiences incroyables ont suscité la curiosité jusqu’à l’extérieur de nos frontières comme en Corée avec les multiples champions du monde T1. De fait, la KCorp est le club d’e-sport français dont on parle le plus sur Twitter en 2022, et le 5eme au monde.

Cependant, l’équipe est encore en LFL et n’a pas encore accédé au LEC (League of Legends European Championship), la ligue fermée européenne dans laquelle jouent les meilleurs joueurs du continent et qui peut donner un accès aux Worlds (championnat du monde). On sait qu’il est souvent compliqué de créer un vrai attachement à une structure dans ce milieu et la KCorp compte bien sur cet argument pour convaincre la Ligue de leur ouvrir ses portes, même si ce ne sera pas gratuit. C’est désormais l’objectif affiché par la structure qui continue de se donner les moyens de ses ambitions et espère bientôt avoir l’opportunité de se faire une place dans la « Grande Ligue » européenne, pour continuer à vivre le rêve de son fondateur d’un jour gagné les championnats du monde, main dans la main avec ses fans.

Valentin Bernadou

Régulation des réseaux sociaux : étude comparative France / États-Unis / Chine

Les tentatives internationales de régulation des mastodontes que sont les réseaux sociaux ont été nombreuses. Ces géants sont régulièrement au coeur des débats, suscitant la peur face à tant d’hégémonie et souvent qualifiés de « plus puissants que les États ».

L’heure est au bilan sur l’état actuel de cette régulation, avec une étude comparative de 3 visions : européenne, américaine et chinoise.

© Source : https://www.lebigdata.fr/dsa-digital-services-act-ue-censure

Digital Service Act (DSA) : l’Europe se met d’accord

Le 23 avril dernier a été marqué par la conclusion tant attendue d’un accord provisoire entre la Commission, le Conseil et le Parlement européen sur le projet de loi Digital Service Act (DSA). Emboitant le pas au Digital Market Act (DMA) dont l’accord provisoire a été obtenu en mars 2022, ce texte européen cible la régulation des contenus illicites en ligne et la modernisation du cadre légal déjà en vigueur. En complément de la régulation économique des plateforme « gatekeepers » proposée par le DMA, cette règlementation a pour but de rendre « ce qui est illégal hors ligne (…) illégal en ligne dans l’UE« , comme l’a déclaré Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne. Il vise de nombreuses entreprises et plateformes, telles que les opérateurs, les marketplaces, les services de cloud et les réseaux sociaux, et instaure des obligations spécifiques aux plateformes dites « very large » (NDLR : les plateformes comptant plus de 45 millions d’utilisateurs actifs ) dans une optique de responsabilisation de ces dernières.

Au-delà des enjeux de traçabilité liés aux marketplaces et l’interdiction de la publicité ciblée à destination d’enfants auxquels s’attaque le DSA, de nombreuses obligations visent directement les réseaux sociaux et les pratiques en ligne telles que les discours haineux, la discrimination, le revenge porn et la publication de contenu illicite dans son ensemble. En pratique, ces mesures devraient permettrede lutter contre ces agissements et de signaler plus facilement lesdits contenus. On peut notamment noter l’obligation de retrait immédiat dans le cas de partage de contenus intimes non consentis par les victimes de cyber-violence. Les algorithmes, ingrédient secret des plateformes les plus performantes, ne sont pas épargnés : le texte exige plus de transparence quant à leur fonctionnement, obligeant les géants de la tech à fournir un accès à leur algorithme à la Commission européenne et aux États membres. Dès le 1 janvier 2024, date provisoire d’entrée en vigueur du texte, les entreprises en faute pourront risquer des amendes allant jusqu’à 6% de leur chiffre d’affaires mondial ainsi qu’une exclusion du marché européen.

Les États-unis tentent de rattraper leur retard

À travers ces initiatives de régulation, les lois européenne pourraient bien s’établir comme un modèle à l’international, comme s’en ai notamment réjouit la lanceuse d’alerte Francis Haugens « Allez les Etats-Unis, maintenant c’est notre tour » en faisant référence au projet du DSA.

En effet, bien que les travaux de parlementaires américains aient contribué à l’inspiration du projet DMA (NDLR : rapport de la sous-commission du droit antitrust, commercial et administratif de la commission judiciaire de la Chambre des représentants des États-Unis sur la concurrence sur les marchés numériques), le droit sur internet aux Etats-Unis est assez pauvre. Il se résume grossièrement à deux lois adoptées à la fin des années 90 : la section 230 du Communications Decency Act (CDA) qui garantit la liberté d’expression en ligne et le Children’s Online Privacy Protection Act (COPPA), qui vise la protection en ligne des enfants de moins de 13 ans. Cependant, les Etats-Unis semblent vouloir rattraper leur retard dans ce domaine. Joe Biden a déjà exprimé la nécessité de reformer la section 230 du CDA et plusieurs projets de loi ont récemment été introduits. Parmi eux, on retrouve le Kids Online Safety Act (KOSA) datant de février 2022, qui imposerait de nouvelles garanties, de nouveaux outils et de nouvelles exigences de transparence pour les mineurs en ligne de moins de 17 ans. Enfin, on peut également noter le Earn It Act (EIA), réintroduit en février dernier puis adopté, qui met en avant la lutte contre la diffusion de contenus pédopornographiques sur Internet.

En ce qui concerne spécifiquement les réseaux sociaux, la sénatrice Amy Klobuchar a introduit à la Commission fédérale du commerce le 10 février 2022 le projet de loi Social Media NUDGE Act (Nudging Users to Drive Good Experiences on Social Media). Ce projet doit permettre à la National Science Foundation (NSF) et à la National Academy of Sciences, Engineering, and Medicine (NASEM) de réaliser une étude sur les plateformes de médias sociaux et les questions d’addiction, de désinformation et de mise en avant de contenus dangereux en lien avec les algorithmes existants. Les enjeux de transparence sont également au cœur du projet, avec par exemple un rapport de transparence public requis tous les 6 mois pour les grandes entreprises des médias sociaux, tout comme les informations concernant la finalité des contenus signalés. Des enjeux sensiblement similaires à ceux portés par le DSA

En Chine, une régulation gouvernementale unique en son genre

Passé relativement inaperçu en Europe, le Règlement sur l’administration de la recommandation sur les algorithmes des services d’information sur Internet a été mis en application en Chine le 1er mars 2022.

© Source : https://ruedesconfines.com/pendant-la-crise-les-chinois-jouent-avec-les-reseaux-sociaux/

Cet ensemble de recommandations vise très spécifiquement les algorithmes, leur transparence et leur utilisation avec des mesures telles que la possibilité pour les utilisateurs de désactiver leur profil ou qu’il soit pas pris en compte, la conservation par les entreprises des traces du fonctionnement de leur algorithme pendant six mois ou encore la nécessité pour les entreprise capables de mobiliser l’opinion publique de s’enregistrer auprès des autorités. 

Bien que la transparence liée aux algorithmes soit là aussi le noyau du projet, l’esprit général du règlement s’éloigne des projets européen et américain. En effet, les projets occidentaux se distinguent à moindre échelle par des mesures visant la protection des droits humains (Europe) et des droits consommateurs (États-Unis). De son côté, le projet chinois met avant tout l’accent sur la protection du pays, de sa sécurité et de ses valeurs (celles promues par le régime) et ne masque pas la volonté du parti d’incarner le monopole étatique du contrôle, s’accaparant les nouvelles richesses générées par les géants de la tech : les données.

Le danger d’un contrôle d’état sous couvert de régulation

Dans une logique similaire, l’administration du cyberespace de Chine (CAC) a également annoncé début avril le lancement de la campagne QingLang d’ici la fin de l’année 2022, poursuivant l’objectif de création d’un espace en ligne sain. Déjà évoquées l’année passée, ces opérations se définissent littéralement comme « nettoyé et non contaminé ». Ce qui s’illustre notamment à travers les suppressions et les fermetures engendrées par les régulateurs chinois. En 2021, plus de 22 millions d’informations illégales ont été supprimés et plus d’un milliard de comptes illégaux ont été fermé afin de lutter contre le « chaos ». Ce grand nettoyage de l’internet chinois s’est notamment déroulé avant les JO de Pékin. Cette tendance à la censure s’est également confirmée fin 2021 avec l’interdiction de LinkedIn en Chine, la dernière plateforme américaine encore présente dans le pays.

Si la  critique officielle n’est pas monnaie courante en Chine, la situation est différente aux États-Unis où les projets de régulation ne font pas toujours l’unanimité. Le NUDGE Act est notamment critiqué comme un projet remettant en cause la liberté d’expression promue par la section 230 et si chère à la culture américaine. Certains projet sont également critiqué pour leur contenu, comme le Earn It Act. Ici, bien que la lutte contre la diffusion de contenu pédopornographique ne soit pas remise en cause en soit, c’est les moyens proposés (suppression du chiffrement de bout en bout) et leurs conséquences sur les données privées qui sont questionnés. En effet, si les États-Unis semblent aspirer à égaler le cadre législatif européen en matière de numérique, les enjeux relatifs à la protection des données semblent encore pêcher, comme l’illustrait déjà l’arrêt Schrems II quelques années auparavant.

Ce décalage entre projet théorique et application technique s’illustre avec des questionnements similaires en Europe. On peut noter par exemple les débats autour de l’obligation d’inter-opérabilité imposée aux médias sociaux et les limites technologiques s’y afférant.

L’intelligence artificielle, prochaine course à la règlementation ?

L’intelligence artificielle est devenue le fer de lance des algorithmes qui font fonctionner les réseaux sociaux. En Europe, la Commission Européenne a proposée l’Artificial Intelligence Act en avril 2021, avec une dynamique similaire aux projets de DMA, DSA et Data Governance Act (DGA).  Des initiatives fédérales similaires ont également émergé depuis aux Etats-Unis, notamment en Alabama, au Colorado, dans l’Illinois et dans le Mississippi avec des lois comme l’Artificial Intelligence Interview Act et l’Alabama Council on Advanced Technology and Artificial Intelligence. Plus spécifiquement un projet de régulation des algorithmes d’IA à l’échelle fédérale a même été introduit au Sénat américain en février dernier. Cet Algorithmic Accountability Act témoigne de l’influence de l’Europe sur les États-Unis en matière de régulation numérique ainsi que de la volonté de convergence de ces deux modèles.

La percée de l’IA dans tous les secteurs, des réseaux sociaux au transport ou à la santé est déjà prémonitoire sur la complexité de la création d’un cadre juridique réglementaire approprié.

 

Par Hannah Roux-Brion


SOURCES

DSA

DSA : l’Europe trouve un accord « historique », France Culture, Baptiste Muckensturm, 26 avril 2022
https://www.franceculture.fr/emissions/les-enjeux-des-reseaux-sociaux/dsa-l-europe-trouve-un-accord-historique

DSA : les institutions européennes ont trouvé un accord !, Siècle digital,  Grégoire Levy, 25 avril 2022
https://siecledigital.fr/2022/04/25/dsa-les-institutions-europeennes-ont-trouve-un-accord/

L’Europe valide le DSA : les 10 mesures clés pour réguler les géants de la tech, Le blog du modérateur, Appoline Reisacher, 25 avril 2022
https://www.blogdumoderateur.com/europe-valide-dsa-mesures-reguler-geants-tech/

USA

Un projet de loi vise à obliger les réseaux sociaux à modifier le fonctionnement du fil d’actualité, Siècle digital, Valentin Cimino ,14 février 2022
https://siecledigital.fr/2022/02/14/un-projet-de-loi-pourrait-obliger-les-reseaux-sociaux-a-modifier-le-fonctionnement-des-algorithmes/

Senator Klobuchar “nudges” social media companies to improve content moderation, Brookings, Mark MacCarthy Wednesday, February 23, 2022
https://www.brookings.edu/blog/techtank/2022/02/23/senator-klobuchar-nudges-social-media-companies-to-improve-content-moderation/

Tech Trojan Horse: How the Senate is poised to codify censorship of social media, The Hill, JONATHAN TURLEY, 03/05/22
https://thehill.com/opinion/technology/596913-tech-trojan-horse-how-the-senate-is-poised-to-codify-censorship-of-social/

New bill would force social media giants to embrace friction — or else. Protocol Issie Lapowsky, February 10, 2022
https://www.protocol.com/bulletins/social-media-nudge-act

U.S. Congress Introduces Kids Online Safety Act. Covington, Lindsey Tonsager & Madeline Salinas, February 23, 2022
https://www.insideprivacy.com/childrens-privacy/u-s-congress-introduces-kids-online-safety-act/

Quel est l’état des droits sur internet aux États-Unis ? Siècle digital,  Clémence Maquet, 19 avril 2021
https://siecledigital.fr/2021/04/19/quel-est-letat-des-droits-sur-internet-aux-etats-unis/

CHINE

Les autorités chinoises veulent réguler les algorithmes de recommandation, qui font le quotidien d’Internet, Le Monde, 8 février 2022
https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/02/08/les-autorites-chinoises-veulent-reguler-les-algorithmes-de-recommandation-qui-font-le-quotidien-d-internet_6112738_3232

La Chine recadre les algorithmes des agrégateurs d’actualités, Siècle digital, Antoine Messina , 13 avril 2022
https://siecledigital.fr/2022/04/13/la-chine-recadre-les-algorithmes-des-agregateurs-dactualites/

QingLang Regulations, More of Them—and More Control on Chinese Social Media, Bitterwinter, Tan Liwei, 03/23/2022
https://bitterwinter.org/qinglang-regulations-more-control-on-social-media/

INTELLIGENCE ARTIFICIELLE

Quelles limites donner à l’IA pour protéger les droits fondamentaux ? Siècle digital, r Maxime Mohr, 25 avril 2022
https://siecledigital.fr/2022/04/25/quelles-limites-donner-a-lia-pour-proteger-les-droits-fondamentaux/

Quelle réglementation pour l’intelligence artificielle en Europe ? Siècle digital, Clémence Maquet, 23 avril 2021
https://siecledigital.fr/2021/04/23/cadre-juridique-intelligence-artificielle-europe/

Introduction d’un projet de régulation des algorithmes d’IA à l’échelle fédérale, Jean-Baptiste Bordes & Margherita Ceccagnoli, mars 3, 2022
https://france-science.com/introduction-dun-projet-de-regulation-des-algorithmes-dia-a-lechelle-federale/

Ressources humaines : l’impact des réseaux sociaux sur les processus de recrutement

Les réseaux sociaux comme outil de recrutement.

Les pratiques de recrutement sont devenues de plus en plus dépendantes des outils numériques au cours des 20 dernières années et, au cours de la dernière décennie, des réseaux sociaux. L’utilisation de la technologie sur le lieu de travail a eu un impact sur tous les domaines de l’emploi, la technologie offrant des moyens importants et avantageux pour améliorer les pratiques de recrutement des organisations. Les réseaux sociaux peuvent également être utilisés dans la gestion des ressources humaines, pour le recrutement et la sélection. L’adoption de la technologie dans les processus de recrutement devient donc une nécessité pour les employeurs qui souhaitent avoir un avantage concurrentiel sur le marché du travail, et attirer des talents (Deloitte Consulting LLP, 2014).

L’utilisation des réseaux sociaux comme outil de recrutement des employés, comprend différentes pratiques et offre plusieurs avantages. Les recruteurs utilisent des plateformes telles que LinkedIn, Viadéo, Facebook et Twitter pour publier des offres d’emploi, attirer, recruter et présélectionner les candidats. Aujourd’hui, la concurrence est intense pour attirer les meilleurs talents. Dès lors, lorsqu’un employé à fort potentiel se renseigne sur une entreprise, les premiers endroits où il va sont les réseaux sociaux comme Linkedin ou Viadéo. L’utilisation des réseaux sociaux comme outil de recrutement présente donc des opportunités et des défis pour les employeurs. En effet, les réseaux sociaux offrent de la rapidité, de l’efficacité, la possibilité de cibler et d’attirer des candidats spécifiques. Ils peuvent constituer une source supplémentaire d’informations sur les candidats potentiels. Pour les candidats, ils offrent de multiples sources d’information sur l’employeur ainsi que la possibilité de rentrer en contact directement avec les entreprises et les recruteurs. Certains recruteurs utilisent les principaux réseaux sociaux pour effectuer des recherches et faire de la publicité, tandis que d’autres élaborent des stratégies à plus long terme, notamment en investissant pour faire de la promotion et rendre leurs offres visibles à un maximum de candidats potentiels.

Les réseaux sociaux permettent de renforcer la « marque employeur »

Tout d’abord, les réseaux sociaux peuvent être utilisés afin de faire la promotion de l’entreprise ou de mettre en avant la réputation de l’employeur. En effet, les organisations s’efforcent d’être des employeurs attrayants, dans le but d’embaucher des employés compétents. L’utilisation des réseaux sociaux facilite le processus de recrutement, tant pour la personne à la recherche d’un emploi que pour l’organisation. Les demandeurs d’emploi considèrent souvent plusieurs organisations lorsqu’ils vont postuler à un emploi, et ils peuvent utiliser la réputation des entreprises comme source d’information sur les conditions de travail dans différentes organisations. Afin de contribuer à soigner la réputation et à accroître l’attractivité de l’entreprise, les employeurs cherchent donc à renforcer le nom de l’entreprise en tant que marque, ce que l’on appelle la marque employeur. Les organisations ont constaté qu’une image de marque efficace de l’employeur entraîne certains avantages concurrentiels, ce qui permet d’attirer et de retenir plus facilement les employés. L’image de marque de l’employeur est une stratégie ciblée à long terme visant à gérer la sensibilisation et les perceptions des employés, des employés potentiels et des parties prenantes connexes à l’égard d’une entreprise particulière ». Cone (2008) a suggéré que 93% des entreprises sont convaincues de l’importance d’une présence sur les réseaux sociaux et que 85% d’entre elles considèrent que c’est le moyen le plus efficace d’atteindre leurs clients. Kaplan et Haenlien (2010) suggèrent que la plupart des entreprises utilisent les réseaux sociaux pour promouvoir leur marque et créer des communautés de marque. Il a été constaté que l’utilisation des réseaux sociaux pour les fonctions de ressources humaines contribue à la création d’une image de marque de l’employeur et permet d’attirer les bons talents pour les entreprises (Davison et al., 2011). Une étude récente menée dans 18 pays par Tallulah (2014) a conclu que les réseaux sociaux sont le canal le plus efficace et le plus privilégié pour promouvoir et améliorer l’image de marque des employeurs. 79% des entreprises ont répondu qu’elles préfèreront les réseaux sociaux pour diffuser leur marque employeur, suivis par les sites web de carrière (64%) et les références (39%).

Les réseaux sociaux permettent un recrutement moins couteux et plus efficace

Tout d’abord, la recherche de candidats via les réseaux sociaux est très rentable par rapport aux méthodes traditionnelles de recrutement. En effet, la création d’un compte sur les réseaux sociaux est gratuite ainsi que la publication d’une offre, contrairement aux méthodes de recrutement traditionnelles qui exigent qu’une entreprise paie pour faire de la publicité par le biais des canaux médiatiques traditionnels (télévision, panneau d’affichage, journal ou magazine). Par conséquent, la publication d’emplois est devenue plus rentable, plus rapide et permet aux organisations d’atteindre un public plus large (Hull, 2011).

De plus, les employeurs ont la possibilité d’utiliser les réseaux sociaux pour filtrer toutes les personnes qui ne correspondent pas à certains facteurs prédéfinis par l’employeur, comme l’école que les candidats ont fréquentée ou leur expérience professionnelle. Les réseaux sociaux sont donc un outil de sourcing efficace. Les employeurs utilisent ces réseaux afin d’étudier les antécédents des candidats et utilisent ces informations pour prendre des décisions d’embauche. En effet, les réseaux sociaux représentent une riche source d’informations qui, dans la plupart des cas, ne sont disponibles d’aucune autre manière. Souvent, ces informations concernent des questions relatives aux anciens employés et aux anciens employeurs (par exemple : la raison de la rupture d’un contrat, les attitudes et les opinions concernant l’ancien employeur ou l’ancien employé).  Il s’agit d’informations qu’il est souvent impossible d’obtenir par le biais du processus de sélection traditionnel (Gatewood, 2008). L’information peut être obtenue via Google, mais aussi via les réseaux sociaux tels que Facebook et Twitter, basés sur la mise en réseau des individus, où ils placent des informations sur eux-mêmes, leurs intérêts, leurs loisirs et d’autres informations personnelles et professionnelles

Enfin, les réseaux sociaux permettent aux recruteurs d’atteindre un nombre beaucoup plus important de personnes. La vaste portée d’Internet signifie qu’un effort stratégique de recrutement sur les réseaux sociaux peut atteindre, presque instantanément, des millions de personnes. Les réseaux sociaux permettent aux recruteurs de diffuser des informations sur les offres d’emploi et sur l’organisation afin que les candidats passifs et actifs reçoivent ces messages. Les méthodes de recrutement traditionnelles, telles que les sites d’offres d’emploi en ligne ou les annonces, n’attirent le plus souvent que les candidats actifs qui recherchent ces informations (Alexia Minne, 2016). En atteignant un plus grand nombre de profils, à la fois actifs et passifs, les entreprises ont un plus grand pool de candidats parmi lesquels faire un choix. Cela permet aux entreprises de choisir des candidats plus compétents et plus adéquats pour le poste vacant.

Risques légaux

Les preuves de validité soutenant l’utilisation des réseaux sociaux pour la sélection étant limitées, les implications juridiques potentielles deviennent importantes. Les profils contiennent souvent des caractéristiques protégées telles que l’origine, la religion, l’âge et le sexe. Même si les organisations n’utilisent pas officiellement ces informations spécifiques lorsqu’elles examinent les réseaux sociaux des candidats, il peut être difficile de le prouver devant un tribunal. Retirer des candidats du processus d’embauche en se basant uniquement sur des informations trouvées sur un profil de réseau social peut être risqué, comme le prouve l’affaire Gaskell c. Université du Kentucky. Dans cette affaire, le Dr Martin Gaskell postulait pour un poste de professeur à l’université du Kentucky. Il était l’un des meilleurs candidats pour le poste avant que quelqu’un ne consulte ses réseaux sociaux, où il a trouvé des informations sur ses croyances religieuses. Il a alors été écarté du processus de sélection (Oppenheimer, 2010). En fin de compte, l’Université du Kentucky a dû payer 125 000 $ à Gaskell et à ses avocats, mais n’a jamais admis avoir fait quoi que ce soit de mal. Avec l’utilisation accrue des réseaux sociaux pour la sélection, des affaires comme celle-ci pourraient devenir plus fréquentes.

Sources

Alexia MINNE, 2016, RECRUTEMENT ET MÉDIAS SOCIAUX Evolution des pratiques et des comportements dans les entreprises, les cabinets de recrutement et les agences interim en Belgique, Université de Liège

BENRAïSS-NOAILLES Laïla, LHAJJI Dhiba, BENRAïSS Amina et al., « Impact de la réputation classique et de l’e-réputation sur l’attractivité des entreprises en tant qu’employeurs », Question(s) de management, 2016/4 (n° 15), p. 71-80. DOI : 10.3917/qdm.164.0071. URL : https://www.cairn.info/revue-questions-de-management-2016-4-page-71.htm

BENRAïSS-NOAILLES Laïla, VIOT Catherine, « Les médias sociaux dans les stratégies de recrutement. Quelle compatibilité avec la vie privée ? », Revue française de gestion, 2012/5 (N° 224), p. 125-138. URL : https://www.cairn.info/revue-francaise-de-gestion-2012-5-page-125.htm

Deloitte Consulting, L. L. P., 2014. Global human capital trends 2014: Engaging the 21st-century
workforce. Deloitte University Press.

El Ouirdi, M., El Ouirdi, A., Segers, J. Pais, I., 2016. Technology adoption in employee recruitment.
Computers in Human Behavior,

Kaplan, A. M., & Haenlein, M., 2010. Users of the world, unite! The challenges and opportunities of
social media. Business Horizons

Karen Isaacson and Sarah Peacey, Human Ressources and social media, KPMG, URL: https://assets.kpmg/content/dam/kpmg/pdf/2012/08/human-resources-and-social-media.pdf

Lamia HAMMADI, Hadjar BENHACINE, 2021, COOPTATION ET RESEAUX SOCIAUX : OUTILS D’OPTIMISATION, DES STRATEGIES DE RECRUTEMENT, REVUE MAGHREBINE MANAGEMENT DES ORGANISATIONS

Bourgeois Tom

Comment réseaux sociaux et télé-réalité sont-ils devenus indissociables ? 

Il y a 20 ans, pour ne pas retomber dans l’oubli, les stars de télé-réalité espéraient faire carrière à la télévision, comme Ayem, devenue présentatrice et chroniqueuse sur la chaîne NRJ12. Aujourd’hui, les programmes de divertissement représentent un tremplin pour les candidats qui profitent de la visibilité que leur offre la télévision pour débuter des carrières « d’influenceurs » sur les réseaux sociaux. En d’autres termes, ils capitalisent sur la notoriété acquise pendant la diffusion de l’émission.

150 000 euros par mois, c’est ainsi le montant faramineux que gagne la star de téléréalité Maeva Ghennam, à l’aube de ses 25 ans. Ce n’est pas grâce au salaire qu’elle touche dans le programme auquel elle participe, « Les Marseillais », sur la chaîne de télévision généraliste W9. D’après la productrice de l’émission, Florence Fayard, les candidats seraient payés entre 7000 et 13 000 euros pour quatre semaines de tournage et selon leur ancienneté. Si le montant est impressionnant, il est loin des centaines de milliers d’euros empochés tous les mois par les candidats. 

C’est donc grâce à ses 3,3 millions d’abonnés sur Instagram que Maeva construit un empire financier considérable. Les placements de produits qu’elle publie en « story » ou sur son « feed » plusieurs fois par jour sont grassement rémunérés. Pour les marques, le retour sur investissement est colossal puisque le public visé, jeune et adulant ces stars du petit écran, achète en masse les produits proposés. En gagnant en notoriété, les candidats s’émancipent : à terme, leur popularité sur les réseaux sociaux est telle qu’ils n’ont plus besoin de s’exposer à la télévision pour gagner leur vie. Ils laissent alors place à une nouvelle génération de candidats, désireux comme eux de devenir « influenceurs » à plein temps. Nous pouvons parler d’un véritable business : les candidats accumulent des abonnés pendant la diffusion puis tissent un lien fort avec ces derniers en leur partageant les étapes les plus intimes de leur vie (mariage, grossesse, accouchement) et finissent par vivre uniquement des placements de produits, certains profitant du confort financier pour se lancer dans de nouveaux projets. 

La success story de l’influenceuse star, Caroline Receveur, en est un exemple criant. Aujourd’hui mère de famille et cheffe d’entreprise au plus de 4 millions d’abonnés sur Instagram, c’est dans la première saison du programme « Secret Story », diffusée sur TF1, que le public l’a découverte. Elle s’est aujourd’hui complètement affranchie de l’étiquette de « candidate de télé-réalité » et est un modèle de réussite pour de nombreux internautes. 

Les programmes de télé-réalité profitent donc de ces exemples de carrières abouties pour attirer les candidats, essentiels à la survie des émissions. Alors que les audiences baissent d’année en année, les candidats sont eux, toujours plus nombreux. Cette année, l’émission « Pékin Express », diffusée sur M6 et présentée par Stéphane Rotenberg a enregistré 90 000 candidatures, un nombre record malgré des audiences en baisse. La part d’audience moyenne, qui culminait à 14,5% en 2018 a chuté pour atteindre 11,1% en 2022. 

Malgré ses baisses d’audience, les programmes de divertissement subsistent. En plus des candidats, c’est le public que la télé-réalité retient grâce aux réseaux sociaux. Le jeune public visé se détourne de la télévision mais y est renvoyé lorsqu’il consulte ses réseaux sociaux. En effet, ils sont devenus une extension des programmes, comme Twitter, réseau sur lequel des milliers d’internautes commentent en direct les shows. Cela créer un engouement autour de l’émission, incitant le public à la regarder. Lors de la diffusion de l’épisode le plus vu du programme « Les Marseillais », réunissant 1,32 millions de téléspectateurs le 14 avril 2020, le hashtag au nom de l’émission fut le plus posté sur le Twitter français pendant plusieurs jours d’affilés.

Télé-réalité et réseaux sociaux ne semblent donc pas incompatibles, au contraire. L’essoufflement de ces programmes n’est cependant pas anecdotique et un renouvellement, basé, pourquoi pas, sur une plus forte inclusion des réseaux sociaux, semble nécessaire à leur pérennité. 

Philippine Siméon

L’importance de récompense sur les réseaux sociaux. TikTok vs Instagram.

Instagram est une plateforme de partage des photos et vidéos sous différents formats :  publications, stories, live pour les vidéos en direct, IGTV et récemment Reels. Facebook (désormais Meta) a acheté Instagram pour environ 1 milliard de dollars en 2012, et en 2018, sa valeur était estimée à 100 milliards de dollars. TikTok est une plateforme en ligne permettant de créer et de publier de courtes vidéos de 15 secondes à 10 minutes accompagnées de musique ou des sons créés par d’autres utilisateurs sur ce réseau social. Instagram, comme TikTok, tire ses revenus de la publicité.

Instagram a gagné une forte position sur le marché : 

–       Instagram compte 1160000 utilisateurs actifs mensuels, comme le confirment les recherches de diverses entreprises.

–       Fondée en 2010, l’application mobile compte 1 milliard d’utilisateurs actifs en 2020, tandis que 500 millions d’utilisateurs dans le monde regardent quotidiennement les Instagram Stories.

–       70 % des utilisateurs d’Instagram sont âgés de 35 ans et plus. Le public cible du réseau social se situe à l’intersection de deux générations – les millennials et les boomers, tandis que TikTok s’adresse aux millennials et aux zoomers.

–       Instagram a été téléchargé 425 millions de fois en 2019, selon Sensor Tower, et en 2020, le réseau social était le cinquième réseau social le plus téléchargé dans le monde, derrière WhatsApp, TikTok, Messenger et Facebook. 

TikTok malgré son jeune âge a déjà montré des résultats incroyables : 

–       Selon un rapport de DataReportal Digital around the world jusqu’en janvier 2021, l’audience mensuelle de TikTok est passée à 689 millions d’utilisateurs actifs. En outre, TikTok est le septième réseau social le plus populaire au monde, après Facebook, Youtube, WhatsApp, FB Messenger, Instagram et Wechat.

–       App Annie prévoit que l’audience atteindra 1 million d’utilisateurs actifs en 2021 et dépassera la barre des 1 200 000 utilisateurs actifs.

–       Une étude de Statista aux États-Unis pour 2019 montre que les utilisateurs de TikTok passent 498 minutes sur la plateforme chaque mois, contre 200 minutes pour Instagram. En termes de popularité, TikTok ne peut rivaliser qu’avec Facebook, où les utilisateurs passent 498 minutes chaque mois.

–       Sensor Tower Store Intelligence partage des données sur le nombre de téléchargements de TikTok dans le monde sur l’App Store et Google Play. Le chiffre a franchi la barre des 2 milliards de téléchargements.

–       Selon Apptrace, TikTok est disponible dans 141 pays sur 155 possibles.

Au cours de ces dernières années, TikTok est passé d’une application de vidéo de danse drôle à une plateforme vidéo mondiale ; selon les statistiques récentes TikTok est désormais la septième plateforme vidéo la plus populaire au monde, ce qui est exceptionnel pour un début. Par ailleurs, beaucoup de gens pensent que TikTok est une application pour la jeune génération, et sont surpris d’apprendre que ce n’est pas que les jeunes qui sont présents sur cette plateforme même s’ils restent la majorité. 

Malgré l’âge d’Instagram, sa forte notoriété et sa position solide sur le marché, TikTok est devenu un vrai concurrent. L’application TikTok a été téléchargée plus de 2,6 milliards de fois dans le monde, selon Sensor Tower en décembre 2020. En janvier 2021, TikTok comptait 62 millions de téléchargements. Au premier trimestre de 2020, l’application a enregistré 315 millions de téléchargements, ce qui constitue le meilleur trimestre jamais enregistré par une application. Alors que TikTok continue de se développer et de proposer davantage de produits aux entreprises, les gens ont commencé à se demander s’ils devaient se concentrer sur TikTok ou rester sur Instagram. Instagram, comme YouTube, est une plateforme qui récompense bien des créateurs de contenus avec un nombre déjà important d’abonnés, mais il est très difficile de percer avec un nombre d’abonnés plutôt modeste. 

Sur Instagram et TikTok, la monétisation comme moyen de gagner de l’argent en créant et pour créer du contenu est encore en développement, bien que ce développement soit à un stade actif. Sur Instagram, la monétisation est lancée à travers le format vidéo IGTV, qui est déjà activement promu sur un autre réseau social connu sous le nom de YouTube. Des streams en direct sont lancés afin d’augmenter le nombre de dons. Sur TikTok, les donateurs sont très actifs pendant les vidéos en direct « LIVE ». TikTok est un réseau plus progressif en termes de monnaie, puisque la plateforme en ligne dispose d’une monnaie nationale. Il est retiré via PayPal.

Le seuil d’entrée sur 2 plateformes est une des clefs de réussite de TikTok.  Sur Instagram, obtenir un million de vues ou un million de followers sur la plateforme, même si le propriétaire du compte est une personne connue, est un véritable défi. Cela demande non seulement des efforts, mais très souvent aussi certains fonds. Même si l’investissement peut être minime, et pourtant il est nécessaire. Par exemple, il faut acheter un nouveau téléphone pour créer du contenu de meilleure qualité.  Dans le cas de TikTok, la situation est inversée, car les utilisateurs peuvent utiliser n’importe quel gadget sur lequel ils réussissent à télécharger TikTok pour filmer. Le thème des vidéos peut être radicalement différent – de la danse à la récitation de poèmes, etc. Il n’y a même pas besoin d’une idée originale pour obtenir un million de vues sur TikTok, car il est possible de simplement s’inscrire à un défi populaire pour avoir la chance d’être récompensé par des milliers de vues, voire des millions grâce aux algorithmes qui ne se basent pas sur le nombre d’abonnés.

Pour les utilisateurs d’Instagram, les abonnés qui commentent, aiment et interagissent activement avec les blogueurs qui créent du contenu pour le réseau sont importants. Pour les utilisateurs de TikTok, les recommandations et le nombre de vues par post sont importants, tandis que les followers sont déjà un facteur secondaire. Les algorithmes de sélection des recommandations fonctionnent bien ici et permettent d’obtenir une visibilité plus rapide. En même temps, les recommandations (page « pour toi ») de ce service sont plus importantes que celles d’Instagram où les utilisateurs sont plus concentrés sur le contenu créé par les personnes suivies. Donc, en général, il est possible de mener le blog sur chacune de ces 2 plateformes, mais les algorithmes de TikTok permettent de percer plus rapidement ce qui donne à ces utilisateurs un sentiment d’être récompensés immédiatement et donne envie de continuer de créer.  Un autre point important c’est qu’Instagram nécessite des tonnes d’édition planifiée. Sans compter que l’édition sur Instagram est limitée, et que la plupart des utilisateurs ont besoin d’outils supplémentaires pour peaufiner leur contenu (comme des appareils photo professionnels et des logiciels d’édition). TikTok offre d’incroyables possibilités d’édition dans l’application, de sorte que les créateurs n’ont pas besoin de compétences ou d’équipements particuliers pour créer des vidéos qui obtiennent des vues. TikTok séduit de nombreux utilisateurs car la volonté de paraître parfait n’existe pas au sens où elle existe sur Instagram. Comme un exemple personnel, je poste des photos de bonnes qualités prises avec des appareils professionnels sur Instagram que j’accompagne avec des textes de storytelling rédigés, je suis active sur les stories et j’ai même commencé à poster des vidéos sur Reels et j’ai 1300 abonnements, alors que j’ai eu le triple en 1 mois sur TikTok en faisant des vidéos chez moi avec mon téléphone. 

Enfin, TikTok est concentré sur le contenu, ce qui signifie que le contenu de qualité prime sur le nombre des abonnements. Si les petits créateurs veulent obtenir plus de de vues et likes, il suffit de créer du contenu de qualité ou juste du contenu qui plait aux. Par rapport à TikTok, Instagram a davantage de hiérarchie sociale qui met l’accent sur les followers. Devenir viral sur Instagram par rapport à TikTok est beaucoup plus difficile car il faut avoir accès à un grand nombre de followers sur Instagram pour que le contenu devienne viral. Cependant, avec l’ajout de Reels, développer un compte Instagram est devenu plus facile, mais les algorithmes de TikTok sont toujours meilleurs pour les petits créateurs. La vidéo que j’ai postée sur Reels a été vues par 960 personnes malgré plusieurs commentaires de mes abonnés, mais cette même vidéo est devenue virale et a obtenu 1 million de vues sur TikTok alors qu’au moment de publication je n’avais que 30 abonnés sur cette plateforme.

Pour conclure, les algorithmes de TikTok récompensent mieux pour le contenu qui plait aux utilisateurs peu importe le nombre d’abonnés, ce qui a fait venir et rester les créateurs et par conséquences les utilisateurs qui ne créent pas de contenu, mais le regarde et passent beaucoup de temps dessus. Cela a « obligé » Instagram de créer Reels qui se ressemblent au format des vidéos TikTok avec les algorithmes identiques. On pourrait déduire qu’Instagram a compris l’importance de récompense à tous les créateurs de contenu pour les motiver à rester et continuer d’enrichir la plateforme.

Why sharenting is not simply about parents showing off their kids online…

Blog, hashtag, brunch, sitcom, guestimate, even Internet, blended words are a regular occurrence in our everyday life, and especially so on the Internet. ‘Sharenting’, another one of these blended words, is the direct result of a practice that comes from the diverse uses of social media. First coined by Steven Leckhart, a writer in the Wall Street Journal in 2012. But what exactly is sharenting, it is “the phenomenon of sharing and disclosing intimate information about children in the form of photos, videos, and status by parents through social media [that] is now increasingly widespread.” (Putri et al., 2019).

A lot of parents are becoming influencers and relate their everyday life on different platforms and especially on Instagram. They have relatable content for other parents, show the life of their children and are open about the struggles and happy moments of their parenting journey. They can also use their accounts to advocate for certain types of parenting such as cultural or religious ones. It can also be a source of income for the parents, helping them lead a more comfortable life. Yet, what seems to be only naive and simple content can be proven to be much more complex than originally thought.

It seems that while the GDPR views children as vulnerable parties, it places on the responsibility of their online image to the parents and their own judgement and did not put any clause concerning ‘sharenting’. It did not take in consideration the possibility of having influencers as parents and therefore, being part of their online image and overly exposed on the different accounts of their parents. The online image of children is subjected solely to their parents’ decisions and before they can hold a phone, they do not get a say on if they have a dedicated Instagram page where their parents impersonate them or not.
Indeed, this sudden rise of the blogger parent leads to a lot of debate around the privacy of their children.

It might be too early to assert this but not a lot of teenagers would be fine with parents telling the internet of every single little thing they did since they were a toddler and having videos of their private discussions. Influencers parents do not all have the same ways of handling the private life of their children. Some prefer to blur they face out and use nicknames to avoid having their full name on display. Others prefer to not do that and let their children faces untouched, have their names and location shown. This could be explained by either the decision to focus on their parenting experience rather than on their children, or not knowing the potential negative effects that could take place.

« ACT LIKE YOU’RE CRYING »

Jordan Cheyenne

Beyond privacy issues, much more pressing questions are being brought to light. Ethics have a lot to do in sharenting. Children become the primary monetization tool of their parents’ main source of revenue. This can lead to dubious situations where parents put their children in tough situations to have ‘great’ content. A YouTube clip that trended on twitter in September of 2021 shows an influencer named Jordan Cheyenne filming her son crying and trying to make him pose for a thumbnail. Cheyenne did not keep this clip deliberately, she accidentally uploaded it, unedited at the end of one of her videos. She can be heard saying “Act like you’re crying” to which her son replied “But I am crying”. After the backlash she received she decided to not include her son in her videos anymore.

Gwyneth Paltrow also divided the public opinion, as she often does, after posting a picture with her daughter on Instagram. Her fourteen-year-old daughter left a now-deleted comment on the publication “Mom, we have discussed this. You may not post anything without my consent.”

@gwynethpaltrow accessed 30/04/2022

This divided the opinion between the ones finding it normal for a mother to decide on which pictures of her daughter to post without waiting for consent first. The other part thought that she should have listened to the clear opposition of her daughter who is old enough to know whether she wanted to have this picture posted online for millions of followers to see or not. Gwyneth Paltrow, when wishing a happy birthday to her daughter, included a screenshot of a conversation with “apple approved birthday posts” as there is no “need to break the old Internet again”.

@gwynethpaltrow accessed 30/04/2022

Like all things on the Internet, users have strong opinions on the matter and the debate of how to manage the online image of children is ongoing. On tiktok, a lot of parents show their everyday life with their children or film some quirky things that their child does and that can make a video go viral. Under these videos, users comment on their parenting skills and whether they should put their children on the internet.

Many vlogging families have had controversies and the extent to which they went to make content has backfired. The ACE family, a well-known vlogging family has already had many scandals, one of them because of a video first posted on Snapchat and then uploaded on Twitter. In the video, Austin McBroom, the father can be seen filming a young child holding a penis-shaped lollipop. Another vlogging family adopted an autistic child from China and documented every step of the journey for more than three years. All of the videos of the child and some Instagram posts were monetized. They then made the decision to legally terminate the adoption and placed the child in another temporary family and did not beforehand delete the videos with him. When faced with a lot of accusations from their followers, they decided to make an explanation video, did not mention their adoptive son again and proceeded to go back to their regular scheduled content.

@theacefamily accessed 30/04/2022

Unlike cinema, theater or modelling, there are no child labour law that exists regarding monetized social media exposure. It is essential for them to be created; however, it would be difficult to truly monitor how long influencers film their children and how demanding of them they are. Furthermore, as they are children, their consent and willingness to appear on social media are also impossible to supervise.


However, here is the worst-case scenario for any parent sharing their child’s photos on Instagram. A true nightmare became true for a British mother who was notified by her friends of an awful Russian website that contained thousands of children images. She found pictures that came from her public Instagram profile of her toddler on it, including one where she had been heavily photoshopped to have lipstick and mascara. Underneath the pictures were graphic comments posted by users. The mother said that these comments were ‘mild’ compared to other ones underneath different pictures. She has been contacting charity foundations to help her to get this website banned, and she has been trying to raise awareness on this issue.

From privacy issues to ethical problems, it seems that raising children online is tougher than just posting candid pictures for the grandparents to see. Children are to be shielded by their parents online, as to achieve that, parents should be better informed of every aspect of posting pictures or videos of their children online. What might seem like an innocent and cheerful action can easily turn into a problematic situation.

Emma Le Vourch

Bibliography:

Blum-Ross, A. and Livingstone, S., 2017. “Sharenting,” parent blogging, and the boundaries of the digital self. Popular Communication, 15(2), pp.110-125.

Chen, T., 2019. The Dad Of A Popular YouTube Family Channel Is Being Accused Of Sexualizing A Child After Buying Her A Phallic-Shaped Lollipop. [online] BuzzFeed News. Available at: <https://www.buzzfeednews.com/article/tanyachen/dad-of-youtube-channel-the-ace-family-called-disgusting-for> [Accessed 25 April 2022].

Donovan, S. (2020) ‘“Sharenting”: The Forgotten Children of the GDPR’, Peace Human Rights Governance, 4(1), 35-59.

Middleton, L., 2022. Mum horrified after finding pictures of her baby on paedophile website. [online] Metro. Available at: <https://metro.co.uk/2020/08/18/mum-horrified-finding-pictures-baby-paedophile-website-13143110/> [Accessed 1 May 2022].

Moscatello, C., 2020. Why Did These YouTubers Give Away Their Son?. [online] The Cut. Available at: <https://www.thecut.com/2020/08/youtube-myka-james-stauffer-huxley-adoption.html> [Accessed 1 May 2022].

Putri, N., Harkan, A., Khairunnisa, A., Nurintan, F. and Ahdiyat, M., 2019. Construction of “Sharenting” Reality for Mothers Who Shares Children’s Photos and Videos on Instagram. Advances in Social Science, Education and Humanities Research, 558, pp.782-788.

Stratégie de communication politique sur les réseaux sociaux.

Jean-Luc Mélenchon : entre homme politique et influenceur.

– écrit par Alexandra levigne

Nous ne présentons plus Jean-Luc Mélenchon (JLM), candidat et fondateur de La France Insoumise (LFI), qui est arrivé troisième à 421 420 voix, derrière Marine LePen, lors du premier tour des élections présidentielles françaises. Sensible aux nouvelles technologies, il capitalise sur la multiplicité des supports numériques dans sa stratégie de communication afin de toucher le plus grand nombre d’électeurs. « Notre but, c’est de parler à tout le monde » s’exprime ainsi Antoine Léaument, responsable de la communication numérique du candidat ainsi que de LFI. Ils semblent cependant avoir été entendus en majorité par les moins de 34 ans et la communication portée par le candidat de l’Union Populaire sur les réseaux sociaux tout au long de la campagne a ainsi nécessairement joué dans les résultats. C’est la raison qui nous pousse aujourd’hui à étudier le comportement de Jean-Luc Mélenchon sur les réseaux sociaux. 

Avant toute chose, il est important de revenir sur le positionnement idéologique du parti qui va évidemment influencer le discours politique tenu par le candidat sur les réseaux. Depuis la disparition de la fédération des forces de gauches alternatives, le mouvement centré autour de la personne de Jean-luc Mélenchon opte depuis 2013 pour une stratégie dite « populiste ». Le mouvement se place en opposition aux « élites » du pays justifiant ainsi le contournement du système journalistique classique au profit de la liberté conférée par les réseaux sociaux. C’est pour cela que Jean-Luc Mélenchon emploie un ton direct et personnel tant, lorsqu’il s’adresse au « peuple », que, comme nous allons le constater, sur ses réseaux.

Pour commencer notre étude, nous allons nous focaliser sur la chaîne YouTube de Jean-Luc Mélenchon, créée le 1er janvier 2012. Il s’investit pleinement sur YouTube à l’approche des élections de 2017 et fait grimper en quelques mois de 20 000 à 100 000 son nombre d’abonnés. 

Cette hausse est attribuée aux nouveaux formats de vidéos proposés par JLM, nous retrouvons ainsi :
– « Pas vu à la télé » : interventions de personnalités peu médiatisées s’exprimant sur des sujets d’actualité. La volonté de rompre avec la couverture médiatique de la télévision est affirmée.
– « Revue de la semaine » : émission toujours phare de la chaîne, celle-ci met en scène JLM ressassant les événements de la semaine qui l’ont intéressé. Cette série, inspirée par différents contenus publiés sur la plateforme, s’ancre parfaitement dans les codes de YouTube. Le candidat s’adresse à la caméra avec un ton direct et personnel. 

Aujourd’hui, sur la chaîne se sont ajouté les formats :

Comme il est fréquent d’en voir YouTube, ce type de contenus permet d’augmenter l’engagement et l’interaction avec l’audience

Rediffusions d’apparition à l’Assemblée nationale (redirection en cliquant en sur le bouton), sur les plateaux télé, ou lors de diverses instances (commissions de travail, discours et meetings…)

En 2022, il s’agit de « Nos pas ouvrent le chemin » faisant en moyenne plus de 50 000 vues sur des sujets diverses, d’actualité politique (la guerre en Ukraine, l’envol d’Ariane 5…) ou couvrant des événements de la campagne (débats, meetings politiques…)

Jean-Luc Mélenchon explique en 2016 que c’est en regardant des vidéos YouTube qu’il a compris ce que c’était d’être YouTubeur et devient ainsi le premier « YouTubeur politicien » à se fondre parfaitement dans le type de contenu visionné sur la plateforme. L’intérêt de cet investissement est d’un côté, l’audience captée par ses contenus et de l’autre, la liberté totale sur les sujets abordés, le style de vidéo et tout simplement la maîtrise de son image. En effet, la narrative employée rend le candidat plus sympathique mais surtout proche de son public. Le pari, gagné, de ses équipes a été de créer une belle image de marque autour de JLM. 

C’est dans cette même optique que le compte TikTok de JLM voit le jour. Ce nouveau réseau au format vidéo vertical qui gagne en popularité auprès des jeunes est une case incontournable de sa campagne. Ayant dépassé les deux millions d’abonnés le 28 avril 2022, le compte reprend également les codes de la plateforme. Sur un ton léger et auto dérisoire, il partage de courtes vidéos humoristiques dans un objectif de viralité, des extraits sous-titrés de ses passages à la télévision ainsi que des vidéos derrière les coulisses afin d’inviter ses abonnés au sein de son intimité. Ces différents formats suscitent de la sympathie envers JLM. C’est ici un personal branding réussit puisqu’il s’agit bien d’une personnalité et non pas d’un programme politique qui est mis en avant.

JLM possède bien évidemment un compte Twitter, réseau social populaire dans le milieu de la politique pour la liberté d’expression qu’il permet. L’enjeu pour le candidat sur cette plateforme est avant tout, d’être présent et visible. C’est ce que nous observons par la forte fréquence de publications, du newsjacking intelligent, les live tweets lors de débats avec la mise en avant d’hashtag pour encourager la discussion et les réactions, et finalement l’usage fréquent du format vidéo (pour rediffuser les interventions médiatiques du candidat) qui est mise en avant par l’algorithme de la plateforme.

Le compte Instagram de JLM, du haut de ses 317 000 abonnés utilise toutes les fonctionnalités de la plateforme. Nous y retrouvons des stories (ainsi que stories a la une), des carrousels, des vidéos (extraits de ses apparitions télévisées sous titrées) et même de la création de filtres. En effet, le « mini-hologramme de poche », filtre en réalité augmentée (disponible également sur Snapchat) permet de retrouver le candidat dans son salon, de sorte à se démarquer des autres candidats, mais également de marquer les esprits avec du earned media. Le candidat fait également de la publicité pour ses autres réseaux : en premier lieu Twitter, proposant des photos de ses tweets sur son profil et en second lieu TikTok, re-postant ses publications en réels. 
Sa page Facebook adopte un format de contenu similaire avec l’usage du même texte pour les descriptions des photos (nous observons cependant plus d’émoticônes sur Facebook, probablement pour attirer l’attention.) Finalement, sur LinkedIn nous avons une stratégie axée sur la curiosité des utilisateurs. Les publications journalières reprennent les actualités « Insoumises » avec des visuels explicatifs et un lien vers un article pour une lecture approfondie du sujet. 

Ainsi dit, Jean-Luc Mélenchon bénéficie aujourd’hui d’une belle notoriété en ligne, propre à sa personne. Cela est dû au fait qu’il est présent sur tous les réseaux, il possède également une chaîne Twitch sur laquelle il interagit fréquemment avec son audience et un serveur Discord pour les partisans du mouvement (il existe aussi un grand nombre de pages privées pour la communauté des Insoumis). En s’appropriant de manière intelligente les codes des réseaux sociaux, il a réussi à s’imposer sur des canaux jusque-là difficiles d’accès pour les hommes politiques. Là où ses concurrents s’en remettent à leurs conseillers qui adaptent le message, Monsieur Mélenchon et son équipe semblent reconnaitre les segments d’utilisateurs, leurs intérêts et leurs appétences pour les réseaux qu’ils consomment. De ce fait, la force de sa communication réside dans la manière dont il est capable d’adapter non pas uniquement son message mais bien sa personne au réseau en question. Comme Arnaud Mercier, journaliste pour France Culture le souligne, il devient sur YouTube « Youtubeur Politique » et sur TikTok « TikTokeur Politique » expliquant ainsi son gain en popularité auprès des audiences majoritairement jeunes de ses réseaux. Il bénéficie également d’un grand soutien de la part de sa communauté d’insoumis qui prennent des initiatives, le soutiennent sur les réseaux et fédèrent ses partisans autour de leur projet commun.

Sources :

  • Les comptes officiels de Jean-Luc Mélenchon sur différents réseaux. Les liens sont mis en description d’images.
  • Bristielle Antoine, « YouTube comme média politique : les différences de contenu entre interviews politiques classiques et émissions en ligne de trois représentants de La France insoumise »

https://www.cairn.info/revue-mots-2020-2-page-103.htm

  • Theviot Anaïs, « Faire campagne sur Youtube : une nouvelle « grammaire » pour contrôler sa communication et influer sur le cadrage médiatique ? »

https://www.cairn.info/revue-politiques-de-communication-2019-2-page-67.htm

  • Klara Durand, « La campagne présidentielle sur les réseaux sociaux : qui remporte le match ? »

https://www.publicsenat.fr/article/politique/la-campagne-presidentielle-sur-les-reseaux-sociaux-qui-remporte-le-match-201682

  • Arnaud Mercier, « 2017-2022 : comment leur communication a évolué d’une présidentielle à l’autre »

https://www.franceculture.fr/politique/2017-2022-comment-leur-communication-a-evolue-dune-presidentielle-a-lautre

  • Pauline Graulle, « Présidentielle : la stratégie gagnante de Mélenchon dans les villes et les quartiers populaires »

https://www.mediapart.fr/journal/france/130422/presidentielle-la-strategie-gagnante-de-melenchon-dans-les-villes-et-les-quartiers-populaires

  • Scores délivrés par l’observatoire politique de Favikon sur la présence médiatique des candidats.

https://www.favikon.com/analyses/bilan-avant-les-presidentielles-2022

  • Ohiab Allal-Cherif, « Comment le numérique a propulsé la campagne de Jean-Luc Mélenchon »

https://www.forbes.fr/business/comment-le-numerique-a-propulse-la-campagne-de-jean-luc-melenchon

Présidentielle 2022 : Les réseaux sociaux ont-ils fait l’élection ?

(Montage AFP)

Il s’est écoulé une semaine depuis le second tour de l’élection présidentielle 2022. Une élection présidentielle très souvent qualifiée d’abstraite ou mise au second plan étant donné l’actualité récente, en particulier la guerre en Ukraine. Une élection présidentielle dont l’équation présentait 3 candidats potentiellement qualifiables pour le second tour. Une élection présidentielle où les réseaux sociaux étaient considérés comme un facteur déterminant, pouvant ainsi faire basculer les résultats. En effet, ces nouveaux moyens de communication sont aujourd’hui omniprésents dans la stratégie politique des candidats. Les réseaux sociaux change la manière de communiquer et sont utilisés comme de précieux procédés pour atteindre directement les électeurs, dans leur vie de tous les jours. Les candidats ont ainsi pour but d’orienter, voire de manipuler, un avis ou une opinion en leur faveur. Il a donc été possible de voir Marine Le Pen chanter sur Tik Tok, Eric Zemmour annoncer sa candidature sur YouTube ou encore Jean-Luc Mélenchon en conférence sur Twitch ! Ceci, afin de toucher un plus large public, en particulier les plus jeunes votants qui se désintéressent de plus en plus des médias classiques. Cependant, on peut se questionner sur l’utilisation des réseaux sociaux et donc de l’emploi du big data pour le compte d’un candidat. L’usage de données récoltées par les militants dans le but de convaincre l’auditoire français indécis est également questionnable aux vues de certaines techniques mises en place, pas toujours très honnêtes et transparentes.

Un ciblage d’électeurs indécis

Depuis certains scandales, il est, en effet, tout à fait normal de se demander comment sont récoltées et utilisées nos données dans le but d’influencer nos futurs choix électoraux. Rappelons l’esclandre du dossier Cambridge Analytica qui en 2015 avait recueilli les données de près de 87 millions d’utilisateurs de Facebook via une application externe (Business Insider, 2019). Des données personnelles ont été récoltées, comme les lieux de vie ou encore les pages que les utilisateurs suivaient, dans l’optique de créer des profils psychologiques, analysant les caractéristiques et les traits de personnalités des utilisateurs concernés. On sait que ces informations ont ensuite été traitées dans le cadre de la présidentielle de 2016 aux Etats-Unis qui a vu Trump se faire élire (Les Echos, 2018). Tout cela, sans le consentement des utilisateurs. Ces pratiques sont aujourd’hui abordées en France de manière précautionneuse par les politiques suite à ce scandale mais aussi aux lois instaurées, en 2018, sur le RGPD et la protection des données. Pour cette campagne 2022, Anaïs Théviot, maîtresse de conférence en sciences politiques, mentionne l’utilisation de logiciels comme Nation Builder qui permet de proposer un ciblage efficace de la communication des campagnes électorales pour influencer et inciter les potentiels électeurs à voter pour le candidat en question. Un ciblage basé sur des données recueillies via les réseaux sociaux et les données de l’INSEE (France Culture, 2022).

Le paysage des candidats suivis sur les réseaux sociaux

Un outil stratégique

Les réseaux sociaux ont joué un rôle primordial dans la campagne présidentielle française 2022 : ils ne sont plus seulement un outil de communication à destination des jeunes générations, mais bien un outil stratégique, tel une porte d’entrée pour susciter les votes envers un candidat en particulier. Véritable moyen de désintermédiation, il permet au candidat de rentrer directement en contact avec un électorat potentiel sans passer par le biais de médias classiques. Les candidats, et en particulier ceux des partis extrêmistes, sont ainsi moins exposés à la censure potentielle ou l’analyse orientée des journalistes politiques. Avec cet outil, les candidats peuvent désormais discuter avec leur électorat et plus seulement communiquer. Fabienne Greffet, maîtresse de conférences en science politique, mentionnait même : « l’espace télévisé n’est plus l’espace naturel où va se déployer la campagne » (Ouest France, 2022). Et pour atteindre le plus grand nombre de personnes, il faut être capable de se déployer rapidement, et ce, peu importe les moyens, comme le soutenait Samuel Lafont chargé de communication et de stratégie numérique pour le compte de la campagne d’Eric Zemmour. Des moyens légaux certes, mais pouvant être qualifiés de peu éthiques. Vincent Bresson, journaliste et auteur de l’enquête en inflitré dans la campagne de Zemmour « Au cœur du Z», dénonce des aspects difficilement avouables des stratégies numériques mises en place via les réseaux sociaux. La réécriture continuelle de la page Wikipédia du candidat Zemmour cherchant ainsi à minimiser ses positions extrémistes, en est un parfait exemple, lorsqu’on sait que sa page Wikipédia était une des pages francophones les plus consultées pendant la campagne présidentielle. Un autre phénomène s’est fortement développé sur les réseaux sociaux pendant cette campagne : l’astroturfing. Pour rappel, l’astroturfing est le fait de donner l’impression qu’il y a une prise de décision ou d’action collective spontanée sur un sujet en particulier, alors que celle-ci a été effectuée de manière coordonnée. Vincent Bresson met en exergue l’utilisation de messagerie cryptée sur lesquelles les équipes de campagne d’Eric Zemmour, et probablement celles des autres candidats, encourageaient les militants à lancer, par exemple, un hashtag, qu’ils devaient poster ou partager sur les réseaux. Les équipes des candidats leur envoient du contenu à copier-coller comme des textes, des photos ou des vidéos, et les incitent à les repartager de manière faussement spontanée, dans le but de se rendre visible. Le hashtag se retrouvera alors placé en top tweet et sera visible, likeable et partageable pour les autres utilisateurs, contribuant ainsi à l’effet astroturfing. Les médias classiques peuvent parfois même s’emparer de l’information sans avoir conscience de la mécanique artificielle, puisque floués par l’effet astroturfing, et ainsi la diffuser sur des médias plus classiques comme la télévision. L’astroturfing est particulièrement observable sur les groupes Facebook dont les intérêts n’ont aucun rapport avec la politique, mais dont les membres sont d’éventuels prospects. Après s’être infiltrés dans ces groupes, les militants partagent du contenu dans le but de voir celui-ci être relayé. Une technique de référencement a également pu être établie : un moteur de recherche appelé « Zemmour pour tous » qui permet de rechercher des vidéos, toutes hébergées sur Youtube, où intervient Eric Zemmour. L’algorithme de référencement de Youtube (SEO) intègre alors les recherches de ces vidéos en associant aux vidéos un mot clé rentré sur le moteur de recherche. Cela permet d’avoir en recommendation sur YouTube des vidéos d’Eric Zemmour, dès lors qu’on rentre le mot clé sur la plateforme.

Une croissance particulièrement forte chez Eric Zemmour

Une question d’adhésion

Toutes ces techniques constituent la première étape du déroulé d’une élection sur les réseaux sociaux, l’objectif étant de susciter la curiosité et l’intérêt des potentiels électeurs et des indécis. Le principal but de cette étape est de faire connaître le candidat en question et que les français en parlent. Ce qui a été le cas pour tous les protagonistes au moment de leur annonce de candidature. L’attrait des utilisateurs peut être mesurable en regardant les statistiques des réseaux sociaux, comme le nombre de followers, de likes ou de partages. Une mesure qui a démontré que les moyens déployés par l’équipe de campagne d’Eric Zemmour ont été efficaces, puisqu’il a multiplié par quatre sa base d’abonnés depuis septembre 2021 (Les Echos, 2022). Cependant, il faut garder en mémoire que des faux comptes peuvent être créés, dupliqués ou que des faux followers peuvent être achetés, pour influer sur les chiffres. Plus l’échéance de l’élection approche, plus les candidats doivent transformer cet intérêt en adhésion et donc en vote, ce qui constitue la seconde étape. L’adhésion se gagne avec une communication positive du candidat, en lui donnant une stature présidentiable grâce à deux ou trois points stratégiquement forts de son programme. Un très bon moyen de savoir si la stratégie arrive à établir une logique d’adhésion est, d’après Véronique Reille Soult spécialiste en communication et e-réputation, de regarder si la communauté adepte du candidat commence à pénétrer d’autres communautés en faisant passer ses messages (Ouest France, 2022). Les faux comptes et autres comptes fantômes n’auront donc aucun impact dans cette logique puisqu’ils seront inutiles pour communiquer envers d’autres communautés. Toujours dans cette logique d’adhésion, les réseaux sociaux peuvent aussi être employés pour décrédibiliser un candidat concurrent, à l’image des « Macron Leaks » en 2017 qui constituaient le piratage d’origine inconnue de plus de 20000 documents électroniques reliés à la campagne du futur président qui ont été rendus public quelques jours avant le vote du second tour (France Culture, 2022). Les réseaux sociaux se sont donc emparés très rapidement de l’information et ont amplifié sa propagation.

Les réseaux sociaux ne servent pas uniquement à suciter l’intérêt, ils s’inscrivent également dans une logique d’adhésion des électeurs pour un candidat.

Pour conclure, les réseaux sociaux ont eu une place importante dans l’élection présidentielle puisque la grande majorité de la population française se renseigne aujourd’hui via internet et notamment les réseaux sociaux. Tout l’enjeu de la stratégie d’une campagne numérique est d’être présent là où les électeurs se trouvent pour tenter de récolter le plus de voix possible. Néanmoins, cela n’aura pas forcément renversé la tendance pour cette élection car certains candidats n’ont pas réussi à transformer l’intérêt suscité en adhésion, puis en vote. Dans des situations de choix complexes, on ne se rapporte pas forcément à des choses de l’ordre du rationnel mais de l’ordre de l’affect (jeune, sympa, cool…), comme sur Instagram ou TikTok avec Macron se prenant en selfie vidéo ou Marine le Pen chantant du Dalida. Qu’on le veuille ou non, cela à un impact sur notre vote (Hugo Decrypte, 2022). Certains processus, passant souvent inaperçus, sont employés par les équipes de campagne pour influencer et de manipuler les choix des votants. Des techniques comme l’astroturfing encouragent le repartage d’une information, sans vérification de source, pour la rendre spontanée et ainsi renforcer sa crédibilité. Cette propagande via les réseaux sociaux sera une menace grandissante pour les futures élections, si nous n’éveillons pas la conscience des votants à l’égard des pratiques employées et si nous n’éduquons pas les électeurs sur les données qu’ils partagent, qu’ils likent ou qu’ils suivent. On constate que le débat ne porte plus principalement sur le fond mais sur la forme et que, entre punchlines et fake news, les réseaux sociaux sont adaptés à ce nouveau genre de communication. Une tendance qui va certainement s’accélérer sur les prochaines élections.

Chloé Sangiorgio

Références

AFP, (2022) . [EN LIGNE]. Disponible via : https://www.leparisien.fr/elections/presidentielle/presidentielle-2022-comment-les-reseaux-sociaux-bousculent-la-campagne-31-10-2021-3OVRHGGXUFANNI6IWXWXXBZHX4.php [Accedé le 1 Mai 2022].

Bresson, V., 2022. Au cœur du Z. ed. Goutte d’or.

Corsan, O., (2022) . [EN LIGNE]. Disponible via : https://www.leparisien.fr/elections/presidentielle/presidentielle-2022-comment-les-reseaux-sociaux-bousculent-la-campagne-31-10-2021-3OVRHGGXUFANNI6IWXWXXBZHX4 [Accedé le 1 Mai 2022].

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Hugo Decrypte, (2022). Le Master SIREN invite Hugo Decrypte. Université Paris-Dauphine, 26 Avril 2022.

Ma, A. et Gilbert, B., 2019. Facebook understood how dangerous the Trump-linked data firm Cambridge Analytica could be much earlier than it previously said. Here’s everything that’s happened up until now.. Business Insider, [EN LIGNE]. Disponible via : https://www.businessinsider.com/cambridge-analytica-a-guide-to-the-trump-linked-data-firm-that-harvested-50-million-facebook-profiles-2018-3?r=US&IR=T [Accédé le 25 Avril 2022].

Philipps, G., 2022. Les réseaux peuvent-ils destabiliser l’élection ?. France Culture, [EN LIGNE]. Disponible via : https://www.franceculture.fr/politique/presidentielle-2022-les-reseaux-peuvent-ils-destabiliser-lelection [Accédé le 27 April 2022].

Rousset, A., 2018. Comment Cambridge Analytica a repéré les électeurs de Trump grâce à leurs vêtements. Les Echos, [EN LIGNE]. Disponible via : https://www.lesechos.fr/elections/presidentielle/la-presidentielle-se-joue-aussi-sur-les-reseaux-sociaux-1399033 [Accédé le 27 April 2022].

Saltiel, F et Théviot, A,. 2022. Les réseaux sociaux peuvent-ils faire basculer une élection ?. Le meilleur des mondes. [Podcast]. [Accédé le 22 April 2022]. Available from: https://www.franceculture.fr/emissions/le-meilleur-des-mondes/les-reseaux-sociaux-peuvent-ils-faire-basculer-une-election.

Tran, S., 2022. Présidentielle 2022. « L’espace télévisé n’est plus l’espace naturel où va se déployer la campagne ». Ouest France, [EN LIGNE]. /, /. Disponible via : https://www.ouest-france.fr/elections/presidentielle/presidentielle-2022-l-espace-televise-n-est-plus-l-espace-naturel-ou-va-se-deployer-la-campagne-e1300368-7308-11ec-b5e2-f1d665483d2a [Accédé le 25 Avril 2022].

Patagonia, quel marketing pour une entreprise engagée ?

Patagonia est une entreprise de vêtements techniques de sports de montagne et de surf. La marque peut-être considérée comme haut de gamme du point de vue des prix et de la qualité, comptez 40 euros pour un tee-shirt et 200 pour une doudoune légère. 

La proposition de valeur de Patagonia réside dans son engagement pour l’environnement. Les produits sont éco-conçus, c’est-à-dire qu’ils utilisent des matières recyclées ou bio, l’énergie utilisée est 100% renouvelable en Amérique du nord et l’entreprise investit 1% de son chiffre d’affaires auprès d’associations locales et d’initiatives sociales et environnementales. 

Si elle n’est pas la seule à adopter cette position éco-friendly au sein de l’industrie du textile, Patagonia n’a pas eu à changer sa nature et son identité pour y intégrer une dimension écologique. En effet, la marque s’est construite autour du respect de l’environnement depuis sa création en 1957. En 1988, elle lançait sa première campagne environnementale en Californie, en 1992, année du sommet de la terre de Rio, la marque développait un programme d’étude d’impact écologique des produits et abandonnait le coton traditionnel pour du bio. En somme, impossible de reprocher à Patagonia un virage écologique opportuniste poussé par un marketing à l’écoute de la demande. 

Cependant, être avant-gardiste et “green-by-design” ne garantit pas le succès. À l’heure du greenwashing, difficile de démêler le vrai du faux. 

Pour rester fidèle à ses principe, et se démarquer par ce qui fait sa force, son engagement écologique, Patagonia a fait le choix de la transparence. Allant jusqu’à publier une pleine page dans le New York Times lors du Black Friday 2011 arborant le slogan Don’t buy this jacket (“n’achetez pas cette veste”) au dessus d’une photo d’une veste de la marque. Opération couronnée de succès, l’entreprise se démarque des stratégies de greenwashing “conventionnelles” et fait parler d’elle en touchant son cœur de cible, les gens ayant une sensibilité écologique appartenant aux catégories socio-professionnelles supérieures, susceptibles de lire le New York Times. 

Je me suis penché sur leurs réseaux sociaux pour comprendre comment Patagonia a entretenu sa réputation et construit une communauté autour de la lutte contre le dérèglement climatique.

Lutter contre la société de consommation en vendant des vêtements, un exercice d’équilibriste

Patagonia est dans une situation unique : il lui faut vendre des vêtements sans pouvoir les promouvoir directement. En effet, la marque s’est construite autour de valeurs écologiques fortes, à l’image de sa devise : “We’re in business to save our home planet” (« nous sommes dans les affaires pour sauver notre planète natale »). Prôner une consommation responsable en vendant des produits manufacturés oblige à être irréprochable et empêche tout type de promotion “agressive” comme les soldes et autres réductions ou les partenariats avec d’autres marques et organisations moins engagées. 

Cette politique se traduit sur les réseaux sociaux de la marque par une absence totale de promotion directe des produits. À la place, on retrouve sur Instagram 11 comptes Patagonia certifiés et une autre dizaine non certifiés mais reconnus comme officiels. Ces comptes offrent des propositions de contenus différentes à travers une segmentation intelligente. En dehors du compte principal “Patagonia”, il existe un compte par sport pour lequel la marque créé des vêtement, des comptes correspondant aux différentes régions ainsi que des comptes liés au type de vêtement. 

Le choix d’avoir autant de comptes sans promouvoir de produit directement reflète la mentalité de la marque de se reposer sur le bouche à oreille numérique et de rares publicités bien ciblées pour diffuser son offre.

Avoir de nombreux comptes implique d’être capable de créer beaucoup de contenu autour de la marque. Pour ce faire, Patagonia se repose énormément sur le User Generated Content (UGC).

Le User Genrated Content, sur Instagram consiste dans l’immense majorité en du partage de photographies prises dans l’action. En identifiant les différents comptes de la marque associés à la photo postée par un sportif, par exemple @patagonia_climb et @patagonia_europe pour une photo d’escalade alpine, celui-ci  propose implicitement à la marque de reprendre l’œuvre à son compte. Ce qui ne manque pas, de plus, la marque propose à l’auteur de la photographie de choisir la description de la photo repostée, souvent un témoignage personnel poétique et inspirant. Si la photo a du succès sur les comptes spécialisés de la marque, elle sera peut-être reprise par le compte principal @Patagonia et ses 4,8 millions d’abonnés.

Voir sa photo reprise par la marque mythique des sports de montagne et du surf est en soi un aboutissement pour nombre de sportifs, cette stratégie de mettre en valeur le User Generated Content est un moyen d’avoir du contenu régulier mais aussi de développer une communauté investie. Sur tous ses réseaux sociaux, la marque ne manque d’ailleurs pas de répondre à de nombreux commentaires et à les liker.

Le Brand Content au coeur de la communication d’une marque-média

Néanmoins le vrai atout de la communication de Patagonia réside dans le contenu qu’elle est capable de produire. Patagonia constitue en elle-même un véritable média écologique, qui produit des documentaires inspirants associant des sportifs à des grandes causes. Le dernier exemple en date est celui de Martin Johnson, que l’entreprise de textile à accompagner dans sa course de 40 heures le long de la Tamise pour célébrer l’intégration de la communauté afro-américaine dans le trail.  

Cette approche de co-création entre communauté et marques de vêtements techniques est très répandue dans le secteur. Cependant la valeur ajoutée écologique de Patagonia lui permet d’aller plus loin que le reportage sportif en dénonçant au travers de ces productions, disponibles sur youtube et sur le site gratuitement, ou en mettant en avant des associations environnementales pour lesquels la marque finance des projet à hauteur de 1% de son chiffre d’affaire chaque année. 

L’objectif de la marque, qui co-produit également des livres autour du sport et de l’écologie disponibles sur son site, est de devenir un véritable média écologique pour transformer une simple veste en expérience complète et engagée. Vous n’achetez pas seulement un tee-shirt à 50 euros, vous faites partie d’une communauté qui compte des grands sportifs et des militants pour le climat. Et ce pour la vie, car Patagonia met en avant la durée de vie des produits à travers les cinq “R” : Reduce, Repair, Reuse, Recycle, Reimagine, qui correspondent à des actions menées par la marque vis-à-vis de sa communauté pour augmenter la durée de vie des vêtements.

« Le commerce a un rôle à jouer, mais ce n’est qu’un levier. Nous devons utiliser tous les outils à notre disposition pour assurer un avenir plus sûr et plus juste. »

Ryan Gellert, CEO

Des plateformes pour animer la communauté

C’est dans cette optique que Patagonia a développé la plateforme Worn Wear qui permet aux détenteurs de vêtements de la marque de les revendre en magasins une fois portés assez longtemps, d’acheter des pièces réparées par la marque ou de se les échanger. À travers cette plateforme, l’entreprise contrôle une partie du marché de la seconde main, et peut réaliser de nouveaux bénéfices sur d’anciennes pièces.

Patagonia Action Works est une autre plateforme de la marque qui met en relation la communauté avec des organisations qui luttent pour la préservation de l’écosystème. En tant que média, cela permet à Patagonia de dépasser sa condition “naturelle” de marque pour devenir un intermédiaire social et environnemental. En aidant les gens à trouver des bonnes actions à réaliser près de chez eux, Patagonia en apprend plus sur ce qui tient le plus à cœur à ses adeptes les plus engagés, information qui guide naturellement les choix de brand content à venir et les engagements de la marque. 

La dépendance à l’irréprochabilité, limite du modèle Patagonia ?

La marque mythique des sports de montagne n’a jamais connu un succès équivalent à celui qui l’entoure en ce moment. Elle a su bénéficier de l’intégration de l’escalade aux jeux olympiques, à l’effervescence autour de la course à pied et du trail et bien entendu à la sensibilisation du monde aux enjeux environnementaux. Cependant, à l’heure où tout se sait et où les réseaux sociaux savent se montrer impitoyable, notamment envers le greenwashing, Patagonia marche sur des œufs et sa notoriété grandissante en fait une plus grosse cible. 

Savoir réagir aux scandales, vrais ou faux, qui ne manqueront pas d’éclater sera une clé de succès pour entretenir la désormais large communauté de la marque. Néanmoins ce défi n’est pas inconnu. En 2015, l’association Four Paws avait dénoncé l’utilisation de duvet issu d’oie vivantes et gavées. Patagonia avait joué la carte de l’honnêteté en se séparant de son fournisseur mis en cause et en mettant un plan d’action pour s’assurer de la provenance de son duvet, néanmoins le scandale a coûté cher en image et en ressources.

Sources

Félix Rougier

Twitch : La Révolution du Streaming

C’est une réalité que la pandémie a apporté de nouvelles façons de communication et a accéléré les processus de croissance des plateformes qui étaient en plein essor avant l’arrivée du confinement causé par le Covid-19. Dans le secteur du divertissement, le streaming a occupé un nouvel espace pour se développer et se consolider en tant que nouveau moyen de partage du contenu via les réseaux sociaux, tels que Twitch. Selon le rapport de l’industrie du streaming en direct par Streamlabs & Stream Hatchet, entre 2019 et 2020, le nombre total d’heures de contenu en direct consommées a augmenté en 78,44 %, passant de 15,63 milliards en 2019 à 27,89 en 2020.

Twitch est une plateforme dédiée au streaming en direct qui est née en 2011 en tant que sous-produit de Justin.tv, avec l’idée de renforcer le créneau d’utilisateurs intéressés par les matchs de jeux vidéo en streaming. En 2014, il y avait déjà un grand nombre de téléspectateurs (environ 35 millions d’utilisateurs mensuels), ce qui a attiré l’attention des géants de la technologie. Pourtant à la fin de cette même année, Amazon a acheté Twitch pour la somme de 970 millions de dollars.

Aujourd’hui, Twitch est la plateforme de streaming du moment, il n’y a aucun endroit où autant de créateurs de contenu se réunissent en direct. Grâce à une étude de Stream Elements en collaboration avec Rainmaker, les chiffres montrent que Twitch a augmenté ses heures de visionnage en 45% par rapport à celles obtenues en 2020. Pour être plus précis, cette année, la plateforme a atteint 17 milliards d’heures de visionnage et en 2021, elle dépassé 24 milliards. Par contre, Facebook Gaming qui a aussi fortement progressé en 2021, a augmenté ses heures de visionnage en 47%, mais il comptait seulement de 3,5 milliards en 2020 et 5,3 en 2021.

Même si Twitch s’est d’abord spécialisée dans le streaming de jeux vidéo, où l’on pouvait trouver des joueurs talentueux, amusants et des grandes compétitions eSports, au fil du temps elle a diversifié son offre en termes de contenus. Musiciens, sports, contenus culturels et bien d’autres sujets ont commencé à apparaître, toujours en direct, permettant au public d’interagir avec les créateurs. Twitch diffère principalement des plateformes comme YouTube précisément à cause de ce facteur d’interaction, d’immédiateté, de contact et de protagonisme du public, puisque YouTube permet aussi de diffuser en direct, mais c’est Twitch qui a triomphé en renforçant cet aspect.

Si l’on s’arrête pour parler des catégories les plus vues sur la plateforme, celle-ci est de manière inattendue « Just Chatting », qui a réuni plus de 3 milliards d’heures. Elle consiste simplement à ce que les téléspectateurs s’installent pour discuter et échanger leur avis avec la communauté du streamer qu’ils regardent, sans jouer, juste passer un peu de temps à discuter.

Les autres catégories les plus consultées, comme prévu, sont les jeux vidéo comme GTA V, LOL…

Qu’est-ce qui a amené Twitch au sommet ?

Sans aucun doute, le confinement a énormément contribué à rendre possible un tel niveau de croissance. Le fait d’avoir été enfermé à la maison, nous a amené à chercher des alternatives de divertissement pour faire face à nos moments libres et à nous déconnecter de la routine du travail ou des études. C’est dans ce contexte que Twitch fait son apparition. Grâce à une accessibilité simple et gratuite, soit depuis PC, Mobile ou Smart TV, Twitch a intégré la présence de certaines de nos idoles que vous pouviez voir en direct en tant que footballeurs (Agüero, Courtois, Neymar…).

Étant en direct, cette alternative permet d’interagir en temps réel pendant la diffusion. Cela se fait via un chat qui permet la communication entre les streamers et leurs spectateurs, les permettant de choisir leur contenu préféré, de personnaliser les emojis, ou de faire des critiques et des suggestions via des sondages, avec lesquels les streamers ont su très bien interagir en tenant compte l’avis de son public. Ce chat a des modérateurs pour s’occuper du des commentaires publiés et des bots pour résoudre les questions récurrentes, garantissant son bon fonctionnement.

De plus, le facteur de variété du contenu est important. En ayant autant de streamers sur la même plateforme, le public décide quoi regarder et même à travers qui. Une réalité qui nous a permis de voir l’impulsion des nouvelles technologies, c’est l’importance d’avoir un menu riche en contenu et surtout que nous puissions décider quand le consommer à différence de la télévision traditionnelle.

On peut remarquer que l’apparition de Twitch est apparue comme un complément à YouTube plutôt qu’un substitut. Permettant à un grand nombre de Youtubers bien connus de conserver leurs comptes, c’est vrai qu’ils ont vu une série d’avantages sur Twitch qui les fait se sentir plus libres et plus à l’aise lors de la création de contenu. Même s’il semble qu’il s’agit de faire le même contenu, c’est très différent, puisque faire une émission en direct ne demande pas autant de préparation qu’une vidéo quand il s’agit de montage, de dialogue… Il s’agit simplement d’allumer la caméra et interagir avec votre public. Le modèle que de nombreux chatteurs ont choisi consiste à utiliser Twitch comme sa plateforme principal à la fois qu’ils publient leurs émissions en Youtube sous forme de clips.

D’autre part, Twitch accorde une importance particulière aux créateurs de contenu et prend soin d’eux puisque, après tout, ils sont la marque de la plateforme, la raison pour laquelle elle obtient des vues. Pour cette raison, les accords avec les grands influenceurs et les facilités économiques fournies par la plateforme sont un facteur déterminant, ce qui conduit de nombreux créateurs à vouloir profiter de ces avantages que le reste des réseaux sociaux n’offrent généralement pas. Cela fonctionne de la manière suivante : tous les utilisateurs peuvent profiter du streaming gratuitement, cependant, ils diffèrent des abonnés qui paient une redevance mensuelle (s’ils ont Amazon Prime, ce sera gratuit) à leur streamer préféré pour profiter de certains avantages tels que l’exclusivité d’émoticônes dans le chat, chats privés, vues sans pub, tombolas… Cela devient un élément différentiel par rapport aux autres réseaux sociaux comme YouTube puisque c’est la principale méthode de monétisation pour les streamers en dehors des contrats publicitaires signés indépendamment par chacun d’eux. Concernant ces abonnements, la moitié de l’argent ira au créateur et l’autre moitié à Twitch. Cependant, tous les créateurs de contenu n’optent pas pour cette forme de monétisation. Des exigences minimales sont nécessaires pour que la plateforme vous permette d’être affilié (8 heures au cours des 30 derniers jours, sur 7 jours différents, avec une moyenne de 3 téléspectateurs simultanés ou plus). Un autre moyen de monétisation sont les donations, par lesquels les téléspectateurs envoient de l’argent au streamer en échange d’une reconnaissance et d’une dédicace au milieu du live. Et enfin, il y a les bits qui sont la monnaie virtuelle de la plateforme utilisée également pour prendre en charge les streamers et cela coûte environ 1,4 $ pour 100 bits.

Ces derniers moyens dont disposent les abonnés pour soutenir leurs créateurs de contenu sont les plus efficaces puisque la quasi-totalité de la donation va au streamer.

Daniel Lacasta

Sources :

https://blog.streamlabs.com/streamlabs-and-stream-hatchet-q4-live-streaming-industry-report-a898c98e73f1

https://blog.streamelements.com/state-of-the-stream-2021-year-in-review-4a7074439829

https://www.revistalagunas.com/299-el-fenomeno-twitch-de-que-se-trata-la-plataforma-de-moda-entre-los-jovenes

https://mbamci.com/twitch-la-nouvelle-plateforme-qui-replace-la-television/

https://www.dexerto.fr/divertissement/le-just-chatting-sur-twitch-ecrase-tous-les-autres-jeux-en-2020-1281171/

Social media and Arab spring: What impact ?

The Arab Spring started in December 2010 in Sidi Bouzid, Tunisia. A street vendor named Mohamed Bouazizi set himself on fire after being humiliated by the police, and it immediately triggered protests all over the country. This local, small-scale event then spread out to countries of the MENA region such as Bahrain, Egypt, Jordan, Morocco, Syria, and Yemen. After roughly one month of protest, the former dictator Zine el Abidine Ben Ali was ousted. Similar, protests in Egypt brought about the resignation of President Hosni Mubarak, and the Yemeni President Ali Abdullah Saleh agreed to step down after 33 years in power. In other countries, protests were organized but only lead to promises of democratic reform, or harsh repression. They were striking similarities in the situations of the countries of this region, which also caused the Arab Spring to a certain extent. Moreover, they were also impacted by global economic crisis of 2008. All the countries (with exceptions of Qatar and the UAE) suffered from stagnant growth, high inflation, rising unemployment, and heavy government subsidies.

 Before analyzing how social media impacted the different social movements during the Arab Spring, it is important to note that these countries were in different stages of digital development. According to the regimes, a mix of censorship and openness were combined to regulate the use of social media.

 Social media and the aftermath of the Arab Spring

Social Media impacted the aftermath of the Arab Spring, to a certain extent. It helped the people choose their next candidate, as 48% of the people in Tunisia and 71% in Egypt declared that they were “more likely to vote for a candidate who uses social media to connect with citizens” (1). But social media has also been censored by a lot of government and regimes used the Internet in a strategic way. They identified how “to keep power the right way”, by analyzing “how the government can identify grievances and address them” (2). Therefore, the fact that social media was heavily controlled, or more or less open somehow led to different outcomes for the Arab spring. Some countries did not undergo a revolution or even a change of regime because they managed to control the situation before the use of social media spread information’s about the neighboring revolts. Paradoxically, some states displayed the highest levels of Internet usage (such as Bahrain with 88 percent of its population online), and other states displayed a really low level of Internet and social media exposure (like Yemen and Libya), but both experienced mass protests. One observation remains unclear and leads us to question the role of social media, ultimately. The countries of the Gulf, such as Qatar, Bahrain, the UAE and Kuwait “dominate the top five countries in terms of both Twitter users and volume of tweets” (1). The correlation remains unsettled; what is the role of social media in those countries? It might mean that social media doesn’t only have a political function but can be used for entertainment. The core difference in the countries that had high levels of Internet exposure and low levels of revolts and those that had high levels of revolts remains in how they dealt with the threat of social media. The Bahraini government for example, took advantage of its power at the beginning of the uprisings. They created a Facebook page called “Together to Unmask the Shia Traitors” to reveal the names and information’s about people that went to protests »(3). Facebook became a real wall of shame with the names of those arrested being publicly checked off on Facebook. Other pages served to humiliate anti-government activists. One of these was called “Against Ayat Al Qurmezi”, named after a 20-year-old girl who had participated in protests at Pearl Roundabout. These pages authorized posts and messages that were calling for her arrest, torture, and death.

Social media and its informative and organizational role

It is a fact that social media fulfilled an informative and organizational role in the protests. 9 out of 10 of Tunisians and Egyptians surveyed in the following months after the uprisings stated that they used Facebook to “organize protests or spread awareness about them” (2). It also helped linking different groups of a society that have no ties in the offline world and countries “where there was no strong civil society” (4). Moreover, the vast majority of people surveyed in Egypt and Tunisia (88 per cent for Egypt, 84 per cent for Tunisia) affirmed that they “were getting their information from social media sites” (2). Therefore, the main source of information shifted from the local traditional media, that was still linked to the old regime as they were state-owned, to social media. The main difference between traditional channels of media and alternative media is how they shape the information. Social media allowed the different actors to frame their own information and to share it with their own networks, rather than becoming aware of events without feeling part of it. Mass media, and traditional medias such as the television were all owned by companies, or specific business, therefore the information’s were framed in their advantage and through their lens. However, the role of social media remains partial. Real life networks are essential to understand the Arab Spring uprisings, especially in times where the governments decided to use censorships and shut down Facebook, and YouTube. There is an observable small Facebook penetration in countries such as Syria and Yemen. What can be argued it that Facebook was an instrumental tool for a core number of activists, while there were still social movements that were expanding for the entire population, rather than just people who used social media. In these countries, the population appealed to their own networks, through “traditional real-life networks of strong ties” (1). Egypt displayed a really low “penetration rate of 5.5%”, which represents 6 million Facebook users”. These 6 million have all a social network and contacts that can be influenced by information from those with Facebook accounts. The most important factor was how the people with a social network conveyed the information, and the extent to which they did it, as “strong interpersonal ties provide the influence upon recruitment” (3). In Yemen, the tribal and opposition groups have very solid, “dense networks of constituents” (3). They used traditional means to organize themselves rather than social media, yet managed to gather an important number of protesters. This demonstrates the importance of pre-existing organizational, or in this case, tribal, membership stipulated in social movement theory to bolster participation in social movements. The utility of social media when it comes to protests is not the only factor that has to be considered. It helps social movements flourish but does not cause them. The questions of the access to social media also remains unresolved. The “impact of those with no access”, as well as “the hyper connected elites” (2) has remained unexplored.

Conclusion

 To conclude, it is important to state that these social movements across the regions were “rooted in a broader set of economic, social, and political factors” (3), and social media cannot be seen as the only factor causing these revolts. However, social media helped the mass to organize themselves, and to spread neutral information, to the extent of reaching a revolution in some countries. To understand the role of social media on collective action, it is safe to take a contextualist approach. Academics need to understand the impact of political and social variations on the role of the social media in collective action during the Arab Spring, to explain the various outcomes of it in the different countries.

Skander HOUISSA

References

1-Dubai School of Government (2011). Civil Movements: The Impact of Facebook
and Twitter. [ebook] Arab Social Media Report. Available at:
https://www.arabsocialmediareport.com/UserManagement/PDF/ASMR%20Report%202.
pdf

2- Karatzogianni, A. (2013). A Cyberconflict Analysis of the 2011 Arab Spring
Uprisings. In: G. Youngs, ed., Digital World: Connectivity, Creativity and
Rights. Routledge.

3-Dewey, T., Kaden, J., Marks, M., Matsushima, S. and Zhu, B. (2012). The
Impact of Social Media on Social Unrest in the Arab Spring | Public Policy
Program. [online] Publicpolicy.stanford.edu. Available at:
https://publicpolicy.stanford.edu/publications/impact-social-media-socialunrest-arab-spring

4-Howard, P., Duffy, A., Freelon, D., Hussain, M., Mari, W. and Mazaid, M.
(2011). Opening Closed Regimes: What Was the Role of Social Media During
the Arab Spring?. SSRN Electronic Journal.

Luxe et réseaux sociaux, deux univers incompatibles ?

On pourrait penser de prime abord que le luxe et les réseaux sociaux sont deux concepts aux antipodes. En effet, le luxe représente un monde traditionnel, presque inaccessible tandis que les réseaux sociaux symbolisent la modernité, les nouvelles technologies et ont surtout vocation à toucher un large public. De fait, l’univers du luxe, jusqu’à présent réticent à ce changement, a pris beaucoup de retard dans sa transition digitale.

Les marques de luxe ont donc dû adapter leur stratégie de communication pour toucher une audience plus importante en démocratisant leur contenu grâce à un storytelling davantage universel. L’enjeu majeur auquel ces marques ont pu être confrontées est de trouver la juste combinaison, à savoir comment sembler accessible tout en restant inaccessible ? La grande difficulté à donc été de se positionner sur le même plan que leurs concurrents plus « mainstream » tout en gardant les valeurs intrinsèques au luxe. Il a donc été nécessaire de casser certains codes pour gagner en visibilité sur les plateformes et ainsi courtiser de nouveaux clients.

Les accélérateurs de cette transition

Différents facteurs ont poussé les marques de luxe à se lancer dans l’univers digital en soignant leur représentation sur les réseaux sociaux. En effet, avec la pandémie ainsi que l’arrivée sur le marché de nouveaux acteurs tels que les jeunes et la clientèle asiatique, les marques ont dû s’adapter à un changement drastique dans les habitudes d’achat des consommateurs de luxe.

Le marché asiatique

Dans un premier temps, on remarque depuis quelques années un fort attrait pour le luxe dans les pays asiatiques, notamment la Chine qui représente aujourd’hui 21% de la part de marché mondiale du luxe. Pour plaire à cette nouvelle clientèle très avancée sur la plan technologique, le luxe a donc dû accélérer sa transition digitale. Les réseaux sociaux vont également avoir une place très importante au sein de la jeune génération asiatique avec l’arrivée d’un nouvel état d’esprit dans l’habillement, le « to be seen on screen », c’est-à-dire être parfaits à l’image, avoir un look « instagramable ». Les designers doivent donc réfléchir à la manière de rendre chaque pièce plus photogénique en retravaillant les matières, les couleurs, les graphismes, …

Les jeunes 

Actuellement les générations Y et Z représentent environ 60% du marché du luxe et pourraient atteindre 70% d’ici 2025. Ainsi, ce secteur va devoir s’adapter aux nouvelles exigences, comportements, usages et habitudes de ces consommateurs. La caractéristique de cette génération est qu’elle affiche énormément sa vie sur les réseaux en montrant ce qu’elle fait, ce qu’elle aime ou encore ce qu’elle achète. Ils suivent énormément de créateurs de contenu et sont très influencés par ces derniers.

Le Covid

Enfin, le Covid a également joué un rôle dans le changement de comportement des individus. Depuis la propagation du virus, les questions d’éthiques et de développement durable semblent plus que jamais influencer les comportements d’achat. L’expérience en boutique, mais aussi tous les évènements tels que les défilés, les cocktails, les privatisations ont été interdis et ont donc amené les marques de luxe à se réinventer pour continuer à rester en contact avec sa clientèle. De fait, les investissements en stratégie d’influence ont fortement progressé.

Luxe et influence

Les réseaux sociaux viennent offrir un large éventail d’outils marketing afin d’attirer ces nouvelles cibles et convenir aux nouveaux modes de consommation de ses clients. Ainsi, le but des réseaux sociaux pour une marque de luxe ne va pas être de vendre directement ses produits sur la plateforme, mais plutôt de soigner son image et surtout sa e-réputation. Ils apportent un nouveau souffle qui permet de rajeunir leur image, de gagner en transparence afin de sensibiliser plus sur certains enjeux.

Soigner sa e-réputation afin d’attirer les jeunes

A la différence des consommateurs de luxe traditionnels, les jeunes vont être très sensibles aux problématiques liées à l’environnement, l’éthique ou encore la diversité. Ainsi, c’est dans l’intérêt des marques de luxe d’utiliser cet outil numérique afin de promouvoir ces valeurs dans sa communication sur les réseaux. Ceci pourra également être l’endroit où la marque pourra faire preuve de transparence en montrant, par exemple, comment sont confectionnés ses produits au travers de vidéos (voir « focus sur Lena Situation »). La stratégie de certaines maisons à l’instar de Moncler ou encore Valentino est d’afficher clairement des messages forts pour promouvoir l’éthique ( comme suppression de la fourrure pour la protection animale) de la marque ainsi que leur démarche éco-responsable.

Le choix des influenceurs et marketing d’influence

L’ère des égéries (top modèles, actrices, …) a fait place à celle des influenceurs. Ce choix n’est plus directement imposé par la marque mais par une synergie entre popularité et éthique. L’influenceurs doit véhiculer des valeurs que partage la marque, mais qui sont également en accord avec sa propre ligne éditoriale. Il faut donc réussir à trouver une triple symbiose entre la marque, l’influenceur et sa communauté.

Pour toucher à la fois les générations Y et Z, les marques de luxe vont devoir sélectionner avec soin les influenceurs afin qu’ils continuent à porter l’image et les valeurs de la marque. Le markéting d’influence va donc être utilisé par les maisons de luxe comme un outil phare de leur stratégie de communication sur les réseaux sociaux. A titre d’exemple, aujourd’hui Dior n’hésite pas à inviter des influenceurs à ses défilés, auparavant réservés aux célébrités ou personnalités mondiales (exemple : Lena Situation, Paola, …  ) .

Le choix de ses influenceurs ne va pas se faire au hasard. Les marques vont devoir choisir des personnalités en accord avec les aspirations des jeunes en combinant de manière subtile les méga, macro et micro-influenceurs. Les top influenceurs vont venir contribuer à renforcer l’image et la notoriété de la marque tandis que les macro et micro-influenceurs vont davantage se focaliser sur un objectif d’engagement et de confiance, permettant de gagner en authenticité. Créant ainsi une relation bilatérale, dans la mesure ou la notoriété de l’influenceur varie en fonction du prestige de la marque.

In fine, les influenceurs permettent de montrer à leur audience des produits et services afin de démocratiser ce secteur autrefois perçu comme exclusif et trop fermé. A l’inverse des célébrités, les influenceurs possèdent une relation plus intime avec leur communauté. Ceci permet de donner de la valeur aux marques grâce aux recommandations faites par les influenceurs jugés comme étant légitimes et authentiques.

Par ailleurs, on remarque que lorsqu’une marque fait appel à un influenceur pour promouvoir l’un de ses produits, ceci sera davantage un produit accessible tel que du cosmétique ou encore un parfum, plutôt que des sacs ou du prêt-à-porter. L’influenceur crée ainsi une clientèle de primo accédant qui pourra ensuite se familiariser et s’intéresser à une gamme plus élevée.

Focus sur Léna Situation & Chiara Ferragni

Sans aucun doute, on peut dire que la bloggeuse et styliste Chiara Ferragni a été la pionnière dans le marketing d’influence en étant l’une des premières personnalités à faire des collaborations avec les plus grandes marques de luxe. Déjà en 2018, la maison de haute couture Dior a pu sponsoriser son mariage. Selon l’agence Launchmetrics, l’impact médiatique du mariage est estimé à 5,6 millions de dollars, et la photo de sa robe de mariée a été likée plus de 2 millions de fois sur son compte Instagram.

Du côté français, on peut s’accorder à dire que l’influenceuse la plus populaire du moment est Lena Situation, très médiatisée depuis 2020. En seulement 2 ans, la créatrice de contenu a déjà eu l’opportunité de faire des collaborations avec les plus grandes marques de luxe telles que Balmain, Miu Miu ou encore Dior. Ainsi, sur la chaîne Youtube de Lena il est possible de retrouver un contenu exclusif comme la présentation des ateliers Dior ou encore de nombreux défilés de mode.

Les réseaux sociaux comme nouvel outil de vente

Les réseaux sociaux dans l’avant et après-vente

Les réseaux sociaux vont intervenir à différentes étapes dans le cycle d’acquisition d’un produit de luxe. Tout d’abord, ils vont jouer un rôle majeur dans la découverte d’un produit. De ce fait, lors du lancement d’une nouvelle gamme de produit, les marques de luxe ne vont pas hésiter à faire appel à des influenceurs pour la faire découvrir à sa communauté. On pourrait par exemple citer la campagne de Lancôme avec la sortie de son nouveau parfum « la vie est belle – l’éclat ». De plus, les influenceurs modes sont également suivis par leur communauté comme étant des modèles dans leur style vestimentaire. Ainsi beaucoup de marques vont faire du « gifting » pour qu’un influenceur porte son produit et ainsi donne envie aux individus de sa communauté d’acheter cette pièce pour faire le même look.

Ensuite les réseaux sont également très importants dans la phase d’avant-vente, lors de la prise de décision. En effet, les réseaux sont le terrain parfait pour trouver des avis sur un produit, et voir comment il rend dans « la vraie vie ».  

Offrir une nouvelle expérience

Enfin, les réseaux sociaux permettent d’étendre l’expérience luxe au delà du monde physique. On  a beaucoup vu ces dernières années des marques de luxe faisant appel à la réalité augmentée. On pourrait par exemple citer Dior qui s’est associé à Snapchat pour lancer ses nouvelles sneakers B23 avec la création d’un filtre où l’utilisateur a la possibilité d’essayer ses chaussures de manière virtuelle.

Margaux Tournois

Sources :

Léontine Parolini, L’industrie du luxe et les influenceurs : un combo gagnant, Mai 3, 2021

#TheFerragnez | L’impact digital du mariage de Chiara Ferragni & Fedez, Sep 06, 2018

Carine Zanchetta, Luxe et marketing d’influence : une union dans l’air du temps Jun 22, 2021

Caroline Boudehen, Comment les jeunes et riches Chinois bousculent le marché du luxe Mai 13, 2021

Le luxe face au défi des réseaux sociaux, Juil 31, 2017

Les réseaux sociaux créent-ils une dépendance et quels en sont les effets notamment chez les jeunes? 

De nos jours, les jeunes se tournent et s’investissent fortement dans toute plateforme. Elles permettent d’établir des liens entre les différents utilisateurs mais elles permettent aussi d’intégrer certains groupes. Il est largement admis que les réseaux sociaux peuvent être une arène dans laquelle les jeunes se connectent et interagissent de manière compulsive. Par exemple en 2016 une plateforme tel que Facebook connaissait une influence quotidienne de 1.09 milliard d’utilisateurs actifs. 

La société actuelle connait un réel essor de l’ensemble des technologies. La population est constamment à la recherche d’outil plus petits et plus performants. Dorénavant les téléphones portables sont de réels ordinateurs, et ils permettent d’avoir un accès permanent aux différents médias sociaux. L’ensemble de ces technologies a donc créé une réelle dépendance de la population vis-à-vis des réseaux sociaux. Ces addictions sont dues au fait que sur les différents réseaux sociaux l’utilisateur joue un rôle actif dans la création du contenu. Cette participation accrue des membres permet de créer et de renforcer les différentes expériences. Le fonctionnement de ces différentes plateformes repose en grande partie sur les interactions auxquelles participent les différents utilisateurs. Celles-ci peuvent donc être à l’origine de certains effets négatifs, notamment sur la santé mentale de la jeune population. On trouve souvent : des pensées suicidaire, une baisse de l’empathie, une hausse de la solitude, etc. 

Aux États-Unis la RSPH (Royal Society for Public Health), à mener une étude auprès d’un large panel d’adolescent en 2017 afin d’étudier les effets de cette sur exposition. Tout d’abord, ils ont remarqué que 91% des personnes entre 18 et 24 ans utilisent internet afin d’avoir accès aux réseaux sociaux. 

Lors de cette étude, la population interviewée assure que les grandes plateformes telles que Facebook, Twitter, Instagram et Snapchat créent un réel sentiment d’anxiété, ce qui peut entrainer d’autres conséquences néfastes. Ce sentiment d’inquiétude, peut mener à une déscolarisation des jeunes, à un isolement, etc. Cette étude montre notamment que les jeunes qui sont exposés plus de deux heures par jour sur ces réseaux sociaux, sont plus enclin à l’anxiété. 

Le sentiment d’anxiété ou de dépression, peut être lié au fait que les jeunes individus postent des photos de leurs vacances ou de leurs soirées. Au vu de cette exposition de la vie privée certaines personnes peuvent trouver leur vie comme étant banale et sans réel intérêt.  

De plus, les médias sociaux sont des lieux où l’on cherche à montrer la perfection (une vie personnelle parfaite, un physique parfait). Cette quête peut être la source de perte de confiance en soi, de dépression ou encore d’anxiété, car les personnes n’ayant pas cette vie peuvent tout remettre en question. Au Royaume Unis près de 80 000 jeunes sont en dépression, suite à l’utilisation des réseaux sociaux. Cette maladie psychique, peut apparaître lorsque les jeunes sont connectés plus de deux heures par jour sur les réseaux. Le fait d’être constamment joignable, rend les utilisateurs enclins à diverses pressions. Certaines études ont même cherché à prédire si une personne était dépressive ou non en fonction de ses publications. La prédiction de l’état dépressif d’une personne s’est élevée à 70% en se basant uniquement sur les Tweets d’une personne. D’après l’OMS la dépression est une des principale cause d’incapacité, et celle-ci peut mener au suicide, qui est la deuxième cause de mortalité chez les 15-29 ans. 

Une surexposition et une dépendance vis-à-vis des réseaux sociaux, peuvent déclencher d’autres effets néfastes sur la santé mentale des jeunes. En effet, une mauvaise santé mentale peut avoir pour conséquence d’avoir un mauvais sommeil, et un sommeil perturbé peut lui aussi avoir des répercussions sur la santé mentale des individus. Un sommeil agité peut être à l’origine d’hypertension, d’obésité ou encore de diabète. Le fait de consulter nos réseaux sociaux avant d’aller se coucher peut-être à l’origine d’un sommeil perturbé. Cela est dû au fait que le cycle cérébral va être perturbé suite à cette surexposition aux écrans. Notre cycle de sommeil sera donc décalé, et les individus dormiront moins. De plus certaines études montrent que près d’un jeune sur cinq se réveille pendant son cycle de sommeil afin de consulter ses messages sur les différentes plateformes. Cette action perturbe encore plus le sommeil notamment chez les jeunes. Cela aura des répercussions le lendemain, car un sentiment de fatigue permanente sera exprimé par le corps. 

Les réseaux sociaux restent un mode de communication très porté sur le physique des individus. On cherche à atteindre la « perfection ». Les jeunes ont donc une image négative de leur corps, car ils se comparent sans cesse à des individus qui selon eux ont le physique idéal. Sur Instagram par exemple plus de 100 millions de photos et vidéos sont publiées chaque jour et plus de 500 millions de comptes utilisent la story Instagram chaque jour. L’ensemble de ces contenus permet aux jeunes de se comparer sans cesse. Environ neuf jeunes adolescentes sur 10 sont insatisfaites de leurs corps. Cette insatisfaction pousse les jeunes adolescents à avoir recours à la chirurgie esthétique (environ 70 % des 18-24 ans envisageraient de subir une intervention de chirurgie esthétique). Dorénavant, les jeunes ne vont plus chercher à être eux-mêmes, mais ils cherchent à ressembler aux autres, afin d’être «accepté» par la société qui les entoure.  

Un autre fait marquant suite à la surexposition aux réseaux sociaux, peut être le cyber-harcèlement ou l’intimidation en ligne. Les jeunes sont dorénavant en contact quasi-permanent les uns avec les autres. Cette interaction constante permet à certains de continuer leurs intimidations même lorsqu’ils ne sont pas en contact direct avec la personne.

Ces nouvelles formes de communication, permettent de diffuser des photos ou vidéos rapidement et à grande échelle, ce qui peut chambouler la santé mentale de la victime. Le cyber-harcèlement est aussi présent sur les réseaux sociaux du fait de la possibilité d’anonymat. D’après une étude publiée dans l’Encéphale, sur 272 personnes interrogées, 95 personnes (soit 35%) affirment avoir été victime de cyber-intimidation au moins une fois. Cette étude est basée sur la moyenne d’âge des 12-22 ans. 21% de ces 95 personnes disent souffrir de dépression sévère, 15% se disent anxieux, et d’autres éprouvent d’autres troubles mentaux. Ces cyber-harcèlements peuvent prendre différentes formes : des commentaires négatifs ou des messages privés directement. Ce type d’intimidation est d’autant plus dangereux, que les différentes plateformes ne réagissent que très rarement au signalement de ces contenus (afin de les supprimer). D’après une étude menée par Centre pour contrer la haine numérique (Center for Countering Digital Hate) les plateformes telles que Facebook, Twitter ou Instagram ne sont que trop peux réactives au vu de ces contenus, car ils ne suppriment que 16% des publications antisémites (soit 84% des contenus qui ne sont pas retirés de la plateforme). 

Enfin, la montée en puissance des réseaux sociaux, a fait émerger un nouveau courant qui est « la peur de manquer » (Fear of Missing Out). Le terme FoMO désigne la peur de rater un événement social ou quelque chose d’agréable qui se déroulerait sans l’individu. Afin de ne rien manquer ces individus doivent être constamment connectés sur les réseaux sociaux. La peur de manquer peut-être la source de baisse de l’humeur ou de perte de satisfaction dans la vie. 

Nous pouvons donc conclure qu’avec une croissance continue de la possession de notre société de téléphone portable, de tablettes et d’autres appareils électroniques, ainsi que l’essor des diverses applications ainsi que le développement de la technologie en elle-même, la dépendance vis-à-vis des réseaux sociaux doit-être et restera une préoccupation majeure. Une telle addiction peut avoir des effets quasiment irréversibles sur la santé mentale des jeunes. En effet, cela peut mener à un décrochage scolaire, des automutilations ou encore une dépression. C’est pour cela qu’une mise en garde ainsi qu’une prévention concernât les risques des surexpositions aux médias sociaux doit être effectuée auprès des jeunes. Les différents réseaux sociaux tels que Facebook, Twitter et Instagram, doivent aussi s’impliquer dans la protection de leurs utilisateurs. Un contenu étant signalé comme étant négatif, doit être retiré de la plateforme, un utilisateur ayant été trop de fois signalé au vu de son contenu doit être banni de réseau social. Les jeunes doivent donc être accompagnés afin d’avoir une utilisation optimale de ces différents médias sociaux. 

Oscar PERRIN

Sources:

  • L’Encéphale: https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0013700612000097?casa_token=NSmtDM4B8p0AAAAA:RiujOSM3XhYVZpQuc5RqUrOU_6RSoaQg1IzEkjS-5262_wrakFcYJ2g9PyNQOtR34H4LJGYBlfA

Snapchat Shows : de nouvelles opportunités publicitaires ?

Apparus en novembre 2018, les « shows » sont des programmes vidéo quotidiens ou hebdomadaires que l’on peut retrouver dans l’onglet Discover de Snapchat. D’une durée comprise entre 3 et 7 minutes, ils combinent la volonté de proposer du contenu plus scénarisé tout en participant à la tendance des formats courts. Les annonceurs étant de plus en plus friands de la publicité sur les réseaux sociaux, quels sont les arguments de Snapchat pour les convaincre ?

Les shows au coeur du Discover

Format vertical s’imbriquant dans une série composée plusieurs épisodes, les shows Snapchat sont proposés par des éditeurs et abordent plusieurs sujets : actualité, société, cuisine, sport ou encore beauté. Contrairement aux éditions publishers également présents dans le Discover, les shows ne disparaissent pas après 24h. Proposés exclusivement par une cinquantaine de partenaires media sélectionnés par Snapchat, ils ne sont donc pas (encore) accessibles en termes de production au grand public, ni aux autres créateurs de contenu.

Les partenaires éditoriaux de Snapchat, dans la rubrique Discover

Chaque show est scénarisé, planifié en termes de fréquence et d’audience par l’éditeur, et ensuite validé par le réseau social. Il de se focaliser sur un thème ou un angle, moins développé dans les éditions publishers. Par exemple, « Témoignage » par Cosmopolitan propose chaque semaine un épisode de 300 secondes d’une prise de parole face relatant tabous persistants dans la société (troubles psychiatriques, violences, handicap etc.).

Avec une durée de quelques minutes, les éditeurs (et Snapchat) ont la volonté de créer de nouveaux rendez-vous, afin de créer de la fidélité et augmenter le temps passé sur l’application. Avec des formats courts, ils ont la volonté de séduire les générations, notamment habituées à la courte durée des Tiktoks et des Reels Instagram. La proposition par série permet donc d’installer un réel storytelling et de préserver l’attention de l’utilisateur, avec comme objectif à long terme de développer des fictions ou des mini-séries.

Un reach potentiel non négligeable

Si la motivation des éditeurs réside dans le fait d’informer leur audience, le reach potentiel de la plateforme demeure un très bon argument de vente auprès des annonceurs. En effet, selon Médiamétrie, en janvier 2022 en France, Snapchat comptait 25,2M de visiteurs uniques (+26% par rapport à 2020), et 18,1M par jour (+32% par rapport à 2020). Son score journalier le classe 5e des marques les plus visitées sur internet, derrière Google, Facebook, Youtube et WhatsApp. L’application dépasse Instagram de plus de 3M de visiteurs uniques journaliers alors qu’Instagram compte 10M de visiteurs mensuels de plus au niveau mensuel. Une preuve d’engagement pour Snapchat : un utilisateur est plus susceptible d’ouvrir Snapchat une fois par jour plutôt qu’Instagram.

Cette progression des visiteurs uniques va de pair avec les utilisateurs actifs quotidiens (DAU), qui sont près de 16,6 millions en France et 82 millions en Europe. La diffusion des campagnes publicitaires a ainsi de grandes chances d’atteindre un niveau d’impressions satisfaisant. Le potentiel d’audience de la plateforme est significatif, sachant que le temps moyen/jour d’un utilisateur Snapchat est de 49 minutes, et plus d’une heure pour les utilisateurs entre 15 et 24 ans, le faisant réseau social le plus important en termes de temps d’utilisation. Dans le cas des shows, il faut compter 2 publicités pour 5 minutes de format. Avec un plus grand temps passé pour l’utilisateur, un plus grand nombre d’affichage de publicités est possible.

PureBreak, éditeur géré par Webedia, compte en avril 2020 3,8M de visiteurs uniques. Ses trois shows, « Match ou Next », « Off Screen » et « L’interro Surprise » atteignent une audience de 2,6 millions de spectateurs uniques en moyenne sur la plateforme. Si les annonceurs peuvent craindre une audience trop jeune (spectateurs non-décisionnaires d’achats), Snapchat a récemment diffusé ses audiences, en affichant que 14,9% des audiences touchés par la publicité sont mineurs. Si ce n’est un engagement de transaction, les annonceurs peuvent organiser des campagnes avec pour objectif de la notoriété ou du branding.

Age de l’audience de Snapchat en France, par DataMind, basé sur les rapports de Snap Ads Manager

Des formats publicitaires spécifiques

Avec 2 coupures publicitaires pour 5 minutes de contenu, les annonceurs ont de quoi se positionner sur la plateforme.


Les formats publicitaires sur Snapchat, © Snap Inc

  • Les Snap Ads. GIF animé ou vidéo, cette publicité intervient entre les Snaps présents dans le Discover. Agrémenté d’un CTA (Call To Action) tel que « Voir », « Jouer », « Acheter » ou encore « S’inscrire », ce format permet de générer du traffic ou d’augmenter les téléchargements d’une application, mais aussi d’améliorer le taux de conversion. Bien que les normes de Snapchat acceptent les publicités jusqu’à 3 minutes (idéales pour les teasers ou bandes annonces), le format recommandé est de 3 à 5 secondes, afin de maximiser l’attention de l’utilisateur.
Exemple : Snap Ad de Krys

  • Les Snaps Commercials. Ce format publicitaire est considéré comme premium, car non-skippable pendant 6 secondes, en plein écran et avec le son activité automatiquement. Les annonceurs peuvent décider du placement de leur publicité, avec une réservation de l’emplacement dans le contenu éditorial des shows. Cela leur permet d’obtenir une meilleure mémorisation du message par un meilleur taux de complétion vidéo. Snapchat a communiqué la campagne exclusive de Coca Cola Light Taste, qui a été diffusée exclusivement sur Snapchat pour en mesurer la réelle efficacité. Résultat : taux de complétion moyen de 80%, mémorisation publicitaire de plus de 18 points et augmentation des ventes de 3,6%.

  • Les Collection Ads. Composé d’un carrousel d’images et/ou de vidéos, ce format est utilisé surtout dans un but de conversion pour le e-commerce. Il apparaît entre le visionnage de deux stories, et dans le cas des shows, entre deux épisodes.

  • Les Story Ads. Ces annonces viennent se mélanger aux éditions publishers et aux shows dans le discover. Comme si ces publicités étaient des émissions/contenus à part entière, elles ne s’activent que si les utilisateurs cliquent dessus.

  • Les Dynamics Ads. Ces annonces permettent de mettre en avant des publicités directement avec le catalogue produit de l’annonceur, avec un ciblage et une sélection automatique.

  • La native/partenariat éditorial. Non-gérable directement par Snap Ad Manager, ce format consiste à faire la promotion d’un produit/d’une marque à travers le journaliste qui présente le Show. Les annonceurs passent alors directement par la rédaction de l’éditeur, ce partenariat sera néanmoins toujours validé par Snapchat, car eux-seuls valident scénarios et contenus avant la diffusion.

En ce qui concerne le prix, le réseau social propose deux options : un budget quotidien (minimum de 5€) ou un budget global sur une période définie. Snapchat met à disposition, pour les annonceurs préférant collaborer directement avec leur régie publicitaire et non avec celles des éditeurs, des prévisions d’affichage et du nombre de « Swipe-Up ». Snapchat peut ainsi vendre des emplacements au sein des contenus éditoriaux et entre les épisodes des Shows des éditeurs, en leur partageant 50% des revenus. Cependant, toutes les données récoltées auprès des segments d’audience des publicités vendues par Snapchat leurs sont réservées, et les éditeurs ne peuvent y avoir accès. Du côté des régies publicitaires des éditeurs, les tarifications des formats varient entre 8 et 12€ de CPM (Coût Par Mille).

Pourquoi Snapchat ?

Tout comme ses concurrents, Snapchat propose un ciblage data précis, qui permet de viser des secteurs démographiques, des intérêts ou encore la localisation de ses utilisateurs. A l’instar de Facebook, il propose également des audiences personnalisées qui permettent de créer des Lookalikes, pour cibler des utilisateurs similaires aux clients actuels de l’annonceur. Les différents formats laissent libres les annonceurs pour exprimer leurs créativités, tout comme optimise le temps de ceux qui souhaitent réaliser les campagnes les plus simples possibles (GIF d’images par exemple). Moins populaire auprès des annonceurs, comme Facebook Ad Manager avec Instagram, la concurrence peut également être plus faible sur Snapchat. Argument de taille, l’écosystème éditorial fermé du Discover, avec seulement des partenaires médias, protège des fakes news. En contrôlant le contenu éditorial, Snapchat s’assure d’avoir un environnement sain pour ses annonceurs au sein du Discover. Par ailleurs, Snapchat possède des règles publicitaires assez strictes, avec un encadrement autour des sujets sensibles pour les annonceurs comme pour le public, avec notamment les sites de rencontre, l’alcool, les traitements minceurs, la chirurgie esthétique, les jeux d’argents ou encore les produits financiers.

Cependant, Snapchat possède des contraintes non négligeables. Par exemple, le format vertical, avec très peu de largeur peut contraindre les annonceurs qui ont l’habitude de promouvoir avec des formats horizontaux. En ayant moins d’offres publicitaires pour des normes plus strictes que ses homologues, Snapchat a également des contraintes en termes de possibilités pour les plus petits annonceurs, n’ayant pas nécessairement le budget.

Snapchat est en test pour un nouveau modèle de contenu, les Dynamic Stories, permettant aux articles d’un site de remonter directement en story dans le flux de Discover, avec en swipe up l’accès au site de l’éditeur. Deux problématiques inhérentes à cette démarche : quels seront les impacts sur les formats publicitaires des articles sur les sites, et quid de la présence exclusive des éditeurs partenaires sur le Discover.

Alice Joie

Sitographie

Reach new heights with social media integration

Social media has become an integral part of our daily lives, and it’s only getting more integrated into a wider ecosystem. According to The Global State of Digital 2022 report, only last year has seen a 10.1% increase in social media users, making a total of 4.62 billion

The number of social media platforms for marketing and promotion is growing, with TikTok being the most recent addition. Facebook, Instagram, Twitter, LinkedIn, Pinterest, and Youtube are the most used ones. In this post, I want to share with you how to make the most out of social media by integrating them into your website and how to make them work together for your benefit.

First, let’s understand what is website social media integration?  

Website social media integration is the act of using social media accounts as an extension of your website marketing strategy and improving your user experience by exploiting the features developed by social media providers. This allows you to redirect your social media audience to your website and vice versa.

Social media integration is one of the key factors for your online marketing efforts. It helps you accomplish a few key goals:

  • Increase your brand reach and awareness –  social media integration helps you to increase traffic to your website through social media, on the other hand, it provides a wider reach of your social media activity by encouraging website visitors to join your social following. 
  • Increase engagement – social media integration with your website adds call-to-actions and makes it more engaging 
  • Grow conversions –  you can ease your website user flow by some features offered by social media providers that can make your prospective customers’ journey more smooth and eventually help them do your desired actions. 
  • Built trust –  bringing visibility to your social media activities and mentions help visitors to create higher levels of trust.

The number of social media platforms for marketing and promotion is growing, with TikTok being the most recent addition. Facebook, Instagram, Twitter, LinkedIn, Pinterest, and Youtube are the most used ones.

Let’s get into more details on best practices of social media integration

Social login

Social login is a single sign-on for end users which uses the existing login information from a social network provider. Due to social login users can sign in to your website with social media authentication and avoid filling in all the required information for creating a new account.


Users usually abandon websites on the account creation step. The main 2 reasons are that they avoid filling out registrations form and are having trouble creating and remembering another username and password. According to the 2019 State of Password and Authentication Security Behaviors Report, respondents spend an average of 10.9 hours per year setting and/or resetting passwords. Social media logins are game savers here. When already logged in to the social media account users can experience a one-click sign-in to your website which ensures a smooth user journey, thus, a better conversion rate.

Social media login comes with other benefits as well. When logging in via social media account email of the user is verified by the social network provider. Furthermore, you can get additional information about users, such as interests, birthdays, location, etc. This will allow you to provide personalized content for your users. And finally, people usually keep their social media profiles up to date unlike their accounts on most of the other websites and applications.

With all of its benefits, social logins are also a subject of discussions for security and privacy. Take some additional efforts to ensure that your social login experiences are secure and communicate it to your customers.

You can see the example ASOS e-commerce website social login with awesome communication to customers explaining the “why” and assuring privacy.  

Useful tools for social login integration:

Social sharing 

Social sharing buttons on your website pages not only give your readers a seamless way to share your content but also allows you to increase engagement on your social media and website. This also increases the likelihood of sharing your web content on other websites, therefore, affecting your SEO efforts. 

Although social sharing buttons are critical be careful to not spam your webpage by overuse of them. Keep the focus on sharable content and only for platforms that are relevant to your brand. 

Word Stream chooses one of the most popular positionings – the floating social buttons on the left side of the content. Furthermore, the number of shares is displayed on top of the buttons that encourage users to share. Find more about social media sharing buttons on their blog post

Screenshot from the website https://www.wordstream.com/

Here is another example where we can see multiple social sharing buttons and other call to actions on one screen, which can overwhelm customers. 

Screenshot from the website https://neilpatel.com/

Useful tools for social sharing:  

Social Media Feed

This integration helps to display your brand’s content from social media platforms on your website and keep it up to date. 


There are many tools that allow you to choose which social media posts you want to share, customize your layout, and choose the type of content (mentioned posts, page posts, videos, etc.) you want to be displayed. 

A successful example of social media feed integration is Life Is Good clothing brand which displays on the home page of its website their customers’ posts from Instagram using #ThisIsOptimism hashtag. Not only does this keep the webpage more interesting and always updated, improving brand image and customer connection, but also the brand links the products used in the photos to their shopping pages, which boots sales.  

Screenshot from the website https://www.lifeisgood.com/

Useful tools for social media feed display :

Social Media Reviews

Reviews build trust and credibility for your business and help your prospective customers with buying decisions. However, customers do not always leave reviews on the webpage but on the social media platforms of their preference, and people who come to your website are not necessarily aware of those. There are many tools that can help you not only display and keep up to date on those reviews but also add new ones through social media authentication.

Useful tools for social media review display:

Social Shops

According to Instagram research 70% of shopping enthusiasts, people turn to Instagram for product discovery.  Another loved social media platform for product discoveries is Pinterest. According to Pinterest weekly Pinners are 7x more likely to say that Pinterest is the most influential platform in their purchase journey, compared to social media platforms.

Thus, if you have an e-commerce webpage go ahead and upload your product catalog on social media and link them to your website. Here are examples from Camp Brand Goods on Instagram and Hoff on Pinterest.

Screenshot from Instagram
Screenshot from Pinterest

These social media integration tips can take your marketing efforts to the next level. Start your journey right away!


Author: Anna Simonyan

Mapstr : nos bonnes adresses sur le bout des doigts

  • Mapstr, le réseau social français pour partager ses bonnes adresses
Logo Mapstr

Mapstr, produit purement français, est une application permettant de répertorier et d’enregistrer ses adresses coup de cœur, qu’elles soient des restaurants, des bars mais aussi des châteaux ou même encore des Escapes Games. Tout simplement, n’importe quelle adresse ouverte au public.  Apparue sur nos smartphones en juillet 2015, cette application signée Sébastien Caron est un véritable réseau social à la fonctionnalité d’un social bookmarking. En d’autres termes, il s’agit d’un service en ligne qui permet aux utilisateurs d’ajouter, d’annoter, de modifier et de partager des signets, ici des adresses.

Lorsque vous ouvrez l’application, vous êtes toujours accueilli par une carte en plein écran. Vous pouvez vous déplacer et consulter vos précédents tags, et appuyer sur une épingle pour obtenir plus de détails. Vous pouvez filtrer les tags à l’aide du tiroir de tags situé sur la gauche (restaurant, sushi, cocktails, etc.). Et bien sûr, vous pouvez ajouter de nouveaux lieux avec de nouveaux tags et en laissant votre propre commentaire. Mapstr est également un excellent moyen de vérifier les heures d’ouverture, d’obtenir le numéro de téléphone d’un restaurant et bien plus encore.

Captures d’écran de l’AppStore

Mais ce n’est pas tout. L’utilisateur peut également ajouter ses amis, ce qui rend l’application et l’expérience un peu plus sociales. La plateforme a été intelligente et n’a pas ajouté les adresses préférées des abonnés et amis sur la carte de l’utilisateur. Cela aurait pollué tout le travail que l’utilisateur a réalisé pour créer sa carte. Au lieu de cela, il suffit taper sur le nom d’un ami et charger sa carte.

Aujourd’hui, Mapstr c’est plus de 2.5 millions d’utilisateurs, une application disponible en 11 langues mais également une équipe de 9 personnes derrière ce phénomène qui ne fait que gagner en visibilité à travers le monde.

Captures d’écran de l’AppStore
  • Qu’en est-il du marché des plateformes de recommandations en ligne ?

Il est vrai que les fonctionnalités de Mapstr peuvent paraître (et sont) ingénieuses. Beaucoup d’entre nous en sont même facilement arrivés à penser « Mais oui c’est brillant, comment cela se fait que personne n’y ait pensé avant ?! ». Et bien si, d’autres y ont pensé. Seulement, ils y ont pensé, mais différemment.

Tout d’abord, nous avons tout simplement Google Maps lui-même qui propose un service similaire à celui de Mapstr. Avec un compte Google, vous pouvez cartographier des lieux spécifiques et les enregistrer sur votre compte. Ces signets vous permettent de localiser rapidement des restaurants, des commerces ou plus généralement des lieux insolites. Vous pouvez également envoyer un emplacement marqué d’un signet à une autre personne par courrier électronique en copiant simplement l’URL applicable. Cependant, la limite de la concurrence de Google est que le géant est certes un GAFAM, mais pas un réseau social.

Site TechCrunch

Ensuite, nous pouvons également mentionner Yelp. Fondé en 2004, Yelp est un annuaire en ligne populaire permettant de découvrir des entreprises locales, qu’il s’agisse de bars, de restaurants, de cafés, de coiffeurs, de spas ou de stations-service. Vous pouvez effectuer des recherches sur Yelp via son site web ou avec les applications officielles sur les appareils intelligents iOS et Android. Les listes sont classées par type d’entreprise et les résultats sont filtrés en fonction de la situation géographique, de la fourchette de prix et de caractéristiques uniques comme les places en plein air, le service de livraison ou la possibilité d’accepter des réservations. Yelp a un fort aspect social et encourage ses utilisateurs à laisser des avis écrits, des étoiles et des photos de leur expérience avec chaque commerce qu’ils visitent. Chaque compte Yelp possède une liste d’amis qui peut être alimentée en connectant l’application à Facebook et au carnet d’adresses d’un smartphone ou d’une tablette. Les avis publiés sur Yelp peuvent également être commentés par d’autres utilisateurs, tandis que les avis populaires ont la possibilité d’être promus au statut de Yelp Elite. En 2020, Yelp était le premier site d’annuaires publics en ligne et Google avait même proposé d’acheter la plateforme pour la somme de 550 millions de dollars en 2005.

Captures d’écran de l’AppStore

En outre, le réseau social Instagram saura également faire de l’ombre à notre service de cartographie made in France. En novembre 2020, Instagram a lancé une nouvelle fonctionnalité appelée Guides, qui offre à certains comptes un moyen de créer du contenu centré sur des recommandations et des conseils de bien-être. Depuis, Instagram a étendu les Guides à l’ensemble de la plateforme, les ouvrant à tous les utilisateurs et permettant aux marques et aux entreprises de les utiliser plus facilement dans le cadre de leurs stratégies de médias sociaux et de contenu. Les guides Instagram sont une nouvelle fonctionnalité qui permet aux utilisateurs de découvrir et de partager facilement des recommandations, des conseils et d’autres contenus provenant de créateurs individuels, de petites entreprises ou de marques. En utilisant une combinaison de textes et de visuels, les Guides Instagram ressemblent à des articles de blog de type liste et vous aident à créer du contenu approfondi pour vos followers. Bien qu’ils apparaissent dans leur propre onglet distinct de votre flux principal, ils peuvent être découverts sur la page Explore ou par le biais des Instagram Stories et des messages directs. Il est vrai que les recommandations d’adresses n’est pas l’utilité principale d’Instagram, mais il s’agit néanmoins d’un réseau avec une importante communauté fidèle toujours avide de nouvelles fonctionnalités.

Captures d’écran du compte Instagram @leparisdalexis

Tout le marché semble donc être occupé par les Américains. Tout ? Non ! Quelques irréductibles Gaulois résistent encore et toujours à l’envahisseur. En effet, Mapstr est accompagné sur le marché depuis 2019 par Delicously. Cette start-up aussi française propose le même principe : une application sous la forme d’une cartographie afin de trouver des recommandations, uniquement de restaurants cette fois-ci. Attention, à la différence de Mapstr, l’utilisateur n’a pas beaucoup de pouvoir sur l’application. Celui-ci ne peut pas personnaliser la carte. Plus précisément encore, il ne peut pas rajouter lui-même d’adresses (mais seulement en soumettre auprès de l’application) ou ajouter des tags. Il s’agit simplement sur cette application de visualiser les recommandations de restaurants.

Captures d’écran de l’AppStore
  • Vers où se dirige le potentiel de cette plateforme ?

Mais où se trouve Mapstr dans tout cela ? Par son influence croissante, Mapstr a su démultiplier son utilité.  Par exemple, durant la pandémie du Covid 19, l’application a décidé de se mettre au service des petits commerçants. C’est ce qu’explique Sébastien Caron, le fondateur de Mapstr, à BFM Business dans une interview en novembre 2020. Tout au long de cette crise sanitaire, Mapstr s’est donc réinventé et, avec sa communauté grandissante, a décidé de créer des cartes collaboratives où chacun pourrait entrer des informations, en particulier des informations locales pour aider les petites entreprises et leur permettre de mettre en avant leurs services révisés pour faire face à notre nouveau mode de vie. La plateforme avait mis en place une rubrique dédiée aux petits commerçants dans le besoin sur laquelle il était rappelé que tel commerçant proposait le click-and-collecte ou encore qu’un autre proposait le service de livraison. De cette manière, nos petits commerçants préférés ont pu alimenter leur visibilité durant ces temps durs.

Mapstr prend de plus en plus d’importance dans le quotidien de ses nombreux utilisateurs. La plateforme clôturait l’année 2021 avec 44 millions de lieux visités dans l’application, 9.55 millions d’adresses sauvegardées et 3.29 millions de cartes consultées. Mapstr devient également un véritable outil de travail pour de nombreux commerçants qui peuvent désormais suivre leurs statistiques et découvrir leur communauté grâce au lancement de tableaux de bord et à la mise en place de la plateforme VIPstr pour faciliter la mise en relation avec les influenceurs de Mapstr. Aujourd’hui, la carte de Mapstr s’exporte et grandit de façon exponentielle. On peut notamment parler de la carte collaborative créée en 2021 destinée aux commerces français de Sao Paulo ou encore de la carte collaborative créée dans le cadre d’un partenariat entre Mapstr et HomeExchange (une plateforme d’échanges de maisons et d’appartements entre particuliers). On peut rajouter à cela des collaborations avec Konbini Food, Relais & Châteaux, Nike sans oublier ELLE Magazine. Le mois dernier, Sébastien Caron le disait lui-même : Masptr c’était « 3 millions ouvertures de l’appli, 1.2 millions de lieux enregistrés, 5.4 millions de lieux visités, ça fait un sacré mois de Mars. »

Face à ses concurrents aux profils divers et variés, Mapstr apprend à trouver et confirmer sa place en rendant l’expérience des utilisateurs unique à son réseau social : un service de cartographie basé sur la confiance pour recommander, découvrir mais aussi partager avec un cercle privé.

Victoria Kubisa

Sources

Alcouffe, E. (2021). « Nouvelle fonctionnalité « Guides » d’Instagram », Junto. Available at : https://junto.fr/blog/fonctionnalite-guides-instagram/

Bosson, V. (2022). « Où trouver les commerces français à São Paulo ? », Le petit journal. Available at : https://lepetitjournal.com/sao-paulo/communaute/ou-trouver-commerces-francais-sao-paulo-335924

Gailhard, J. (2019). « Mapstr, carte du monde des bonnes adresses : avis et test », Generation Voyage. Available at : https://generationvoyage.fr/mapstr-avis-test/

Lainé, L. (2022). « HomeExchange crée sa carte de bonnes adresses avec Mapstr », L’écho touristique.Available at : https://www.lechotouristique.com/article/homeexchange-lance-sa-carte-de-bonnes-adresses-avec-mapstr

Luczak-Rougeaux, J. (2019). « Mapstr veut devenir le premier réseau social de lieux dans le monde », Tom Travel. Available at : https://www.tom.travel/2019/03/19/mapstr-veut-devenir-le-premier-reseau-social-de-lieux-dans-le-monde/

Unknown (2020). « 15 choses que vous ne savez peut-être pas sur Yelp », News Chastin. Available at : https://news.chastin.com/15-choses-que-vous-ne-savez-peut-etre-pas-sur-yelp/

Les réseaux sociaux menacent votre santé mentale ?

Les réseaux sociaux constituent désormais un moyen de communication et d’échange incontournable. Nous trouvons tous du plaisir à « scroller » et à « texter ». Aujourd’hui, être jeune, c’est être connecté, mais aussi être exposé à cette nouvelle forme de dépendance. Essayez de tenter l’expérience de vous passer de votre smartphone et de vos navigations sur les réseaux sociaux. Vous vous rendrez rapidement compte qu’il s’agit d’une privation et d’un manque difficilement supportable. Votre activité et votre présence sociales s’en trouvent affectées ainsi que votre niveau d’information et suivi de l’actualité. J’en ai tenté l’expérience et c’est une des conclusions que je retiens au bout d’une semaine.

Les réseaux sociaux font partie de notre comportement social. À l’instar de tout autre phénomène social, les abus, le manque d’encadrement et les excès exposent les utilisateurs à des risques et notamment les plus vulnérables parmi eux.

Il s’avère que les adolescents et les jeunes sont les plus grands « consommateurs » des réseaux sociaux. En raison de leur vulnérabilité et de leur usage souvent démesuré de ces médias, ils sont les premiers concernés par les risques qui se traduisent souvent par les troubles de comportement et des troubles mentaux.

Comment se présente la situation en termes d’utilisation des réseaux sociaux et quels risques pour les adolescents et les jeunes ? C’est l’objet de cet article qui essayer d’apporter quelques éléments de réponse.

Les réseaux sociaux : réalité indéniable

En 2022, plus de 4,6 milliards de personnes sont des utilisateurs actifs des réseaux sociaux. Il s représentent 58,4% de la population mondiale et près des trois-quarts (74,4%) de la population âgée de 13 et plus. Cela montre manifestement une nouvelle réalité des comportements sociaux qui s’est diffusée à l’échelle planétaire.

Figure 1 : Population mondiale, internautes et utilisateurs actifs des réseaux sociaux (janvier 2022)

Source : d’après les données de We are social and Hotsuite, Digital 2022: April Global Statshot Report

Le nombre des personnes utilisatrices des réseaux sociaux n’a cessé d’augmenté. Il a évolué à un rythme annuel de 11,6% durant la dernière décennie en passant de 1,72 milliard en 2013 à 4,62 milliards en 2022; rythme dépassant celui du nombre des internautes (8,2% par an) et nettement plus élevé que celui de la croissance démographique mondiale (1,1%).

Figure 2 : Évolution du nombre des internautes et des utilisateurs actifs des réseaux sociaux

Source : d’après les données de We are social and Hotsuite, Digital 2022: April Global Statshot Report

Les jeunes constituent les principaux utilisateurs des réseaux sociaux. Les données montrent qu’en 2022, plus de 45% des utilisateurs actifs des réseaux sociaux sont âgés de 13 à 29 ans. Rappelons que leur poids dans la population totale se situe à moins de 27,6% ce qui montre un taux de pénétration de l’usage des réseaux sociaux beaucoup plus élevé chez les jeunes que pour le reste de la population.

Figure 3 :Répartition des utilisateurs actifs des réseaux sociaux selon le genre et les tranches d’âges

Source : d’après les données de We are social and Hotsuite, Digital 2022: April Global Statshot Report

Les réseaux sociaux impactent la santé mentale

Actuellement, plus de 1 million de nouveaux utilisateurs des médias sociaux sont enregistrés chaque jour, soit 13,5 nouveaux usagers à chaque seconde, dont 6 jeunes.

Les données montrent que l’internaute passe désormais près de 7 heures par jour à utiliser Internet sur tous les appareils. Cela représente environ 40% de sa vie éveillée (si on considère que la personne moyenne dort environ 7 à 8 heures par jour). Plus du tiers du temps de connexion sur internet est consacré à l’utilisation des réseaux sociaux, soit en moyenne 2 heures 27 minutes par jour. Il s’agit d’un comportement social devenu, désormais extrêmement important et qui est susceptible de générer des effets négatifs notamment en matière de santé mentale pour la population la plus vulnérable, à savoir les adolescents et les jeunes.  

D’une manière générale, près d’une personne sur dix vit avec un trouble mental. En effet, une étude réalisée en 2017 a estimé que 792 millions de personnes vivent avec un trouble de santé mentale (dépression, anxiété, trouble bipolaire, etc.). Les jeunes sont les premiers concernés par les troubles de santé mentale : les trois quarts des troubles de santé mentale commencent avant l’âge de 24 ans.  

Les troubles mentaux sont influencés par nos interactions sociales au quotidien . La plupart de ces interactions se produisent via les réseaux sociaux, notamment pendant les confinements qui se sont enchaînés et la période postpandémie de la Covid-19. Aujourd’hui, la possession d’un smartphone est presque universelle, notamment pour les adolescents et les jeunes.

Cette utilisation accrue des réseaux sociaux a des effets négatifs particulièrement pour les adolescents compte tenu des particularités de cette période de la vie de la personne. En effet, à cette tranche d’âge, ils sont particulièrement sensibles aux risques des nouvelles technologies. Pendant l’adolescence, le développement rapide des circuits socioaffectifs du cerveau peut accroître la sensibilité à l’information sociale. Les adolescents utilisateurs des réseaux sociaux sont en quête de récompenses sociales et s’exposent aussi à la pression suscitée par l’évaluation par les pairs.

L’adolescence favorise l’établissement de relations intimes, le développement de l’indépendance par rapport aux adultes et l’exploration de l’identité et de soi. Les réseaux sociaux présentent l’espace le plus attrayant pour les adolescents afin de développer ces différents aspects. En effet, ces réseaux offrent une opportunité singulière en matière d’environnement social et d’espace d’échange d’expériences et d’informations personnelles qui sont disponibles à tout moment avec une échelle d’appréciation quantifiable à travers les « j’aime », les « vues » et les « partages ».

Mais concrètement, comment les réseaux sociaux peuvent-ils affecter notre état mental ? Des activités spécifiques en ligne ont été identifiées comme des facteurs de risque potentiel de problèmes de santé mentale. Citons-en quelques-unes :

  • La cybervictimisation ou le harcèlement en ligne, s’est constamment avéré associé à des taux plus élevés d’automutilation et de comportements suicidaires. Selon une étude effectuée sur des élèves allemands, le harcèlement en ligne, comparé au harcèlement physique et relationnel, est le facteur d’influence le plus important sur la santé mentale des adolescents (d’âge moyen 14,9 ans). Ceci a été expliqué par le fait qu’ils passent beaucoup de temps sur les réseaux sociaux, ce qui renforce des effets psychosociaux profonds, tels que la dépression, l’anxiété et le suicide.
  • Les adolescents se sentent souvent dépassés par ce qui se passe sur les réseaux sociaux et la pression qu’infligent certaines plateformes, notamment Instagram. Une plateforme connue pour n’afficher qu’une parfaite représentation de la vie de ses utilisateurs. Il est en effet beaucoup plus courant pour les jeunes de publier le côté positif de leur journée. Ceci est expliqué par la pression qui accompagne le fait de poster sur les réseaux. Selon une enquête réalisée par Pew Research Center en 2018, environ quatre personnes sur dix (âgés entre 13 et 17 ans) affirment qu’elles ressentent une pression de ne poster que du contenu qui donne une bonne image d’eux ou qui apportera plus de commentaires et de « j’aime ». Par ailleurs, 45% des adolescents disent qu’ils se sentent dépassés par tout le drame sur les médias sociaux. Ils sont particulièrement vulnérables et sensibles au contenu qu’ils consomment chaque jour. Cette sensation peut conduire à des effets beaucoup plus néfastes comme de l’anxiété ou des troubles alimentaires dans le but de construire cette image « parfaite ».
  • L’algorithme des réseaux sociaux est conçu à fin de remonter à l’interface des utilisateurs un contenu qui leur correspond. Cela va donc dépendre des données partagées avec la plateforme en question, les interactions (likes, commentaires et partages) des utilisateurs. D’où vient le « Pour toi » de Tiktok et « Explorer » d’Instagram par exemple. Ceci renforce les biais de confirmation des adolescents qui passent par des périodes difficiles et qui se retrouvent face à des contenus qui appuient leurs pensées négatives. Les utilisateurs des réseaux sociaux se retrouvent donc dans des chambres d’écho qui, à long terme, ont des effets cumulatifs sur leur santé mentale. Il a été prouvé que les jeunes exposés à des contenus comportant un comportement à risque (par exemple la consommation d’alcool ou d’autres substances) peuvent être susceptibles d’engager ces comportements. Le contenu non modéré lié à l’automutilation ou suicide est aussi facilement accessible en ligne, notamment sur Twitter. Des enquêtes ont montré qu’une proportion significative de jeunes hospitalisés pour des tentatives de suicide ou d’automutilation ont été exposés préalablement à des scènes similaires en ligne.

Conclusion : questions et interrogations

En dépit des conclusions irréfutables de plusieurs études et recherches, certaines plateformes refusent d’admettre publiquement les effets générés par leurs réseaux sur la santé mentale des utilisateurs. Citons, par exemple, le cas de Meta qui a constamment minimisé les risques et effets négatifs d’Instagram sur les adolescents et n’a pas rendu publiques ou accessibles ses recherches aux universitaires ou aux législateurs qui l’ont demandée.

Il faut donc se demander si nier les faits minimise les risques auxquels nous sommes exposés ? Sommes-nous condamnés, en tant qu’utilisateurs des réseaux sociaux, à être exposés à ces risques ? Comment atténuer la portée de ce danger sur les populations vulnérables et notamment les adolescents et les jeunes ? Faut-il instaurer une autorité de régulation et de contrôle à l’échelle mondiale ou se fier uniquement à la modération interne des plateformes ? Quel rôle à jouer par le système éducatif ? Cela représente autant de questions que de challenges à relever par les différentes parties prenantes impliquées dans ce nouveau fléau mondial.

Asma Zaafrane

Sources :

  1. Mental Health Myths and Facts|MentalHealth.gov. 2020. Available online: https://www.mentalhealth.gov/basics/mentalhealth-myths-facts.
  2. Consequences of Bullying on Adolescents’ Mental Health in Germany: Comparing Face-to-Face Bullying and Cyberbullying / Baier, Dirk ; Hong, Jun Sung ; Kliem, Sören ; Bergmann, Marie Christine. Source : Journal of child and family studies, 2018-07-18, Vol.28 (9), p.2347-2357
  3. Anderson M, Jiang J. Teens’ Social Media Habits and Experiences. Pew Research Center website. https://www.pewresearch.org/internet/2018/11/28/teens-social-media-habits-and-experiences/#fn-21827-1 Published November 28, 2018. Accessed January 10, 2020.
  4. Moreno MA, D’Angelo J, Whitehill J. Social media and alcohol: Sum­mary of research, intervention ideas and future study directions. Media and Communication. 2016;4(3):50-59.
  5. Nesi J, Prinstein MJ. Using social media for social comparison and feedback-seeking: Gender and popularity moderate associations with depressive symptoms. J Abnorm Child Psychol. 2015;43(8):1427-1438. doi: 10.1007/s10802-015-0020-0
  6. Facebook Knows Instagram Is Toxic for Teen Girls, Company. The wall street journal, By Georgia Wells Follow , Jeff Horwitz Follow and Deepa Seetharaman Follow Sept. 14, 2021 7:59 am ET

Les communautés de gamers sur les réseaux

Introduction

Par le passé, les gamers se rassemblaient sur des blogs dans le but d’échanger des informations sur leurs jeux préférés ou même de poster des astuces pour aider les autres joueurs. Le but était aussi pour les gamers d’échanger sur leurs avis au sujet des nouveaux jeux ou de leurs attentes. Depuis, de nouvelles plateformes ont émergé et ont pour pu regrouper leurs utilisateurs afin de les rassembler en communautés. Les plateformes les plus utilisées par les gamers de nos jours sont Reddit, Discord, Steam, Youtube, Twitch et Facebook, chacune assez différentes les unes des autres et remplissant des besoins spécifiques des communautés de gamers. 

Présentation des plateformes

Reddit :

Reddit est un réseau social qui proposent une grande quantité d’informations sur de nombreux sujets très différents. Les communautés gaming s’en servent pour regrouper et partager des informations sur différents jeux en les organisant sous différentes catégories. On y retrouve des guides, des espaces de questions réponses, des challenges ainsi que des espaces pour montrer ses progrès et succès. Une des particularités de la plateforme est sa page principale appelé « frontpage » où l’on peut y retrouver tout les subreddits (que l’on pourrait qualifier de fils de discussion) auxquels une personne est abonnée. Cela permet l’utilisateur d’avoir une vue d’ensemble et un historique pour les différents jeux qui l’intéresse.

Discord : mai 2017 à juin 2020 nombre d’utilisateurs passé de 45 à 300 millions

Discord est assez différente de Reddit. La plateforme avait été inventée pour le gaming dans le but de permettre à des individus de communiquer entre eux oralement lors de jeu en ligne. Depuis, la plateforme s’est lentement transformée en réseau social qui permet aux joueurs de se regrouper par serveurs et de communiquer par écrit et oral. Ces serveurs sont des groupes privés créé par les utilisateurs qui peuvent inviter leur contact en envoyant un lien exclusif à leur serveur. Dans le but de structurer les serveurs, il est possible d’organiser les discussions en les subdivisant en salons de discussions. Si certains serveurs sont utilisés par des groupes d’amis pour jouer ensemble en multijoueurs à plusieurs jeux, d’autres serveurs permettent à de nombreux inconnus de jouer à un jeu très spécifique ensemble, comme le serveur de LoLFR qui héberge actuellement 129972 membres.

YouTube : (405 millions de personnes qui suivent le top 10 des streamers sur Youtube)

Youtube est connu pour être un site web d’hébergement de vidéos et a dédié une grande partie de son catalogue au gaming. La plateforme permet au créateur de contenu de partager des vidéos sur leur chaine mais aussi de streamer des parties en direct afin de pouvoir échanger immédiatement avec leur audience et leur communauté. Ces deux parties sont très complémentaires sur la plateforme et permettent de varier les expériences pour l’utilisateurs. L’espace commentaire sous les vidéos gaming sont souvent des espaces de discussion pour les différentes communautés qui sont cruciales à son bon développement.

Twitch : (peak at 9.98 million active streamers (janvier 2021))

Twitch est un service de diffusion de vidéos en direct. La plateforme fait beaucoup de bruit depuis quelques années et est devenue un incontournable pour les communautés de gamers. Le contenu sur Twitch n’est pas exclusivement lié au jeu vidéo mais cela reste la principale activitée de la plateforme. Twitch est devenue la plateforme la plus populaire pour regarder du contenu de jeux vidéo avec les plus gros créateurs de contenu présent sur la plateforme. Les communautés de gamers sont très actives sur la plateforme et les intéractions entre membre et avec le streamer sont multiples. 

Facebook :

Finalement, Facebook est un média social qui comptabilise 2.9 millards d’utilisateurs et est connu mondialement. La plateforme accueille de nombreuses pages dédiées aux jeux vidéo souvent découpées par franchises animées par des fans. Facebook à décidé de se lancer dans le monde du gaming et a lancé le 1er juin 2018 Facebook gaming. Celle-ci a pour but de regrouper des vidéos de jeu en direct et préenregistrées sur la plateforme. La plateforme a longtemps eu une phase expérimentale mais commence enfin à accélérer son développement. Depuis peu, certains streamers ont d’ailleurs commencé leur transition de Twitch vers Facebook Gaming (comme les populaires Disguised Toast, T90Official…) du fait des contrats plus avantageux et ont emmené leur communauté avec. 

Les raisons de l’essor du gaming sur les réseaux

Le monde du gaming est en pleine expansion depuis un certain nombre d’années et les communautés de gamers ont suivi cette évolution. C’est d’ailleurs un des rares domaines qui a pu profiter du confinement et qui a pu voir soir ses ventes exploser durant la période avec une croissance de 11,3% sur l’année 2020. Le confinement a également permis aux communautés de joueurs de jeux vidéo de se rassembler plus qu’au paravent. En effet, les intéractions sociales étant limitées, beaucoup se sont tournés vers l’internet et les communautés de jeu pour palier à ce manque. Les joueurs se regroupent sur différentes plateformes dans le but d’interagir entre eux. Les raisons pour lesquelles les gamers utilisent ces réseaux sociaux ou autres plateformes sont multiples mais l’idée principale est de rejoindre et de faire partie d’une communauté. Pour la majorité d’entre eux, rejoindre une communauté permet de briser l’isolement créée par le monde du jeu vidéo. Les réseaux sociaux permettent l’intéraction entre les joueurs et de rassembler des groupes de personnes qui partagent les mêmes intérêts. En effet, 56% des gamers utilisent Youtube comme la plateforme principale où ils échangent sur l’actualité d’un jeu et 48% des gamers sur la plateforme estiment qu’ils passent plus de temps à regarder du contenu qu’eux même passe à jouer. De plus les réseaux sociaux et plateformes sont également beaucoup utilisés pour y trouver des conseils (74% des gamers estiment que les communautés en ligne sont les meilleurs endroits pour trouver des conseils et améliorer sa technique ou même découvrir de nouvelles fonctionnalités). La notion de pédagogie est très importante dans ces communautés avec une grande partie du contenue étant à l’origine dédié aux tutoriels pour nouveau jusqu’au conseil pour montre en niveau.

Un nouveau phénomène, le social gaming

Aussi connu sous le nom du « jeu vidéo communautaire », le social gaming rassemble des jeux vidéo via certains réseaux sociaux. Ce sont généralement des jeux largement multijoueur et relativement simple, mais qui possèdent tout de même un gameplay assez riche. Les exemples des jeux les plus populaires sont : Zynga, Playfish et Playdom. Ils sont souvent disponibles sur navigateur web ou alors sur certaines plateformes sur appareil mobile. La simplicité de ces jeux permet une prise en main rapides et ne demandent rarement ou peu d’investissement au long terme. Le succès de ces jeux repose sur la viralité du phénomène assuré par les réseaux sociaux. Facebook est un exemple de plateforme qui encourage le développement de ce genre de jeu. La différence avec les jeux classique est repose sur le fait de faire intéragir les utilisateurs entre eux et de créer un espace de compétition. Cela créer un environnement léger ou les gamers peuvent se mettre en compétition sans se prendre trop la tête en dehors de leurs jeux principaux.

La ruée vers le Metaverse, réelle opportunité pour les entreprises ? 

Introduction

La semaine dernière, Ledger annonçait son entrée dans le Metaverse. La suivante, c’était Slipknot. Celle d’après, The Sandbox décide de lever 400 millions de dollars. Le Metaverse et ses promesses paraissent à première vue engendrer un engouement certain à l’échelle mondiale.

En effet, le terme Metaverse est synonyme d’innovation, et il a séduit de nombreuses entreprises qui ont décidé de s’y positionner, alors même que la définition du Metaverse reste obscure pour une majorité de la population et que ses cas d’usage sont encore limités.

Il semble intéressant et important de comprendre pourquoi et comment les entreprises se positionnent sur les Metaverses, la façon dont elles communiquent à ce sujet, et la différence entre la réalité actuelle et les promesses de demain. 

Définition

Il convient d’abord de définir ce qu’est le Metaverse. Ce mot a été créé par l’auteur de science-fiction américain Neal Stephenson dans sa nouvelle Snow Crash parue en 1992. On peut définir le Metaverse comme étant un réseau massivement étendu, décentralisé et interopérable de plusieurs mondes virtuels. Ce sont ces mondes, communément appelés « les metaverses », qui sont actuellement en train de voir le jour et sur lesquels les entreprises se positionnent déjà. 

Pour autant ces Metaverses ne représentent pas LE Metaverse. En effet, ces mondes virtuels sont pour la plupart non interopérables et non décentralisés. Ces mondes ne communiquent pas entre eux, que les données restent à la main du propriétaire du monde et que les expériences proposées au sein de ce monde virtuel sont proposées par son propriétaire. 

Les Metaverses rassemblent des éléments du jeu vidéo, des éléments sociaux, commerciaux, en une seule plateforme. On peut y vivre des expériences sociales en ligne telles que des concerts, des réunions de travail, ou des jeux, par exemple. 

Ainsi, il existe de multiples Metaverses qui proposent tous des expériences différentes à ses utilisateurs et des partenariats variés avec les entreprises : Epic Games, Meta, Microsoft, Decentraland, The Sandbox, etc. Les jeux tels que Fortnite et Roblox peuvent également être considérés comme tels.

Certains Metaverses comme The Sandbox favorisent l’implantation de grandes entreprises dans leur espace, tandis que d’autres Metaverses sont complètement centralisés et ne permettent aux entreprises qu’une utilisation similaire aux autres utilisateurs (Workrooms par exemple). Les Metaverses offrent une opportunité de marketing B2B, et on a déjà pu constater l’organisation de réunions virtuelles par son biais.

Le succès de « The Sandbox »

On va ici étudier plus en détail The Sandbox, car c’est une entreprise française qui est parvenu à attirer de nombreuses entreprises du monde entier. 

The Sandbox est accessible depuis un logiciel Windows. Actuellement en cours de développement, la saison 2 de l’alpha s’est terminée fin mars 2022, et la saison 3 sera bientôt accessible aux détenteurs de tickets gagnés lors de la saison 2. 

Il était déjà possible, durant cette saison 2, de découvrir l’univers de The Sandbox à travers certains LANDs avant son lancement officiel, pour récolter des premiers retours et montrer à ses utilisateurs le type d’expériences qu’ils pourraient y vivre. 

Cette plateforme est décentralisée, c’est-à-dire que ses utilisateurs peuvent la contrôler en partie, tout son fonctionnement n’est pas entre les mains de The Sandbox. Elle n’est pas interopérable, ce qui signifie qu’on ne peut pas faire passer des éléments de ce Metaverse à un autre.

Les transactions dans The Sandbox sont faites en via la blockchain Ethereum pour l’achat des NFTs qui sont affichées, et via les SAND pour l’achat et l’entrée sur les espaces propriétaires, les LANDs.

C’est cette particularité et cette décentralisation qui font que de nombreuses entreprises se positionnent actuellement sur la plateforme. En effet, contrairement à d’autres Metaverses, The Sandbox offre une certaine liberté de création et de commercialisation via des NFTs que d’autres ne permettent pas. 

La liste des sociétés présentes sur The Sandbox s’allonge de semaine en semaine, au fur et à mesure qu’elles achètent des LAND à des prix d’or (Carrefour avait payé 300 000€ en février 2022 pour acquérir un terrain virtuel). On peut retrouver une cartographie des LANDs (terrains virtuels dans l’univers The Sandbox) à l’adresse suivante : https://www.sandbox.game/en/map

Quand on étudie la liste des entreprises présentes dans The Sandbox, on constate qu’elles proviennent de tous les secteurs, même ceux n’étant pas directement liés aux nouvelles technologies du Web3. Voici une liste non-exhaustive des entreprises présentes dans The Sandbox à date du 30 avril 2022 : 

Adidas, Atari,Club Leader Price, Carrefour  , Gucci, HSBC, Ledger, Ubisoft, Samsung, Square Enix, PricewaterhouseCoopers, Warner Music, et bien d’autres.

On constate qu’on a de nombreux domaines très variés : jeux vidéo, luxe, téléphonie, musique, grande distribution, etc.

Ces marques proposent des expériences virtuelles dans la limite des possibilités offertes par The Sandbox. Par exemple, Warner Music Group a confirmé en janvier 2022 avoir acheté des parcelles sur The Sandbox et projette de construire un univers pour assister à des concerts d’artistes renommés (Ed Sheeran, Dua Lipa, Green Day) et pour explorer des parcs d’attractions musicaux. 

L’interface de The Sandbox se rapproche de celle d’un MMORPG classique (jeu de rôle en ligne massivement multijoueur). En effet, on y retrouve un inventaire, un chat général et par zone, la possibilité d’interagir directement avec les avatars présents par le biais d’actions telles que des danses ou d’autres animations. Certains lobbys (espaces virtuels fermés et interconnectés) proposent des expériences encore plus proches de celles d’un jeu. 

Un enthousiasme à nuancer

Néanmoins, tout cet engouement peut être relativisé quand on observe des signaux faibles tels que le réajustement du cours des crypto-monnaies en 2021 ou le récent flop de la vente aux enchères du 1er tweet de l’histoire en avril 2022. Vendu une première fois à 2,9 millions de dollars, son propriétaire avait voulu le revendre 49 millions mais la meilleure offre s’est arrêtée à 10 millions. De même, Meta a connu des résultats décevants au dernier semestre 2021 : une baisse de son bénéfice de 8%, et une stagnation du nombre d’utilisateurs malgré son ambition de créer le Metaverse de demain.

Ces signes sont inquiétants pour l’avenir du Metaverse quand on sait que les NFTs et les cryptomonnaies en sont des technologies essentielles. En effet, c’est sur elle que reposent tout le système de propriété interopérable des actifs numériques. C’est par la vente de NFTs que les entreprises vont pouvoir accorder différents avantages à leurs clients, et générer des revenus.

Cet écart entre l’engouement suscité par les nouvelles technologies du Metaverse et les usages réels qui existent à l’heure actuelle ou dans un futur proche font écho au « cycle de la hype », théorisé et actualisé tous les ans par l’entreprise américaine de conseil Gartner. Gartner place les technologies émergentes du moment sur une courbe, le temps étant en abscisse et les attentes en ordonnées. 

On observe un pic de hype lorsque les attentes sont au plus haut, qui retombe lorsque l’on réalise que la technologie va requérir trop de temps avant d’être utile ou qu’elle ne le sera tout simplement jamais : c’est la désillusion. 

Pour les NFT (non-fungible tokens), les attentes en 2021 étaient très élevées, mais cette technologie n’atteindra son plateau de productivité que dans 2 à 5 ans. Le plateau de productivité est la période de temps où une technologie trouve une application concrète et peut perdurer.

Si l’on ne peut classer les Metaverses sur cette courbe (car ils sont constitués de multiples technologies), on peut néanmoins y placer les technologies essentielles : NFT, cryptomonnaies, VR et AR notamment.

La question qui peut légitimement se poser dans ce contexte est la suivante : dans quelle mesure l’arrivée d’entreprises dans le Metaverse offre t elle un vrai plus, dans la mesure où les usages réels ne sont pas encore bien définis et que les Metaverses investis ne sont pas tous très populaires parmi les consommateurs “traditionnels” de ces marques ?

Par exemple, dans le cas de Carrefour, la réaction des utilisateurs avait été assez critiquée sur les réseaux sociaux, car elle ne répondait à aucun de leurs besoins, et semblait être une initiative prise pour des raisons marketing et financières : montrer dans un premier temps que l’entreprise reste dans l’air de son temps, et se positionner en avance sur un potentiel marché futur avant les autres. 

Les marques doivent nous utiliser pour faire du branding

Sébastien Borget, COO de The Sandbox

Disposant d’1,6 millions d’utilisateurs en 2021, The Sandbox peut éventuellement influencer les consommateurs. Mais l’aspect innovant est désormais moindre car les entreprises rejoignant le Metaverse sont nombreuses. En revanche, il est toujours possible d’innover par les expériences proposées.

En revanche, se positionner en amont sur le Metaverse pour commencer à expérimenter semble être une idée pertinente quand on sait qu’une personne sur quatre passera au moins une heure par jour dans le Metaverse d’ici 2026 selon une étude de Gartner.

De plus, certaines marques – et notamment les marques de luxe – ont déjà prouvé que le Metaverse peut être source de revenu, dans la mesure où la revente de biens digitaux coûte moins que la production d’objets physiques. 

Le Metaverse représente à la fois un eldorado d’opportunités business pour les entreprises, mais peut tout aussi bien se révéler être un gaspillage de ressources s’il ne réussit pas à convaincre les consommateurs, qui sont le cœur de cible de ce marché.

Gaspard Martin-Lavigne

Influenceurs et communautés : bouleversement dans nos relations (para)sociales

Il devient presque inutile aujourd’hui de présenter les relations parasociales, tant elles ont fait l’objet d’un regain d’intérêt à l’ère de l’explosion des médias sociaux. Il est pourtant nécessaire de revenir à l’essence même du terme pour comprendre la suite du propos. Après un premier essor dans les années 1950s en parallèle de celui des médias de masse et une formulation du terme par les chercheurs américains en science sociales D. Horton et R. Wohl[1], il revient sur le devant de la scène avec l’apparition de nouveaux acteurs : les influenceurs. Désignant primairement une « relation psychologique unilatérale vécue par quelqu’un qui ressent un lien émotionnel et intime avec quelqu’un qu’il n’a jamais rencontré », le terme prend tout son sens dans l’étude du lien entre un influenceur et sa communauté au même titre qu’il y laisse apparaitre des limites nouvelles. A son apparition au siècle dernier, le but était principalement de mettre un mot sur la fascination que l’on pouvait ressentir face aux stars hollywoodiennes que l’on pouvait voir quotidiennement sur le petit écran de notre salon mais que l’on savait au même moment inatteignable, car socialement très distancée de nous. Les créateurs de contenu, les nouvelles stars d’aujourd’hui, sont alors parvenus, en apparaissant spontanément dans le paysage médiatique moderne, à remettre en lumière cette relation en la reformattant aux normes d’une société comme « horizontalisée » par les réseaux sociaux.

Première vidéo postée sur Youtube en 2005

2005, la première vidéo Youtube est postée sur la plateforme. Presque 20 ans plus tard, ce sont près de 720 000 heures[2] de contenu qui sont postées chaque jour et des milliers de créateurs / micro-entrepreneurs qui ont fait de cette nouvelle activité passion, un réel business. Le phénomène de Youtuber prend de l’ampleur dans les années 2010s pour s’étendre à toute la panoplie de réseaux sociaux actuels – Instagram, Tiktok, Twitch, Twitter, etc. – faisant de ces nouveaux influenceurs, des acteurs éminemment importants pour les utilisateurs, principalement la jeunesse. De leurs collaborations avec diverses marques aux invitations à des évènements prestigieux, ces nouvelles stars n’ont rien à envier aux stars plus « classiques » du cinéma ou de la musique. Ayant construit de bout en bout ce qu’ils nomment souvent leur « communauté » (l’ensemble des gens qui les suivent), ces influenceurs peinent souvent à se définir comme des célébrités et leurs followers comme des fans, tout en en cochant la plupart des cases.

Même s’il était difficilement envisageable, il y a 10 ans de cela, de s’imaginer faire carrière sur les réseaux sociaux, c’est aujourd’hui une réalité. Et cette réalité de célébrité est d’autant plus flagrante qu’elle est assez facilement mesurable par le nombre à côté de leur photo de profil, pouvant monter à plusieurs millions de followers. Suivre de près la carrière de Leonardo DiCaprio ou les posts Instragram de LenaSituations se résume alors au même principe d’unilatéralité, essentiel dans la qualification des relations parasociales. Les influenceurs ne dérogent pas à la règle : malgré l’appellation de « communauté », leurs followers restent cantonnés au rang de « fan ».

Compte Instragram de l’influenceuse LenaSituations

Revenons maintenant à nos relations parasociales. S’il est indéniable que la relation entre un influenceur et sa communauté relève d’une relation parasociale, elle prend une forme assez différente de celle étudiée dans les années 1950s. D’après une étude de Shupel Yan de la Northern Illinois University[3], les relations parasociales sont fortement corrélées à la proximité et la similitude qu’un individu ressent face à la personne qu’il admire. C’est sur ce point précis que la relation va changer. Les influenceurs ont cela de particulier et de nouveau de mettre en avant un contenu plus personnel et intime qui va toucher son audience d’une manière différente. Alors que, précédemment, les relations parasociales semblaient se baser sur de l’admiration pour le talent ou la personnalité de la célébrité, les nouvelles relations semblent davantage construites sur les bases de confiance et de proximités entre les parties. Les stars hollywoodiennes vont alors assez peu évoquer leur vie privée – ou de façon non-consentie par l’intermédiaire de journalistes – alors que les influenceurs auront tendance à partager cela de façon beaucoup plus naturelle, comme on le partagerait à des amis. Le climax de ce phénomène s’illustre parfaitement par les vlog – vidéos de la journée d’un influenceur, permettant à sa communauté une immersion totale dans son intimité. Au fil du temps, l’audience de ces influenceurs développe un sentiment intimiste qui reflète et reproduit les interactions sociales réelles, s’intensifiant à l’obtention d’informations personnelles sur ces célébrités. La frontière entre relations parasociales et simple relation sociale se floute en même temps que les conditions ne sont plus pleinement remplies.

Alors que l’exposition aux contenus des influenceurs est beaucoup plus intense – voir quasi quotidienne – les réseaux sociaux révolutionnent la relation par l’accessibilité accrue à l’influenceur qu’ils donnent à sa communauté. L’asymétrie qui enfermait et isolait pendant longtemps la star à ses fans se rompt en un message privé sur Instagram ou un commentaire sous une vidéo Youtube. Le fan passif devient actif de la construction de sa relation avec sa célébrité. Selon le Dr Cook, « Social media allows the untouchable to become touchable » (les réseaux sociaux permettent à l’inatteignable de devenir attaignable). La relation peut alors sortir du domaine imaginaire car même si le retour n’est pas assuré, l’espoir, lui, est bien présent, et la probabilité bien plus grande. Et même s’il est également possible de contacter Beyoncé en DM, les bases de proximité sur lesquelles se sont construites les relations entre les créateurs de contenu et leur communauté permettent bien plus facilement un échange entre les parties. Les nouvelles technologies ont permis de transformer les interactions parasociales en une représentation plus précise des interactions sociales. Cette simulation d’une amitié réelle est entretenue par les influenceurs – de manière consciente ou non – par l’intermédiaire de rencontres (meet-up), d’incitation à l’interaction (sondage, Q&A, etc.) ou même par l’utilisation du tutoiement lorsqu’ils s’adressent à eux. Les followers cherchent une relation bien différente avec les influenceurs, qu’ils voudraient souvent – et le plus possible – d’égal à égal, allant jusqu’à critiquer les créateurs qui s’éloigneraient de leur communauté en gagnant en popularité.

Vidéo Vlog de l’influenceuse Enjoyphoenix (film de ses vacances partagé à sa communauté)

Malgré l’interaction possible, l’asymétrie reste bien présente. L’influenceur ne peut pas lier une relation d’amitié avec les milliers de personnes qui le suivent sur ses réseaux sociaux. Ces derniers ont ouvert la voie à une nouvelle forme d’interactions parasociale amenant à une perte de conscience du caractère intrinsèquement parasociale de la relation.

Si un doute quant à la qualification de la relation peut persister du côté de la communauté, les influenceurs ont tendance à être plus lucides sur la question, pouvant même profiter de cette opportunité nouvelle. La célébrité offerte à ces créateurs par Youtube ou les autres réseaux sociaux et la proximité particulière créée (comme nous venons de le voir) offrent une crédibilité aux influenceurs que les marques ont très rapidement comprise. Les pseudo-amitiés entre les créateurs et leur communauté résonnent comme la traduction virtuelle d’un bouche-à-oreille (word of mouth) à plus grande échelle, tout en gardant un cadre intimiste. Plus la relation parasociale est intense, plus les produits promus par l’influenceur auront un intérêt pour sa communauté. Ainsi, les liens se complexifient encore davantage, mais il se pourrait que les deux côtés y trouvent leur compte. Si les influenceurs surfent sur leur notoriété acquise par les réseaux sociaux pour se créer un microcosme personnelle et gagner en popularité, la communauté de ces dernier peuvent, malgré l’asymétrie, se satisfaire d’une relation à sens unique qui peut les inspirer, les faire grandir tout en évitant tout rejet ou déception. Le tout est de ne pas se faire duper sur la nature de cette relation.

Sophie PINIER

Sources

Études sociologiques

CACCAMISE Samantha, Parasocial Relationships Are The Social Media Downfall Everyone Is Talking About, octobre 2021, disponible ici : https://stylecaster.com/parasocial-relationships-meaning/

RASMUSSEN Leslie, Parasocial Interaction in the Digital Age: An Examination of Relationship Building and the Effectiveness of YouTube Celebrities, The journal of social media in society, 2008, Vol.7

GLEASON Tracy R., THERAN Sally A., NEWBERG Emily R., Parasocial Interactions and Relationships in Early Adolescence, Department of Psychology, Wellesley College, Wellesley, MA, USA, février 2017, disponible ici : https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpsyg.2017.00255/full

SHUPEL Yan, How Social Media Influencers Foster Relationships with Followers: The Roles of Source Credibility and Fairness in Parasocial Relationship and Product Interest, Journal of interactiv advertising, mai 2020, disponible ici https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/15252019.2020.1769514

Sitographie

PETIT Paulie, Youtubeurs, podcasteurs : nos relations parasociales avec ces amis qui nous ignorent, France Culture [en ligne], septembre 2021, franceculture.fr/numerique/youtubeurs-podcasteurs-nos-relations-parasociales-avec-ces-amisqui-nous-ignorent

Podcast

BERAUD Anne-Laetitia, « Minute Papillon ! » : Du béguin à l’obsession, que sont les « relations parasociales » ?, podcast 20 minutes, octobre 2021, https://www.20minutes.fr/podcast/3153031-20211021-minute-papillon-relations-parasocialesliens-sens-unique-eprouves-celebrite

Vidéo

Cyrus North, Je ne suis pas ton ami., Youtube, 2021 https://www.youtube.com/watch?v=EQaAyHhGc7Y


[1] HORTON Donald, WOHL Richard Mass communication and parasocial interaction: Observations on intimacy at a distance, Interpersonal and Biological Processes, Volume 19, 1956

[2] BOUILLET Stéphane, Les chiffres clés de la plateforme YouTube, Indluence 4you [en ligne], janvier 2020 https://blogfr.influence4you.com/les-chiffres-cles-de-la-celebre-plateforme-youtube-maj-en-2020/#:~:text=On%20compte%20environ%202%20milliards,heures%20de%20vid%C3%A9os%20chaque%20heure

[3] SHUPEL Yan, How Social Media Influencers Foster Relationships with Followers: The Roles of Source Credibility and Fairness in Parasocial Relationship and Product Interest, Journal of interactiv advertising, mai 2020

Vers une structuration de l’activité des créateurs de vidéos sur internet ?

Étude de trois initiatives qui cadrent l’activité des vidéastes du web

Les créateurs de vidéos sur internet sont des vidéastes qui diffusent leurs créations sur des plateformes prévues à cet effet. Lesdites plateformes proposent un accès libre et gratuit à ces contenus. Parmi ces plateformes, on peut citer Youtube, Instagram ou encore TikTok et Dailymotion. La SACD (société des auteurs et compositeurs dramatiques) parle de créateurs du web, tandis que le CNC (centre national du cinéma et de l’image animée) qualifie ces nouveaux vidéastes de créateurs vidéo sur internet.

Un vidéaste est l’agrégation de plusieurs métiers allant de l’écriture à la production, jusqu’à la promotion de cette création . Mais alors, comment classifier ce métier dans une sphère audiovisuelle organisée de manière binaire, avec les auteurs d’un côté, et les producteurs de l’autre ? À ces différentes casquettes s’ajoute le côté entrepreneurial du métier de créateur du web. Dans quel cadre social faire évoluer ces vidéastes entrepreneurs ? En pratique, la convention collective de la production audiovisuelle est par exemple difficilement applicable à l’activité de ces vidéastes. De même, peu d’organismes sont destinés à épauler ces vidéastes dans leur activité.

Un vidéaste est « l’agrégation de plusieurs métiers allant de l’écriture à la production, jusqu’à la promotion de cette création ».

Ce billet vise à explorer plusieurs initiatives qui structurent cette activité. Ces dispositifs de différentes natures sont mis en place par des organismes divers : association, établissement public ou organisme de gestion collective. Ces propositions permettent d’apporter une protection et un soutien qui contribuent à structurer et à légitimer cette activité plurielle.

Des fonds de soutien dédiés : la création du CNC talent

Le CNC est un établissement public qui soutient l’économie du cinéma, de l’audiovisuel et du multimédia. En 2017, cet organisme a élargi son éventail d’aides en créant le fonds CNC talent, destiné aux créations originales pour le web en accès gratuit. Ce fonds se partage en deux aides distinctes, l’une destinée aux vidéos et réservée aux créateurs ayant au moins 10 000 abonnés, l’autre aux chaînes et réservée aux créateurs vidéos ayant au moins 50 000 abonnés. Un créateur peut candidater pour des créations vidéos de tout genre et de tout format : de la série, du court, du long, du documentaire, de la fiction etc.

Du côté de la SACD, des initiatives d’un autre type sont mises en place. Cette association se rapproche de diffuseurs – tels que France Télévisions, Arte ou France Culture – pour assurer davantage de débouchés aux projets soutenus. Le fonds Création et Diversité, en partenariat avec France Télévision, soutient par exemple les auteurs de séries numériques qui représentent « les images de la France dans sa grande diversité ». D’autres aides du même types existent dans cette association, mais toujours centrées vers les séries Web.

L’ensemble de ces aides a permis d’apporter une légitimité aux vidéos du Web en tant qu’objet culturel au même titre que les œuvres audiovisuelles.

Certains regrettent néanmoins que les conditions d’éligibilité soient aussi restrictives. En raison du seuil d’abonnés requis pour candidater, le fonds CNC talent est destiné à « soutenir des professionnels, pas des pratiques amateur ». Dans cette même perspective, il n’est pas rare d’observer que le CNC octroie des subventions à de grands groupes de médias tels que M6 ou TV5 Monde. L’établissement se défend de ces décisions en expliquant vouloir donner envie aux gros financeurs d’accompagner des talents à leur tour et de contribuer à cette structuration.

De plus, le détail des projets aidés montre que le CNC n’accompagne qu’une minorité de vidéos uniques, « les autres projets validés se servant de la mention “web-série” pour faire passer une série de formats qui constitue en fait l’essence de leur chaîne YouTube ». Pareillement,  les aides proposées par la SACD ne soutiennent qu’un type d’œuvre, les séries web.

Ces offres apparaissent ainsi comme perfectibles, tout particulièrement pour les créateurs de contenus de niche qui restent en dehors des radars du CNC, mais aussi pour les créateurs qui proposent autre chose que des web séries.

Des droits d’auteurs spécifiques : une nouvelle mission de la SACD

La SACD est une société d’auteurs créée en 1777 par des auteurs qui la détiennent et la composent. Cet organisme de gestion collective a pour but de défendre leurs droits, de les protéger et de les accompagner lors de négociations mais aussi de les soutenir par le biais d’actions et d’évènements.

Depuis 2017, les créateurs de vidéos sur internet accèdent à des droits d’auteur grâce à la SACD. Ces vidéastes perçoivent des revenus publicitaires à partir d’un certain nombre de vues. En tant que créateurs du web, ils sont auteurs et ont le droit à une rémunération supplémentaire en droits d’auteurs. Les créateurs font en effet vivre les plateformes car leurs créations génèrent des revenus publicitaires très importants pour ces médias sociaux. Youtube, Instagram ou TikTok sont ainsi tenus de verser des droits d’auteur aux créateurs. En étant membre de la SACD, les vidéastes peuvent déclarer leurs vidéos et percevoir leur rémunération en droit d’auteur. Pour ce faire, la SACD négocie un contrat avec chacune des plateformes pour définir les conditions de rémunération avec les auteurs. Elle s’occupe ensuite de collecter la somme négociée et de la répartir entre les membres.

De nouveaux espaces de sociabilité et d’accompagnement : la mise à disposition de ressources de travail et la création de la Guilde des vidéastes

Se lancer sur les plateformes en tant que créateur de contenus ne nécessite pas un équipement très couteux. La production de contenus pour le web est donc largement déconcentrée, alors qu’historiquement implantée en Île-de-France. Les créateurs de contenus sont géographiquement éloignés, alors même qu’ils partagent les mêmes problématiques professionnelles. Cette configuration génère plusieurs difficultés : les vidéastes peuvent difficilement échanger entre eux, ils ne peuvent pas faire valoir leur activité à l’échelle locale, et ils peinent à faire entendre leurs besoins à l’échelle nationale.

Se lancer sur les plateformes en tant que créateur de contenus ne nécessite pas un équipement très couteux. La production de contenus pour le web est donc largement déconcentrée, alors qu’historiquement implantée en Île-de-France.

Dans cette perspective, les services gratuits mis à disposition par la SACD et le CNC – tels que les studios de tournage équipés, les salles de projection ou les rencontres avec les professionnels du milieu – ne touchent qu’une part très mince des créateurs.

Pour pallier à cet isolement, la Guilde des vidéastes a été créée en 2019. Cette association a pour but d’accompagner, de représenter et de défendre les vidéastes du net. Elle permet aux vidéastes « d’accéder aux informations pratiques en lien avec leur activité », « de rentrer en dialogue avec les institutions publiques et privées » et « d’aider les vidéastes à faire valoir leurs droits ». Ce syndicat qui ne dit pas son nom permet de rassembler des retours d’expérience qui seront précieux pour avancer dans la structuration de cette profession. D’ores et déjà, la Guilde accompagne les institutions qui souhaitent mener des études sur la webcréation.

Pour conclure ce billet, cette nouvelle branche de la filière audiovisuelle nécessite d’être pensée comme un ensemble à part entière. La complexité de cette activité fait qu’il est impossible de l’inclure dans un régime d’activité existant, autant d’un point de vue social qu’économique. Depuis 2017, les choses avancent grâce aux initiatives du CNC et de la SACD. Ces pas en avant fédèrent les créateurs qui s’organisent en association pour défendre leurs intérêts.

Agathe MORNON

Twitter : des communautés engagées autour du Esport – Le cas Karmine Corp

La Karmine Corp : c’est quoi ?

La Karmine Corp est une structure d’Esport française formée le 30 mars 2020 par Kamel « Kameto » Kebir, alors déjà connu en tant que streameur. En novembre 2020, il est rejoint à la direction par Amine « Prime » Mekri, notamment connu pour sa carrière sur Youtube et dans le rap. La structure possède plusieurs joueurs professionnels regroupés au sein d’équipes, qui participent à des compétitions concernant les jeux compétitifs League of Legends, TrackMania, Teamfight Tactics et Rocket League dans le but d’atteindre la première place du podium et de remporter des titres ainsi que des prix.

Aujourd’hui, la Karmine Corp est suivie par près de 315 000 personnes sur Twitter, réseau sur lequel elle est le plus active, et par près de 100 000 personnes sur Instagram, mais la structure possède également une page officielle sur LinkedIn. Toutefois, le réseau social qui a vraiment permis de construire une communauté engagée d’« ultras » est Twitter.

Twitter : un engouement autour des sujets gaming et esport

D’un point de vue global, Twitter est un terrain favorable au développement de communautés engagées autour du gaming et de l’Esport. En effet, il s’agit d’un des centres d’intérêt importants pour les utilisateurs de Twitter. Ainsi, en 2021, 2.4 milliards de tweets ont été postés sur le réseau, d’après la Retrospective Gaming 2021 de Twitter. Twitter est un des endroits de prédilection pour les fans d’Esport qui y encouragent et y supportent leurs équipes fétiches, et y commentent leurs matchs favoris. En France, on retrouve notamment parmi les jeux et franchises les plus tweetés en 2021, League of Legends. C’est notamment un des facteurs explicatifs de l’engouement populaire autour de la Karmine Corp, qui est essentiellement relatif à son équipe (roaster) de joueurs League of Legends.

Un engouement populaire et la formation d’une communauté d’« ultras »

Les bonnes performances des équipes Karmine Corp, notamment de son équipe League of Legends, ne constituent pas le seul facteur explicatif de l’engouement autour de la structure sur Twitter.

A l’origine de la Karmine Corp, il y a d’abord deux personnalités populaires sur les réseaux sociaux. Kameto, le fondateur de la structure qui commente chacun des matchs de son équipe et s’exprime majoritairement sur celle-ci via Twitter, a notamment constaté un phénomène de conversion de son audience vers l’audience de la Karmine Corp : «Beaucoup de gens ont suivi par curiosité, raconte Kameto. Ils sont venus sur le stream, ont vu qu’il y avait une ambiance de fou et sont revenus toutes les semaines. C’est comme s’ils suivaient leur équipe de foot.». De nombreux abonnés de la Karmine Corp ont découvert le club (et parfois même le Esport) par le biais de Kameto. La base conséquente des abonnés de ce dernier a rapidement permis de constituer une base solide à la communauté Karmine Corp.

Au sein de son équipe League of Legends constituée de 5 individus, deux de ses membres se placent parmi les 10 joueurs Esport les plus tweetés au monde, d’après les données de Twitter pour le premier quart de l’année 2022. On y retrouve notamment le suédois Martin « Rekkles » Larsson  à la 3ème position, ainsi que Lucas « Cabochard » Simon-Meslet à la 6ème position. Des membres influents qui attirent l’attention sur la structure au-delà des frontières.

A l’instar de certaines compétitions sportives (telles que l’UFC), la rivalité et les show matchs sont courants dans le domaine du Esport et permettent de générer un grand nombre d’impressions sur Twitter ainsi que de populariser la structure en l’amenant dans les Top Tendances. La Karmine Corp a ainsi des rivaux au sein de la Ligue Française, tels que Vitality et Solary (autre équipe portée par des streamers), donnant lieu à des confrontations sur Twitter accompagnées de hashtags, portant les deux équipes en Top Tendances. Les rivalités s’exportent également avec des structures internationales à forte renommée et se transforment en show matchs extrêmement commentés sur Twitter, comme avec l’espagnole KOI, récemment lancée et dirigée par Ibai, l’un des streamers hispanophones les plus populaires au monde.

La Karmine Corp possède une large communauté de fans qui se définissent comme des « ultras ». Reconnaissables par le sigle KC présent devant leurs pseudos Twitter, pour les plus fervents, ils sont également nombreux à afficher une photo de profil représentant un mur bleu (blue wall), un visuel associé à la Karmine Corp en référence à un mouvement produit lors des matchs. Il s’agit notamment du nom choisi par l’association officielle de la Karmine Corp qui comptabilise plus de 15 000 abonnés sur Twitter et possède son propre canal Discord. Il existe d’autres groupes sur Twitter, telle qu’une page pour les supporters « ultras » qui regroupe plus de 40 000 followers. Une des raisons de l’engagement de la communauté Karmine Corp, c’est ainsi la capacité a créer un fort sentiment d’appartenance sur Twitter.

Toutefois, la communauté peut parfois souffrir de la mauvaise publicité faite par la minorité bruyante de Twitter. Le réseau social est peu modéré et les vagues de harcèlement sont un phénomène fréquent sur la plateforme de l’oiseau bleu. Ainsi, Laure Valée, journaliste et intervieweuse des compétitions League of Legends, a subi une vague de harcèlement après la diffusion d’une vidéo contenant une séquence montrant les mauvaises performances du joueur phare de la Karmine Corp, Rekkles. Certains « ultras » lui ont fait comprendre leur mécontentement, notamment via des propos sexistes et insultants, sous couvert de l’anonymat permis par la plateforme.

La Karmine Corp mise en lumière

Aujourd’hui, la Karmine Corp est considérée comme une des équipes les plus influentes au monde dans la compétition de League of Legends. D’après les données de Twitter pour le premier quart de l’année 2022, la Karmine Corp était à la 5ème position des structures Esport les plus mentionnées sur Twitter, et la seule structure française du classement.

Les performances rapides et excellentes, ainsi que l’engouement autour de la Karmine Corp dès son arrivée en première division de la Ligue Française, ont amené d’autres personnalités populaires sur les réseaux sociaux, à exprimer et afficher leur soutien envers la structure via Twitter, la mettant ainsi en lumière. C’est notamment ce qu’ont fait Squeezie (8,4 millions d’abonnés sur Twitter) et Gotaga (1,7 millions d’abonnés sur Twitter).

Cette mise en lumière dépasse même le cadre de Twitter, puisque l’existence et les performances de la Karmine Corp parviennent jusqu’à la classe politique, qui y trouvent un moyen de s’adresser à la jeunesse française. Ainsi, Emmanuel Macron a envoyé un message de soutien le 3 mai 2021 suite à la victoire de la coupe d’Europe via message privé sur Twitter à la Karmine Corp. Il a également récemment mentionné le club français, en citant le domaine de l’Esport comme « another field of French excellence with teams like Team Vitality or Karmine Corp ».

Sarah Collot

Comment la forte stratégie de social listening de Netflix lui permet-elle de créer une véritable expérience client et de dominer le secteur du streaming vidéo ?

La célèbre plateforme de streaming Netflix a connu une croissance phénoménale ces dernières années, laquelle s’est accentuée pendant la pandémie de COVID-19 rythmée par les différents confinements. Alors que la base d’abonnés de Netflix ne comptait que 22 millions en 2011, elle est passée à 150 millions en 2019 et à plus de 220 millions à la fin de l’année 2021 (Statista, 2022). De plus, selon le dernier rapport Sandvine (2022 : 13), Netflix est désormais la deuxième application la plus populaire au monde avec 9,39% du volume de trafic total des applications. Le service doit son essor à deux facteurs déterminants : la qualité de son offre et ses compétences en matière de communication. Cependant, les films et les séries produits par la plateforme étant généralement appréciés de tous, quels que soient le genre, l’âge ou la nationalité, il pourrait sembler impossible pour Netflix d’adhérer à l’adage populaire « Know Your Audience » de par le fait que son public soit composé de catégories sociales et tranches d’âge diverses. Toutefois, le service parvient à jongler avec tous ces éléments et à promouvoir leur marque de manière puissante, en partie grâce à ses différents canaux de médias sociaux.

En effet, grâce à une excellente stratégie de communication, Netflix a réussi à dominer ses concurrents au fil des ans et s’est imposé comme le fournisseur de streaming dominant. Il est souvent dit que Netflix y est parvenu en partie grâce à son activité de veille sur les réseaux sociaux, aussi appelée social listening. À mesure que le nombre d’utilisateurs sur les réseaux sociaux augmente, il est essentiel pour les marques de se mettre au diapason des conversations de leur public (Stewart, Arnold, 2018). Grâce au social listening, les marques obtiennent des informations précieuses sur l’évolution des comportements de leur public cible en temps réel et adaptent leur stratégie de marketing des médias sociaux en conséquence (ibid.). En écoutant son public, Netflix peut suivre les tendances et lancer ses campagnes marketing en fonction de ce qui est le plus attendu. Cela lui permet donc de se rapprocher de ses utilisateurs, de proposer de nouvelles solutions et de développer une relation durable et des flux de revenus supplémentaires.

1. Générer un fort engagement client

Contrairement à la télévision traditionnelle, Netflix diffuse souvent tous les épisodes en une seule fois, ce qui oblige les community managers de la marque à élever leur stratégie d’un cran. Il s’agit là de planifier et de structurer les campagnes de manière à maintenir un flux constant d’engagement des fans, tant au tout début de la série qu’après le dernier épisode. En ajoutant des « clins d’œil » à sa communication, la plateforme fait un excellent travail sur ses différents réseaux sociaux, comme le prouvent les chiffres suivants : plus de 81 millions de fans sur Facebook, 17,6 millions d’abonnés au compte Twitter de Netflix US, 7,5 millions d’abonnés au compte Netflix France, et près de 30 millions d’abonnés au compte Instagram de Netflix US et 8,6 millions pour Netflix France !

D’autre part, le service s’est créé plusieurs comptes régionaux lui permettant ainsi de partager uniquement le contenu le plus pertinent pour chaque pays, ainsi que des comptes dédiés à des séries spécifiques afin de toujours mieux cibler le bon public. Netflix a commencé à se concentrer sur des sous-ensembles de son audience, très présents sur les réseaux sociaux mais qui se plaignent d’être souvent négligés par le marketing traditionnel. Pour ce faire, le service a lancé des comptes dédiés, dont Netflix Geeked, pour tout ce qui concerne la science-fiction ; Con Todo, un compte destiné au public latino-américain ; The Most, une chaîne LGBTQ+ ; et Strong Black Lead, qui célèbre les films et les séries afro-américains.

Exemples de comptes Instagram dédiés à des thématiques ou programmes

De plus, Netflix est une marque qui ne joue pas la carte de la sécurité et qui n’a pas peur de repousser les limites avec ses blagues. L’humour est la marque de fabrique de la plateforme sur les réseaux sociaux et c’est ce qui rend le service très sympathique et facile à suivre. En guise d’illustration, on peut voir dans les publications ci-dessous que Netflix sait pertinemment que les utilisateurs partagent leurs mots de passe et que les gens sont prêts à tout pour éviter de payer un abonnement à plus de 10 euros par mois. Sur ses réseaux sociaux, le service de streaming publie le type de contenu humoristique et pertinent que l’on attendrait d’un ami drôle, et non d’une marque, et comprend ainsi le sens de l’humour de son public.

Meme publié sur Twitter par @netflix reprenant la célèbre chanson de Mariah Carey

Tweet de @NetflixFR reprenant la chanson de K.Maro « Femme Like U » à sa manière

En outre, Netflix adopte un ton conversationnel dans toutes ses publications sur les réseaux sociaux. En effet, la marque incarne un personnage de « fan » en engageant des passionnés de cinéma et de télévision pour gérer ses comptes et qui suivent les directives de l’entreprise en matière de contenu. Instagram est devenu le principal réseau social de Netflix, où l’entreprise peut procéder à un social listening rigoureux et réagir en utilisant du contenu « supplémentaire », comme des aperçus, des coulisses et des selfies de stars. En conséquence, la voix de Netflix est authentique, pleine d’esprit et accessible.

Sondage sur la page Instagram @netflixfr

Secrets de tournage de Bridgerton en format Reel sur la page Instagram @netflixfr

2. Utiliser du UGC comme le meme marketing

Netflix trouve un écho efficace auprès des milléniaux et a véritablement promu le concept de meme marketing, et ce, de manière très efficace dans l’ensemble de ses publications. Les memes sont une sorte de « monnaie sociale » et donnent à la plateforme un air branché tout en générant des réactions positives vis-à-vis de sa marque. L’utilisation du contenu original de Netflix dans ces memes donne également l’impression aux personnes qui n’ont pas Netflix d’être « exclues de la conversation », et peuvent donc les inciter à souscrire à un abonnement.

Meme utilisé pour faire la promotion de la saison 4 de Stranger Things

Netflix s’efforce de créer davantage de programmes originaux, et la communication faite autour de ces derniers représente donc un élément clé de leur succès. Par exemple, à l’époque où Netflix s’apprêtait à sortir Bird Box, des images et GIFs de Sandra Bullock aux yeux bandés ont commencé à circuler sur les réseaux sociaux. Très vite, tous nos fils d’actualité ont été inondés de memes et de théories sur le film. Cependant, ce contenu n’a pas été généré par des spécialistes du marketing dans le cadre d’une campagne spécifique : il a été créé par des personnes lambda. Ce type de user-generated content (UGC) est une des raisons pour lesquelles des dizaines de milliers d’entre nous se pressent sur Netflix pour regarder les derniers films et séries. En une semaine, Bird Box a atteint 45 millions de vues, et ce résultat a été obtenu en partie grâce au contenu généré par les utilisateurs qui n’a pas coûté un centime à Netflix. Ce qu’il faut retenir ici, c’est que Netflix a su reconnaître quand et comment le contenu généré par les utilisateurs pouvait renforcer sa propre réputation et a saisi l’occasion quand elle s’est présentée.

3. Créer du contenu adapté aux envies des utilisateurs

Le social listening a parfois permis à Netflix de repérer des opportunités commerciales et de reprendre des émissions que les concurrents avaient décidé d’annuler. À titre d’exemple, en 2018, la Fox a annulé Lucifer, une de ses séries phares. À la suite de cette annonce, les fans se sont mobilisés sur Twitter et #SaveLucifer est rapidement devenu le premier sujet tendance dans le monde, le hashtag ayant été utilisé environ 1 million de fois en seulement un jour. Il n’a pas fallu longtemps pour que cela attire l’attention de Netflix et, une fois de plus, le service a écouté son public et a fini par commander une quatrième saison de Lucifer. Celle-ci a généré des milliards de minute de visionnage et fait aujourd’hui partie des séries Netflix les plus rentables.

Poster de la saison 4 de Lucifer produite par Netflix

4. Surfer sur l’actualité

La stratégie de contenu de Netflix va bien au-delà de la création de memes et de la publication de vidéos extraites de ses émissions. Le service de streaming n’hésite pas à suivre l’actualité sur les réseaux sociaux afin d’y intégrer le contenu de ses programmes. En effet, l’exploitation des hashtags viraux et des tendances en ligne permet non seulement d’attirer l’attention du public, mais aussi de promouvoir les films et séries diffusés sur la plateforme. Tel fut le cas lors du « Earth Day », événement annuel qui a lieu le 22 avril dernier et qui vise à démontrer le soutien à la protection de l’environnement. Netflix n’a pas hésité à surfer sur cette tendance pour faire la promotion de ses divers fictions et documentaires abordant la question du changement climatique et a donc encouragé les gens à regarder ses programmes afin de s’instruire davantage sur le sujet.

Tweet de @netflix publié lors du Earth Day

De plus, afin d’optimiser la visibilité sur ses publications liées aux tendances actuelles, Netflix encourage ses abonnés à partager leur contenu avec leurs amis, à les taguer, à participer aux activités et aux sondages publiés dans les stories Instagram etc. 

5. Exploiter l’influence des célébrités

Ici, les règles du marketing d’influence s’appliquent et Netflix sait comment bien les exploiter. Il suffit de mentionner la bonne personnalité au bon moment, comme avec ce tweet destiné à Ryan Reynolds, et de regarder comment cela génère davantage de réactions sur les réseaux sociaux ainsi que de trafic sur la plateforme. Cependant, ce qui est particulièrement appréciable dans la pratique de social listening de Netflix c’est que la marque se comporte comme le meilleur ami de chacun, aussi bien par rapport aux célébrités et personnalités de l’industrie audiovisuelle que par rapport à tout autre utilisateur. Tout le monde reçoit la même attention, les mêmes ondes positives et les mêmes types de réponse.

Conclusion

Netflix est une marque fortement axée sur le client et elle réussit à manier les réseaux sociaux de façon à établir des relations privilégiées avec ses fans. Le service considère chaque interaction comme une chance de construire une meilleure relation avec le client et de se renforcer en tant que marque soucieuse. Il sera donc intéressant de voir si les plateformes concurrentes comptent elles aussi redoubler d’efforts en matière de social listening et si cela représenterait une menace potentielle pour la position dominante de Netflix, qui vient déjà d’être affaiblie par la récente perte de plus de 200 000 abonnés.

Sources :

Sandvine, (2022). The Global Internet Phenomena. Growing app complexity, Paving the way for digital lifestyles and immersive experiences, Janvier 2022. Accessible via : https://www.sandvine.com/hubfs/Sandvine_Redesign_2019/Downloads/2022/Phenomena%20Reports/GIPR%202022/Sandvine%20GIPR%20January%202022.pdf?hsCtaTracking=18fff708-438e-4e16-809d-34c3c89f4957%7C067d9d28-ef90-4645-9d46-c70d10279247 [Ouvert le 15/04/2022].

Statista, (2022). Nombre d’abonnés au service streaming de Netflix dans le monde du 3e trimestre 2011 au 4e trimestre 2021. In Statista – The Statistics Portal. Accessible via : https://fr.statista.com/statistiques/564089/nombre-d-abonnes-streaming-netflix-dans-le-monde/#:~:text=Cette%20statistique%20repr%C3%A9sente%20des%20donn%C3%A9es,221%20millions%20abonn%C3%A9s%20au%20monde. [Ouvert le 15/04/2022].

Stewart, M.C., Arnold, C.L., (2018). Defining social listening: Recognizing an emerging dimension of listening. International Journal of Listening32(2), pp.85-100.

L’évolution du social selling du youtubeur aux plateformes dédiées.

Qu’est-ce que le social selling ?

Qu’est-ce que le social selling (ou vente sociale en français) ? « Vendre sur internet, créer une communauté, dénicher des influenceurs pour incarner sa marque sont les nouveaux usages de la vente »[1].

Ce terme a été employé pour la première fois en 2009 à la suite de recherches universitaires. Les médias sociaux vont contribuer à faire émerger ce concept. Bruno Fridlansky définit le social selling comme « un état d’esprit à adopter dans le cadre de nouveaux comportements (humains) business dus au digital pour développer des relations personnelles (humaines) centrées sur les besoins et centres d’intérêts de nos interlocuteurs pour développer son chiffre d’affaires »[2].Les entreprises intègrent les nouveaux canaux de distribution que sont les médias sociaux comme un atout majeur.

Aujourd’hui il existe une multitude de médias sociaux dont les principaux sont Facebook, Twitter, TikTok ou Instagram qui révolutionnent notre quotidien. Les réseaux sociaux sont devenus un outil stratégique de vente, et d’après une enquête Sales Force, 78 %[3] des vendeurs vendraient mieux que leurs concurrents qui n’utilisent pas les médias sociaux.

L’avantage du social selling est qu’il semble moins intrusif que l’e-mailing pour les prospects de la marque, avec une cible toujours plus digitalisée. Grâce aux réseaux sociaux comme Facebook comptabilisant plus de 2,9[4] milliards d’utilisateurs actifs à travers le monde, des ciblages plus précis peuvent être réalisés par les marques.

Le social selling sur les réseaux sociaux?

Le numérique à modifié les comportements d’achats des agents économiques.
Aujourd’hui, rares sont les entreprises à ne pas promouvoir leurs marques sur les réseaux sociaux ; une expérience différente s’offre alors aux prospects.

En effet, on peut voir sur les réseaux sociaux tel qu’Instagram que des Key Opinion Leader (KOL) ont émergé sur les médias sociaux. Qu’est-ce qu’un KOL ? Ce sont des créateurs de contenus sur les réseaux sociaux qui construisent une audience qu’ils souhaitent monétiser. Les créateurs de contenus connaissent les codes des réseaux sociaux et ont réussi à développer au fil des années de très nombreuses communautés.

Tous les jours, les « stories » des influenceurs sur les réseaux sont suivis par d’innombrables abonnés. On peut illustrer le KOL en prenant l’exemple des influenceurs qui sont payés par des marques pour tester et vendre leurs produits. Prenons l’exemple de Lena Situations, une créatrice de contenus qui a plus de 3,5 millions d’abonnés sur Instagram et qui a été élue en 2021, influenceuse luxe la plus puissante du monde ».[5] Cette dernière est embauchée par des marques comme Adidas pour promouvoir la marque. L’entreprise sait que sa communauté est réceptive à ses placements de produits et à l’opportunité d’augmenter ses ventes.
Le KOL, permet de rendre plus réceptifs des abonnés qui n’auraient pas forcément été attirés par la marque sans le placement de produit.

Si l’on prend un autre média social, qu’est Youtube c’est la même mécanique qui s’opère. Sur Youtube, rares sont les vidéos qui ne débutent pas par un contenu sponsorisé.
Mcfly et Carlito par exemple vont faire de la publicité sponsorisée dans une vidéo pour une application de rencontre nommée Fruitz. Cette marque a conscience que la cible de ces youtubeurs aux 7 millions d’abonnés est autour des 15-25 ans[6]. Celle-ci va rémunérer les youtubeurs pour qu’ils fassent connaitre l’application au plus grand nombre et donc gagner en visibilité. Passer par le canal des réseaux sociaux comme YouTube, a un impact direct sur les prospects ciblés.
Les catalogues physiques semblent dépassés, les consommateurs veulent qu’on leur explique les produits de manière plus accessible en créant un lien entre le créateur de contenus et son audience. Le marketing d’influence est donc un partenaire clé pour le social selling.

Capture d’écran « Nos pires anecdotes de honte (Masterclass de Gad) » en date du 27 juillet 2021

E-commerce et social selling :  

Avec la pandémie, le nombre de e-commerce a augmenté de manière exponentielle. Les médias sociaux sont devenus des acteurs à part entière dans le processus de vente pour les marques. Les réseaux sociaux ont rendu le parcours d’achat d’un consommateur plus rapide et plus ciblé. Grâce aux algorithmes de ces plateformes, il est possible d’acheter un produit en quelques clics, TikTok est même allé jusqu’à établir un partenariat avec Shopify.

Le Live shopping : découverte de cette nouvelle façon de vendre

Qu’est-ce que le live shopping ? C’est le fait de diffuser une vidéo en direct sur les réseaux sociaux à destination de ses abonnés.
Ce format rend la vente plus authentique aux yeux du consommateurs qu’avec les « stories » filmées et enregistrées depuis son smartphone.  Certains live shopping ne se placent pas dans une logique de vente immédiate mais de conseils (par exemple, une routine beauté réalisée par un KOL).

Le Live shopping est en plein essor en Asie et plus particulièrement en Chine et a conduit à l’arrivée de plateformes dédiées. Ces nouvelles plateformes utilisent principalement des codes hérités du monde du sport et du jeu vidéo. Ainsi, Taobao Live (filiale du groupe Alibaba) , plateforme chinoise née en 2016 est aujourd’hui l’application chinoise la plus téléchargée ; c’est une plateforme de e-commerce mais aussi de live shopping. Le live shopping est devenu un atout non négligeable en Chine, et aurait généré environ 300 milliards [7] de dollars en 2021.
Le live shopping en Asie est aujourd’hui porté par tous les secteurs d’activités : de l’immobilier à la mode. Ce format est plus ludique pour le consommateur, en effet, par l’intermédiaire des réseaux sociaux, le vendeur peut répondre instantanément aux questions des consommateurs et générer de l’interaction. C’est l’expérience client qui se retrouve bouleversée par cette méthode de vente. Le live shopping a été intégré dans la société chinoise et permet de rendre le processus de décision plus rapide et authentique.

Le live shopping en Chine et en Asie est en partie populaire grâce aux KOL. En effet, d’après le China’s Smart Retailing Pays Off, 60% [8]des consommateurs en Chine pourraient acheter un produit vendu par un KOL, le taux d’engagement est donc très important. Par exemple, en mars 2021, un KOL chinois a généré 254[9] millions d’euros en une seule vente de live shopping. Les plateformes dédiées comme Taobao ou Shopshops en Asie et plus précisément en Chine sont devenues des acteurs clés pour les marques et vont continuer de s’ancrer dans les mœurs.

De l’autre côté de l’Océan Atlantique, le social selling progresse mais pas aussi rapidement qu’en Asie et des plateformes de live shopping voient le jour.

La multinationale Walmart a créé sa propre plateforme de live shopping nommée Walmart Shop Live et figure comme l’une des premières entreprises américaines à avoir sauté le pas. Le live shopping prend de l’ampleur en Amérique du Nord, ainsi lors d’un live sur Walmart Shop Live avec des influenceurs en décembre 2020, le visionnage de la vidéo a été multiplié par 7. Avec Walmart Shop Live, les spectateurs du live shopping peuvent ajouter instantanément le produit dans un panier en ligne et poser des questions en direct.
Le géant Amazon a lui aussi sauté le pas en créant Amazon Live, essentiellement conçu pour l’activité de live shopping. Sur Amazon Live, on peut visionner du live shopping pour tous les goûts, allant du jardinage au maquillage. La fonction « chat » permet également au vendeur d’expliquer son produit et de répondre directement aux questions des consommateurs.

Les plateformes déjà existantes, voient le potentiel du live shopping et s’organisent. Le live shopping est en train de s’ancrer progressivement dans les mœurs outre Atlantique. Ainsi Facebook à lancé en 2020 Facebookshop et Instagram en à fait de même en ajoutant une fonctionnalité de live sur son application en 2021.

Quant au live shopping en Europe, cette méthode de vente n’a pas encore réussi à faire évoluer les mœurs et n’est pas à ce jour au même niveau qu’en Amérique du Nord ou en Asie. Cette nouvelle manière de procéder à nos achats est récente et il faudra quelques années pour voir si la tendance se confirme également sur le vieux continent.

Sarah Halphen


Sources:
[1] https://bigmedia.bpifrance.fr/news/quest-ce-que-le-social-selling

[2] https://solutions.lesechos.fr/com-marketing/c/quest-social-selling-6166/

[3] https://www.salesforce.com/blog/guide-to-social-selling/

[4] https://fr.statista.com/infographie/26783/utilisateurs-actifs-mensuels-et-quotidiens-de-facebook-taux-de-croissance-annuel/

[5] https://www.forbes.fr/femmes-at-forbes/entretien-exclusif-avec-lena-situations-la-plus-puissante-influenceuse-luxe-du-monde/

[6] https://www.ledauphine.com/insolite/2020/02/19/meme-les-retraites-ont-leurs-youtube-avoriaz-je-ne-suis-pas-un-senior-qui-compte-130-000-abonnes-youtube

[7]https://www.forbes.com/sites/kristinlarson/2021/03/27/retailers-embrace-livestreaming-market-expected-to-reach-11-billion-in-2021/?sh=35b86e542fde

[8] https://www.sqli.com/fr-fr/insights-news/blog/live-streaming-et-social-commerce-les-nouveaux-usages-e-commerce-en-asie#:~:text=60%25%20des%20consommateurs%20chinois%20seraient,fictives%20pr%C3%A9sentes%20dans%20le%20pays.

[9] https://siecledigital.fr/2021/03/29/live-shopping-chinois-254-millions-euros-vente/

Une marque inspirante sur les réseaux sociaux : GoPro.

Quelle stratégie pour GoPro sur les réseaux sociaux ?

On ne la nomme plus, elle nous accompagne de partout dans notre quotidien mais surtout en vacances : la Gopro, cette petite caméra que l’on peut emporter de partout et par toutes les conditions, fait l’objet aujourd’hui d’une attention toute particulière. En effet, elle est considérée comme l’une des marques les plus inspirantes sur les réseaux sociaux. Quelle est donc cette fameuse stratégie qui place GoPro comme leader sur les réseaux sociaux ? 

GoPro est une marque de caméra fondée en 2005, originellement créée par Nick Woodman, un surfeur californien souhaitant optimiser ses sessions et prendre en photo sa passion. Il raconte : « À l’époque, les seules options étaient d’utiliser un appareil jetable étanche […]. Mais 9 fois sur 10, soit vous loupiez la photo, ou vous vous blessiez et souvent, vous perdiez l’appareil dans l’eau. J’avais l’impression d’être en train d’inventer la plus importante création du monde du surf ».

Créée par un passionné, pour des passionnés, les amateurs de sensations fortes adoptent peu à peu la petite caméra et la placent au cœur de leurs sessions sportives. Sous l’eau, dans la neige, dans le vide ou encore en parachute, la GoPro permet à ses utilisateurs d’immortaliser leurs meilleurs moments et de partager leur passion à leur communauté sur les réseaux sociaux. 

GoPro, ou les maîtres de l’User Generated Content.

Le premier volet du succès de GoPro sur les réseaux sociaux, et le plus efficace, concerne l’usage de User Generated Content. En effet, la grande majorité du contenu posté sur les réseaux, que ce soit Facebook, Twitter, Instagram ou encore Youtube, est créé directement par les consommateurs de GoPro, aka les passionnés. 

Originellement créée pour les surfeurs, GoPro s’est étendue progressivement vers tous les amateurs de sensations fortes, professionnels ou non, et s’est même inscrite dans le quotidien de personnes lambdas souhaitant immortaliser des instants spéciaux. La cible étant plutôt jeune (16-35 ans), ces personnes sont les acteurs principaux des réseaux sociaux car ce sont des générations qui sont nées et/ou ont grandies avec les réseaux. Ainsi, le partage et la publication de contenus est presque évidente pour ces derniers qui vont ainsi générer beaucoup de UGC.

Cela donne ainsi à GoPro la chance d’avoir accès à une source inépuisable de contenus originaux, pour laquelle les utilisateurs n’attendent presque uniquement que de la reconnaissance en retour : avoir leur photo / vidéo postée sur l’une des pages de GoPro.

L’approche de GoPro par rapport à cet UGC est unique, car le produit en lui-même – la caméra – est rarement montré. Les utilisateurs les plus importants font exactement ce qu’ils sont censés faire avec la caméra : immortaliser leurs instants de vie, leur sport et leur passion. 

Cette manière de promouvoir la marque offre la possibilité d’un fort engagement de la part des utilisateurs sur les réseaux, qui se reconnaissent dans le UGC.

Pour faciliter ce flux continu de User Generated Content, GoPro a anticipé et a même créé un canal de partage directement sur son produit. Grâce à l’application GoPro, les utilisateurs peuvent éditer et partager leurs photos et vidéos directement sur Instagram, Facebook ou encore Youtube. GoPro devient donc un outil central dans le partage des activités sur les réseaux et oriente clairement sa stratégie sur le UGC.

Ces contenus permettent ainsi aux nouveaux utilisateurs d’avoir accès à une multitude de retour d’expérience plus que convaincants : les images sont magnifiques, traduisent des passions communes et des expériences sensationnelles. Tout « fait envie » et pousse les nouveaux utilisateurs de GoPro à participer et à intégrer la communauté.

Capture d’écran du compte Instagram de Gopro @gopro.

Afin de pousser les utilisateurs à créer du UGC, GoPro gamifie son fonctionnement en lançant de nombreux challenges et autres concours. En effet, la marque lance les GoPro Awards qui sont des concours où les utilisateurs sont invités à capturer leurs plus beaux instants et à les soumettre à GoPro. Les gagnants des différents challenges gagnent des lots, de l’argent, mais surtout une couverture médiatique sur les réseaux de GoPro. Divers challenges existent sur différents thèmes, comme « the photo of the day » ou encore « be a hero challenge ». 

Des images sensationnelles promues par des célébrités portant les valeurs du sport de haut niveau. 

La stratégie de GoPro repose également sur un contenu digital sensationnel. L’expérience GoPro fait rêver, et pour cela la marque a très bien compris quels moyens utiliser. 

Tout d’abord, le UGC créé et repartagé par GoPro ne montre que des photos et vidéos fabuleuses. Entre paysages, hautes sensations ou encore vues du ciel, le contenu fait rêver et associe l’expérience sensationnelle directement à l’utilisation de GoPro. En voyant cela, le consommateur se projette (car les photos et vidéos viennent d’un utilisateur comme lui) et se dit qu’en utilisant la GoPro il aura accès aux mêmes expériences. 

Pour accentuer cette expérience, GoPro s’inscrit dans une stratégie de marketing d’influence en promouvant sa marque par des stars et autres sportifs de haut niveau connus et réputés dans leur domaine. 

Par exemple, GoPro a publié une vidéo sur la skieuse alpine Lindsay Vonn qui bat un record du monde sous l’objectif attentif de la GoPro. GoPro a aussi par exemple décidé de suivre la fin de carrière du pilote de vitesse moto Valentino Rossi, attirant tous ses fans pour une dernière vidéo phénoménale en son honneur. 

La marque possède 10,6 millions d’abonnés sur Youtube et attire ainsi beaucoup d’audience grâce à ce genre de vidéos.

Ces célébrités du sport qui utilisent la GoPro dans des conditions extrêmes et professionnelles jouent donc quelque part le rôle de Key Opinion Leader car leur opinion compte : leur professionnalisme leur confère de la crédibilité, et montre que la GoPro peut s’utiliser même par les plus grands. 

Ici, les logiques du celebrity endorsement sont rencontrées de bout en bout : les sportifs de haut niveau sont crédibles car professionnels ; ils sont beaux et jeunes et renvoient une image saine et ambitieuse ; leurs caractéristiques collent entièrement avec les caractéristiques de GoPro qui promeut les sensations fortes et les images spectaculaires ; enfin, les sportifs de haut niveau représentent des valeurs importantes dont la communauté va s’imprégner, véhiculées par la simple phrase qui est maintenant leur slogan : « Be a hero ». D’ailleurs, chaque modèle de caméra porte ce nom : Hero.

Pour renforcer cette image de héro, GoPro est maintenant en partenariat avec la boisson énergisante Redbull qui promeut les mêmes valeurs et ambitions. En effet, Redbull organise de nombreux événements dédiés aux sports à sensations fortes de haut niveau (cliff diving, porsche race, formula one). GoPro couvre ainsi la totalité des événements Redbull. Redbull associe son image à la création de tels événements et GoPro associe son expertise audiovisuelle et ses images spectaculaires. Combinées, les deux marques comptent près de 40 millions d’abonnés rien que sur Instagram, ce qui promet un partenariat ambitieux et procréateur. 

Adobo magazine

« L’envergure et les capacités d’exécutions mondiales de Redbull sont impressionnantes, ce qui rend ce partenariat très stratégique pour GoPro. Nous partageons la même ambition d’être une source d’inspiration dans le monde entier, afin d’inciter le public à vivre intensément. » Nicholas Woodman, CEO de GoPro.

Une communauté très forte.

GoPro repose sur un fort esprit de communauté.

D’une part, GoPro organise sa propre communauté grâce au site community.gopro.com sur lequel on y retrouve des forums de discussion où les utilisateurs expérimentés peuvent aider les nouveaux dans la prise en main de leur appareil. Des ingénieurs et autres professionnels de GoPro sont également présents sur les forums pour promouvoir des messages important et aussi aider les utilisateurs.

Depuis peu, un nouvel espace de la communauté existe, appelé les GoPro Labs, où les ingénieurs proposent de nouvelles fonctionnalités à tester par les utilisateurs expérimentés. Ces derniers laissent leurs avis et permettent aux équipes de développement de savoir si cette nouvelle fonctionnalité en question vaut le coup ou non. 

“GoPro Labs is an initiative to deliver new, experimental features to our GoPro community. Many of these features originated from internal hackatons […]. We don’t promise any of these will make it to a production camera, but they’re cool enough and cooked to give you a taste. Why hold back anymore?”

Capture d’écran de la page GoPro Labs

GoPro va plus loin en proposant également la plateforme Open GoPro où l’utilisateur peut développer lui-même des fonctionnalités personnalisées à intégrer à sa caméra. Par le biais de la communauté, l’utilisateur peut atteindre un degré de personnalisation précis.

Par la multitude de UGC, on se rend donc compte que c’est la communauté de GoPro qui promeut l’objectif principal : être un héros. De nombreux groupes informels sont créés sur les différents réseaux (groupes Facebook, pages Instagram etc…), gérés par des utilisateurs expérimentés qui souhaitent uniquement partager la passion GoPro.

Chaque membre de la communauté est un ambassadeur pour GoPro.

Mathilde Comte

Gopro.com. GoPro Awards | Défis vidéo et photo. [online] Available at: <https://gopro.com/fr/fr/awards>

Instagram – GoPro. [online] Available at: <https://www.instagram.com/gopro/>

Sport Stratégies. Red Bull donne des ailes à GoPro. [online] Available at: <https://www.sportstrategies.com/red-bull-donne-des-ailes-a-gopro/>

DigiSchool commerce. GoPro : Etudes, Analyses Marketing et Communication de GoPro. [online] Available at: <https://www.marketing-etudiant.fr/marques/gopro-marketing.html>

Comment GoPro stimule la fidélité à la marque avec l’UGC |. [online] Available at: <https://clarksbarandrestaurant.com/social-spotlight-how-gopro-fuels-brand-loyalty-with-ugc>

Les Médias Sociaux : lanceurs d’alerte ou méfiance ?

A l’ère du numérique, 58% de la population mondiale utilise les médias sociaux dont 46% sont des femmes. Faisant désormais partie intégrante de nos vies, ces derniers ne sont pas sans impact sur notre société. Il suffirait de citer LinkedIn pour l’accès au marché de l’emploi ou encore Instagram pour la monétisation des influenceurs pour comprendre les enjeux liés à ces médias. Concernant Instagram, il s’agit à l’origine d’un service de partage de photos et de vidéos avec ses « followers ». En 2015, 41% des utilisateurs avaient entre 16 et 24 ans. D’après les derniers chiffres Hootsuite 2021, 70% des utilisateurs actifs mensuels ont moins de 34 ans. Le média social est également devenu le théâtre de mouvements contestataires, comme les photos de profil bleu pour soutenir les Ouïghours lancé par Glucksman.  Comme nous allons le voir, c’est également devenu le lieu de revendications salariales, et de dénonciations d’harcèlement ou de comportements sexistes.

                Il s’agit notamment du cas de Chloé[1], salariée dans une entreprise de communication. Extenuée par des blagues sexistes et par un management dégradant, elle écrit un message au compte « BalanceTonAgency ». Le lendemain, en arrivant au travail, tout le monde en discute. L’entreprise s’inquiète et le top management se réunit. Un peu plus tard, des mesures sont prises pour les salariés, contre le harcèlement ou encore pour sensibiliser. Il s’agit d’un exemple, mais il en existe des milliers d’autres. Comme Chloé, de nombreuses personnes se sont plaintes de comportements sexistes notamment. Le phénomène a pris une ampleur inespérée.

Balance ton Agency : D’un compte Instagram à la réalité 

Créée en Septembre 2020 par une femme sortie de l’anonymat depuis peu, ce compte a très vite été propulsé dans le milieu de la communication et de la publicité. Le but est de dénoncer le harcèlement moral et sexuel vécu dans les agences de ce milieu. Et pour se faire, rien de mieux qu’Instagram. Dès Octobre 2020, plusieurs témoignages sont arrivés contre l’un des grands patrons, aussi président de l’Association des Agences-conseils en Communication. Après une réunion de crise avec tous les grands patrons du milieu, il démissionne face à des accusations accablantes. Depuis, le compte culmine désormais plus de 380K followers sur Instagram, obligeant les organisations à changer leurs méthodes.

« Tu ferais mieux de bosser au lieu de te pavaner dans les couloirs avec tes talons », « Tu es jolie aujourd’hui, on a envie de te sodomiser. » Ce sont le type de comportement dénoncé sur ce compte. Avec l’ampleur qu’il a pris, les organisations ont dû réagir, et changer. Ce compte exacerbe l’échec des ressources humaines dans les agences, là pour défendre les intérêts de l’agence et non aider le salarié. Les problèmes de harcèlement venant essentiellement du top management, il est difficile pour un employé de s’en plaindre en interne. Mais la norme change. Le futur président de l’AACC a produit une lettre d’engagement, puis a proposé différentes initiatives pour lutter contre le sexisme au travail.  Ce compte a notamment permis de mettre en place différentes enquêtes internes et procès aux prud’hommes. Il a même entraîné la démission de Julien Casiro le patron de Braaxe accusé d’avoir eu des comportements hautement inappropriés au travail. D’autres organisations ont pris des mesures en interne, licenciement, mise en place d’une cellule d’écoute, intérêt accru porté sur les employés, sensibilisation aux harcèlements. Mais tout cela a un coût, la créatrice de ce compte est elle-même poursuivie en justice par trois entreprises pour diffamation : Cimaya, Comfluence et Braaxe. Néanmoins, il semblerait que le monde de la publicité ne soit pas la seule victime de ce type de management.

Des pratiques dénoncées dans d’autres cadres : BalancetonBar, BalancetaStartup, etc.

                Il suffit de taper « Balanceta… » pour s’apercevoir de l’ampleur du phénomène. Des dizaines de comptes dénoncent des comportements dérangeants dans tous les secteurs. Parmi eux, deux sont de plus en plus connus : Balance ton bar et Balance ta Startup.

Ce dernier connait un succès malheureusement fulgurant : plus de 180K followers sur Instagram en un an.

Le principe est le même : libérer la parole dans l’écosystème de startups. Quelques-unes des start-ups épinglées : Chefin, Qapa, Side, Meero, Lydia, Swile, Doctolib, ou encore Lou Yetu. Quelques années auparavant, un article de blog écrit par une ancienne salariée d’Uber avait provoqué la démission et le changement de tout le top management d’Uber. Désormais, les salariés ont le pouvoir de ternir l’image de l’entreprise si cela ne leur plait pas. Ce compte souligne également le manque de mixité présent dans ce milieu. Les femmes sont beaucoup moins nombreuses dans les milieux de la Tech, et du numérique. 59,9% des femmes dans la Tech déclarent avoir fait l’expérience de harcèlement sexuel au travail ou connaitre quelqu’un qui en a fait l’expérience (rapport State of Startups 2018). Néanmoins, il est vrai que les salariés ont des attentes plus grandes envers des startups que des grands groupes. La philosophie et l’écosystème qui viennent avec le mot « start-up » engendre un rêve, une attente supérieure à celle d’un poste dans une boite du CAC 40. Ainsi, un type de management sera plus à même d’être critiqué dans ce microcosme que s’il est appliqué chez Renault. Pour finir, en phase d’hyper-croissance, le recrutement est quasi hebdomadaire et les soft skills ne sont pas toujours alignés avec les besoins. De surcroît, avec peu de diversité cela est une recette de dénonciation de la part des salariés.

Concernant Balance ton Bar, le but est radicalement différent. Avec un compte par grande ville, celui de Paris a 37K followers. Il publie des témoignages de personnes droguées dans des bars, pratique illicite qui persiste et se développe de plus en plus. « Un serveur m’a droguée le soir où on a gagné la Coupe du monde», «Je ne pouvais plus marcher, plus parler», «Je me suis réveillée chez moi avec trois préservatifs usagés autour de moi» sont des témoignages lisibles sur le compte. La procureure de Paris a même annoncé ouvrir une procédure judiciaire à la suite de plusieurs plaintes et témoignages. Ce compte souhaite faire basculer la honte de l’autre côté : ce n’est pas la faute des femmes d’avoir été inadvertants, mais du bar de ne pas s’occuper de sa clientèle et parfois même d’être complice de ces pratiques.

Le libre arbitre remit en cause ?

Tous ces témoignages, à l’aube de #Metoo, posent une réelle question philosophie. Le libre arbitre, cette faculté de penser par soi-même, est-elle en danger ? Comme nous pouvons le lire ci et là, ce « tribunal populaire » fait fi des institutions, condamne publiquement sans même passer par la justice, et dénonce de manière anonyme. Est-ce dont ça, la société de demain interconnectée ? Dans le cas de BalancetonAgency, seule 5 témoignages suffisent à l’écriture d’un post. Cela peut poser des questions déontologiques, puisqu’il est très facile de trouver cinq collègues pour dénoncer un manager. Concernant BalanceTaStartUp, dénonciations ou calomnies, ces paroles pourraient être manipulées par des concurrents bien contents d’étriper un rival devenu gênant. La créatrice de BTA souhaite qu’il existe des façons de faire plus légales, plus encadrées, et que les moyens mis en place ainsi que la justice ne sont pas de leur côté. Les réseaux sociaux permettent donc de redonner du pouvoir à ceux qui n’avaient plus de voix, mais malheureusement certains excès et/ou faux témoignages peuvent ternir cette belle initiative.

A titre d’exemple, une jeune femme s’est récemment exprimée concernant une expérience de viol vécue dans un hôtel Resort au Zanzibar (présent ici). Face aux accusations accablantes, des milliers d’internautes se sont précipités sur la page de l’hôtel pour diminuer le rating, passant de 4,4 à 1,3. Le lendemain, une fois la tempête des réseaux sociaux passée, la note est revenue à 4,4 et tous les témoignages ont été supprimés. Dans ce cas comme dans les précédents, la question est la même : Les réseaux sociaux doivent-ils jouer un rôle de lanceur d’alerte, chamboulant ainsi le système actuel, ou seulement la justice peut donner raison ou tort aux individus ?

Ewen MARGUET


[1] Chloé est un pseudonyme choisi dans le cadre de notre article

Source:

https://start.lesechos.fr/societe/engagement-societal/exclusif-balance-ton-agency-sort-de-lanonymat-anne-boistard-se-confie-1348679

https://start.lesechos.fr/travailler-mieux/vie-entreprise/harcelement-au-travail-5-conseils-pour-reagir-1348130

https://www.welcometothejungle.com/fr/articles/balance-ton-agency-crise-changement

https://www.welcometothejungle.com/fr/articles/management-toxique-startups

https://www.francetvinfo.fr/societe/harcelement-sexuel/balance-ton-bar-une-enquete-ouverte-pour-viol-a-nancy-apres-un-temoignage-anonyme_4937267.html

La (re)conquête de Twitter par Eric Zemmour

66%. C’est la part des jeunes qui s’informent en premier lieu sur Internet aujourd’hui. Et c’est même un tiers des Français qui sont concernés par cette tendance. Sur ces internautes, 20% s’informent d’abord via les réseaux sociaux selon le baromètre annuel Kantar Public Onepoint pour La Croix[1]. Et pourtant, les réseaux sociaux sont souvent blâmés pour leur manque d’objectivité et de véracité : ils ne représenteraient pas systématiquement la réalité et seraient sujets à de nombreux biais algorithmiques. Ces algorithmes développés en interne et souvent bien protégés par les géants du numérique ont été parfois critiqués pour un de leurs buts supposés premiers : susciter l’émotion pour pousser l’utilisateur à interagir. Il est ainsi aisé d’imaginer des effets de propagation dans les contenus mis en avant sur ces plateformes, demeurant par conséquent bien différents de ceux des médias traditionnels comme la télévision.

C’est dans ce contexte que nous allons nous intéresser à la campagne électorale de 2022 du candidat Éric Zemmour, et plus particulièrement à sa campagne sur le réseau social Twitter, en nous appuyant sur l’ouvrage Toxic Data de Davis Chavalarias, directeur de recherche à l’Institut des Systèmes Complexes du CNRS. Son livre pose la question suivante : les réseaux sociaux peuvent-ils influencer les votes ? Pour le démontrer, M. Chavalarias a utilisé un outil, le « politoscope », pour observer le militantisme en ligne. Ont été ainsi scrutés depuis 2017 plusieurs milliers de tweets issus des différentes communautés politiques et des médias pour mettre en lumière « plusieurs actions qui ont visé à déstabiliser les élections ou influencer le choix des électeurs [lors de la dernière présidentielle] »[2].

La première observation de cet ouvrage est l’amplification des discours anti-Macron et anti-Mélenchon favorisant ainsi la montée de l’extrême-droite et donc du parti d’Éric Zemmour « Reconquête ». David Chavalarias explique alors que cette action n’a pas été seulement menée par des Français mais également par des acteurs étrangers comme des sympathisants de l’ex-président américain Donald Trump aux Etats-Unis. Selon une étude menée par la société Twitter en 2021, « Algorithmic Amplification of Politics on Twitter », les partis politiques ne seraient en fait pas tous égaux sur les réseaux sociaux car les discours conservateurs demeureraient plus largement diffusés que les autres plus modérés. Cela semble même se vérifier dans la réalité puisqu’en France les comptes avec le plus d’influence sont ceux des extrêmes avec Eric Zemmour en tête devant Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon selon le magazine Challenges[3].

Ainsi, c’est sur cette donnée que les responsables de la communication du candidat Éric Zemmour ont notamment fait reposer sa campagne sur Twitter. En effet, une enquête récente du journal Le Monde[4] explique comment l’équipe du candidat a mis en place une stratégie « d’astroturfing ».

Reprenons. Selon Paul Conge, journaliste pour le magazine Marianne, « l’astroturfing est une manière de tromper les algorithmes en appelant quelques centaines ou milliers de personnes à relayer le même message en même temps afin qu’il remonte dans les tendances. Le procédé valorise ainsi massivement un candidat ou ses idées auprès de tous les autres utilisateurs du réseau social impliqué. ». Dérivée d’AstroTurf, une marque de moquette synthétique conçue pour ressembler à de l’herbe naturelle, cette technique remonte aux années 1980 aux Etats-Unis, lorsqu’un sénateur du Texas reçut de nombreux courriers de « citoyens » qui étaient en fait une campagne de lobbying d’une compagnie d’assurance. L’astroturfing peut également être utilisé pour diffuser des « fake news » et donc désorienter le débat public notamment lors d’élections. La stratégie consiste finalement à créer des tendances grâce au volume, dans la mesure où une centaine de personnes seulement suffisent pour imposer un débat public[5].

Revenons au cas d’Éric Zemmour. Une première observation qui peut être faite est que sa communauté Twitter a « la plus forte densité de liens internes, avec une moyenne de 7,28 connexions par membre » selon le politoscope de M. Chavalarias, ce qui signifie donc que l’information circule en vase clos. Cette observation peut cependant être trompeuse. Le parti Reconquête dispose de beaucoup de comptes « les […] avec Zemmour » pour toucher un maximum de personnes externes et ainsi souder un électorat potentiel. Pourtant, ces comptes créés récemment parlent en réalité davantage de grandes tendances et pas vraiment, si ce n’est pas du tout, de la profession qui les unit (Par exemple : « Les profs avec Zemmour » ont interagit sur des thèmes comme le Covid, le voile ou encore l’Islam).

D’autre part, beaucoup de thèmes ont été placés dans les « Tendances » sur Twitter (thèmes les plus abordés dans le pays dans un laps de temps relativement court) par le parti d’Éric Zemmour en 2021 : #lesfemmesaveczemmoour, #zemmourcandidat, etc. Cela semblait ainsi présenter un large mouvement de ralliement à M. Zemmour même lorsqu’il n’était pas en campagne officiellement.

Analysons plus précisément la montée du hashtag #lesfemmesaveczemmour. Tout commence le 4 novembre 2021 avec deux comptes qui publient 44 tweets avec une image et cet hashtag. S’en suivent alors beaucoup d’autres comptes avec d’autres tweets. A titre exemple, un des comptes a publié 150 visuels en 30 minutes. Par ailleurs, certains comptes publient les mêmes tweets simultanément. En fait, si l’on observe plusieurs comptes (Génération Z, etc.), il apparaît que plusieurs mêmes tweets ont été publiés dans le même ordre, et certains utilisateurs retweetaient – repartageaient – en masse, avec par exemple 297 retweets en douze minutes, ce qui semble difficilement réalisable sans programme informatique. Il est d’ailleurs très probable, selon David Chavalarias, qu’il y ait eu une utilisation de robots et de « fermes à contenus », site web de production de contenus de faible valeur avec pour seul objectif la génération d’interactions. En effet, publier 600 tweets par jour sur le même sujet semble peu « humain », même si cette supposition demeure difficilement démontrable à cause de la confidentialité des données de ce type de plateformes. Au total, David Chavalarias dénombre plus de 1300 campagnes d’astroturfing pour un seul compte en comptant les comptes qui avaient publiés le même message « pour faire croire que ce message-là étaient défendu par plusieurs personnes au même moment ». En fait, des soutiens officiels d’Éric Zemmour comme Samuel Lafont, responsable de la stratégie numérique d’Éric Zemmour, donnaient des directives comme par exemple : « mettez le hashtag #lesfemmesaveczemmour en tendance ». Samuel Lafont résume d’ailleurs la campagne qu’il a mené comme de la communication et non de l’astroturfing. Le hashtag apparaît dans les « tendances » ce qui le rend d’autant plus populaire. En effet, certains vont tweeter par désaccord, donnant paradoxalement de la visibilité à la tendance et d’autres, avec une plus faible audience, vont se manifester pour soutenir la tendance car cela les fait sortir de leur microcosme. Le biais est ainsi construit : si tout le monde pense pareil, cela doit forcément avoir de la légitimité. Mais en réalité, la moitié des tweets proviennent de seulement 17 comptes créés spécialement pour l’opération de gonflage du parti. Cette opération a ainsi été répétée par la suite avec d’autres hashtags.

Les responsables de la communication de Reconquête ne sont pas arrêtées là. En effet, il a été prouvé que des sites internet comme petition-permis-a-points.fr ou encore lesfemmesaveczemmour.fr ont été relayés via Twitter par des sympathisants d’Éric Zemmour[6].

Ces sites, sous forme de pétition, incitaient à entrer ses coordonnées, afin de constituer une base de données pour le parti politique. Des courriels ont par conséquent été envoyés par la suite aux personnes concernées pour récupérer de potentiels adhérents. Par ailleurs, selon Paul Conge, auteur du livre « Les grands remplacés », le parti a également recruté des militants, et plus précisément des jeunes, via, par exemple, le jeu vidéo Fortnite, en les conduisant dans des espaces de discussion privés[7]. L’univers du jeu vidéo a été utilisé car il touche des jeunes gens, parfois dans la solitude de leur écran, constituant donc une cible plus encline à être influencée.

En fin de compte, là où la loi française n’interdit pas de telles stratégies, il est interdit d’amplifier artificiellement un message selon le règlement de Twitter. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle une centaine des comptes mentionnés jusqu’ici ont été suspendu sur le réseau social.

Selon Amnesty Internationale ou Reporter sans frontières, il existe des solutions pour se protéger de telles pratiques. Il faudrait, selon ces organisations, réguler les plateformes voire refonder leur modèle économique pour un accès égal à toutes les expressions, car l’espace public doit permettre une délibération non biaisée avec une diversité de points de vue. Selon Christophe Deloire, Directeur général de Reporters sans frontières, on ne peut pas déléguer à des entreprises aux intérêts privés l’organisation de l’espace public et nous devons donc inventer de nouvelles obligations juridiques dédiées à ces questions[8].

Nous pouvons tout de même espérer que certaines mesures du DSA (Digital Service Act) ainsi que la volonté du nouveau propriétaire de Twitter Elon Musk de lutter contre les « spam bots »[9] permettront d’endiguer ces vastes campagnes de tentatives de manipulation de l’opinion.

Cléa Desitter

En quoi les plateformes de réseaux sociaux sont-elles en position de s’imposer dans le marché des Metaverse ? 

Après l’emploi du mot « NFT » dans le langage courant et son statut de mot de l’année 2021, les metaverse, concept popularisé par Meta, bousculent d’ores et déjà les codes de la communication numérique. Récemment Citi Bank a estimé à une valeur de marché entre 8000 et 13000 milliards de dollars d’ici 2030 l’économie des metaverse. Elle est en passe de révolutionner les usages et les interactions en combinant le monde physique et numérique. Bien que ses usages soient pour le moment limités, il n’est que peu risqué de projeter un développement important des applications et de l’adoption à l’avenir, là où le parallèle avec Internet des années 2000 semble évident.

Ainsi, quel regard ont les réseaux sociaux, sensibles aux tendances, sur cette nouvelle opportunité.

Les metaverses, des lieux propices au développement des réseaux sociaux

Pour le moment, les metaverses sont considérés comme un secteur de niche par rapport aux réseaux sociaux. Cela dit, cette innovation a le potentiel d’attirer des communautés d’utilisateurs, d’influenceurs, des marques et des annonceurs. De plus en plus d’évènements sont organisées dans des metaverse. Les participants n’étant limités que par leur connexion Internet et non par leur localisation. L’accès peut être facilement restreint aux détenteurs de NFT, ce qui permet de cibler davantage son audience et de la fidéliser au travers de produit exclusif.

Dernièrement, Samsung a dévoilé son dernier smartphone sur Decentraland (un des metaverse leader), offrant aux participants des NFT exclusifs. Ces événements permettent aux utilisateurs et aux marques de se rencontrer virtuellement et ce depuis le monde entier. 

Selon une étude menée par IZEA Research, 70 % des influenceurs voient les metaverses remplacer entièrement les réseaux sociaux, en prenant le contrôle des plateformes vidéo actuelles et en ouvrant de nouvelles possibilités : à la fois de revenus et de communication. 

Outre l’organisation d’événements, les influenceurs peuvent monétiser leur activité dans les metaverses de diverses manières et cherchent activement à le faire. Selon l’étude d’IZEA mentionnée ci-dessus, 51 % des influenceurs cherchent à créer un modèle de revenu en lien avec un metaverse et 21 % y gagnent déjà de l’argent.

“The metaverse is moving towards becoming the next generation of the internet or Web 3.”

Citi Bank

Les nouveaux outils de l’avenir des réseaux sociaux

En quelques années, les réseaux sociaux ont conquis des milliards d’adeptes et la communication numérique joue un rôle prépondérant dans notre société. Nous sommes désormais entourés de ces applications qui nous permettent de nous connecter les uns aux autres, de faire du shopping, lire, jouer, partager, etc…

Le rôle des plateformes à évoluer au fur et à mesure passant d’une solution simple de communication à un outil de diffusion, de vente et d’influence. Ainsi, les leaders de cette industrie sont en recherche perpétuelle d’innovation afin d’améliorer leur solution et attirer un public jeune, cœur de cible pour leur marché. Deux tendances principales ressortent sur ce vers quoi tend les réseaux sociaux :

1. La création d’expérience d’achat basée sur la réalité augmentée

Avec l’essor des solutions internes d’achat sur une série d’applications de réseaux sociaux populaires, la combinaison du social et du commerce est en cours de démocratisation.

Les réseaux sociaux souhaitent accélérer l’utilisation de la réalité augmentée afin de créer une nouvelle forme de contenu. Les entreprises pourront offrir à leurs clients une expérience différente en leur proposant de se familiariser avec un produit ou un service avant de l’acheter. Les frontières entre le monde virtuel et le monde réel s’estompent de plus en plus, faisant de la réalité augmentée un formidable outil à l’avenir pour les réseaux sociaux.

2. Une « événementialisation » des réseaux

Avec l’essor des techniques de diffusion de contenu, les réseaux sociaux et leurs utilisateurs tendent de plus en plus vers une « évènementialisation » du contenu. Ces évènements représentent un nouveau moyen de communication pour promouvoir une marque, une entreprise, des services et des produits. Par l’essor de créateur diffusant du contenu en direct mobilisant parfois plusieurs centaines de milliers de personnes, les réseaux sociaux sont devenus un espace de création de communauté et de partage d’expérience. Là où les premières versions de réseaux permettaient des échanges en petits groupes, désormais la place est à la création d’évènement et de contenu. Ainsi, grâce aux possibilités technologiques utilisées dans les metaverses, de plus en plus d’entreprises et de marques organisent des évènements tels que très récemment le Paris NFT Day simultanément au Palais Brongniart et dans Decentraland.

La nouvelle Creator Economy : un écosystème appartenant à la communauté

La promesse initiale d’Internet était d’être ouvert. Actuellement, une poignée d’entreprise gèrent les flux de données sociales de 3,5 milliards de personnes.

Le Web 3.0 est une réaction à la centralisation mise en place par le Web 2.0 qui représente un problème fondamental non seulement pour la technologie, mais aussi pour la société. L’idée globale du Web 3.0 est de construire un monde plus décentralisé. En l’absence d’autorité centrale et par le biais d’une gouvernance partagée, l’utilisation des données est contrôlée par les utilisateurs eux-mêmes.

Les réseaux sociaux fonctionnent sur un principe d’économie des plateformes centralisés. Le Web 3.0 introduit quant à lui un nouveau concept : l’économie de la propriété. Ainsi, les nouvelles plateformes sont gouvernées par la communauté d’utilisateur.

Evolution du WEB

Mais alors où en sont les réseaux sociaux avec l’adoption de cette technologie ?

Récemment, Meta a annoncé que 47% de commission serait prélevée sur les objets mis en vente sur la marketplace. Pourquoi est-ce problématique ? Car cela est une pratique du Web 2.0 et que cela est un véritable frein pour les Web 3.0 natifs, cœur de cible de demain.

Ces objets vendus par Meta seront en réalité des NFT pouvant être utilisés dans le metaverse pour différentes actions. Par cette décision, Meta expose sa logique purement commerciale à développer cette solution. Or, le Web 3.0 a une autre philosophie, une éthologie qui lui est propre, où le créateur est au centre de l’écosystème.

Alors que les jeunes ne sont déjà plus présents sur Facebook et quittent Instagram peu à peu, les plateformes Web 3.0 sont en train de s’imposer auprès des créateurs grâce à leur liberté d’action et leur modèle centré sur la Creator Economy.

Comparaisons des commissions des plateformes

Des plateformes telles que Sandbox et Decentraland sont les leaders du marché. Bon nombre d’entreprises et de marques internationales y ont d’ores et déjà acquis des parcelles et compte bien y développer à l’avenir des évènements, des lieux de rencontre, d’échanges, d’achat et de promotion.

« The fact that it is decentralised means that the people who use Decentraland own and govern it. »

Dave Carr, CCO Decentraland

La Creator Economy ne consiste plus seulement à apporter de la valeur aux plateformes. Il s’agit de nouvelles formes de relations directes : créateur – communauté. Là où les contenus des réseaux sociaux sont dans un espace fermé, les créateurs se tournent de plus en plus vers les plateformes Web 3.0 pour y diffuser du nouveau contenu et se créer une nouvelle audience.

Le 20 avril 2022 Coinbase a dévoilé sa markeplace NFT et cela restera dans les mémoires comme une date importante, à l’intersection des plateformes Creator Economy et Web 3.0.

Marketplace Coinbase NFT (©Cryptobullsbears)

Coinbase NFT aspire à aller au-delà d’un simple hub pour acheter et vendre des biens. En fait, son interface utilisateur ressemble beaucoup, osons-nous le dire, à un actuel réseau social. L’espace commentaire y est présent, le fil d’actualité, les recommandations, les likes etc…

Fort de ses 90 millions d’utilisateurs, Coinbase par cette décision stratégique, s’approprie les codes des réseaux sociaux et place ses pions pour devenir l’un des pionniers de l’économie sociale du Web 3.0 tournée vers le créateur.

Coinbase peut devenir Instagram plus rapidement qu’Instagram ne pourrait créer une marketplace NFT. La puissance de Coinbase ici est de créer une traction sociale pour se transformer en une super-application qui peut englober les NFT, entre autres.

Alors, pourquoi les réseaux sociaux actuels ne seront pas les leaders de demain ? Car les jeunes n’utilisent pas forcément ses applications obsolètes. Ils se tourneront vers l’application que leurs amis et pairs utiliseront. Coinbase montre alors des signes de réelle innovation de production et a su prendre conscience que le marché et la psychologie des utilisateurs est en train de changer. Les réseaux sociaux ont su porter l’économie du Web 2.0, désormais leurs codes semblent ne plus être en adéquation avec ce que propose le Web 3.0 avec la technologie blockchain et les metaverse.

Les pionniers d’aujourd’hui pourront être les leaders du Web 3.0 : l’avenir de l’internet décentralisé.

Alina Viatkina

Sources

Compréhension du marché :
Etude de Citi Bank sur l’avenir des metaverse :
Etude de Izea Research :
NFT mot de l’année 2022 selon le Collins Dictionnary :
Creator Economy :
Images :

Dans la boite noire de TikTok

Qui aurait cru après l’échec de l’application Vine qu’une application de doublage musical puis de montage et de partage de courtes vidéos d’origine Chinoise dépasse les mastodontes Facebook et Instagram sur le marché de plus en plus en concurrentiel de l’attention (1) ?

C’est pourtant ce qui est arrivé en 2020, en effet selon les chiffres d’Airnow data qui analysent le nombre de téléchargements de l’application dans le monde en 2020 de mars à août c’est bien TikTok qui arrive loin devant Facebook ou Instagram (presque 80 millions de téléchargements en mars pour TikTok contre un peu moins de 40 millions pour Instagram). TikTok a même depuis 2021 surpassés le nombre de visites Google (2)… Comment expliquer cet engouement frisant l’addiction planétaire ?

Retour sur une ascension fulgurante

Pour comprendre comment une telle croissance est possible, il faut tout d’abord revenir en 2016, à la création de Douyin par l’entreprise ByteDance. Douyin est la « grande sœur de TikTok », les deux ont exactement le même fonctionnement c’est-à-dire une plateforme de distribution et de production de vidéos allant de 3 à 180 secondes, mais la première est hébergée sur un serveur Chinois et s’adresse à un public domestique tandis que la seconde est créée pour le marché international (3).

Les deux applications rencontrent très rapidement un fort succès et le rachat en 2018 par ByteDance (4) de l’application concurrente Musica.ly ne fait que renforcer la popularité de l’application. Si la musique est une donnée du succès à part entière de l’application prisée par les générations les plus jeunes (5) La réponse au secret de cette popularité se trouve également dans le business model, la raison d’être même de Bytedance : l’utilisation de l’intelligence artificielle et toutes ses déclinaisons pour distribuer et créer de l’interaction avec de l’information et du contenu (6). Mais qu’est-ce qui fait la spécificité de TikTok par rapport à ses concurrents ? La réponse se trouve en grande partie dans le taux d’engagement que suscite l’application, si l’on se trouve dans un tournant très favorable à l’user generated content (Jensen,2007) (7) ces derniers sont impressionnants pour une plateforme aussi jeune.

TikTok domine non seulement en matière d’utilisateur actif, mais également en rétention de ceux-ci avec une moyenne de longueur de visites de 52 minutes par jour et par utilisateur. Si TikTok arrive à maintenir un taux d’engagement aussi c’est grâce à sa capacité de recommandation et de curation de contenu personnalisé. C’est ce fonctionnement qui a mis au cœur des différents succès ou controverses de l’application la question de son algorithme et des interrogations qu’il soulève, puisque c’est ce dernier qui est l’architecte de ce nouvel écosystème.

Mathématiques d’un succès

Que se cache-t-il derrière cet algorithme vu par certains comme une poule aux œufs d’or et par d’autres comme un dangereux outil ?

Il est difficile de répondre à cette question que beaucoup se sont posés, et d’autres facteurs comme le design de l’application rendant l’user expérience agréable peuvent être avancés (8). Une autre explication peut être le format et la durée des vidéos, TikTok privilégie les vidéos de quelques secondes, cela permet de naviguer facilement entre des centaines voire des milliers de vidéos de quelques secondes dans un contexte où l’attention moyenne de l’être humain a chuté pour se stabiliser autour de quelques secondes (9). Dans cet environnement de forte augmentation d’absorption de l’information et de saturation de l’attention, une application basée sur de petits formats courts et percutants utilisant le système de récompense aléatoire (10) semble être une formule gagnante.

Néanmoins, c’est bien cet algorithme de recommandation, et l’idée d’un contenu unique personnalisé pour l’utilisateur et retranscrit dans la page d’accueil « For you page » qui dope l’audience de l’application. En effet, TikTok prends l’idée de la recommandation à rebours, là où « l’explore page » est secondaire sur Instagram, la « For you page » qui mêle abonnements, mais surtout contenu poussé par l’analyse des habitudes de visionnage (likes, temps de visionnage, interactions avec hashtags…) est au cœur de l’application. Ici la recommandation est au cœur de l’application, elle en est son essence même. Beaucoup d’hypothèses ont été faites sur les spécificités de l’algorithme, c’est pourquoi en septembre 2020 l’application a précisé quelques informations sur le fonctionnement de l’algorithme afin de dissiper certaines rumeurs.

En effet, c’est à cette période que l’entreprise lance son premier « transparency center » à Los Angeles en pleine tourmente et questionnement sur l’ingérence de la Chine aux États-Unis (obligation de se faire racheter par une entreprise américaine, ce qui est toujours en suspens) (11), mais aussi des inquiétudes quant aux traitements des données recueillies par l’application (12). On apprend donc de cette ouverture de TikTok à la presse américaine que :

  • L’algorithme utilise l’apprentissage automatique pour déterminer le contenu susceptible de plaire à l’utilisateur en proposant de nouvelles vidéos basées sur l’engagement de personnes aux profils similaires.
  • Il utilise également les informations de la vidéo (sons, tags, légendes) ainsi que celles de l’appareil qu’il utilise.

Grâce à toutes ces données, l’application peut « cartographier » les thèmes assignés à l’utilisateur et les agréger en clusters. Ainsi il va recommander des vidéos en fonctions de ces clusters, mais aussi de l’affilier à des groupes d’utilisateurs similaires tout en évitant d’envoyer un contenu redondant, on ne tombe quasiment jamais deux fois sur la même vidéo. Mais cette capacité à cerner les intérêts des utilisateurs est comme l’avaient craint certains critiques, problématique. En effet, l’entreprise elle-même admet qu’un effet de « bulle de filtrage » peut arriver en poussant les utilisateurs dans des biais ou des limitations de contenus, ce qui soulève des problèmes à l’aune de la multiplication des fake news. L’entreprise pour se défendre de ces dérives a fait appel à des censeurs, mais également en données et sécurités. Mais il semble que cet « effet secondaire », pendant de sa recette miracle, ait encore de beaux jours devant lui.

En effet, une enquête menée par le Wall Street Journal et publiée en juillet 2021 analysant les données produites par 100 bots lancés sur l’application avec des centres d’intérêt différents a montré comment l’algorithme par son système de recommandation multifactoriel puissant avait tendance à renforcer ou créer de biais cognitifs de façon extrêmement rapide, ce qui soulève autant de problèmes de santé publique et de protection de l’enfance que d’ingérence dans la sphère politique et démocratique. L’algorithme peut détecter rapidement à quel contenu on est sensible, celui qui va nous faire interagir sans signifier que c’est un contenu que l’on apprécie, c’est celui qui va faire rester l’utilisateur sur la plateforme. Il est donc difficile de changer ses préférences quand l’outil de recommandation a catégorisé l’utilisateur. Il n’est plus seulement question d’utilisateur qui entraine l’algorithme à reconnaître ses gouts, il est aussi question d’un algorithme qui pousse un certain contenu vers l’utilisateur (13).

RSE ou coup de communication ?

Cette problématique de renforcement négatif a été confirmée par la fuite d’un document interne début décembre 2021 portant sur l’algorithme et analysé par des journalistes du New York Times. Les critiques de l’application ont trouvé raison à leurs inquiétudes dans ce document qui montre bien que la rétention sur l’application et le temps de visionnages étaient les deux métriques principalement optimisées, pouvant favoriser « l’addiction » de l’utilisateur et non pas juste ses préférences. L’équation simplifiée suivante : « Plike X Vlike + Pcomment X Vcomment + Eplaytime X Vplaytime + Pplay X Vplay » permet également d’attribuer un score à une vidéo qui déterminera sa mise en avant. Le document explique également comment il essaye de déjouer les vidéos « like bait » et l’ennui que pourrait ressentir l’utilisateur si l’algorithme poussait trop de vidéo similaire en son sens tout en favorisant le contenu monétisé.

Ce problème a poussé TikTok à déclarer un ajustement en décembre 2021 de son algorithme pour ne pas encourager des mécanismes de « renforcement négatif » et protéger la santé mentale de ces utilisateurs ainsi que des plus jeunes par rapport à certains sujets nocifs (15). Difficile de savoir dans quelle mesure cette modification de trajectoire est possible sans brider ce fonctionnement qui fait le succès de l’application.

Mais paradoxalement, le document interne de TikTok montre la « banalité » de l’algorithme. Si le document ne rentre pas dans les détails techniques, les techniques qu’ils semblent employer ne semblent pas plus éthiquement discutables que celles déjà utilisées par des plateformes comme Facebook, il en va de même pour les inquiétudes considérant la privacy et l’utilisation des données. Ce qui semble alors poser problème relève peut-être alors plus de la souveraineté numérique que l’on ne peut le croire. En effet ce qui inquiète, c’est aussi le lien très fort avec ByteDance et Douyin qu’entretien avec TikTok et par extension le gouvernement Chinois.

Elise Kravets

Sources

  1. https://fr-statista-com-s.proxy.bu.dauphine.fr/infographie/22897/telechargements-mensuels-application-tiktok-dans-le-monde/
  2. https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1849557/tiktok-populaire-site-web-google-palmares-2021-cloudflare
  3. https://www.lemonde.fr/pixels/article/2018/10/05/comprendre-tik-tok-l-application-preferee-des-ados-fans-de-play-back_5365205_4408996.html
  4. https://www.reuters.com/article/us-bytedance-musically/chinas-bytedance-scrubs-musically-brand-in-favor-of-tiktok-idUSKBN1KN0BW
  5. https://numerique-investigation.org/les-adolescents-sur-tiktok-a-la-recherche-de-la-couronne/2771/
  6. http://tcci.ccf.org.cn/summit/2017/dlinfo/02.pdf
  7. http://imx.acm.org/2007/tutorials/user-generated-content2.pdf
  8. https://www.nyucommclub.com/content/2020/12/14/why-tiktok-is-addicting-its-not-the-reason-you-might-think
  9.  https://journals.physiology.org/doi/pdf/10.1152/advan.00109.2016
  10. https://numerique-investigation.org/les-adolescents-sur-tiktok-a-la-recherche-de-la-couronne/2771/
  11. https://www.axios.com/tiktok-los-angeles-china-6b4be5e0-a7ac-4a5c-a929-8538382d4bd3.html
  12. https://siecledigital.fr/2021/02/12/tiktok-oracle-suspens/
  13. https://www.wsj.com/articles/tiktok-algorithm-video-investigation-11626877477
  14.  https://www.nytimes.com/2021/12/05/business/media/tiktok-algorithm.html
  15. https://www.wsj.com/articles/tiktok-to-adjust-its-algorithm-to-avoid-negative-reinforcement-11639661801

Le modèle FAST : nouvel essor de la télévision linéaire ?

The Roku Channel, un des principaux service proposant un accès à des chaînes FAST

Une overdose d’abonnements pour des consommateurs en perfusion de contenus audiovisuels

Depuis une petite dizaine d’années, les plateformes de vidéo à la demande ont su imposer certaines de leurs productions comme des faits culturels et d’actualité de premier plan. En effet, plusieurs fois par mois, une série ou un film soutenu par un important battage publicitaire se hisse au rang de phénomène de société. Par exemple, rares sont ceux qui ont pu éviter The Mandalorian et son baby Yoda (Disney), Squid Game ou Don’t Look Up (Netflix) et en 2021. Pour visionner ces contenus, il est nécessaire de souscrire à un abonnement auprès du service de streaming sur lequel ils sont disponibles en exclusivité.

Un spectateur souhaitant suivre les contenus au cœur de l’actualité doit donc souscrire à une multitude de services de vidéo à la demande. À ces dépenses mensuelles s’ajoutent le prix d’abonnements mensuels à d’autres services de contenus (services de musique en streaming, presse, contenus sportifs, jeux en ligne…), mais également ceux des services d’accès à internet, de stockage de données, d’accès aux fonctionnalités premium de certains services, etc. Le cabinet de conseil West Monroe Partners a mené une étude auprès de 2500 personnes en 2021, afin d’étudier le rapport des américains aux services par abonnement. En moyenne, la population interrogée estimait dépenser 62$ par mois, alors que la dépense moyenne s’élevait à 273$ par mois, soit presque 4,5 fois ce montant. Outre le fait que les consommateurs sont donc de manière générale très peu conscients de l’ampleur de leurs dépenses dans des services par abonnement mensuel, l’étude nous apprend également que les consommateurs sont plus ou moins conscients des postes de dépense selon le domaine qu’ils concernent. En particulier, les dépenses pour des abonnements à des services de contenus audiovisuels (20$ par mois en moyenne) sont ceux dont les consommateurs sont le plus conscients. La souscription un un service par abonnement mensuel présente l’avantage d’être facile et rapide, de représenter individuellement des montants relativement faibles pour le consommateur, tout en donnant accès à des catalogues colossaux.

Pour ces raisons, les abonnements à des services ont tendance à s’accumuler discrètement chez les consommateurs, jusqu’à représenter des sommes colossales sur le long terme. Aussi, et alors que la concurrence entre les service de vidéo à la demande est féroce et que les plateformes sont forcées à rehausser leurs tarifs (Netflix annonce une hausse de ses tarifs aux États-Unis et au Canada et prévoit de le faire prochainement dans d’autres régions du monde), il apparait complexe pour les plus petits acteurs proposant des contenus audiovisuels de se frayer un chemin jusqu’au portefeuille des consommateurs. Le modèle des FAST (pour Free ad-supported streaming TV) pourrait représenter une alternative viable pour les distributeurs de contenus.

Les FAST, une alternative aux services de vidéo à la demande par abonnement

FAST désigne un service de télévision en direct, financé par la publicité. Les chaînes FAST sont le plus souvent diffusées via l’OTT. Ces nouvelles formes de télévision linéaire sont souvent constituées à partir d’importants catalogues thématiques, qu’il s’agira d’organiser sous forme le listes de lectures. Ainsi, sur les principaux services proposant un accès à des chaînes FAST dont les plus populaires sont Plex TV, Samsung TV Plus, The Roku Channel, Peacock ou Pluto TV, il est possible de trouver des chaînes exclusivement consacrées au jazz, à South Park, aux cours de peinture du peintre Bob Ross, ou encore à la National Football League. En septembre 2021, Variety intelligence platform analysis répertoriait 1037 chaînes FAST disponibles sur l’ensemble des services disponibles. Ce nombre important peut s’expliquer par les coûts relativement faibles nécessaire à la programmation de contenus sur une chaîne FAST.

La grande variété de contenus ainsi proposée gratuitement au consommateur ont rapidement permis aux services proposant un accès aux FAST de connaître des audiences cumulées très importantes et par la même, un très grand nombre d’impressions publicitaires. Les chaînes FAST fonctionnent généralement sur le modèle suivant : des coupures publicitaires régulières de 2/3 minutes (parfois jusqu’à 4 ou 5 fois par heure) ; avec l’avantage pour les annonceurs de proposer des contenus publicitaires personnalisables, avec la possibilité de suivre et d’analyser leur effet, tout en permettant à l’avenir d’apporter de l’interaction et de lier ces publicités à des contenus hébergés sur internet.

Le modèle FAST : une mine d’or éphémère ou un modèle durable pour les distributeurs de contenus ?

Sans surprise, de nombreux acteurs traditionnels de la télévision linéaire américaine tels que les chaînes d’informations locales ou nationales se sont engouffrés parmi les chaînes FAST, cherchant à profiter à leur tour d’une partie des revenus générés par la publicité.

Selon le site spécialisé dans l’économie numérique, Google intègrera prochainement son propre service d’accès à des chaînes FAST à la Chromecast et potentiellement à d’autres appareils Android, ce qui drainera assurément de nouveaux utilisateurs vers ce nouveau modèle de consommation de contenus audiovisuels.

D’après une étude du Variety intelligence platform analysis, la compétition entre les plateformes proposant un accès aux chaînes FAST profitera aux quelques plateformes parvenant à agréger les contenus les plus populaires ; alors que les plus petites plateformes déclineront jusqu’à disparaître. Nous pourrons alors observer une compétition similaire à celles observable sur entre les plateformes de vidéo à la demande par abonnement, où les contenus en premier lieu et plus marginalement l’expérience utilisateur, sont eu cœur d’une compétition féroce, qui devrait faire la part belle aux catalogues de contenus, en dépoussiérant et nous faisant redécouvrir certains d’entre eux.

Sources :

Bridge, G. (2021, 27 septembre). Page not found. Variety. https://variety.com/vip/what-the-boom-in-fast-channels-and-services-means-1235071546/

CNC. (2021, 17 décembre). Observatoire de la vidéo à la demande | CNC. https://www.cnc.fr/documents/36995/1389917/Observatoire+de+la+vidéo+à+la+demande+2021.pdf/c5e1c2e3-00e8-4d0c-30ee-29838bc87254?t=1639731844494. https://www.cnc.fr/professionnels/etudes-et-rapports/etudes-prospectives/observatoire-de-la-video-a-la-demande_1594544

Glum, J. (2020, 12 février). Is paying for disney+ worth it just to see baby yoda ? Here’s what finance experts say about subscription overload. Money. https://money.com/monthly-subscription-costs-tips/

Harrison, B. (2021, 17 novembre). The Evolution of Free Ad-Supported TV (FAST). Streaming Media Magazine. https://www.streamingmedia.com/Articles/ReadArticle.aspx?ArticleID=150126

Kline, D. B. (2020, 20 février). Subscription Overload : Are You Paying for Too Many Streaming Services? The Motley Fool. https://www.fool.com/investing/2020/02/20/subscription-overload-paying-too-many-streaming.aspx

Peterson, T. (2021, 4 juin). Subscription-based streamers outstrip ad-supported services’ share of watch time. Digiday. https://digiday.com/future-of-tv/subscription-based-streamers-outstrip-ad-supported-services-share-of-watch-time/

Roettgers, J. (2021, 17 septembre). Google’s latest plans for Chromecast are all about free TV. Protocol €” The People, Power and Politics of Tech. https://www.protocol.com/chromecast-google-tv-fast-channels

West Monroe. (2021). The State of Subscription Services Spending. https://www.westmonroe.com/perspectives/report/the-state-of-subscription-services-spending

Zilko, C. (2022, 14 janvier). Your Netflix subscription price in north America is about to go up. IndieWire. https://www.indiewire.com/2022/01/netflix-price-raised-us-canada-1234690736/

La catégorie « Discussion » sur Twitch : un nouveau relai de croissance ?

Twitch (à l’origine Justin.tv) est une plateforme de streaming vidéo en direct créée en 2011 et à l’origine non-exclusivement dédié au jeu vidéo. C’est lorsque la branche « jeux vidéo » du site a gagné en popularité que l’entreprise a décidé d’axer son contenu uniquement sur le jeu-vidéo, capitalisant notamment sur les compétitions d’e-sport. Twitch.tv était né. Mais rapidement, peu après le rachat orchestré par Amazon en 2014 pour un montant de 970 millions de dollars, la plateforme au départ très protectrice sur le contenu exclusivement jeu-vidéo s’ouvre à nouveau à d’autres catégories de contenu en créant la catégorie aujourd’hui la plus populaire sur la plateforme : « Just Chatting » (en français « Discussion »).

Merci le confinement

Comme pour la plupart des entreprises du divertissement du numérique, Twitch a connu une énorme augmentation du nombre de ses viewers au début du confinement (+43% entre février et avril 2020). Néanmoins, cette augmentation n’est pas à imputer directement à la catégorie « Discussion » puisque la part de cette dernière est resté assez stable entre janvier et juin 2020, représentant environ 9% de la totalité des viewers avant le confinement et 11% après. Cette forte augmentation est plus vraisemblablement dû à l’arrivée du jeu Valorant.

Pour autant, l’augmentation progressive de cette catégorie pendant le confinement est indéniable, avec environ 120 000 viewers en janvier 2020, puis 330 000 en janvier 2021 avant d’osciller pendant l’année 2021 entre 350 000 et 400 000 viewers. Il serait facile d’en conclure que cette augmentation n’est dû qu’à un public de non-joueurs puisque cette catégorie ne concerne pas le jeu vidéo et que le public de Twitch semblait avoir atteint une certaine forme de maturité pendant l’année 2019. Néanmoins, la frontière entre « joueur » et « non-joueur » est de plus en plus flou. Parle-t-on des « joueurs réguliers » ? Des « joueurs occasionnels » ? Des joueurs occasionnels sur Switch ? Des joueurs occasionnels sur mobile ? La pluralité de ceux qui se divertissent par l’intermédiaire du jeu vidéo vient brouiller les pistes et les recoupements envisageables. On pourrait par exemple supputer que ce nouveau public est un public de joueurs peu intéressés par les compétitions e-sportives, mais bien au fait des codes régissant le monde « geek » et numérique, avec une appétence particulière, donc, pour ce genre de plateforme.

La force de la communauté

Cela étant dit, l’engouement est là. Dans le top 20 des chaînes les plus regardées de France, Usul2000 parle politique et décortique des articles d’actualité avec en moyenne 4 200 viewers tandis que Anth0xC0lab0y réunit 4 000 viewers pour regarder des reportages en mode « détente ». Dans le prolongement des live tweets organisés par certains utilisateurs de Twitter pour suivre, dans une sorte de communion numérique, des émissions télévisées, Twitch et son tchat promettent une expérience de livestream toujours plus collaboratif, avec toujours plus d’interactions. Dans une interview accordée au blogdumoderateur, Matt Webster, VP Global Marketing Strategy chez Twitch, revient sur le rapport qu’entretien la plateforme avec la télévision :

« Pour nous, il s’agit de faire de la télévision différemment. Nous sommes une expérience de visionnage linéaire et en direct. Il y a cependant deux différences essentielles. Tout d’abord, chaque chaîne sur Twitch est une expérience personnalisée. Cela permet à la communauté de trouver du contenu qu’elle aime et qui lui est spécifiquement destiné. La seconde différence est l’interactivité. Twitch ne doit pas être associé à une consommation passive, comme la télévision, mais à une expérience où le public façonne, dirige et participe à son divertissement. En outre, nous pensons que tout le monde devrait faire de la publicité sur Twitch. Notre public est très engagé et difficile à atteindre sur d’autres canaux. »

C’est donc l’engagement de la communauté des Twitch et des différentes communautés réunies autour des streamers qui fait la valeur du modèle. En effet, une partie des revenus de la plateforme provient de la commission que prend Twitch sur les « Subs », ces abonnements payants qui permettent de soutenir son streamer préféré en échange d’avantages à faire valoir dans le tchat. C’est aussi sans doute pour cette raison que le confinement a autant profité à Twitch : il était possible d’interagir avec d’autres humains, que ce soit dans le tchat entre utilisateurs ou dans le tchat avec le streamer.

Popularité de la catégorie « Discussion » : Twitch propose, les utilisateurs disposent

Twitch a bien compris cette caractéristique essentielle. C’est pourquoi la plateforme a déployé une armada de nouveaux outils mis à disposition des streamers. Plus de 350 tags ont été déployés en 2021, permettant une plus forte inclusion et une meilleure reconnaissance des spécificités de chaque streamer et de la communauté qui leur est associée. Dans le même temps, Twitch a renforcé les outils de modération pour permettre de faire face aux vagues de harcèlement subits par certains streamers. Mais la diversité reste au cœur de l’expérience que Twitch veut façonner pour ses utilisateurs. Matt Webster en parle en ces termes :

« Notre rôle est de faire de Twitch le meilleur endroit pour construire votre carrière, trouver votre communauté et façonner le contenu que vous aimez. En tant que tel, nous cherchons à soutenir l’évolution organique de notre service, et la proéminence du contenu non-gaming est l’un de ces domaines. Les membres de notre communauté ont des intérêts variés et aiment les explorer sur Twitch. […] Notre communauté française en est un excellent exemple. Sur Twitch en France, vous trouverez un très grand nombre de médias traditionnels, de diffuseurs ou de journalistes (plus que partout ailleurs dans le monde). C’est parce que c’est la passion de la communauté. »

De TwitchPlaysPokemon en 2014, qui montrait déjà que l’une des plus grandes forces de Twitch est son chat, agissant comme un reflet dont s’empare le créateur de contenu, et qui montrait déjà que l’aspect communautaire est au cœur de l’expérience, aux reacts de vidéo et aux talks-shows français, Twitch a muté. Aujourd’hui, de plus en plus de chaînes se réapproprie les possibilités offertes par le tchat et le livestream pour proposer des émissions politiques qui reprennent par exemple les directs de l’Assemblée Nationale ou du Sénat. Une effervescence politique a lieu avec des chaînes comme celle de DANYetRAZ, qui a vu un succès record et une entrée dans le TOP 100 des chaînes françaises avec une moyenne actuelle de 2 000 viewers. On pourrait aussi citer le succès de Samuel Etienne et de Backseat (aussi fortement suivi grâce à la présence de Usul). Le point commun entre ces chaînes : un esprit singulier et une réappropriation des codes de la plateforme, fortement façonnée par l’impact des gamers. Preuve, s’il en fallait, que la démocratisation de Twitch à un public non-gamer à encore de beaux jours devant elle.

La preuve d’une belle synergie entre user aspect et platform aspect

Finalement, la stratégie de Twitch paye. En laissant plus de libertés à ses créateurs de contenu, en les outillant toujours mieux (ajout de la bibliothèque d’émoticônes, création du programme d’affiliation…), cela permet une nouvelle approche de sa plateforme. Ce n’est plus Twitch qui imagine, ce sont ses utilisateurs qui s’approprient les possibilités que la plateforme leur offre. Les streamers agissent en véritable médiateur de contenus. Jamais dans la complaisance et toujours « authentiques », ils saupoudrent de leur personnalité des émissions, des documentaires, des vidéos, des articles autrement jugés rébarbatifs par les non-initiés. Ce faisant, Twitch devient un havre de discussion sur des sujets aux importances diverses, mais résolument tous politiques.

Grégoire Benoist-Grandmaison

Sources :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Twitch
https://www.numerama.com/pop-culture/217493-avec-irl-twitch-poursuit-sa-diversification-au-dela-du-jeu-video.html
https://www.quora.com/Why-did-Twitch-add-the-category-for-Just-Chatting-when-they-advertise-as-a-live-streaming-platform-for-gaming-channels
https://kotaku.com/streamers-are-misusing-twitchs-just-chatting-section-b-1844557615
https://www.dexerto.fr/divertissement/le-just-chatting-sur-twitch-ecrase-tous-les-autres-jeux-en-2020-1281171/
https://gamingonphone.com/miscellaneous/just-chatting-streams-taking-over-twitch-and-content-creation/
https://www.ladn.eu/nouveaux-usages/comment-parle-twitch-merci-pour-sub-marthus67/
https://twitchtracker.com/
https://www.breakinglatest.news/health/other-than-gaming-so-twitch-has-become-a-platform-for-everyone/
https://warc.cn/newsandopinion/news/mobile-gaming-gains-during-lockdown-e-sports-unchanged/43903
https://www.theverge.com/2020/5/13/21257227/coronavirus-streamelements-arsenalgg-twitch-youtube-livestream-numbers
https://www.wired.com/story/twitch-non-gamers/
https://start.lesechos.fr/societe/culture-tendances/comment-twitch-est-devenu-un-reseau-social-grand-public-avec-le-confinement-1266972
https://on-media.fr/2021/02/04/twitch-democratisation-et-diversification-de-la-plateforme-de-stream/
https://www.presse-citron.net/twitch-ailleurs-streaming-jeu-video-explose-pendant-le-confinement/
https://www.presse-citron.net/comment-twitch-prevoit-de-se-tourner-vers-de-nouveaux-programmes-interactifs/
https://gensdinternet.fr/2020/04/29/durant-le-confinement-twitch-attire-de-nouveaux-utilisateurs/
https://www.blogdumoderateur.com/twitch-presente-strategie-marketing-france-monde/
https://techonomy.com/confusing-world-gen-z-twitch-politics/
https://nytimes.com/2020/11/10/style/hasan-piker-twitch.html
https://www.nytimes.com/2020/06/18/technology/protesters-live-stream-twitch.html
https://www.wired.com/story/politicians-twitch-voters-georgia-election/
https://www.geekwire.com/2021/livestreaming-report-sudden-rise-sleep-streaming-gta-role-playing-twitch-keeps-growing/
https://www.blogdumoderateur.com/10-ans-twitch-5-dates-cles-nouveautes-emoticones/
https://blog.twitch.tv/en/2021/05/21/celebrate-yourself-and-your-community-with-350-new-tags/

Le morcellement des idées politiques dans l’écosystème numérique : l’émergence des plateformes des extrêmes

Janvier 2022, à quelques mois des élections présidentielles françaises : Jean-Luc Mélenchon a trois fois plus de followers que la Présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen; les ministres du gouvernement actuel se font les conquistadors de Tik Tok; la Primaire populaire a donné rendez-vous à 18h50 un dimanche soir sur ses réseaux sociaux afin d’y annoncer le ou la candidat(e) qu’elle souhaite porter à la présidentielle. En clair, le numérique et les réseaux sociaux sont au centre des préoccupations des politiques et de leurs campagnes respectives.

Cette tendance en entraîne une seconde qui s’illustre par l’émergence de nombreux nouveaux moyens de communication et de propagation d’idées propres à un bord politique, notamment extrême. C’est le cas de Truth Social, un réseau social signé Donald Trump sur lequel l’ancien Président des États-Unis a appelé ses supporters suite à son exclusion de Twitter, Facebook et Youtube. Pour cause : avoir incité les citoyens américains et notamment républicains à la violence lors de la “prise” du Capitole le 6 janvier 2021. C’est aussi le cas du moteur de recherche “Zemmour pour Tous”, par lequel l’équipe de stratégie numérique du candidat d’extrême-droite permet aux votants d’avoir accès à toutes les interventions radiotélévisées de celui-ci à l’aide de mots clés propres à chaque thème. “Les plus recherchés: Immigration, Défense, Écologie”, lit-on sur la page d’accueil.

Page d’accueil du moteur de recherche « Zemmour pour Tous » (capture)

Ces deux cas d’études permettent d’arriver à une conclusion simple : la tendance actuelle est celle de la fragmentation des idées et discours politiques dans l’écosystème numérique. Accaparer les audiences digitales sur un réseau social particulier, accumuler les apparitions médiatiques et numériques, dans l’objectif de fragmenter le discours politique. Cette conclusion est particulièrement contre-intuitive : alors qu’internet et le numérique avaient pour but premier de rendre accessible une mixité d’idées politiques dans la société, on voit aujourd’hui le contraire. Internet, les réseaux sociaux et le numérique servent, ou du moins permettent, davantage à morceler ces idées politiques, à l’image de ce que les médias traditionnels pouvaient déjà faire dans certains cas. Existaient effectivement des journaux royalistes, dreyfusards, anti-dreyfusards, révolutionnaires, socialistes, conservateurs, communistes, républicains, démocrates. Seulement, internet semblait être un moyen raisonnable et innovant pour permettre à ces différentes tendances politiques de se retrouver sous un seul socle, accessible à tous, simultanément. 

Près de 30% de hausse des audiences digitales d’Eric Zemmour

Dans le cadre des élections présidentielles, l’Observatoire politique de la plateforme Favikon enquête depuis plusieurs mois sur les personnalités politiques françaises les plus influentes sur les réseaux sociaux1. Le podium est “équitablement” partagé entre l’extrême-droite, le Président de la République, et l’extrême-gauche. Eric Zemmour, en tête, récolte un score de 90 points sur 100 et une hausse de 29,41% de ses audiences digitales sur les réseaux sociaux. Emmanuel Macron, en deuxième place, bien qu’ayant la plus haute part d’audience, ne voit quasiment pas de hausse de celle-ci (0,52%) ce qui lui vaut la tête du podium. Enfin, Jean-Luc Mélenchon témoigne d’une hausse de près de 5% de ses audiences digitales et d’un score de 86 points sur 100. Dans le top dix de ce classement nous retrouvons par ailleurs trois membres du Rassemblement national et un membre de la France insoumise. Au total, six personnalités politiques d’un bord politique extrême occupent les dix premières places des “influenceurs” de la politique française. 

Classement des personnalités politiques sur les réseaux sociaux – Observatoire politique, 2021 © Favikon (Moojito SAS) (capture)

De l’autre côté de l’Atlantique, l’extrême-droite va encore plus loin en se réfugiant, comme mentionné plus haut, dans ses propres réseaux sociaux, et en se présentant à travers ces derniers comme “garants de la liberté d’expression”2. C’est pour eux la seule manière d’échapper à la censure des réseaux classiques, qui ont banni pour des durées diverses Donald Trump depuis plus d’un an. Il a donc été possible d’observer l’apparition de Parler, Gettr et Gab notamment, bien avant l’arrivée de Truth Social prévue pour février-mars 2022. Ce dernier se lance d’ailleurs dans la chasse aux influenceurs afin de préparer son démarrage dans les semaines qui arrivent3. De nombreuses personnalités notoires sur les réseaux sociaux ont donc été invitées à “réserver leur identifiant” pour le lancement du réseau social. De quoi s’assurer une certaine notoriété auprès des populations plus jeunes et de paraître plus attractif aux yeux des utilisateurs de réseaux sociaux. Et si Truth Social se présente comme un nouveau garant de la liberté d’expression (d’extrême-droite), ses conditions d’utilisation rappellent cependant qu’il est interdit pour les utilisateurs d’”ennuyer … les employés ou agents créateurs de contenu du site4. Une liberté d’expression donc bien limitée par des facteurs plus que subjectifs. 

Pré-Commande de l’application Truth Social, dont le lancement est prévu pour le mois de février 2022 © AFP / Chris DELMAS

La politique dans le numérique a par ailleurs un impact économique et financier démesuré : la société Trump Media, fondée par l’ancien Président et qui sera la maison-mère de Truth Social, a levé en décembre 2021 plus d’un milliard de dollars en “private investment in public equity”, un procédé qui passe par l’augmentation de capital en émettant ordinairement des actions à un prix inférieur au prix du marché. Autant de fonds qui seront investis dans le lancement mentionné précédemment du nouveau réseau social républicain dans les semaines qui suivent. Il serait intéressant d’étudier dans le futur le budget de la campagne numérique mise en place par Samuel Lafont, directeur de la stratégie numérique d’Eric Zemmour, et de comparer les sommes présentées avec celles des candidats des partis non-extrêmes. Assurément, la différence sera remarquable.

L’impact du morcellement des discours politiques à tempérer


Alors que l’on remarque que les partisans des extrêmes politiques sont de plus en plus hostiles aux médias traditionnels et se réfugient premièrement dans les réseaux sociaux et le numérique, l’étape suivante de cette hostilité est de renier dans un second temps les réseaux traditionnels (Facebook, Twitter, Instagram) et de trouver refuge dans des plateformes à tendances extrêmes, tels que Truth Social notamment. L’impact du morcellement des idées politiques dans l’écosystème numérique est cependant à tempérer : les médias traditionnels mais aussi les nouveaux médias du numérique ont toujours naturellement attiré ceux qui adhèrent déjà à leurs propos, selon Thierry Vedel5, chercheur au CNRS et au Centre d’études de la vie politique. Cette hypothèse rassure : peut-être que la création de plateformes créées par des penseurs d’extrême-droite ne sera finalement pas aussi nocive à la diffusion des discours politiques dans l’écosystème numérique général que ce que l’on pourrait le croire.

Valérie Titzin

Sources

The weight of UGC in the gaming industry

© Branded Mini Games

User generated content, or UGC, is content that has been created and posted by a user on any type of online platform, from social media and streaming platforms to video games.

More and more actors of the gaming industry have UGC-based strategies as it is becoming a popular and customisable business. For example, the game World of Minecraft where users can buy land within the game and construct their houses, even entire villages, forests and so forth. This type of gaming is spreading so much that these platforms are becoming the largest digital properties in the world. In the first quarter of 2021, Minecraft had gained $350 million just by selling add-ons and gadgets to its users for better and innovating game experience.

This trend changes the way advertisement is achieved and perceived which begs the question whether User Generated Content as a business model, is the future of the gaming industry is.

Video games, a new form of social media

Permitting the players to have a semblance of power on what their interface looks like and how they want to move forward within their online experience is not a new movement, even in the gaming industry. It exists since the 1980s, in the Mario games in form of “mods”, that stand for small for modifications.

At first, this small bequeathing of control to the users was not well received. Developers were afraid that gamers would change the game’s core too much and consequently, their vision of the game. It also meant that the developers’ job shifted from conceiving a world for users, to letting the gamers create their own world. Developers must now facilitate the users’ creativity within the game and let their imagination fabricate the rules and path they wish to follow.

This strategy is presently widely accepted. Indeed, some of the biggest online gaming actors have UGC-based strategies such as, but not limited to, Fortnite, Minecraft, the SIMS, etc.

The last decade has also seen new platforms emerging, also based on UGC like Roblox, where any user can create his or her own game. In addition, other users can play the games created by the others. This concept of exchange within a platform is why Roblox is referred to as “The Youtube of Gaming”. Meaning that whatever the user’s age or mood of the moment, they can search on the platform for a game they wish to play or create it if it doesn’t exist.

Last year alone, Roblox counted over 8 million game creators and had 42.1 million daily users, including 44% of female players, in no less than 150 countries around the world.

Hence, it is only normal to question how these games, entirely based on UGC, make ends meet.

The monetisation of UGC-based games

Generating money is possible because of the social aspect of UGC-based games. This whole business plan is based on engaging users and giving them the opportunity to share the content they create with others. It is a new offer to socialise and a new way to create communities with people from all around the world.

This initiative is better supported and reflected with UGC because people create their realities as well as a space that is entirely their own. It appeals to the creativity of the users and urges them to spend money to keep their digital world going and evolving.

Therefore, UGC expends the shelf life of games and provides a steady stream of engagement content. This benefits advertisers as users are invested for a longer time and dedicated because they are now personally empowered. Nevertheless, it also changes the way advertising is done.

A good study is the latest partnership between Roblox, previously stated gaming platform and Vans, a skateboarding brand. These two companies collaborated in order to launch an interactive skate park on Roblox called “Vans World”, with characters wearing Vans products and as such, embodying their brand. The world also enables the users to buy virtual Vans merchandising like sneakers, skates and various clothing items.

The physical world of fashion was slowly drifting to the digital world, nonetheless, this new strategy seeks to blur the line between the two worlds.

Vans World, partnership between the skate brand Vans and kid gaming platform Roblox; ©Roblox

Around 99% of websites with a game guide uses advertisement as a way to monetise their content. In addition, users are more and more solicited to create content. As they become active in their game experience, the same is expected to happen with advertising. Users want to have a part in the advertisement they are shown and how the campaigns affect them. More brands take their merchandise within games to create interaction with the gaming communities and target younger audiences inside the space of their hobby.

It’s the case for Vans and likewise for more luxurious brands like Gucci. Two years ago, on Roblox, Gucci sold a virtual bag for $4,115 which is even more than the retail price, on their new online gaming platform. The latter generates items for players to experience with and in December 2021, a Gucci Garden was hosted on Roblox with interactive features and the possibility to shop for Gucci items.

The Italian luxury brand went beyond basic digital advertisement by interacting with video game players and turning them into customers for their products. Gucci adapted its marketing strategy to the gaming industry by using a UGC-based platform. Due in part to this innovative marketing campaign, the company’s revenues were up 20% in 2021.

It is not hard to speculate that these interactions between brands and users are more and more drifting towards a metaverse. As of now, there isn’t any cryptocurrency noted yet but who knows what the future might hold?

AAA-games will always have a market as they are anchored in the gaming world. Nevertheless, UGC-based games are stepping up and gaining in notoriety each day. Gaming is likely to be entering a new era where users follow specific players because of their UGC, just like the social media model, rather than following gaming development studios and their different titles.

Emma HUBERT

Articles and sources:

https://www.forbes.com/sites/adrianbridgwater/2021/12/06/a-serious-game-microsoft-azure-champions-user-generated-content/?sh=2674d0f11527

https://kylehulse.medium.com/why-ugc-is-the-future-of-gaming-faa9e8b1bf1a

https://www.thedrum.com/profile/anzu-io/news/why-the-rise-of-user-generated-content-in-video-games-should-matter-to-advertisers

https://www.slashgear.com/microsoft-making-it-easier-for-you-to-make-money-from-games-21696162/

https://www.forbes.com/sites/dbloom/2021/09/01/roblox-partners-with-vans-to-launch-interactive-skatepark/?sh=5b96d11c78b9

https://www.forbes.com/sites/forbesagencycouncil/2021/12/28/marketing-in-the-metaverse-detailed-predictions-for-business-musts-in-2022/?sh=3677da687675

https://www.pcgamesinsider.biz/interviews-and-opinion/72744/the-importance-of-user-generated-content-in-the-metaverse/

https://digitalmediaknowledge.com/medias/jeux-video-les-nouveaux-reseaux-sociaux/

https://www.glossy.co/fashion/why-luxury-brands-are-doubling-down-on-roblox/

Guerre du contenu : le marché du jeu vidéo, nouveau champ de bataille des géants du numérique et du divertissement

Valorisation boursières en hausse, acquisitions records, nouveaux entrants ;  la guerre de contenu opérée par les géants du numérique et du divertissement dans le marché de la SVOD depuis quelques années, tend à s’étendre vers un nouveau marché, celui du jeu vidéo.

source : https://lesplayersdudimanche.com/netflix-cinema-series-et-jeux-video-gratuis/

Le 10 janvier 2022, l’éditeur Take-two (GTA, Red Dead Redemption) rachète Zinga un des leaders dans l’édition de jeu pour mobile, pour un montant record de 12,7 milliards de dollars. Dans la foulée, le 19 janvier, Microsoft frappe fort et rachète Activision, le plus gros éditeur du marché à l’origine des franchises Call of duty et World of Warcraft pour un montant de 68,7 Milliards de dollars. Par ce rachat, Microsoft solidifie sa place de troisième acteur mondial du secteur derrière Tencent et Sony, et promet de rabattre les cartes d’un marché en forte consolidation. En parallèle, les géants du numérique et du divertissement placent leurs pions. Certains multiplient les acquisitions stratégiques pour chercher des compétences qu’ils ne possèdent pas, d’autres tentent de s’imposer dans un marché qui se dessine de plus en plus comme étant l’avenir du divertissement.

L’industrie des jeux vidéo, la plus grande forme de divertissement et celle qui se développe le plus vite.

Le jeu vidéo est aujourd’hui un des principaux modes de divertissement, loin devant le cinéma. En 2021, la vente de jeu dans le monde a dépassé les 180 millions de dollars pour un volume de gamers se rapprochant des 3 milliards de joueurs. Les prévisions pour 2030 parlent d’un volume de 4,5 milliards d’utilisateurs (tous supports confondus).

« C’est un secteur beaucoup moins risqué qu’il y a vingt ans. Grâce au back catalogue [les anciens titres qui continuent à se vendre en ligne, NDLR], les éditeurs peuvent continuer à gagner de l’argent et à être rentable sans sortir de jeux »

Charles Louis Planade

C’est un secteur qui se développe énormément et qui a su profiter pleinement de la numérisation. Les éditeurs et les créateurs de jeux récupèrent davantage de revenus (70%) que sur les ventes physiques (55%), étant donné qu’il n’y a pas d’intermédiaires (consoliers, magasin physiques, plateformes en ligne) qui prélèvent leurs ponctions. En parallèle, les contenus téléchargeables payants et micro-transactions intégrées sont devenues de réelles machines à cash pour certains titres dont les versions multi-joueurs en ligne sont continuellement mises à jour (Call of Duty, GTA, Fortnite)

La croissance d’un secteur tirée par le jeu mobile

En 2021, ce segment du marché valorisé à 93,2 Milliard de dollar est le seul ayant enregistré une croissance sur l’année, soit une hausse de 7,3% par rapport à l’année 2020. La performance est d’autant plus notable que les autres segments du marché (console de salon, PC, jeux sur navigateur) ont tous enregistrés sur la même période une baisse de leurs chiffres après une année 2020 exceptionnelle pour l’ensemble de l’industrie. Par ailleurs, le segment du jeu mobile est a l’origine de plus de la moitié des revenus générés par les ventes de jeux (52%) sur cette même année.

Les GAFAM veulent leur part du gateau

Les résultats croissants et les perspectives de développement du secteur font de ce dernier une des industries du divertissement les plus prometteuses tant en termes de chiffres qu’en terme d’innovations. Cette tendance s’accompagne naturellement par l’introduction agressive des géants numérique dans son marché.

source : https://www.frandroid.com/marques/amazon/772395_amazon-luna-cloud-gaming
  • Microsoft :

Acteur déjà bien installé dans l’industrie avec la franchise Xbox et son Game Pass, l’introduction dans les années 2000 de Microsoft dans le marché des consoles suscitait pourtant des doutes.  Aujourd’hui, l’entreprise assoie sa présence dans le secteur avec la très récente acquisitions du studio Activition, pour un montant record de 69,7 milliards de dollars.  Cette acquisition représente non seulement la plus importante jamais opérée dans l’industrie, mais également la plus importante réalisée par Microsoft (loin devant l’acquisition du réseau Linkedin pour plus de 26 milliards de dollars en 2016). Via ce rachat l’entreprise s’empare des 400 millions de joueurs actifs mensuels de la franchise, de ses 10 000 salariés, mais vise également une cible autrement plus élevée avec des franchises historiques tel que Call of Duty ou World of Warcraft. Elle se diversifie également vers un segment qu’elle n’avait pratiquement pas développé jusqu’ici, celui des jeux mobiles. En effet, elle détiendra désormais à travers Activision le studio King (Candy Crush), qui facilitera la déclinaison de ses licences sur smartphones.

  • Amazon :

Amazon, travail depuis plusieurs années sa présence sur le marché des jeux vidéo. Elle possède Twitch (plateforme de diffusion en live de partie de jeux vidéo), Luna (Cloud gaming) et Lumberyard (moteur de jeu). Selon Bloomberg, il dépenserait près de 500 millions de dollars par an dans le développement de nouveau titres.

« Amazon a l’ambition de devenir un acteur totalement intégré du secteur, à l’instar de Microsoft avec qui l’affrontement sera frontal dans le ‘cloud gaming’ quand la technologie sera mature et le marché en vraie phase d’accélération »

Charles Louis Planade
  • Google :

Google avait également lancé en 2019 Stadia Games, son service de cloud gaming. Faute de posséder des titres et des éditeurs, leur abonnement était couplé de nombreux contenus additionnels payants. Le service peine à convaincre les utilisateurs et la firme décide début 2021 de revoir sa stratégie et de se retirer.

  • Facebook :

L’entreprise lance fin 2020 sa plateforme gratuite de cloud computing. Les débuts sont modeste et ne comptent pas d’acquisitions records ou d’investissements massifs, mais la firme met ainsi un premier pas dans le secteur et affirme ses positions.

L’entrée de Netflix dans l’industrie 

Les Gafam ne sont pas les seuls à se diversifier dans le secteur des jeux vidéo. Netflix, la plateforme reine de SVOD, exprime depuis deux ans son ambition de représenter à terme un des acteurs majeurs sur le marché.

« Le groupe ne va pas débarquer dans le jeu vidéo pour faire de la figuration en se contentant de titres ‘casuals’ pour smartphones et tablettes. Leur objectif est de répéter leur succès dans la SVoD et cela suppose du contenu assez poussé »

Charles Louis Planade

En effet, depuis 2020, Netflix affiche un ralentissement de sa croissance générée lors de la crise sanitaire. La concurrence de plus en plus féroce sur le marché pousse l’entreprise à innover et à se différencier pour rester le leader sur le marché. En juillet 2021, Netflix envoie un message fort en embauchant Mike Verdu, vétéran des jeux vidéo, passé chez Zinga, EA, et Facebook. L’idée est de lancer une offre de jeux vidéo intégrée à leur plateforme courant 2022.

Reproduction du modèle de Netflix, guerre de contenu et course aux exclusivités 

Maintenant que les leaders du numérique et du divertissement ont tous plus ou moins mis un pied dans l’univers du jeu vidéo, l’enjeu se fera désormais sur le contenu. Tous cherchent à reproduire le modèle de Netflix transposé sur le marché des jeux vidéo. Il leurs appartient maintenant de proposer du contenu exclusif et alléchant pour attirer un maximum d’utilisateurs.

par Adrian Planells


Sources

Microsoft, avec le rachat record d’Activision, rebat les cartes dans le jeu vidéo – Le Monde

Comment Microsoft a construit un empire du jeu vidéo – Le Monde

Vingt ans après le lancement de la Xbox, Microsoft accélère pour devenir le « Netflix du jeu vidéo » – Les Echos

Zynga, l’ex-étoile filante qui a su se renouveler – Les Echos

Rachat de Zynga par Take-Two pour 12,7 milliards de dollars : pourquoi le jeu vidéo vaut-il aussi cher ? – Les Echos

Les contours du débarquement de Netflix dans le jeu vidéo se dessinent – Les Echos

Netflix anticipe une croissance limitée de ses abonnés – Les Echos

Netflix déçoit en recrutant moins d’abonnés que prévu au premier trimestre – Les Echos

Netflix réalise sa première acquisition dans le jeu vidéo – Les Echos

Google ferme son studio de jeux vidéo destinés à son offre de « cloud gaming » Stadia – Les Echos

Facebook met à son tour un pied dans le cloud gaming – Les Echos

Jeux vidéo : Take-Two (GTA) rachète Zynga (Farmville), une méga-acquisition à 12,7 milliards de dollars – Les Echos

Ubisoft, EA… : les résultats du « big four » des éditeurs de jeux vidéo en quatre points – Les Echos

Jeux vidéo : Amazon lance sa première méga-production avec « New World » – Les Echos

Amazon Can Make Just About Anything—Except a Good Video Game – Bloomberg

La fin des GAFAM ? Les promesses du Web3 pour l’Europe

Nouveau concept tendance, le Web3 suscite de nombreux questionnements et intéresse de plus en plus d’acteurs des nouvelles technologies. Pourtant derrière ce buzz médiatique, se cache une opportunité inédite pour les Européens : casser l’emprise actuelle des GAFAM sur le Web. 

Le Web puissance 3 à l’ère des GAFAM

Pour comprendre le Web3, il faut retracer l’histoire du Web. L’origine d’Internet commence avec le Web1 (1990-2004), terme utilisé par le concepteur Darci DiNucci pour expliquer les évolutions d’internet : c’est un web construit sur des pages HTML statiques. Il est purement consultatif, les utilisateurs ne pouvant modifier le contenu. Dès 2004 apparaît le Web2 ou web participatif. Désormais, les particuliers peuvent eux aussi créer du contenu et interagir. C’est l’apparition des réseaux sociaux et des blogs. Cependant pour se faire, les interactions sont centralisées sur des plateformes comme Google, Facebook etc. L’utilisateur n’est pas maître de ses données qui sont captées par ces plateformes. 

C’est dans ce contexte que rentre en jeu le Web3. Disons-le tout de suite, il n’est pas entièrement défini. Le Web3 cherche à retrouver de la décentralisation et plus d’ouverture pour les utilisateurs afin que ceux-ci reprennent la propriété de leurs données. Pour se faire, il se base en partie sur des technologies comme le peer to peer (P2P) ou la blockchain. Le Web3 sera plus intelligent sémantiquement. Les données seront utilisées par différents algorithmes afin d’offrir une expérience de plus en plus personnalisée à l’utilisateur. Cela ne l’empêche pas pour autant de faire des émules, le magnat de la Tech Elon Musk twittant : « Web3 sounds like BS ». 

Source: Design: the Skimm | Photo: The Cold Wire

Le Web3 réserve de nombreuses promesses et sera probablement un point essentiel pour la construction du Metavers dont on entend parler depuis l’annonce de Facebook, devenue Meta en 2021. Une opportunité inédite de casser la position dominante actuelle des GAFAM sur le web. 

L’appétit d’ogre des GAFAM

Les géants du numérique, que l’on appelle aussi GAFAM, ont tous moins d’un demi-siècle. Et pourtant, les chiffres les concernant sont affolants. 

En 2019, leur valorisation boursière représentait 4200 milliards de dollars. Assez pour acheter l’Espagne, la Suisse et la Belgique. Google capte plus de 9 recherches internet sur 10, le groupe Facebook attire plus de 42% de l’ensemble des utilisateurs actifs de réseaux sociaux ou messagerie instantanée. Et nous pouvons continuer encore et encore : en 2021, le revenu net de Google s’élevait à 35,28 milliards d’euros, celui d’Amazon à 18,66 milliards d’euros. 

Leurs réseaux sont tentaculaires. Ils sont partout : contenus loisirs, santé, services bancaires, plateformes, commerce, intelligence artificielle, téléphonie mobile etc. Les GAFAM ont construit de véritables empires grâce notamment à une croissance externe poussée à l’extrême. Rachat sur rachat pour évincer toute tentative de concurrence, toute possibilité de voir d’autres géants émerger : Facebook avec Whatsapp et Instagram, Microsoft avec Linkedin ou Activision Blizzard etc. La liste est tellement longue qu’il n’est pas possible de l’énumérer en un seul papier. 

Elles ont aussi toutes en commun un point : elles sont américaines. Et cela n’a rien d’anodin. Au pays qui inventa la régulation antitrust, on attend toujours des mesures fortes contre la concentration observée avec ces géants. Mais il n’en est rien. Car l’Administration américaine a depuis longtemps compris le poids stratégique que représentent ces GAFAM pour les États-Unis. Ce sont de véritables leviers d’influence pour un pays qui cherche à conserver sa place de numéro 1. Les quelques commissions d’enquête récentes n’ont pas semblé changer grand-chose…

Au grand dam de l’Europe. 

Un éternel recommencement en faveur de l’Europe

Peinture « La chute des Empires » de Thomas Cole

Pourtant, rien n’est perdu ! 

Qui aurait cru au début du 20ème siècle que l’entreprise Ford perdrait sa position dominante au profit de General Motors dans le secteur automobile ? Qui pouvait concevoir dans les années 1990 que Kodak chuterait de son trône, rattrapée bien trop rapidement par la percée du numérique ? L’Histoire n’a cessé de souligner drastiquement ce fait : les situations dominantes ne sont pas immuables. Les empires se font et se défont au gré d’innovations qui viennent bousculer ce qui semblait alors éternel. Il n’y a aucune raison pour que les GAFAM échappent à cette règle. C’est un fait que nous, Européens, ferions bien de prendre en compte. Il est vrai que les institutions de l’Union Européenne avec en chef de file la Commission Européenne ont dès la moitié des années 2010, lancé une vaste entreprise de régulation du numérique au travers du RGPD ou plus récemment du DSA. L’ambition affichée est claire : contrôler les GAFAM qui depuis trop longtemps jouissent de leur position dominante dans un secteur jusqu’alors peu régulé. Nous pourrions nous réjouir d’être à la pointe en matière de régulation du numérique. La volonté de protection des utilisateurs face aux pouvoirs de ces géants est louable d’autant plus lorsque le sujet de la privacy devient un questionnement central de nos opinions publiques. Mais cette entreprise n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan des tâches qui nous attendent et nous incombent. Les Européens ne peuvent se rêver indépendants et souverains qu’en redevenant des leaders industriels du numérique. Car le numérique est partout dans presque tous les foyers et tous les secteurs. Être leader dans le numérique, cela signifie influer sur le monde. Nous l’avons trop appris à nos dépends ces deux dernières décennies…

Car l’Europe a les atouts

L’Europe a les atouts nécessaires. Elle dispose d’un marché avec une taille critique permettant l’émergence de champions au contraire de nos échelles nationales. Elle regorge de talents grâce à son réservoir académique, qui partaient trop souvent de l’autre côté de l’Atlantique, attirés par des salaires plus attractifs et des entreprises à la pointe de la technologie. Par ailleurs, nous comptons déjà des belles réussites dans ce nouveau web. Prenons l’exemple de la jeune entreprise française SoRare valorisée aujourd’hui à plus de 4,3 milliards d’euros en seulement 3 ans d’existence et qui a fondé son activité sur les NFT liés au fantasy football. Son fondateur Nicolas Julia ne cache ainsi pas ses ambitions de voir son entreprise leader de l’Entertainment sportif et l’Europe à l’avant-garde de ce nouveau Web. 

Mais que manque-t-il alors ? 

Un cap, une direction pour le navire Europe. C’est dès à présent qu’il nous faut investir dans ce nouveau Web massivement. Car c’est en travaillant avec l’ensemble des partenaires européens, politiques, financiers, industriels que nous pourrons construire ce Web3 selon nos critères, en faisant émerger des nouveaux géants aux couleurs bleu et doré. Il en va de notre capacité à garantir notre souveraineté technologique c’est à dire défendre nos intérêts. 

Mais serons-nous capables de sortir la tête de l’eau et croire en notre capacité à construire l’internet de demain ? Ou bien la force d’inertie de nos institutions écrasera-t-elle une nouvelle fois toute tentative ? Nous savons que ces géants exercent déjà des pressions en interne, Google et Amazon étant les deux entreprises les plus dépensières en activités de lobbying à Bruxelles. Mais forts de ces connaissances, nous avons toutes les cartes en main.  

 Il ne nous reste plus qu’à faire ce grand pas afin de reprendre la maîtrise de notre destin ! 

Par Nicolas Morel

Sources :

https://future.a16z.com/a-privacy-layer-for-the-web-can-change-everything/

https://www.lesnumeriques.com/vie-du-net/qu-est-ce-que-le-web3-et-comment-il-pourrait-changer-la-face-d-internet-a172679.html

https://www.franceculture.fr/emissions/la-methode-scientifique/web-et-1-et-2-et-3-0

https://www.banquetransatlantique.com/fr/actualites/le-monopole-des-gafam.html

https://www.capital.fr/economie-politique/kodak-splendeur-et-decadence-d-un-empire-913548

https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/opinion-2022-annee-de-la-reconquete-de-notre-souverainete-numerique-grace-au-web3-1377202

https://www.renaissancenumerique.org/publications/european-technological-sovereignty

https://www.lepoint.fr/economie/georg-riekeles-les-gafam-sont-des-pieuvres-geantes-07-11-2021-2450961_28.php

Publicité pour les jeux d’argent en ligne, dérives et modernisation

Source : Sud Ouest

La nocivité des jeux d’argent et leur caractère addictif n’est plus à prouver. Récemment, le phénomène a pris une nouvelle ampleur avec le ciblage des jeunes publics et une forte utilisation des paris en ligne lors de la Coupe d’Europe de Football 2020.

En 2017, une étude menée par l’OFDT (Observatoire Français des Drogues et Toxicomanies) révélait que 38,9% des jeunes de 17 ans avait déjà joué à un jeu d’argent, et 47,1% des jeunes garçons interrogés. Le jeu d’argent le plus prisé ? le grattage et juste après, les paris sportifs, par près de 44% des joueurs. Le fait le plus inquiétant avec les paris, particulièrement chez ces jeunes joueurs, est indéniablement la fréquence. Le pourcentage de jeune de 17 ans qui déclare jouer régulièrement aux paris sportifs (plus d’une fois par mois) est de 57% contre un quart pour les joueurs réguliers de grattage selon cette même étude de l’OFDT.

En 2010, la FDJ (Française des Jeux) perd le monopole sur les paris sportifs. Ainsi, on a une multiplication des acteurs mettant en œuvre de nouvelles techniques marketing.

Et ce phénomène ne se limite pas aux paris sportifs. Le dernier rapport annuel de l’ANJ (Autorité Nationale des Jeux) montre qu’entre 2019 et 2020, le nombre de joueurs réguliers de poker en ligne est passé de 1,2 millions à 1,85 millions, soit une hausse de 53%.

Une raison de cette ruée récente vers les jeux d’argent en ligne ? La publicité y est pour quelque chose. Entre 2019 et 2021, le budget publicitaire alloué par les plateformes de jeu d’argent et de hasard a augmenté de 26%. De plus, les méthodes ont évolué pour s’inscrire encore plus dans les usages et toucher particulièrement les jeunes, même mineurs, ne pouvant pas légalement jouer aux jeux d’argent et de hasard.

Le marketing pour les jeux d’argent en ligne

Cette forte croissance du nombre de joueurs est en lien avec les stratégies marketing des plateformes de jeux d’argent. Celles-ci visent à banaliser le jeu et les risques associés et à rendre plus présent dans la sphère médiatique leurs produits. La finalité de cette stratégie est d’attirer de jeunes joueurs sur leurs services.

  • La banalisation des jeux d’argents

Le jour de la fête des mères en 2021, à moins d’un mois de l’Euro 2021, Winamax diffuse son dernier clip publicitaire avec comme catchphrase : Tout pour la daronne.

L’histoire ? Un jeune homme gagne son pari et protège sa mère de tout risque financier en l’envoyant en ascenseur jusqu’à un avion en classe affaire, gravissant l’échelle sociale.

Le message ? Si vous ne le faites pas pour vous, faîtes-le pour elle.

Le but de cette campagne est de montrer le pari sportif comme une activité récréative, pouvant rapporter beaucoup d’argent et gravir l’échelle sociale.

La pub Le nouveau Roi présente le pari sportif comme un moyen d’acquérir reconnaissance et respect de ses pairs. Ce dernier point est encore plus marqué par l’actuel slogan de la plateforme : Grosse côte, gros gain, gros respect. Cette anaphore omet simplement un ingrédient essentiel du pari sportif : la mise d’argent.

Autre aspect mis en avant par la publicité pour les paris sportifs ? l’intensité que procure le fait de parier. C’est le message de la campagne publicitaire de Betclic : Bascule dans le game. Le pari n’est plus alors vu comme un moyen de remporter un peu d’argent mais comme l’ingrédient essentiel pour mieux apprécier le sport.

  • Une modernisation des moyens de communication

En plus de ces campagnes banalisant le jeu d’argent, les acteurs de ce secteur développent leurs stratégies de communication et les moyens de diffusion de leurs messages. Cela passe notamment par une stratégie de marketing d’influence.

On trouve de plus en plus de parieurs sur les réseaux sociaux. Les plateformes de jeux d’argent ont bien l’intention de se servir de leur notoriété.

Comment ? En proposant des partenariats, espérant qu’ils pourront ramener leurs audiences sur leurs services en ligne. Mohammed HENNI est certainement le plus connu des influenceurs traitant des paris en ligne. Tous les week-end, il parie sur la victoire de l’Olympique de Marseille, et publie une vidéo après le match. En cas de défaite, il casse sa télévision, pour le plus grand plaisir de ses spectateurs.

Il est ainsi souvent invité à commenter des matchs en direct sur la chaîne YouTube de Winamax. Pas besoin d’images de la rencontre, la spontanéité de l’influenceur suffit. Et le grand intérêt de cette émission pour le bookmaker est de mettre en avant les dernières côtes de paris suivant le cours du jeu.

Source : Winamax

Les paris sportifs ne sont pas le seul secteur sur lesquels les plateformes de jeu d’argent essayent de s’étendre en utilisant l’image d’influenceurs. Sur la plateforme Winamax, les participants de l’émission Les Marseillais, influenceurs parmi les influenceurs, ont leur propre tournois : Le Sud VS le Reste du monde. Le principe est simple, pour chaque mouvement significatif au poker tel que, se mettre à tapis, un son significatif est lancé. L’image visuelle est aussi travaillée pour ces tournois et des participants iconiques de l’émission sont régulièrement présents sur ce tournoi.

Source : Winamax

Un autre exemple est le tournoi La fièvre, reprenant le titre de la chanson du groupe NTM dont fait partie Kool Shen, également joueur professionnel de poker. Voici un extrait audio que l’on peut trouver si l’on touche une quinte flush, la meilleure main au poker !

https://s3-eu-west-1.amazonaws.com/sharing-folder/ClubPoker/sounds/fever_audio_mp3_common_1.mp3
Source : Winamax

Et enfin, les rooms de poker (plateforme de poker, Winamax/Unibet/Betclic…) font de plus en plus de partenariats avec des YouTubeurs et Streamers de la scène Twitch française. C’est notamment ce qu’on a pu voir récemment avec des tournois organisés par Pokerstars ou encore PMU.fr rassemblant Gotaga, Doigby ou encore Domingo. Ce type de partenariat vise particulièrement le jeune public de ces célébrités d’internet. L’objectif est le même : banaliser les jeux d’argent et ramener de nouveaux utilisateurs grâce à de nouveaux canaux de communication.

Ici l’exemple de l’offre en suivant un lien sous la vidéo d’un tournoi organisé par le streamer Xari en partenariat avec Winamax :

Source : https://www.xari.fr/winamax

Ce lien d’affiliation permet à Winamax d’évaluer la pénétration de ce mode de communication commerciale. Cela permet également de rémunérer le créateur Xari grâce à des objectifs de résultats, en fonction du nombre de personnes ayant suivi le lien.

Un cadre règlementaire qui pourrait être renforcé

La règlementation concernant la publicité pour les jeux d’argent est sous la forme de recommandations établies dans le Code de l’ARPP.

Celle-ci prévoit que le jeu d’argent doit être clairement identifié comme tel et que la publicité se doit d’être loyale et véridique. Par ailleurs concernant les mineurs, la communication pour des jeux d’argent ne doit en aucun cas les viser. Cela signifie qu’il ne faut pas que la communication pour des jeux d’argent utilise des éléments la rendant spécifiquement attractive pour les mineurs. De plus, les jeux d’argent ne doivent pas être présentés comme un passage à l’âge adulte.

Sur ces points, les publicités présentées ne sont pas vraiment en conformité. Dans Tout pour la Daronne de Winamax, le pari est montré comme un moyen pour un fils de prendre soin de sa mère, de n’être plus un enfant mais un adulte, autonome financièrement. De même les stratégies de communication faisant appel au marketing d’influence sont à la destination directe des mineurs et jeune public. Parmi les internautes suivant des influenceurs sur internet, près de 40% ont entre 15 et 24 ans. De même, spécifiquement sur la plateforme Twitch, près de 15% des utilisateurs ont entre 13 et 17 ans.

Face à ces pratiques nouvelles en matière de communication pour les jeux d’argent, une riposte s’organise. La plateforme Twitch a interdit toute publicité directement sur sa plateforme pour les casinos en ligne même s’il est toujours possible de diffuser des contenus live sur ce type de jeu d’argent par ailleurs complètement illégale en France. Google a développé YouTube Kids, la version de la plateforme à destination des parents voulant offrir une version plus sécurisante de YouTube. Dans ce service, les enfants ne peuvent pas accéder à des vidéos traitant de jeux d’argent.

Source : https://lucky-7-bonus.com/blog/top-10-des-streamers-slots-sur-twitch

Enfin, suite à la forte publicité constatée lors de l’Euro 2020, une députée française, Agnès THILL, a déposé une proposition de loi interdisant totalement la publicité pour les jeux d’argent le 21 Juillet 2021.

Par ailleurs, Sarah EL HAIRY, secrétaire d’état chargée de la Jeunesse et de l’Engagement, annonçait lors d’un interview pour Ouest-France le 18 Janvier 2021 les mesures du gouvernement concernant la publicité pour les jeux d’argent. Pas d’interdiction stricte de prévue mais un renforcement du décret du 20 novembre 2020 prévoyant le champ d’action de l’ANJ concernant les publicités directes et indirecte par les plateformes de jeu d’argent. Pour le marketing d’influence, la secrétaire d’état évoque la création d’un label par l’ARPP “certificat d’influence responsable“ valorisant les influenceurs ne faisant pas de publicité pour l’alcool ou encore les jeux d’argent.

Ce dernier élément ne semble pas être particulièrement contraignant même si, cela pourrait devenir indispensable avec la montée grandissante du marketing d’influence dans les méthodes de communications.

Pierre PRIMAULT

Sources :

Salto, quel bilan plus d’un an après son lancement ?

Image : Salto.fr

Un marché en pleine extension

Selon le CNC, de janvier à avril 2021, le marché de la SVOD a atteint 30,2 millions d’euros en France, avec une augmentation de 12% par rapport à 2020. La SVOD représente actuellement 86% du marché de la vidéo.

Le marché est en nette évolution, poussé par l’arrivée du covid qui a entraîné la fermeture des salles, et augmenté la réservation de sortie en exclusivité par les studios sur les plateformes. Le marché de la SVOD est en expansion aussi bien à l’échelle de la  France qu’à l’ échelle européenne : 62% d’habitants adhérent à une plateforme. Actuellement, la plupart des contenus proposés sont des séries. Elles représentent 74% des investissements, avec 13% de films d’animation, 9% de production de films et 3% de documentaires.

Salto : nouveau concurrent sur le marché de la SVOD

Le 15 octobre 2020, le nouveau “Netflix français” est lancé, une plateforme de SVOD commune à TF1, M6, et Francetv, à l’initiative de la dernière. L’offre propose d’accéder aux programmes des trois chaînes partenaires, avec des exclusivités françaises (comme la série Germinal) ou étrangères et des créations originales. Certains programmes comme “L’amour est dans le pré” ou “Les marseillais VS le reste du monde” sont présentés en avant-première pour attirer des utilisateurs sur la plateforme. En outre, 20 chaînes de télévisions sont accessibles en replay et en direct. 

L’objectif de cette nouvelle plateforme est de concurrencer les géants américains et d’adapter les modes de consommation aux nouveaux usages, notamment en captant des auditeurs plus jeunes. À son lancement, la plateforme espère être rentable trois ans plus tard. 

Un bilan décevant

Selon Thomas Rabe (ancien président-directeur général de Bertelsmann), pour concurrencer les géants, un service de vidéo à la demande doit toucher 20% des foyers dans un pays comme la France. Selon Delphine Ernotte, présidente de France TV, interviewée sur France Inter, la plateforme attire actuellement autour de 700 000 abonnés. Le chiffre ne précise pas s’il s’agit seulement des abonnés payants ou s’il inclut le mois offert par la plateforme. En septembre 2021, le service avait un taux de pénétration de 2,4%. A titre de comparaison, Netflix comptait 750 000 abonnés moins d’un an après son lancement sur le marché.

En Allemagne et aux Pays-Bas, TvNow et Videland, qui appartiennent au groupe RTL, ont 1,8 millions d’abonnés au total, d’après François Godard, de chez Enders Analysis. My Canal compte aujourd’hui 5 millions d’abonnés.

Actuellement, la plateforme Salto est en neuvième position sur le marché financier de la SVOD en France, derrière Netflix, Amazon vidéo, Disney +, Apple TV et Canal +. 

Les freins au développement de la plateforme

Un prix trop élevé

La plateforme propose un abonnement à 6,99 euros par mois pour un écran et 12,99 euros pour quatre utilisateurs. Un prix similaire à celui de Disney +, alors que le catalogue est bien moins riche. De plus, TF1 a demandé à Salto d’inclure des publicités dans le replay des programmes de la Une. Les abonnés subissent donc une double peine : payer l’abonnement et avoir des publicités. L’offre reste néanmoins 1 euro moins chère que Netflix qui démarre à 7,99 euros pour un écran. 

Un projet peu rentable

Les trois médias auraient un revenu d’environ 120 millions d’euros pour 2 millions d’abonnés, selon Les Echos. Ce montant doit être divisé en trois, en enlevant la TVA et les commissions de distribution. De plus, alors que les trois actionnaires compteraient davantage de programmes à diffuser s’ils mutualisaient l’ensemble de leurs contenus, ces derniers continuent à distribuer leur propre service de replay, comme MyTF1, 6PLAY, France.tv. Cela floute la proposition de Salto et réduit la puissance de frappe de l’offre. Au printemps 2021, la plateforme a cumulé 72 millions d’euros de pertes, freinant de façon importante les trois actionnaires.  

Un investissement de départ peu considéré

Les montants de départ investis par les trois groupes sont restés secrets, en raison du statut de la plateforme, qui permet de garder une certaine discrétion sur ses comptes (société en nom collectif). Cependant, d’après une enquête du journal Le Monde, chaque actionnaire aurait mis 50 millions d’euros dans le projet. Le budget de départ se trouverait donc entre 135 et 140 millions d’euros sur trois ans, soit environ 46 millions d’euros par an. À titre de comparaison, Netflix a dépensé 200 millions de dollars, lors de son lancement en France, soit bien moins que les trois actionnaires de Salto réunis.

Une sortie ralentie par des problématiques juridiques

La plateforme a pris du retard sur sa date de lancement : cela faisait suite à la nécessité de trouver un accord entre les trois partenaires, puis de convaincre la Commission Européenne d’accepter de transférer le dossier à l’autorité de la concurrence française. En tout, huit mois se sont écoulés. En août 2017, le lancement a été autorisé. Un an d’organisation et de gestion ont ensuite été nécessaires pour une sortie de service en octobre 2020. Entre-temps, Disney + est arrivé sur le marché en novembre 2019. 

Une gouvernance interne mal gérée

Salto représentait pour l’autorité de la concurrence française de gros risques concurrentiels. TF1, M6, et France TV pesants déjà lourd sur le marché de la télé, le danger était qu’ils profitent de cette union pour lisser leurs dépenses (achats de programme, tards sur les publications, etc.). En Europe, plusieurs projets de ce type comme Kangourou, qui devait regrouper la BBC, ITV et Channel 4, ont été interdits. Afin de prévenir la menace d’une entente illégale, il a été imposé à Salto de maintenir une séparation stricte entre la plateforme et les chaînes des grands groupes, freinant  alors fortement ses activités. Nicolas De Tarvernost, président du directoire de M6, s’est exprimé à ce sujet dans le magazine Le Point en décembre 2020 : “Le fonctionnement de Salto du fait des règles anti-concentration est un vrai cauchemar. Bien que M6 possède 33% du capital, je n’ai pas le droit de regarder les budgets en détail, ni même d’avoir un badge pour aller dans les locaux !”.

Celui-ci a d’ailleurs quitté le conseil de Salto, suivi de Delphine Ernotte et Gilles Pélisson, cinq mois après son lancement. Il jugeait les contraintes imposées par l’autorité de la concurrence trop importante pour un accord commun. Ils sont remplacés par  Philippe Denery (directeur financier du groupe TF1), Didier Casas (secrétaire général du groupe TF1), Francis Donnat (secrétaire général du groupe France Télévisions) et Henri de Fontaines (directeur de la stratégie et du développement du groupe M6).

Une distribution trop faible

La plateforme n’aura pas réussi à nouer des accords qu’avec un seul opérateur pour être distribuée sur les box, Bouygues Télécom, qui fait partie du groupe TF1. Free, Orange et SFR ont refusé, donnant déjà à leur abonnés la possibilité de regarder les programmes en replay. Ce refus s’explique notamment par le fait que les Telcos paient déjà au prix fort la rediffusion, à raison de 100 millions d’euros par an pour les chaînes TF1 et M6.

Une communication ratée à son lancement

Pour sa sortie, une seule conférence de presse à été donnée, en ligne via Youtube, en octobre 2020. À cette occasion, Delphine Ernotte (FTV), Nicolas de Tavernost (M6) et Gilles Pelisson (TF1) et Thomas Follin (PDG de Salto) ont pris la parole sur leurs objectifs et leur ambition pour la plateforme. Mais leurs interventions ont vite été raillées sur les réseaux sociaux : elles furent jugées décevantes par les journalistes qui parlèrent d’une “présentation commerciale”. De plus, les questions étaient sélectionnées à l’avance et aucune réponse ne fut apportée sur les objectifs, en termes d’abonnements ou de business model. Par la suite, très peu d’interviews furent consacrés au sujet. 

Peu d’innovation et de fonctionnalités 

Si la plateforme est une réussite en termes de design, elle reste néanmoins décevante en termes de fonctionnalités proposées. On note l’impossibilité de télécharger des contenus en local sur ordinateur, tablette et téléphone ou encore le manque d’une option “accélérer”, pourtant présente chez ses concurrents (Netflix, Youtube,..).

Néanmoins, la plateforme propose une petite innovation avec la possibilité d’accéder à des programmes par catégorie, en fonction de la configuration des personnes qui consomment les contenus. Elle offre quatre catégories : “entre frères et soeurs”, “entre amis”, “en famille”, “en amoureux”. 

Dans un contexte de fusion M6/TF1, la sortie de France TV comme seule solution ?

Récemment, M6, TF1 et RTL Group ont annoncé leur projet de fusion, dans l’objectif de créer une offre radio, TV et digital. Bouygues Telecom a prévu d’investir 641 millions d’euros et ainsi d’acquérir 30% du capital, ce qui fera de lui l’actionnaire majoritaire. Devant le Sénat, qui a auditionné récemment les acteurs des différents groupes dans le cadre de la fusion, le représentant de Bertelsmann a annoncé que 500 millions d’euros seraient investis dans la SVOD. Tout cela sans mentionner une seule fois le nom de Salto. De son côté, Delphine Ernotte semble prête à abandonner la plateforme, en échange d’un gros chèque (comprenant notamment la base de données utilisateur). Cette dernière ne trouve plus sa place dans le contexte de la fusion.

France Télévision, l’esprit déjà ailleurs, pencherait pour un service de plateforme commun avec les différents services public européens. Cette option semble beaucoup plus en adéquation avec les valeurs et la qualité des contenus proposées par ses chaînes.

Brand content et content marketing : quel positionnement pour les médias ?

Une étude de 2016 sur le Content Marketing (UDA&BVA Limelight), montre que 32% des directeurs et responsables du marketing digital dans les entreprises françaises, ne font pas la différence entre le brand content et le content marketing. Dans le même temps, cette étude montre que malgré le bruit qui est fait autour de ces méthodes, 36% des directeurs français n’y allouent pas plus de 10% de leur budget. À l’inverse, aux États-Unis, 59% des marketeurs estimaient que les budgets de content marketing devaient dépasser les autres canaux.

Ces pratiques se sont davantage développées depuis ces études, notamment sur les réseaux sociaux où les questions de taux d’engagement et de retour sur investissements sont une des premières préoccupations des entreprises. Cependant les médias traditionnels, nationaux et régionaux, peinent encore à suivre ces logiques. Plusieurs d’entre eux n’ont pas encore pris ce virage et se voient complètement invisibilisés sur les réseaux sociaux. Le développement de contenus de marque a même un effet néfaste pour l’équilibre des médias, puisqu’il se substitue à leurs productions. De la même façon, les médias ne parviennent pas à saisir l’importance du brand content, ce qui laisse place à des stratégies marketing et commerciales tâtonnantes et souvent peu productives.

Il faut donc définir ces deux notions tout en analysant, à travers des exemples concrets, quels leviers marketing les médias doivent-ils exploiter pour ne pas rater leur transition numérique.

Le content marketing

Le content marketing place le consommateur au centre de sa stratégie. Il consiste à livrer un produit souvent informatif qui va parler au spectateur, quitte à laisser sa marque de côté. Il faut pour mener à bien cette stratégie, connaître les besoins de son audience, ses habitudes et ses caractéristiques. Cette méthode est contre intuitive à l’échelle du marketing puisqu’elle exige un investissement qui ne mette pas spécialement la marque en avant. Le but de la démarche consiste essentiellement à drainer une nouvelle audience grâce à des contenus originaux. La visibilité est l’enjeu majeur.


Schéma du fonctionnement du Content marketing. CD : Stéphane Torregrosa

La forme que prend le contenu de marque est souvent informative, ce qui empiète sur le terrain des médias traditionnels. Valérie Patrin-Leclère, chercheuse au GRIPIC, avait déclaré dans une interview donnée aux Echos en 2019 : « Le marketing met sur le même plan des marques et des médias. Quand la marque n’a plus d’espace identifié, le média peine à rester crédible dans sa prétention à informer. »

La plupart des modèles de financement des médias reposent sur la publicité. Si la publicité elle-même s’approprie les codes journalistiques pour vendre son produit et inscrire sa marque sur le temps long, il se peut qu’elle se passe des médias plus vite que prévu. Alors l’équilibre financier de ceux-ci, déjà vacillant, pourrait tout à fait s’écrouler.

Devant ce constat alarmiste, il n’appartient qu’aux médias traditionnels de répliquer et de proposer à leur tour un contenu original et approprié aux réseaux sociaux. Comprendre que les sujets et la forme des publications ne doivent pas être les mêmes sur le compte instagram et sur le site du journal est primordial.

Capture d’écran des comptes Instagram du Parisien et du Figaro

Quelques journaux commencent à en prendre conscience comme le Parisien sur Instagram ou encore le Monde sur TikTok. Pour le reste, les efforts et les investissements sont encore trop faibles pour espérer toucher une nouvelle audience. On voit sur ces captures d’écrans que le Parisien a une approche plus intelligente sur les réseaux sociaux et a réussi avec un contenu adapté à toucher des personnes qui ne s’y seraient pas intéressé autrement. On voit qu’ils atteignent des centaines de milliers de vues, alors que le Figaro qui a plus d’abonnés arrive au mieux à quelques milliers.

Le brand content

S’il est souvent confondu avec le content marketing, il ne repose pourtant pas sur le même principe. Le brand content repose sur une stratégie brand-centric, qui va développer l’image de la marque pour la rendre attractive. L’objectif est de cultiver l’image de la marque et d’augmenter sa notoriété indépendamment des contenus qu’elle propose. Les objectifs de cette stratégie sont clairs : Apporter une forte visibilité, rajeunir l’image d’une marque, créer des ambassadeurs et des fans de la marque.

La plateforme de SVOD Mubi l’a par exemple bien compris et développe son profil « d’expert cinématographique » en publiant du contenu spécifique et niche pour attirer tous ceux qui se lassent des contenus mainstreams. Le site développe de nombreux partenariats avec des comptes spécialisés sur les réseaux sociaux et bénéficie d’une croissance d’abonnés exponentielle. Sur ses contenus sponsorisés, le logo Mubi brille au-dessus du visage de Pénélope Cruz dans un film d’Almodóvar. C’est ainsi que l’on expose au public les ambassadeurs de sa marque.

Capture d’écran du compte Instagram de Mubi

Même principe pour le média So Foot qui veut imposer sa marque comme une institution et pas seulement comme un média émergent. Celui-ci a organisé une émission unique sur les réseaux, avec trois spécialistes football et des cadeaux SoFoot à gagner. Résultat, 43 000 participants et six milliers de nouveaux followers sur les réseaux sociaux.

Dans les exemples cités le contenu ne se met pas nécessairement au service de l’audience mais davantage au service de la marque. Ses valeurs, son modèle et ses produits y sont mis en avant sur une période plus courte que le content marketing. Cette méthode est efficace et rentable puisqu’une image de marque saine et une audience croissante vont également attirer de potentiels annonceurs.

Face à ce phénomène les médias traditionnels semblent encore plus désemparés qu’avec le content marketing, dont ils maîtrisent au moins la forme. La crise de confiance qu’ils traversent les empêche probablement de développer une image saine et vendeuse sur le numérique. Cet a priori qui veut que le journaliste se mette en retrait au profit d’une information neutre empêche également ce fonctionnement. Enfin, mélanger contenus marketings et contenus politiques pose un vrai problème d’éthique.

Pourtant des solutions existent et doivent être, au même titre que le content marketing, mises en place indépendamment du contenu journalistique déjà disponible. Certains contenus tendance, mode ou sport sont plus adaptés à du brand content. Cette problématique est essentielle pour les médias, notamment du point de vue du vieillissement de l’audience. Les médias traditionnels doivent développer une identité forte sur leurs réseaux sociaux et se démarquer pour continuer d’exister. L’urgence d’une stratégie marketing et commerciale ne doit pas être une question secondaire car elle participe, au même titre que la qualité de l’information, à l’équilibre du paysage médiatique.

Capture d’écran du crowfunding de Légende sur le site KissKissBankBank

Bien que ce ne soit pas tout à fait comparable, plusieurs médias alternatifs et indépendants ont montré qu’une cohérence éditoriale et une marque forte pouvaient permettre un financement indépendant via des abonnements ou des crowfundings. Le 1hebdo a par exemple eu recours à des crowfundings pour le lancement de nouveaux magazines comme Légende, financés par des particuliers convaincus par le storytelling et l’image du média. Si cela n’est pas directement ce qu’on nomme brandcontent, c’est un signe encourageant quant à la possibilité pour des médias traditionnels d’exister à travers leur image et leur audience.

Louis Haéri

Sources

https://www.redacteur.com/blog/difference-content-marketing-brand-content/

http://www.eclaireursdelacom.fr/brand-content-une-marque-peut-elle-etre-un-media-legitime-et-credible/

https://www.docaufutur.fr/2016/06/29/etude-content-marketing-activis-uda-bva-limelight-content-marketing-brand-content/

Le Winkyverse: l’avenir de l’éducation?

Avec les nombreuses avancées technologiques diverses et variées qui s’emparent de notre société d’aujourd’hui, le Winkyverse est une innovation qui vise à préparer et initier de manière ingénieuse les enfants ayant entre 5 et 12 ans au monde de demain.

Le Winkyverse : premier métavers dédié entièrement à l’éducation

Et si les technologies telles que l’intelligence artificielle, la blockchain ou les NFT pouvaient prendre part à l’éducation des enfants ? C’est à cette question qu’ont tenté de répondre des ingénieurs de l’école Polytechnique à Paris en créant en 2017 le Winkyverse, premier métavers dédié entièrement à l’éducation. L’objectif ultime de cette invention est d’initier les enfants à la programmatique, la robotique et à l’Intelligence Artificielle, tout en conservant un aspect ludique et pédagogique à l’apprentissage. De plus, le Winkyverse n’est pas dédié exclusivement à l’initiation à la robotique, mais sert aussi de plateforme d’apprentissage pour des matières dites plus « traditionnelles », comme les mathématiques, l’histoire, ou le français. Le Winkyverse cherche à rendre l’apprentissage plus dynamique et concret en stimulants les jeune d’une manière innovante.

Le Winkyverse fonctionne à travers trois grands éléments : un robot éducatif appelé Winky, une plateforme Winkyverse, et une cryptomonnaie nommée Winkie.

Le robot éducatif

Le Winkyverse se matérialise par un robot appelé Winky et possède un design simpliste et mignon, afin d’attirer les enfants tout en mettant en confiance les parents. Ce robot, qui coûte entre 150 et 250 euros, est aujourd’hui présent dans plus de 5000 foyers à travers l’Europe, et sera bientôt l’égérie de son propre dessin animé, qui sera distribué sur des chaines nationales comme Gulli, et internationales comme Disney Channel ou même sur la plateforme Netflix.

© medium.com  

              

@Winky on Facebook

La plateforme Winkyverse

La plateforme développée pour accéder aux diverses activités proposées s’appelle le Winkyverse. Cette plateforme propose des centaines de jeux éducatifs, dans un univers virtuel 3D.

Ce métavers est biface : d’une part, il sert de plateforme éducative pour les enfants, et d’une autre, il permet aux développeurs expérimentés ou non de créer de la richesse.  En effet, les utilisateurs ont la possibilité de personnaliser leur « Winky », qui est en fait leur avatar, et également de créer des jeux, des décors, des concepts, etc. qu’ils peuvent ensuite commercialiser et monétiser sous forme de NFT, grâce à la cryptomonnaie propre au Winkyverse appelée Winkie (WNK).

Ainsi, le Winkyverse est divisé en trois espaces :

  • L’espace WinkyPlay : cet espace permet aux utilisateurs de développer et créer leurs propres jeux éducatifs, qui seront ensuite disponible dans le Winkyverse. C’est dans cet espace que les développeurs experts peuvent mettre en pratique leurs compétences pour les revendre, ou bien que les jeunes débutants peuvent se lancer dans l’apprentissage d’une multitude de disciplines sous un format ludique et adapté.
  • L’espace WinkyMaker : cet espace permet aux utilisateurs de personnaliser leur Winky grâce à la technique d’édition du « drag and drop ». Il est également possible d’augmenter les capacités de son Winky pour procurer une meilleure expérience à l’utilisateur. Le créateur du nouveau Winky pourra ensuite le commercialiser sous forme de NFT, en le plaçant sur des marketplaces specialisées, accessibles via le système de la blockchain. Ce dispositif permet au créateur de générer des revenus sur chaque vente de NFT.
  • L’espace Winkyverse : cet espace est celui qui accueillera la cible principale du Winkyverse, c’est-à-dire les enfants âgés entre 5 et 12 ans, pour qu’ils puissent jouer tout en étant préparés et formés aux enjeux technologiques futurs.
L’espace Winkymaker @BitBabai / Twitter

L’idée est que l’écosystème soit innové et mis à jour constamment par ses propres utilisateurs, sans qu’il y ait besoin d’avoir recours à des développeurs ou artistes professionnels et donc sans avoir à les payer. Ainsi, le métavers génère de la richesse, et si le cours de la cryptomonnaie Winkie est aujourd’hui équivalent à €0.01207 (à date du 30/01), le Winkyverse reste l’ICO (Initial Coin Offering, ou offre initiale de jetons en français) la plus financée en France en 2021, avec des participations venant de plus de 15,000 investisseurs et dépassant les 20,000,000 d’euros.

Interopérabilité entre le Winkyverse et le monde réel.

Une des caractéristiques du Winkyverse est son interopérabilité avec le monde réel, notamment à travers le robot Winky. En effet, selon la popularité des créations des utilisateurs dans l’espace WinkyMaker, un Winky peut être créé et commercialisé de façon matérielle. De plus, les robots Winky pourront être contrôlés à travers le Winkyverse, et opérer dans le monde réel à travers des sons ou des mouvements. Par exemple, le robot sera capable de parler et de lire à voix haute une histoire créée dans l’espace WinkyPlay.

Quel succès pour le Winkyverse ?

Pour l’instant, l’évolution du Winkyverse est très prometteuse : le projet a été le plus financé sur la plateforme de crowdfunding Ulule, le robot Winky est devenu un best-seller en 2019 dans la catégorie des jeux éducatifs et est devenu présent dans plus de 5000 foyers en 5 ans, et le Winkyverse a fait plus de 250 parutions médiatiques dans les plus grandes chaînes de télévisions françaises, y compris au journal de TF1. En effet, il est clair que les nouvelles générations grandissent avec des écrans et sont de plus en plus sensibles aux interactions virtuelles. La question se pose alors de savoir si les techniques d’éducation traditionnelles restent adaptées, ou si du fait de grandir connectés, les enfants n’y sont plus réceptifs. De plus, les sujets liés aux nouvelles technologies tels que le codage, la robotique et les sciences informatiques semblent être de plus en plus importants à maitriser pour évoluer dans le monde de demain. Ces raisons peuvent expliquer le certain succès que connaît déjà le Winkyverse, qui apparaît comme une pratique prometteuse pour faire évoluer les méthodes d’éducation et pour toucher les enfants d’aujourd’hui.

De plus, le Winkyverse est une innovation qui paraît très encourageante du fait qu’elle se base sur de nombreuses technologies fortes. En effet, elle combine la robotique, l’intelligence artificielle, la programmation, les jeux vidéo, la réalité augmentée et la blockchain, qui font d’elle une innovation moderne et dans l’air du temps. Le marché de la technologie dans l’éducation est un marché en forte croissance et aux multi-milliards de dollars, notamment dans la région d’Asie-Pacifique, comme l’illustrent les graphiques ci-dessous.

Source: www.grandviewresearch.com

Cependant, le progrès technologique rapide effraie beaucoup de parents, qui sont sceptiques face à l’idée de mettre l’éducation de leurs enfants entre les mains de robots et d’univers parallèles.

Les obstacles du Winkyverse

Le principal obstacle qui s’oppose au succès planétaire du Winkyverse est la peur du grand public face aux avancées technologiques comme le métavers et la blockchain, restant en grande partie des concepts trop techniques et incompris par la majorité. Les parents sont réticents à l’idée de laisser leur enfant dans un univers 3D, en contact avec une monnaie virtuelle, qui est en fait de l’argent réel. De plus, les questions de l’addiction et de la déconnexion du monde réel inquiète fortement, comme le montre l’étude statista suivante, qui met en évidence la réponse d’une population de parents interrogés sur leurs principales appréhensions lors de l’achat d’un jouet connecté.

Pour faire face à cette crainte, les créateurs du winkyverse ont pensé à la solution du contrôle parental. En effet, c’est une alternative beaucoup utilisée dans ce qui touche aux enfants et aux objets connectés, et qui peut convaincre et obtenir la confiance de certains parents.  

Mais pour d’autres, au-delà d’une peur de l’addiction, il y a une peur de l’éthique derrière l’intelligence émotionnelle d’un robot. Comment s’assurer que les valeurs de l’éducation que proposera le Winkyverse seront « morales », et que le robot respectera la vie privée de ses utilisateurs lors de la collecte des données personnelles. Chez les enfants, l’anthropomorphisme, ou le fait d’attribuer à des objets des caractéristiques humaines, est très présent, et c’est pour cette raison que certains parents sont d’autant plus sceptiques sur les impacts que la possession d’un robot peut avoir sur les interactions sociales et humaines de leurs enfants.  

Alors est-ce que cette innovation futuriste connaîtra le succès que de nombreux investisseurs espèrent ? Les années à venir et la stratégie marketing des équipes de Mainbot, l’entreprise propriétaire du Winkyverse, seront déterminantes.

Article rédigé par: Louise BALDUCCHI

BIBLIOGRAPHIE :

Comment l’intelligence artificielle est-elle utilisée à des fins de marketing auprès du marché de la beauté?

Image : Perfect Corp.

L’intelligence artificielle est une technologie que l’on retrouve auprès d’innombrables industries : la médecine, la finance, l’art, la gastronomie, la robotique, le e-commerce, les réseaux sociaux, le marketing, etc. Ses utilisations sont exponentielles et permettent d’exploiter les données de façon inédite et efficace. Les capacités de cette technologie sont aujourd’hui au cœur des stratégies de marketing digital en ce qui à trait à la recommandation et la personnalisation de l’offre de divers produits.

En effet, d’après le plus récent rapport de McKinsey, The State of AI in 2021, 56 % des personnes interrogées font mention de l’adoption de l’IA dans au moins une fonction de leur entreprise, contre 50 % en 2020. Grâce à ses qualités, l’IA permet de créer des expériences numériques plus riches et plus personnalisées pour les consommateurs, c’est entre autres pour cela qu’elle est préconisée auprès de diverses industries.

Mais qu’est-ce que l’intelligence artificielle ?

D’après IBM, “ L’intelligence artificielle exploite les ordinateurs et les machines pour imiter les capacités de résolution de problèmes et de prise de décision de l’esprit humain.” Sa particularité clef est que l’intelligence artificielle ne doit pas se limiter à des méthodes biologiquement observables comme un humain, ce qui permet d’aller plus loin dans les conclusions. Le tout grâce à la création d’algorithmes complexes et la collecte de nombreuses données, une règle peut être établie pour résoudre ou soutenir une problématique déterminée. Il s’agit d’algorithmes qui sont interprétés de plusieurs façons, et qui ont des utilités très différentes d’un secteur à l’autre : que ce soit pour accéder à un bâtiment grâce à la reconnaissance faciale, conduire une voiture autonome ou lorsque vous discutez avec un chatbot sur un site internet, ceux-ci sont des exemples d’intelligence artificielle dit faible que l’on retrouve au quotidien. Il existe aussi l’intelligence artificielle forte qui est toujours très théorique à ce jour. Un exemple de celle-ci serait illustré par une machine ayant une intelligence égale à celle des humains où celle-ci aurait une conscience de soi capable de résoudre des problèmes, d’apprendre et de planifier l’avenir.

Comment cette technologie est-elle appliquée dans le marché de la beauté ?

L’IA est donc un outil très pertinent à des fins de marketing, car les algorithmes sont basés sur d’innombrables données. Celles-ci permettent de savoir l’âge, le sexe et surtout les préférences d’un individu afin de lui proposer une offre personnalisée et complète.

Recommandation personnalisée de soins et de produit :

Le machine learning, un dérivé de l’intelligence artificielle, peut être utilisé pour analyser le teint, la structure du visage et le type de peau d’un individu. Grâce à la collecte de données par le biais de questionnaires, il est aussi possible d’affiner la recommandation selon les réponses du client. C’est alors que l’algorithme analyse les données pour, par exemple, fournir une routine de soins de la peau qui s’aligne sur les objectifs de l’individu tout en tenant compte de ses caractéristiques physiques. 

C’est la stratégie de la marque de soin Curology qui propose des solutions personnalisées de soins de la peau, grâce à l’IA et au machine learning, destinées spécifiquement aux personnes souffrant d’acné. Cette marque réunit des médecins praticiens et des développeurs d’applications pour fournir un service de conseils dermatologiques. Les utilisateurs partagent des selfies et remplissent un questionnaire dans leur application mobile. Ils sont ensuite mis en relation avec des professionnels de la santé qui conçoivent des formules personnalisées pour cibler les besoins individuels en matière de soins de la peau.

Image : Curology

Une autre application de la technologie se trouve chez Kura Skin. Il s’agit d’une boîte d’abonnement trimestrielle qui propose une routine complète et sur mesure – du nettoyant à la crème solaire. Les données collectées sont utilisées pour « connecter les clients aux produits qui fonctionnent et confectionner des routines de soins de la peau très performantes qu’ils n’auraient jamais assemblées par eux-mêmes » explique Katrina Moreno Lewis, fondatrice et PDG de Kura Skin. Ces données sont enregistrées grâce à un questionnaire et analysées par un algorithme qui examine plus d’un million de possibilités et trouve la meilleure combinaison de produits pour les caractéristiques uniques de la peau, le climat, les objectifs et le budget du client.

Image : Kura Skin

Essai virtuel des produits :

Grâce à l’intelligence artificielle, les clients peuvent essayer virtuellement des milliers de produits. Ils peuvent porter virtuellement des cosmétiques tels que du rouges à lèvres, du fond de teint, du gloss et de l’ombre à paupières, etc. sans avoir à enlever la teinte existante et à en essayer une nouvelle. Les utilisateurs peuvent facilement voir comment les produits se porte par le biais d’une photo ou d’une capture vidéo. Cela contribue à améliorer l’expérience d’achat des clients, particulièrement en cette période de crise sanitaire où plusieurs ont un accès restreint aux points de vente physique et où les mesures d’hygiène sont plus strictes que jamais.

Image : Perfect Corp.

Plusieurs compagnies beauté offrent la technologie d’essai virtuel : l’Oréal Paris, Lancôme, Maybelline, NYX Cosmetics, etc. Bien que l’utilisation de l’IA soit présente sur la majorité des plateformes de beauté, les applications se démarquent par la diversité de leur offre et la gamme de produits proposée à l’essai. Le précurseur de cette technologie est la compagnie Perfect Corp. qui se spécialise dans la création d’applications de réalité virtuelle et d’IA dédiées aux cosmétiques.

La technologie phare de Perfect Corp. est l’application YouCam Makeup créée en 2014 qui permet aux utilisateurs d’essayer des échantillons virtuels de plus de 300 marques internationales, dont celles des conglomérats de beauté Estée Lauder et L’Oréal Paris. Aujourd’hui, YouCam Makeup compte entre 40 et 50 millions d’utilisateurs actifs mensuels et s’est développée au-delà des selfies augmentés pour inclure des livestreams et des tutoriels d’influenceurs de la beauté, des fonctions sociales et une fonction « Skin Score ».

Image : M·A·C Virtual Try-On

Vendu dans plus de 130 pays à travers le monde, MAC Cosmetics est l’une des entreprises de beauté les plus prolifiques et qui a dernièrement adhéré à l’utilisation de l’essai virtuel de produit sur ses plateformes. Quel que soit le point d’entrée de ses clients, que ce soit en ligne, en magasin ou sur les médias sociaux, MAC Cosmetics utilise une approche omni-canal pour s’assurer que ses expériences d’essayage virtuelles sont accessibles.

Il y a quatre ans, en collaboration avec Perfect Corp. et leur application YouCam, MAC Cosmetics a commencé ses offres d’IA et RV pour offrir à ses clients une expérience d’essai virtuel de plusieurs de ses produits pour les yeux et les lèvres. La réaction des clients a été si positive que MAC propose désormais plus de 1 700 de ses produits. Depuis le déploiement de la technologie de correspondance des teintes et d’essayage virtuel le géant des cosmétiques MAC a bénéficié d’une augmentation de 200 % de l’engagement des clients au cours du premier mois et d’une  » forte conversion « , prouvant que l’ajout de ces technologies sont une stratégie marketing efficace et réussie.

Article rédigé par Magalie Lussier-Letourneau

Sources :

Modération : à quand la fin de l’impunité sur les réseaux sociaux ?

Le phénomène d’émiettement identitaire, en corrélation avec l’utilisation grandissante des réseaux sociaux, s’aggrave ces dernières années entre l’espace physique et l’espace numérique. L’idée commune selon laquelle l’identité définie dans l’espace public disparaît au profit d’une autre identité sur Internet favorise le sentiment d’impunité et l’augmentation des contenus toxiques sur les espaces d’expression en ligne. Les tentatives de régulation ont été nombreuses, tant par les autorités publiques que par les plateformes elles-mêmes.

L’heure est au bilan sur l’état actuel de la modération des contenus en ligne.

Responsabilisation progressive des plateformes

Le 20 janvier 2022, le Parlement européen procédait à un vote sur la législation des services numériques, plus connue sous le nom de Digital Services Act (DSA). Ce texte vise notamment à obliger les géants du numérique à s’attaquer aux contenus illicites en ligne, tels que ceux favorisant l’incitation à la haine ou la désinformation. En effet, l’expression sur l’espace public numérique est structurée autour d’un marché oligopolistique (Facebook, Twitter, Google). C’est donc naturellement que l’attention politique et juridique s’est concentrée sur cette poignée d’acteurs en mettant en lumière leurs dérives et en alertant sur la présence grandissante des contenus haineux. Ces plateformes ont été contraintes d’accepter que leur rôle dépassait celui de simple hébergeur de contenus et ont pris leurs responsabilités en termes de modération et de régulation sur leurs interfaces.

Pour respecter ces nouveaux engagements, de nombreux outils ont été développés par les plateformes afin d’identifier les contenus toxiques. Une modération algorithmique automatisée et des équipes très conséquentes de modérateurs sont devenus deux piliers quasi-indispensables pour traiter une quantité aussi importante de contenus. Ces outils technologiques permettent notamment une modération ex ante, c’est-à-dire avant même que le contenu soit publié et donc visible par les utilisateurs. On parle alors d’une modération « industrielle », qui se différencie d’une modération dite « artisanale » effectuée par des équipes plus restreintes, avec une approche plus manuelle et une importance forte donnée à la contextualisation du contenu. La modération 100% automatisée n’est pas la solution parfaite puisqu’elle comprend son lot de risques, notamment en identifiant des contenus dits « faux positifs », c’est-à-dire modérés alors qu’ils n’auraient pas dû l’être, ou en incitant à une modération excessive, dite « modération préventive » des plateformes pour éviter des sanctions.

La modération ne se limite pas à l’identification des contenus problématiques, il faut ensuite savoir réagir au mieux pour limiter leur propagation ce qui ne passe pas nécessairement par la suppression. En effet, la modération par retrait du contenu peut avoir des effets néfastes comme l’augmentation des réactions toxiques en réponse à la suppression ou la légitimation du contenu supprimé aux yeux de certaines communautés. Les plateformes ont donc développé des méthodes alternatives, dites « graduelles », afin de limiter la visibilité du contenu sans avoir à le supprimer, tels que le déclassement ou le déréférencement du contenu ou sa mise en quarantaine. La propagation de ces contenus toxiques est en constante évolution, forçant les modérateurs à se renouveler et à innover régulièrement dans ce domaine.

Mythe de l’anonymat sur Internet

Malheureusement, la modération ne suffit pas toujours. Si les algorithmes des plateformes leurs permettent d’identifier la quasi-totalité des contenus à caractère illégal (Facebook déclare que « 99,5% des contenus terroristes ou pédopornographiques sont bloqués a priori, et automatiquement, avant même qu’un utilisateur ne puisse le voir. »), il leur est plus difficile de repérer d’autres comportements tels que le harcèlement en meute ou la diffusion de désinformations. 

Dans les cas où des enquêtes de police sont ouvertes, notamment lorsqu’une victime porte plainte, l’une des premières étapes consiste à identifier les responsables potentiels, généralement cachés derrière des pseudonymes qui sont à distinguer de l’anonymat. En effet, la loi pour la confiance dans l’économie numérique (LCEN) de 2004 impose aux hébergeurs et opérateurs de conserver toutes les données de connexion (adresse postale, coordonnées bancaires, n° de téléphone, adresse IP, etc.) afin de pouvoir identifier la personne cachée derrière un pseudo. Ces données sont soumises au secret professionnel mais peuvent être communiquées à la justice en cas de demande. Ainsi, la levée d’un pseudonyme n’est jamais impossible en soi, au contraire, mais elle demande parfois énormément de temps et de moyens à la justice pour y parvenir.

Collaboration avec les services policiers et judiciaires

Lors d’une investigation sur les réseaux sociaux, les services de police tentent de corroborer les pistes en récupérant des traces numériques. Dans certains cas, les contenus en question sont partagés publiquement ce qui permet de répertorier rapidement des preuves. Cependant, lorsque les comptes sont cadenassés, cela doit passer par une réquisition invitant la plateforme à transmettre les données d’identification des comptes concernés. De nombreuses affaires de cyber-harcèlement, telles que l’affaire Mila ou la récente condamnation du Youtubeur Marvel Fitness, ont pu être portées en justice et aboutir à des condamnations grâce à cette collaboration entre les plateformes et les autorités publiques. 

Cependant, d’après Matthieu Audibert, commandement de la gendarmerie dans le cyber-espace, alors que les opérateurs français sont très réactifs et répondent en moyenne à ces demandes en 15 min, les hébergeurs américains s’avèrent généralement moins collaboratifs. Pour leurs exiger le transfert des données, il faut envoyer une réquisition directement à la société mère. Cela peut parfois nécessiter préalablement une demande d’enquête pénale internationale, suivi de l’envoi de la réquisition via le ministère de la justice français auprès d’un magistrat de liaison à Washington, qui transmettra ensuite au procureur de l’État américain de domiciliation de la plateforme. Cela va sans dire, ces cas de figure correspondent à des délais d’action de plusieurs mois, voir n’aboutissent parfois à aucun retour de la part de la plateforme concernée.

Le réseau Twitter est connu pour être le mauvais élève des réseaux sociaux en matière de collaboration avec la justice. L’avocat Éric Morain rappelle : « c’est une obligation dans le code de procédure pénale de déférer à ces réquisitions, et il ne viendrait pas à l’idée de la BNP, Orange ou Free de ne pas le faire. Les autorités adressent de la même façon régulièrement des réquisitions à Facebook ou à Twitter. […] Sauf que, si Facebook collabore depuis deux ou trois ans, en ce qui concerne Twitter, on reçoit des classements sans suite du parquet faute de collaboration. ». En janvier 2022, Twitter France et son DG Damien Viel ont été jugés pour « refus de répondre à une réquisition » et la Cour d’appel de Paris a confirmé une décision de juillet ordonnant à Twitter de détailler ses moyens de lutte contre la haine en ligne, jugés insuffisants.

Moins de lois, plus de moyens !

Une impunité importante persiste sur les réseaux sociaux et l’une des causes principales réside dans le manque de moyens accordés aux services de police et aux régulateurs. Avec plus de moyens, la justice pourrait réagir et condamner rapidement, ce qui refroidirait progressivement l’essor des contenus toxiques et ferait office de modération par incitation. La lenteur actuelle des décisions de condamnations est responsable du sentiment d’impunité récurrent sur Internet. Le mal français voudrait créer de nouvelles lois, épuiser les plateformes sous de nouvelles obligations, alors que la vraie solution serait de donner à la justice (l’un des ministères les moins bien financé) les moyens humains et financiers d’agir efficacement.

Actuellement, la plateforme Pharos en charge de la surveillance des contenus illicites sur Internet est sous-financée et sous-équipée, avec une vingtaine de cyber-gendarmes quand Facebook a plus de 15 000 personnes en charge de sa modération. Les missions sont éparpillées, les cyber-gendarmes n’ont accès qu’à ce qui est visible au public sur les plateformes et c’est les commissariats qui ont la charge d’examiner les conversations et groupes privés.

Par ailleurs, pour forcer ces super plateformes à respecter leurs obligations, l’échelle nationale ne semble pas la plus efficace puisque nos régulateurs semblent aujourd’hui incapables de faire respecter leurs propres mesures. Il est nécessaire d’engager les régulateurs à échelle européenne et de simplifier la définition des infractions en ligne afin de condamner régulièrement et jusqu’à l’épuisement les plateformes, plutôt que de sanctionner une fois par an ces géants du numérique, impassibles face aux montants de leurs condamnations précédentes.

Par Estelle Berdah


Sources

Lois et approches de la régulation

Modération des contenus : renouveler l’approche de la régulation, Renaissance numérique, Juin 2020

La haine en ligne, de nouvelles lois, pour quoi faire ?, Jean-Marie Portal, Mars 2021

Règlement européen : les plateformes en ligne ont désormais une heure pour retirer le contenu terroriste, Mathieu Pollet, Avril 2021

Haine en ligne : le Conseil constitutionnel censure le dispositif-clé de la loi Avia, Raphaël Balenieri, Juin 2020

Anonymat en ligne

« Renforcement de l’anonymat sur Internet », Arnaud Dimeglio, Août 2021

Il est temps d’arrêter de nous bassiner avec l’anonymat en ligne, Julien Lausson, Juillet 2020

Tout comprendre au débat sur l’anonymat sur Internet, Cécile Bertrand, Juillet 2020

Collaboration des plateformes

Twitter France et son directeur jugés pour ne pas avoir aidé la justice, Le Figaro, Janvier 2022

Twitter loses appeal in French case over online hate speech, Business Standard, Janvier 2022

Haine en ligne : Twitter, mauvais élève des réseaux sociaux, Raphaël Balenieri, Juillet 2020

VIDÉO – PODCAST

Tremblez les trolls : la fin de l’impunité sur les réseaux sociaux ?, Médias en Seine 2021

Le numérique, une zone de non-droit ? avec Simon Puech & Alexandre Archambault, Juin 2021

Vine – A quick rise and fall

What has a visit to the Zoo and preparing food at home in common? Both were the first contents uploaded onto two of the most famous video platforms and marked the start of two internet success stories – YouTube and Vine. In the case of Vine, it was co-founder Dom Hofmann, that uploaded a homemade video of him making fresh steak tartar. Vine, a video-sharing app for 6 second-looped videos, has been founded in June 2012 by Hofmann and his co-creators Rus Yuspov and Colin Kro.

While the product was still being in Beta-Phase, Vine caught the attention of Twitter. In October 2012, Vine was being purchased for reportedly 30 Mio. Dollar before the app even launched. Industry experts said that this made sense, because Twitter, the 140-character text medium, did not have a video format so. Just a few months earlier, Twitter’s competitor Facebook had acquired Instagram. Vine was launched in the Appstore in January 2013. In its first month, it trended the iStore charts, and already six months later, the app counted over 13 million regular users.

Originally, the idea of its developers was to create a way of easily filming and editing videos. At the start, there was no maximum length planned, but files got too big to manage and share. Because of that reason, the developers came up with the six-second timeframe – more out of practical reasons than it being part of the original idea. This new concept created another problem – the videos were too short to make an impact on users. Therefore, the developers programmed the loop, which allowed users to see the same video in an infinite loop.

But Vine made a virtue out of necessity; the six-second loop would turn out to be the perfect medium for new internet-based sketch comedy performed by a new form of internet celebrity. These mostly young people were primarily – or only – famous for what they did in their six-second loops.

The format heralded a world of Periscope and Facebook Live that had not been invented yet. But the platform was also used for other, more serious events: a journalist in Ankara used the platform to cover 2013’s unease in the Turkish capital. In the same year, Daft Punk released a track listing on the platform, and in March “Art” vines were even being sold at auction.

One of the reasons for Vines success was the extremely lively and creative community, which consisted mainly out of teenagers. According to Mark Hoelzl, who conducted a survey for businessinsider in 2015, Vine had the second youngest follower group behind Snapchat. So, the app became quickly evident in pop and youth culture through memes, that are still being used today and finally heavily infiltrated pop culture-oriented media. Many Celebrities started to be present on Vines or started their career there. Such as Bobby Shmurda, a New York rapper, who was signed to a record deal after a clip from his music video drew millions of loops.


Source: Mark Hoelzl, Business Insider online, 2015: https://www.businessinsider.com/update-a-breakdown-of-the-demographics-for-each-of-the-different-social-networks-2015-06?r=US&IR=T

By the end of 2015, Vine counted 200 million users. But the app has already been through a noticeable decline in relevance. Many of its users have shifted to competitors, such as Instagram or Snapchat. In 2016, to the surprise of the public, Twitter announced that it would shut down the app, only 4 years after its launch. Luckily for its influencers, most of them had already opened up accounts on other platforms, but there was still a large and active community on Vine. The shutdown of the platform brutally demonstrated the dependency of the content creators and showed them, that it was important to be diversified and have a presence on different platforms at the same time.

Although the shutdown was a surprise, the downfall began much earlier and was a result of different reasons, such as Twitter lacking a clear strategy on how to implement the app in its own environment, and Vine’s failure to monetize the app.

Twitter didn’t manage to develop a coherent concept for implementing the video feature. It decided to focus on implementing its own, 30-second video feature instead of focusing on developing Vine further. Apparently, this was also due to a reluctance in Vine’s management to join Twitter creatively. Twitter also acquired several other start-ups, but never managed to align them into one clear strategy. Later on, Twitter would transform the app into vine video and integrate it into Twitter; this allowed the users to generate new videos in the vine format and style and upload them directly onto their Twitter accounts.

But more importantly, Twitter and Vine couldn’t figure out how to make money with the app. There were never explicit ads sold by Twitter on Vine itself. The company lost out on revenues from advertisers promoting tweets with the Vines embedded. The stars on the platform were successful by endorsing products in bespoke videos. But advertisers came to realize, that there were better options in the market: Facebook’s algorithm for better targeting and measuring the relevant target groups, or the direct approach of Snapchat for example. This would eventually spread to the users. In 2013, half of Vine’s “top influencers” stopped posting or deleted their accounts. These opinion leaders had several reasons to switch to its competitors: the missing monetizing options for content creators apart from brand endorsements, new features introduced by competitors, such as the 15-second Video of Instagram, or new entrants like Snapchat. All of these factors, combined with Vines unwillingness to change or introduce new features, led to the influencer exodus.

Vine’s demise was proof, that simply having users was not enough if you can’t monetize it. It would become a cautionary tale for other platforms, that have primarily focused on growth.

Byte –A failed attempt to come back

“The idea was to bring back what people remember about Vine, even if it isn’t necessarily the way that Vine was,” said Dom Hofmann, one of the co-founders of Vine, when introducing his new app, called Byte. Byte was launched in January 202, exactly 7 years after the release of Vine. Originally the app should have been called V2, but the project was later rebranded for better distinction.

The week it became publicly available, Byte was briefly the most downloaded app in the App Store, crossing a million downloads. 70% of the downloads happened in the United States, another 7% each in Canada and the UK.

Apart from the short looping videos, Byte’s design referred heavily to Vine. A familiar search and discovery page with even the same prompt for the commenters: “Say something nice.” It introduced a couple of new features, such as Floaties, which were floating texts or videos added to the videos.

To better reward its influencers, the company planned to open a partnership program to share advertisement revenues.

Despite all the changes and the good head start in January, the app never broke out to the mainstream. Only when Donald Trump threatened to ban TikTok, there was a noticeable quick rise in interest; but after the ban was held up in court, it seemed to die down quickly.

In 2021 Byte was ultimately sold to Clash, another TikTok competitor.

Tik Tok – Vine’s successor

TikTok, developed by the Chinese Zhang Yiming, became one of the hottest apps since its launch in 2016. Zhang formerly started his company with an online news service that heavily relied on AI. This knowledge in AI plays a key factor in TikTok’s success.

The app functions similarly to Vine: the user watches short videos in a loop, although the videos are significantly longer. One of the key elements to trigger engagement in the videos is the love of music by all age groups. The tie-in offers a fun twist that lends itself to new trends, memes, and challenges. Other social networks are primarily built on connections between people who know each other in real life. Tik Tok focuses on optimizing the content you see; it is entirely possible to spend hours on TikTok without seeing anyone you follow because it is driven primarily by algorithmic discovery.

This algorithm determines your interests based on how much time you spend on which type of video. Furthermore, it establishes relationships based on videos that the same users interact with. This is comparable to a “frequently bought together” section in an online shop. The algorithm also helps content creators, especially new ones, to gain reach. It rewards content above all else, which makes it easy to gain a big following fast if the content is liked by the users.

The features of the app and its active community allow brands to engage and inspire their fans in more authentic and entertaining ways. This makes TikTok also incredibly successful in monetizing its app; it is currently battling for the throne of the highest conversions in in-app-buying against Instagram.

By the end of 2021, TikTok had 1 billion active users and is growing fast.

Source: Carmen Ang, Visual Capitalist, 2021, https://www.visualcapitalist.com/ranked-social-networks-worldwide-by-users/

Article by Daniela Duque Ramos

Sources


https://influencermarketinghub.com/byte-statistics/
https://www.theverge.com/2021/1/26/22250926/clash-buys-byte-vine-successor-dom-hofmann
https://www.theverge.com/2020/1/24/21081002/byte-vine-successor-available-now-launch-dom-hofmann-ios-android
https://bettermarketing.pub/everything-you-need-to-know-about-byte-aka-vine-2-0-b22e3db911d8
https://www.businessinsider.com/update-a-breakdown-of-the-demographics-for-each-of-the-different-social-networks-2015-06?r=US&IR=T
https://inews.co.uk/opinion/comment/rise-fall-vine-short-loops-27661
https://www.nytimes.com/2020/02/22/style/byte-vine-short-video-apps.html
https://www.theverge.com/2016/10/28/13456208/why-vine-died-twitter-shutdown
http://www.differencebetween.net/technology/difference-between-tiktok-and-vine/
https://backlinko.com/instagram-users
https://www.visualcapitalist.com/ranked-social-networks-worldwide-by-users/
https://www.forbes.com/sites/tomtaulli/2020/01/31/tiktok-why-the-enormous-success/
https://www.howtogeek.com/711824/why-is-tiktok-so-popular-why-the-social-network-is-unique/

Gouvernance des médias : quelles solutions pour garantir une information indépendante et plurielle ?

Médias Français : Qui possède quoi ? Infographie annuelle du Monde Diplomatique

La concentration des médias n’est pas quelque chose de nouveau en France. Dans les années 1980, le Groupe Hersant détenait près de 40% de la presse écrite. Cependant, aujourd’hui, nous entrons dans un contexte d’hyper-concentration, où seules 9 personnes possèdent 90% des médias. Le Groupe Vivendi, piloté par Vincent Bolloré, s’inscrit profondément dans le paysage médiatique et culturel français en détenant plusieurs chaînes de télévision (Canal+, CNews, C8, CStar, Planète+, etc.), une radio (Europe 1), des journaux (Le Journal du dimanche, Paris Match), des maisons d’édition (Editis et sûrement bientôt son principal concurrent Hachette Livre) et Prisma media (Capital, Femme actuelle, Geo, Ça m’intéresse, Télé-Loisirs, Voici, etc.). Il y a aussi le milliardaire Bernard Arnault, via LVMH, qui détient maintenant les journaux Le Parisien, Les Echos, la station Radio Classique, mais aussi des parts de Challenge et de Sciences et Avenir. On connaît aussi l’industriel du BTP Martin Bouygues, qui possède 8 chaînes de télévision, Xavier Niel le patron de Free qui investit de plus en plus dans le Groupe Le Monde, ou encore un autre géant des télécoms, Patrick Drahi, qui détient Libération, et NextRadio (RMC, BFM et BFM TV).     

Mais ce qui pousse aujourd’hui 250 professionnels de la presse, de la télévision et de la radio à donner l’alerte à travers leur collectif Informer n’est pas un délit, c’est davantage pour éclairer sur le chamboulement que créent parfois ces acquisitions dans le travail des journalistes. Par exemple, Vincent Bolloré a cette réputation de semer la zizanie dès qu’il s’empare d’un nouveau média, en démantelant la rédaction puis en lui instaurant une prise en main idéologique. Ainsi, en 2016, après un mois de grève, un tiers de la rédaction avait démissionné de la chaîne iTélé, devenue CNews, pour dénoncer la tournure polémique que prenait la chaîne. En été 2020, Patrick Drahi avait lui mis en place un plan social pour licencier un tiers des effectifs de BFM TV, qui était pourtant la chaîne d’information la plus rentable. 

Les professionnels du secteur souhaitent donc créer le débat afin de continuer d’offrir aux personnes le droit d’accéder à une information indépendante et plurielle, qui est une condition essentielle au bon fonctionnement d’une démocratie. Dans leur livre L’information est un bien public (Seuil, 2021), Julia Cagé et Benoît Huet essaient ainsi de présenter des solutions pour protéger l’indépendance des médias, en séparant le plus possible l’actionnariat de la rédaction

Mise à jour de la loi de 1986

Au mois de novembre 2021, le Sénat a lancé une commission d’enquête afin d’évaluer les impacts possibles de la concentration des médias sur la démocratie. Cette demande, déposée par des législateurs socialistes, a pour but de “mettre en lumière les conditions d’achat et de regroupement qui ont abouti à ce paysage de la presse et de l’audiovisuel très concentré”. Cette commission d’enquête rendra ses comptes le 2 mai prochain, après avoir entendu tous les propriétaires des médias sur la façon dont ils garantissent l’indépendance de leurs journaux. Une de leurs propositions est la refonte de la loi de 1986, avec notamment la création d’un statut juridique pour les rédactions. Initialement, cette loi s’assure du “respect de l’expression pluraliste des courants de pensée et d’opinion dans les programmes des services de radio et de télévision”. C’est notamment elle qui empêche qu’un propriétaire de médias ne détienne plus de 30% de la diffusion de la presse quotidienne d’information politique et générale. Aujourd’hui, aucun acteur ne possède autant de parts dans l’information. Les 250 professionnels du secteur souhaitent alors que cette loi aille plus loin que la réglementation sur le capital, en donnant plus de pouvoir juridique aux rédactions dans la gouvernance des médias, et en condamnant le ”délit de trafic d’influence en matière de presse » dans le but de « limiter tout interventionnisme des actionnaires”. 

La forme juridique des médias

La majorité des médias a aujourd’hui pour statut juridique celui de société commerciale

Société commercialeAssociationSociété coopérative
Presse écritePresse nationale : Le Monde, Le Figaro, Les Echos-Le Parisien, Prisma Presse, Bayard, Médiapart, etc.Presse régionale : Ouest-France, La Dépêche du Midi, La Voix du Nord, La Provence, Sud Ouest
Disclose, Reporterre, BastaMag, Le Vent Se Lève, etc.

Alternatives Economiques, VoxEurop, Mag2Lyon, Blast

Audiovisuel privé
TF1, M6-RTL, Altice (RMC, BFM), NRJ Group, Vivendi (Canal+, CNews), Lagardère (Europe 1)
Radio Courtoisie, Télé Bocal, Radio Libertaire

“Le Média”

Audiovisuel public
Radio France, France Télévisions, Arte, France Médias Monde, LCP-Public Sénat

Ce statut permet aux médias de garder le contrôle sur la base du principe “1 action = 1 voix”. C’est un schéma qui est rassurant pour les investisseurs car il y a une corrélation directe entre la détention et le pouvoir décisionnaire. Aussi, l’application du droit des sociétés apporte une sécurité juridique, la cessibilité des actions est facilitée, et il y a la possibilité de rendre les actions négociables sur un marché réglementé (bourse). La limite de ce statut juridique des médias dans le partage de l’information est qu’il y a alors une confrontation entre le contrat de travail du journaliste qui le lie hiérarchiquement aux dirigeants du média qui l’emploie, et à l’impératif de mener à bien sa mission d’information résultant de la déontologie. La plupart de ces sociétés commerciales se finançant aujourd’hui par la publicité, les actionnaires, mais aussi les régies publicitaires, peuvent exercer un pouvoir de pression sur les contenus éditoriaux. Ce fut le cas par exemple pour le journal Libération, où un article sur Bernard Arnault avait provoqué une baisse drastique des investissements publicitaires du groupe LVMH dans le journal, par “vengeance”, pour un manque à gagner estimé à 700 000 euros. Néanmoins, les médias ne sont pas des sociétés commerciales comme les autres. L’article 4 de la loi du 1er août 1986 empêche en effet qu’un média de presse puisse être vendu comme n’importe quelle autre entreprise. “Toute cession doit être soumise à l’agrément du conseil d’administration ou du conseil de surveillance”. En ce sens, la juridiction reconnaît qu’un journal de presse touche à la société, et possède donc les caractéristiques d’un bien public. Cependant, cette loi ne s’applique pas aux sociétés par action simplifiée, alors que la plupart des journaux aujourd’hui ont ce type de statut. Aussi, cette loi ne prend pas en compte le fait qu’aujourd’hui beaucoup de sociétés appartiennent à une même holding, leur permettant de répartir les titres de propriétés entre les différentes sociétés qu’elle possède. 

Certains journaux ont donc décidé de se référer tout seuls aux principes contractuels pour protéger leur indépendance. C’est par exemple le cas pour Le Canard Enchaîné, qui a décidé que toute cession doit être étudiée par le Conseil d’Administration, et qu’une personne peut détenir une action dans le journal à la seule condition d’être un salarié ou ancien salarié. Aucune entreprise ne peut donc aujourd’hui racheter Le Canard Enchaîné, lui garantissant une entière indépendance éditoriale. 

Association et fondation d’utilité publique

Ouest-France, plus grand journal régional sur l’année 2020-2021 en nombre de diffusions, est le principal utilisateur du modèle de l’association. Cette décision avait été prise à l’époque pour se protéger d’un potentiel rachat par le Groupe Hersant. L’indépendance de ce journal est garantie dans le fait que personne ne peut le racheter, mais ce modèle associatif comporte des limites sur la transparence de son mode de fonctionnement et des membres qui en font partie. D’autres journaux régionaux ont préféré quant à eux le modèle de fondation d’utilité publique, tels que La Montagne ou L’Yonne Républicaine. Le journal est rattaché à une fondation, qui n’a pas d’activité commerciale, mais qui détient les titres de la société éditrice, sans avoir de pouvoir de gestion. Comme c’est l’Etat qui désigne un tiers des membres du Conseil d’Administration, ce modèle fonctionne pour certains journaux, mais pourrait poser problème pour des journaux qui ont une position éditoriale plus critique vis-à-vis des activités de l’Etat. 

L’importance croissante du modèle de la fondation 

Dans leur livre L’information est un bien public (Seuil, 2021), Julia Cagé et Benoît Huet s’intéressent d’abord en profondeur au modèle de la fondation comme alternative à la société commerciale. Le Monde, Mediapart, L’Obs et Libération sont quatre journaux qui ont décidé d’utiliser ce nouveau modèle, qui doit permettre de “sanctuariser l’indépendance” des rédactions. Concernant Le Monde, ce sont les salariés qui sont parvenus à obtenir des deux coactionnaires Xavier Niel et Matthieu Pigasse la création de cette fondation. Pour résumer, les personnes qui dirigent les fondations ne peuvent pas gagner d’argent ni de dividende, ils sont désintéressés financièrement. De plus, les rédactions y possèdent un droit d’agrément, c’est-à-dire qu’elles peuvent s’opposer à toute cession. Dans le cas du Monde, c’est Xavier Niel qui a décidé de transférer les actions qu’ils possédaient (30%) à un fonds de dotation, encourageant les autres actionnaires à faire de même. Ce fonds de dotation, qui est donc dans les faits différent d’une fondation, prévoit un certain nombre de protections en termes d’indépendance accordée à la rédaction du Groupe Le Monde, que sont l’incessibilité par le fonds de dotation de la participation de Xavier Niel dans le groupe, et une représentation du Pôle d’indépendance dans la gouvernance de ce fonds au conseil d’administration duquel Xavier Niel ne siègera pas. Il est toutefois intéressant de souligner que la place de Xavier Niel au sein du fonds de dotation ne pouvant être cédée, cela remplace la problématique de l’indépendance par celle de la gouvernance. 

Les propositions de Julia Cagé et Benoît Huet

Finalement, dans les faits, aucune solution optimale n’est disponible en France aujourd’hui pour garantir l’indépendance des rédactions vis-à-vis de l’actionnariat ou du pouvoir, principalement à cause de règles de loi mal adaptées au secteur particulier des médias. Julia Cagé et Benoît Huet ont ainsi réfléchi à des propositions à inscrire dans la “loi de démocratisation de l’information”, afin qu’elles s’adaptent à un média qui se voudrait à but non lucratif. Ils souhaitent notamment :

  • que les entreprises éditrices de presse comptent dans leurs organes de gouvernance et conseil d’administration au moins la moitié de représentants des salariés, parmi lesquels au moins deux tiers de journalistes;
  • que le directeur ou la directrice de la rédaction soit nommé par un organe de gouvernance paritaire, élu à la majorité des votants et avec un taux de participation d’au moins 50% par l’ensemble des journalistes;
  • que tout transfert de titres soit soumis à l’agrément de l’organe de gouvernance paritaire;
  • que toutes les informations relatives à l’identité des membres des organes dirigeants et de la composition du capital soit facilement accessible à la connaissance de l’ensemble des citoyens; 
  • que l’entreprise éditrice de presse consacre au moins 35% de son chiffre d’affaires aux charges de personnel, dont au moins la moitié composés de journalistes professionnels;
  • que l’entreprise éditrice de presse affecte une fraction au moins égale à 70% des bénéfices de l’exercice à  la constitution d’une réserve statutaire obligatoire consacrée au maintien ou au développement de l’activité de l’entreprise.
  • etc.

La question du financement de l’information

Toutes ces idées ont pour racine la question du financement de l’information. Dans un contexte où les individus sont de moins en moins prêts à payer pour accéder à l’information, il faut bien que les journaux gardent les moyens de se financer pour exister. Avec la baisse des revenus publicitaires et la diminution des ventes et abonnements, les médias d’information sont, par la loi du marché, devenus “à but non lucratif”, alors que les charges et les coûts pour produire une information de qualité sont toujours présents. Dès lors, même si on remplace le modèle de la société commerciale par un fonds de dotation, une fondation ou autre, il faut que le média puisse continuer d’exercer une activité commerciale afin de financer son activité. Ainsi, la problématique finale est de réussir à créer un nouveau cadre légal dans la distribution des revenus de la presse, afin de s’assurer qu’ils soient motivés par la simple production d’une information de qualité, indépendante et plurielle. 

Léa Moreau

Sources :

  • Julia Cagé et Benoît Huet, L’information est un bien public, édition du Seuil, 2021.

Le renforcement de Microsoft par l’achat d’Activision.

(Source : IGN)

Microsoft, la stratégie du jeu vidéo.

Microsoft annoncé le 18 janvier le rachat d’Activision, l’un des studios de jeux vidéo les plus populaires. Le géant américain a annoncé vouloir effectuer une opération d’environ 69 milliards de dollars. Microsoft effectue ainsi sa plus grande transaction, presque trois fois supérieure au rachat de LinkedIn pour 26 milliards de dollars en 2016. L’acquisition d’un tel groupe est un grand coup dans l’industrie qui placerait Microsoft comme l’une des figures incontournables du secteur vidéoludique avec le japonais Sony et le chinois Tencent. Elle prendra la forme d’un rachat des titres à un prix unitaire de 95 dollars.

Microsoft s’est renforcée ces dernières années via le rachat d’une multitude d’acteurs du milieu à coups de milliards de dollars. La stratégie commune de la part du PDG Satya Nadella et du directeur de la division jeu vidéo Phil Spencer a amené à l’achat de Mojang (célèbre pour la licence Minecraft) de Zenimax Media, à la tête d’ID Software, Bethesda et Arkane qui ont vu naître les célèbres franchises The Elder Scrolls, Fallout, Wolfenstein, Doom, Dishonored… L’annonce de cet achat vient donc confirmer la stratégie suivie par le PDG, sur ces dernières années, de faire du jeu vidéo une pierre angulaire du groupe.

(source : Microsoft Gaming)

Activision, un groupe en plein orage

Ce rachat vient éclaircir l’avenir d’Activision, à l’origine de nombreux scandales. La dénonciation d’une atmosphère néfaste et sexiste au sein du groupe, sous l’impulsion du mouvement MeToo, avait provoqué une crise interne sans précédant. Le groupe et notamment son PDG, Bobby Kotick, étaient accusés d’avoir couvert des affaires internes d’harcèlement et d’agressions sexuelles. Au cours des dernières années, ils avaient également revendu ou fermé 13 studios traduisant une mauvaise passe pour le groupe. Cependant, le PDG restera à son poste jusqu’à la finalisation de l’acquisition. En revanche, Microsoft récupère un titan à l’origine d’un chiffre d’affaires annuel de 8,5 milliards de dollars. À l’annonce de l’acquisition, le cours de l’action d’Activision a décollé de 37%.

Microsoft, sur le podium du jeu vidéo

Le géant américain se positionne en troisième position du secteur du jeu vidéo, en termes de chiffre d’affaire, avec ce rachat. Il vient ainsi s’attaquer aux leaders nippon et chinois, Sony et Tencent. Microsoft réfléchit également à développer davantage son Xbox Pass, lancé en 2017. En effet, les constructeurs vendent désormais à perte les terminaux. Les consoles sont vendues au prix coûtant et Microsoft réfléchit à des alternatives viables pour s’affranchir de ces supports.

Le service d’abonnement qui compte déjà 25 millions d’abonnés a donc été imaginé pour se positionner face à ses potentiels concurrents Netflix, Amazon et Google qui réfléchissent au jeu en « streaming ». Le pass consiste à un abonnement mensuel qui offre la possibilité d’avoir accès à un catalogue de titres, à la manière d’une plateforme de SVOD. Il inclut même les dernières nouveautés Xbox. Il permettra en outre de jouer sur tous les devices (ordinateur, smartphone, tablettes). Ainsi, Microsoft a mis la pression sur Sony qui s’est retrouvé contraint d’annoncer une offre similaire mais avec un catalogue moins étoffé.

Une arrivée écrasante dans l’industrie du jeu vidéo mobile

Paradoxalement à la taille du marché du jeu mobile qui pesait près de 180 milliards de chiffres d’affaires en 2021, et sa stratégie axée sur le jeu, Microsoft était mal placé sur ce segment. L’achat d’Activision permet à Microsoft de s’immiscer dans le jeu sur smartphone. Plus précisément dans le free-to-play. En effet, la filière d’Activision, King est célèbre pour l’un des titres les plus connus : Candy Crush Saga. L’avantage de l’acquisition d’un tel nom permet à Microsoft de profiter d’un savoir faire qu’il ne possédait pas jusque là et pourrait servir dans sa volonté de rendre utilisable ses jeux sur une multitudes de devices et notamment les adapter sur mobile. On rentre donc dans la logique evoquée plus haut avec le Xbox Pass.

De plus, Microsoft livre une bataille avec Apple qui refuse d’intégrer son application de cloud gaming sur l’app store. Cet achat pourrait permettre à Microsoft de forcer la main aux leaders des stores d’application. En effet, cet héritage pourrait faire pencher la balance de son côté. Parmi quelques titres il y a notamment Candy Crush, Call of Duty Mobile qui sont des incontournables des app store que Apple et Google auraient du mal à abandonner.

Ce rachat suit la logique globale observée chez les GAFAM, les entreprises doivent désormais produire elles-mêmes du contenu, elles ne peuvent plus se contenter d’être à l’origine du hardware et du software.

Microsoft : un pas vers le Métavers via l’industrie du jeu vidéo

Outre la notion d’un achat historique, Microsoft y voit une possibilité de rester parmi les chefs de file dans l’univers du Métavers. Les géants américains font le pari de cette technologie et Microsoft via les développeurs de jeu vidéo et leurs compétences en termes d’immersion jouera assurément un rôle dans la transition vers ce monde virtuel. De même, l’acquisition de licence populaire à l’image de WoW pourrait être le point de départ vers la réalité virtuelle. Le dynamisme du secteur du jeu vidéo permettra à Microsfot d’être le fer de lance du développement du Métavers.

Une menace pour ses concurrents.

Microsoft renforce son segment jeux vidéo et risque de menacer son concurrent Sony. Ce rachat pourrait l’empêcher d’accéder à des titres phares en les rendant exclusifs au Xbox pass. Pour le moment, le directeur du segment jeux vidéo chez Microsoft a tenu à rassurer les utilisateurs des consoles Sony sur la disponibilité de ces titres. En revanche, Xbox pourra à l’avenir s’appuyer sur ses exclusivités pour attirer de nouveaux utilisateurs. L’annonce du rachat avait fait s’abattre la foudre sur Tokyo. En apprenant la nouvelle les investisseurs ont cédé un grand nombre de titres qui ont fait reculer l’action Sony de 12,8% (perte de capitalisation de 20 milliards de dollars). Les investisseurs reprochent au géant japonais de ne pas s’être positionné sur le métavers notamment.

(Source : Shutterstock)

En revanche, la question qui est soulevée concerne le monopole potentiel de Microsoft. En effet, il faut que la transaction soit validée par l’Autorité de la concurrence et à un vote des actionnaires d’activision. D’ici 2023 date de potentiel conclusion du rachat, les studios d’Activision auront une activité totalement indépendantes de celle de Microsoft. Il y a moins d’une semaine Activision a d’ailleurs annoncé être en train de développer une nouvelle licence AAA.

Lucas Le Bras

Sources :

Documentaires, lives inédits, clips en NFT, performances à la TV… Entre démarches artistiques et objets promotionnels, jusqu’où va la promotion musicale à l’ère du numérique ?

Depuis que le numérique s’est imposé comme canal principal de distribution et de consommation de musique, l’industrie musicale est confrontée à plusieurs phénomènes qui poussent les artistes et leurs maisons de disque à redoubler d’inventivité pour vendre leur art. En assistant à ces différentes évolutions, la question de savoir en quoi la numérisation de l’industrie musicale pousse les acteurs de la musique à événementialiser au maximum les sorties d’albums, en proposant tout un tas d’activations marketing annexes à l’album en lui-même se pose.

Booba se met aux NFT. Capture du site de vente de NFT du rappeur —  Orelsan, Montre Jamais ça à personne, affiche du film —  Angèle, le documentaire, affiche du film — Travis Scott en concert sur Fortnite, capture

Des activations marketing qui tournent autour des artistes, mais qui s’éloignent parfois de la pure démarche artistique.

Récemment, plusieurs albums très attendus sont sortis en l’espace de quelques jours. Pour ne citer qu’eux, Orelsan et Adele ont sorti leurs albums respectifs le 19 novembre, et Angèle et Ninho l’ont fait une semaine plus tard, le 3 décembre.

Mais qui dit nombreuses sorties d’albums, dit embouteillages à la sortie, saturation de l’espace médiatique et même des canaux de distribution. Sûrement pour répondre à cela, de nouveaux formats promotionnels sont apparus, parfois surprenants, parfois attendus, mais qui ont fait émerger une nouvelle tendance promotionnelle globale.

Parmi ceux-ci, le format documentaire, qui est déjà largement répandu dans l’industrie musicale. Après Nekfeu, Vald, Lomepal ou encore Travis Scott en 2019, c’est au tour d’Orelsan et d’Angèle de nous laisser entrer dans leur intimité à travers des documentaires qui retracent leurs parcours, qui nous ouvrent les portes de leurs univers créatifs, mais aussi et surtout qui font la promotion de leur nouvel album. Si les documentaires musicaux ont la côte depuis de nombreuses années maintenant, ils n’interviennent plus au même moment dans la carrière d’un artiste. Des documentaires ou films comme This is it ! retraçant le parcours de Mickaël Jackson ou encore Bohemian Rapsody pour Queen, retracent l’ensemble de la carrière d’artistes qui ont bouleversé l’histoire de la musique. Mais peut-on en dire autant des artistes qui documentent leur vie eux-mêmes, alors même que leur carrière est loin d’être terminée ? Pourquoi est-ce tant nécessaire d’événementialiser à tout prix la sortie d’un nouveau projet ?

La saturation des canaux de distribution pousse les acteurs à tout mettre en œuvre pour vendre un maximum dès la sortie du projet.

Avec le développement du numérique, nous assistons à une saturation des canaux médiatiques. En effet, comme l’expliquent Benghozi P. et Benhamou, F (2008)[1], l’ouverture de nouveaux canaux de distribution permise par le commerce électronique réduit les coûts de diffusion en ligne, ce qui permet à un nombre plus important de producteurs, de distributeurs et d’éditeurs de proposer leurs productions à la vente, pour un coût marginal très faible.

De ce fait, l’offre disponible en ligne est extrêmement riche, ce qui peut provoquer finalement un effet assez néfaste sur les ventes, ce qu’on appelle « le paradoxe du choix », théorisé par Barry Schwartz en 2005[2]. En ayant une liberté de choix de plus en plus grande, les consommateurs, au lieu de se retrouver de plus en plus libres, sont finalement paralysés et ne parviennent pas à prendre une décision. Ensuite, si le consommateur parvient à sortir de cette paralysie et à faire un choix, alors le choix sera moins satisfaisant. En effet, plus il y a d’options, plus il est facile de regretter le choix fait.

Face à ce constat, les artistes et les professionnels du secteur ont tout intérêt à aider le consommateur dans ce choix en lui amenant le plus d’arguments possible pour que le choix soit porté sur leur œuvre. Forts de ce constat de saturation du marché, les majors doivent jouer sur la « cascade informationnelle » (De Vany, Walls, 2002) qui prend sa source « dans les premiers résultats en termes de vente », car ces premiers résultats vont être déterminants dans le choix du consommateur, sur le mode de l’imitation. Il faut donc tout faire pour vendre un maximum dans les premiers temps de l’exploitation commerciale de l’œuvre ; ce qui permettra de bénéficier d’économies d’échelle, d’optimiser l’efficacité des campagnes promotionnelles et de libérer rapidement de l’espace sur le marché pour les autres produits de la marque. (Debenedetti, S. 2014)[3].

La saturation des canaux médiatiques pousse les artistes et leurs labels à communiquer sur de nouveaux canaux.

Puisque les canaux de distribution sont saturés – il y a trop de biens à vendre – logiquement, les canaux de communication sont eux aussi saturés. Face à l’abondance d’offre sur le marché, les consommateurs sont donc victimes du paradoxe du choix. Mais les médias le sont aussi, et eux avec la responsabilité supplémentaire d’orienter les consommateurs dans leurs choix, et de faire vendre les oeuvres des artistes. En limitant le choix possible du consommateur et en lui conseillant un certain bien plutôt qu’un autre, ils vont permettre aux consommateurs d’avancer dans le parcours d’achat[4], ce qui va amener plus de ventes pour l’artiste. Ainsi, l’enjeu est fort pour les artistes aussi : plus leur projet sera intéressant, plus les médias seront intéressés et vont en parler, et plus les artistes pourront maximiser leurs ventes.

En parallèle de ce phénomène de saturation des canaux médiatiques, se développe la notion « d’économie de l’attention »[5], décrite comme étant un aspect crucial de la modernité et de la société capitaliste par Crary, J. et Ropussel, S. Avec toujours plus de nouveaux produits, de nouvelles sources de stimulation et de nouveaux flux d’information, il est difficile de porter son attention sur une seule chose, sans distraction aucune.

En combinant ces deux éléments, qui font que et les consommateurs et les médias sont saturés d’informations, il apparaît nécessaire pour les artistes de tout faire pour sortir du parcours d’achat et de promotion classique, et de multiplier les points de contacts avec leur public.

Tout ceci participe à la perte d’efficacité des campagnes traditionnelles. Faire le tour des médias traditionnels est toujours requis, mais ce n’est plus suffisant. On l’a vu avec l’intervention de Stromae au journal de 20h de TF1, où la dernière question de la journaliste se transforme en performance de l’artiste. Si cette performance a été décrite par certains comme étant un coup de génie de l’artiste, elle est très critiquée par d’autres, comme le journal l’Obs, qui dénonce la perte de frontières entre information et promotion[6].

Stromae chante L’Enfer au journal de 20h de TF1, capture

Outre ce besoin d’en faire « toujours plus », les artistes ont aussi besoin de faire différemment. Nous l’avons vu avec l’interview de Vald dans l’émission Salut les Terriens par Thierry Ardisson en 2017, qui avait provoqué un tollé médiatique. Le rappeur, qui avait été réduit à « son statut de rappeur blanc » a décidé à la suite de cette interview d’arrêter la promotion en télé[7]. Les médias traditionnels semblent parfois déconnectés de la réalité des artistes et imposent un cadre trop strict et vieux jeu par rapport à ce que ceux-ci aimeraient mettre en avant. C’est peut-être pour cela que tant de nouveaux formats émergent, permettant à l’artiste de s’exprimer librement et à sa façon, face à des personnes qui vont avoir une plus grande facilité à les comprendre devient essentiel pour les artistes, qui, avec la rapidité de la transmission d’informations sur Internet, peuvent se retrouver au cœur de polémiques en un clin d’œil.

Interview de Jazzy Bazz par Mehdi Maïzi – exemple d’interviews longues, plus personnelles, avec un animateur spécialisé dans la musique

Le format album a perdu en vitesse depuis la numérisation de l’industrie musicale.

Enfin, l’essor du numérique a fait émerger de nouveaux modes de consommation de la musique. Les plateformes de streaming de musique mettent en avant des singles[8], plus que des albums ou des projets entiers. Il devient alors trop cher pour un artiste de promouvoir un album entier ; souvent, la dernière track ne sera pas ou peu écoutée, et la construction artistique de l’album ne sera pas forcément remarquée. C’est d’ailleurs devenu un réel problème pour les artistes, qui voient leur œuvre être consommée autrement qu’ils ne l’avaient pensé. C’est d’ailleurs pour cela que la chanteuse Adele a demandé à Spotify de supprimer la lecture aléatoire des pages albums[9].

Face à cette perte de vitesse du format album[10], il faut alors tout faire pour que la sortie soit remarquée, et inciter les fans à écouter l’album en entier.


Ces nouveaux outils promotionnels permettent de booster les ventes des artistes qui adoptent ces nouvelles stratégies, mais elles ont aussi pour effet de creuser encore plus l’écart qui existe entre les artistes installés, les « stars », et les artistes indépendants qui ne sont pas signés en major. En effet, pour pouvoir disposer d’un plan médiatique innovant, il faut des moyens, et seuls les plus gros artistes signés dans les plus grosses maisons de disque sont à même de sortir des sommes aussi importantes pour la promotion d’un seul artiste…

Ces nouveaux outils promotionnels vont-ils amener l’industrie musicale vers encore plus de concentration, encore moins de visibilité, et donc encore moins de revenus pour les indépendants ?

Joséphine BOËLLE


[1] Benghozi, P. & Benhamou, F. (2008). Longue traîne : levier numérique de la diversité culturelle ?. Culture prospective, 1, 1-11. https://doi-org-s.proxy.bu.dauphine.fr/10.3917/culp.081.0001

[2] Schwartz, B. (2005). Le paradoxe du choix : comment la culture de l’abondance éloigne du bonheur

[3] Debenedetti, S. (2014). Chapitre 7. Le marketing des industries culturelles : film, livre et musique enregistrée. Dans : Dominique Bourgeon-Renault éd., Marketing de l’Art et de la Culture (pp. 241-281). Paris: Dunod. https://doi-org-s.proxy.bu.dauphine.fr/10.3917/dunod.bourg.2014.01.0241″

[4] Résumé d’un ted talk : Le Paradoxe du choix. Agence inbound marketing b2b, stratégie digital et seo. (2018). Retrieved from https://www.inboundvalue.com/blog/resume-ted-talk-paradoxe-choix

[5] Crary, J., Roussel, S., Sansregret, M. & Poncet, P. (2014). Chapitre 1. Le capitalisme comme crise permanente de l’attention. Dans : Yves Citton éd., L’économie de l’attention: Nouvel horizon du capitalisme ? (pp. 33-54). Paris: La Découverte. https://doi-org-s.proxy.bu.dauphine.fr/10.3917/dec.citto.2014.01.0033″

[6] Gonzague, A., & Delassein, S. (2022, January 10). Pourquoi la prestation de Stromae Sur TF1 était Franchement Embarrassante. L’Obs. Retrieved January 29, 2022, from https://www.nouvelobs.com/culture/20220110.OBS53064/pourquoi-la-prestation-de-stromae-sur-tf1-etait-franchement-embarrassante.html

[7] Marie, L. (2017, October 9). Vidéo : Vald Règle Ses Comptes Avec Ardisson après son interview surréaliste dans salut les terriens. Konbini. Retrieved from https://www.konbini.com/fr/musique/vald-regle-comptes-ardisson-interview-salut-terriens/

[8] Jazzy Bazz, l’interview par Mehdi Maïzi. Retrieved from https://www.youtube.com/watch?v=Dbdvub1VOXc&t=1058s.

[8] Prat, N. (2018, November 30). Le single fait toujours les gros titres. Libération. Retrieved from https://www.liberation.fr/musique/2018/11/30/le-single-fait-toujours-les-gros-titres_1695238/

[9] Demotivateur. (2021, November 22). Adele fait supprimer La Lecture Aléatoire des albums Sur Spotify. Demotivateur. Retrieved from https://www.demotivateur.fr/entertainment/a-sa-demande-adele-fait-supprimer-la-lecture-aleatoire-des-albums-sur-spotify-26936#:~:text=Adele%2C%20qui%20vient%20de%20sortir,la%20chanteuse%20britannique%20sur%20Twitter.

[10] Menez, C. (2019, May 21). Quelques impacts du streaming sur la création musicale. LinkedIn. Retrieved from https://www.linkedin.com/pulse/quelques-impacts-du-streaming-sur-la-cr%C3%A9ation-musicale-menez/

Core, le nouveau YouTube du jeu vidéo

Créer en quelques clics son propre jeu vidéo sans talent de programmation et le partager en un swipe. Impossible ? La société américaine Manticore Games a relevé le défi, avec sa plateforme Core. A l’instar de YouTube, Twitch ou TripAdvisor, Core offre une infrastructure de base pour permettre aux utilisateurs de construire par-dessus et d’y ajouter de la valeur. Maintenant, appliquez ce concept au secteur du jeu vidéo et vous obtenez Core, une plateforme de création de jeu vidéo. Sortie le 15 avril 2021 en accès anticipé, elle est une exclusivité PC à l’Epic Games Store.

Jaquette virtuelle de Core. Source Epic Games Store

« Core représente un changement total de paradigme dans le jeu vidéo généré par les joueurs, ce qui ressemble à la façon dont YouTube ou Twitch ont bouleversé les attentes en matière de vidéo et de streaming » a déclaré Frédéric Descamps, CEO de Manticore. Core fournit une boîte à outils de développement aux utilisateurs. Les plus créatifs pourront s’emparer de ces outils – faciles à prendre en main – pour créer leurs propres expériences ludiques en « No code ». Les autres utilisateurs pourront naviguer de jeu en jeu, comme ils consomment déjà les contenus amateurs générés sur YouTube. Core rejoint donc le clan des plateformes dites UGC, pour User Generated Content : ce sont les utilisateurs eux-mêmes qui sont chargés de générer du contenu, ici vidéoludique. Frédéric Descamps a expliqué que la nouvelle génération de joueurs ne veut plus seulement jouer mais est aussi friande de création et de modification. Selon lui, cette logique participative dans le jeu vidéo serait la prochaine révolution en matière de contenu UGC, après la vidéo et le streaming, incarnée par Youtube et Twitch.

Un exemple de jeu créé sur Core. Capture d’écran issue de la vidéo de présentation de Core (2020). Disponible sur : JeuxOnline (consulté le 29/01/2022)

Un partage des revenus avec les créateurs

Core est un marché biface : côté pile, il y a les joueurs et côté face, les créateurs. Ces derniers peuvent être considérés comme l’acteur le plus important pour la plateforme : sans créateur, pas de jeux vidéo créés. Ainsi, réussir à embarquer ces créateurs est une condition impérieuse à la réussite de Core. La plateforme semble l’avoir bien compris, comme le démontre son modèle économique relativement innovant : Core est en accès gratuit (pour les joueurs comme pour les créateurs) et propose aux créateurs de monétiser leurs créations de différentes façons : jeux Premium, Free-To-Play, In-App Purchases ou encore abonnement …  Le partage des revenus avec le créateur est fixé à 50% et se base sur la popularité du titre. Cependant, il serait exagéré de dire que ce système va révolutionner le secteur. Avec ses 41 millions d’utilisateurs quotidiens en moyenne au Q1 2021 (joueurs et créateurs confondus), Roblox est de loin la plus grande plateforme participative de jeux vidéo. Elle propose un modèle de rémunération similaire à Core, avec un taux de partage moins généreux de 24,5%. Malgré le succès de Roblox, seule une poignée d’artistes vivent de leurs créations : en 2020, seulement 300 utilisateurs avaient gagné plus de 100 000 dollars. C’est la dure loi des plateformes : il y a la petite tête bien rémunérée, puis … la longue traîne qui amasse les miettes. Mais l’utilisateur qui s’investit sur la plateforme et réussit à engager une communauté peut dégager une source de revenu complémentaire non négligeable. De plus, au-delà du partage de revenus, les utilisateurs de Core pourront apparemment faire des dons aux créateurs qu’ils apprécient. Un programme de partenariat est aussi envisagé. Core semble donc être motivé pour faire décoller sa plateforme !

Abaisser les barrières à l’utilisation et créer de la viralité

L’avantage des plateformes comme Core est qu’elles suppriment les obstacles à l’utilisation. Ainsi, Instagram ne s’est pas positionnée en concurrent direct de Photoshop mais a abaissé la barrières des compétences requises pour créer des photos. De même, Core n’a pas fait le vœu d’être en concurrence avec les gros moteurs de jeu – la plateforme se base d’ailleurs entièrement sur l’Unreal Engine. Comme Instagram, elle veut abaisser la barrière de compétences. Manticore Games considère que la créativité et l’imagination abreuvent notre monde, mais que les outils pour transformer ces idées en réel sont trop souvent destinés aux professionnels. Core propose alors gratuitement des outils simples pour créer des jeux, sans aucune ligne de code. Le mythe du développeur-geek est levé. Pour les utilisateurs qui maîtrisent la programmation, ils pourront utiliser du LUA Script. Par ailleurs, la plateforme abaisse aussi la barrière du temps et de l’effort car elle propose des templates (bâtiments, scènes, cartes, …) prêtes à l’emploi avec la possibilité d’utiliser du « Core Content » mais aussi du « Community Content ». Créer un environnement, le mettre en test, activer un mode multijoueur … Cela prend habituellement des semaines voire des mois. Avec Core, il suffira de quelques minutes, le temps de faire 2,3 clics. Un autre obstacle est aussi levé : celui de l’accès à la communauté. Core perturbe les « gatekeepers«  en donnant aux créateurs un accès direct aux joueurs. C’est ici un autre parallèle avec Instagram : l’application s’était aussi démarquée de Hipstamatic, en donnant à la fois accès aux outils et à une communauté.

Des exemples de templates proposées sur Core. Capture d’écran issue de la présentation de Core. Disponible sur : JeuxOnline (consulté le 29/01/2022)

Mais Core n’est pas seule sur le marché. Dreams sur PS4, Rec Room en réalité virtuelle, L’Atelier du jeu vidéo sur Nintendo et le célèbre Roblox nous rappellent qu’il existe une famille vidéoludique pour permettre à Monsieur et Madame Tout le monde de créer son jeu. Comment Core compte-elle alors construire un écosystème d’utilisateurs ? Pourquoi ces derniers parleraient-ils de la plateforme plutôt qu’une autre ? Déjà, les acteurs cités n’adressent pas les mêmes segments de marché. Dreams est sur PS4, alors que Core évolue sur PC – un environnement de travail plus confortable pour la création. Roblox s’adresse aux enfants, là où Core vise un marché plus large. Par ailleurs, la proposition de valeur de Core intègre la viralité – un concept clé chez Sangeet Paul Choudary, auteur de travaux sur
l’économie des plateformes et les effets de réseaux. Pour enclencher de l’ « organic virality », l’action entreprise par l’utilisateur doit lui apporter un avantage et exposer en retour la plateforme à plus d’utilisateurs. Core assure la viralité sur sa plateforme car elle permet à ses utilisateurs d’exprimer leur créativité et de la diffuser de manière simple. Elle mise aussi sur une DX (« Developpeur Experience ») et UX (« User Experience ») particulières pour inciter les utilisateurs à participer. Ainsi, l’utilisateur qui lance Core à deux options : regarder la liste des jeux créés pour y jouer ou lancer l’éditeur. Selon la règle des 90-9-1 (sur une plateforme UGC, la répartition des utilisateurs a tendance à se présenter comme suit : 1% de créateurs, 9% de consommateurs actifs, 90% de consommateurs passifs), Core est soumise au risque que seule une infime partie de ses utilisateurs soient créateurs de jeux. Ceci menace la variété et l’attractivité de la plateforme, et donc à terme sa proposition de valeur. Pour maximiser la création et assurer la conversion du joueur en créateur, Core mise alors sur une communauté basée sur le partage, l’entraide et l’émergence d’un outil d’aide commun. Aussi, en complément de la curation algorithmique, la revue éditoriale de Core permet de faire connaître les créateurs et mettre en avant les découvertes. De plus, les créateurs peuvent quantifier leur influence (« clout ») de manière très simple. Reste à se demander dans quelle mesure Core ne limiterait pas au final la créativité avec ses modèles prédéfinis et si la plateforme sera capable d’intéresser les développeurs les plus aguerris. 

Un aperçu de la bibliothèque de jeux créés par les utilisateurs de Core. Capture d’écran (29/01/2022)

Un Proto-Metaverse by Epic Games ?

Manticore Games et Epic Games entretiennent des liens étroits. La société de Timothy D. Sweeney a déjà investi plusieurs fois dans Core, cette dernière est basée sur leur moteur Unreal Engine et son accès anticipé est une exclusivité à l’Epic Games Store. Il faut dire que les deux sociétés partagent un intérêt commun pour le « metaverse », cet univers virtuel persistant qui se superposerait au monde physique et dans lequel nous pourrions interagir. Le Président d’Epic Games, Adam Sussman, a déclaré dans un communiqué :  « Core […] va encore plus loin [qu’une plateforme ouverte] en offrant à tout le monde un environnement pour créer de superbes jeux multijoueurs et un terrain de jeu metaverse où les joueurs découvrent un divertissement sans fin ». Le fondateur de Core a indiqué vouloir développer des évènements virtuels. Core avait d’ailleurs permis à ses utilisateurs de suivre en direct les Games Awards et d’interagir. Mais la plateforme entend privilégier la création d’événements en ligne par la communauté elle-même. Core a aussi exploré la piste des partenariats avec les marques. Les créateurs ont ainsi pu l’année dernière exploiter l’univers Donjons et Dragons grâce à un accord conclu avec la licence. Le système d’avatar dans Core représente aussi un pas de plus vers le metaverse car il peut être transposé d’un jeu à l’autre. 

Les communautés d’amateurs ont pendant longtemps échappé au secteur industriel. Pourtant, des jeux stars comme League of Legends ou encore PUBG viennent de la scène du modding.  Roblox ou Core essaient aujourd’hui d’accompagner ces communautés, de les former et aussi de les garder. Certains préfèrent créer que jouer, et Core l’a bien compris !

Marine BAYET

Sources :

Manticore lève 100 millions de dollars pour permettre aux joueurs de créer leurs propres jeux vidéo, Le Figaro, 2021, https://www.lefigaro.fr/secteur/high-tech/manticore-leve-100-millions-de-dollars-pour-permettre-aux-joueurs-de-creer-leurs-propres-jeux-video-20210331?fbclid=IwAR2yxML8ouwmWlBhicBivSQJG9sNVXN3DarFUxguJMEnx03AxqsOorwhxZY

Manticore Games lève 100 millions de dollars pour donner vie au multivers du jeu vidéo, AFJV, 2021, https://www.afjv.com/news/10544_manticore-games-leve-100-millions-pour-creer-le-multivers-du-jeu-video.htm?fbclid=IwAR0NLTBb6_FD–nqD91rnSV-_ZYUts9SMun1Va24NzqaaUFp7gzaHQP9OvM

« L’Atelier du jeu vidéo », « Roblox », « Core » : « Créer des jeux vidéo amateurs, c’est comme gratter sa guitare le week-end », Le Monde, 2021, https://www.lemonde.fr/pixels/article/2021/06/18/l-atelier-du-jeu-video-roblox-core-creer-des-jeux-video-amateurs-c-est-comme-gratter-sa-guitare-le-week-end_6084699_4408996.html

« Core », la plateforme de création de jeux vidéo qui pourrait faire de l’ombre à « Fortnite » et « Minecraft », 20 Minutes, 2021, https://www.20minutes.fr/high-tech/3014567-20210405-core-sera-t-il-le-nouveau-jeu-phenomene-apres-fortnite-et-roblox

The Game Awards : l’évènement lance une expérience métaverse sur Core, ActuGaming, 2021, https://www.actugaming.net/the-game-awards-metaverse-core-461135/

Manticore Games présente Core, sa plateforme de création de jeu vidéo grand public, JeuxOnline, 2020, https://jv.jeuxonline.info/actualite/57622/manticore-games-presente-core-plateforme-creation-jeu-video-grand-public

Core : La plateforme gratuite qui sert à créer des jeux entre dans l’arène, Jeuxvideo.com, 2020, https://www.jeuxvideo.com/news/1209000/core-la-plateforme-gratuite-qui-sert-a-creer-des-jeux-entre-dans-l-arene.htm

Core : une plateforme pour créer des jeux, Actiward, 2020, https://actiward.net/actu/core-une-plateforme-pour-creer-des-jeux/

Epic investit massivement dans Core, outil de création de jeux vidéo facile d’accès, Clubic, 2020, https://www.clubic.com/mag/jeux-video/epic-games/actualite-13489-epic-investi-massivement-dans-core-outil-de-creation-de-jeux-video-facile-d-acces.html

Platform Scale: How an emerging business model helps startups build large empires with minimum investment, Sangeet Paul Choudary, 2015

Models: Network Effects and Platforms, Sangeet Paul Choudary, https://guides.co/g/internet-business-models-network-effects-and-platforms/8239

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