90 % des articles de presse générés par des robots en 2030. Voici une prévision qui interpelle. C’est en tout cas l’affirmation faite par le scientifique américain Kristian Hammond, professeur à la prestigieuse Northwestern University et également à l’origine d’un programme de génération narrative automatique, nommé « Quakebot ». Ce programme, utilisé par le LA Times est à l’origine des billets sur le sport, la criminalité ou encore les tremblements de terre publiés par le journal. Ce qui a d’ailleurs permis à ce dernier d’être le premier à annoncer le séisme qui a ébranlé Los Angeles en mars 2014. Un billet simple, publié en 3 minutes après avoir été validé par le responsable informatique du journal et co-fondateur du programme, et qui sera modifié et complété tout au long de la journée par de « vrais » journalistes.
Une rapidité sans pareille et des programmes qui ne cessent de s’améliorer. Car Quakebot n’est pas le seul sur le marché, il a des concurrents tels que Stats Monkey ou encore Dreamwriter. Et ces robots sont maintenant capables de plus de finesse : non pas seulement de transformer une donnée brute en texte mais d’adopter un style, un angle particulier, de hiérarchiser les faits, etc.
Dreamwriter, par exemple, est capable de produire un texte financier de 900 mots en 60 secondes…Ces robots n’ont pas de vacances, leurs articles ne coûtent pas cher et ils ne ratent pas de deadlines. Sur le papier, le rêve de tout rédacteur en chef en recherche de productivité.
Ce qui nous ramène à l’affirmation initiale de cet article : « 90 % des articles de presse seront générés par des robots en 2030 ». Que la machine soit amenée à remplacer l’homme dans de nombreux domaines, ce n’est pas nouveau. Mais que cela s’applique aussi au journalisme, cela peut surprendre. Toutefois, l’information est à prendre avec des pincettes, dans la mesure où elle ne signifie pas que 90% des journalistes perdront leurs emplois au profit d’algorithmes. Ce qu’il faut surtout retenir, c’est que ces robots pourraient alléger le travail des journalistes, leur permettant de se focaliser sur l’écriture de papiers plus qualitatifs. En déléguant aux robots les travaux les plus simplistes et peu intéressants en termes de valeur ajoutée. Avec l’explosion du volume des contenus, certains journalistes considèreraient que pouvoir se concentrer sur les articles comportant une haute valeur ajoutée leur faciliterait la tâche.
Ainsi, ne devrions-nous pas plutôt prendre en compte le potentiel collaboratif de ces robots, et accueillir Dreamwriter et ses amis comme des alliés plutôt que des ennemis ?
Si vous avez du mal à croire aux capacités de ces robots, passez le test du New York Times « Did a Human or a Computer Write This? », vous serez étonnés.