Le renforcement de Microsoft par l’achat d’Activision.

(Source : IGN)

Microsoft, la stratégie du jeu vidéo.

Microsoft annoncé le 18 janvier le rachat d’Activision, l’un des studios de jeux vidéo les plus populaires. Le géant américain a annoncé vouloir effectuer une opération d’environ 69 milliards de dollars. Microsoft effectue ainsi sa plus grande transaction, presque trois fois supérieure au rachat de LinkedIn pour 26 milliards de dollars en 2016. L’acquisition d’un tel groupe est un grand coup dans l’industrie qui placerait Microsoft comme l’une des figures incontournables du secteur vidéoludique avec le japonais Sony et le chinois Tencent. Elle prendra la forme d’un rachat des titres à un prix unitaire de 95 dollars.

Microsoft s’est renforcée ces dernières années via le rachat d’une multitude d’acteurs du milieu à coups de milliards de dollars. La stratégie commune de la part du PDG Satya Nadella et du directeur de la division jeu vidéo Phil Spencer a amené à l’achat de Mojang (célèbre pour la licence Minecraft) de Zenimax Media, à la tête d’ID Software, Bethesda et Arkane qui ont vu naître les célèbres franchises The Elder Scrolls, Fallout, Wolfenstein, Doom, Dishonored… L’annonce de cet achat vient donc confirmer la stratégie suivie par le PDG, sur ces dernières années, de faire du jeu vidéo une pierre angulaire du groupe.

(source : Microsoft Gaming)

Activision, un groupe en plein orage

Ce rachat vient éclaircir l’avenir d’Activision, à l’origine de nombreux scandales. La dénonciation d’une atmosphère néfaste et sexiste au sein du groupe, sous l’impulsion du mouvement MeToo, avait provoqué une crise interne sans précédant. Le groupe et notamment son PDG, Bobby Kotick, étaient accusés d’avoir couvert des affaires internes d’harcèlement et d’agressions sexuelles. Au cours des dernières années, ils avaient également revendu ou fermé 13 studios traduisant une mauvaise passe pour le groupe. Cependant, le PDG restera à son poste jusqu’à la finalisation de l’acquisition. En revanche, Microsoft récupère un titan à l’origine d’un chiffre d’affaires annuel de 8,5 milliards de dollars. À l’annonce de l’acquisition, le cours de l’action d’Activision a décollé de 37%.

Microsoft, sur le podium du jeu vidéo

Le géant américain se positionne en troisième position du secteur du jeu vidéo, en termes de chiffre d’affaire, avec ce rachat. Il vient ainsi s’attaquer aux leaders nippon et chinois, Sony et Tencent. Microsoft réfléchit également à développer davantage son Xbox Pass, lancé en 2017. En effet, les constructeurs vendent désormais à perte les terminaux. Les consoles sont vendues au prix coûtant et Microsoft réfléchit à des alternatives viables pour s’affranchir de ces supports.

Le service d’abonnement qui compte déjà 25 millions d’abonnés a donc été imaginé pour se positionner face à ses potentiels concurrents Netflix, Amazon et Google qui réfléchissent au jeu en « streaming ». Le pass consiste à un abonnement mensuel qui offre la possibilité d’avoir accès à un catalogue de titres, à la manière d’une plateforme de SVOD. Il inclut même les dernières nouveautés Xbox. Il permettra en outre de jouer sur tous les devices (ordinateur, smartphone, tablettes). Ainsi, Microsoft a mis la pression sur Sony qui s’est retrouvé contraint d’annoncer une offre similaire mais avec un catalogue moins étoffé.

Une arrivée écrasante dans l’industrie du jeu vidéo mobile

Paradoxalement à la taille du marché du jeu mobile qui pesait près de 180 milliards de chiffres d’affaires en 2021, et sa stratégie axée sur le jeu, Microsoft était mal placé sur ce segment. L’achat d’Activision permet à Microsoft de s’immiscer dans le jeu sur smartphone. Plus précisément dans le free-to-play. En effet, la filière d’Activision, King est célèbre pour l’un des titres les plus connus : Candy Crush Saga. L’avantage de l’acquisition d’un tel nom permet à Microsoft de profiter d’un savoir faire qu’il ne possédait pas jusque là et pourrait servir dans sa volonté de rendre utilisable ses jeux sur une multitudes de devices et notamment les adapter sur mobile. On rentre donc dans la logique evoquée plus haut avec le Xbox Pass.

De plus, Microsoft livre une bataille avec Apple qui refuse d’intégrer son application de cloud gaming sur l’app store. Cet achat pourrait permettre à Microsoft de forcer la main aux leaders des stores d’application. En effet, cet héritage pourrait faire pencher la balance de son côté. Parmi quelques titres il y a notamment Candy Crush, Call of Duty Mobile qui sont des incontournables des app store que Apple et Google auraient du mal à abandonner.

Ce rachat suit la logique globale observée chez les GAFAM, les entreprises doivent désormais produire elles-mêmes du contenu, elles ne peuvent plus se contenter d’être à l’origine du hardware et du software.

Microsoft : un pas vers le Métavers via l’industrie du jeu vidéo

Outre la notion d’un achat historique, Microsoft y voit une possibilité de rester parmi les chefs de file dans l’univers du Métavers. Les géants américains font le pari de cette technologie et Microsoft via les développeurs de jeu vidéo et leurs compétences en termes d’immersion jouera assurément un rôle dans la transition vers ce monde virtuel. De même, l’acquisition de licence populaire à l’image de WoW pourrait être le point de départ vers la réalité virtuelle. Le dynamisme du secteur du jeu vidéo permettra à Microsfot d’être le fer de lance du développement du Métavers.

Une menace pour ses concurrents.

Microsoft renforce son segment jeux vidéo et risque de menacer son concurrent Sony. Ce rachat pourrait l’empêcher d’accéder à des titres phares en les rendant exclusifs au Xbox pass. Pour le moment, le directeur du segment jeux vidéo chez Microsoft a tenu à rassurer les utilisateurs des consoles Sony sur la disponibilité de ces titres. En revanche, Xbox pourra à l’avenir s’appuyer sur ses exclusivités pour attirer de nouveaux utilisateurs. L’annonce du rachat avait fait s’abattre la foudre sur Tokyo. En apprenant la nouvelle les investisseurs ont cédé un grand nombre de titres qui ont fait reculer l’action Sony de 12,8% (perte de capitalisation de 20 milliards de dollars). Les investisseurs reprochent au géant japonais de ne pas s’être positionné sur le métavers notamment.

(Source : Shutterstock)

En revanche, la question qui est soulevée concerne le monopole potentiel de Microsoft. En effet, il faut que la transaction soit validée par l’Autorité de la concurrence et à un vote des actionnaires d’activision. D’ici 2023 date de potentiel conclusion du rachat, les studios d’Activision auront une activité totalement indépendantes de celle de Microsoft. Il y a moins d’une semaine Activision a d’ailleurs annoncé être en train de développer une nouvelle licence AAA.

Lucas Le Bras

Sources :

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