Le développement de l’intelligence artificielle permet d’entrevoir un avenir prometteur pour l’E-santé. Nombreux sont les avantages que permettrait l’instauration d’une telle technologie dans le milieu médical. Ce marché, qui s’ouvre pour les entreprises spécialisées dans l’IA, promet une croissance rapide tant le secteur est demandeur de progrès et de gains de productivité.
L’algorithme au service de la santé
Les algorithmes développés avec l’intelligence artificielle pourraient permettre des gains de temps considérables dans la reconnaissance de symptômes. Les premières avancées ont été remarquées dans l’imagerie médicale et la dermatologie. La reconnaissance d’image automatisée permet d’apporter une assistance précieuse aux médecins en les aidant à identifier des symptômes rapidement. Rendue possible par une puissante recherche de corrélations avec des milliards de données, cette assistance deviendra donc, à terme, le prolongement du médecin.
L’oncologie est assurément le secteur de la santé sur lequel de gros progrès sont attendus. La reconnaissance de mélanomes et la personnalisation du traitement du patients bénéficie déjà du développement de l’IA même si de nombreux progrès restent à faire et que la technologie est encore trop jeune pour être fiable à 100%. Ces avancées ne concernent pour l’instant que quelques pathologies mais nous devrions voir dans les années à venir une technologie plus puissante et plus sûre.
Explorer des terrains inconnus ou méconnus
L’intelligence va donc permettre d’apporter des gains de productivité sur ce que le secteur médical sait déjà faire. En revanche, la vraie promesse de l’intelligence artificielle se situe surtout sur la compréhension de sujet que l’homme ne maîtrise pas ou ne connait pas du tout. La mise en corrélation de milliards de données pourra faire ressortir des points que nous n’aurions pas imaginer ou pourra mettre en lumière des sujets trop flous pour être correctement traités actuellement.
Lors de la conférence Netexplo de 2018 durant laquelle des prix sont décernés à des entreprises sur l’impact de la technologie dans la société, trois des dix lauréats entreprennent dans l’intelligence artificielle sur le secteur médical. Le projet australien Stentrode vise notamment à rendre possible le contrôle d’un exosquelette par la pensée, sans implant d’électrodes dans le cerveau. L’absence d’implant permet d’éviter les infections ou les rejets. Il faut donc être capable de capter les signaux électriques et de les associer avec des mouvements. L’intelligence artificielle avec le machine learning seraient capable de remplir de telles fonctions. Un autre lauréat propose, lui, d’installer une caméra dans une prothèse de bras afin de détecter l’objet à attraper et d’adapter la prise en fonction. Le machine learning et la comparaison de l’image avec une banque de donnée immense pourraient permettre de développer cette technologie de façon précise et efficace.
Améliorer le processus d’hospitalisation et de consultation
Le temps d’attente dans les hôpitaux est pointé du doigt depuis des années, soulevant des questions sur l’efficacité du processus que suit un patient tout au long de son parcours médical ou sur le nombre de personnes employés dans les établissements médicaux. L’instauration de l’intelligence artificielle au sein même de ce processus pourrait permettre une gestion optimale des emplois du temps et de la priorisation des tâches réalisées par le personnel médical. Des gains de temps et de productivité considérables pourraient ainsi être réalisés.
Dans son livre de fiction “Marseille 2040 – Le jour où notre système de santé craquera”, le journaliste Philippe Pujol décrit même une refonte complète du système médical actuel. Il imagine des médecins constamment accompagnés d’un assistant vocal via une puce, les aidant dans la gestion de leur emploi du temps et par l’établissement de pré-diagnostics en analysant des symptômes en amont des consultations. A quelle point se rapprochera-t-on de cette fiction ?
L’innovation et la gestion des données
Les start-ups représente une source d’innovation constante pour n’importe quel secteur d’activité. Tous les jours de nouveaux entrepreneurs souhaitent apporter des innovations majeures dans le milieu de la santé. Sur les cinq dernières années, le cabinet CB Insight a relevé 481 accords conclus entre des start-ups et des professionnels de la santé. Le montant total que représentent ces investissements est estimé, selon le cabinet, à 3.6 milliards d’euros. En revanche beaucoup de jeunes pousses françaises se retrouvent confrontés à un problème lorsqu’elles souhaitent accéder aux données sur la santé de français.
L’accès aux données médicales est extrêmement protégé et contrôlé. Si une entreprise veut accéder à ces données elle doit répondre à un motif d’intérêt public et montrer patte blanche. Il faut déposer un dossier qui sera traité par plusieurs autorités différentes, le processus pouvant être long, voire trop long pour une start-up. De plus, la numérisation des différents travaux médicaux n’est pas optimale en France, ce qui appauvrit la quantité des données disponibles. Hors avec l’intelligence artificielle, quantité rime avec qualité puisque la technologie a besoin du nombre de données le plus grand possible afin d’être précise et pertinente. L’accès aux données médicales en France est donc un sujet important à traiter si l’on veut que les jeunes entreprises françaises puissent innover dans l’hexagone et ne partent pas dans des pays où l’environnement sera plus propice à leur développement.
Hugues Morinet