Fake news sur la guerre en Ukraine : les réseaux sociaux sont-ils plus trompeurs que les médias traditionnels?

Vous avez peut-être déjà vu des passages des émissions télé dans lesquels les réseaux sociaux sont présentés comme les principaux responsables de la propagation des fake news et dans une période dans laquelle de plus en plus de monde, notamment les jeunes, s’informe en ligne et sur les réseaux sociaux il est pertinent de se demander si les réseaux sont plus trompeurs que les médias traditionnels et en particulier la télévision, en se penchant sur un événement qui nous impacte tous depuis plus d’un an maintenant : la guerre en Ukraine.

Historiquement, les chaînes d’information avaient la priorité lorsqu’un événement important se passait, maintenant avec l’émergence des réseaux sociaux un événement qui se passe même très loin de nos frontières peut vite devenir viral et faire le tour du monde. Dans ce contexte, les chaînes d’information perdent leur avantage historique dans ce jeu de concurrence avec les réseaux sociaux, la plupart des événements n’arrivant plus à la télévision en premier, mais sur les réseaux sociaux. 

Étant donné que les chaînes d’information doivent faire preuve d’une réelle réactivité afin de tenir le cap face aux réseaux sociaux et qu’elles ont besoin de contenu en continu, il arrive parfois que les chaînes d’information n’aient pas le temps nécessaire de vérifier la véracité de toutes les informations qu’elles relaient. 

Quant aux réseaux sociaux, cet attribut qui leur permet de connecter facilement le monde est à double tranchant. D’un côté, l’information peut venir de sources diverses et arriver rapidement aux quatre coins du monde. D’un autre côté, ces mêmes sources sont souvent difficilement vérifiables et une fois l’information lancée il est compliqué d’arrêter sa propagation et donc favoriser un environnement propice à l’apparition des fake news. 

En février 2022, Ursula von der Leyen annonce l’interdiction des médias d’État russes au sein de l’Union Européenne : la chaîne de télévision Russia Today et le journal Sputnik lors de l’annonce des sanctions contre la Russie. Dans une publication sur Twitter, Ursula von der Leyen affirme : «[Ils] ne pourront plus diffuser leurs mensonges pour justifier la guerre de Poutine. Nous développons donc des outils pour interdire leur désinformation toxique et nuisible en Europe». La guerre en Ukraine se joue non seulement sur les théâtre de combat, mais dans l’information également.

Les héros de l’île des Serpents

 Une vidéo a fait le tour des réseaux au début de la guerre. Il s’agit d’une vidéo initialement diffusée par le conseiller du ministre de l’intérieur ukrainien sur son compte Telegram et reprise par plusieurs médias en ligne (comme Ukrayinska Pravda). La vidéo montre les échanges entre les soldats russes et les gardes-côtes ukrainiens sur l’île des Serpents et une célèbre phrase est restée dans la mémoire collective : «Navire militaire russe, allez vous faire fou***»  . Volodymyr Zelensky avait déclaré : «Sur notre île de Zmiinyi, en la défendant jusqu’au bout, tous les gardes-frontières sont morts héroïquement. Mais ils n’ont pas renoncé. Ils recevront tous, à titre posthume, le titre de Héros de l’Ukraine. Que la mémoire de ceux qui ont donné leur vie pour l’Ukraine vive à jamais». La vidéo a été reprise également dans les médias français sur des chaînes d’information comme LCI et  BFMTV ou encore le journal Le Point sur son compte Twitter. 

Quelques jours plus tard, les forces armées ukrainiennes reviennent sur cette information  dans une publication Facebook déclarant que les soldats ukrainiens sont en vie et capturés par les soldats russes. Les chaînes de télévision françaises ont également clarifié la situation par la suite.

LCI et BFM ne sont pas les seules chaînes qui relaient des informations sans toujours vérifier leur provenance et leur véracité. En effet, CNEWS, a publié le 28 avril 2023 un article en ligne «VLADIMIR POUTINE : LE PRÉSIDENT RUSSE A-T-IL ÉCHAPPÉ À UN ATTENTAT AU DRONE KAMIKAZE ? » sans que Moscou ou Kiev confirment cette affirmation. Il s’agit donc d’un exemple de clickbait car en lisant le contenu de l’article est loin de démontrer un tel événement. 

Les réseaux sociaux sont eux aussi loin d’être innocents dans la propagation des fake news et la Russie semble bien maîtriser la technique de l’astroturfing en utilisant le partage massif par des faux comptes des informations propagée soit par les officiels russes (des membres du gouvernement ou des institutions russes) soit directement par des comptes dont l’identité est difficilement vérifiable ou à travers les commentaires des diverses publications.

Depuis la création de Twitter Bleu, des faux comptes peuvent maintenant obtenir le badge bleu qui fait gagner la crédibilité du compte le détenant, en payant un abonnement mensuel. Twitter Bleu pose un problème dans la propagation des fake news car certains médias traditionnels ou des journalistes indépendants perdent leur badge en refusant de payer l’abonnement alors que d’autres comptes Twitter risquent de sembler plus véridiques aux yeux des utilisateurs.

L’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique est l’organisme chargé de veiller sur le phénomène des fake news en France. Si pour les chaînes de télévision ce contrôle peut être plus facile étant donné le rôle historique de la CSA et le fait que chaque téléspectateur peut dénoncer des passages problématiques vus à l’antenne, sur les réseaux sociaux il est plus compliqué pour le régulateur d’intervenir directement. Chaque année l’Arcom publie les déclarations des opérateurs de plateformes (Meta, Twitter, Google, etc.) en ligne sur les moyens de lutte contre la manipulation de l’information.

Une des mesures prises par Twitter pour lutter contre les fake news est le lancement de Twitter Birdwatch, un outil qui permet aux utilisateurs d’identifier des publications qu’ils estiment trompeuses et d’écrire des notes qui fournissent un contexte informatif. 

Néanmoins, sur les réseaux sociaux le nombre quotidien de publications reste trop élevé comparé aux moyens de régulation et des fake news passent toujours à travers les mailles du filet.

Bien évidemment, en France il n’y a pas de chaîne de télévision avec un discours pro russe et donc les fake news que l’on trouve dans les médias traditionnels ont peut-être moins d’impact sur l’avis général de  la population concernant la guerre que les publications sur les réseaux où tout le monde est libre de partager ses idées, mais on peut remarquer que tous les fake news sur les réseaux sociaux ne viennent pas de faux comptes et parfois les chaînes de télévision ou les journaux sont à l’origine de celles-ci.

Et en Russie?

Malheureusement les médias indépendants sont rares voire inexistants en Russie, la quasi-totalité des médias étant des médias d’État qui sont contrôlés par le Kremlin. 

Depuis le début de la guerre, les journalistes des médias indépendants ont pour la plupart dû quitter le pays étant considérés comme des “agents étrangers”. En ce qui concerne les médias d’État, afin de maintenir l’opinion et le soutien de la population la guerre est présenté comme une opération de dénazification de l’Ukraine, souvent faisant référence à la Seconde Guerre mondiale (la “Grande Guerre Patriotique » en russe), guerre qui est resté comme une fierté nationale dans la mémoire collective russe. C’est dans ce contexte que les réseaux sociaux deviennent une autre source d’information notamment pour les jeunes génération, car c’est seulement sur les réseaux sociaux qu’ils peuvent avoir un autre discours que celui propagé dans les médias d’État russes, d’où la décision de la Russie d’interdire Facebook et Instagram. 

ARTE Tracks a produit une série des mini-documentaires sur les fake news dans les médias d’État russes.

Pour conclure, il est difficile de dire si les réseaux sociaux sont plus dangereux que les médias traditionnels et parfois il faut bien prendre en compte le contexte différent d’un pays à l’autre. Il est certes important de se rendre compte que les fakes news existent et sur les réseaux sociaux et dans les médias traditionnels et le plus important c’est de vérifier chaque information avant de la partager afin d’éviter un effet de chambre d’écho. Finalement, peut-être qu’avec le discours généralisé qui pointe du doigt les réseaux sociaux on fait encore plus attention lorsque l’on s’informe sur ceux-ci et on risque de considérer l’information des médias traditionnels comme véridique et c’est probablement dans ce rapport de confiance que l’on peut être encore plus facilement victimes des fake news.

Sebastian Udriste

Bibliographie :

Donada, E. , de la Roche Saint-André, E. (le 25 février 2022). «Allez vous faire foutre !»: que sait-on des dernières paroles de soldats ukrainiens devenus héros en défendant l’île des Serpents?. Libération (réf le 28 février 2022) :

https://www.liberation.fr/checknews/allez-vous-faire-foutre-que-sait-on-des-dernieres-paroles-de-soldats-ukrainiens-devenus-heros-en-defendant-lile-aux-serpents-20220225_6I3QUB7QMBGX7C3KMRQRAGIGWA/

La rédaction de TF1info ( le 28 février 2022). Ukraine : déclarés morts, les 13 soldats de l’île des Serpents sont en réalité aux mains des Russes. TF1 info :

https://www.tf1info.fr/international/guerre-en-ukraine-declares-morts-les-13-soldats-de-l-ile-des-serpents-sont-en-realite-aux-mains-des-russes-2212148.html

CNEWS (le 28 avril 2023). VLADIMIR POUTINE : LE PRÉSIDENT RUSSE A-T-IL ÉCHAPPÉ À UN ATTENTAT AU DRONE KAMIKAZE ?. CNEWS :

https://www.cnews.fr/monde/2023-04-28/vladimir-poutine-le-president-russe-t-il-echappe-un-attentat-au-drone-kamikaze

La rédaction numérique de France Inter (le 16 mars 2022). Comptes complotistes, fake news, propagande : plongée dans les tweets de l’ambassade russe en France. France Inter :

https://www.radiofrance.fr/franceinter/comptes-complotistes-fake-news-propagande-plongee-dans-les-tweets-de-l-ambassade-russe-en-france-2267509

Arcom. Questionnaire 2021 aux opérateurs de plateformes en ligne soumis au titre III de la loi du 22 décembre 2018 relative à la lutte contre la manipulation de l’information – Twitter :

https://www.arcom.fr/sites/default/files/2022-07/D%C3%A9claration%20Twitter%20-%20%20Lutte%20contre%20la%20manipulation%20de%20l%27information%202022.pdf

Masha Borzunova, Kobalt Productions (2022). Fake News. ARTE Tracks :

https://www.arte.tv/fr/videos/109809-001-A/fake-news/

Maxime Audinet (le 16 février 2023). Un an après l’invasion de l’Ukraine : que deviennent RT et Sputnik ?. La revue des médias, INA:

https://larevuedesmedias.ina.fr/guerre-information-russie-ukraine-medias-influence-rt-sputnik-afrique-nouveau-rideau-de-fer

Evangelical Church And Celebrity Culture Are A Match Made In Heaven

Ex- Hillsong preacher Carl Lentz is on the verge of hitting 600K followers on Instagram. He and other pastors such as Chad Veach (Zoe Church in Los Angeles), Judah Smith (Churchome in Seattle) or Rich Wilkerson Jr. (Vous Church in Miami) are used to sharing the gospel on social media. They also appear in paparazzi photos, surrounding themselves with the likes of Justin Bieber and Kanye West all the while living lavish lifestyles.

Reverend Billy Graham speaks to the crowds – Tallahassee, Florida (1943)

This trend of inspiring supporters through communication technology has been around since seventeenth-century England, and famous evangelists like Billy Graham has used secular media as a tool for their ministry. In 1989, he began a series of Crusades via satellite extending his preaching to live audiences in more than 185 countries and territories.

Although incorporating celebrity culture in religion is not new, the social media exposure of spiritual leaders is slowly closing the gap between celebrity pastor and regular celebrity.

What don’t you like about church ?

Evangelical Protestants are the largest religious group in the U.S. and are accounting for 25.4% of the population in 2023. Nonetheless, this proportion has been in decline for a long time since grapes of American adults are starting to describe themselves as atheist, agnostic, or nothing in particular.

Megachurches (i.e., Protestant congregation having 2 000 or more people in average weekend attendance) have been trying to offer something different from traditional evangelicalism. Pioneering pastor Rober H. Schuller and his disciple Bill Hybels popularized the idea that churches should heavily focus on reaching seekers, the ones who distanced themselves from God but are still seeking for meaning in their lives. He believed that leaders could use marketing strategies to find out what they didn’t like about church and tailor its service according to their answers.

 The Australian Hillsong congregation has churches in 30 countries and an average global attendance of 150 000 believers weekly. As a seeker sensitive church, Hillsong tries reaching out to the unsaved person by making the church experience more inviting, comfortable and entertaining. Hillsong managed to curate a brand image promoting a more progressive form of Christianity involving theatrics and musical skits, fashion.

Indeed, megachurches offices are using technology and celebrities guests appearance to offer a high end religious experience to the audience. The goal is to create an emotionally highly charged atmosphere designed to foster the worshipper’s connection to God. As soon as you walk into the venue, you are blinded by the lights and cannot help but notice the massive LED screens along with the multiple cameras. 

According to Kelly Bollman who has been involved on the volunteer creative team of Hillsong New York, Hillsong “off-platform” identity is has important has the “on-platform” one. The off-platform identity is curated on social media and in the persona of media-trained pastors that transcend what it means to be Christian.

Relatables narratives of Christianity

Hillsong offers a message even seekers can digest by preaching what is relevant to daily life : dating, confidence, grief and so on. Since relatability appeals to younger worshipers, pastors passionately share the ups and downs of their spiritual journey. Vox explained how evangelical church was turning into “a gathering place for the cool kids, the kids who might have had too much to drink the night before but know they’re welcome no matter what on Sunday morning”. Pastors are using the language and rhetoric of the social media-savvy Millennials and Generation Z. Services available for streaming on Hillsong’s Website display titles such as “Relevance: Hole-y Jeans or Holy Life?”.

Megachurches are also adding a dose of prosperity gospel theology to their narrative, teaching the mass that God will reward believers with material benefit and success for their faithfulness. Evangelical celebrities feed this belief with their posts showcasing lavish luxury lifestyle and A-list friends. Moreover, megachurches often cultivate the image of culturally, diverse and young communities.

Media-friendly pastors

Megachurches are producing a new generation of Celebrities for Jesus, a term coined by Katelyn Beaty in her book Celebrities for Jesus: How Personas, Platforms, and Profits Are Hurting the Church. She explores the way celebrity culture has shaped the American Church. She distinguishes fame, the attention arising from an act of virtue from celebrity that relies on the tool of mass media to project an image of ourselves. Celebrity pastors are key opinion leaders and are using different tactics to make themselves appealing to their followers.

Pastors cautiously curate their Instagram feeds with selfies, inspirational messages of self-care , promotional posts urging their followers to buy their books or the latest footage of the Sunday service. About the latter, behind-the-scenes of the worships provide leaders with an aura of importance. Ferris and Harris explain that the asymmetry of knowledge between pastors and audience is a common indicator of religious celebrity. Pastor rarely interacts off-stage with the congregation but knows that his physical absence is more than  compensated by his media presence. A media-trained spiritual leader carefully balances between privacy and publicity while shaping his persona as a celebrity.

Youth Pastor Matt Davis on stage (2020)

However, scandals can still occur, as seen in the case of Carl Lentz, the former lead pastor at Hillsong Church in New York City, who was dismissed in 2020 a moral failure. He was caught having an extramarital affair and held accountable for not upholding the values he so convincingly preached.

Rich in faith and dollars

The line between pastors and their fellow celebrities starts to be blurred when the spiritual leaders engage in a transactional relationship with their followers.

Megachurches often expose their communities to paid services, and lead pastors can make significant profits from book sales and merchandising. Both online followers and Sunday attendees serve as potential customers.

 Pastor Rich Wilkerson Jr. achieved a new level of stardom when he starred in his own TV show Rich in Faith along with his wife DawnCheré Wilkerson, also a lead pastor. The Christian couple  have their own Youtube Channel called  Official Rich & DC. Thanks to their content creation activity, their net work oscillates between 1$ to 4$ million dollars as of 2023.

Beliebers turned Believers : when celebrity become religious brand ambassadors

Selena Gomez, Kendall Jenner or Chris Pratt have been vocal about their faith online. However, Justin Bieber and Hillsong have taken their spiritual partnership to a new level.   Back in 2014, the singer was a PR disaster, regularly making headlines wherever he was illegally importing a pet monkey or spending a night in jail for underage drag racing.

Mugshot of Justin Bieber taken by Miami Beach Police – Miami, Florida (2014)

At his lowest, he got baptized in an NBA player’s bathtub by none other than Pastor Lentz. Since then, his relationship with Hillsong is an essential part of his social media brand. On Instagram, Bieber is a vocal Christian and more importantly a vocal Hillsong supporter, appearing at Hillsong events alongside Lentz and speaking in tongues on his posts.

Justin Bieber posting about Easter on Instagram (2018)

In 2017, he even posted an Instagram Live of him praising God to a heartfelt piano melody. Bieber was performing a song written by the Christian rock band Hillsong United followed by 2.5 million souls on Instagram. Hillsong is known for its focus on Christian pop songs that are not solemn hymns, still in a move to attract seekers. This led them to produce millions of dollars’ worth of albums and singles, all available on regular music streaming services. 

Bieber is a perfect representative for Hillsong as he provides media attention for the megachurch, while benefiting from their redemption narrative.

Also, Bieber is Christian, but not too Christian. His Christianity is seen through the lyrics of some of his songs but is tamed so that non-believers are under the impression they are listening to a conventional love song. His fans love it and so does the church, benefiting from the pop stars’ following, the Beliebers.

A fairly conservative theology

Credits : rawpixel.com

Various articles criticize how Hillsong’s curated forward-thinking and youthful brand clashes with its underlying conservative evangelical theology. One issue is that the church leaders do not endorse homosexual lifestyles, as noted in a 2015 blog post by Hillsong’s founder, Brian Houston.

Moreover, only 3% of evangelical churches in America have a female lead pastor, according to the latest National Congregations Study from Duke University. Even when women are co-pastors, their male partners are still seen as the primary preachers.

As a result, they successfully invest in social media for self-expression purposes. Like their male counterparts, they are white, charismatic and good-looking individual. Holly Furtick married to Steven Furtick, lead pastor of Elevation Church has half a million followers on Instagram, runs an online book club and hosts a Youtube Channel with 78 000 subscribers. She also has a website showcasing her favorite recipe and a shop where customers can buy worship merchandise. While evangelical digital culture offers female leaders a space of influence, this authority is not transgressive enough to challenge the patriarchal structure within churches. Female microcelebrities serve as visual examples of a good Christian woman devoted to marriage and motherhood, but they don’t fundamentally challenge traditional gender roles.

It is evident that megachurches are conflicted  between modernity and traditionalism. Their seeker sensitive model is consumer oriented, catering to fill the desire with the bored unchurched. Megachurches design an entertaining and immersive religious experience in which pastors and celebs play a pivotal role. Religious content creators are appealing to the believers and non-believers because they are inspiring and trendy. But for Christian celebrities, social media are not the place of Biblical transgression but rather a showcase of the ideal concept of the Christian Life. And they sometimes struggle to live up to that.

Linda Ndiaye


References

Becker, C., & Becker, C. (2021, 15 juillet). Jésus, un influenceur avant l’heure. Aleteia. https://fr.aleteia.org/2021/07/15/jesus-un-influenceur-avant-lheure/

Biography – Billy Graham Memorial. (2023, 15 février). Billy Graham Memorial. https://memorial.billygraham.org/biography/

Burton, T. I. (2018, 1 octobre). Justin Bieber, Hillsong Church, and the celebrity redemption narrative. Vox. https://www.vox.com/identities/2018/10/1/17596502/justin-bieber-hillsong-carl-lentz-married

Frishberg, H. (2022, 29 décembre). Inside disgraced, disheveled ex-Hillsong pastor Carl Lentz’s downgraded house. New York Post. https://nypost.com/2022/03/09/pics-emerge-of-disgraced-disheveled-ex-hillsong-pastor-carl-lentzs-house/

Gaddini, K., & Gaddini, K. (2022). The Rise and Fall of Evangelical Influencers | Religion & Politics. Religion & Politics. https://religionandpolitics.org/2022/03/15/the-rise-and-fall-of-evangelical-influencers/

GotQuestions.org. (2022, 4 janvier). GotQuestions.org. https://www.gotquestions.org/seeker-sensitive-church.html

Hillsong Church. (2022, 22 novembre). Fact Sheet – Hillsong. Hillsong. https://hillsong.com/fact-sheet/

Kidwell, J., & Borer, M. I. (2021). The Sanctuary of the Spectacle : Megachurches and the Production of Christian Celebrities and Consumers. Journal of Media and Religion, 20(2), 53‑64. https://doi.org/10.1080/15348423.2021.1925463

Nadeem, R. (2022, 13 septembre). Modeling the Future of Religion in America. Pew Research Center’s Religion & Public Life Project. https://www.pewresearch.org/religion/2022/09/13/modeling-the-future-of-religion-in-america/

Ostling, R. (2022). Is Celebrity Culture Eroding American Evangelicalism ? This Publishing Insider Says Yes. Religion Unplugged. https://religionunplugged.com/news/2022/9/13/is-celebrity-culture-eroding-american-evangelicalism-this-publishing-insider-says-yes

Religion in America : U.S. Religious Data, Demographics and Statistics | Pew Research Center. (2022, 13 juin). Pew Research Center’s Religion & Public Life Project. https://www.pewresearch.org/religion/religious-landscape-study/

Robert Schuller and The Seeker Sensitive Church. (s. d.). https://cicministry.org/commentary/issue56.htm

The Cult of Celebrity in the Church of Christ. (2023, 25 janvier). Acton Institute. https://www.acton.org/religion-liberty/volume-33-number-1/cult-celebrity-church-christ

Turner, L. (2019, 6 février). Chris Pratt, Justin Bieber, and the rise of the “cool” Christian celebrity. Vox. https://www.vox.com/culture/2019/2/6/18205355/church-chris-pratt-justin-bieber-zoe-hillsong

Williams, G. (2022, août 17). Katelyn Beaty Explores the Underbelly of Christian Celebrity Culture. Sojourners. https://sojo.net/articles/katelyn-beaty-explores-underbelly-christian-celebrity-culture

Russie/Ukraine : quand la guerre devient virtuelle

Désinformer. Semer le doute. Décontextualiser. Emouvoir. Propager la haine.

Telles sont les actions rendues possibles par l’intermédiaire des réseaux sociaux dans le cadre de l’invasion agressive menée par la Russie en Ukraine. Cette guerre ne se limite pas aux champs de bataille, mais se caractérise essentiellement par la manière dont elle est propagée et partagée en ligne.

@Source : BFM TV.

Les conflits armés précédents ont également connu l’implication des médias sociaux, mais l’invasion massive de l’Ukraine par la Russie démontre quotidiennement comment les plateformes en ligne altèrent la manière dont la guerre est rapportée, vécue et comprise. Cela est en grande partie dû à la couverture Internet en constante augmentation et à l’utilisation croissante des réseaux sociaux, avec 79% des Ukrainiens utilisant Internet contre 88% des Russes selon les chiffres de Datareportal de 2023. À titre de comparaison, lorsque la Russie a envahi l’Ukraine en 2014, seulement 4 % des abonnés ukrainiens à la téléphonie mobile avaient accès à des réseaux 3G ou plus rapides, et pendant la guerre en Syrie en 2015, seuls 30 % de la population syrienne étaient en ligne (OECD, 2022). Cette dynamique a également mis en évidence l’ampleur de la menace de la désinformation, qui a toujours été utilisée comme une arme mais dont la portée et la pénétration potentielle ont été multipliées à l’aide des réseaux sociaux.

Un terrain de jeu étendu sur plusieurs canaux

Les réseaux sociaux servent d’outils de propagande via les contenus partagés sur les différentes plateformes et les interactions entre les nombreux utilisateurs. Des conversations sur Whatsapp et Telegram, des vidéos relayées sur Twitter, TikTok ou Instagram ou encore des posts sur VKontakte, le ‘Facebook local’ : tous les canaux de diffusion sont mobilisés, qu’il s’agisse des médias traditionnels, des réseaux sociaux, des sites web d’information, des blogs ou encore des messageries instantanées, dans le but de propager des discours, des images ou des vidéos destinés à influencer l’opinion publique ou à désinformer les citoyens.  

Bien que VKontakte soit la solution de réseau social préférée en Russie (comptant 73% de la part des utilisateurs russes), Instagram – appartenant à la même entreprise mère Meta – reste en tête, utilisé par environ 59% des utilisateurs de réseaux sociaux dans ce pays, soit près de 80 millions de personnes selon une estimation de FranceInfo, se basant sur les données de Statista.

Malgré cela, la Russie a récemment décidé de bloquer Instagram pour protester contre Meta. Ces sanctions à l’encontre du géant américain des réseaux sociaux font suite à la décision de Meta d’autoriser la publication de messages incitant à la violence à l’encontre des dirigeants et du personnel militaire russes dans certains pays, et cela uniquement dans le contexte de la guerre en Ukraine. Dans cette guerre de communication, Meta est devenue « la figure de l’Occident », perçue comme une menace par les autorités russes. Les utilisateurs russes doivent désormais se tourner vers les autres réseaux sociaux ou utiliser un réseau privé virtuel (VPN) pour contourner la censure imposée par les autorités. L’interdiction d’Instagram a d’ailleurs entraîné une hausse de la demande de VPN de plus de 2 000 %, selon TOP10VPN, une société de surveillance numérique. Cela confirme l’importance cruciale des réseaux sociaux dans cette guerre de désinformation où tous les canaux de diffusion sont utilisés pour influencer l’opinion publique.

@Photographie : Chesnot/Getty

« C’est gagné quand le doute est installé »

Les récits de désinformation russes reposent fréquemment sur des demi-vérités et des « whataboutisms » – tentatives de répondre à un problème en le comparant à un autre problème qui n’a rien à voir avec le problème initial-, ou sont simplement faux, obscurcissant ainsi les faits. Ainsi, les acteurs russes utilisent une approche diversifiée pour introduire, amplifier et diffuser des récits faux et déformés à travers le monde. Ils se basent notamment sur une combinaison de faux comptes et de comptes artificiels, de sites web anonymes et de sources médiatiques officielles de l’État pour diffuser et amplifier du contenu qui sert leurs intérêts et décrédibilise les récits concurrents.

« Si la désinformation est une arme de guerre indéniable, les stratégies mises en place, et les raisons de leur utilisation diffèrent âprement dans ce conflit : l’un l’utilise pour justifier l’invasion d’un état souverain, l’autre pour tenter justement de préserver cette souveraineté. »

Arnaud Mercier, professeur en sciences de l’information et de la communication (novembre 2022)

Le nombre d’exemples illustrant la désinformation dans ce champ de batail virtuel est indénombrable et ne cesse d’accroître, voici ci-dessous un rappel des plus marquants:

  • Attaque de Marioupol : la discréditation d’une bloggeuse ukrainienne  
@Source : AP. Cette influenceuse beauté a été accusée de mentir après la publication de cette photo.

En mars dernier, un hôpital pour enfants a été la cible d’un bombardement à Marioupol en Ukraine. La Russie a remis en cause la véracité de ces faits et a accusé cette influenceuse ukrainienne d’avoir joué le rôle d’une femme enceinte lors de cette attaque. Le porte-parole du ministère russe de la Défense a même défendu cette affirmation absurde en justifiant que Marianna Podgourskaïa est une bloggeuse Instagram. En plus de la non-validité de l’argument, cette accusation a été rapidement démentie après qu’une de ses publications antérieures prouve qu’elle était bien enceinte à ce moment. Cet exemple illustre la stratégie russe visant à discréditer les informations ukrainiennes en semant le doute dans l’esprit du public, rendant ainsi difficile la distinction entre la vérité et le mensonge.

@Marianna a posté cette photo sur Instagram fin février, demandant à ses followers de deviner si son bébé serait un garçon ou une fille. Source : Instagram.
  • Avions de combats russes dans le ciel ukrainien

La décontextualisation ne vient pas toujours du camp russe, bien que cette technique reste majoritairement utilisée par les pro-russes.

https://twitter.com/pok4439/status/1496729760340520962?s=49&t=ImOdUOxXv3fUoW4gYBrthA

Une publication, qui a été vue plusieurs milliers de fois, prétendait montrer des avions russes survolant l’Ukraine après l’annonce de l’intervention militaire de Vladimir Poutine dans le pays en 2022. Il est important de noter que cette vidéo partagée ne concernait pas la situation actuelle en Ukraine. En réalité, il s’agit d’un extrait d’une vidéo plus longue qui avait été diffusée en 2020 et montrant la répétition de la parade militaire du « jour de la victoire », célébré chaque 9 mai en Russie pour commémorer la victoire sur l’Allemagne nazie et la fin de la Seconde Guerre mondiale. Cette diffusion de fausses informations s’inscrit dans la stratégie russe visant à semer la confusion dans l’opinion publique en décrédibilisant les informations provenant de l’Ukraine.

Susciter l’émotion, parfois avec l’humour

L’utilisation des réseaux sociaux ne se cantonne pas à la propagation de doutes pour discréditer le partie adverse. En effet, les médias sociaux ont évolué pour devenir bien plus qu’un simple canal d’information : ils sont devenus des canaux de mobilisation et d’émotion, notamment en rendant la guerre plus « attrayante ».

De la danse des soldats ukrainiens sur les lignes de front aux visites imperturbables des abris antiatomiques par des citoyens ordinaires, la « première guerre TikTok du monde » a généré un flux constant de reportages d’actualité en direct depuis les zones de combat. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky n’est pas le seul à utiliser TikTok comme canal de diffusion, de nombreux citoyens utilisent le réseau social quotidiennement pour informer, parfois de manière humoristique, sur la réalité du combat et de la vie sous les bombardements.

@valerisssh

Thanks for supporting ukrainian refugees!

♬ Zou Bisou Bisou – Gillian Hills

Ces vidéos permettent de rendre compte de la réalité vécue par les populations en Ukraine en éliminant les barrières géographiques. Elles ont aussi la particularité de toucher un public plus jeune qui n’aurait peut-être pas été informé de la guerre par d’autres canaux de communication.

« Si c’était une guerre de mèmes, nous serions en train de gagner. »

Cette citation provient d’une source qui s’occupe du compte du ministère ukrainien de la défense, qui a souhaitée rester anonyme. Elle conclue bien sur la situation actuelle de cette guerre hybride se jouant sur le terrain virtuel de la désinformation.

Valentine CAZIN

Références :

  • BBC News. (2022, October 4). Ukraine crisis: Social media users struggle to separate fact from fiction. BBC News. https://www.bbc.com/news/world-europe-63272202
  • BBC News. (2022, October 3). Ukraine war: Russian officials claim government offensive imminent. https://www.bbc.com/news/world-europe-63272202.amp
  • CNET France. (2022, July 22). VPN : le ban d’Instagram en Russie fait encore bondir leur popularité. CNET France. https://www.cnetfrance.fr/news/vpn-le-ban-d-instagram-en-russie-fait-encore-bondir-leur-popularite-39939067.htm
  • Datareportal. (2023). Digital 2023 Ukraine. https://datareportal.com/reports/digital-2023-ukraine
  • Datareportal. (2023). Digital 2023 Russian Federation. https://datareportal.com/reports/digital-2023-russian-federation
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  • France Info. (2022, February 22). Guerre en Ukraine : un an de propagande et de désinformation. France Info. https://www.francetvinfo.fr/monde/europe/manifestations-en-ukraine/video-guerre-en-ukraine-un-an-de-propagande-et-de-desinformation_5677757.html
  • L’ADN. (2022, March 11). Ukraine : TikTok, la première guerre « attractive » du monde. L’ADN. https://www.ladn.eu/actualite/ukraine-reseau-sociaux-tiktok-tactique-guerre-attractive/
  • NPR. (2023, February 28). How Russia Is Losing (And Winning) The Information War In Ukraine. NPR. https://www.npr.org/2023/02/28/1159712623/how-russia-is-losing-and-winning-the-information-war-in-ukraine
  • OECD. (2022, March 15). Disinformation and Russia’s war of aggression against Ukraine. OECD Ukraine Hub. https://www.oecd.org/ukraine-hub/policy-responses/disinformation-and-russia-s-war-of-aggression-against-ukraine-37186bde/
  • Polytechnique Insights. (2022, March 10). Ukraine : une guerre hybride sur le terrain de la désinformation. Polytechnique Insights. https://www.polytechnique-insights.com/tribunes/geopolitique/ukraine-une-guerre-hybride-sur-le-terrain-de-la-desinformation/
  • Statista. (2022, February). Réseaux sociaux les plus utilisés par les Russes en 2021. Statista Infographies. https://fr.statista.com/infographie/26982/reseaux-sociaux-les-plus-utilises-par-les-russes/#:~:text=Les%20r%C3%A9seaux%20sociaux%20du%20groupe,pour%20les%20deux%20derniers%20cit%C3%A9s.
  • TV5MONDE. (2022, March 23). Conflit en Ukraine : les réseaux sociaux influencent-ils la guerre ? TV5MONDE. https://information.tv5monde.com/info/conflit-en-ukraine-les-reseaux-sociaux-influencent-ils-la-guerre-452619
  • Zolan, A. (2023, February 28). How Russia Is Losing (And Winning) The Information War In Ukraine. NPR. https://www.npr.org/2023/02/28/1159712623/how-russia-is-losing-and-winning-the-information-war-in-ukraine

E-SPORT : Comment les plateformes ont aidé à faire de l’E-sport un divertissement grand public ?

Le Championnat du monde 2022 de League of Legends bat un nouveau record d’audience en enregistrant un pic de 5,1 millions de spectateurs lors de sa finale. Selon la société de données Esports Charts, il s’agit d’une augmentation de 1,1 million par rapport à l’édition 2021. L’une des réussites les plus emblématiques de la compétition organisée par Riot Games est d’avoir renoué avec son pic d’audience sur la plateforme de streaming en ligne Twitch en atteignant près de 3,1 millions de spectateurs simultanés lors du match décisif.

En devenant le tournoi League of Legends le plus regardé de l’histoire, ce record traduit une réalité bien plus significative : les compétitions rendues de plus en plus accessibles par les plateformes contribuent à faire de l’E-sport un divertissement grand public indétournable.

La montée en puissance de l’E-sport : un divertissement à l’ère du numérique

Le sport électronique, plus communément appelé E-sport désigne la pratique de jeux vidéo en compétition organisée sous forme de tournois et réunissant les plus grands joueurs professionnels de la planète.

Bien que numérique, la discipline reprend tous les codes d’un sport traditionnel. En effet, les compétitions se déroulent dans des arènes accueillant des milliers de spectateurs et dont la scénographie est travaillée pour rendre le tournoi divertissant et impressionnant. Tout comme la diffusion d’une coupe du monde de football ou d’une finale de NBA, les compétitions sont rythmées par les interventions animées de commentateurs du monde entier. Enfin, les joueurs exercent à un niveau professionnel d’excellence et sont accompagnés de leurs coach. L’atteinte de ce niveau exige, comme tout sport, un entraînement quotidien intensif.

Unique en son genre, la discipline offre aux fans de jeux vidéo une nouvelle expérience de divertissement.

Lors de la cérémonie d’ouverture des Championnats du monde 2022 de League of Legends, de nombreux artistes internationaux étaient présents comme Lil Nas X ou encore Jackson Wang. Les visuels et la scénographie mise en place prouvent encore une fois à quel point les compétitions sont divertissantes pour le public.

Ainsi, les plus grands champions de League of Legends, DOTA 2, Call of Duty ou encore Counter-Strike : Global Offensive sont parfois presque autant adulés que les plus grandes stars du football et rassemblent alors une communauté de fan conséquente et ce, notamment sur les plateformes digitales telles que Twitch, YouTube, Twitter ou encore Instagram.

Cette croissance rapide connue par l’E-sport ces dernières années est tout sauf anodine : les médias sociaux ont joué un rôle déterminant dans la démocratisation de la discipline en attirant un public de plus en plus important et diversifié.  

Une opportunité de connexion avec les fans du monde entier

Twitch est certainement l’un des principaux acteurs des médias sociaux dans l’Esport. Classée première plateforme de streaming de jeu vidéo, Twitch comptabilise environ 31 millions de visiteurs en ligne chaque jour et offre ainsi l’accès à une audience large et variée.

En diffusant l’intégralité des compétitions E-sport régionales, nationales et internationales qui se déroulent à travers le monde, la plateforme rend la discipline plus accessible non seulement aux communautés de fans des différentes franchises mais également aux fans de jeux vidéo qui ne sont pas encore familiers avec cet univers niche du gaming.

L’argument de la masse est évidemment décisif sur la plateforme : plus il y a de monde, plus le stream remonte dans les classements et est donc exposé à une plus large audience. C’est notamment en permettant à certains streamers comme Ibai de couvrir la finale des Championnats du monde 2022 de League of Legends que la compétition a établi de nouveaux records d’audience. Le streamer espagnol a rassemblé à lui seul plus de 481 000 spectateurs simultanés lors de l’événement, preuve que la force des communautés fait la différence.  

L’argument du divertissement l’est alors encore plus. Ce qui fait l’attractivité de Twitch, c’est son expérience de visionnage interactive avec la mise à disposition d’un chat de discussion. Les fans du monde entier peuvent alors se connecter entre eux en réagissant et interagissant en temps réel. Mais dans le cadre des compétitions e-sport, la plateforme pousse l’expérience immersive encore plus loin en intégrant de nombreux mini-jeux. Par exemple, Chat Clash permet aux fans de voter pour l’équipe qu’ils soutiennent en utilisant des émoticônes spécifiques dans la discussion en direct. Ceux-ci sont ensuite affichés à l’écran lors de la diffusion de la compétition. Des jeux de pronostics et des quiz interactifs sont également intégrés afin de tester les connaissances des fans et leur permettre de gagner des récompenses.

Ces fonctionnalités permettent d’immerger et d’engager l’audience de manière forte, ce qui renforce la culture du divertissement de l’e-sport.

Twitter joue également un rôle majeur dans la popularisation de l’E-sport. Le réseau social constitue le canal principal utilisé par les fans afin de rester à jour sur les dernières actualités du secteur. La viralité particulière de la plateforme permet de diffuser rapidement des informations mais aussi d’atteindre une audience conséquente. Twitter parvient à réunir les fans grâce à l’utilisation massive de hashtags qui permettent de facilement regrouper les publications autour d’un sujet commun et d’ainsi rassembler les communautés. Par exemple, le joueur de Call of Duty, Scump, utilise régulièrement le #GreenWalI afin de rassembler sa communauté de fans sur les réseaux sociaux.

L’influence étendue à l’E-sport

Comme les plus grands athlètes, les joueurs professionnels d’E-sport ont une portée immense sur les médias sociaux : sur Twitch et Youtube les plus grandes stars touchent des millions de personnes chaque jour dans des livestreams. Ainsi, on retrouve de plus en plus la logique d’influence appliquée aux gamers notamment sur Instagram.

Des joueurs, comme le professionnel coréen Faker (de son vrai nom, Lee Sang-hyeok), partagent les coulisses des compétitions (entrainements, gameplay, vie personnelle en dehors des entraînements). Leur apparition avec d’autres stars influentes, comme ici le célèbre joueur de foot coréen Son Heung-min, accroit son influence auprès d’une autre audience.

D’autres partagent du contenu exclusif afin de se rapprocher et de fidéliser leur communauté. Par exemple, l’équipe américaine TSM (Team SoloMid) diffuse depuis 8 ans sur YouTube sa série documentaire « TSM Legends » dans laquelle ils révèlent les coulisses des compétitions.

Ces initiatives permettent de rapprocher la communauté de fans de ses « héros » en apportant un regard plus humain à leur profession et en cultivant leur influence via différents canaux.

Gentle Mates ou l’E-sport pour tous

En avril 2023, les streamers et Youtubeurs Squeezie, Gotaga et Brawks ont lancé leur première structure E-sport « Gentle Mates » sur le jeu Valorant.

Cette association n’est pas anodine pour l’avenir du E-sport français car elle s’appuie sur des communautés de fans très diversifiées et promet de participer à la popularisation de la discipline du fait de leur notoriété respective. On y retrouve Gotaga et Brawks, deux acteurs majeurs dans le domaine de l’E-sport puisqu’ils sont les co-créateurs de la Team Vitality (équipe française d’E-sport). Le duo s’associe à Squeezie, premier Youtubeur français aux 18 millions d’abonnés. Ce dernier touche un large public sur YouTube, plateforme où il offre du contenu divertissant et varié. Il possède également une solide communauté sur Twitch où il a dernièrement battu des records d’audience avec la diffusion du Grand Prix Explorer.

Ce qui rend ainsi cette structure unique, c’est qu’elle ne s’adresse pas qu’aux adeptes de l’E-sport. Gentle Mates utilise ainsi les médias sociaux pour promouvoir sa structure et ses joueurs à une large audience. Par exemple, la diffusion du trailer de promotion a notamment contribué à toucher un public nombreux et a suscité un fort engagement sur les réseaux sociaux au-delà des fans d’E-sport traditionnels.

Sur tous les gens qui jouent aux jeux vidéo, la moitié ne connaissent pas l’E-sport. Plus on est nombreux à suivre cette discipline, plus la discipline a du potentiel et plus il va se passer de choses autour de celle-ci. Dans l’intérêt de tout le monde, c’est cool de faire des ponts pour rendre ça accessible aux gens.

Squeezie

L’engagement d’une communauté variée de fans sur les réseaux sociaux répond ainsi à la volonté de Gentle Mates de réussir à décloisonner le milieu niche que peut constituer l’E-sport, divertissement encore en expansion.

Par l’influence de ces personnalités et l’engagement de leur communauté sur les différentes plateformes, la structure promet de populariser encore un peu plus l’E-sport au sein du paysage français.

Évolutions en perspective

L’avenir de l’E-sport est plus que prometteur et travaille sur de nombreuses perspectives pour son développement. Les technologies émergentes, comme la réalité virtuelle et augmentée peuvent offrir de nouvelles opportunités pour les joueurs et les fans de se connecter entre eux, en créant des expériences de jeu encore plus immersives et en augmentant la qualité des tournois.

Les plateformes vont-elles réussir à s’adapter à ces nouveaux enjeux ?

Emmanuelle YOG


SOURCES

Flamm. (2022, 6 novembre). League of Legends : Un pic à plus de 5 millions de personnes pendant la finale des Worlds 2022 de League of Legends, un nouveau record. Team aAa. https://www.team-aaa.com/fr/actualite/un-pic-a-plus-de-5-millions-de-personnes-pendant-la-finale-des-worlds-2022-de-league-of-legends-un-nouveau-record_127688#:~:text=C’est%20au%20cours%20de,l’histoire%20de%20League%20of

GOTAGA. (2023, 16 avril). JE LANCE MA STRUCTURE ESPORT (avec Squeezie et Brawks) [Vidéo]. YouTube. https://www.youtube.com/watch?v=kego3hlrVUc

Marchandet, W., & Marchandet, W. (2022). Worlds 2022 : une audience globale en demi-teinte. Trente Trois Degrés : Le média de toute une génération. https://trentetroisdegres.fr/worlds-2022-une-audience-globale-en-demi-teinte/

News_13052021_eSports_ISPO_Netzwerk. (s. d.). ISPO.com. https://www.ispo.com/fr/theme/esports

Reisacher, A. (2023, 22 février). Chiffres Twitch & # 8211 ; 2023. BDM. https://www.blogdumoderateur.com/chiffres-twitch/

SnapChat, Facebook, Twitter, … Avec l’abonnement payant : est-ce la fin de l’ère des réseaux sociaux à 100% gratuits?

Payer l’abonnement à 9,60€ sur Twitter ou 11€ sur Facebook et Instagram permet dès maintenant d’avoir un compte certifié avec un badge bleu et l’accès à d’autres services.

« Nous relançons @TwitterBlue lundi – abonnez-vous sur le web pour 8 dollars par mois ou sur iOS (le système d’exploitation d’Apple utilisé sur les iPhone, NDLR) pour 11 dollars par mois pour avoir accès aux fonctionnalités réservées aux abonnés, notamment la coche bleue.»

Le groupe Twitter a indiqué dans un tweet, publié le 10 décembre 2022.

En novembre 2022, Twitter a lancé une offre payante : « Twitter Blue. » Cet abonnement allant de 9,60€ à 12€ par mois ou 100,8€ par an (tarifs en France) permet d’obtenir le petit badge bleu, c’est-à-dire d’avoir un compte certifié, et donne également accès à d’autres fonctionnalités telles qu’Éditer le Tweet, dépasser les 280 caractères, recevoir 50% de publicités en moins dans les fils, images de profil NFT, … 

En février 2023, le patron de Meta semble de suivre le pas d’Elon Musk en prévoyant une formule similaire à ses plateformes, Facebook et Instagram, en mettant en place un modèle d’abonnement payant nommé « Meta Verified. » Pour un prix oscillant entre 11€ et 14€ par mois, cette offre permet aux utilisateurs de faire vérifier leur compte, d’obtenir des protections contre l’usurpation d’identité, mais aussi de gagner en visibilité. L’abonnement est pour l’instant uniquement disponible en Australie, en Nouvelle Zélande et aux États-Unis. 

Mais, ce ne sont pas les seuls. En effet, Snapchat, Discord, Linkedin, … ont toutes leurs propres offres d’abonnement payant. Le modèle payant s’implante peu à peu dans les réseaux sociaux : est-ce la fin de l’ère des réseaux sociaux 100% gratuit ? Explications

Les réseaux sociaux : des modèles financés par des revenus publicitaires arrivent à maturité.

Selon le rapport « Global Advertising Market : Industry Trends, Share, Size, Growth, Opportunity and Forecast 2023-2028 », en 2022, les revenus publicitaires en ligne mondiaux ont atteint 615,2 milliards de dollars. Selon Statista worldwide, les revenus sur les réseaux sociaux représenteraient environ 36% des revenus publicitaires en ligne mondiaux, soit 207,1 milliards de dollars. Ce nombre est d’autant plus flagrant lorsqu’il s’agit des réseaux sociaux. 

En effet, la publicité génère plus de la moitié des revenus des réseaux sociaux : Facebook a réalisé en 2021 un chiffre d’affaires publicitaire de 117 milliards de dollars, soit environ 97% de son chiffre d’affaires total (Rapport Annuel 2021, Meta); en 2021, Twitter a généré un revenu total de 5,08 milliards de dollars dont la publicité représentait environ 88%, soit 4,51 milliards de dollars (Rapport annuel 2021, Twitter). 

Mais comment les réseaux sociaux se rémunèrent-ils via la publicité ? « Si c’est gratuit, c’est que vous êtes le produit. » 

Pendant près de deux décennies, le modèle économique des réseaux sociaux était 100% gratuits pour les utilisateurs : pas besoin de payer pour poster, pas besoin de payer pour accéder au contenu, pas besoin de payer pour parler à ses amis. Le cœur du modèle économique des réseaux sociaux était les revenus publicitaires dont la publicité ciblée. Ces derniers s’efforcent de cerner les comportements et profils de leurs utilisateurs sur le web en se servant des données collectées. Ainsi, les entreprises qui souhaitent diffuser leurs annonces doivent acheter des espaces d’affichage en ligne, en précisant le profil d’utilisateurs cible souhaité. En fonction de ces critères, les algorithmes des réseaux sociaux diffusent les publicités aux utilisateurs ciblés. 

Mais depuis quelque temps, les réseaux sociaux ont fait face à des problèmes de rentabilité. La publicité ne génère plus autant de revenus qu’auparavant en raison de l’affaiblissement du marché publicitaire, de différents scandales concernant l’usage des données, le renforcement de la législation de la protection des données personnelles. Le groupe Meta (Facebook, Instagram, Whatsapp) a même enregistré une baisse de revenus annuels, en 2022, pour la première fois depuis son entrée en bourse en 2012. L’ère de la gratuité des réseaux sociaux est-elle en train de se clore ? « Nous sommes au commencement de la fin d’une ère. (…) L’économie de l’attention qui a transformé les plateformes sociales en entreprises les plus profitables au monde a fini par se tirer une balle dans le pied. », explique  Clara Lindh Bergendorff dans les colonnes de Forbes.

Le modèle économique des réseaux sociaux est en plein évolution : les offres d’abonnement se multiplient.

Nous assistons à une évolution du modèle économique des réseaux sociaux où l’ère de la gratuité semble de disparaitre au profit de l’abonnement. En effet, le modèle de l’abonnement permet d’assurer des rentrées de revenus récurrents et stables pour faire face à la forte volatilité des revenus liés à la seule publicité.

Linkedin a montré que cela fonctionne et la mise en place de l’abonnement est inévitable : la publicité ne représente que 20% du chiffre d’affaires total de l’entreprise. En effet, les services de recrutement et les abonnements constituent ses principales sources de revenus. Selon le site Kinsta, 39% des utilisateurs de Linkedin payent pour un de ces abonnements. Linkedin a réussi à développer des formules payantes le permettant d’avoir un modèle économique durable. 

« Sur LinkedIn, il y a toute une offre d’abonnements payants et là, ça fonctionne. On les achète parce qu’on veut avoir plus de visibilité ou alors quand on est recruteur. On a besoin de ces offres »

Emmanuel Berne

« C’est payant, mais vous êtes quand même le produit »

Instagram et Tiktok testent actuellement un système d’abonnement premium à certains créateurs. Snapchat a lancé sa formule payante nommée Snapchat+. Twitter a lancé Twitter Blue, Meta avec Meta verified… Ces offres payantes donnent accès à des fonctionnalités exclusives aux abonnées telles que la vérification des comptes, l’accès au service client, plus de visibilité,… afin d’encourager les internautes à rester actifs.

«L’idée est d’améliorer l’authenticité [des profils et donc des échanges] et la sécurité sur nos services.»

Mark Zuckerberg, PDG de Meta

La question se pose alors de savoir si les utilisateurs sont-ils prêts à payer. Les réseaux sociaux tels que Facebook, Twitter, Instagram ou Tiktok proposent-ils des offres suffisamment intéressantes pour inciter les usagers à payer l’abonnement ?  

Il semblerait que ce ne serait pas aussi facile de faire payer les utilisateurs parce que les réseaux sociaux ont proposé leurs services gratuitement pendant bien trop longtemps. En effet, la formule « c’est gratuit, c’est que vous êtes le produit » est ancrée dans la culture populaire. Pour que la formule « c’est payant, mais vous êtes quand même le produit » puisse succéder à la première, il faut une nouveauté qui soit vraiment intéressante pour séduire les utilisateurs et pour faire passer la pilule du payant.  

Sophie Hong Vy Nguyen-Massicot

Bibliographie :

  • Baudot, J. (s. d.). Modèle économique des réseaux sociaux. http://www.jybaudot.fr/Management/reseauxsociaux.html
  • Bergendorff, C. L. (2021, 12 mars). From The Attention Economy To The Creator Economy : A Paradigm Shift. Forbes. https://www.forbes.com/sites/claralindhbergendorff/2021/03/12/from-the-attention-economy-to-the-creator-economy-a-paradigm-shift/?sh=3a183e20faa7
  • Diallo, K., & Diallo, K. (2022). Réseaux sociaux : les utilisateurs sont-ils prêts à payer ? L’Éclaireur Fnac. https://leclaireur.fnac.com/article/107960-reseaux-sociaux-les-utilisateurs-sont-ils-prets-a-payer/
  • Laratte, A. (2022, 6 novembre). Payer pour avoir un badge bleu sur Twitter ? C’est désormais possible dans certains pays. leparisien.fr. https://www.leparisien.fr/high-tech/payer-pour-avoir-un-badge-bleu-sur-twitter-cest-desormais-possible-dans-certains-pays-05-11-2022-W73TOEMLEFFZFOFZKP5OYB2XXI.php
  • Osman, M. (2023). Mind-Blowing LinkedIn Statistics and Facts (2023). Kinsta®. https://kinsta.com/blog/linkedin-statistics/
  • Afp, C. A. (2023, 20 février). A son tour, Meta lance une offre payante. Capital.fr. https://www.capital.fr/entreprises-marches/a-son-tour-meta-lance-une-offre-payante-1460713
  • Laratte, A. (2023, 20 février). Facebook, Twitter, Instagram. . . la fin des réseaux sociaux gratuits ? leparisien.fr. https://www.leparisien.fr/high-tech/facebook-twitter-instagram-la-fin-des-reseaux-sociaux-gratuits-20-02-2023-QAJ3NAJT2BEXTM3KEPQ2UFASXQ.php
  • Wurlod, O. (2023, 20 février). Payer pour Instagram et Facebook : L’ère des réseaux sociaux 100 % gratuits se termine. 24 heures. https://www.24heures.ch/lere-des-reseaux-sociaux-100-gratuits-se-termine-300382518290
  • Statista. (s. d.). Social Media Advertising – Global | Market Forecast. https://www.statista.com/outlook/dmo/digital-advertising/social-media-advertising/worldwide

Balenciaga et les réseaux sociaux : la cancel culture a-t-elle encore frappé ?

Boycott, dénonciations et lynchage, les réseaux sociaux en tant qu’espace public et lieu d’expressions, sont également les théâtres de polémiques et controverses. Au fil des années, ils sont devenus des armes pouvant avoir des impacts positifs comme négatifs considérables.

63.1 milliards. C’est le nombre d’internautes dans le monde entier recencés en avril 2022 et parmi eux, 4.7 milliards sont utilisateurs de réseaux sociaux.

Aujourd’hui incontournables, les réseaux sociaux sont de véritables outils marketing afin de se faire connaître et d’avoir accès à la notoriété. En adoptant certains codes, il est aisé d’être propulsé sur le devant de la scène. C’est pourquoi la plupart des marques et notamment les marques de luxe ont commencé à axer leurs stratégies sur leurs campagnes de communication en ligne. Cependant, cet accès simplifié à la célébrité est également à double tranchant, la moindre erreur pouvant être fatale. Balenciaga en a d’ailleurs fait les frais en novembre dernier avec ses deux campagnes impliquant de la pédopornographie et la mise en scène d’enfants avec des accessoires associés à des pratiques SDM.

Les réseaux sociaux : une nouvelle vitrine des marques de luxe

La communication sur les réseaux sociaux est devenue monnaie courante .

De fait ils offrent une couverture très intéressante afin de pénétrer en profondeur le marché. Les marques ont recours notamment à des stratégies d’influences. En ayant recours à des individus bénéficiant d’une certaine popularité tout en ayant une image en adéquation avec la marque, la visibilité et la crédibilité des enseignes s’en retrouvent d’autant plus affirmées. Il n’est pas rare de retrouver des célébrités égéries de marque de luxe.

Nous pouvons citer en exemple Kim Kardashian égérie de Balenciaga ou encore Lea Seydoux, égérie de Louis Vuitton. La crise du covid19 est également passée par là. Entre les différentes contraintes sanitaires sans oublier les confinements, les réseaux sociaux étaient l’unique moyen de conserver un lien avec les consommateurs, les évènements en présentiels étant bannis et les ouvertures de nouvelles boutiques suspendues.  Très vite, les résultats sont apparus puisque de 2020 à 2022, Louis Vuitton est passé de 35.1 à 52.5 millions de followers et d’autres de ses pairs l’ont suivi dans cette ascension comme Gucci, Dior ou encore Balenciaga.

Selon le classement luxe Digital , parmi les marques les plus populaires en ligne Gucci, Dior et Channel arrivent en tête de la liste. Cependant, d’autres enseignes comme Gucci ou Balenciaga sont très populaires sur les réseaux sociaux. Le 29 avril 2023, Louis Vuitton comptabilise 52.7 millions de followers, Chanel 55.7 millions, Gucci 51.5 millions alors que Dior ne comptabilise que 43.9 millions. Ces données soulignent que bien que certaines marques soient plus recherchées en ligne que d’autres, toutes peuvent bénéficient d’une visibilité médiatique plus importante et donc d’un levier de manœuvre non négligeable afin d’accroître leur influence.

Ce levier est maximisé par un contenu étudié et une logique d’engagement mis en place. Le partage régulier de contenus concernant les nouvelles collections mais également les évènements phares de la marque de type défilés ou soirées mondaines, jusqu’à s’étendre à la publication des interviews de leurs collaborateurs et égéries, ont permis d’impliquer les consommateurs dans le quotidien et l’intimité des enseignes.

Les marques ont également appris à adopter leur contenu en fonction des différentes cibles des différentes plateformes, afin d’apparaître authentiques et accessibles pour tous. Chacun doit pouvoir s’identifier et se projeter au travers de leur histoire et de leurs créations.

Le joyau français de Kering : un habitué des provocations

Balenciaga, maison française de Kering, est connue pour utiliser les réseaux sociaux afin de faire parler d’elle et de ses créations. En effet, la marque fait régulièrement l’objet d’articles et de buzzs sur les réseaux sociaux avec des créations jugées provocantes et parfois à la limite de l’indécence. Nous pouvons penser à la mise en vente de baskets déchirées à plus de 1000 euros en mai 2022. L’objet de cette création était de souligner la durabilité des chaussures et donc que les articles Balenciaga ont pour vocation d’accompagner leurs utilisateurs tout au long de leur vie.

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Autre prouesse créative non pas moins épargnée par les critiques, la mise en vente de sacs à main inspirés de sacs poubelles, mais à un prix bien éloigné de ces objets domestiques.

Le directeur artistique de Balenciaga a cependant toujours affirmé sa position et l’a exprimé lors d’une interview suite au défilé de la collection automne-hiver 2022-2023.

« Je ne pouvais vraiment pas rater l’occasion de concevoir le sac-poubelle le plus cher du monde. Qui n’aime pas les scandales dans la mode ? »

Demna Gvasalia Women Wear’s Daily, 6 mars 2022

Ainsi, certaines enseignes vont jouer de leur visibilité et du pouvoir de diffusion des réseaux sociaux afin de faire parler d’elle et de gagner en visibilité. Cependant visibilité n’est pas synonyme de popularité.

Balenciaga : une campagne dévastratrice

En novembre 2022, Balenciaga a connu une véritable descente aux enfers avec une campagne sur les réseaux jugée inadmissible par l’opinion public.

En effet, sur Instagram la marque avait partagé des photos afin de promouvoir de nouveaux objets en vente, la marque souhaitant étendre son domaine d’expertise au-delà du prêt à porter. Jusqu’à là rien à redire, puisqu’il est devenu monnaie courante chez les marques de luxe, d’élargir leur champ d’action comme l’a fait Dior avec l’ouverture de son café à Paris. Cependant Balenciaga a poussé la chose plus loin que ce qu’elle n’aurait dû en mettant en scène des enfants avec des peluches portant des accessoires associés à des pratiques BDSM. L’opinion publique a lynché la marque, l’accusant de sexualiser des enfants et donc d’avoir un comportement absolument intolérable. Après avoir gardé le silence pendant plusieurs jours tandis que la toile se déchainait sur cette campagne, la marque a présenté publiquement ses excuses et a retiré les photos compromettantes.

Cela aurait pu passer pour une simple erreur et l’histoire en serait restée là mais quelque semaine après, le joyau de Kering a de nouveau fait parler de lui avec la promotion d’un sac Balenciaga x-Adidas sur une pile de documents. En zoomant sur ces documents, le public s’est rendu compte qu’il s’agissait d’un compte rendu d’un procès statuant que « la promotion et la publicité de la pornographie infantile relève de la liberté d’expression ».

Encore une fois, la marque a présenté ses excuses publiques et cette fois-ci, elle a remis la faute sur l’équipe chargée de la campagne. Balenciaga a totalement nié être au courant du contenu de la campagne et a même engagé des poursuites judiciaires contre l’équipe concernée.

Malgré cette initiative, le scandale a pris une telle ampleur que rapidement les effets se sont faits ressentir. Le lendemain du premier scandale, les actions du joyau Kering ont connu une chute de 0.02%. Cette chute pourrait impacter au long terme la maison dans sa croissance fulgurante initiée en 2019 . De fait, la firme réalisait un chiffre d’affaire de 927 millions de dollars en 2019 jusqu’à atteindre les 1.189 milliards en 2021. Dans le communiqué officiel des résultats annuels Kering n’a communiqué aucun résultat concernant Balenciaga. « Balenciaga a réalisé une excellente année, en dépit d’un mois de décembre difficile », cette phrase est l’unique information dont nous disposons. Cependant le directeur général délégué de Kering a admis que « la regrettable controverse  » dont Balenciaga avait fait l’objet a fortement impacté les résultats de cette maison. Kering a par ailleurs estimé que « les procédures avaient été correctement suivies mais une erreur de jugement » aurait été la cause de ces deux scandales ayant eu lieu en une seule année. Cela a poussé la maison à revoir ses procédures et à mettre en place de nouvelles mesures .

« Plus que de changer les personnes, il est question de renforcer l’organisation en favorisant davantage de diversité et d’intelligence collective ainsi que la capacité à exprimer une opinion différente dans les jugements »

Jean Marc Duplaix directeur financier de Kering dans Fashion work

Un bad buzz médiatique sur tous les plans

Même si la crise ne semble pas avoir eu d’effets exorbitants sur le résultat , la maison connait une véritable crise concernant son image, jamais vue jusqu’alors.

En raison de la polémique, elle a fait l’objet d’un bad buzz international. Les stars et célébrités se sont rapidement désolidarisées de la marque. L’égérie du moment Kim Kardashian avait notamment annoncé sur Twitter qu’elle reévaluait son partenariat avec Balenciaga.

 

« I have been quiet for the past few days, not because I haven’t been disgusted and outraged by the recent Balenciaga campaigns, but because I wanted an opportunity to speak to their team to understand for myself how this could have happened.« 
Kim Kardashian (@KimKardashian) 27 novembre 2022

D’autres stars ont retiré de leurs réseaux sociaux tout contenu associé à la marque comme Alexa Demie, actrice emblématique de la série Euphoria. Cela s’est même étendu à certains partenaires qui ont enlevé de leurs stands les produits Balenciaga comme la marketplace The Closet à Dubai.

Sur Tiktok, la réaction a été la plus violente. On a pu voir pendant plusieurs semaine des vidéos d’internautes et d’influenceurs déchirants et brûlants leurs articles Balenciaga. Un hashtag #cancelbalenciaga a même été créé pour l’occasion et le 28 novembre il cumulait plus de 25.5 millions de vues et le 30 avril, 310.7 millions de vues. Rappelons que Tiktok cible principalement les jeunes de 13 à 20 ans, avec cette campagne Balenciaga a perdu de son prestige et de son attractivité auprès d’une cible qu’elle avait réussi à conquérir parmi les plus jeunes.

Un calme jusqu’au prochain scandale ?

S’il semble que les choses se soient calmées pour le petit joyau français de Kering, cela n’aura pas été sans conséquences. Bien qu’étant habituée à faire la une en raison de créations provocantes et originales, cette fois-ci le buzz aurait eu un effet plus que négatif et il est probable qu’au prochain scandale, la marque soit « cancel » pour de bon.

Mathilde Delevoye

Références

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Assaut du Capitole : entre désinformation et incitations à la violence

Quelles responsabilités pour Facebook et Twitter ?

Le 6 janvier 2021, des partisans de Donald Trump envahissent le Capitole, là où siège le Congrès américain. Une seule idée en tête : empêcher la certification de la victoire de Joe Biden à la présidentielle américaine de 2020. 
Retour sur le rôle joué par ces réseaux sociaux lors de cet évènement majeur de l’histoire américaine.

Une préparation pré-élection présidentielle 2020 afin d’éviter le scandale de 2016

Photo de little plant sur Unsplash

Dans le contexte des élections présidentielles américaines de novembre 2020, il était inconcevable pour Facebook de revivre un scandale de la même ampleur que celui de 2016. En 4 ans, la plateforme a œuvré à la mise en place de mesures concrètes ayant pour but de protéger l’intégrité de la nouvelle élection, limiter la diffusion de fausses informations et lutter contre l’incitation à la haine et à la violence.

Mark Zuckerberg avait affirmé en octobre 2020 que le règlement de la plateforme empêcherait tout candidat de «déclaré victoire prématurément» et de «délégitimer les résultats de l’élection». Afin de limiter la désinformation, Facebook a implémenté la «War Room». Cette cellule de vérification analyse en temps réel les abus signalés sur les élections. Dani Lever, responsable des affaires publiques de Meta a affirmé que Facebook avait mis en pause ses campagnes publicitaires politiques et supprimé le groupe StopTheSteal début novembre 2020.  Le groupe qui comptait 360 000 utilisateurs parmi ses rangs, mettait en doute la légitimité de l’élection en diffusant la théorie du «Big Lie».

Pour Twitter, c’est seulement 2 mois après l’attaque que l’ex CEO Jack Dorsey affirma que la plateforme avait effectivement joué un rôle dans la diffusion de fausse informations et dans l’organisation de cette attaque. Twitter avait misé sur des pratiques de marquage de tweets et de déréférencement. 

Lorsqu’un tweet contenait des informations trompeuses au sujet de l’élection, il était étiqueté d’un avertissement. Une autre mesure plus radicale a été mis en place d’octobre 2020 jusqu’à l’élection. Si certains messages de personnalités politiques et/ou influentes contenaient des propos non vérifiés et trompeurs, une bannière contenant un avertissement sur le contenu empêchait de lire le tweet. Les tweets ciblés étaient privés d’interactions (retweet, like, commentaire). En amont de l’élection, Twitter avait décidé début 2020 d’instaurer des messages de fact checking à la fin des tweets contenant du contenu trompeur.

@realDonaldTrump sur Twitter

Des baisses de vigilance sous l’impulsion de la liberté d’expression 

Après l’annonce des résultats, Facebook était soulagé. L’opération s’était déroulée sans encombre. Certaines mesures, temporaires, ont donc été retirées.
Facebook a décidé de démanteler la cellule Civic Integrity Team composée d’experts qui détectaient et combattaient la désinformation et les discours haineux. Ces changements ont commencé à inquiéter plusieurs employés du réseau social. A partir de la fin des élections, certains employés ont remarqué que le nombre de signalements pour des messages contenant de fausses informations augmentaient fortement. 
Des documents internes, révélés par la lanceuse d’alerte Frances Haugen, ont soulignés les manquements de Facebook en termes de lutte contre la désinformation et d’incitation à la violence ayant joué un rôle dans l’attaque du Capitole.
Des pistes d’amélioration du règlement ont été proposées pour contrer la désinformation mais déclinées par la hiérarchie. L’une des raisons avancées par la direction est que cela ne ferait qu’augmenter le nombre de signalements erronés et diminuerait l’engagement sur la plateforme. Comme précisé par Haugen lors de son témoignage au Sénat, Facebook semble vouloir faire passer son « profit avant la sécurité » et « avant la population ».

Image par El Sun de Pixabay

La suppression du groupe StopTheSteal n’a non plus été d’une grande efficacité. Cela donna un boost de popularité aux groupes moins importants contenant des propos #StoptheSteal. Les membres du groupe d’origine se sont juste dispatchés. StopTheSteal était bien plus qu’un groupe Facebook et la plateforme n’a pas vraiment œuvré à contrôler et signaler ces groupes complotistes. 

Sur Facebook, les algorithmes jouent un rôle majeur dans la diffusion de ces fausses informations. Dans les documents révélés, il a été confirmé qu’il n’a fallu que 2 jours pour qu’un utilisateur, suivant quelques personnalités/médias conservateurs, ait des recommandations conspirationnistes et 1 semaine pour que des contenus du groupe QAnon lui soient recommandés.

L’une des révélations majeure des Facebook Files était la mise en place d’une politique de fact-checking XCheck permettant de limiter les faux signalements de comptes. Certaines personnalités politiques et comptes les plus suivis bénéficiaient d’une vérification des signalement à part. Cependant, certaines de ces personnalités soumises à ce système se retrouvaient «whitelisted» et exemptées du règlement de Facebook : «Contrairement au reste de notre communauté, ces personnes peuvent enfreindre nos normes sans aucunes conséquences».

De son côté, Twitter a aussi failli. 
Il n’a pas su prendre en considération les avertissements de ses employés sur les risques de la mauvaise gestion de la désinformation et des incitations à la violence sur la plateforme après les élections de 2020. Malgré les efforts et les signalements reportés par Twitter Safety Policy team, en charge de la rédaction du règlement de la plateforme, aucune mesure supplémentaire n’a été prise. Les dirigeants semblaient plus inquiets de déclencher la colère des supporters du président sortant plutôt que de préserver le discours électoral (Draft Comittee Report, The Washington Post, 2023).

Un règlement proposé par la Twitter Safety Policy team visant les messages qui incitaient indirectement à la violence («coded incitement to violence» CIV) n’a pas été retenu par les dirigeants, considérant que les messages visés pouvaient être interprétés dans un autre contexte. Le supposé règlement portait notamment sur ce message: «stand back and stand by». Il avait été utilisé par le président Trump pour s’adresser plus tôt dans l’année au groupe d’extrême droite Proud Boys connu pour ses idées fortes et ses comportements violents. Peu de temps après, cette expression était devenu le cri de ralliement de groupes de supporters Trump sur Twitter.

Twitter a pris l’initiative d’écouter les signalements déposés par des organisations comme Fair Fights luttant pour des élections justes aux États-Unis. Ces tweets, directement liés à l’incitation à la violence au nom d’une élection truquée, ont reçu des avertissements mais n’ont cependant pas été retirés. Pour Twitter, ces messages restaient dans le cadre de la liberté d’expression et n’avaient en aucun cas dépassé les limites du règlement.
Twitter montre ici des signes de relâchement quant à la gestion des messages haineux et de la désinformation.

Un rapport de la MDPI révéla qu’afin d’éviter les signalements, des hashtags contenants des fautes étaient utilisés massivement. Des tweets relatifs aux suspicions de corruption des Biden utilisaient majoritairement le #bidencrimefamiily plutôt que #bidencrimefamily. Cela devait déjouer les mesures mises en place par le règlement de la plateforme tout en ralliant les supporters autour de théories conspirationnistes.

@realDonaldTrump sur Twitter

Le 19 décembre 2020, Trump écrivait : «Big protest un D.C. on January 6th». Par la suite, le nombre de tweets utilisant les CIV «locked and loaded» et «civil war» ont augmenté de manière exponentielle.

Selon un ancien employé de la plateforme, il a fallu attendre l’attaque du 6 janvier 2021 pour que Twitter demande à la Safety Policy team de mettre en place en urgence la CIV Policy. Cependant, toujours incomplète dû à son blocage quelques mois plus tôt, son application était imparfaite.

Au Capitol, les attaquants documentaient leur avancée sur Twitter, obligeant les responsables de la modération à supprimer/bannir en direct les contenus et hashtags problématiques. D’autres hashtags, remontés dans les tendances, ont dû être déréférencé comme #CivilWar.

Une prise de conscience sur l’importance de la désinformation et de l’incitation à la haine ?

Donald J.Trump sur Facebook

Dani Lever confirme la suppression des contenus ayant comme la mention StoptheSteal dès l’instant de l’attaque ainsi que la suspension du compte de Donald Trump pendant 24 heures. Comme l’a annoncé Facebook, cela fut étendu à 2 semaines puis à une durée indéterminée. 

C’est finalement il y a un peu plus d’un mois, le 17 mars 2023, que l’ancien président fait son retour avec une vidéo et 3 mots : I’M BACK !


Facebook s’est engagé à renforcer l’obligation des administrateurs de groupes de vérifier les messages postés, à désactiver les interactions sur les posts provenant de groupes avec des taux élevés de discours haineux/violents et à déréférencer les contenus qui enfreindraient les règlements.

Après l’attaque, Twitter a suspendu le compte @realDonaldTrump (une première fois pendant 12 heures puis de manière permanente). Fin 2022, après l’arrivée d’Elon Musk à la tête de Twitter, son compte a été à nouveau débloqué. Plus de 70000 comptes ont été bloqués, des mesures ont été ajoutées à la Civic Integrity Policy, les comptes affiliés aux contenus conspirationnistes ont été déréférencés et certains sujets ne pourront plus apparaître dans les tendances.

Bien que les attaquants présents au Capitol ainsi que Donald Trump sont responsables de leurs actions, il est clair que les réseaux sociaux ont joué un rôle majeur dans la préparation en amont de cet évènement. Même si le January 6th Comittee a décidé de s’attarder sur la responsabilité de Trump, cette affaire aura été l’opportunité pour ces grands réseaux sociaux d’être mis face aux conséquences de leurs décisions.

Margot Brenier


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https://blog.twitter.com/en_us/topics/company/2020/suspension

L’économie de la célébrité à l’ère des réseaux sociaux : impacts et nouvelles tendances dans l’industrie du la K-Pop

Source : Alexander Shatov

Si vous utilisez des réseaux sociaux, vous avez probablement déjà entendu parler de la K-pop. En effet ce genre musical né en Corée du Sud dans les années 90 est extrêmement présent sur toutes les plateformes sociales, notamment grâce aux fans de ces chanteurs de pop coréenne que l’on appelle « idoles ».

La K-Pop et sa fulgurante montée en popularité

Caractérisée par des vidéos extravagantes aux grands budgets, des chorégraphies détaillées et des productions musicales uniques et variées, la K-Pop a su séduire un bon nombre de fans, et ce depuis des décennies. Néanmoins, durant ces dernières années, le genre a franchi un nouveau seuil de popularité en devenant une industrie internationale faisant succomber toutes les barrières géographiques : 89 millions de fans dans 113 pays, des tournées mondiales, des apparitions dans les plus grands festivals de musique (Coachella, Lollapalooza), de nombreux prix (Grammys, BBMAs, VMAs…), etc.

Et l’une des explications derrière cette montée rapide en popularité réside dans les réseaux sociaux. Mais comment les réseaux sociaux ont-ils transformé l’industrie du divertissement sud-coréenne, notamment dans des logiques d’économie de la célébrité ?

Une économie de la célébrité déjà présente…

« La célébrité, c’est l’avantage d’être connu de ceux qui ne vous connaissent pas »

Nicolas de Chamfort, poète et journaliste français.

Les célébrités sont dotées d’une influence parasociale, qui est un type de relation sociale à sens unique dont une personne peut faire l’expérience vis-à-vis d’une personnalité publique ou d’un personnage de fiction. Le fan peut ainsi développer des sentiments d’amitié, même sans existence de réelle interaction directe.

En Corée du Sud, cette influence était déjà assez forte avant les réseaux sociaux, avec une industrie de K-Pop prônant une apparente proximité entre les fans et les artistes en multipliant les apparitions de ces derniers : émissions de variété, séances de dédicace, téléréalités, publicités télévisées… Les artistes deviennent des professionnels du divertissement pour leurs fans, et sont ainsi déjà au centre d’une économie de la célébrité dans laquelle le fan est prêt à consommer toute sorte de contenu dès lors qu’elle est en lien avec sa star favorite, faisant tourner une économie.

… mais renforcée par les réseaux sociaux

Les médias sociaux introduisent de nouvelles opportunités de relations parasociales, car ils tendent à jouer sur des interactions fréquentes, plus personnelles et parfois réciproques entre les célébrités et leurs fans. En profitant de cette nouvelle opportunité, l’industrie de la K-Pop s’est approprié l’usage de ces réseaux (TikTok, Instagram, Twitter, Youtube) et est parvenue à en faire profit grâce à des stratégies inédites et créatives pour gagner en exposition et entretenir des relations solides avec leurs fans, notamment en postant régulièrement du contenu donnant aux fans un sentiment de proximité : vlogs, lives, challenges, sketchs, documentaires, multiplication des shows de variété et émissions de téléréalité…

L’objectif est rempli : partager leur quotidien et se positionner comme un ami pour des fans de plus en plus fidèles, grâce à des contenus viraux produits en parallèle de leur carrière musicale ; chose qui était auparavant compliquée alors que la promotion des artistes reposait essentiellement sur des méthodes traditionnelles telles que les apparitions télévisées ou les interviews à la radio.

Les fans, fidèles à leurs idoles vont alors les soutenir quoiqu’il arrive, en achetant leurs albums, places de concert, en votant, etc.

Les différentes agences et leurs stars, en maîtrisant parfaitement leurs contenus et leur viralité, sont ainsi devenus expertes dans ce domaine de la présence en ligne, et ont su s’imposer comme des personnalités à la réputation extrêmement solide : en date du 30 avril 2023, Lisa des Blackpink est l’idole de K-Pop la plus suivie et la 38e célébrité la plus suivie au monde sur Instagram, avec 92.9 millions d’abonnés. Elle est suivie par V des BTS, deuxième star coréenne et 82e mondialement avec 58.6 millions d’abonnés.

Les réseaux sociaux, un moyen de rassembler les communautés de fans

Ces très larges bases d’abonnés sont principalement constituées de fans, qui vont s’organiser en communautés – ou « fandoms » – sur les réseaux sociaux afin de pouvoir soutenir au mieux leurs artistes qu’ils considèrent et tiennent en estime. Ils vont ainsi agir à leur échelle comme des promoteurs de leurs idoles favorites sur les réseaux sociaux : discussions entre fans, hashtags hissés dans les tendances, comptes fans écrivant sur l’actualité d’un groupe… En 2020, Twitter a enregistré 6.7 milliards de tweets liés à la K-Pop.

Les agences, quant à elles, ont su déceler le potentiel de ces communautés de fans motivés et ont alors décidé d’investir dans de nouveaux moyens pour faire tourner cette économie de la célébrité, en les réunissant autour de contenus exclusifs. C’est ainsi qu’ont été créés Vlive puis Weverse, deux réseaux sociaux dédiés exclusivement aux interactions entre artistes et fans, qui leur permettent d’échanger dans des cadres plus intimistes et donc de préserver ce sentiment de proximité. Les artistes peuvent y poster des messages courts, répondre aux posts des fans, faire des lives pour parler de leur quotidien avec leurs fans. Sur chacune de ces plateformes, chaque artiste a un compte auquel le fan peut s’abonner, et ce dernier peut même profiter de plus d’avantages en payant, notamment en achetant une adhésion au fanclub de leur artiste favori.

De nouvelles opportunités pour les artistes

Les réseaux sociaux représentent aussi des opportunités inédites pour les artistes. Tout d’abord la nature même des réseaux, reliant les quatre coins du monde, a permis aux artistes de gagner en renommée grâce à la musique, en accédant à des marchés qui n’auraient pas été envisageables sans une présence physique lors de tournées ou autres évènements.

Les stars sont aussi devenues des marques à part entière dans cette économie de la célébrité, et peuvent générer des revenus grâce des activités annexes, car leurs fans seront prêts à soutenir tous leurs projets et produits (G-Dragon et sa marque de mode, IU et sa marque de cosmétiques…).

Cette logique est aussi valable pour les partenariats de plus en plus communs, à une ère où les marques sont de plus en plus disposées à digitaliser leur marketing en collaborant avec des célébrités aux grandes bases d’abonnés. Les idoles de K-Pop sont ainsi en haut de leur liste grâce à leur popularité sans précédent auprès des fans, qui peut faire augmenter considérablement les ventes de n’importe quel produit. Cela passe par des posts sponsorisés, ou même des contrats d’endorsement de plus en plus nombreux et prestigieux : Jungkook (BTS) pour Calvin Klein, Hanni (New Jeans) pour Gucci, Lisa (Blackpink) pour Céline, Cha Eun Woo (Astro) pour Dior, etc.

Les célébrités coréennes ont également la possibilité d’utiliser leur plateforme en tant que leader d’opinion pour sensibiliser à des causes sociales et des campagnes de bienfaisance, créant un impact positif dans la société. Par exemple, à la suite d’un don d’un million de dollars du groupe BTS au mouvement Black Lives Matter, leur fandom ARMY s’est organisé sur les réseaux sociaux grâce à l’hashtag #MatchAMillion, et a réussi à doubler la donation pour le mouvement par ses propres moyens.

Une exposition plus grande aux dérivés liées à la réputation et à l’économie de la célébrité

Néanmoins l’impact des réseaux sur l’industrie du divertissement coréen n’est pas que positif. En effet ils introduisent une plus grande pression pour les idoles quant à le gestion de leur statut de célébrité.

Les scandales et controverses, notamment, sont beaucoup plus visibles et impactantes en raison des réseaux sociaux, poussant les stars doivent à faire très attention à chacun de leurs gestes au quotidien, car ils sont observés.

Cela est dû en partie au fait qu’avec de cette logique d’interaction extrême, les fans peuvent développer un sentiment de droit sur la vie privée et les actes de leurs idoles : ils sentent que ces derniers ont besoin d’eux et leur doivent beaucoup au vu de leur implication incomparable, et vont donc se servir des réseaux sociaux pour exprimer leur possessivité ou leur mécontentement sur chacun de leurs actes, mêmes anodins ; allant parfois à critiquer l’apparence d’idoles s’écartant des standards de beauté. Des fans extrêmes vont même aller jusqu’à les suivre, à leur envoyer des lettres de menace, ce qui peut détériorer les relations.

Beaucoup vont les considérer comme des marchandises qui ne peuvent pas s’écarter d’une vision idéalisée que les fans ont d’eux. Cette pression est telle que l’industrie a connu plusieurs cas de suicides, alors que les idoles supportent de moins en moins la pression et les critiques du milieu, et que certains commencent à exprimer leur mécontentement.

Il est donc clair que les réseaux sociaux ont énormément apporté au milieu de la K-Pop en renforçant l’impact des artistes et leur proximité avec les fans ; néanmoins cela peut se faire à leurs dépens car ils peuvent souffrir de cette ouverture au monde, qui introduit plus de pression et les prive de certaines libertés. Il est donc nécessaire que les agences fassent le nécessaire afin d’assurer leur bien-être, en imposant des limites et en adaptant leur comportement à cette nouvelle ère connectée.

Article de Wendy Mbango.

Sources

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  • #KpopTwitter achieves new record of 6.7 billion Tweets globally in 2020, Twitter Blog.
  • List of Most-Followed Instagram Handle in World, Sacnilk.com.
  • K-Pop 2023: A Look at the Statistics Behind the Music, Gitnux.

Cinéma et jeu vidéo : deux arts irréconciliables ? 

Tomb Raider, Silent Hill, Assassin’s Creed, Uncharted…depuis la sortie de Super Mario Bros dans les années 90, les jeux vidéo sont régulièrement adaptés pour le grand écran. Une source d’inspiration inépuisable  pour l’industrie du cinéma, comme en témoigne la sortie d’un nouveau film – un dessin animé cette fois – consacré au petit bonhomme à casquette rouge. Bien que ces aventures épiques soient souvent controversées, elles témoignent de la popularité croissante des jeux vidéo en tant que source d’inspiration pour l’industrie cinématographique.
En 1998, les frères Le Diberder déploraient déjà les « résultats lamentables » des adaptations cinématographiques de jeux vidéo, à l’instar de  Final Fantasy: The Spirits Within, fustigé à la fois par  la critique et les fans du jeu. Beaucoup justifient  ces échecs par les faiblesses des jeux d’origine. Néanmoins,  il serait pertinent de s’interroger davantage sur les différences fondamentales entre ces deux médias qui les rendent incompatibles.

Le risque de vouloir faire plaisir à tout le monde

Les franchises de jeux vidéo sont devenues de véritables phénomènes de société, avec des communautés de joueurs actives et passionnées. De nombreux cinéastes y voient donc  une opportunité de « surfer » sur la notoriété déjà bien installée de certains univers, tout en attirant un nouveau public par le cinéma, un média plus accessible. Ainsi, si des films comme Resident Evil ou Assassin’s Creed ont connu un certain succès au box-office, c’est notamment parce que ces deux licences étaient  déjà bien connues du grand public. Elles ont ainsi pu compter sur un public de curieux, non initié, mais aussi sur  leurs  fans, présents pour  s’assurer de la fidélité du film au jeu d’origine.
Par ailleurs, adapter une licence au cinéma permet de démocratiser le jeu vidéo auprès du  grand public. Mais ce double ciblage, qui espère transformer les cinéphiles en gamers et inversement,  pose problème. En voulant faire plaisir à tout le monde, bon nombre de réalisateurs et scénaristes se sont perdus concernant la direction à donner à leur adaptation, donnant lieu à des maladresses mémorables. C’est notamment ce qui a été reproché à la première adaptation de Super Mario Bros au cinéma, en 1993 : en voulant constamment rappeler l’œuvre originale tout en le rendant accessible, beaucoup de références se sont retrouvées placées aléatoirement dans le film et sans vraiment de réflexion. Dans leurs critiques, de nombreux  fans de la franchise ont été même jusqu’à les  juger « ridicules ».

L’art subtile d’adapter avec succès les jeux vidéo au cinéma 

La narrativité

Dans l’un de ses écrits, l’universitaire américain spécialisé dans les médias, Henry Jenkins, explique que l’adaptation cinématographique des jeux vidéo est un exercice complexe car certaines caractéristiques propres à ce médium ne sont pas facilement transposables à l’écran. En effet, contrairement au cinéma, où la narrativité est au cœur de chaque construction, les jeux vidéo offrent une grande liberté au joueur qui peut influencer le déroulement de l’histoire. Cette spécificité particulièrement importante pour les joueurs, est difficile à reproduire dans un film où la narration est prédéterminée.

Au cinéma, le récit est essentiellement séquentiel ou linéaire et influence donc la façon dont le film est perçu et compris, ainsi que les choix esthétiques du réalisateur. Les films utilisent des techniques cinématographiques telles que les dialogues et les cinématiques pour raconter l’histoire de manière cohérente. Le public est ainsi un observateur passif, qui suit le déroulement du récit sans avoir de prise sur son issue.

Dans les jeux vidéo, en revanche, la narration est souvent non-linéaire, le joueur est un participant actif à la construction de l’histoire. Cela crée une différence majeure dans la construction du scénario par rapport au cinéma, où la narration est essentiellement linéaire et le public est un observateur passif. En outre, le temps de jeu d’un jeu vidéo, qui peut s’étendre sur 15 à 30 heures, contraste avec la durée d’un film, qui est généralement comprise entre 1h30 et 3h, limitant ainsi la possibilité de développer des personnages et des émotions complexes.

Pour les frères Le Diberder, auteurs de « Qui a peur des jeux vidéo », ce sont ces différences en termes de structure narrative qui créent un fossé entre cinéma et jeux vidéo.

L’interactivité

Ce fossé est renforcé par la présence (ou l’absence) d’interactivité. En effet, bien que la dimension narrative existe au sein des jeux vidéo, elle se retrouve éclipsée par ce que l’on peut appeler « l’interaction narrative » qui correspond à la notion de « jouabilité ». 

Et pour cause, le gameplay des jeux vidéo, qu’Alexis Blanchet (enseignant et chercheur français en cinéma et nouveaux médias) définit comme « l’agencement des règles imposées par le jeu et les possibilités d’appropriation de ces règles par le joueur » dans son ouvrage « Des pixels à Hollywood : cinéma et jeu vidéo, une histoire culturelle et économique » est difficilement imitable pour le cinéma. En effet, des mécanismes tels que le choix des dialogues et les embranchements narratifs ne peuvent pas facilement être reproduits au cinéma.

Dans son article consacré aux relations entre cinéma et jeu vidéo, Sandy Baczkowski conclut simplement que « On ne regarde pas un jeu, on y joue. On ne joue pas à un film, on le regarde » : devant un film, nous sommes des spectateurs, tandis que devant un jeu vidéo nous sommes de véritables joueurs. Ainsi, un jeu vidéo pourra, par exemple, offrir plusieurs histoires ou fins différentes selon les interventions du joueur, tandis que les films ont une fin unique pour tous les spectateurs.

L’immersion dans l’espace-temps

Au niveau de l’espace-temps, là aussi les deux médias diffèrent : lorsque le cinéma se caractérise par une proposition d’un récit en image, le jeu vidéo, quant à lui, est un univers numérique dans lequel les joueurs sont amenés à plonger, s’immerger voire s’enfermer pour vivre des aventures hors du temps et de l’espace. En effet, ils se déplacent au sein de l’espace et ainsi du temps, libérant le présent du jeu pour répondre à une logique de mémoire virtuelle. Le cinéma sollicite donc principalement le regard, la vue, tandis que le jeu vidéo correspond également à une dimension tactile et corporelle.

Des convergences indéniables :  le cinéma transludique

Ainsi, il paraît évident que le cinéma et le jeu vidéo répondent à des logiques qui sont, par essence, différentes à plusieurs niveaux, rendant impossible l’adaptation d’un jeu vidéo en film. 

Néanmoins, on observe ces dernières années que des convergences entre le cinéma et la vidéoludique apparaissent et se renforcent. Au cinéma, les expériences sont de plus en plus immersives : on parle alors de « remédiatisation », que Jay David Bolter et Richard Gursin définissent dans leur ouvrage « Remediation : Understanding New Media », comme la reprise des formes et techniques d’un média par un autre. On constate qu’au cinéma apparaissent des stratégies de remédiatisation pour créer davantage d’immersion pour le spectateur. Les réalisateurs utilisent des techniques de narration spécifiques pour immerger le public dans l’histoire, grâce au montage, à la mise en scène, etc… Ces techniques sont accompagnées par les avancées technologiques de ces dernières années, telles que la 3D, la 4D, les effets spéciaux, le son spatialisé, la technologie Dolby Atmos, la VR, etc… Par exemple, le film de Christopher Nolan, Dunkerque, transporte les spectateurs directement dans l’action des événements de la Seconde Guerre mondiale grâce à sa narration non linéaire, combinée à une cinématographie immersive et à une bande sonore stressante. 

A partir de ce phénomène, Martin Picard théorise l’idée de « cinéma transludique » dans sa thèse intitulée « Pour une esthétique du cinéma transludique : Figures du jeu vidéo et de l’animation dans le cinéma d’effets visuels du tournant du XXIe siècle ». Il définit ce concept comme une forme de cinéma qui aurait plus à voir avec l’esthétique des jeux vidéo et des nouveaux médias en général qu’avec les codes cinématographiques classiques du cinéma. Un film transludique reste un film « traditionnel » du fait qu’il comporte un récit avec un début, un milieu, une fin, axé sur la progression d’un ou plusieurs personnages. Les spectateurs ne peuvent donc pas intervenir dans l’action et avoir un impact sur son déroulement. Néanmoins, il intègre des éléments vidéoludiques dans sa narration et sa mise en scène et s’impose donc comme le résultat de la convergence de différentes influences, notamment à travers l’attitude ludique qui permet d’impliquer davantage le spectateur sans pour autant lui donner la maîtrise du récit, tout en conservant des conceptions et des idées qui existent depuis toujours au cinéma.

Anne-Lise Magnien

Sources

Picard M. (2009), Pour une esthétique du cinéma transludique

Marti Marc (2012), Jeux vidéo et logiques narratives

Maison des Sciences de l’Homme (2019), Culture vidéoludique !

Alix Odorico (2021), Ces raisons qui expliquent pourquoi les adaptations des jeux vidéo en film sont souvent ratées

Di Crosta Marida (2009), Entre cinéma et jeux vidéo : l’interface-film

Comment les deepfakes peuvent impacter la santé sur les réseaux sociaux ?

Vous avez déjà pu tomber sur la fameuse vidéo de Barack Obama insultant Donald Trump ou encore sur celle de Zelensky diffusée sur une chaîne d’information officielle ukrainienne. Certains adeptes du deepfake, s’amusent à inventer des visages qui n’existent pas, à parler à la place de personnalités publiques…

Cependant, l’usage du deepfake souligne des risques en termes de droits à l’image et désinformation de masse.

Le deepfake consiste en la création de photos, d’audios ou de vidéos utilisant le visage d’une personne existante ou non, rendus crédibles grâce à l’intelligence artificielle. Contraction de Deep Learning et fake, cette technologie repose sur les GANs (Generative Adversarial Networks), produisant un contenu très réaliste.

Le champ des possibles du deepfake s’élargit. Du visage d’une personne sur le corps d’un autre, à la création d’une personne qui n’existe pas ou encore à la possibilité de prendre l’apparence d’une personne sur une vidéo et de « cloner » sa voix, le Deepfake ne cesse de gagner en réalisme.

Cependant, nous pouvons nous interroger quant aux dangers auxquels les internautes sont exposés via l’utilisation de cette technologie. Rappelons que le premier Deepfake a été publié sur Reddit, plateforme sur laquelle un utilisateur mettait en scène des célébrités comme Natalie Portman ou Jessica Alba dans de fausses vidéos pornographiques. Une entrée plutôt fracassante…

Cette technologie est d’autant plus répandue par l’usage des réseaux sociaux et pourrait fortement nuire à la santé de tous.

De ludique à politique, comment peuvent-ils impacter la santé via les réseaux sociaux ?

L’impact sur le secteur de la santé

Commençons par l’aspect négatif :

L’influence des deepfakes sur la santé commence à préoccuper les experts.

Certains deepfakes sont utilisés pour compromettre la confidentialité des données de santé des patients. Les cybercriminels peuvent ainsi publier sur les réseaux des enregistrements vocaux ou des vidéos semblant provenir de professionnels de la santé ou autorité comme l’OMS mais qui sont en réalité des pièges à clics. Les risques sont qu’ils y fassent fuiter les données personnelles des malades.

D’un point de vue purement médical, une vidéo peut, par exemple, être diffusée et faire croire que quelqu’un a été guéri d’une maladie via un traitement spécifique. Un politique peut sembler dire ou agir à l’opposé des recommandations de santé publique…

Ces pratiques peuvent pousser à adopter des comportements préjudiciables, conduisant, qui plus est, à des fraudes à l’assurance maladie et des perturbations des soins de santé.

Par conséquent, il est important que les utilisateurs des réseaux sociaux soient conscients de la possibilité de deepfakes médicaux et qu’ils vérifient toujours l’authenticité des informations avant de les partager.

De surcroît, l’augmentation de deepfakes aux visages « parfaits » sur les réseaux va de pair avec l’accroissement du taux de chirurgie esthétique.

« En moyenne, sur cette tranche d’âge (18-34 ans), la proportion de femmes qui poussent les portes des cabinets de chirurgie esthétique est de l’ordre de 80%. »

Chirurgie esthétique : favorisée par les réseaux sociaux, la tendance explose chez les jeunes (rtl.fr)

Heureusement il n’y a pas que du mauvais au deepfake :

Parfois le trucage de voix peut être utilisée à des fins positives. La voix pouvant être trafiquée, certaines communications du secteur de la santé pourrait mieux « passer » aux yeux des utilisateurs.

« Si l’on prend l’exemple d’une campagne de santé publique, avec 2-3 % de personnes convaincues en plus, les Deepfake peuvent sauver des vies. »

Deepfake, entre réel progrès et enjeux éthiques (bpifrance.fr)

Par ailleurs, la langue des signes n’étant encore que très peu répandue, en particulier sur les réseaux sociaux, les deepfakes pourraient améliorer le quotidien de personnes atteinte de mutisme. Leur message pourrait avoir plus d’impact et entraîner plus d’engagement.

De plus, les deepfakes pourraient contribuer aux progrès de la science. Un des exemples relevés serait leur capacité à repérer des organes malades au travers de la radiographie, aidant ainsi les médecins à effectuer un diagnostic. Les réseaux sociaux pourraient alors y développer la diffusion de ces savoirs (pour les étudiants en médecine par exemple).

Images d’IRN générées grâce aux GANs

L’impact sur la santé mentale

Commençons à nouveau par le négatif :

Les deepfakes peuvent également avoir un impact sur la santé mentale des gens sur les réseaux sociaux.

Une personne peut être victime de cyberharcèlement et voir sa réputation salie par du deepfake utilisant son visage dans un contexte faux et défavorable. Ces risques touchent principalement les femmes pouvant être victimes de Revenge porn. Cependant, certaines victimes doutent de leur statut avançant qu’elles n’étaient pas réellement présentes sur ces vidéos et guérissent difficilement de ce traumatisme.

Par ailleurs, les deepfakes peuvent conduire à une usurpation d’identité de la part de cybercriminels se faisant passer pour d’autres via des notes vocales crédibles. Cette situation provoque une perte de confiance et instaure un climat de « paranoïa » .

D’autre part, il est désormais facile pour les utilisateurs de se créer une « fausse vie » et de « faux attributs physiques », qu’ils partageraient sur les réseaux sociaux. Des biais raciaux, sexistes et des critères de beauté « standards » inatteignables y sont, d’ailleurs, cachés sous la table. En effet, les deepfakes ont souvent tendance à blanchir, rajeunir ou vieillir les utilisateurs, à donner des traits plus fins pour une femme et inversement pour les hommes. Cette théologie de la perfection physique prônant le transhumanisme enferme les users dans un carcan de mensonges, complexes et de frustrations.

Le feed d’un jeune se voit donc de plus en plus lisse : une jeune femme magnifique dans un paysage de rêve alors que tout s’avère souvent truqué (fond vert). Cette surexposition constante au « parfait » pousse certains utilisateurs à ne plus se reconnaitre et à accepter leur faux visage à mesure que leur taux de likes augmente. Ce qui induit des troubles en termes de définition et limites de soi avec la question suivante : « Où s’arrête le vrai Moi, où commence mon faux personnage ». Pas étonnant que le taux de chirurgie esthétique augmente….

« Chaque fois que j’obtenais un “j’aime” sur une photo, je sentais ces endorphines comme si c’était moi, comme si quelqu’un que je connais aimait une photo de moi »

https://leclaireur.fnac.com/article/220141-apres-les-vraies-fausses-vies-sur-les-reseaux-sociaux-place-aux-vies-truquees-grace-a-lia/

Mais l’aspect positif donne un brin d’espoir :

Avez-vous déjà entendu parler de la Deepfake Therapie ? Une étude publiée dans la revue Frontiers in Psychiatry a mis en avant deux victimes d’agressions sexuelles dialoguant sur la plateforme Zoom avec leur faux agresseur, en présence de leur thérapeute. Elle s’est avérée fructueuse puisque l’une des victimes a vu ses stress post-traumatiques diminuer en une semaine. Précisons que l’agresseur s’exprime « avec empathie sans chercher à revictimiser le patient » . Ce type de plateforme existe déjà notamment DeepTherapy.ai, dans laquelle certains endeuillés parlent avec un défunt. Il faut cependant savoir limiter son utilisation car en faussant le vrai, certaines séquelles peuvent subsister. Cette pratique pourrait s’étendre de la médiation pour le divorce au harcèlement des enfants.

Certaines personnes n’arrivent pas à tourner la page concernant une personne étant donnée la visibilité que donnent les réseaux sociaux et cette pratique pourrait fortement les aider.

Conclusions et résolutions qui en découlent

Les deepfakes constituent donc le sujet emblématique des réseaux sociaux et de l’intelligence artificielle. Nous devons ainsi tenir compte de la portée de cette IA afin de protéger la santé de tous.

Heureusement, une réglementation vient encadrer les dérives des deepfakes.

Ainsi, l’utilisation de deepfakes pour tromper les internautes sur l’identité d’une personne peut être punie par la loi.

Aux États-Unis, par exemple, le Congrès a adopté la loi de lutte contre la cybercriminalité (Cybercrime Enforcement Act) en 2019, qui criminalise la production et la distribution de deepfakes dans le but de tromper ou de nuire à une personne. La loi impose des peines allant jusqu’à 10 ans de prison.

En France, les deepfakes peuvent être considérés comme de l’escroquerie ou de l’usurpation d’identité, voire de la diffamation, selon la loi sur la liberté de la presse. Ainsi, un deepfake non mentionné comme tel est illégal. La loi du 22 décembre 2018 relative à la lutte contre la manipulation de l’information permet de stopper la diffusion massive de désinformation.

Au niveau européen, le projet de règlement sur les services numériques (« Digital Services Act ») prévoit des mesures pour lutter contre les risques systémiques découlant des plateformes en ligne et moteurs de recherche, en particulier contre tout effet négatif sur le discours civique.

D’autre part, la Commission européenne a publié un code de conduite européen renforcé pour lutter contre la désinformation. Le Conseil de l’Union européenne a adopté une résolution en 2021 appelant à une réglementation renforcée des deepfakes pour lutter contre la désinformation et les menaces pour la sécurité.

Enfin, plusieurs solutions ont été développées par les grands acteurs du numérique pour détecter et lutter contre les deepfakes, comme le Deepfake Detection Challenge de Facebook, AWS, Microsoft et Partnership in AI, ainsi que la plateforme InVID pour aider les journalistes à détecter les vidéos truquées.

Désormais, il est obligatoire de préciser si un contenu est Deepfake ou non.

Cependant, cette réglementation pose également des défis en matière de liberté d’expression et de droits de la personne, la ligne entre manipulation de contenu malveillant et parodie étant souvent floue.

Ce qui importe donc le plus est d’être conscient que les réseaux sociaux ne sont pas la vraie vie…

Chirel Darmouni.

Sources

WeChat, l’application totale

En 2022, 1,3 milliards de personnes utilisent l’application de messagerie WeChat. Parmi ces utilisateurs, deux tiers sont localisés en Chine0. Sur l’App Store, l’application se présente comme représentant un véritable « style de vie » à part entière.

Créée en janvier 2011, WeChat est à l’origine une application mobile de messagerie textuelle et vocale. Le groupe Tencent, son créateur, est qualifiable de « géant chinois du numérique ». Dès 1998, le groupe lance la messagerie instantanée qui deviendra la plus populaire de Chine : OICQ, un clone d’ICQ (une messagerie développée en 1996 par Mirabilis, une entreprise israélienne), renommé par la suite QQ pour prévenir d’une déconvenue juridique. Les services en ligne gérés par Tecent s’étendent des réseaux sociaux aux jeux-vidéos, en passant par les services bancaires, du streaming vidéo, et aujourd’hui le cloud et l’intelligence artificielle. Avec Alibaba et Baidu, Tencent est l’une des plus grandes entreprises chinoise travaillant dans le numérique. Elle est la plus valorisée du pays en 2022, à 375 milliards d’euros1.

WeChat tient son nom de Weixin, qui signifie « micro-message » en chinois2. L’objectif de sa création est de créer un concurrent de Whatsapp, déployable en Chine. Avec le temps, des fonctionnalités ont été ajoutées, et l’application est désormais irréductible à un système de messagerie. On pourrait imaginer une comparaison avec Line pour le Japon, Kakao Talk pour la Corée du Sud, Facebook ou Instagram pour l’Europe et l’Amérique. Mais l’application développée par Tencent s’étend au-delà de ces utilisations. Aujourd’hui, WeChat est indispensable au fonctionnement de la société chinoise. Si WeChat peut apparaître grossièrement comme une pâle copie de différents médias sociaux majoritairement utilisés en occident, c’est que l’on sous-estime le modèle pris peu à peu par l’application, entre complexité, omniprésence et presque-monopole sur le territoire chinois.

Lorsque Tencent développe QQ, elle ne prévoit pas immédiatement son adaptation mobile. Similaire à MSN, la messagerie commercialisée par Microsoft à partir de 19953, QQ s’utilise sur PC. Il a donc fallu adapter QQ aux services de téléphonie et aux mobiles, et lancer WeChat.

Mais alors, pourquoi WeChat s’est-elle immédiatement positionnée comme une messagerie mobile idéale pour les citoyens chinois ? Elle est le précurseur d’une technologie répondant parfaitement à un certain besoin des Chinois au moment de son déploiement : la messagerie vocale. En effet, les répondeurs n’existent alors pas chez les opérateurs chinois, ce qui obligent systématiquement les citoyens à appeler directement ou à écrire. Or, le mandarin permet difficilement une communication écrite, de par l’utilisation d’idéogrammes. L’adapter sous forme de clavier est difficile4, car la prononciation et le ton a un impact sur la signification d’un mot. Alors, les messages vocaux intégrés à la messagerie instantanée répondent à cette problématique, et permettent à WeChat de s’implanter rapidement dans le quotidien des Chinois, et ce dès 2011.

En 2012, WeChat met en place la possibilité de s’identifier via un QR Code, qui devient un identifiant numérique à scanner. L’application décide également de développer l’aspect social : elle lance la fonctionnalité « moments », qui permet aux utilisateurs de de partager des images, des liens ou des mises à jour avec des légendes. On peut ensuite y réagir, les liker, les commenter, et même partager des moments vidéo éphémères comme via les storys Instagram dès 2018. Mais WeChat ne met pas en place ces fonctionnalités de façons à étendre au maximum les réseaux humains (et donc sociaux) de ses utilisateurs : on ne peut ajouter une personne sur WeChat que si le contact nous a été transféré par un ami commun. L’autre possibilité est celle de scanner le QR Code affilié au compte d’un utilisateur directement sur son téléphone, et pour cela il faut être à proximité directe. On comprend donc la volonté de créer un réseau social dont les liens sont étroits, recréant en ligne une forme de sphère privée5.

La fonctionnalité official account, elle-aussi instaurée en 2012, permet à WeChat d’obtenir une dimension informative : des acteurs journalistiques, institutionnels, commerciaux, touristiques, scolaires, peuvent envoyer des messages push aux utilisateurs, et ainsi communiquer sur leurs actualités, informer, mais aussi transmettre des messages publicitaires. WeChat devient un média d’information, qui s’impose comme le 1er de Chine dès 2016, d’après « The 39th China Statistical Report on Internet Development »6, publié par le China Internet Network Information Center en 2017. Cependant, les acteurs privés ne sont pas les seuls à pouvoir utiliser la fonctionnalité official account. Les utilisateurs influents deviennent alors eux aussi producteurs de contenu médiatique.

WeChat Pay est instauré en 2013, et constitue un porte-monnaie électronique. Le fait d’instaurer un service de paiement déploie un nouvel aspect de l’application : elle inclut désormais l’acte marchand. Son but est de se diffuser dans tous les aspects quotidiens de Chine. Ceux qui ne trouvaient pas d’intérêt à utiliser un média social ou informationnel se voient contraints d’utiliser eux-aussi l’application, afin de pouvoir payer dans certaines circonstances. WeChat Pay est accepté dans toutes les boutiques de Chine, et même dans de grands magasins à l’étranger (tels que le BHV Marais ou les Galeries Lafayette à Paris). Le système des « enveloppes rouges » permetd’envoyer de l’argent virtuellement, dans le cadre de la tradition chinoise des hongbao, les étrennes échangées lors du nouvel an chinois. Désormais, ces enveloppes circulent toute l’année, pour faire circuler des sommes d’argent. Certains espaces de consommation ou lieux n’acceptent plus les paiements en espèces, le paiement dématérialisé via WeChat s’impose petit à petit, même chez les plus âgés qui se doivent alors d’être présents sur l’application. Seule AliPay, le système de paiement développé par Alibaba Group en 2004, tente de concurrencer WeChat Pay, mais il n’a pas la force qu’à WeChat en étant déjà intégré à une application complète.

Média social, d’information, service de paiement et d’identification, WeChat ne cesse de se déployer au sein de la société chinoise et est devenu un écosystème construit et structuré. Au-delà de sa propre structuration, WeChat est lui-même structurant pour les citoyens chinois, car c’est par lui que la quasi intégralité des actions numériques effectuées dans la journée vont passer. On peut désormais, via l’application, faire presque tout ce que l’on peut retrouver sous forme de service numérisé dans la vie quotidienne : effectuer des démarches administratives, acheter un billet de train ou un ticket de cinéma, commander un repas ou un taxi ou encore envoyer des mails professionnels à l’étranger. L’application constitue une aujourd’hui une agrégation des services7 : elle contient des « mini-programmes », des applications dans l’application elle-même8. Les entreprises externes à WeChat peuvent donc s’y retrouver pratiquement intégrées.

L’agrégation des services mis en place par WeChat crée une forte dépendance. Regroupant toutes les interactions sociales, les informations mais également les paiements et les aspects administratifs, WeChat se positionne comme une plateforme « totale ». En Chine, elle est utilisée pour tout, et par tous. Cette omniprésence centralise l’entièreté des données collectées sur les utilisateurs, et donc sur les citoyens chinois : ce qu’ils font et comment ils le font, qui ils fréquentent, ce qu’ils mangent, leurs habitudes de consommation, de déplacement, et de paiement. Or, dans sa chartre d’utilisation9, WeChat précise qu’il ne chiffre pas toutes les données collectées : l’application souhaite être en mesure de les « collecteur, utiliser, stocker et partager ».

Le réseau unique et structuré constitué par Tencent permet au gouvernement chinois de maîtriser l’organisation sociétale. S’il est un besoin de censure, de régulation, ou de transmission d’information, le Parti Communiste Chinois est en mesure d’agir directement sur tous ses citoyens par le biais de WeChat10. En plus d’avoir, par son intermédiaires, accès aux habitudes et aux pratiques de chacun. Toutes les applications mobiles et les mises à jour effectuées par le groupe sont soumises à l’État chinois avant leur mise en service, et ce depuis 202111. Depuis 2015, le géant chinois du numérique Tencent est autorisé par le gouvernement à développer un système de notation des citoyens, donc de crédit social12. L’entièreté des données fournies par WeChat constitue une base extrêmement précise d’informations sur les comportements, et donc d’évaluation potentielle. 

Le contrôle social exercé par le gouvernement chinois s’effectue tant via WeChat que dans la vie réelle. En d’autres termes, ce qui se passe sur WeChat en Chine affecte immédiatement les conditions de vie d’un de ses utilisateurs. Si l’État considère qu’un individu est problématique, il peut par exemple agir en supprimant son compte WeChat. Et, avec celui-ci, les sommes d’argents présentes sur le compte bancaire en ligne relié à WeBank, ou reçues lors des transitions WeChat Pay13. Cette suppression de compte peut également couper le citoyen de ses communications professionnelles, médicales et administratives. De la même façon, enlever de son propre cercle WeChat quelqu’un de problématique aux yeux du gouvernement ou s’étant simplement mal comporté, est désormais valorisé via le crédit social. Par tous les temps et en tous lieux chinois, WeChat est ainsi devenu le lien quasi-direct entre ceux qui contrôlent et surveillent la population chinoise, et ceux qui doivent se contenter de la constituer.

David Butow/Corbis via Getty Image

De MySpace à TikTok : les réseaux sociaux comme un eldorado de la promotion musicale

À l’ère du numérique, les médias sociaux font désormais partie intégrante de l’industrie musicale. Ce n’est plus un secret que les réseaux sociaux sont devenues un élément essentiel du marketing pour la promotion de la musique des artistes. Le premier réseau social lancé en 2003, MySpace, a d’ailleurs été construit sur la musique: de nombreux artistes ont utilisé cette plateforme pour promouvoir leur musique, partager des clips audio et vidéo, ou pour se connecter avec des fans et d’autres artistes. Le réseau est même devenu un élément clé de la promotion musicale à l’époque, avec des artistes tels que Arctic Monkeys, Adele, ou encore Lily Allen, qui ont été découverts grâce à la plateforme.Cependant, à mesure que les réseaux sociaux ont évolué, MySpace a été supplanté par des plateformes plus modernes, comme Facebook, Youtube, Instagram ou bien Twitter, qui permettent aux artistes d’atteindre de nouveaux publics et promouvoir leur musique plus efficacement que jamais. Aujourd’hui, c’est TikTok, qui reprend la place de l’outil de marketing puissant pour l’industrie musicale. Dans cet article, nous allons ainsi explorer la façon dont le secteur de la musique s’appuie sur les réseaux sociaux pour la promotion. 

Se faire connaître et développer la fanbase

La première chose à considérer est la façon dont ils peuvent être utilisés comme outil de communication pour les artistes. Les médias sociaux leur permettent de partager leur travail avec des fans potentiels en temps réel: ils peuvent obtenir un retour immédiat de la part de ceux qui écoutent ou regardent leur contenu en ligne. Les artistes nouent ainsi des relations avec les auditeurs, ce qui peut se traduire par une augmentation des ventes à terme – un élément clé de toute campagne de promotion réussie. De nombreuses fonctionnalités existent aujourd’hui sur les réseaux sociaux pour développer une communauté, comme les streamings en direct sur Instagram, Tiktok ou Twitch, où les fans peuvent s’impliquer directement en interagissant via des fonctions de chat. Par exemple, Adele a organisé son tout premier live “Q&A” sur Instagram, ou elle répond aux questions de ses fans pour la sortie de son album “30” en 2021: certains extraits font encore du bruit aujourd’hui!

Avant une sortie de projet, il est quasiment indispensable de “teaser” ce dernier sur les réseaux sociaux. En effet, de nombreux artistes publient des courts extraits sur les plateformes pour susciter l’intérêt; ces clips donnent juste assez d’informations sur le matériel à venir pour que les auditeurs soient intrigués – créant ainsi une anticipation autour des futurs projets. Par exemple, en 2020, le rappeur français Laylow sortait Trinity, un album qui a été vendu à plus de 10 000 exemplaires en première semaine: un résultat spectaculaire pour un artiste encore émergent à l’époque. Cette ascension fulgurante dans l’industrie musicale peut être expliquée par sa musique novatrice mais également par sa stratégie de marketing efficace. Celle-ci reposait sur la création d’une image forte et cohérente sur les réseaux sociaux qui se décline à travers sa musique, ses visuels, et ses collaborations artistiques. Ses clips recherchés publiés sur Youtube étaient l’un de ses principaux moyens de communication, qu’ils mettaient en avant sur ses réseaux sociaux via de courts extraits. Pour Trinity, il a procédé à un séquençage de la sortie des clips qui suit la logique de l’album. 

Trinityville – Laylow

Les médias sur les plateformes de réseaux sociaux  jouent également un rôle important dans la promotion de la musique, qui délivre des courts interviews d’artistes, ou promeut tout simplement la sortie d’un projet. On peut citer des médias digitaux, sur Instagram et Twitter comme Antidote, les Inrocks, Camino TV ou bien Raplume. 

En outre, les services de streaming tels qu’Apple Music et SoundCloud ont permis aux labels indépendants ou aux groupes non signés qui ne bénéficient pas du soutien d’une grande maison de disques, d’accéder à une exposition sans précédent grâce à des algorithmes spécialement conçus pour découvrir de nouveaux talents (ce qui n’était pas le cas il y a encore peu de temps). Les artistes émergents ont maintenant des opportunités disponibles sans coût, autre que le temps investi dans la création d’un contenu de qualité – leur permettant d’avoir un plus grand espace dans ce marché compétitif. On peut citer de nombreux talents connus grâce à Soundcloud, comme Jorja Smith, en passant par Billie Eilish ou bien Lil Uzi Vert. 

TikTok ou bien la nouvelle star de la promotion musicale

TikTok est une plateforme de médias sociaux permettant aux utilisateurs de créer et partager de courtes vidéos courtes. Lancée en 2016, l’application a connu une croissance exponentielle pour atteindre plus d’un milliard d’utilisateurs actifs mensuels dans le monde entier. Les utilisateurs de TikTok se prêtent à des vidéos de danse, lip sync ou bien des challenges, avec un audio souvent tiré de chansons tendances. Pour l’industrie musicale, TikTok est devenu un moyen puissant de promouvoir la musique et de lancer des artistes. Les chansons qui deviennent virales sur TikTok sont souvent propulsées au sommet des classements des charts musicaux, grâce à l’énorme audience de la plateforme. De nombreux artistes américains tels que Doja Cat ou bien Megan Thee Stallion ont tous connu une croissance rapide de leur popularité grâce à des musiques qui sont devenues populaires sur TikTok, notamment pendant la période de Covid. Des challenge de danse autour de sa chanson « Savage” de Megan Thee Stallion ou « Say So » de Doja Cat ont été crée et repris par de nombreux fans.

Say So – Doja Cat

Les maisons de disques et les promoteurs peuvent utiliser TikTok pour lancer des campagnes de marketing ciblées. L’application propose des services spécialisés tels que le suivi analytique, la conception de profils personnalisés, des campagnes promotionnelles ou bien des conseils en matière d’image de marque. Les artistes peuvent faire appel à des influenceurs ou à des célébrités très suivies sur diverses plateformes afin de faire connaître les prochaines sorties ou les événements liés à l’œuvre d’un artiste particulier. Cette méthode peut s’avérer très efficace, car elle permet à ceux qui n’ont peut-être pas eu l’occasion d’écouter la musique de l’artiste de découvrir ce qu’il crée de manière organique, tout en augmentant sa visibilité auprès des fans qui le connaissent déjà bien ! 

En conclusion

Les réseaux sociaux sont ainsi le nouvel eldorado de la promotion musicale pour les artistes. Tout bien considéré, il est clair que les plateformes jouent un rôle vital dans les stratégies de promotion modernes, et le fait d’avoir des profils actifs sur plusieurs réseaux est aujourd’hui presque incontournable pour  promouvoir votre musique. Si vous ne l’avez pas encore fait, c’est le moment idéal pour commencer à construire votre présence en ligne aujourd’hui.

Artemia S.

Les nouvelles sources d’informations sur les réseaux sociaux : l’exemple d’HugoDécrypte

En 2015, alors qu’il est en première année à Sciences Po, Hugo Travers, dit HugoDécrypte, crée sa chaîne YouTube, qu’il présente comme un média qui se veut ouvert aux jeunes et informatif via un traitement journalistique de l’actualité. 6 ans plus tard, il est à la tête d’une entreprise de 25 employés postant quotidiennement des condensés d’actualités sur TikTok, Instagram, Twitch, Snapchat, Twitter et même Spotify sous format audio. Aujourd’hui, son média semble avoir conquis les jeunes audiences sur les réseaux sociaux, alors que de nombreux médias s’interrogent sur la façon dont ils pourraient capter ce public réputé fragile et désintéressé.

De nouvelles formes d’information

A seulement 25 ans, le média HugoDécrypte compte à ce jour 1305 publications sur Instagram pour 2.5 millions de followers, 1400 vidéos sur Youtube pour 1.89 million d’abonnés et 266 millions de likes sur TikTok, pour 4.2 millions de followers. Le média est devenu le media par excellence sur les réseaux sociaux. 

Le média HugoDécrypte s’engage à rendre accessible n’importe quel sujet au plus grand nombre. Ce principe de vulgarisation permet à un jeune de 14 ans de comprendre et de s’intéresser à des sujets d’actualité. Sur le fond, un sujet pourra donc tout autant intéresser un adolescent que quelqu’un qui maitrise déjà le sujet.

Le concept de la chaîne est simple : Hugo décrypte l’actualité et les sujets de société qui intéressent les jeunes, en utilisant des exemples concrets et des images pour illustrer ses propos. Ses vidéos sont courtes, souvent moins de dix minutes, et vont droit au but. Il aborde des sujets variés, allant de la politique aux nouvelles technologies, en passant par les enjeux environnementaux ou encore les phénomènes de société.

La force du média est la compréhension des stratégies et enjeux propres à chaque réseau social. Chaque réseau à ses codes, son public est ses modes d’utilisation. Le média propose une réflexion stratégique sur les contenus qui seront diffusés. Sur Youtube, on retrouve les « Actus du jour » (entre 10 et 15 minutes d’infos par jour) ainsi que des reportages. Le vidéaste détient également une chaine secondaire à 900K abonnés sur lesquels il poste des grands formats, reportages, débats… Sur Instagram, il privilégiera des formats écrits (carrousels) intuitifs et visuels ainsi, que des courts extraits pour les Reels. Sur TikTok, il postera des formats courts et impactants. Le média compte également un compte Twitter et une chaîne Twitch sur laquelle Hugo anime un talk-show tout les mercredis.

Enfin, le fait de passer par ces canaux d’information renforce le degré de transparence entre le média et les consommateurs. Le manque de transparence sur la manière dont les médias traditionnels diffusent les informations leur est souvent reproché. Chez HugoDécrypte, les personnes qui suivent le média peuvent facilement faire un retour sur les contenus. Cela participe au maintien de la confiance envers le média.

Capter un public jeune et défiant par l’horizontalité 

Selon le 35ème baromètre de confiance dans les médias publié en janvier 2022 par Kantar & La Croix, la rupture entre la jeunesse française et les supports de radio, de télévision et de presse écrite s’accroît chaque année. Chez les 18-24 ans, l’intérêt pour l’actualité a chuté de 51 % à 38 % en l’espace d’un an. Cette jeune population estime également que certains sujets qui leur sont chers n’ont pas été assez traités par les médias traditionnels (comme le dérèglement climatique par exemple).

Ainsi, dans un contexte compliqué où l’actualité est négative, les 18-25 ans s’intéressent de moins en moins aux médias dits « traditionnels ». C’est là que les nouveaux médias, tels que HugoDécrypte, prennent de l’importance en s’implantant sur les réseaux sociaux où les jeunes se trouvent déjà. Ce qu’il représente correspond parfaitement à ce que les jeunes recherchent : des informations rapides, concises et expliquées par une personne sympathique de 25 ans. Alors que la fiabilité de l’information sur les réseaux sociaux était la principale source de méfiance, HugoDécrypte change la donne en se présentant comme fiable, transparent et pluraliste. Sa stratégie marketing est efficace; son public ressent une proximité et une spontanéité, alors que tout est en réalité minutieusement préparé. Selon Hugo Travers, le succès de son média repose sur la confiance mutuelle avec les internautes. En somme, cela pourrait être notre « pote ». Un « pote » que l’on peut peut retrouver sur la chaîne de Squeezie le lundi, puis sur sa chaîne le mardi en train d’expliquer le conflit israélo-palestinien.

Cette nouvelle façon de penser les médias, sur les réseaux sociaux, se caractérise par une approche horizontale. Contrairement aux médias traditionnels où l’information est diffusée de manière verticale, avec des experts et des journalistes diffusant l’information vers le public, les médias sur les réseaux sociaux impliquent davantage les utilisateurs dans la production et la diffusion de l’information. Les réseaux sociaux permettent une interaction directe entre les producteurs et les consommateurs, offrant ainsi une approche plus démocratique et collaborative. Cette approche permet aux utilisateurs de partager leur point de vue, de poser des questions, de discuter et d’interagir avec les autres utilisateurs, créant ainsi une communauté d’intérêts autour du média et une nouvelle façon de s’informer. Bien que l’envie de transparence et de dialogue entre un média et sa communauté ait toujours existé, elle s’est longtemps heurtée à un modèle de diffusion descendant où le média transmettait l’information et le public la recevait. Avec l’avènement des réseaux sociaux, il y a davantage d’horizontalité dans les échanges. 

Un virage à emprunter pour les médias traditionnels

Ainsi, si l’on suit le modèle à succès d’HugoDécrypte, la digitalisation des contenus proposés est primordiale à la survie des médias traditionnels. Depuis quelques années, on observe ainsi la transition des médias traditionnels vers les réseaux sociaux. Même si les médias traditionnels ne sont pas voués à disparaître, de plus en plus investissent les réseaux sociaux. Par exemple, le Monde a très rapidement proposé ses contenus sur les réseaux sociaux : Snapchat, Youtube, Facebook Instagram et plus récemment TikTok. Aujourd’hui, Le Monde compte 1.7m de followers sur Instagram, 1.54m d’abonnés sur YouTube et 800k followers sur TikTok. Dès lors, celui-ci s’ancre dans l’esprit des jeunes de 18-25 ans comme un média moderne et dans l’ère du temps.

Les médias traditionnels comme la télévision, la radio et les journaux ont des relations complexes avec l’utilisation du big data et la façon dont l’information est numérisée. Cela est dû aux opportunités de croissance que cela peut apporter mais également au chamboulement de leur business model. Tout cela a un impact sur la façon dont l’information est produite, consommée et payée.

Avec l’avènement des réseaux sociaux, la transition vers une nouvelle façon de fonctionner pour les médias est devenue presque nécessaire. Les médias doivent s’adapter à cette nouvelle réalité pour continuer à être pertinents et atteindre leur public. Cela implique des changements dans la façon dont ils produisent, diffusent et monétisent l’information.

Jean Pisanté


Bibliographie

Léa Iribarnegaray (20 Octobre 2020): « HugoDécrypte » et sa petite entreprise. LeMonde.fr. https://www.lemonde.fr/campus/article/2021/09/22/hugo-decrypte-et-sa-petite-entreprise_6095649_4401467.html

Astrid-Edda Caux et Rita Faridi (12 Octobre 2018): HugoDécrypte en long, en large, et en Travers. La Péniche. https://www.lapeniche.net/hugodecrypte-en-long-en-large-et-en-travers/

Kati Bremme (20 Janvier 2022): Baromètre Kantar-La Croix : les médias attendus comme acteurs de la démocratie. Méta-Média.fr. https://www.meta-media.fr/2022/01/20/barometre-kantar-la-croix-les-medias-attendus-comme-acteurs-de-la-democratie.html

Léa Iribarnegaray (05 avril 2022): Jean Massiet, HugoDécrypte, « Brut »… Comment de nouveaux producteurs d’infos captent les jeunes sur les réseaux sociaux. LeMonde.fr. https://www.lemonde.fr/campus/article/2022/04/05/jean-massiet-hugodecrypte-brut-comment-de-nouveaux-producteurs-d-infos-captent-les-jeunes-sur-les-reseaux-sociaux_6120599_4401467.html

Randa El Fekih (25 janvier 2023): Hugo Travers : « Seuls les médias qui réussiront leur transition en ligne survivront ». MediaConnect.com. https://mediaconnect.com/hugo-travers-seuls-les-medias-qui-reussiront-leur-transition-en-ligne-survivront/?lang=fr

Olivier Meier (05 juillet 2022): LES MÉDIAS TRADITIONNELS FACE À LA NUMÉRISATION DE L’INFORMATION. Management&datascience. https://management-datascience.org/articles/20406/

Randa El Fekih (25 janvier 2023): Hugo Travers : « Seuls les médias qui réussiront leur transition en ligne survivront ». MediaConnect.com.

Les bulles de filtre : une influence sociale et politique ?

Parmi les nombreuses critiques récentes issues de la presse occidentale du réseau social TikTok, revient souvent l’idée que l’application du géant chinois Byte Dance favoriserait la création de bulles de filtre, et ce bien plus que ses concurrents comme Facebook, Instagram, Twitter ou même LinkedIn.

L’existence des bulles de filtre

Concept souvent répandu au sein des presses presque lobbystes « anti réseaux sociaux » mais finalement assez peu démontré, la bulle de filtre est décrite par Eli Rider comme « l’état dans lequel se trouve un internaute lorsque les informations auxquelles il accède sur Internet sont le résultat d’une personnalisation mise en place à son insu ».

Ainsi, en utilisant diverses données collectées sur les utilisateurs, des algorithmes déterminent les contenus qui leur seront accessibles. L’expression « bulle de filtres » illustre l’isolement résultant de ce mécanisme : chaque utilisateur navigue dans une version unique du web, adaptée à ses préférences et créant donc une « bulle » personnalisée.

Stratégies d’audience et algorithmes

En conséquence de leurs modèles d’affaires centrés sur le contenu et la data, les grandes entreprises d’internet développent des stratégies d’audience reposant sur la hiérarchisation des pages web dictée par l’implémentation d’algorithmes, comme le Page Rank de Google, qui offre plus de visibilité aux pages les plus citées, liées et commentées. Et l’on retrouve également ces mêmes types de stratégies sur les réseaux sociaux.

Dans A quoi rêvent les algorithmes ? , Dominique Cardon explique que « les calculateurs reproduisent l’ordre social ».

Ces algorithmes trient et hiérarchisent les informations, sans que l’on sache précisément leurs composantes techniques. Ces actions ont des visées commerciales, en présentant aux utilisateurs des publicités adaptées à leur profil. On assiste donc à une « personnalisation » de l’information.

De plus, les algorithmes renforcent la culture du « winner takes all » : grâce aux recommandations, plus un contenu est vu, plus il sera suggéré à d’autres utilisateurs. Celui-ci entre alors dans un cercle vertueux (ou vicieux ?), au détriment des autres contenus qui sont complètement négligés. C’est pour cette raison que les algorithmes ont tendance à rendre certaines informations invisibles. Et ces derrière ces deux concepts que se cache celui de la chambre d’écho, au cœur du débat sur les bulles de filtre. Cette notion fait référence à l’idée que les réseaux sociaux, en créant un environnement cognitivement homogène, nous renvoient une image emprisonnant de nous-mêmes, validant ainsi nos opinions et croyances préexistantes et annihilant notre libre arbitre.

Renforcement de l’entre-soi idéologique et fragmentation de la réalité sociale

Ce constat un tant soit peu dramatique est susceptible d’entraîner des conséquences directs sur la politisation des individus. L’entre-soi idéologique serait donc favorisé par Internet et plus particulièrement par les réseaux sociaux. Les forums tels que « jeuxvideo.com » sont connus pour abriter une communauté d’extrême droite ou de droite radicale, créant une chambre d’écho où ces idées sont renforcées. Les utilisateurs opposés à ces idéologies évitent généralement ce site, ce qui explique le faible nombre de signalements. En revanche, Facebook et Twitter rassemblent des communautés et opinions diverses, ce qui peut entraîner des confrontations idéologiques et plus de signalements de contenus discriminatoires. De plus, les algorithmes de recommandation sur des plateformes comme Instagram ou TikTok maintiennent ces bulles en utilisant les traces numériques telles que les likes, les re-visionnages ou les commentaires sur du contenu d’extrême droite par exemple. Le contenu suivant sera alors influencé par ces traces. Cela conduit à une information biaisée, concentrée sur des thématiques réactionnaires, identitaires, racistes ou xénophobes.

En fin de compte, les individus se retrouvent dans une réalité fragmentée, contribuant ainsi à la segmentation de la société. Les groupes sociaux continuent d’exister sur Internet et l’idée d’un internet en dehors du monde est illusoire. Les nouvelles technologies ne modifient pas fondamentalement les rapports sociaux hors ligne. Les conflits et dynamiques sociales existent indépendamment de l’Internet. Les individus ont une existence sociale qui dépasse le contexte en ligne et leur comportement sur Internet est souvent influencé par leur réalité sociale et leur identité en dehors de la sphère numérique. Cependant, cette existence sociale est renforcée par ces réseaux. Pendant les années 2015 et 2016, marquées par une vague d’attentats terroristes en France, le nombre de signalements de contenus haineux en ligne a connu une augmentation significative. Les catégories de contenus les plus signalées étaient celles impliquant des « provocations publiques à la haine et la discrimination raciale, ethnique ou religieuse », des « apologies de crimes de guerre et contre l’humanité », ainsi que des « injures ou diffamations xénophobes ou discriminatoires ».  Cette corrélation entre les événements majeurs tels que les attentats et l’augmentation des signalements démontre en partie que les réseaux sociaux peuvent refléter voire amplifier les phénomènes sociaux qui se produisent à l’extérieur comme en témoigne l’augmentation des rixes mortels entre jeunes dans les quartiers populaires.

Au-delà des limites des bulles de filtre : la démocratisation de l’espace public

Ce constat ne doit cependant pas devenir dogmatique car Internet reste selon Dominique Cardon un des meilleurs moyens de démocratisation  de l’espace public. Dans La démocratie Internet, Internet est décrit comme le moyen d’un élargissement de l’espace public, favorisant sa démocratisation. L’auteur soutient que l’apparition de nouveaux acteurs dans l’espace public a entraîné la levée des obstacles qui bloquaient l’accès à la parole, et a multiplié des formes des expressions publiques plus subjectives, personnelles et privées via les réseaux sociaux.

« Internet pousse les murs de l’espace public, tout en enlevant le plancher ».

Internet a bouleversé la hiérarchie des émetteurs de savoir et de vérité, autrefois presque incontestable dans les médias de masse traditionnels. Aujourd’hui, l’autorité ne repose plus uniquement sur quelques institutions médiatiques établies, telles que les journaux, les chaînes de télévision et les radios. Internet a permis à n’importe qui de devenir un émetteur potentiel de savoir et d’informations. Les plateformes en ligne, comme les blogs, les réseaux sociaux et les sites web indépendants, offrent à chacun la possibilité de partager ses idées, opinions et connaissances avec un public potentiellement mondial. Cette démocratisation de la production de contenu a donné lieu à une multitude de sources d’information accessibles aux individus, renforçant en théorie l’idée de neutralité globale des réseaux. Cela remet en question les médias de masse, les nouveaux médias étant perçus à différents moments comme une avancée, une libération des formes de communication traditionnelles, favorisant une meilleure interconnexion entre les individus et un nouveau lien social.

Fractures informationnelles et polarisation du paysage médiatique

Si le marché de l’information s’est profondément transformé avec l’émergence des réseaux, les médias traditionnels restent assez consommés en particulier en France. Il semble donc intéressant d’analyser la polarisation de l’espace médiatique français pour comprendre les fractures informationnelles auxquelles contribuent les bulles de filtres des nouveaux médias.

Selon un rapport publié par l’Institut Montaigne, Bruno Patino, Dominique Cardon et Théophile Lenoir affirment que le champ médiatique en France est structuré selon un axe vertical, avec d’un côté les médias du centre et de l’autre les médias périphériques, tandis qu’aux États-Unis, il est polarisé selon un axe gauche droite horizontal. Cependant, quel que soit le pays, les réseaux sociaux proches du centre sont utilisés par une population d’individus diplômés de l’enseignement supérieur : « C’est en fait un monde social qui élargit le champ des dominants : hommes politiques, journalistes, urbains, etc. ».

Ainsi, cette polarisation se répercute sur les réseaux sociaux. Dans les médias du centre, les plus institutionnalisés, dont Twitter et Facebook sont relativement proches, la circulation de l’information fonctionne différemment que dans les espaces les plus éloignés de ce centre. Une fraction de la population se voit exclue de l’espace public prédominant où elle forge sa relation avec le monde, en s’opposant aux médias centraux. Les « fake news » résultent alors d’une opposition sociale entre le public central et le public périphérique. Pour qu’une fausse information soit crédible, elle doit être soutenue par une personne ayant une certaine autorité. Ce phénomène, appelé « blanchiment d’information » développé par Dominique Cardon, implique que des personnalités influentes légitiment cette information. Les « fake news » ne peuvent se propager que si des individus y croient, les diffusent, les ciblent et les adaptent pour les intégrer à l’agenda médiatique, souvent en créant une communauté. Les milieux d’extrême droite identitaires utilisent principalement cette tactique en diffusant des informations exagérées, manipulées ou sorties de leur contexte, renforçant ainsi les bulles de filtres et confortant leurs partisans. Et on assiste de plus en plus à un glissement dangereux de certains médias et réseaux sociaux.

Une influence palpable pour qui ?

En conclusion, Internet et les réseaux sociaux reflète nos comportements dans le monde réel en les modifiant légèrement. Si un individu évolue dans un environnement socialement homogène, fermé ou de niche comme les mouvements identitaires, la « bulle » aura une influence significative amplifiante. Nonobstant, beaucoup de progrès techniques offrent désormais la possibilité aux individus même marginalisés de retrouver leur libre arbitre par un contrôle technique des filtres.

Mais pour la majorité de la population, il est compliqué de prouver que les réseaux sociaux via les bulles de filtre emprisonnent les individus. Les réseaux sociaux formeraient en fait une multitude de communautés où les informations circuleraient entre elles via les liens faibles augmentant ainsi la neutralité. En outre, l’irrationalité psychologique des individus est telle qu’il est difficile d’affirmer avec certitude que les propositions de contenu des algorithmes exercent une grande influence sur nos comportement sociaux et politiques, pour une majorité modérée aux sources informationnelles diverses en tout cas…

Bibliographie

  • Dominique Cardon : A quoi rêvent les algorithmes ?
  • Dominique Cardon : La Démocratie d’Internet
  • Institut Montaigne : Bruno Patino, Dominique Cardon et Théophile Lenoir
  • ENS Lyon
  • Wikipédia
  • Le Monde
  • Le Bilan
  • Le Figaro
  • Radio France
  • L’Obs
  • France Culture
  • Libération
  • Le Parisien
  • Le Journal du Net
  • La Gazette des Communes
  • L’internaute

Un article écrit par Jonathan Lévy Guillain

The double-edged sword of medical crowdfunding campaigns on social media

Charlie Gard was born in August 2016 with a form of mitochondrial disease, a condition that causes progressive muscle weakness and brain damage. In order to cover the costs of a nucleoside therapy, Charlie’s parents turned to crowdfunding and opened a GoFundMe page. This campaign appeared to be one of the most successful crowdfunding initiatives online, receiving more than £1.2 million in donations in less than 6 months.

The trend of donation-based campaigns, called medical crowdfunding, is growing rapidly in recent years. It can be defined as the raising of funds from a large pool of donors for medical purposes through an online public appeal. While the earliest popular experiments in crowdfunding were in the music industry, crowdfunding websites such as GoFundMe, Kickstarter, and FundRazr are now mainly utilized for raising funds for medical needs. Due to the absence of geographic restrictions and their low transaction costs, those platforms enable patients in urgent need to set up campaigns and receive financial and emotional support from international contributors. It should be noted that the popularity of social media has become as a means for medical crowdfunding. Facebook, Twitter, WeChat, or TikTok enable crowdfunding projects to spread across as wide a range of people as possible in a faster way. Not only are social media convenient for donation, but a simple click of a button is also all takes to share the campaign to another community. Despite the apparent simplicity, medical crowdfunding on social media is not a risk-free practice.  Even though GoFundMe, the most used platform for medical crowdfunding, reported that all campaigns had raised $9 billion in 2019, the reality is that 90% of medical crowdfunding campaigns fail to reach their goal and most of them do not receive any funds. Therefore, medical crowdfunding on social media raises moral issues and reveals insights into questioning access to the healthcare system, particularly for those who struggle to get financial support.

Health-focused campaigns represent GoFundMe’s largest category of fundraising for personal use (Screenshot from www.gofundme.com)

When patients in need turn into content creators

Patients, who start crowdfunding campaigns,  undoubtedly face the tremendous challenges of the attention economy.  Indeed, content creators represent a minority of users, and most of the content posted online is only watched or not watched at all. When these crowdfunding projects are posted on social media where users are connected somehow, the project information can be extensively disseminated among the online community.

Therefore, reaching new people and enhancing the credibility of campaigns ask for digital skills and the implementation of brand content strategies. In this regard, GoFundMe even recommends fundraisers to start a Facebook business page, in order to reach an audience of potential donators and foster communication around their campaign. As crowdfunding on social media relies heavily on electronic word-of-mouth and the ability of fundraisers to make their posts go viral, campaigns’ success tends to reproduce the same strategies that earned media. Launching a business page on social media also lets them track their key metrics (reach, engagement, share rate, like rate) and get to know their audience.

One can easily understand how managing content and following look-alike marketing strategies is beyond the capability of most people. Studies have shown that media literacy and good storytelling play a major role in communicating deservingness, stimulating donations, or spreading the campaign to personal networks. In the context of China, mentioning traditional Chinese cultural values in family and “filial piety”, is likely to generate engagement among viewers. Thus, the way of communicating and being able to adapt to the audience directly impacts users’ trust in projects. When a project is more relatable, users are more likely to feel empathy and donate more money.

The (unfair) advantage of an extensive network

Even though well-tailored strategies offer valuable insights for the success of a crowdfunding campaign, evidence suggests that patients with preexisting large social networks tend to engage more donators, and most donations typically come from donors of the same socioeconomic class as them. As crowdfunding platforms offer an option to share campaigns through various channels, giving access to a broader audience of potential donors. Notably, different strengths of social relationships can affect people’s attitude and behavior. On the one hand, developing strong relationships with help seekers may generate  more empathy towards the projects, and make the audience be more likely to donate as well as to forward the project to other potential donors. On the other hand, studies argue that people with weak social relationships can help to spread the information factors among different groups of users and attract greater social attention from others.

Thus, “celebrity endorsement” could be another effective strategy for medical crowdfunding campaigns on social media. The influence of celebrities’ social capital facilitates peer-to-peer fundraising and the unleashing of “Star Power” to benefit the campaign. For instance, the success of Charlie’s Gard campaign on GoFundMe is partially attributable to significant media attention, not to mention the public support of prominent figures, such as D. Trump and Pope Francis, who drove a high rate of donation to this crowdfunding campaign.

While social media may appear to make raising funds online an easy task, it actually requires know-how, dexterity with technology, and access to a large social network. This ultimately reinforces the gap between people who are more likely to raise funds and those who are not.

Medical crowdfunding and its ethical implications

Accordingly,  the use of social media for crowdfunding presents ethical challenges as human rights can be undermined during those online fundraising campaigns.

Countries with significant socio-economic inequality, typically accentuated by a digital divide, further perpetuate injustices regarding raising funds online. Fundraisers with social privileges like high income, home ownership, and high educational attainment, are more likely to succeed in medical crowdfunding on social media, widening the existent social gap between fundraisers. Additionally, the voluntariness of patients is at stake, especially when they feel indebted, burdensome, or dependent on a caregiver. Indeed, most of them are either too young or too sick to start these campaigns, thus placing them in a vulnerable position. Decisions are made on their behalf by caregivers or family members who decide on the extent of the information to be shared to raise funding. In order to endorse the credibility of a campaign and stimulate donations, crowdfunding platforms encourage the disclosure of sensitive information, as well as the share of pictures and videos, on social media. Families may feel forced by this extensive online sharing strategy, leaving permanent footprints that could impact patients’ lives after recovery. While clinicians are accountable for respecting patients’ wishes and their privacy, it raises the question of whether it is acceptable to harm the family finances for the sole reason of preserving an individual’s autonomy.  Indeed, the rapid spread of information on social media could lead health professionals to face new dilemmas. One wonders whether doctors should be accountable for the accuracy of information posted online by the fundraisers since it can lead to conflicting ethical obligations towards what may be the best for the patient versus the expectations of a pool of donors.

Healthcare system is dead … long live to crowdfunding !

In addition to structural inequities among patients and these ethical issues, sharing medical crowdfunding campaigns on social media reflects serious flaws in the healthcare system, forcing people to turn to donation-based sources of funding.  Indeed, medical crowdfunding first arose in the United States, the United Kingdom, and Canada, where universal health insurance is limited to essential medical services, causing a high uninsurance rate. For instance, in 2009, 62.1% of all bankruptcies in the U.S. were caused by medical debt. Crowdfunding platforms grew rapidly in China as well, due to limited medical resources and disparities between urban and rural public healthcare systems.  Patients resort to crowdfunding for direct health care expenses because of shortfalls in medical insurance coverage, inadequate public health funding, and desperation caused by financial strain from life-threatening medical conditions. In this regard, many people try to convince donators to help them by tweeting their out-of-control medical bills on social media.

« We should not be the solution to a complex set of systemic problems »

Rob Solomon, former GoFundMe CEO

Considering crowdfunding platforms as an “ad-hoc safety net” may detract decision-makers’ attention from structural problems related to healthcare funding. Executives of those platforms are quick to point out that they are not built as a healthcare company: “We should not be the solution to a complex set of systemic problems”, recalled the former GoFundMe CEO in January 2019.  Indeed, they are for-profit. The relationship between them and the campaigners is transactional and may promote commodification of healthcare. In the past, those platforms have even demonstrated bias in donating to some while denying fee waivers to other charitable appeals, thereby enlarging the gap between successful campaigns. To some extent, crowdfunding on social media tends to reflect neoliberal values in which campaign success, virality, and even forms of care become the responsibility of individuals and their personal networks. By reproducing a competitive market environment, social media shift resource allocation according to medical needs toward distribution according to merit. In this sense, there is an urgent need for policymakers to monitor the use of online medical crowdfunding to identify unmet needs and prevent the diversion of attention from policy failures.

Laura Landrein


References:

Le scrolling infini : 200 000 vies par jour.

En 2020, Aza Raskin affirme lors d’une interview avec France info qu’il a calculé le temps que le scrolling infini avait perdre aux utilisateurs : « En durée, c’est l’équivalent de 200 000 vies par jour ! ». 

Depuis sa création en 2006 par ce dernier, le scrolling infini – ou déroulement infini – est devenu l’une des interfaces utilisateurs les plus courantes sur les réseaux sociaux. Contrairement à la pagination, elle permet aux utilisateurs de faire défiler du contenu sans interruption, à mesure qu’ils parcourent la page.

Une interface utilisateur particulièrement adaptée aux réseaux sociaux et aux smartphones

Les smartphones sont l’un des principaux moyens d’accéder à des sites Web et des applications utilisant le scrolling infini. En effet, ils sont souvent utilisés en mode portrait, ce qui permet un défilement plus naturel ; et leurs petits écrans, qui rendent la pagination plus difficile pour les utilisateurs, sont adaptés au scrolling infini.

En outre, le scrolling infini s’accorde particulièrement bien avec les réseaux sociaux. En effet, une limite du scrolling infini est de ne pas apporter de repère à l’utilisateur lors de sa recherche comme le fait la pagination. Les repères apportés par celle-ci, tels que le numéro de la page, sont utiles aux utilisateurs notamment dans le cadre des sites de e-commerce (pour retourner à un article précis par exemple). Sur les réseaux sociaux, l’utilisateur est en quête de divertissement, et ne recherche pas de contenu particulier : le contenu qui lui est proposé a été sélectionné par l’algorithme pour son potentiel à être apprécié par l’utilisateur en question.

Les réseaux sociaux contournent donc cette limite, et font du scrolling infini leur force, puisque celui-ci permet à l’utilisateur de se divertir sans conscience du temps passé sur une page.

Ainsi, le scrolling infini est devenu une caractéristique courante de nombreuses applications, notamment auprès des réseaux sociaux, tels que Tik Tok, dont le caractère addictif s’explique également par cette interface utilisateur.

Expérience utilisateur, engagement, et difficulté de conception

Le scrolling infini a d’abord comme effet d’améliorer l’expérience utilisateur et d’augmenter leur engagement. En effet, ce type d’interface, visant à éliminer l’action de cliquer sur la seconde page et d’en attendre le chargement, ne fait pas prendre conscience à l’utilisateur du temps passé sur le site ou de son avancement sur celui-ci.

Une étude de Chartbeat révèle la mesure dans laquelle le scrolling infini affecte l’engagement des visiteurs sur les sites Web en 2013 : l’analyse de 2 milliards de visites sur plus de 50 sites de médias en ligne a permis d’établir que les utilisateurs ont passé 70% de leur temps en plus sur les sites utilisant le scrolling infini que sur les autres.

Cette augmentation du temps passé en ligne est lourde d’enjeux.

D’abord, celle-ci peut s’avérer bénéfique pour les utilisateurs, puisque ce temps leur permet d’être contact avec plus de contenus : selon la précédente étude, les utilisateurs exposés à cette interface ont lu 50% d’articles en plus par visite que ceux qui n’y étaient pas exposés. En outre, l’article « Scrolling vs. Pagination: Which One Wins for Your Web Content? » publié par HubSpot en 2016, montre que les pages avec scrolling infini ont un taux d’engagement plus élevé que celles avec pagination.

Elle s’avère donc également bénéfique pour le site en lui-même puisque l’engagement de l’utilisateur permet d’accroître la valeur d’un site par rapport aux annonceurs, puisque celui-ci serait exposé à de nombreux utilisateurs, et aurait un meilleur référencement naturel par exemple.  

 Cependant, le scrolling infini peut rendre la conception d’un site Web ou d’une application plus complexe, et peut également affecter sa performance. Sa conception doit prendre en compte les différents appareils utilisés par les utilisateurs, car le scrolling infini peut ne pas fonctionner de manière optimale sur tous. Les développeurs doivent également s’assurer que le contenu se charge correctement et que les utilisateurs puissent trouver facilement les contenus qu’ils cherchent.

Comment expliquer cette augmentation de temps passé en ligne ?

Celle-ci en ligne s’explique d’abord par le fait que sans les repères que fournit pagination, l’utilisateur perd la notion du temps car il n’a pas à changer de page, mais également car les barres de scrolling ne donnent pas de repère fiable quant au parcours restant à l’utilisateur sur une page : elle ne reste en bas de page de quelques secondes avant de charger le contenu suivant et de se replacer au milieu : cela donne à l’utilisateur l’impression de n’avoir parcouru qu’une demie page.

Mais elle s’explique également par les mécanismes psychologiques auxquels fait appel le scrolling infini, tels que l’effet Zeigarnik. Celui-ci se réfère au fait que les humains ont tendance à se souvenir des tâches inachevées. Le scrolling infini s’appuie donc sur cet effet, en encourageant les utilisateurs à continuer de scroller pour voir ce qui se trouve plus bas sur la page. Ils peuvent ainsi être poussés à rester plus longtemps sur une page.

Le scrolling infini utilise également le mécanisme de gratification immédiate. Celui-ci se produit lorsque les utilisateurs sont récompensés pour leur comportement, et dans ce cas, pour chaque nouvel élément qui apparaît lors du scrolling.

Quelles conséquences sur l’utilisateur ?

S’il a déjà été mentionné que ce temps supplémentaire est synonyme avec une augmentation du divertissement de l’utilisateur, il peut également renforcer une addiction aux réseaux sociaux, tout comme générer chez l’utilisateur de la « social media fatigue ».

Il s’agit d’un phénomène psychologique qui peut se manifester chez les personnes qui utilisent les réseaux sociaux de manière excessive, et se caractérise par un sentiment d’épuisement émotionnel, d’anxiété et de lassitude face aux interactions en ligne. Il peut également entraîner une diminution de l’attention et une perte d’intérêt pour les contenus.

Les études désignant les conséquences du scrolling infini, et plus généralement de l’excès de temps passé sur les médias sociaux, sur les capacités cognitive des utilisateurs se multiplient.

Parmi elles, « Scrolling and Attention » menée Nielsen Norman Group, révèle les effets du scrolling infini sur l’attention et la mémoire à court terme des utilisateurs : les résultats ont montré que les utilisateurs passent plus de temps sur les sites avec scrolling infini et qu’ils se souviennent moins de leur contenu que de celui des sites sans scrolling infini. Les auteurs ont conclu que le scrolling infini peut encourager les utilisateurs à scanner le contenu plutôt que de le lire attentivement, ce qui peut entraîner une baisse de la qualité de l’attention.

Le scrolling infini peut aussi mener à une surcharge cognitive, et à une diminution la mémoire à court terme, des capacités de traitement de l’information en continu et des capacités de concentration.

Le risque du Doomscrolling

Les risques précédemment évoqués se joignent au risque de tomber dans la pratique doomscrolling, c’est-à-dire à l’obsession de scroller une page contenant des informations négatives. Selon le Docteur Fabian Almeida dans l’article “Doomscrolling: Know its health effects and ways to keep it in check” publié par l’Idian Express en mai 2022 : »Cette habitude a un impact négatif sur la santé mentale, déclenchant et aggravant l’anxiété, le stress, la dépression, la panique et affectant également rapidement la santé neurologique ».

Or, les médias sociaux utilisant le scrolling infini sont justement conçus pour favoriser ce genre d’utilisation : en cliquant sur un contenu négatif, l’algorithme du média social va s’ajuster et proposer à sa suite une infinité de contenus semblables.

Quelle régulation pour le scrolling infini ?

Le scrolling infini peut cependant être régulé. En effet, les plateformes peuvent prendre des mesures pour limiter la propagation de contenus négatifs en utilisant des algorithmes capables de détecter les contenus anxiogènes et de les limiter. Certaines proposent également des outils pour permettre aux utilisateurs de limiter leur temps en ligne.

En outre, dans l’interview qu’il a donné à France info, Aza Raskin a affirmé travailler sur un « anti infinite scroll », permettant de ralentir de flux de contenu au fur et à mesure de son défilement.

Le scrolling infini reste au cœur de l’actualité, notamment pour sa responsabilité dans le caractère addictif du réseau social Tik Tok.

En effet, les 4-18 ans passeraient en moyenne 1h47 par jour sur le réseau social. Pour pallier à cela, l’entreprise a pris des mesures : un avertissement au bout d’une heure consécutive d’utilisation, suivi d’un message d’avertissement après lequel un mot de passe devra être saisi pour débloquer l’application ; et la possibilité d’un contrôle parental permettant aux parents d’inscrire un temps maximal d’utilisation par jour à leurs enfants. Cette dernière mesure continue de faire débat car elle dépend de l’entrée manuelle de l’âge de l’utilisateur lors de son inscription.

Amélie Reignier


Bibliographie :

Twitch : un nouveau média concurrent de la télévision ?

Le samedi 8 octobre 2022, le GP Explorer, événement organisé par Squeezie, démarre à 17h sur la plateforme Twitch. On décompte environ 500 000 personnes qui regardent l’événement dès les premières minutes, puis 750 000 au bout de quelques minutes, jusqu’à atteindre et dépasser la barre du million de spectateurs, record pour un streamer français. Ce nombre de viewer dépasse certaines chaînes de télévision lors du prime time comme TMC ou W9. Le GP Explorer a fait plus de vue que l’émission de 50’ Inside de la chaîne TF1, à la même heure, le week-end d’avant.

Alors, on peut se demander pourquoi cette plateforme parvient-elle à séduire la jeune population, qui délaisse la télévision ?

Un bref retour sur Twitch

Racheté par Amazon en 2014, Twitch est aujourd’hui la plateforme de streaming de jeux vidéo la plus importante. En effet, au début, elle offrait uniquement du contenu autour des jeux vidéo ou des compétitions E-sport, mais rapidement, cette dernière s’est diversifiée pour proposer des contenus plus divers comme sur le « lifestyle », la « musique », ou le « Just Chatting ».

Aujourd’hui, Twitch est utilisé par plus de 7,21 millions de streamers, c’est-à-dire des personnes proposant du contenu en live sur Twitch. Cette plateforme décompte environ 15 millions d’utilisateurs d’actif journaliers, qui passent environ 733 millions d’heures par mois à visionner du contenu sur cette plateforme. Cela représente donc 72.2% des heures mensuellement visionnées en streaming sur l’ensemble du web.

Le contenu autour des jeux vidéo est central sur la plateforme et ces créateurs réalisent la majorité des vues dans cette catégorie. Cependant, on remarque que la catégorie du « just chatting » commence à prendre de plus en plus de valeurs dans l’univers du streaming.

Le « Just Chatting » permet aux streamers de discuter avec les auditeurs en direct sans forcément avoir besoin de jouer à des jeux vidéo spécifiques. En effet, en mars 2022, elle était la catégorie la plus regardée. On peut donc penser qu’elle pourrait prendre de plus en plus d’ampleur dans l’avenir. Il est possible de retrouver des contenus diversifiés comme des talks show, par exemple : le Zen ou PopCorn, des revues de presse quotidienne avec LaMatinéeEstTienne ou encore des événements sportifs comme le GP explorer ou l’Eleven All Star.

L’atout de Twitch : la combinaison du direct et du chat

La principale différence entre le cinéma et les chaînes de télévision est le direct. Pendant l’après-guerre, l’apparition du « direct », comme l’évoque Virginie Spies, sémiologue et analyste des médias audiovisuels, permet aux chaînes de télévision déjà existantes de se démarquer face au cinéma. Ainsi, le direct est utilisé par les des chaînes de télévision pour les JT ou certaines émissions, mais dans la globalité il s’agit de programmes préenregistrés.

C’est le format du live qui progresse le plus en une année. En effet, les Français ont besoin d’une proximité, d’échanger et donner leurs avis en temps réel, c’est pour cela que Twitch est une plateforme qui répond à leurs attentes.

Ainsi, pour Twitch, le live est son ADN. En effet, lorsqu’un streamer prend le créneau d’un autre streamer, comme ça a été le cas par exemple entre Squeezie et Laink, Terracid et Wankil Studio : c’est à la popularité de ce dernier, que les spectateurs décident quel live regarder.

Une des différences entre Twitch et les chaines de télévision, c’est l’interactivité. Twitch parvient à séduire la jeune génération grâce à cette fonctionnalité et à l’inclusion du public dans les contenus grâce à l’intermédiaire du chat.

Aujourd’hui, avec la multiplication des réseaux sociaux, les utilisateurs sont habitués à l’interactivité et à l’échange puisque qu’ils ne consomment plus uniquement les contenus, mais ils peuvent également liker, commenter, critiquer. Cette fonctionnalité du chat permet donc de rassembler sur une même plateforme les interactions entre les viewers, les communautés, les streamers créant ainsi une interaction sociale directement intégrée à la vidéo.

Il y a donc des communautés qui se créent autour de divers centres d’intérêts mis en avant sur la plateforme. En revanche, en étant un modèle linéaire, les chaînes de télévision n’ont pas cette voie de retour, et peuvent seulement suivre les commentaires sur les différents réseaux sociaux comme Twitter ou Instagram, perdant l’interactivité direct que Twitch propose.

Ainsi proposer des contenus sur la télévision à sens unique comme les journaux télévisés n’attirent pas les jeunes, même si on constate une limite à l’interactivité. En effet, pour des millions de spectateurs, comme sur le JT, où il est difficile de mettre ces fonctionnalités au goût du jour.

Une nouvelle façon de consommer des contenus audiovisuels

Selon Michèle Benzeno, directrice générale de Webedia, « il y a un pari sur Twitch dans la bataille de l’attention, mais Twitch ne serait pas en combat avec la télévision linéaire mais en complémentarité ». Cependant, on peut questionner cette remarque.

Souvent, on peut entendre que les jeunes ne regardent plus la télévision. Il s’agit seulement d’un switch, puisque ces derniers consomment du contenu audiovisuel, mais seulement sous une autre forme. Aujourd’hui, on constate que les chaînes de télévision sont de plus en plus vieillissantes. Selon Médiamétrie, en 2021, l’âge moyen des téléspectateurs est de 52 ans. Comme la manière de consommer des contenus audiovisuels évoluent dans le temps, on peut voir que les jeunes regardent plus de contenus en ligne, et que la télévision ne parvient donc pas à conquérir la jeune population.

C’est pourquoi, certaines d’entre elles testent d’être présent sur cette plateforme, comme c’est le cas pour France Télévision.  En effet, France Télévision a lancé une chaîne Twitch en 2021 afin de toucher un public plus jeune mais également la communauté des gamers. En effet, elle est axée sur les jeux vidéo, mais propose aussi des programmes d’actualités, des émissions de divertissement et des documentaires.

Cependant, il reste tout de même difficile pour la plupart des chaînes de télévision de s’adapter au format de cette plateforme. Virginie Spies explique qu’il est compliqué pour une chaîne comme TF1 de « faire du TF1 sur Twitch ou sur TikTok », alors que la réciproque n’est pas tout à fait exacte. Des streamers reprennent des concepts, des programmes en les adaptant sur la plateforme comme l’émission organisée par Squeezie « La grosse soirée de la fortune ! », jeu reprenant l’émission de « Qui veut gagner des millions ».

Comme l’explique la chercheuse, on constate aujourd’hui un « glissement de plateforme et de génération. » En effet, elle remarque que « là où les parents regardaient Dechavanne à 19h, les plus jeunes se branchent sur Twitch pour regarder les streamers les plus en vue ». Le rassemblement familial ne se fait donc plus vraiment autour de la télévision.

On peut voir d’ailleurs voir ce glissement lors du débat de l’entre-deux-tours organisé par TF1 et France Télévisions. Des streamers ont pu acheter les droits de diffusion du programme, pour la somme de 1 500 euros, comme HugoDécrypte, Samuel Etienne, Sardoche et encore Jean Massiet puisqu’ils avaient une audience importante et fidèle. Ainsi, sur leur chaîne Twitch, chacun des streamers a pu diffuser, commenter, chatter sur le débat. La diffusion a pu être suivie par près de 250 000 personnes sur leurs chaînes.

Le modèle économique, une différence majeure

Si le modèle économique pour les chaînes de télévisions est en grande partie basée sur la publicité interrompant les programmes. Sur Twitch, le modèle est complètement différent. La plateforme gagne de l’argent avec la publicité et les frais d’abonnement à une chaine selon différent montant, un modèle premium, les partenariats, le sponsoring, les bits – monnaie sur Twitch, etc

Comme Twitch parvient à séduire la jeune génération, il est intéressant pour les annonceurs de s’intéresser à cette plateforme, puisqu’elle parvient à atteindre une population que la télévision ne touche pas. Par exemple, selon Metrics factory, le « direct bénéficie directement aux marques et aux annonceurs ». En 2022, sur le top 100 des streamers Twitch, 1 317 sont des contenus sponsorisés par une marque.

Ainsi, le modèle Twitch fait fureur chez les jeunes avec des contenus de plus en plus diversifiés en live et son interactivité. Cependant, de gros pics d’audience montre une des limites de Twitch. En effet, le pic d’audience du GP Explorer a entrainé des complications sur l’interactivité de l’événement puisque le chat était saturé, entrainant une nécessité de faire appel au modérateur pour privilégier l’accès aux abonnés de Squeezie. Pour info, le GP Eplorer était de base programmer sur TMC.

Twitch n’est donc plus seulement une plateforme pour les gamers, mais comme elle se diversifie de plus en plus, elle devient « une plateforme de divertissement » comme la télévision.

Alexandra Becquet


Sources

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Quairel, F. (2023, April 13). La plateforme Twitch Peut-Elle remplacer La Télévision ? 100Media. Retrieved April 30, 2023, from https://100media.themedialeader.fr/la-plateforme-twitch-peut-elle-remplacer-la-television

Les réseaux sociaux ont-ils amplifié le pouvoir des fans dans l’industrie du divertissement ?

Les réseaux sociaux ont créé une nouvelle ère de fan culture, transformant la manière dont les fans interagissent avec l’industrie du divertissement. Mais comment se traduit concrètement cette montée en pouvoir des fans ? Les stars des réseaux sociaux sont-elles devenues les nouveaux maîtres de l’industrie du divertissement ? Comment les acteurs du divertissement s’adaptent-ils à cette nouvelle ère ? Dans cet article, nous explorons comment les réseaux sociaux ont changé la donne dans l’industrie du divertissement et comment les fans ont pris le contrôle grâce à ces plateformes.

Photo de John Schnobrich sur Unsplash

Game changers : comment les réseaux sociaux ont transformé l’industrie du jeu vidéo

Les communautés de fans ont toujours été très présentes dans l’industrie du jeu vidéo, on pourrait même considérer que cette dernière a été précurseur de la cocréation avec le principe des mods. Les mods, ou modifications, ce sont des contenus créés par les joueurs pour modifier ou ajouter des fonctionnalités à un jeu existant. Ils sont souvent créés par des fans passionnés qui souhaitent partager leur propre vision du jeu avec la communauté de joueurs et peuvent aller de simples ajustements de gameplay à des ajouts massifs de contenu, voire de nouvelles histoires ou de nouveaux univers.

Avec les mods, l’industrie du jeu vidéo a permis aux fans de devenir des créateurs et de contribuer activement au développement du jeu. Par exemple, le jeu Counter Strike, l’un des jeux de tir à la première personne les plus populaires de tous les temps, est en fait un mod crée par deux fans à partir du jeu Half-Life. Counter Strike a ensuite été racheté par Valve Corporation, qui a acquis les droits de propriété intellectuelle du jeu et a collaboré avec les créateurs pour le développer en tant que jeu autonome.

La contribution des fans était donc déjà bien implantée dans l’industrie du jeu vidéo avant l’ère des réseaux sociaux, mais leur arrivée a tout de même accéléré ce phénomène. Avant l’avènement des réseaux sociaux, la création de communautés de joueurs se faisait principalement à travers des forums de discussion, sites web spécialisés, blogs etc…, qui permettaient aux joueurs d’échanger des astuces, des mods et des avis sur les jeux vidéo qu’ils aimaient, mais étaient souvent moins interactifs et limitaient la richesse des échanges. Les réseaux sociaux, eux, permettent une communication plus directe et plus fréquente entre les joueurs et les développeurs, et grâce à ça on a des communautés de fans plus importantes et plus actives autour de leurs jeux préférés. Les réseaux sociaux ont également permis aux développeurs de lancer des campagnes de financement participatif, avec par exemple Kickstarter. Cela permet aux développeurs de recevoir des financements pour des projets qui ne sont ne pas soutenus par les éditeurs traditionnels, tout en créant une communauté de fans qui sont investis dans le développement du jeu. Les développeurs sont de plus en plus à l’écoute des commentaires des joueurs et les prennent en compte pour améliorer et élargir leurs offres.

Un bon exemple est Star Citizen, un jeu de simulation spatiale en cours de développement par Cloud Imperium Games. Les développeurs ont utilisé Kickstarter pour financer le jeu et ont depuis utilisé les réseaux sociaux pour interagir avec la communauté de fans et pour fournir des mises à jour sur le développement du jeu. Les fans ont également pu participer à des tests alpha et beta pour aider à améliorer le jeu. Dans les jeux plus populaires, on peut penser à Minecraft qui utilise fréquemment les réseaux sociaux pour interagir avec la communauté de joueurs et pour obtenir des nouvelles idées.

Finalement, les plateformes de streaming comme Twitch ont révolutionné la manière dont les fans interagissent avec les jeux et les joueurs professionnels. Grâce à ces plateformes, les fans peuvent regarder leurs joueurs préférés en direct, participer à des discussions en temps réel, et même leur apporter un soutien financier. Ces interactions ont renforcé la relation entre les fans et les joueurs, tout en permettant à de petits studios de jeux de bénéficier d’une promotion gratuite et d’un public plus large. Les réseaux sociaux ont également contribué à populariser l’e-sport, qui sont maintenant des événements majeurs, rivalisant avec les tournois sportifs traditionnels en termes de prestige et de financement.

Les réseaux sociaux : la nouvelle scène de l’industrie musicale

Les réseaux sociaux permettent aux artistes de se faire connaître et de promouvoir leur musique sans passer par les canaux traditionnels de l’industrie musicale. De nombreux artistes déjà bien en place, comme Aya Nakamura, délaissent les médias traditionnels comme la télévision pour la promotion de leurs projets, ils préfèrent ainsi les réseaux sociaux pour être moins dépendants des médias traditionnels et contrôler eux-même leur exposition médiatique. Pour ce qui est des artistes émergents, les réseaux sociaux jouent un réel rôle de propulseur de chansons et artistes au sommet des charts grâce à l’engagement des fans. Des titres peuvent devenir viraux grâce aux défis, aux mèmes ou aux vidéos créés par les utilisateurs, influençant ainsi les tendances musicales comment expliquer dans l’article Chanteurs, influenceurs, labels, comment faire de la musique sous le règne de TikTok ?. Par exemple, TikTok a joué un rôle majeur dans le succès de nombreux morceaux et artistes, tels que Lil Nas X et son titre « Old Town Road ».

Plus concrètement, certains artistes ont permis à leur fans de participer activement à la création de projets musicaux. Par exemple, le groupe Coldplay, a lancé un projet appelé « A Head Full of Dreams » en 2016, où les fans étaient invités à soumettre des vidéos d’eux en train de chanter une partie de la chanson « Amazing Day », pour être compilées dans un clip vidéo officiel.

De l’écran à l’écran : comment les réseaux sociaux ont créé une nouvelle ère de participation des fans

Les industries cinématographiques et télévisuelles n’échappent pas au phénomène de pression des fans sur les réseaux sociaux. Les producteurs et les réalisateurs peuvent maintenant utiliser les réseaux sociaux pour tester leurs idées et évaluer leur popularité auprès des fans avant de les mettre en production.

Les fans, eux, utilisent souvent les réseaux sociaux pour exprimer leur soutien ou leur mécontentement concernant le sort de leurs séries préférées. Des hashtags tels que #SaveOurShows ou #RenewOurShows sont fréquemment utilisés sur Twitter pour encourager les chaînes de télévision à renouveler ou annuler des séries en fonction de la mobilisation des fans. Bien que l’impact de ces campagnes puisse être difficile à mesurer, elles montrent que les réseaux sociaux offrent aux fans une plateforme pour exprimer leur passion et potentiellement influencer les décisions des producteurs.

C’est ce qui s’est passé pour la série « Sense8 » de Netflix, qui a été annulée en 2017 après deux saisons. Les fans se sont mobilisés sur les réseaux sociaux, notamment Twitter et Facebook, pour exprimer leur mécontentement et demander le retour de la série. En raison de l’engouement des fans et de la pression exercée sur les réseaux sociaux, Netflix a finalement accepté de produire un épisode spécial de deux heures pour conclure l’histoire.

Entre tendance et créativité : comment les réseaux sociaux affectent l’innovation dans l’industrie du divertissement

Bien que les réseaux sociaux offrent une plateforme pour les fans de s’exprimer, certains craignent que la prise en compte excessive de l’avis des fans ne conduise à une uniformisation du divertissement. En effet, les producteurs et les créateurs peuvent être tentés de suivre les tendances populaires sur les réseaux sociaux au lieu de prendre des risques créatifs ou de proposer des idées originales.

Par exemple, dans l’industrie du cinéma, de nombreux films sont adaptés de franchises populaires ou de livres à succès pour capitaliser sur une base de fans déjà existante. Bien que cela puisse être une stratégie efficace pour attirer un public, cela peut également conduire à une saturation du marché et à un manque de diversité dans les idées et les histoires présentées. De plus, les fans ayant de plus en plus de poids, même un créateur qui souhaite imposer une idée originale aura du mal à se faire entendre. C’est ce qui est arrivé aux créateurs de Game of Thrones : les fans, après avoir critiqué la saison finale, ont lancé une pétition en ligne pour refaire la saison. Cependant, les créateurs de la série, ont défendu leurs choix créatifs et ont déclaré qu’ils n’allaient pas la refaire.

Les réseaux sociaux ont donc définitivement amplifié le pouvoir des fans dans l’industrie du divertissement. Les fans ont maintenant la possibilité de dicter les tendances et de déterminer le succès des productions, créant une nouvelle ère de fan culture qui est là pour rester.

Laura Mariani

Bibliographie :

  • Morgane Brucelle. Fan culture : résistance et mémétique sur les médias sociaux. Littératures. Université Paul Valéry – Montpellier III, 2018. Français. ffNNT : 2018MON30021ff. fftel-02001831f
  • Ravenelle, C. (2021). Les fans qui modifient leurs jeux vidéo : études des communautés de moddings dans les intervalles des séries vidéoludiques de Bethesda. Érudit. https://doi.org/10.7202/1089618ar
  • DUMORTIER SAINT-LAURENT, C. (2021). RAPPORTS DE POUVOIR DANS LE DÉVELOPPEMENT OUVERT DE JEUX VIDÉO : LE CAS DE STAR CITIZEN [Mémoire de maitrise]. UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL.

Quel est l’impact socio-économique que les réseaux sociaux ont dans les transmissions d’un procès de célébrités ?

L’année 2022 a commencé sous les projecteurs, avec l’intense bataille juridique entre les célèbres Johnny Depp et Amber Heard, suivie par le monde entier. Cette querelle enflammée n’était pas une simple affaire de salle d’audience, elle s’est propagée sur les réseaux sociaux, conduisant à une guerre totale entre célébrités, influenceurs et fans. Chacun avait son opinion et était impatient de la défendre au fur et à mesure que le procès avançait. Cette confrontation à enjeux élevés a tenu en haleine le monde entier. Plongez dans le monde dramatique d’Amber Heard et Johnny Depp, où une relation apparemment parfaite a pris une tournure sombre.

CULVER CITY, CA, USA – JANUARY 09, 2016: Amber Heard and Johnny Depp at the Art Of Elysium’s 9th Annual Heaven Gala held at the 3LABS — Photo by PopularImages

Tout a commencé en 2012, lorsque le couple a commencé à se fréquenter, ce qui a finalement conduit à leur mariage en 2015. Cependant, des problèmes ont commencé à se manifester au paradis lorsque Heard a été accusée de plusieurs infractions, notamment l’importation illégale de Pistol and Boo en Australie. Leur relation a touché le fond en mai 2016, lorsque Heard a demandé le divorce et a obtenu une ordonnance d’interdiction temporaire contre Depp, l’accusant d’être physiquement et verbalement violent envers elle. Une déclaration sous serment de Heard a confirmé son expérience déchirante de la violence domestique tout au long de leur relation. 

En 2019, Depp poursuit Heard pour diffamation après qu’elle ait écrit un article pour le « Washington Post » détaillant son expérience en tant que survivante de violence domestique. Depp a affirmé que c’était un stratagème de Heard pour se faire de la publicité positive. La situation s’est encore aggravée en 2020, lorsque Depp poursuit le journal britannique « The Sun » pour l’avoir qualifié de « batteur de femme ». Malgré ses efforts, le juge a statué en faveur de « The Sun », entraînant le retrait de Depp de la franchise « Fantastic Beasts ».

Les batailles juridiques ne se sont pas arrêtées là. Depp s’est retrouvé dans un autre procès de diffamation dans le comté de Fairfax, en Virginie. Le dernier procès orchestré par Depp et son équipe juridique en Virginie fut un mouvement stratégique. La raison derrière le choix d’un tribunal dans le comté de Fairfax était de capitaliser sur la loi anti-SLAPP de l’État, qui n’est pas aussi complète que celle de la Californie. Pour information, SLAPP signifie poursuite stratégique contre la participation publique, et c’est une tactique souvent utilisée pour faire taire les critiques d’entités puissantes par le biais de batailles juridiques prolongées et coûteuses.

Pour empêcher de telles tactiques d’intimidation, 31 États ont adopté des lois pour protéger les accusés de telles poursuites et pour encourager la liberté d’expression. Grâce à cela, le procès a été retransmis en direct et a attiré l’attention de millions de téléspectateurs. Ce fut un moment captivant et historique où la justice l’a emporté sur l’abus de pouvoir, et qui a maintenu les gens scotchés devant leur écran.

Effets des médias sociaux sur l’image des célébrités.

Les célébrités savent que leur image publique est primordiale. Le procès de Depp, rendu public, fut une épée à double tranchant pour lui et son équipe : il a commencé par se focaliser sur la diffamation, mais est rapidement devenu plus axé sur les allégations entourant sa relation avec Heard. La puissance des médias sociaux a été pleinement exposée pendant le procès, avec des hashtags comme #justiceforjohnnydepp et #amberheardisguilty qui ont gagné en popularité. #justiceforjohnnydepp a même recueilli près de 20 milliards de vues rien que sur TikTok !

Il est clair que les gens avaient des opinions bien arrêtées sur le procès, avec une pétition Change.org pour retirer Amber Heard du casting de « Aquaman 2 », atteignant plus de 4,5 millions de signatures. Le sujet était si populaire qu’il a été mentionné dans plus de 16 millions de Tweets entre le 11 avril et le 1er juin 2022.

Malgré le drame, la popularité de Johnny Depp est montée en flèche pendant le procès, gagnant 9,56 millions de nouveaux abonnés sur les réseaux sociaux. En comparaison, il n’avait gagné que 284 582 abonnés au cours de la période précédente du 18 février au 10 avril 2022. Le jour du verdict, il a gagné 2 millions de nouveaux abonnés rien que sur Instagram ! Pendant ce temps, Heard n’a gagné que 91 511 nouveaux abonnés sur les réseaux sociaux pendant le procès, contre 1 281 au cours de la période précédente.

Dans l’ensemble, le procès a peut-être été un cauchemar de relations publiques, mais il a certainement permis aux gens de parler et de suivre leurs célébrités préférées.

La perception que le public a des acteurs a été fortement influencée par les événements récents. Fait intéressant, le sentiment négatif envers Amber Heard avait déjà atteint son apogée avant même le début du procès. Au cours du procès, les utilisateurs de Twitter ont exprimé une opinion négative de 31% de Heard, avec seulement 13% montrant une positivité et un stupéfiant 18% exprimant de la colère. Cependant, à l’approche du procès (du 18 février au 10 avril 2022), le sentiment de Twitter envers Heard était encore plus hostile, avec 32 % de négativité, 18 % de positivité et 24 % de tweets exprimant de la colère.

D’un autre côté, Johnny Depp a connu un virage vers la négativité pendant le procès. Le sentiment Twitter autour de Depp était de 27% négatif, 17% positif et 15% exprimant sa colère entre le 11 avril et le 1er juin 2022. En revanche, la période précédant le procès a vu une vision beaucoup plus positive de Depp sur Twitter, avec seulement 14% négativité, 29 % de positivité et à peine 9 % de tweets exprimant de la colère. Ces changements dans la perception du public montrent à quel point cela peut changer dans un laps de temps relativement court.

Imaginez ceci : une salle d’audience remplie de journalistes, d’avocats et du public, tous attendant avec impatience le verdict d’une affaire très médiatisée. La tension est palpable lorsque le juge lit la décision. Mais que se passe-t-il lorsqu’il n’y a pas de gagnant ou de perdant clair dans un tel cas, en particulier lorsqu’il s’agit de quelque chose d’aussi grave que des abus ? Il s’avère que dans de telles situations, le tribunal de l’opinion publique sur les médias sociaux est celui qui décide en dernier ressort qui l’emporte.

Effets des médias sociaux sur l’image et les bénéfices de l’entreprise.

L’affaire très médiatisée de Johnny Depp contre son ex-femme Amber Heard lui a non seulement rendu justice, mais elle a également renforcé la commercialisation de son image. Et qui en a le plus profité ? Nul autre que la maison de couture de luxe, Dior.

Au fur et à mesure que la base de fans de Depp se renforçait, la demande pour le parfum Sauvage de Dior dont l’acteur est le visage augmentait également. Selon l’étude de Hey Discount, les recherches Google pour le parfum ont grimpé en flèche de 48 %, passant de 823 000 en mars 2022 à 1,2 million en avril 2022, lorsque la procédure judiciaire a commencé. Et comme si cela ne suffisait pas, les vues TikTok pour Sauvage ont également augmenté de 63 % au cours de la même période. 

Après avoir remporté son procès en diffamation contre Amber Heard, Johnny Depp a maintenant obtenu un contrat lucratif avec Dior qui reflète un accord à sept chiffres. Une source liée à l’accord a révélé que la marque de luxe française avait « renouvelé son contrat » avec l’acteur de 59 ans pour continuer à être l’égérie du parfum masculin Sauvage de Dior. C’est une situation gagnant-gagnant pour Depp et Dior.

Sur Twitter, les fidèles fans de Johnny Depp demandent des excuses aux grandes sociétés cinématographiques telles que Warner Bros. et Disney pour ne pas l’avoir soutenu lors de la tumultueuse saga Amber Heard. Plus précisément, Warner Bros. avait choisi Depp dans le rôle du puissant sorcier noir Gellert Grindelwald dans « Les animaux fantastiques et où les trouver », pour le remplacer par Mads Mikkelsen après que des allégations aient fait surface concernant son implication dans la violence domestique.

Les fans étaient ravis de voir Depp se transformer en Grindelwald dans la suite, « Les crimes de Grindelwald », mais Warner Bros. a pris la décision controversée de l’effacer de la franchise. Dès la sortie du premier regard de Mikkelsen sur Grindelwald, suivi de la bande-annonce, les fans se sont déchaînés sur les réseaux sociaux, appelant au boycott du film et accusant Warner Bros. d’essayer d’effacer Depp de leur histoire cinématographique.

La bataille juridique entre Depp et Heard en 2022 a été un événement très médiatisé et dramatique qui a captivé le monde. Le procès ne s’est pas seulement limité à la salle d’audience, mais s’est également déroulé sur les réseaux sociaux, le public exprimant ses opinions et prenant parti. Il a sensibilisé à la violence domestique et à l’utilisation de poursuites en diffamation pour faire taire les critiques, tout en démontrant le pouvoir des médias sociaux. Malgré la fin ambigüe du procès, Depp a gagné en popularité sur les réseaux sociaux tandis que Heard a fait l’objet de critiques, montrant ainsi l’impact de l’opinion publique.

Blanca FERNANDEZ RIVAS

Références

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La spirale du Doomscrolling : pourquoi nous devons prendre conscience de nos habitudes en ligne ?

Selon une récente étude de l’université texane de technologie, 74 % des personnes interrogées étant les plus sujettes au Doomscrolling ont des problèmes de santé mentale.

Si le lien entre cette pratique et des problèmes mentaux est peut-être difficile à établir, un tel pourcentage ne laisse cependant pas la place au doute. L’un des chercheurs de cette enquête conclut en expliquant que si « être stressé et anxieux est une réaction légitime quand on regarde le monde qui nous entoure, il faut que les gens apprennent à reconnaître à quel moment la consommation d’informations devient problématique ».

Le Doomscrolling, qu’est-ce que c’est ?

Le Doomscrolling (ou doomsurffing) est décrit comme une habitude où les utilisateurs des médias sociaux font défiler de manière obsessionnelle des informations négatives sur leurs fils d’actualité. Pamela Rutledge, directrice du Media Psychology Research Center, basé en Californie, le décrit simplement comme « le besoin compulsif d’essayer d’obtenir des réponses lorsque nous avons peur ».

Le terme est apparu pour la première fois en 2018 et a pris de l’ampleur pendant la pandémie de coronavirus (COVID-19).

Lors de situations d’urgence telles que les pandémies, une grande variété de sources produisent et diffusent des informations sur le sujet, dont la plupart sont essentiellement négatives. Dans ce contexte, les smartphones et les fils d’actualité des médias sociaux, qui sont conçus pour encourager un engagement fréquent et prolongé, peuvent accroître le besoin de rester informé et renforcer l’attention sur la consultation d’informations négatives.

En 2020, le terme « Doomscrolling » a d’ailleurs été nommé l’un des mots de l’année par l’Oxford English Dictionary.

D’où vient cette nouvelle pratique ?

Le Doomscrolling est initié par des facteurs qui motivent généralement la recherche de nouvelles négatives, mais qui peuvent être amplifiés par des facteurs individuels, technologiques et contextuels.

Premièrement, les fils d’actualité des médias sociaux ne présentent pas de point final naturel, ce qui favorise donc la pratique de Doomscrolling.

De plus, le phénomène est causé par l’anxiété, l’incertitude, une faible auto-efficacité politique, un intérêt politique élevé et les contraintes de la distanciation sociale. 

Cette pratique est aussi étroitement liée à la vigilance en ligne, à l’utilisation problématique des médias sociaux, à la peur de manquer quelque chose (FOMO, Fear Of Missing Out), et à une faible maîtrise de soi.

Ce drôle de mot nous touche en réalité tous, indépendamment de l’âge, du sexe, de la classe, de la religion et des frontières nationales. Sciemment ou inconsciemment, le Doomscrolling est entré dans nos vies.

Ken Yeager, psychiatre à l’Ohio State University Wexner Medical Center, informe que notre cerveau aime, par nature, les choses négatives. Selon lui, « nous sommes tous programmés pour voir le négatif et être attirés par le négatif, parce qu’il peut nous nuire physiquement ». Ils ajoutent que les individus sont attirés par le Doomscrolling car ils ont l’impression d’être en mesure de contrôler n’importe laquelle de ces mauvaises nouvelles.

Quelles conséquences du Doomscrolling ?

Le Docteur Fabian Almeida, psychiatre consultant à l’hôpital Fortis de Kalyan, a déclaré dans un article publié dans l’Indian Express en mai 2022 que «  l’habitude du Doomscrolling a eu un impact négatif sur la santé mentale, déclenchant et aggravant l’anxiété, le stress, la dépression et la panique ».

Le fait de se concentrer sur des informations négatives peut être préjudiciable au bien-être physique et mental, mais peut être recherché en raison d’un état de bien-être faible ou menacé.

Une étude publiée par Preshita Neha Tudu dans l’International Journal of Disaster Risk Reduction a révélé que le risque d’anxiété et de stress augmentait pendant le confinement en raison des médias et notamment du Doomscrolling.

De plus, dans un article publié en ligne, Sharon Goldman indique que le comportement de Doomscrolling peut gravement perturber le sommeil et la santé en général. Ce mur de mauvaises nouvelles peut entraîner des difficultés d’endormissement et, à terme, des insomnies. Par conséquent, un mauvais sommeil peut provoquer des symptômes de dépression chez certains individus, entraînant un cycle négatif entre la dépression et le sommeil qu’il peut être difficile de rompre. L’auteur souligne également que le Doomscrolling peut augmenter les niveaux de cortisol et d’adrénaline, qui sont des hormones de stress. Des recherches ont montré que des niveaux chroniques d’hormones de stress élevés sont associés à de nombreux problèmes de santé physique, notamment les maladies cardiaques, le diabète et l’obésité.

Dans cette même perspective, Cassidy Caitlin, dans un article en ligne, fait référence à l’étude réalisée et publiée dans la revue Health Communication, qui a révélé que 16,5 % des quelque 1 100 personnes interrogées présentaient des signes de consommation d’informations « gravement problématique », entraînant des niveaux plus élevés de stress, d’anxiété et de mauvaise santé.

En outre, les jeunes adultes de la génération Z, qui ont grandi avec une technologie omniprésente, sont plus sujets à l’isolement social et ont de grandes difficultés à gérer leur stress. Cette génération a été la première à grandir avec une technologie omniprésente. Les recherches de Jean Twenge montrent que l’influence des technologies mobiles affecte la génération Z dans tous les milieux socio-économiques, ethniques et démographiques. De nombreux facteurs de stress comme la santé, les fusillades de masse, la politique et l’actualité, soient amplifiés par une utilisation excessive de la technologie. Le défilement infini des fils d’actualité a rendu plus facile que jamais le fait d’être aspiré dans une spirale sans fin de Doomscrolling.

Comment sortir de cette habitude de Doomscrolling ?

Il n’est pas facile de se défaire de cette habitude de Doomscrolling, surtout si l’on a l’habitude de consommer des informations tout au long de la journée par l’intermédiaire d’applications mobiles.

Une meilleure connaissance du phénomène de Doomscrolling pourrait profiter aux utilisateurs en les sensibilisant aux stratégies d’autorégulation ou à d’autres moyens d’atténuer l’utilisation excessive de médias. Comprendre ses habitudes médiatiques peut aider les gens à mieux gérer leur santé mentale et leur bien-être général.

Heureusement, il existe des moyens de remplacer rapidement cette habitude toxique par une autre qui peut améliorer l’état d’esprit.

Elizabeth Victor Rodrigues propose une liste non exhaustive de tips qui peuvent être utilisés pour éviter le Doomscrolling :

  1. Désactiver les notifications des applications d’actualités et des médias sociaux
  2. Régler une minuterie sur le smartphone avant de commencer à scroller
  3. Suivre l’utilisation du temps d’écran
  4. Essayer de lire des fils d’actualité positifs
  5. Essayer de passer plus de temps avec ses proches et ses amis
  6. Pratiquer une passion
  7. Faire de l’exercice physique 
  8. Pratiquer la méditation

Quel avenir avec le Doomscrolling ?

Bien que des études aient été menées pour comprendre les effets du Doomscrolling sur la santé mentale et physique, il est encore trop tôt pour tirer des conclusions définitives sur les conséquences à long terme du Doomscrolling. 

De plus, du fait du caractère récent de ce terme, et du peu d’études réalisées, ou à minima sur de petits échantillons, il reste encore complexe de mesurer véritablement l’ampleur de ce phénomène dans la société. 

Pour finir sur le Doomscrolling, il est important de rappeler qu’il faut d’abord prendre conscience de cette habitude et ensuite travailler à la remplacer par des activités plus positives et productives. En limitant notre temps sur les médias sociaux et en établissant des limites claires pour notre utilisation des appareils électroniques, nous pouvons réduire notre exposition à l’information négative et améliorer notre qualité de vie.

Jeanne Bouvard


Sources

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Les antennes 5G propagent le coronavirus.

Qualifiée par Stephen Powis, directeur du NHS, de “fake news de la pire espèce”, cette théorie du complot a été largement diffusée sur les réseaux sociaux et dans les médias en ligne entraînant des incidents réels et des actes de vandalisme.

Une fake news aux conséquences bien réelles

Le 12 Mars, l’américain Thomas Cowan, qui se présente comme médecin,  publie sur Youtube une vidéo intitulée  “Coronavirus caused by 5G?”. Dans ses propos, il avance que la 5G aurait déstabilisé le champ magnétique terrestre et empoisonné l’espèce humaine. Le coronavirus serait ainsi né d’un être humain contaminé. Avant d’être supprimée sur Youtube, la vidéo est rapidement devenue virale, ayant été partagée quelque 16 000 fois sur Facebook et vue 390 000 fois. Au moins cinq autres chaînes YouTube ont elles aussi publié la même vidéo. Elle a aussi été relayée par une douzaine de pages Facebook, ainsi que sur Instagram et Twitter. Un des arguments phare de Thomas Cowan est que la première ville à être entièrement couverte par la 5G est Wuhan. Le parallèle est rapidement repris sur la toile avec des cartes faisant figurer une corrélation entre la propagation du virus et le déploiement de la 5G. 

Face à cette théorie, la communauté scientifique a fermement soutenu que la technologie 5G n’était pas responsable. Le Dr Simon Clarke, professeur de microbiologie cellulaire à l’université de Reading explique que les ondes radio 5G sont “loin d’être assez fortes pour affecter le système immunitaire”. Malgré un manque de fondements scientifiques, l’idée d’une corrélation entre la pandémie et la 5G s’est répandue dans le monde entier. Google trends, l’outil qui permet de savoir quels sont les mots clés les plus recherchés sur internet, a recensé un pic des mots clés “Coronavirus +5G” à compter du 26 janvier 2020, soit cinq jours après le premier cas identifié de malade du coronavirus aux États-Unis. Le quotidien américain The New York Times a repéré près de 500 groupes Facebook et des dizaines de comptes Twitter et Instagram propageant cette théorie conspirationniste. Certains prennent le parti que la 5G affaiblit nos défenses face au virus, d’autre que la technologie en est directement vectrice. La théorie circule aussi que le virus n’existe pas, il s’agirait d’un stratagème pour cacher les morts causés par la 5G. D’autres vont encore plus loin et affirment que le vaccin serait un moyen d’injecter à l’ensemble de la population des nanopuces 5G. 

En conséquence, plusieurs antennes ont été incendiées à travers le monde. Au Royaume-Uni, une vingtaine d’antennes-relais ont été vandalisées dans plusieurs grandes villes, notamment à Birmingham et Liverpool. Des ingénieurs du haut débit sont menacés et des techniciens en train d’installer des antennes sont même agressés physiquement. Les attaques sur ces relais de la 5G surnommés “tours de la morts” ont imposé une réponse ferme des institutions. Le ministre britannique Michael Gove est monté au créneau pour dénoncer cette « dangereuse ineptie ». Le Department for Digital, Culture, Media and Sport (équivalent des ministères de la Culture et des Sports réunis) a ajouté sur Twitter qu’il n’y avait « aucune preuve crédible » à ces allégations, tandis que l’association des réseaux de téléphonie britanniques, Mobile UK, s’est dite particulièrement « préoccupée » par ces rumeurs associées à la destruction de ces infrastructures utiles.

Le relais sur les réseaux sociaux

Les informations sur le lien entre 5G et Covid se sont diffusées très rapidement sur les réseaux sans passer par des canaux de vérification ou de validation. Selon une analyse de l’ONG britannique Full Fact, qui a examiné plus de 50 publications complotistes sur la 5G et le COVID-19, ces publications ont été partagées plus de 77 000 fois sur les réseaux sociaux, y compris sur Facebook, Twitter et Instagram. Une autre étude menée par l’Université de Technologie de Swinburne en Australie a révélé que les théories du complot sur la 5G et le COVID-19 avaient été partagées plus de 53 000 fois sur Twitter au cours d’une semaine en avril 2020. Ces chiffres ne représentent qu’une partie de la propagation de cette théorie du complot, car elle a également été diffusée par le biais de vidéos, de groupes de discussion en ligne, de messagerie instantanée et d’autres canaux de communication numériques.

Notons que les algorithmes de recommandation des réseaux sociaux suggèrent des contenus similaires à ceux que les utilisateurs ont déjà consultés. Cela peut conduire à la formation de bulles de filtres, où les utilisateurs sont exposés à des contenus qui renforcent leurs croyances et leurs opinions. Si un utilisateur a consulté ou partagé des publications complotistes sur la 5G et le COVID-19, les algorithmes de recommandation peuvent lui suggérer d’autres contenus similaires, ce qui peut amplifier la propagation de la théorie du complot. 

L’essor de cette fake news a été amplifié par des personnalités publiques, célébrités et politiciens, qui ont partagé des publications la soutenant. Par exemple, la chanteuse américaine Keri Hilson a causé la controverse en la relayant à ses 2,3 millions d’abonnés Instagram, avant de la supprimer.

La réponse des plateformes

Face à la propagation de la théorie du complot 5G, différents réseaux sociaux ont pris une série de mesures. Instagram, par exemple, a commencé à étiqueter les publications liées à la 5G qui contiennent des informations fausses ou trompeuses. Lorsque la publication a été identifiée comme étant trompeuse, les utilisateurs voient une alerte en haut de l’écran avec un lien vers des informations fiables pour aider à éclairer le sujet.En parallèle, Facebook, YouTube et Twitter ont tous supprimé des vidéos et des publications qui propageaient activement la théorie du complot selon laquelle le COVID-19 est propagé par la 5G.

En avril 2020, Google a annoncé que les publications qui propagent des théories du complot liées à la 5G et au COVID-19 seraient rétrogradées dans les résultats de recherche. Cette mesure visait à réduire la visibilité de la désinformation. Au même moment, Facebook a qu’il travaillerait avec des organisations de fact-checking pour vérifier les publications liées à la 5G et au COVID-19. Les publications identifiées comme contenant des informations fausses ou trompeuses ont été étiquetées comme telles.

La propagation de la théorie du complot selon laquelle le COVID-19 est propagé par la 5G est un exemple marquant de la puissance des réseaux sociaux pour diffuser des fausses informations à grande échelle. Elle illustre la part de responsabilité des réseaux sociaux, l’importance du fact-checking et les risques liés à la désinformation.

Inès de Rozaven

La réglementation des influenceurs, quel état des lieux ?

Au cours des dernières années, le nombre de plaintes et accusations d’escroquerie s’est multiplié, devenant ainsi un problème majeur pour les réseaux sociaux.

Les arnaques et escroqueries mises en place par certains influenceurs sont devenues monnaie courante, mettant en danger les utilisateurs des réseaux sociaux et obligeant les plateformes à trouver des moyens pour limiter ces pratiques frauduleuses et protéger leurs utilisateurs. La Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes s’est exprimée sur le sujet dans un communiqué fin 2021, confirmant l’augmentation inquiétante des pratiques commerciales trompeuses en ligne, en grande partie de la part d’influenceurs.

« Plusieurs dossiers traités récemment par la DGCCRF confirment la montée inquiétante des pratiques commerciales trompeuses en ligne dans le domaine des services financiers, notamment de la part d’influenceurs. »

Un nouveau terme, les « Influvoleurs », a même été créé pour dénoncer les influenceurs qui ont promu les investissements dans des produits financiers, souvent de manière irresponsable, incitant leurs abonnés à prendre des décisions financières risquées basées sur des recommandations peu scrupuleuses.

Alors que le métier d’influenceur continue de se développer et d’attirer de plus en plus de jeunes, le manque de contrôle et d’encadrement se fait de plus en plus ressentir. Bien que le marketing d’influence soit en grande partie autorégulé, il y a un besoin croissant de réglementation par des autorités compétentes.

C’est dans ce contexte que Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances, a présenté le 24 mars 2023 une nouvelle réglementation visant à encadrer les plateformes et les influenceurs. Mais dans quel cadre de réglementation sur les acteurs du marketing d’influence cette proposition s’ajoute ?

Quelles dispositions sont déjà existantes ?

Si le marketing d’influence n’est pas encadré par des codes spécifiques, il n’en reste pas moins encadré par des dispositions plus larges. 

La Chambre de Commerce Internationale, présente depuis 1937, révise régulièrement ses articles pour une meilleure identification des contenus commerciaux, et sur toute question traitant des influenceurs et des algorithmes. Ces décisions vont influencer les structures nationales d’autorégulation de la publicité, telles que l’Autorité de Régulation Professionnelle de la Publicité (ARPP) en France ou encore la Federal Trade Commission (FTC) aux États-Unis, qui est chargée de surveiller le droit de la concurrence déloyale et le droit de la consommation depuis 1914. En Italie, c’est l’Institut d’Autodiscipline Publicitaire italien (IAP) qui est en charge de ces questions. Les décisions prises par la Chambre de Commerce Internationale permettent ainsi d’obtenir une certaine unité dans le contrôle de ces acteurs.

En Europe, la directive 2005/29/CE sur les pratiques commerciales déloyales des entreprises s’adresse également aux influenceurs. Ces derniers doivent désormais spécifier si leur publication présente un caractère promotionnel, permettant ainsi une meilleure transparence envers les consommateurs.

Quel contrôle est mis en place ?

Un certain nombre d’autorités sont également déployées pour contrôler le respect des décisions.

En France, de nombreuses autorités administratives indépendantes (AAI) mais également des autorités extrajudiciaires comme la DGCCRF (qui dépend du ministre de l’Economie) veillent au respect du droit de la consommation. Celles-ci ont permis d’établir plusieurs constats, comme celui fait depuis 2021 sur 60 influenceurs ayant un nombre significatif d’abonnées ou ayant fait l’objet de signalement, qui montre que 60% des créateurs de contenus ne respectent pas la réglementation en vigueur. En faisant notamment la promotion de produits et/ou services risqués ou encore étant accusés de tromperie sur les propriétés des produits vendus. Les enquêtes ont conduits à des avertissements et des transmission de procès-verbaux d’infraction au procureur de la République, mais ces autorités administratives n’ont pas de moyen direct de sanctionner.  L’Autorité de Régulation Professionnelle de la Publicité (ARPP), association indépendante des pouvoirs publics, elle aussi sensibilise, émets des rapports sur la publicité déguisée, et définit des plans d’action pour favoriser les bonnes pratiques, notamment avec la mise en place de deux plateformes spécialisées pour détecter les cas litigieux. 

La proposition de loi par Bruno Le Maire, en consultation avec différents acteurs, dont l’ARPP a pour but de protéger davantage l’exposition des jeunes, car l’appropriation des règles par les plateformes et les influenceurs en activité dessus est encore insuffisante. De nombreuses interdictions y sont ajoutées, tel que celles de la promotion de la crypto monnaie et de la chirurgie esthétique mais également des obligations, comme celle de mentionner l’utilisation de filtres sur la base de la réglementation des photographies publicitaires, avec la mention obligatoire si la photo a été retouchée. Une brigade de l’influence commerciale sera également créée au sein de la Répression des Fraudes afin d’assurer un meilleur suivi des activités. Pour autant, protéger les influenceurs et les accompagner pour qu’ils ne soient pas victimes de partenariats frauduleux n’est pas écarté de la proposition avec la volonté de mettre en place un meilleur accompagnement. La protection des influenceurs mineurs, et plus spécialement de ceux de moins de 16 ans, est étudiée avec la création d’un agrément obligatoire auprès des services de l’État. 

Une question à intérêt international

La France n’est pas le seul pays à prendre ses dispositions. Le Royaume Uni développe son cadre réglementaire pour les plateformes numériques au sein de l’Autorité de la Concurrence (CMA), publiées en fin 2020. 

D’autres pays étendent le champ des pratiques considérées comme commerciales, ainsi dans le cas d’un compte associé à de la chirurgie esthétique un « like » a été considéré par la FTC à caractère promotionnel. 

La cour de Berlin, elle, a émis l’hypothèse de considérer directement les post d’influenceurs en tant que publicités pour éviter toute confusion, voulant ainsi appliquer aux influenceurs la présomption de commercialité. Certains pays comme la Belgique, a contrario, se basent uniquement sur la présence d’une contrepartie monétaire pour déterminer si une publication est commerciale ou non, sans prendre en compte le contenu du post.

Il est intéressant de noter que les mesures prises par la France servent également d’exemple à d’autres pays à l’international. C’est le cas de l’Inde qui suit exemple de la France en créant Advertising Standards Council of India (ASCI), qui permet la mise en place d’une surveillance automatique pour relever les dérives sur les réseaux sociaux. On note ainsi que les dispositions prises par chaque pays ont une influence sur les autres pays à l’échelle mondiale, témoignant de l’intérêt international croissant pour la régulation des activités des influenceurs sur les réseaux sociaux.

Quel futur pour la réglementation ?

Même si aujourd’hui il n’existe pas de règlementation européenne sur le marketing d’influence, nous ne sommes pas en présence d’un vide juridique pour autant. Les autorités nationales ont su s’adapter et transposer des dispositions législatives spécifiques à certains secteurs. Des projets européens sont également en cours de préparation afin d’harmoniser la réglementation entre les pays tels que le Digital Service Act qui va faire peser une plus grande part de responsabilité sur les influenceurs par rapport au caractère non trompeur et légal du contenu qu’ils publient mais également sur les plateformes, qui devront mettre en place des moyens facilités et plus efficaces de signalements.

Si le marketing d’audience a toujours été compliqué à contrôler, c’est une thématique de plus en plus importante, notamment avec l’intérêt grandissant pour le marketing d’influence visible par la hausse conséquente des post sponsorisés sur les réseaux sociaux. Désormais le marketing d’influence concerne tous les types d’influenceurs puisqu’il est également mis en œuvre par des influenceurs avec des audiences plus modestes, ce qui rend la surveillance plus complexe, dû au nombre d’acteurs plus important. Et cette dynamique n’est qu’au démarrage, avec la reconnaissance de ce nouveau métier et le développement des formations spécialisées et des écoles d’influenceurs.

Emma Levesque

Références :
[Vidéo] Influenceurs et créateurs de contenu : les mesures d’accompagnement et de protection. (s. d.). economie.gouv.fr. https://www.economie.gouv.fr/influenceur-createur-contenu-mesures-encadrement
 
DI MAGGIO Alexandra, « Contrôle des influenceurs aux frontières : petit tour d’horizon de quelques réglementations nationales », Légipresse, 2021/HS2 (N° 66), p. 64-80. DOI : 10.3917/legip.hs66.0064.  https://www.cairn.info/revue-legipresse-2021-HS2-page-64.htm
 
Marketing d’influence : 60 % des influenceurs ciblés par la DGCCRF en anomalie. (s. d.). economie.gouv.fr. https://www.economie.gouv.fr/dgccrf/marketing-dinfluence-60-des-influenceurs-cibles-par-la-dgccrf-en-anomalie
 
Les influenceurs : obligations et responsabilité en Europe. (2022, 7 novembre). https://www.europe-consommateurs.eu/achats-internet/les-influenceurs.html
 
Mansoura, S. (2023, 23 janvier). “Influvoleurs” : cinq questions sur les plaintes pour escroquerie déposées contre des influenceurs français. France Inter. https://www.radiofrance.fr/franceinter/influvoleurs-cinq-questions-sur-les-plaintes-pour-escroquerie-deposees-contre-des-influenceurs-francais-7190836

La fin de l’utilisation des cookies tiers par Google

Y-a t’il des alternatives aux cookies tiers dans le cadre de la publicité en ligne?

Introduction

Les cookies sont des outils de collecte de données largement utilisés par Google. Ils sont des petits fichiers stockés sur l’ordinateur de l’utilisateur lorsqu’il visite un site web et ont différentes fonctions comme stocker l’ID client d’un site de commerce électronique, le contenu actuel du panier, la langue d’affichage de la page web, un ID pour suivre la navigation à des fins de statistiques ou de publicité. (Cnil, 2021)

Il existe deux types de cookies, les interne et les tiers. Les cookies internes ne permettent de suivre l’utilisateur que sur le site web qui les a déposés, tandis que les cookies tiers permettent de suivre le comportement de l’utilisateur sur tous les sites web qui les intègrent. (Cnil, 2021)

Les cookies tiers sont utilisés par les acteurs de la publicité en ligne pour suivre les utilisateurs, collecter ou déduire des informations personnelles et créer des profils détaillés pour cibler des publicités. Ces cookies sont utilisés pour générer des revenus pour les sites web. Cependant, les utilisateurs sont de plus en plus soucieux de leur vie privée. Google a annoncé en 2020 qu’il arrêterait l’utilisation de ces cookies d’ici 2022, mais cette date a été repoussée jusqu’à la fin de 2024. Cela pourrait impacter significativement la façon dont les entreprises ciblent et atteignent leurs publics et pourrait les amener à se tourner vers des méthodes publicitaires traditionnelles plus coûteuses et moins efficaces (AFP, 2022). Google est cependant en train de développer de nouvelles solutions innovantes qui pourraient venir pallier à la fin de l’utilisation des cookies tiers. 

Les cookies tiers ont l’air voués à disparaître, laissant un certain sentiment d’incertitude et d’instabilité chez les spécialistes du marketing digital au sujet du suivi et du ciblage publicitaire. Dès lors on peut se demander comment la fin des cookies tiers va venir impacter le marché de la publicité ? Quelles solutions sont en train d’être développées ?

  1. L’utilisation des cookies tiers dans le secteur de la publicité 

Les données de tiers sont généralement utilisées dans le secteur de la publicité et du marketing pour la publicité ciblée et la segmentation de l’audience. Ces données sont recueillies par des sociétés spécialisées dans la collecte et l’analyse de données et peuvent inclure des informations telles que des données démographiques, des habitudes d’achat et des comportements en ligne. (Cnil) 

Les sociétés de publicité et les spécialistes du marketing utilisent ces données pour mieux connaître leur public cible et créer des campagnes publicitaires plus efficaces et plus ciblées. Par exemple, ils peuvent utiliser ces données pour segmenter leur public en fonction de facteurs tels que l’âge, le sexe, le lieu, le revenu et les intérêts. Cela leur permet de créer des publicités ciblées qui ont plus de chances d’être vues et utilisées par les bonnes personnes. Les données de tiers peuvent être utilisées pour suivre les performances des publicités, surveiller l’engagement du public et optimiser les campagnes. Les données provenant de tiers jouent donc un rôle crucial dans le secteur de la publicité et du marketing en permettant aux entreprises de mieux comprendre leur public cible et de créer des campagnes publicitaires plus efficaces et efficientes.

  1. La fin de l’utilisation des cookies tiers sur google 

La décision de Google de mettre fin à l’utilisation de cookies tiers est motivée par la demande croissante des utilisateurs pour la protection de leurs données personnelles ainsi qu’un contrôle individuel sur la data générée. De plus en plus, les utilisateurs sont sceptiques quant au respect de la vie privée par Google et Facebook. Les premiers signes de changement ont été observés avec la mise en œuvre du règlement général sur la protection des données (RGPD) en 2018 et du règlement ePrivacy 2021, qui imposent des règles de transparence aux entreprises. L’objectif est désormais de donner aux utilisateurs le choix de partager ou non leurs données et de savoir comment elles seront utilisées. Le problème des cookies tiers est qu’ils permettent de récupérer les données des utilisateurs pour les vendre à des fins de publicité ciblée, créant ainsi des profils très ciblés. Ces données sont utilisées massivement et de manière opaque, suscitant la méfiance des utilisateurs. (Raffin, 2022)

Outre les problèmes de confidentialité, les cookies tiers présentent également d’autres problèmes pour les annonceurs, comme des données générales et moins précises accessibles à toutes les entreprises, ainsi que des problèmes de fiabilité des informations. Les annonceurs ne peuvent pas vérifier l’origine, l’ancienneté ou l’exactitude des données, ce qui rend difficile la garantie de la pertinence des campagnes publicitaires pour les utilisateurs. 

  1. Les alternatives développées par google 

Il existe plusieurs technologies différentes qui sont proposées ou en cours de développement pour remplacer les des cookies tiers. Google a annoncé la fin de l’utilisation des cookies tiers en 2024, afin de respecter la vie privée des utilisateurs. Toutefois, cela ne signifie pas la fin de la publicité ciblée. Pour remplacer les cookies tiers, Google a lancé son programme Privacy Sandbox (Raffin, 2022), qui vise à créer des technologies de ciblage alternatives respectant la vie privée des utilisateurs. L’objectif est de collecter les données des utilisateurs de manière sécurisée, puis de les partager avec les annonceurs via une API sécurisée. Les entreprises n’auront donc pas accès aux données trop personnelles. Parmi les alternatives proposées par Google, il y a FLoC (Federated Learning of Cohorts). Il s’agit d’un nouveau mécanisme qui regroupe les utilisateurs ayant des historiques de navigation similaires en segments d’audience, afin que les annonceurs ne puissent pas suivre individuellement la navigation des utilisateurs (Marc Langheinrich, 2021). Cette alternative soulève toutefois des questions quant à la dépendance accrue des annonceurs vis-à-vis de Google et de Facebook, qui détiennent déjà 75 % du marché de la publicité en ligne. FLoC a également été critiqué par les défenseurs de la vie privée, les régulateurs et même d’autres entreprises. Il analyse l’historique complet de navigation des utilisateurs, ce qui représente un volume de données plus important que les cookies tiers qui ne reçoivent que les informations des sites effectivement visités. Il est également intéressant de noter que Google n’a pas déployé de tests FLoC dans l’Union européenne en raison du risque de non-conformité avec le RGPD.

Une autre solution qui pourrait venir remplacer l’utilisation des cookies tiers telle qu’on la connait aujourd’hui serait le Privacy Pass. Ce protocole vise à anonymiser les transactions en ligne tout en protégeant la vie privée de l’utilisateur. Il fonctionne en créant des jetons cryptographiques qui peuvent être utilisés pour vérifier l’identité sans révéler d’informations personnelles sensibles. Les jetons sont stockés sur l’appareil de l’utilisateur et peuvent être utilisés pour remplacer les informations d’identification directe telles que les adresses IP lors de l’accès aux services en ligne. Il vise donc à fournir une méthode sécurisée et privée qui permettrait aux utilisateurs de se connecter à des services en ligne sans révéler leur identité ou leur historique de navigation. (Calme S,2017)

Enfin, une technique qui permet aux sites de suivre l’activité des utilisateurs est l’empreinte de navigateur. Le fonctionnement des sites web modernes nécessite l’exécution de scripts, qui sont des ensembles d’instructions indiquant à notre navigateur ce qu’il doit faire. Ils s’exécutent discrètement en arrière-plan et peuvent détecter toutes sortes d’informations sur votre appareil et votre navigateur (Latto, 2022). L’ensemble de ces informations constitue votre « empreinte digitale ». Cette empreinte digitale peut être utilisée pour vous retrouver sur l’internet et à travers différentes sessions de navigation. Les scripts sont capables de déterminer de nombreuses informations sur l’appareil utilisé : le système d’exploitation, le navigateur, les logiciels installés, le fuseau horaire, la langue utilisée, toutes les extensions de navigateur installées, de nombreux détails techniques sur la carte graphique, les pilotes, etc. L’empreinte digitale du navigateur fournit suffisamment d’informations sur un appareil et ses paramètres pour identifier un utilisateur parmi des millions et des milliards d’appareils sur Internet. En fait, l’empreinte du périphérique peut identifier les utilisateurs avec un taux de précision de 90 à 99 %. (Latto, 2022)

Si google  a repoussé une nouvelle fois l’abolition des cookies tiers à 2024, de nouvelles solutions vont être amenées à emerger pour permettre un ciblage publicitaire pertinent pour les utilisateurs et les annonceurs. Les solutions évoquées sont encore en cours de développement ou ne substituent pas encore les cookies tiers. Dès lors, il est impossible de savoir si ces solutions seront celles qui s’imposeront ou si d’autres solutions feront leur apparition dans les mois à venir. Cependant, il est clair que les entreprises vont devoir se plier à la volonté du grand public d’avoir le contrôle sur la donnée générée. Il y a un réel besoin de transparence et de pédagogie pour trouver des systèmes qui satisferont les besoins de chaque parti. 

Bibliographie 

AFP, L.M.avec (2022) Google présente son Nouveau système destiné à mettre fin aux cookies publicitaires, Le Monde.fr. Le Monde. Available at: https://www.lemonde.fr/pixels/article/2022/01/26/google-presente-son-nouveau-systeme-destine-a-mettre-fin-aux-cookies-publicitaires_6111053_4408996.html (Accessed: January 25, 2023). 

Alternatives Aux Cookies Tiers : Quelles conséquences en matière de consentement ? (2021) Fil d ariane. Available at: https://www.cnil.fr/fr/cookies-et-autres-traceurs/regles/alternatives-aux-cookies-tiers (Accessed: January 26, 2023).

Calme, S (2017) Privacy pass promet de vous permettre de vous authentifier sur un site sans Compromettre Votre Vie Priv, Developpez.com. Available at: https://www.developpez.com/actu/173648/Privacy-Pass-promet-de-vous-permettre-de-vous-authentifier-sur-un-site-sans-compromettre-votre-vie-privee-vers-une-alternative-aux-cookies/#:~:text=L’extension%2C%20Privacy%20Pass%20est,’authentification%20de%20l’utilisateur. (Accessed: January 26, 2023). 

Cnil, cookies et autres traceurs (no date) Fil d ariane. Available at: https://www.cnil.fr/fr/cookies-et-autres-traceurs (Accessed: January 25, 2023). 

Google Présente son nouveau dispositif pour remplacer Les Cookies publicitaires (no date) SudOuest.fr. Available at: https://www.sudouest.fr/culture/medias/google-presente-son-nouveau-dispositif-pour-remplacer-les-cookies-publicitaires-8010668.php (Accessed: January 26, 2023). 

Latto, N. (2022) Qu’est-ce que l’empreinte de navigateur, comment se protéger ? Avast. Available at: https://www.avast.com/fr-fr/c-what-is-browser-fingerprinting (Accessed: January 27, 2023). 

Madern, C. (2022) Penser la publicité Digitale Sans cookies : Un changement Législatif Majeur, plusieurs alternatives et une seule solution ?, Journaldunet.com. JDN. Available at: https://www.journaldunet.com/ebusiness/publicite/1512827-penser-la-publicite-digitale-sans-cookies-un-changement-legislatif-majeur-plusieurs-alternatives-et-une-seule-solution/ (Accessed: January 26, 2023). 

Marc Langheinrich ,(2021), To FLoC or Not?. Available at : https://ieeexplore.ieee.org/stamp/stamp.jsp?arnumber=9442736 (Accessed: January 27, 2023).

Raffin, E. (2022) Google repousse la fin des cookies tiers à 2024 : CE qu’il faut savoir, BDM. Available at: https://www.blogdumoderateur.com/google-repousse-fin-cookies-tiers-2024/ (Accessed: January 27, 2023). 

Vallaeys, F. (2022) Floc and the future of audiences: Understanding the limits and capabilities of Floc, Fledge and Turtledove, Search Engine Land. Available at: https://searchengineland.com/floc-and-the-future-of-audiences-understanding-the-limits-and-capabilities-of-floc-fledge-and-turtledove-350420 (Accessed: January 27, 2023). 

Tom Bourgeois

Médias sociaux et changement climatique : meilleurs-ennemis ?

Le 15 mars 2019, plus d’un million d’étudiants se sont mobilisés dans le monde pour protester contre l’inaction politique face au changement climatique.  Comment cela a-t-il été possible ? Un hashtag #FridaysforFuture créé par la jeune militante Greta Thunberg devenu viral. Aujourd’hui c’est une communauté qui rassemble 14 millions de jeunes pour interpeller les gouvernements afin qu’ils prennent des mesures conséquentes pour limiter le réchauffement climatique à 2 degrés, comme établis lors de l’Accord de Paris de 2015.

C’est le parfait exemple qui illustre le rôle clé que peuvent avoir les médias sociaux dans la lutte contre le changement climatique et pourtant il ne s’agit là que de la face visible de l’iceberg. En effet, d’après le Shift Project, le numérique serait responsable de 4% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. Et cela ne risque pas de s’améliorer au vu de la place croissante qu’occupe le numérique dans nos vies.

Alors les médias sociaux font-ils partie de la solution ou du problème ?

Médias sociaux : un puissant vecteur de diffusion de l’information

Quel est le constat ?

Les médias sociaux connus pour abolir les frontières du temps et de l’espace, réunissent 58% de la population mondiale qui au quotidien partagent des idées et échangent leurs points de vue. Une étude réalisée par Médiamétrie et le ministère de la culture a révélé que les médias sociaux sont le moyen le plus utilisé pour s’informer chez les 15-34 ans. En effet, 71% l’utilisent quotidiennement. Les comités scientifiques, les associations ainsi que d’autres acteurs impliqués pour l’environnement l’ont compris et s’en servent désormais comme canal de communication pour sensibiliser la population et changer les mentalités.

Cela prend de l’ampleur au vu des nombreuses trends écologiques qui se développent mêlant sensibilisation et action. Nous pouvons par exemple citer l’explosion de la visibilité du film Blue Planet II de David Attenborough grâce à Twitter , l’organisation des Clean Walk ou encore les campagnes de récolte de fond comme celle de MR Beast’s pour planter 20 millions d’arbres (#teamtrees).

Cependant, des études démontrent qu’il y a une limite quant à la visibilité de ce type de post. D’après Hywel Williams, l’espace est polarisé en deux groupes, « activistes et sceptiques ». Les individus communiquent alors avec des personnes avec qui ils s’identifient, phénomène qualifié d’homophilie par McPherson. Dans cette même communauté les messages sont souvent positifs alors que lorsque des individus aux opinions divergentes échangent le ton devient agressif. Cette agressivité peut freiner l’objectif principal de sensibiliser aux enjeux écologiques ceux qui ne le sont pas.

Et les influenceurs dans tout ça ?

Hyperconsommation, jet privé, Dubaï :  vie de rêve pour certains mais cauchemar pour la planète. Leurs rôles d’influence des communautés et des modes de vie est clé dans la lutte contre le changement climatique. On observe alors une logique d’interpellation, humour ou commentaire de postes de marque, qui a pour but de sensibiliser sur l’impact négatif de posts à plusieurs milliers de like. On peut citer par exemple BonPote qui a fait supprimer une vidéo de FastGoodCuisine « livrer un mcdo en jet privé.

Ou encore ce post réalisé par le master développement durable de Dauphine  afin de dénoncer la promotion d’un mode de vie dérisoire en période d’urgence climatique.

D’autres influenceurs ont compris que les réseaux sociaux sont une arme redoutable pour faire changer les mentalités et s’en servent pour informer, faire passer des messages et mobiliser. Pour cela je vous invite à lire cet article qui cite ces «influenceurs écolos ».

Lutter contre la désinformation

En faisant face chaque jour à tout type de contenu sur l’urgence climatique, il faut développer une certaine méfiance et vérifier les sources. Au vu du débat que sollicite ce sujet tout le monde s’est déjà retrouvé face à un contenu négationniste, de lobbies, greenwahsing, propagande et même fake-news.

Rapport du GIEC qualifié de « canulars » ou encore de nombreuses études que nous allons citer confirment ce phénomène. Brandwatch démontre qu’en 2020 « le contenu sur le changement climatique qui a obtenu le plus d’engagements provient d’un site de conspiration connu appelé Natural News ». Euronews a également publié un rapport accusant l’algorithme du géant YouTube de faire apparaître du contenu négationniste. Avec 21 % des pages de résultats de la recherche par mot clé « changement climatique » étant des informations fausses qui nient la contribution du CO2 au changement climatique.  Cependant les fakes news sur les réseaux sociaux sont parfois difficiles à cerner de part la quantité de contenu humoristique.

Miller l’a théorisé : les messages sur le climat sont souvent porteurs de mauvaises nouvelles donc pour certains, les histoires de fake news sont plus faciles à accepter que la vraie histoire. 😉

Du virtuel au réel : l’impact de l’usage des médias sociaux sur l’environnement

L’enfer numérique : Voyage au bout d’un Like par Guillaume Pitron illustre l’impact de l’usage du numérique sur l’environnement. Les fonctionnalités (like,share,comment), développées par les réseaux sociaux pour capter en permanence notre attention et générer des données sur les individus ont un coût réel.  Un like passerait par environ 7 couches physiques, comme les câbles terrestres et sous-marins avant d’être reçu.

Tout est dématérialisé mais la pollution elle est bien présente. Une étude de Greenspector affirme que par an notre utilisations des réseaux sociaux reviendrait à 102 kgEqCO2 à l’année, soit l’équivalent de 914 km en voiture. De plus, le stockage de nos données dans des data center consomme certes en électricité, comme Greenpeace l’a montré notamment en fonction des sources d’énergies qui alimentent les serveurs, mais surtout en eau douce pour les refroidir.

Voyons alors comment se placent les médias sociaux.

Pour les data centers : Youtube, Facebook et Instagram sont les plus écolos car alimentés à environ 60% par les énergies renouvelables contrairement à Linkedin et Twitter qui en utilisent 10%.

D’après Greenspector TikTok est considéré comme le réseau social le plus polluant avec juste derrière Reddit et Pinterest.

L’essentiel des émissions lié à l’usage du numérique est dû au streaming vidéo qui représente à lui seul 60 % des flux de données sur internet notamment par le poids des fichiers. De plus, les réseaux sociaux et leur modèle économique fondé sur la captation de l’attention y contribue aussi grandement. Le fil d’actualité Tiktok par exemple, en déclenchant directement une vidéo a impact carbone de 7,4 fois plus important que celui de Youtube qui ne propose qu’un apperçu.

Comment s’engagent alors les médias sociaux ? Comment agir ?

On peut certes recommander un usage responsable des médias sociaux (regarder une vidéo un niveau de qualité en dessous, résister à l’envie d’engagement de tous les pop-up auxquels on est confrontés ou encore se connecter le plus possible en wifi plutôt qu’en 4G) mais qu’est-ce qui garantit que les médias sociaux s’engagent à leur tour pour réduire leurs émissions ?

Si nous nous rendons sur le site web de la plateforme TikTok et du groupe Metaverse la différence dans leur rapport à l’environnement est frappante.

Pour TikTok …

tiktok.com

L’unique article en lien avec l’environnement est celui sur le contenu de leurs utilisateurs lors du EarthDay de 2022 mais rien sur leu engagement en interne.

tiktok.com

Le groupe Metaverse (Facebook, Instagram, Messenger, Whatsapp..) a un site dédié à ses engagements. Il affirme avoir inséré des nouvelles fonctionnalités pour sensibiliser au changement climatique grâce à son climate science information center ou encore investi dans plus d’un millions d’euros dans un programme de fact checking pour lutter contre la désinformation. De plus le groupe s’engage à être « water positive » d’ici 2030 et continue également d’innover pour rendre les data centers plus durables.

sustainability.fb.com

De plus le groupe Google et donc Youtube était en avance en étant neutre en carbone depuis 2007 avec des mécanismes de compensation carbone.

Cependant rien ne semble concerner les fonctionnalités elles-mêmes des différentes plateformes qui poussent à la consommation de contenu. Oui, il est possible d’intégrer l’aspect environnemental dès la phase de conception de ces services numériques. Beaucoup d’ingénieurs affirment qu’alléger le code informatique est faisable pour que l’impact des sites soit réduit mais les plateformes ne semblent pas souhaiter s’engager sur ce très gros chantier. Il serait également possible d’intégrer certaines règles d’éco-conception comme dans ce rapport publié par notamment l’Ademe et Green IT , même de façon facultative en option pour les utilisateurs qui le souhaitent.


Il existe donc un fort lien entre médias sociaux et lutte contre le réchauffement climatique. Ils représentent en effet un moyen efficace de sensibiliser les individus à ce sujet mais leur modèle économique basé sur la captation de l’attention contribue négativement à leur impact environnemental. Un usage du numérique responsable (mais qui ne s’est jamais perdu des heures sur les fils d’actualités interminables ?) ainsi qu’un engagement en interne des plateformes permettrait de réduire considérablement l’empreinte carbone des médias sociaux.

Nina-Lou Fresnil – Master Siren


 Sources supplémentaires

https://www.cairn.info/revue-reseaux-2009-5-page-157.htm

https://accept.aseanenergy.org/the-power-of-social-media-to-fight-climate-change/

https://www.euronews.com/my-europe/2020/01/16/youtube-algorithms-are-promoting-climate-denial-videos-to-millions-new-report

https://www.mdpi.com/2225-1154/7/10/122/htm

https://medium.com/swlh/can-social-media-save-our-planet-from-climate-change-b3b1e81f64f7

https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0959378015000369?via%3Dihub

https://www.theguardian.com/environment/2021/mar/21/climate-fight-is-undermined-by-social-medias-toxic-reports

https://www.nrdc.org/stories/climate-misinformation-social-media-undermining-climate-action

https://www.franceculture.fr/emissions/les-enjeux-des-reseaux-sociaux/changement-climatique-les-reseaux-sociaux-font-ils-partie-de-la-solution-ou-du-probleme

https://www.linfodurable.fr/technomedias/quels-sont-les-reseaux-sociaux-les-plus-polluants-31783#:~:text=La%20fameuse%20application%20de%20vid%C3%A9o,%2C30%20g%20EqCO2%2Fmin.

https://www.greenqueen.com.hk/browser-extension-carbonanalyser-visualises-emissions-from-internet-activity-co2-social-media/

https://www.bbc.com/future/article/20200305-why-your-internet-habits-are-not-as-clean-as-you-think

https://screenrant.com/social-media-climate-change-website-calculates-carbon-emissions/

https://www.euronews.com/green/2021/05/24/scrolling-doesn-t-just-waste-your-energy-it-wastes-the-planet-s-too

https://www.globalcitizen.org/fr/content/social-media-emissions-carbon-footprint/

https://www.socialmediatoday.com/news/facebook-announces-new-initiatives-to-raise-awareness-of-climate-change-an/606738/

Activisme numérique. L’exemple #BalanceTonPorc sur Twitter

Girl writing « #metoo » on a mirror with a red lipstick. Sexual harassment.

Les réseaux sociaux se sont progressivement imposés comme de nouveaux acteurs dans la structuration du débat public et la mise à l’agenda des questions sociétales. Utilisés par de nombreux jeunes, ils sont à l’origine d’une nouvelle forme d’activisme : l’activisme numérique. A travers l’exemple de #BalanceTonPorc, nous verrons comment s’organise ce nouveau type de militantisme.

Mise à l’agenda politique et réseaux sociaux

A partir des années 1970, la science politique commence à s’intéresser au processus de mise à l’agenda politique des questions sociétales. Ils questionnent les mécanismes en amont et en aval d’une décision politique et définissent les différentes étapes et acteurs en charge de son ascension dans les institutions. Il est intéressant de comprendre à quelles étapes de ce processus les réseaux sociaux peuvent jouer un rôle important.

La notion d’agenda, définie par Garraud en 1990, peut se comprendre comme « l’ensemble des problèmes faisant l’objet d’un traitement, sous quelque forme que ce soit, de la part des autorités publiques et donc susceptibles de faire l’objet d’une ou plusieurs décisions ». Dans toute révolution, c’est un passage obligatoire pour accéder au changement de manière pérenne. Selon Stephen Hilgartner et Charles Bosk (1988), la mise à l’agenda d’un problème est le résultat de plusieurs dynamiques, souvent combinées entre elles.

La première de ces dynamiques est la mobilisation. Elle a pour objectif d’acquérir l’opinion publique en sa faveur pour faire pression sur l’État et légitimer la revendication. Cela passe par différentes actions : manifestations, grèves, symboles, … Les réseaux sociaux peuvent jouer un rôle important à cette étape de la mise à l’agenda. Grâce à la force des liens faibles, ils permettent la diffusion massive d’un message, et donc d’une revendication. Quand le message parvient à s’emparer des fils d’actualité, l’opinion publique est sensibilisée et les médias plus traditionnels peuvent relayer l’information dans le débat public.

Cela nous mène à la deuxième dynamique : la médiatisation. Fortement liée à la première, la médiatisation permet d’affirmer une revendication comme une priorité dans le débat public. C’est une étape quasi-indispensable pour l’accès aux institutions étatiques.

La troisième dynamique est la politisation du problème. Une fois qu’il est médiatisé, il doit encore être traité par les politiques. Cela dépend de plusieurs facteurs : bénéfices politiques (électoraux, symboliques, stratégiques), faisabilité technique des solutions proposées, autres questions à l’ordre du jour, etc.

Toute lutte sociale passe de manière plus ou moins explicite par ces dynamiques qui conditionnent sa réussite ou son échec. Les réseaux sociaux peuvent être un levier d’action important, notamment pour la dynamique de mobilisation.  Pour certains auteurs, l’intervention des réseaux sociaux dans ce processus, et plus largement l’activisme numérique, doit être remis en cause.  

Activisme numérique et activisme réel

Dans l’article polémique Small Change : Why revolution will not be twitted, publié en 2010 dans The New Yorker, Malcolm Gladwell dresse le tableau d’un nouveau type d’activisme : l’activisme numérique. Avec un regarde critique, il défend l’idée selon laquelle les réseaux sociaux ne peuvent pas être le siège des révolutions et luttes sociales à venir. Pour mener cette réflexion, il s’appuie sur l’exemple d’une mobilisation étudiante qui commence le lundi 1er février 1960 en Caroline du Nord. Quatre étudiants noirs décident d’occuper un restaurant après s’être fait refuser le service d’un café pour leur couleur de peau. Le sit-in prend de l’ampleur et sera rejoint pas d’autres étudiants. Un mois plus tard, c’est tout le Sud des États-Unis, soit près de 70 000 étudiants, qui participent au mouvement social. Il utilise cet exemple pour comparer l’activisme dit « réel » et l’activisme numérique autour de deux points principaux :

  • Les liens sociaux qui unissent les mobilisés

Dans l’exemple de 1960, les liens sociaux entre personnes mobilisées sont très forts. Chacun est uni à l’autre par un sentiment de devoir et de communauté. Selon l’auteur, une mobilisation pareille n’aurait pas été possible si elle avait eu lieu sur les réseaux sociaux. Ces derniers s’appuient, s’organisent et capitalisent autour de liens sociaux faibles. D’après Gladwell, ils permettent bien d’étendre la portée d’un message, ou du moins sa vitesse de propagation, mais pas de mobiliser davantage. Si le message est viral, ce n’est pas grâce au réseau social en question, mais au faible coût d’engagement que son partage requiert. Autrement dit, les réseaux sociaux baissent le coût de l’engagement et ainsi augmentent le nombre de mobilisés. Cette mobilisation, cette « fièvre », se repend rapidement mais n’assure pas l’engagement « risqué » nécessaire aux révolutions sociales.

  • Le cadre au sein duquel prend forme l’activisme

L’activisme traditionnel est structuré, hiérarchisé et organisé de sorte à pérenniser la fièvre en mobilisation et la mobilisation en actions. Dans le cas du militantisme numérique, il est beaucoup plus décousu. Les réseaux sociaux fournissent les outils pour construire un réseau et propager la fièvre mais pas pour organiser une lutte sociale solide et pérenne. Le sit-in des années 1960 a donné lieu à des organisations quasi-militaires (NAACP, CORE), qui mettaient en place des plans d’action, formations, etc.

Pour beaucoup, la tribune de Gladwell est excessive et parfois de mauvaise foi. Pour Léo Mirani, journaliste à The Guardian, le point de vue de Gladwell réduit l’activisme à une protestation physique. Ce point de vue occulte le pouvoir des réseaux sociaux sur l’évolution des mentalités, l’influence d’opinion et la mise en place d’un débat public. Jillian C. Work du Berkman Center for Internet and Society pense que l’activisme numérique ne doit pas être dissocié de l’activisme physique, ils sont complémentaires.

#BalanceTonPorc

La première campagne Me Too est lancée en 2007 par Tarana Burke pour dénoncer les violences sexuelles et sexistes à l’égard des minorités. Entre 2007 et 2017, le mouvement ne prend pas particulièrement d’ampleur sur les réseaux sociaux et reste peu connu du grand public. C’est à partir d’octobre 2017, à la suite de l’affaire Harvey Weinstein qui l’accuse de 80 agressions sexuelles, que l’actrice Alyssa Milano propose de partager des témoignages sur les réseaux sociaux sous l’hashtag #MeToo. Du harcèlement au viol, des milliers de femmes et hommes de tous les milieux prennent la parole sur Twitter, Instagram, Facebook, etc pour raconter leur expérience. La fièvre se repend dans 85 pays au total et #MeToo est décliné en plusieurs langues. Le 14 octobre 2017, la journaliste Sandra Muller propose d’inclure la France avec le #BalanceTonPorc.

Le mouvement est d’ampleur et de nature inédites dans la lutte féministe. Analysons cette « révolution twittée » à la lumière des théories expliquées plus haut pour comprendre le phénomène.

En premier lieu, il est intéressant de mentionner le fait que la médiatisation est intervenue avant la mobilisation. C’est une réaction directe à la publication de l’affaire Weinstein par le New York Times. L’activisme numérique n’est donc pas à l’origine même de la mise à l’agenda politique. C’est juste une étape du processus, d’abord initié par les médias traditionnels. Cela peut s’expliquer par le fait que la lutte contre le harcèlement sexuel fait partie du débat public depuis longtemps. Le phénomène BalanceTonPorc entend surtout libérer la parole sur ce sujet, briser l’omerta en place et faire ouvrir les yeux à la population sur la fréquence de ce type de délit.

En second lieu, il est important d’introduire le contexte dans lequel cette révolution émerge. Aux États Unis, Donald Trump vient de gagner les élections présidentielles face à Hilary Clinton. Les droits des femmes sont davantage mentionnés dans le débat public. Au lendemain des élections, une des plus grandes marches pour les femmes est organisée aux Etats-Unis. En off-line de ce phénomène numérique, le contexte encourage ce mouvement et assure son prolongement dans la réalité. On retrouve donc une certaine complémentarité entre l’online et l’offline.

En troisième lieu, il est vrai que ce phénomène n’est pas organisé ou hiérarchisé. La revendication est claire mais l’objectif ne l’est pas. Comme Gladwell le disait, il est difficile de structurer ce mouvement, ce réseau, en lutte pérenne. C’est le premier mouvement féministe d’une ampleur pareille qui n’est pas initié par une organisation militante. Une personnalité publique, actrice hollywoodienne aux États Unis et journaliste en France, lance l’hashtag mais ne se charge pas de la suite. Chacun y va de son tweet mais aucune action concrète n’est lancée collectivement. La dynamique de politisation de la question peine à aboutir.

Un an après le premier tweet de Sandra Muller, la plateforme Visibrain révèle l’ampleur du phénomène on-line. Au total, 931 240 tweets sont postés avec l’hashtag #BalanceTonPorc, 292 946 personnes témoignent, dont 47% d’hommes. En off line, les chiffres révèlent autre chose. Au dernier trimestre de 2017, le ministère de l’intérieur affiche une hausse de 30% des plaintes pour agression sexuelle. Cependant, entre 2007 et 2017, le nombre de condamnations a chuté de 40%. Elles étaient de 1652 en 2007 contre 1003 en 2017.

Bibliographie

SMALL CHANGE : Why revolution will not be twitted – Malcolm –The New Yorker – 2010

L’effet Dragonfly : des moyens rapides, efficaces et puissants pour utiliser les médias sociaux pour conduire le changement social (blog) – Andy Smith et Jennifer Aaker – 2010

Les processus de mise sur agenda : sélection et construction des problèmes publics – Patrick Hassenteufel – 2010

#MeToo : le rôle des réseaux sociaux dans la mise à l’agenda du harcèlement sexuel au RoyaumeUni – Sous la direction de Dephine DULONG, soutenu par James William RAPLEY CIL Promotion Georges Clemenceau (2017-2018)

Affaire Weinstein, comment est né #balancetonporc, le hashtag contre le harcélement sexuel – Nouvel Obs – 2017

Sorry, Malcolm Gladwell, the revolution may well be tweeted – Leo Mirani (2010)

Yale, 2017, « Twitter et gaz lacrymogène : le pouvoir et la fragilité de la protestation en réseau », non traduit

Garraud P., 1990, « Politiques nationales : l’élaboration de l’agenda », L’Année sociologique, p. 17-41.

Hilgartner S. et Bosk C., 1988, « The Rise and Fall of Social Problems : A Public Arena Model », American Journal of Sociology, vol. 94, n° 1, p. 53-76.

« Insécurité et délinquance 2017 – Premier bilan statistique » – Ministère de l’intérieur

Léa Fournier

Comment la Karmine Corp est devenue le club e-sport le plus populaire de France ?

Si vous êtes un utilisateur régulier de Twitter et que vous vous intéressez à l’e-sport, vous avez certainement du voir passer certains tweets en référence au phénomène KCorp et à ses joueurs tels que « SAAAAAAAAAAKEN » ou encore « Cabochad » sur votre fil d’actualité. Depuis 2021, la Karmine Corp a créé un véritable raz de marée sur les réseaux sociaux et a su se créer une communauté de fans fidèles et très engagés.

La Karmine Corp, structure e-sport fondée en 2020, est devenue en l’espace d’un an l’une des équipes les plus populaires de France. Fondée par « Kameto », ancien joueur semi professionnel de League of Legends et actuellement l’un des streamers les plus important en France, ainsi que « Prime », rappeur et influençeur lifestyle sur Youtube, la Karmine Corp a forgé sa popularité grâce à son équipe League of Legends, bien qu’elle soit aussi présente sur d’autres jeux (TFT, Rocket League, …). Kameto a récemment fait beaucoup parlé de lui en tant que « général » français lors de la « Pixel War » qui a vu s’affronter de nombreuses communautés sur la plateforme Reddit pour le contrôle d’un espace artistique virtuel composé de pixels.

Extrait du Pixel Art de la communauté française sur Reddit

Un phénomène immédiatement viral

Tout commence réellement fin 2020 lors de l’annonce de l’arrivée de Prime dans le projet, un nouveau nom pour la structure (anciennement Kameto Corp), et la montée en LFL (Ligue Française de League of Legends) pour l’équipe League of Legends. La LFL est l’une des meilleures ligues régionales en Europe et allait encore changer de visage avec l’arrivée de nouvelles équipes et d’un nouveau diffuseur (OTP), autant dire que les attentes étaient grandes au début de saison 2021. Kameto étant un streamer League of Legends, il est déjà connu par une grande partie de la communauté française sur le jeu, et sa personnalité est maintenant la figure de proue d’une équipe e-sport qu’il incarne totalement et pour lesquelles il ne cache pas ses ambitions.

Comme pour l’équipe Solary (structure aussi détenue par des streamer), Kameto est autorisé à diffuser et commenter les matchs de son équipe sur sa chaîne Twitch. Ainsi, les communautés respectives de leurs CEOs vont se transformer en véritables supporters de l’équipe. La « KC » a donc très rapidement battu tous les records d’audience en proposant un jeu spectaculaire et créant dès le départ un Story Telling autour des premiers matchs, qui étaient extrêmement serrés. Rapidement, les victoires commencent à s’enchaîner et la Karmine Corp va remporter la LFL et par la suite les European Master au « Spring Split » 2021.

Dans ce contexte, sur les réseaux sociaux, le phénomène est viral. A chaque match ou à chaque annonce de la structure, le #KCorp se retrouve en Trending Topic sur Twitter. Mais ce n’est pas tout, en effet Kameto et Prime avaient exprimé leur volonté de révolutionner la façon de supporter une équipe e-sportive, quitte à s’inspirer de la façon de faire des sports traditionnels. Grâce à l’expérience de ses fondateurs sur Twitch et Youtube, la Karmine Corp a toujours proposé énormément de contenus sur les réseaux sociaux, avec de nombreuses créations graphiques par exemple. De plus, un partenariat avec RedBull va leur permettre de partager l’intérieur de la vie de l’équipe et permettre aux fans de s’identifier aux figures de la structure dans le format Back Story. Très vite, les fans se sont pris au jeu et sont devenu eux-mêmes créateurs de contenu liés à la Karmine Corp avec des fan-art mais aussi des montages humoristiques, des memes ou encore des chansons à la gloire de l’équipe.

Une stratégie qui « snowball »

Mais la structure ne compte pas s’arrêter en si bon chemin et profiter de sa dynamique. Kameto et Prime l’ont dit, la Karmine a pour ambition de devenir l’une des meilleures équipes du monde et elle a une forte communauté sur laquelle s’appuyer. Avec le KCX (Karmine Corp Xperience), la structure va pouvoir proposer à ses fans de les rencontrer physiquement et leur permettre de supporter leur équipe ensemble et au plus près des acteurs. On voit alors, comme dans les sports traditionnels, des communautés d’Ultras se créer sur les réseaux sociaux et partager ensemble des chants de soutiens lors des évènements, des idées de pancarte ou simplement discuter de leur équipe favorite ensemble. Au-delà de la viralité du phénomène de suivi de la structure, c’est surtout l’engagement des fans sur les réseaux sociaux qui est exceptionnel. Cette effervescence se répercute tout au long de l’année avec des audiences toujours très élevées et de bons résultats pour l’équipe en « Summer Split » 2021 (2 finales en LFL et un deuxième titre de champion des European Masters).

En organisant régulièrement des vidéos d’annonce ou des conférences de presse, ou simplement par l’intermédiaire de Kameto lorsqu’il stream sur Twitch, la Karmine Corp a toujours été transparente auprès de sa communauté. Recruté en 2021 en tant que Managing Director Business & Strategy, Xavier Oswald, co-fondateur de Gozulting (entreprise de production évènementiel dans le milieu du gaming et de l’e-sport) et ancien de Team Vitality, partage donc régulièrement sur son compte Twitter les chiffres qui nous montrent cet engagement fort de la communauté sur les réseaux sociaux.

Les communautés de fans et d’ultras Karmine Corp ont leurs codes bien à eux sur les réseaux sociaux, souvent reconnaissables à leurs initiales KC se trouvant au début de leur pseudo. Beaucoup de ces codes ont été pensés dès le départ par Kameto comme le « Blue Wall » que l’on retrouve derrière les photos de profil des fans mais de nombreuses initiatives sont prises directement au sein de la communauté comme dans les groupe Discord créés par les fans. Et l’avantage d’avoir cette communauté très engagée derrière la structure ne se fait pas seulement ressentir en termes d’audiences ou de résultats.

Des ambitions toujours aussi élevées

Grâce à cet engouement, la Karmine Corp peut produire des recettes diversifiées grâce au merchandising, avec notamment les maillots des joueurs qui sont numérotés, chose inédite dans l’e-sport bien que ce soit commun dans les sports traditionnels comme le football. En proposant par exemple des versions dédicacées par les joueurs, la Karmine Corp entretient ce lien de proximité avec ses fans qui le lui rendent bien. Cette notoriété a aussi permis à l’équipe d’attirer des sponsors importants pour le projet tels que Michelin ou Orange. Les équipes de Community Management de ces marques ont rapidement compris l’impact de la communauté Karmine Corp sur des plateformes comme Twitter et n’hésitent pas à interagir régulièrement avec les comptes officiels de la structure ou des supporters. La production de contenu par la structure est toujours une priorité. Désormais, la Karmine Corp va jusqu’à produire des documentaires sur l’équipe et propose énormément de contenu sur sa chaine Youtube. On peut noter que la KCorp a toujours la volonté de rendre à ses fans autant qu’elle reçoit d’eux, comme avec l’organisation de jeux-concours autour de la création de fan-art.

L’équipe a continué d’asseoir sa crédibilité cet hiver en recrutant Martin « Rekkles » Larsson, joueur star de League of Legends considéré par de nombreuses personnes comme le joueur européen le plus emblématique de l’histoire. Ce recrutement ainsi que les bons résultats de l’équipe et leurs audiences incroyables ont suscité la curiosité jusqu’à l’extérieur de nos frontières comme en Corée avec les multiples champions du monde T1. De fait, la KCorp est le club d’e-sport français dont on parle le plus sur Twitter en 2022, et le 5eme au monde.

Cependant, l’équipe est encore en LFL et n’a pas encore accédé au LEC (League of Legends European Championship), la ligue fermée européenne dans laquelle jouent les meilleurs joueurs du continent et qui peut donner un accès aux Worlds (championnat du monde). On sait qu’il est souvent compliqué de créer un vrai attachement à une structure dans ce milieu et la KCorp compte bien sur cet argument pour convaincre la Ligue de leur ouvrir ses portes, même si ce ne sera pas gratuit. C’est désormais l’objectif affiché par la structure qui continue de se donner les moyens de ses ambitions et espère bientôt avoir l’opportunité de se faire une place dans la « Grande Ligue » européenne, pour continuer à vivre le rêve de son fondateur d’un jour gagné les championnats du monde, main dans la main avec ses fans.

Valentin Bernadou

Régulation des réseaux sociaux : étude comparative France / États-Unis / Chine

Les tentatives internationales de régulation des mastodontes que sont les réseaux sociaux ont été nombreuses. Ces géants sont régulièrement au coeur des débats, suscitant la peur face à tant d’hégémonie et souvent qualifiés de « plus puissants que les États ».

L’heure est au bilan sur l’état actuel de cette régulation, avec une étude comparative de 3 visions : européenne, américaine et chinoise.

© Source : https://www.lebigdata.fr/dsa-digital-services-act-ue-censure

Digital Service Act (DSA) : l’Europe se met d’accord

Le 23 avril dernier a été marqué par la conclusion tant attendue d’un accord provisoire entre la Commission, le Conseil et le Parlement européen sur le projet de loi Digital Service Act (DSA). Emboitant le pas au Digital Market Act (DMA) dont l’accord provisoire a été obtenu en mars 2022, ce texte européen cible la régulation des contenus illicites en ligne et la modernisation du cadre légal déjà en vigueur. En complément de la régulation économique des plateforme « gatekeepers » proposée par le DMA, cette règlementation a pour but de rendre « ce qui est illégal hors ligne (…) illégal en ligne dans l’UE« , comme l’a déclaré Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne. Il vise de nombreuses entreprises et plateformes, telles que les opérateurs, les marketplaces, les services de cloud et les réseaux sociaux, et instaure des obligations spécifiques aux plateformes dites « very large » (NDLR : les plateformes comptant plus de 45 millions d’utilisateurs actifs ) dans une optique de responsabilisation de ces dernières.

Au-delà des enjeux de traçabilité liés aux marketplaces et l’interdiction de la publicité ciblée à destination d’enfants auxquels s’attaque le DSA, de nombreuses obligations visent directement les réseaux sociaux et les pratiques en ligne telles que les discours haineux, la discrimination, le revenge porn et la publication de contenu illicite dans son ensemble. En pratique, ces mesures devraient permettrede lutter contre ces agissements et de signaler plus facilement lesdits contenus. On peut notamment noter l’obligation de retrait immédiat dans le cas de partage de contenus intimes non consentis par les victimes de cyber-violence. Les algorithmes, ingrédient secret des plateformes les plus performantes, ne sont pas épargnés : le texte exige plus de transparence quant à leur fonctionnement, obligeant les géants de la tech à fournir un accès à leur algorithme à la Commission européenne et aux États membres. Dès le 1 janvier 2024, date provisoire d’entrée en vigueur du texte, les entreprises en faute pourront risquer des amendes allant jusqu’à 6% de leur chiffre d’affaires mondial ainsi qu’une exclusion du marché européen.

Les États-unis tentent de rattraper leur retard

À travers ces initiatives de régulation, les lois européenne pourraient bien s’établir comme un modèle à l’international, comme s’en ai notamment réjouit la lanceuse d’alerte Francis Haugens « Allez les Etats-Unis, maintenant c’est notre tour » en faisant référence au projet du DSA.

En effet, bien que les travaux de parlementaires américains aient contribué à l’inspiration du projet DMA (NDLR : rapport de la sous-commission du droit antitrust, commercial et administratif de la commission judiciaire de la Chambre des représentants des États-Unis sur la concurrence sur les marchés numériques), le droit sur internet aux Etats-Unis est assez pauvre. Il se résume grossièrement à deux lois adoptées à la fin des années 90 : la section 230 du Communications Decency Act (CDA) qui garantit la liberté d’expression en ligne et le Children’s Online Privacy Protection Act (COPPA), qui vise la protection en ligne des enfants de moins de 13 ans. Cependant, les Etats-Unis semblent vouloir rattraper leur retard dans ce domaine. Joe Biden a déjà exprimé la nécessité de reformer la section 230 du CDA et plusieurs projets de loi ont récemment été introduits. Parmi eux, on retrouve le Kids Online Safety Act (KOSA) datant de février 2022, qui imposerait de nouvelles garanties, de nouveaux outils et de nouvelles exigences de transparence pour les mineurs en ligne de moins de 17 ans. Enfin, on peut également noter le Earn It Act (EIA), réintroduit en février dernier puis adopté, qui met en avant la lutte contre la diffusion de contenus pédopornographiques sur Internet.

En ce qui concerne spécifiquement les réseaux sociaux, la sénatrice Amy Klobuchar a introduit à la Commission fédérale du commerce le 10 février 2022 le projet de loi Social Media NUDGE Act (Nudging Users to Drive Good Experiences on Social Media). Ce projet doit permettre à la National Science Foundation (NSF) et à la National Academy of Sciences, Engineering, and Medicine (NASEM) de réaliser une étude sur les plateformes de médias sociaux et les questions d’addiction, de désinformation et de mise en avant de contenus dangereux en lien avec les algorithmes existants. Les enjeux de transparence sont également au cœur du projet, avec par exemple un rapport de transparence public requis tous les 6 mois pour les grandes entreprises des médias sociaux, tout comme les informations concernant la finalité des contenus signalés. Des enjeux sensiblement similaires à ceux portés par le DSA

En Chine, une régulation gouvernementale unique en son genre

Passé relativement inaperçu en Europe, le Règlement sur l’administration de la recommandation sur les algorithmes des services d’information sur Internet a été mis en application en Chine le 1er mars 2022.

© Source : https://ruedesconfines.com/pendant-la-crise-les-chinois-jouent-avec-les-reseaux-sociaux/

Cet ensemble de recommandations vise très spécifiquement les algorithmes, leur transparence et leur utilisation avec des mesures telles que la possibilité pour les utilisateurs de désactiver leur profil ou qu’il soit pas pris en compte, la conservation par les entreprises des traces du fonctionnement de leur algorithme pendant six mois ou encore la nécessité pour les entreprise capables de mobiliser l’opinion publique de s’enregistrer auprès des autorités. 

Bien que la transparence liée aux algorithmes soit là aussi le noyau du projet, l’esprit général du règlement s’éloigne des projets européen et américain. En effet, les projets occidentaux se distinguent à moindre échelle par des mesures visant la protection des droits humains (Europe) et des droits consommateurs (États-Unis). De son côté, le projet chinois met avant tout l’accent sur la protection du pays, de sa sécurité et de ses valeurs (celles promues par le régime) et ne masque pas la volonté du parti d’incarner le monopole étatique du contrôle, s’accaparant les nouvelles richesses générées par les géants de la tech : les données.

Le danger d’un contrôle d’état sous couvert de régulation

Dans une logique similaire, l’administration du cyberespace de Chine (CAC) a également annoncé début avril le lancement de la campagne QingLang d’ici la fin de l’année 2022, poursuivant l’objectif de création d’un espace en ligne sain. Déjà évoquées l’année passée, ces opérations se définissent littéralement comme « nettoyé et non contaminé ». Ce qui s’illustre notamment à travers les suppressions et les fermetures engendrées par les régulateurs chinois. En 2021, plus de 22 millions d’informations illégales ont été supprimés et plus d’un milliard de comptes illégaux ont été fermé afin de lutter contre le « chaos ». Ce grand nettoyage de l’internet chinois s’est notamment déroulé avant les JO de Pékin. Cette tendance à la censure s’est également confirmée fin 2021 avec l’interdiction de LinkedIn en Chine, la dernière plateforme américaine encore présente dans le pays.

Si la  critique officielle n’est pas monnaie courante en Chine, la situation est différente aux États-Unis où les projets de régulation ne font pas toujours l’unanimité. Le NUDGE Act est notamment critiqué comme un projet remettant en cause la liberté d’expression promue par la section 230 et si chère à la culture américaine. Certains projet sont également critiqué pour leur contenu, comme le Earn It Act. Ici, bien que la lutte contre la diffusion de contenu pédopornographique ne soit pas remise en cause en soit, c’est les moyens proposés (suppression du chiffrement de bout en bout) et leurs conséquences sur les données privées qui sont questionnés. En effet, si les États-Unis semblent aspirer à égaler le cadre législatif européen en matière de numérique, les enjeux relatifs à la protection des données semblent encore pêcher, comme l’illustrait déjà l’arrêt Schrems II quelques années auparavant.

Ce décalage entre projet théorique et application technique s’illustre avec des questionnements similaires en Europe. On peut noter par exemple les débats autour de l’obligation d’inter-opérabilité imposée aux médias sociaux et les limites technologiques s’y afférant.

L’intelligence artificielle, prochaine course à la règlementation ?

L’intelligence artificielle est devenue le fer de lance des algorithmes qui font fonctionner les réseaux sociaux. En Europe, la Commission Européenne a proposée l’Artificial Intelligence Act en avril 2021, avec une dynamique similaire aux projets de DMA, DSA et Data Governance Act (DGA).  Des initiatives fédérales similaires ont également émergé depuis aux Etats-Unis, notamment en Alabama, au Colorado, dans l’Illinois et dans le Mississippi avec des lois comme l’Artificial Intelligence Interview Act et l’Alabama Council on Advanced Technology and Artificial Intelligence. Plus spécifiquement un projet de régulation des algorithmes d’IA à l’échelle fédérale a même été introduit au Sénat américain en février dernier. Cet Algorithmic Accountability Act témoigne de l’influence de l’Europe sur les États-Unis en matière de régulation numérique ainsi que de la volonté de convergence de ces deux modèles.

La percée de l’IA dans tous les secteurs, des réseaux sociaux au transport ou à la santé est déjà prémonitoire sur la complexité de la création d’un cadre juridique réglementaire approprié.

 

Par Hannah Roux-Brion


SOURCES

DSA

DSA : l’Europe trouve un accord « historique », France Culture, Baptiste Muckensturm, 26 avril 2022
https://www.franceculture.fr/emissions/les-enjeux-des-reseaux-sociaux/dsa-l-europe-trouve-un-accord-historique

DSA : les institutions européennes ont trouvé un accord !, Siècle digital,  Grégoire Levy, 25 avril 2022
https://siecledigital.fr/2022/04/25/dsa-les-institutions-europeennes-ont-trouve-un-accord/

L’Europe valide le DSA : les 10 mesures clés pour réguler les géants de la tech, Le blog du modérateur, Appoline Reisacher, 25 avril 2022
https://www.blogdumoderateur.com/europe-valide-dsa-mesures-reguler-geants-tech/

USA

Un projet de loi vise à obliger les réseaux sociaux à modifier le fonctionnement du fil d’actualité, Siècle digital, Valentin Cimino ,14 février 2022
https://siecledigital.fr/2022/02/14/un-projet-de-loi-pourrait-obliger-les-reseaux-sociaux-a-modifier-le-fonctionnement-des-algorithmes/

Senator Klobuchar “nudges” social media companies to improve content moderation, Brookings, Mark MacCarthy Wednesday, February 23, 2022
https://www.brookings.edu/blog/techtank/2022/02/23/senator-klobuchar-nudges-social-media-companies-to-improve-content-moderation/

Tech Trojan Horse: How the Senate is poised to codify censorship of social media, The Hill, JONATHAN TURLEY, 03/05/22
https://thehill.com/opinion/technology/596913-tech-trojan-horse-how-the-senate-is-poised-to-codify-censorship-of-social/

New bill would force social media giants to embrace friction — or else. Protocol Issie Lapowsky, February 10, 2022
https://www.protocol.com/bulletins/social-media-nudge-act

U.S. Congress Introduces Kids Online Safety Act. Covington, Lindsey Tonsager & Madeline Salinas, February 23, 2022
https://www.insideprivacy.com/childrens-privacy/u-s-congress-introduces-kids-online-safety-act/

Quel est l’état des droits sur internet aux États-Unis ? Siècle digital,  Clémence Maquet, 19 avril 2021
https://siecledigital.fr/2021/04/19/quel-est-letat-des-droits-sur-internet-aux-etats-unis/

CHINE

Les autorités chinoises veulent réguler les algorithmes de recommandation, qui font le quotidien d’Internet, Le Monde, 8 février 2022
https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/02/08/les-autorites-chinoises-veulent-reguler-les-algorithmes-de-recommandation-qui-font-le-quotidien-d-internet_6112738_3232

La Chine recadre les algorithmes des agrégateurs d’actualités, Siècle digital, Antoine Messina , 13 avril 2022
https://siecledigital.fr/2022/04/13/la-chine-recadre-les-algorithmes-des-agregateurs-dactualites/

QingLang Regulations, More of Them—and More Control on Chinese Social Media, Bitterwinter, Tan Liwei, 03/23/2022
https://bitterwinter.org/qinglang-regulations-more-control-on-social-media/

INTELLIGENCE ARTIFICIELLE

Quelles limites donner à l’IA pour protéger les droits fondamentaux ? Siècle digital, r Maxime Mohr, 25 avril 2022
https://siecledigital.fr/2022/04/25/quelles-limites-donner-a-lia-pour-proteger-les-droits-fondamentaux/

Quelle réglementation pour l’intelligence artificielle en Europe ? Siècle digital, Clémence Maquet, 23 avril 2021
https://siecledigital.fr/2021/04/23/cadre-juridique-intelligence-artificielle-europe/

Introduction d’un projet de régulation des algorithmes d’IA à l’échelle fédérale, Jean-Baptiste Bordes & Margherita Ceccagnoli, mars 3, 2022
https://france-science.com/introduction-dun-projet-de-regulation-des-algorithmes-dia-a-lechelle-federale/

Ressources humaines : l’impact des réseaux sociaux sur les processus de recrutement

Les réseaux sociaux comme outil de recrutement.

Les pratiques de recrutement sont devenues de plus en plus dépendantes des outils numériques au cours des 20 dernières années et, au cours de la dernière décennie, des réseaux sociaux. L’utilisation de la technologie sur le lieu de travail a eu un impact sur tous les domaines de l’emploi, la technologie offrant des moyens importants et avantageux pour améliorer les pratiques de recrutement des organisations. Les réseaux sociaux peuvent également être utilisés dans la gestion des ressources humaines, pour le recrutement et la sélection. L’adoption de la technologie dans les processus de recrutement devient donc une nécessité pour les employeurs qui souhaitent avoir un avantage concurrentiel sur le marché du travail, et attirer des talents (Deloitte Consulting LLP, 2014).

L’utilisation des réseaux sociaux comme outil de recrutement des employés, comprend différentes pratiques et offre plusieurs avantages. Les recruteurs utilisent des plateformes telles que LinkedIn, Viadéo, Facebook et Twitter pour publier des offres d’emploi, attirer, recruter et présélectionner les candidats. Aujourd’hui, la concurrence est intense pour attirer les meilleurs talents. Dès lors, lorsqu’un employé à fort potentiel se renseigne sur une entreprise, les premiers endroits où il va sont les réseaux sociaux comme Linkedin ou Viadéo. L’utilisation des réseaux sociaux comme outil de recrutement présente donc des opportunités et des défis pour les employeurs. En effet, les réseaux sociaux offrent de la rapidité, de l’efficacité, la possibilité de cibler et d’attirer des candidats spécifiques. Ils peuvent constituer une source supplémentaire d’informations sur les candidats potentiels. Pour les candidats, ils offrent de multiples sources d’information sur l’employeur ainsi que la possibilité de rentrer en contact directement avec les entreprises et les recruteurs. Certains recruteurs utilisent les principaux réseaux sociaux pour effectuer des recherches et faire de la publicité, tandis que d’autres élaborent des stratégies à plus long terme, notamment en investissant pour faire de la promotion et rendre leurs offres visibles à un maximum de candidats potentiels.

Les réseaux sociaux permettent de renforcer la « marque employeur »

Tout d’abord, les réseaux sociaux peuvent être utilisés afin de faire la promotion de l’entreprise ou de mettre en avant la réputation de l’employeur. En effet, les organisations s’efforcent d’être des employeurs attrayants, dans le but d’embaucher des employés compétents. L’utilisation des réseaux sociaux facilite le processus de recrutement, tant pour la personne à la recherche d’un emploi que pour l’organisation. Les demandeurs d’emploi considèrent souvent plusieurs organisations lorsqu’ils vont postuler à un emploi, et ils peuvent utiliser la réputation des entreprises comme source d’information sur les conditions de travail dans différentes organisations. Afin de contribuer à soigner la réputation et à accroître l’attractivité de l’entreprise, les employeurs cherchent donc à renforcer le nom de l’entreprise en tant que marque, ce que l’on appelle la marque employeur. Les organisations ont constaté qu’une image de marque efficace de l’employeur entraîne certains avantages concurrentiels, ce qui permet d’attirer et de retenir plus facilement les employés. L’image de marque de l’employeur est une stratégie ciblée à long terme visant à gérer la sensibilisation et les perceptions des employés, des employés potentiels et des parties prenantes connexes à l’égard d’une entreprise particulière ». Cone (2008) a suggéré que 93% des entreprises sont convaincues de l’importance d’une présence sur les réseaux sociaux et que 85% d’entre elles considèrent que c’est le moyen le plus efficace d’atteindre leurs clients. Kaplan et Haenlien (2010) suggèrent que la plupart des entreprises utilisent les réseaux sociaux pour promouvoir leur marque et créer des communautés de marque. Il a été constaté que l’utilisation des réseaux sociaux pour les fonctions de ressources humaines contribue à la création d’une image de marque de l’employeur et permet d’attirer les bons talents pour les entreprises (Davison et al., 2011). Une étude récente menée dans 18 pays par Tallulah (2014) a conclu que les réseaux sociaux sont le canal le plus efficace et le plus privilégié pour promouvoir et améliorer l’image de marque des employeurs. 79% des entreprises ont répondu qu’elles préfèreront les réseaux sociaux pour diffuser leur marque employeur, suivis par les sites web de carrière (64%) et les références (39%).

Les réseaux sociaux permettent un recrutement moins couteux et plus efficace

Tout d’abord, la recherche de candidats via les réseaux sociaux est très rentable par rapport aux méthodes traditionnelles de recrutement. En effet, la création d’un compte sur les réseaux sociaux est gratuite ainsi que la publication d’une offre, contrairement aux méthodes de recrutement traditionnelles qui exigent qu’une entreprise paie pour faire de la publicité par le biais des canaux médiatiques traditionnels (télévision, panneau d’affichage, journal ou magazine). Par conséquent, la publication d’emplois est devenue plus rentable, plus rapide et permet aux organisations d’atteindre un public plus large (Hull, 2011).

De plus, les employeurs ont la possibilité d’utiliser les réseaux sociaux pour filtrer toutes les personnes qui ne correspondent pas à certains facteurs prédéfinis par l’employeur, comme l’école que les candidats ont fréquentée ou leur expérience professionnelle. Les réseaux sociaux sont donc un outil de sourcing efficace. Les employeurs utilisent ces réseaux afin d’étudier les antécédents des candidats et utilisent ces informations pour prendre des décisions d’embauche. En effet, les réseaux sociaux représentent une riche source d’informations qui, dans la plupart des cas, ne sont disponibles d’aucune autre manière. Souvent, ces informations concernent des questions relatives aux anciens employés et aux anciens employeurs (par exemple : la raison de la rupture d’un contrat, les attitudes et les opinions concernant l’ancien employeur ou l’ancien employé).  Il s’agit d’informations qu’il est souvent impossible d’obtenir par le biais du processus de sélection traditionnel (Gatewood, 2008). L’information peut être obtenue via Google, mais aussi via les réseaux sociaux tels que Facebook et Twitter, basés sur la mise en réseau des individus, où ils placent des informations sur eux-mêmes, leurs intérêts, leurs loisirs et d’autres informations personnelles et professionnelles

Enfin, les réseaux sociaux permettent aux recruteurs d’atteindre un nombre beaucoup plus important de personnes. La vaste portée d’Internet signifie qu’un effort stratégique de recrutement sur les réseaux sociaux peut atteindre, presque instantanément, des millions de personnes. Les réseaux sociaux permettent aux recruteurs de diffuser des informations sur les offres d’emploi et sur l’organisation afin que les candidats passifs et actifs reçoivent ces messages. Les méthodes de recrutement traditionnelles, telles que les sites d’offres d’emploi en ligne ou les annonces, n’attirent le plus souvent que les candidats actifs qui recherchent ces informations (Alexia Minne, 2016). En atteignant un plus grand nombre de profils, à la fois actifs et passifs, les entreprises ont un plus grand pool de candidats parmi lesquels faire un choix. Cela permet aux entreprises de choisir des candidats plus compétents et plus adéquats pour le poste vacant.

Risques légaux

Les preuves de validité soutenant l’utilisation des réseaux sociaux pour la sélection étant limitées, les implications juridiques potentielles deviennent importantes. Les profils contiennent souvent des caractéristiques protégées telles que l’origine, la religion, l’âge et le sexe. Même si les organisations n’utilisent pas officiellement ces informations spécifiques lorsqu’elles examinent les réseaux sociaux des candidats, il peut être difficile de le prouver devant un tribunal. Retirer des candidats du processus d’embauche en se basant uniquement sur des informations trouvées sur un profil de réseau social peut être risqué, comme le prouve l’affaire Gaskell c. Université du Kentucky. Dans cette affaire, le Dr Martin Gaskell postulait pour un poste de professeur à l’université du Kentucky. Il était l’un des meilleurs candidats pour le poste avant que quelqu’un ne consulte ses réseaux sociaux, où il a trouvé des informations sur ses croyances religieuses. Il a alors été écarté du processus de sélection (Oppenheimer, 2010). En fin de compte, l’Université du Kentucky a dû payer 125 000 $ à Gaskell et à ses avocats, mais n’a jamais admis avoir fait quoi que ce soit de mal. Avec l’utilisation accrue des réseaux sociaux pour la sélection, des affaires comme celle-ci pourraient devenir plus fréquentes.

Sources

Alexia MINNE, 2016, RECRUTEMENT ET MÉDIAS SOCIAUX Evolution des pratiques et des comportements dans les entreprises, les cabinets de recrutement et les agences interim en Belgique, Université de Liège

BENRAïSS-NOAILLES Laïla, LHAJJI Dhiba, BENRAïSS Amina et al., « Impact de la réputation classique et de l’e-réputation sur l’attractivité des entreprises en tant qu’employeurs », Question(s) de management, 2016/4 (n° 15), p. 71-80. DOI : 10.3917/qdm.164.0071. URL : https://www.cairn.info/revue-questions-de-management-2016-4-page-71.htm

BENRAïSS-NOAILLES Laïla, VIOT Catherine, « Les médias sociaux dans les stratégies de recrutement. Quelle compatibilité avec la vie privée ? », Revue française de gestion, 2012/5 (N° 224), p. 125-138. URL : https://www.cairn.info/revue-francaise-de-gestion-2012-5-page-125.htm

Deloitte Consulting, L. L. P., 2014. Global human capital trends 2014: Engaging the 21st-century
workforce. Deloitte University Press.

El Ouirdi, M., El Ouirdi, A., Segers, J. Pais, I., 2016. Technology adoption in employee recruitment.
Computers in Human Behavior,

Kaplan, A. M., & Haenlein, M., 2010. Users of the world, unite! The challenges and opportunities of
social media. Business Horizons

Karen Isaacson and Sarah Peacey, Human Ressources and social media, KPMG, URL: https://assets.kpmg/content/dam/kpmg/pdf/2012/08/human-resources-and-social-media.pdf

Lamia HAMMADI, Hadjar BENHACINE, 2021, COOPTATION ET RESEAUX SOCIAUX : OUTILS D’OPTIMISATION, DES STRATEGIES DE RECRUTEMENT, REVUE MAGHREBINE MANAGEMENT DES ORGANISATIONS

Bourgeois Tom

Comment réseaux sociaux et télé-réalité sont-ils devenus indissociables ? 

Il y a 20 ans, pour ne pas retomber dans l’oubli, les stars de télé-réalité espéraient faire carrière à la télévision, comme Ayem, devenue présentatrice et chroniqueuse sur la chaîne NRJ12. Aujourd’hui, les programmes de divertissement représentent un tremplin pour les candidats qui profitent de la visibilité que leur offre la télévision pour débuter des carrières « d’influenceurs » sur les réseaux sociaux. En d’autres termes, ils capitalisent sur la notoriété acquise pendant la diffusion de l’émission.

150 000 euros par mois, c’est ainsi le montant faramineux que gagne la star de téléréalité Maeva Ghennam, à l’aube de ses 25 ans. Ce n’est pas grâce au salaire qu’elle touche dans le programme auquel elle participe, « Les Marseillais », sur la chaîne de télévision généraliste W9. D’après la productrice de l’émission, Florence Fayard, les candidats seraient payés entre 7000 et 13 000 euros pour quatre semaines de tournage et selon leur ancienneté. Si le montant est impressionnant, il est loin des centaines de milliers d’euros empochés tous les mois par les candidats. 

C’est donc grâce à ses 3,3 millions d’abonnés sur Instagram que Maeva construit un empire financier considérable. Les placements de produits qu’elle publie en « story » ou sur son « feed » plusieurs fois par jour sont grassement rémunérés. Pour les marques, le retour sur investissement est colossal puisque le public visé, jeune et adulant ces stars du petit écran, achète en masse les produits proposés. En gagnant en notoriété, les candidats s’émancipent : à terme, leur popularité sur les réseaux sociaux est telle qu’ils n’ont plus besoin de s’exposer à la télévision pour gagner leur vie. Ils laissent alors place à une nouvelle génération de candidats, désireux comme eux de devenir « influenceurs » à plein temps. Nous pouvons parler d’un véritable business : les candidats accumulent des abonnés pendant la diffusion puis tissent un lien fort avec ces derniers en leur partageant les étapes les plus intimes de leur vie (mariage, grossesse, accouchement) et finissent par vivre uniquement des placements de produits, certains profitant du confort financier pour se lancer dans de nouveaux projets. 

La success story de l’influenceuse star, Caroline Receveur, en est un exemple criant. Aujourd’hui mère de famille et cheffe d’entreprise au plus de 4 millions d’abonnés sur Instagram, c’est dans la première saison du programme « Secret Story », diffusée sur TF1, que le public l’a découverte. Elle s’est aujourd’hui complètement affranchie de l’étiquette de « candidate de télé-réalité » et est un modèle de réussite pour de nombreux internautes. 

Les programmes de télé-réalité profitent donc de ces exemples de carrières abouties pour attirer les candidats, essentiels à la survie des émissions. Alors que les audiences baissent d’année en année, les candidats sont eux, toujours plus nombreux. Cette année, l’émission « Pékin Express », diffusée sur M6 et présentée par Stéphane Rotenberg a enregistré 90 000 candidatures, un nombre record malgré des audiences en baisse. La part d’audience moyenne, qui culminait à 14,5% en 2018 a chuté pour atteindre 11,1% en 2022. 

Malgré ses baisses d’audience, les programmes de divertissement subsistent. En plus des candidats, c’est le public que la télé-réalité retient grâce aux réseaux sociaux. Le jeune public visé se détourne de la télévision mais y est renvoyé lorsqu’il consulte ses réseaux sociaux. En effet, ils sont devenus une extension des programmes, comme Twitter, réseau sur lequel des milliers d’internautes commentent en direct les shows. Cela créer un engouement autour de l’émission, incitant le public à la regarder. Lors de la diffusion de l’épisode le plus vu du programme « Les Marseillais », réunissant 1,32 millions de téléspectateurs le 14 avril 2020, le hashtag au nom de l’émission fut le plus posté sur le Twitter français pendant plusieurs jours d’affilés.

Télé-réalité et réseaux sociaux ne semblent donc pas incompatibles, au contraire. L’essoufflement de ces programmes n’est cependant pas anecdotique et un renouvellement, basé, pourquoi pas, sur une plus forte inclusion des réseaux sociaux, semble nécessaire à leur pérennité. 

Philippine Siméon

L’importance de récompense sur les réseaux sociaux. TikTok vs Instagram.

Instagram est une plateforme de partage des photos et vidéos sous différents formats :  publications, stories, live pour les vidéos en direct, IGTV et récemment Reels. Facebook (désormais Meta) a acheté Instagram pour environ 1 milliard de dollars en 2012, et en 2018, sa valeur était estimée à 100 milliards de dollars. TikTok est une plateforme en ligne permettant de créer et de publier de courtes vidéos de 15 secondes à 10 minutes accompagnées de musique ou des sons créés par d’autres utilisateurs sur ce réseau social. Instagram, comme TikTok, tire ses revenus de la publicité.

Instagram a gagné une forte position sur le marché : 

–       Instagram compte 1160000 utilisateurs actifs mensuels, comme le confirment les recherches de diverses entreprises.

–       Fondée en 2010, l’application mobile compte 1 milliard d’utilisateurs actifs en 2020, tandis que 500 millions d’utilisateurs dans le monde regardent quotidiennement les Instagram Stories.

–       70 % des utilisateurs d’Instagram sont âgés de 35 ans et plus. Le public cible du réseau social se situe à l’intersection de deux générations – les millennials et les boomers, tandis que TikTok s’adresse aux millennials et aux zoomers.

–       Instagram a été téléchargé 425 millions de fois en 2019, selon Sensor Tower, et en 2020, le réseau social était le cinquième réseau social le plus téléchargé dans le monde, derrière WhatsApp, TikTok, Messenger et Facebook. 

TikTok malgré son jeune âge a déjà montré des résultats incroyables : 

–       Selon un rapport de DataReportal Digital around the world jusqu’en janvier 2021, l’audience mensuelle de TikTok est passée à 689 millions d’utilisateurs actifs. En outre, TikTok est le septième réseau social le plus populaire au monde, après Facebook, Youtube, WhatsApp, FB Messenger, Instagram et Wechat.

–       App Annie prévoit que l’audience atteindra 1 million d’utilisateurs actifs en 2021 et dépassera la barre des 1 200 000 utilisateurs actifs.

–       Une étude de Statista aux États-Unis pour 2019 montre que les utilisateurs de TikTok passent 498 minutes sur la plateforme chaque mois, contre 200 minutes pour Instagram. En termes de popularité, TikTok ne peut rivaliser qu’avec Facebook, où les utilisateurs passent 498 minutes chaque mois.

–       Sensor Tower Store Intelligence partage des données sur le nombre de téléchargements de TikTok dans le monde sur l’App Store et Google Play. Le chiffre a franchi la barre des 2 milliards de téléchargements.

–       Selon Apptrace, TikTok est disponible dans 141 pays sur 155 possibles.

Au cours de ces dernières années, TikTok est passé d’une application de vidéo de danse drôle à une plateforme vidéo mondiale ; selon les statistiques récentes TikTok est désormais la septième plateforme vidéo la plus populaire au monde, ce qui est exceptionnel pour un début. Par ailleurs, beaucoup de gens pensent que TikTok est une application pour la jeune génération, et sont surpris d’apprendre que ce n’est pas que les jeunes qui sont présents sur cette plateforme même s’ils restent la majorité. 

Malgré l’âge d’Instagram, sa forte notoriété et sa position solide sur le marché, TikTok est devenu un vrai concurrent. L’application TikTok a été téléchargée plus de 2,6 milliards de fois dans le monde, selon Sensor Tower en décembre 2020. En janvier 2021, TikTok comptait 62 millions de téléchargements. Au premier trimestre de 2020, l’application a enregistré 315 millions de téléchargements, ce qui constitue le meilleur trimestre jamais enregistré par une application. Alors que TikTok continue de se développer et de proposer davantage de produits aux entreprises, les gens ont commencé à se demander s’ils devaient se concentrer sur TikTok ou rester sur Instagram. Instagram, comme YouTube, est une plateforme qui récompense bien des créateurs de contenus avec un nombre déjà important d’abonnés, mais il est très difficile de percer avec un nombre d’abonnés plutôt modeste. 

Sur Instagram et TikTok, la monétisation comme moyen de gagner de l’argent en créant et pour créer du contenu est encore en développement, bien que ce développement soit à un stade actif. Sur Instagram, la monétisation est lancée à travers le format vidéo IGTV, qui est déjà activement promu sur un autre réseau social connu sous le nom de YouTube. Des streams en direct sont lancés afin d’augmenter le nombre de dons. Sur TikTok, les donateurs sont très actifs pendant les vidéos en direct « LIVE ». TikTok est un réseau plus progressif en termes de monnaie, puisque la plateforme en ligne dispose d’une monnaie nationale. Il est retiré via PayPal.

Le seuil d’entrée sur 2 plateformes est une des clefs de réussite de TikTok.  Sur Instagram, obtenir un million de vues ou un million de followers sur la plateforme, même si le propriétaire du compte est une personne connue, est un véritable défi. Cela demande non seulement des efforts, mais très souvent aussi certains fonds. Même si l’investissement peut être minime, et pourtant il est nécessaire. Par exemple, il faut acheter un nouveau téléphone pour créer du contenu de meilleure qualité.  Dans le cas de TikTok, la situation est inversée, car les utilisateurs peuvent utiliser n’importe quel gadget sur lequel ils réussissent à télécharger TikTok pour filmer. Le thème des vidéos peut être radicalement différent – de la danse à la récitation de poèmes, etc. Il n’y a même pas besoin d’une idée originale pour obtenir un million de vues sur TikTok, car il est possible de simplement s’inscrire à un défi populaire pour avoir la chance d’être récompensé par des milliers de vues, voire des millions grâce aux algorithmes qui ne se basent pas sur le nombre d’abonnés.

Pour les utilisateurs d’Instagram, les abonnés qui commentent, aiment et interagissent activement avec les blogueurs qui créent du contenu pour le réseau sont importants. Pour les utilisateurs de TikTok, les recommandations et le nombre de vues par post sont importants, tandis que les followers sont déjà un facteur secondaire. Les algorithmes de sélection des recommandations fonctionnent bien ici et permettent d’obtenir une visibilité plus rapide. En même temps, les recommandations (page « pour toi ») de ce service sont plus importantes que celles d’Instagram où les utilisateurs sont plus concentrés sur le contenu créé par les personnes suivies. Donc, en général, il est possible de mener le blog sur chacune de ces 2 plateformes, mais les algorithmes de TikTok permettent de percer plus rapidement ce qui donne à ces utilisateurs un sentiment d’être récompensés immédiatement et donne envie de continuer de créer.  Un autre point important c’est qu’Instagram nécessite des tonnes d’édition planifiée. Sans compter que l’édition sur Instagram est limitée, et que la plupart des utilisateurs ont besoin d’outils supplémentaires pour peaufiner leur contenu (comme des appareils photo professionnels et des logiciels d’édition). TikTok offre d’incroyables possibilités d’édition dans l’application, de sorte que les créateurs n’ont pas besoin de compétences ou d’équipements particuliers pour créer des vidéos qui obtiennent des vues. TikTok séduit de nombreux utilisateurs car la volonté de paraître parfait n’existe pas au sens où elle existe sur Instagram. Comme un exemple personnel, je poste des photos de bonnes qualités prises avec des appareils professionnels sur Instagram que j’accompagne avec des textes de storytelling rédigés, je suis active sur les stories et j’ai même commencé à poster des vidéos sur Reels et j’ai 1300 abonnements, alors que j’ai eu le triple en 1 mois sur TikTok en faisant des vidéos chez moi avec mon téléphone. 

Enfin, TikTok est concentré sur le contenu, ce qui signifie que le contenu de qualité prime sur le nombre des abonnements. Si les petits créateurs veulent obtenir plus de de vues et likes, il suffit de créer du contenu de qualité ou juste du contenu qui plait aux. Par rapport à TikTok, Instagram a davantage de hiérarchie sociale qui met l’accent sur les followers. Devenir viral sur Instagram par rapport à TikTok est beaucoup plus difficile car il faut avoir accès à un grand nombre de followers sur Instagram pour que le contenu devienne viral. Cependant, avec l’ajout de Reels, développer un compte Instagram est devenu plus facile, mais les algorithmes de TikTok sont toujours meilleurs pour les petits créateurs. La vidéo que j’ai postée sur Reels a été vues par 960 personnes malgré plusieurs commentaires de mes abonnés, mais cette même vidéo est devenue virale et a obtenu 1 million de vues sur TikTok alors qu’au moment de publication je n’avais que 30 abonnés sur cette plateforme.

Pour conclure, les algorithmes de TikTok récompensent mieux pour le contenu qui plait aux utilisateurs peu importe le nombre d’abonnés, ce qui a fait venir et rester les créateurs et par conséquences les utilisateurs qui ne créent pas de contenu, mais le regarde et passent beaucoup de temps dessus. Cela a « obligé » Instagram de créer Reels qui se ressemblent au format des vidéos TikTok avec les algorithmes identiques. On pourrait déduire qu’Instagram a compris l’importance de récompense à tous les créateurs de contenu pour les motiver à rester et continuer d’enrichir la plateforme.

Why sharenting is not simply about parents showing off their kids online…

Blog, hashtag, brunch, sitcom, guestimate, even Internet, blended words are a regular occurrence in our everyday life, and especially so on the Internet. ‘Sharenting’, another one of these blended words, is the direct result of a practice that comes from the diverse uses of social media. First coined by Steven Leckhart, a writer in the Wall Street Journal in 2012. But what exactly is sharenting, it is “the phenomenon of sharing and disclosing intimate information about children in the form of photos, videos, and status by parents through social media [that] is now increasingly widespread.” (Putri et al., 2019).

A lot of parents are becoming influencers and relate their everyday life on different platforms and especially on Instagram. They have relatable content for other parents, show the life of their children and are open about the struggles and happy moments of their parenting journey. They can also use their accounts to advocate for certain types of parenting such as cultural or religious ones. It can also be a source of income for the parents, helping them lead a more comfortable life. Yet, what seems to be only naive and simple content can be proven to be much more complex than originally thought.

It seems that while the GDPR views children as vulnerable parties, it places on the responsibility of their online image to the parents and their own judgement and did not put any clause concerning ‘sharenting’. It did not take in consideration the possibility of having influencers as parents and therefore, being part of their online image and overly exposed on the different accounts of their parents. The online image of children is subjected solely to their parents’ decisions and before they can hold a phone, they do not get a say on if they have a dedicated Instagram page where their parents impersonate them or not.
Indeed, this sudden rise of the blogger parent leads to a lot of debate around the privacy of their children.

It might be too early to assert this but not a lot of teenagers would be fine with parents telling the internet of every single little thing they did since they were a toddler and having videos of their private discussions. Influencers parents do not all have the same ways of handling the private life of their children. Some prefer to blur they face out and use nicknames to avoid having their full name on display. Others prefer to not do that and let their children faces untouched, have their names and location shown. This could be explained by either the decision to focus on their parenting experience rather than on their children, or not knowing the potential negative effects that could take place.

« ACT LIKE YOU’RE CRYING »

Jordan Cheyenne

Beyond privacy issues, much more pressing questions are being brought to light. Ethics have a lot to do in sharenting. Children become the primary monetization tool of their parents’ main source of revenue. This can lead to dubious situations where parents put their children in tough situations to have ‘great’ content. A YouTube clip that trended on twitter in September of 2021 shows an influencer named Jordan Cheyenne filming her son crying and trying to make him pose for a thumbnail. Cheyenne did not keep this clip deliberately, she accidentally uploaded it, unedited at the end of one of her videos. She can be heard saying “Act like you’re crying” to which her son replied “But I am crying”. After the backlash she received she decided to not include her son in her videos anymore.

Gwyneth Paltrow also divided the public opinion, as she often does, after posting a picture with her daughter on Instagram. Her fourteen-year-old daughter left a now-deleted comment on the publication “Mom, we have discussed this. You may not post anything without my consent.”

@gwynethpaltrow accessed 30/04/2022

This divided the opinion between the ones finding it normal for a mother to decide on which pictures of her daughter to post without waiting for consent first. The other part thought that she should have listened to the clear opposition of her daughter who is old enough to know whether she wanted to have this picture posted online for millions of followers to see or not. Gwyneth Paltrow, when wishing a happy birthday to her daughter, included a screenshot of a conversation with “apple approved birthday posts” as there is no “need to break the old Internet again”.

@gwynethpaltrow accessed 30/04/2022

Like all things on the Internet, users have strong opinions on the matter and the debate of how to manage the online image of children is ongoing. On tiktok, a lot of parents show their everyday life with their children or film some quirky things that their child does and that can make a video go viral. Under these videos, users comment on their parenting skills and whether they should put their children on the internet.

Many vlogging families have had controversies and the extent to which they went to make content has backfired. The ACE family, a well-known vlogging family has already had many scandals, one of them because of a video first posted on Snapchat and then uploaded on Twitter. In the video, Austin McBroom, the father can be seen filming a young child holding a penis-shaped lollipop. Another vlogging family adopted an autistic child from China and documented every step of the journey for more than three years. All of the videos of the child and some Instagram posts were monetized. They then made the decision to legally terminate the adoption and placed the child in another temporary family and did not beforehand delete the videos with him. When faced with a lot of accusations from their followers, they decided to make an explanation video, did not mention their adoptive son again and proceeded to go back to their regular scheduled content.

@theacefamily accessed 30/04/2022

Unlike cinema, theater or modelling, there are no child labour law that exists regarding monetized social media exposure. It is essential for them to be created; however, it would be difficult to truly monitor how long influencers film their children and how demanding of them they are. Furthermore, as they are children, their consent and willingness to appear on social media are also impossible to supervise.


However, here is the worst-case scenario for any parent sharing their child’s photos on Instagram. A true nightmare became true for a British mother who was notified by her friends of an awful Russian website that contained thousands of children images. She found pictures that came from her public Instagram profile of her toddler on it, including one where she had been heavily photoshopped to have lipstick and mascara. Underneath the pictures were graphic comments posted by users. The mother said that these comments were ‘mild’ compared to other ones underneath different pictures. She has been contacting charity foundations to help her to get this website banned, and she has been trying to raise awareness on this issue.

From privacy issues to ethical problems, it seems that raising children online is tougher than just posting candid pictures for the grandparents to see. Children are to be shielded by their parents online, as to achieve that, parents should be better informed of every aspect of posting pictures or videos of their children online. What might seem like an innocent and cheerful action can easily turn into a problematic situation.

Emma Le Vourch

Bibliography:

Blum-Ross, A. and Livingstone, S., 2017. “Sharenting,” parent blogging, and the boundaries of the digital self. Popular Communication, 15(2), pp.110-125.

Chen, T., 2019. The Dad Of A Popular YouTube Family Channel Is Being Accused Of Sexualizing A Child After Buying Her A Phallic-Shaped Lollipop. [online] BuzzFeed News. Available at: <https://www.buzzfeednews.com/article/tanyachen/dad-of-youtube-channel-the-ace-family-called-disgusting-for> [Accessed 25 April 2022].

Donovan, S. (2020) ‘“Sharenting”: The Forgotten Children of the GDPR’, Peace Human Rights Governance, 4(1), 35-59.

Middleton, L., 2022. Mum horrified after finding pictures of her baby on paedophile website. [online] Metro. Available at: <https://metro.co.uk/2020/08/18/mum-horrified-finding-pictures-baby-paedophile-website-13143110/> [Accessed 1 May 2022].

Moscatello, C., 2020. Why Did These YouTubers Give Away Their Son?. [online] The Cut. Available at: <https://www.thecut.com/2020/08/youtube-myka-james-stauffer-huxley-adoption.html> [Accessed 1 May 2022].

Putri, N., Harkan, A., Khairunnisa, A., Nurintan, F. and Ahdiyat, M., 2019. Construction of “Sharenting” Reality for Mothers Who Shares Children’s Photos and Videos on Instagram. Advances in Social Science, Education and Humanities Research, 558, pp.782-788.

Stratégie de communication politique sur les réseaux sociaux.

Jean-Luc Mélenchon : entre homme politique et influenceur.

– écrit par Alexandra levigne

Nous ne présentons plus Jean-Luc Mélenchon (JLM), candidat et fondateur de La France Insoumise (LFI), qui est arrivé troisième à 421 420 voix, derrière Marine LePen, lors du premier tour des élections présidentielles françaises. Sensible aux nouvelles technologies, il capitalise sur la multiplicité des supports numériques dans sa stratégie de communication afin de toucher le plus grand nombre d’électeurs. « Notre but, c’est de parler à tout le monde » s’exprime ainsi Antoine Léaument, responsable de la communication numérique du candidat ainsi que de LFI. Ils semblent cependant avoir été entendus en majorité par les moins de 34 ans et la communication portée par le candidat de l’Union Populaire sur les réseaux sociaux tout au long de la campagne a ainsi nécessairement joué dans les résultats. C’est la raison qui nous pousse aujourd’hui à étudier le comportement de Jean-Luc Mélenchon sur les réseaux sociaux. 

Avant toute chose, il est important de revenir sur le positionnement idéologique du parti qui va évidemment influencer le discours politique tenu par le candidat sur les réseaux. Depuis la disparition de la fédération des forces de gauches alternatives, le mouvement centré autour de la personne de Jean-luc Mélenchon opte depuis 2013 pour une stratégie dite « populiste ». Le mouvement se place en opposition aux « élites » du pays justifiant ainsi le contournement du système journalistique classique au profit de la liberté conférée par les réseaux sociaux. C’est pour cela que Jean-Luc Mélenchon emploie un ton direct et personnel tant, lorsqu’il s’adresse au « peuple », que, comme nous allons le constater, sur ses réseaux.

Pour commencer notre étude, nous allons nous focaliser sur la chaîne YouTube de Jean-Luc Mélenchon, créée le 1er janvier 2012. Il s’investit pleinement sur YouTube à l’approche des élections de 2017 et fait grimper en quelques mois de 20 000 à 100 000 son nombre d’abonnés. 

Cette hausse est attribuée aux nouveaux formats de vidéos proposés par JLM, nous retrouvons ainsi :
– « Pas vu à la télé » : interventions de personnalités peu médiatisées s’exprimant sur des sujets d’actualité. La volonté de rompre avec la couverture médiatique de la télévision est affirmée.
– « Revue de la semaine » : émission toujours phare de la chaîne, celle-ci met en scène JLM ressassant les événements de la semaine qui l’ont intéressé. Cette série, inspirée par différents contenus publiés sur la plateforme, s’ancre parfaitement dans les codes de YouTube. Le candidat s’adresse à la caméra avec un ton direct et personnel. 

Aujourd’hui, sur la chaîne se sont ajouté les formats :

Comme il est fréquent d’en voir YouTube, ce type de contenus permet d’augmenter l’engagement et l’interaction avec l’audience

Rediffusions d’apparition à l’Assemblée nationale (redirection en cliquant en sur le bouton), sur les plateaux télé, ou lors de diverses instances (commissions de travail, discours et meetings…)

En 2022, il s’agit de « Nos pas ouvrent le chemin » faisant en moyenne plus de 50 000 vues sur des sujets diverses, d’actualité politique (la guerre en Ukraine, l’envol d’Ariane 5…) ou couvrant des événements de la campagne (débats, meetings politiques…)

Jean-Luc Mélenchon explique en 2016 que c’est en regardant des vidéos YouTube qu’il a compris ce que c’était d’être YouTubeur et devient ainsi le premier « YouTubeur politicien » à se fondre parfaitement dans le type de contenu visionné sur la plateforme. L’intérêt de cet investissement est d’un côté, l’audience captée par ses contenus et de l’autre, la liberté totale sur les sujets abordés, le style de vidéo et tout simplement la maîtrise de son image. En effet, la narrative employée rend le candidat plus sympathique mais surtout proche de son public. Le pari, gagné, de ses équipes a été de créer une belle image de marque autour de JLM. 

C’est dans cette même optique que le compte TikTok de JLM voit le jour. Ce nouveau réseau au format vidéo vertical qui gagne en popularité auprès des jeunes est une case incontournable de sa campagne. Ayant dépassé les deux millions d’abonnés le 28 avril 2022, le compte reprend également les codes de la plateforme. Sur un ton léger et auto dérisoire, il partage de courtes vidéos humoristiques dans un objectif de viralité, des extraits sous-titrés de ses passages à la télévision ainsi que des vidéos derrière les coulisses afin d’inviter ses abonnés au sein de son intimité. Ces différents formats suscitent de la sympathie envers JLM. C’est ici un personal branding réussit puisqu’il s’agit bien d’une personnalité et non pas d’un programme politique qui est mis en avant.

JLM possède bien évidemment un compte Twitter, réseau social populaire dans le milieu de la politique pour la liberté d’expression qu’il permet. L’enjeu pour le candidat sur cette plateforme est avant tout, d’être présent et visible. C’est ce que nous observons par la forte fréquence de publications, du newsjacking intelligent, les live tweets lors de débats avec la mise en avant d’hashtag pour encourager la discussion et les réactions, et finalement l’usage fréquent du format vidéo (pour rediffuser les interventions médiatiques du candidat) qui est mise en avant par l’algorithme de la plateforme.

Le compte Instagram de JLM, du haut de ses 317 000 abonnés utilise toutes les fonctionnalités de la plateforme. Nous y retrouvons des stories (ainsi que stories a la une), des carrousels, des vidéos (extraits de ses apparitions télévisées sous titrées) et même de la création de filtres. En effet, le « mini-hologramme de poche », filtre en réalité augmentée (disponible également sur Snapchat) permet de retrouver le candidat dans son salon, de sorte à se démarquer des autres candidats, mais également de marquer les esprits avec du earned media. Le candidat fait également de la publicité pour ses autres réseaux : en premier lieu Twitter, proposant des photos de ses tweets sur son profil et en second lieu TikTok, re-postant ses publications en réels. 
Sa page Facebook adopte un format de contenu similaire avec l’usage du même texte pour les descriptions des photos (nous observons cependant plus d’émoticônes sur Facebook, probablement pour attirer l’attention.) Finalement, sur LinkedIn nous avons une stratégie axée sur la curiosité des utilisateurs. Les publications journalières reprennent les actualités « Insoumises » avec des visuels explicatifs et un lien vers un article pour une lecture approfondie du sujet. 

Ainsi dit, Jean-Luc Mélenchon bénéficie aujourd’hui d’une belle notoriété en ligne, propre à sa personne. Cela est dû au fait qu’il est présent sur tous les réseaux, il possède également une chaîne Twitch sur laquelle il interagit fréquemment avec son audience et un serveur Discord pour les partisans du mouvement (il existe aussi un grand nombre de pages privées pour la communauté des Insoumis). En s’appropriant de manière intelligente les codes des réseaux sociaux, il a réussi à s’imposer sur des canaux jusque-là difficiles d’accès pour les hommes politiques. Là où ses concurrents s’en remettent à leurs conseillers qui adaptent le message, Monsieur Mélenchon et son équipe semblent reconnaitre les segments d’utilisateurs, leurs intérêts et leurs appétences pour les réseaux qu’ils consomment. De ce fait, la force de sa communication réside dans la manière dont il est capable d’adapter non pas uniquement son message mais bien sa personne au réseau en question. Comme Arnaud Mercier, journaliste pour France Culture le souligne, il devient sur YouTube « Youtubeur Politique » et sur TikTok « TikTokeur Politique » expliquant ainsi son gain en popularité auprès des audiences majoritairement jeunes de ses réseaux. Il bénéficie également d’un grand soutien de la part de sa communauté d’insoumis qui prennent des initiatives, le soutiennent sur les réseaux et fédèrent ses partisans autour de leur projet commun.

Sources :

  • Les comptes officiels de Jean-Luc Mélenchon sur différents réseaux. Les liens sont mis en description d’images.
  • Bristielle Antoine, « YouTube comme média politique : les différences de contenu entre interviews politiques classiques et émissions en ligne de trois représentants de La France insoumise »

https://www.cairn.info/revue-mots-2020-2-page-103.htm

  • Theviot Anaïs, « Faire campagne sur Youtube : une nouvelle « grammaire » pour contrôler sa communication et influer sur le cadrage médiatique ? »

https://www.cairn.info/revue-politiques-de-communication-2019-2-page-67.htm

  • Klara Durand, « La campagne présidentielle sur les réseaux sociaux : qui remporte le match ? »

https://www.publicsenat.fr/article/politique/la-campagne-presidentielle-sur-les-reseaux-sociaux-qui-remporte-le-match-201682

  • Arnaud Mercier, « 2017-2022 : comment leur communication a évolué d’une présidentielle à l’autre »

https://www.franceculture.fr/politique/2017-2022-comment-leur-communication-a-evolue-dune-presidentielle-a-lautre

  • Pauline Graulle, « Présidentielle : la stratégie gagnante de Mélenchon dans les villes et les quartiers populaires »

https://www.mediapart.fr/journal/france/130422/presidentielle-la-strategie-gagnante-de-melenchon-dans-les-villes-et-les-quartiers-populaires

  • Scores délivrés par l’observatoire politique de Favikon sur la présence médiatique des candidats.

https://www.favikon.com/analyses/bilan-avant-les-presidentielles-2022

  • Ohiab Allal-Cherif, « Comment le numérique a propulsé la campagne de Jean-Luc Mélenchon »

https://www.forbes.fr/business/comment-le-numerique-a-propulse-la-campagne-de-jean-luc-melenchon

Présidentielle 2022 : Les réseaux sociaux ont-ils fait l’élection ?

(Montage AFP)

Il s’est écoulé une semaine depuis le second tour de l’élection présidentielle 2022. Une élection présidentielle très souvent qualifiée d’abstraite ou mise au second plan étant donné l’actualité récente, en particulier la guerre en Ukraine. Une élection présidentielle dont l’équation présentait 3 candidats potentiellement qualifiables pour le second tour. Une élection présidentielle où les réseaux sociaux étaient considérés comme un facteur déterminant, pouvant ainsi faire basculer les résultats. En effet, ces nouveaux moyens de communication sont aujourd’hui omniprésents dans la stratégie politique des candidats. Les réseaux sociaux change la manière de communiquer et sont utilisés comme de précieux procédés pour atteindre directement les électeurs, dans leur vie de tous les jours. Les candidats ont ainsi pour but d’orienter, voire de manipuler, un avis ou une opinion en leur faveur. Il a donc été possible de voir Marine Le Pen chanter sur Tik Tok, Eric Zemmour annoncer sa candidature sur YouTube ou encore Jean-Luc Mélenchon en conférence sur Twitch ! Ceci, afin de toucher un plus large public, en particulier les plus jeunes votants qui se désintéressent de plus en plus des médias classiques. Cependant, on peut se questionner sur l’utilisation des réseaux sociaux et donc de l’emploi du big data pour le compte d’un candidat. L’usage de données récoltées par les militants dans le but de convaincre l’auditoire français indécis est également questionnable aux vues de certaines techniques mises en place, pas toujours très honnêtes et transparentes.

Un ciblage d’électeurs indécis

Depuis certains scandales, il est, en effet, tout à fait normal de se demander comment sont récoltées et utilisées nos données dans le but d’influencer nos futurs choix électoraux. Rappelons l’esclandre du dossier Cambridge Analytica qui en 2015 avait recueilli les données de près de 87 millions d’utilisateurs de Facebook via une application externe (Business Insider, 2019). Des données personnelles ont été récoltées, comme les lieux de vie ou encore les pages que les utilisateurs suivaient, dans l’optique de créer des profils psychologiques, analysant les caractéristiques et les traits de personnalités des utilisateurs concernés. On sait que ces informations ont ensuite été traitées dans le cadre de la présidentielle de 2016 aux Etats-Unis qui a vu Trump se faire élire (Les Echos, 2018). Tout cela, sans le consentement des utilisateurs. Ces pratiques sont aujourd’hui abordées en France de manière précautionneuse par les politiques suite à ce scandale mais aussi aux lois instaurées, en 2018, sur le RGPD et la protection des données. Pour cette campagne 2022, Anaïs Théviot, maîtresse de conférence en sciences politiques, mentionne l’utilisation de logiciels comme Nation Builder qui permet de proposer un ciblage efficace de la communication des campagnes électorales pour influencer et inciter les potentiels électeurs à voter pour le candidat en question. Un ciblage basé sur des données recueillies via les réseaux sociaux et les données de l’INSEE (France Culture, 2022).

Le paysage des candidats suivis sur les réseaux sociaux

Un outil stratégique

Les réseaux sociaux ont joué un rôle primordial dans la campagne présidentielle française 2022 : ils ne sont plus seulement un outil de communication à destination des jeunes générations, mais bien un outil stratégique, tel une porte d’entrée pour susciter les votes envers un candidat en particulier. Véritable moyen de désintermédiation, il permet au candidat de rentrer directement en contact avec un électorat potentiel sans passer par le biais de médias classiques. Les candidats, et en particulier ceux des partis extrêmistes, sont ainsi moins exposés à la censure potentielle ou l’analyse orientée des journalistes politiques. Avec cet outil, les candidats peuvent désormais discuter avec leur électorat et plus seulement communiquer. Fabienne Greffet, maîtresse de conférences en science politique, mentionnait même : « l’espace télévisé n’est plus l’espace naturel où va se déployer la campagne » (Ouest France, 2022). Et pour atteindre le plus grand nombre de personnes, il faut être capable de se déployer rapidement, et ce, peu importe les moyens, comme le soutenait Samuel Lafont chargé de communication et de stratégie numérique pour le compte de la campagne d’Eric Zemmour. Des moyens légaux certes, mais pouvant être qualifiés de peu éthiques. Vincent Bresson, journaliste et auteur de l’enquête en inflitré dans la campagne de Zemmour « Au cœur du Z», dénonce des aspects difficilement avouables des stratégies numériques mises en place via les réseaux sociaux. La réécriture continuelle de la page Wikipédia du candidat Zemmour cherchant ainsi à minimiser ses positions extrémistes, en est un parfait exemple, lorsqu’on sait que sa page Wikipédia était une des pages francophones les plus consultées pendant la campagne présidentielle. Un autre phénomène s’est fortement développé sur les réseaux sociaux pendant cette campagne : l’astroturfing. Pour rappel, l’astroturfing est le fait de donner l’impression qu’il y a une prise de décision ou d’action collective spontanée sur un sujet en particulier, alors que celle-ci a été effectuée de manière coordonnée. Vincent Bresson met en exergue l’utilisation de messagerie cryptée sur lesquelles les équipes de campagne d’Eric Zemmour, et probablement celles des autres candidats, encourageaient les militants à lancer, par exemple, un hashtag, qu’ils devaient poster ou partager sur les réseaux. Les équipes des candidats leur envoient du contenu à copier-coller comme des textes, des photos ou des vidéos, et les incitent à les repartager de manière faussement spontanée, dans le but de se rendre visible. Le hashtag se retrouvera alors placé en top tweet et sera visible, likeable et partageable pour les autres utilisateurs, contribuant ainsi à l’effet astroturfing. Les médias classiques peuvent parfois même s’emparer de l’information sans avoir conscience de la mécanique artificielle, puisque floués par l’effet astroturfing, et ainsi la diffuser sur des médias plus classiques comme la télévision. L’astroturfing est particulièrement observable sur les groupes Facebook dont les intérêts n’ont aucun rapport avec la politique, mais dont les membres sont d’éventuels prospects. Après s’être infiltrés dans ces groupes, les militants partagent du contenu dans le but de voir celui-ci être relayé. Une technique de référencement a également pu être établie : un moteur de recherche appelé « Zemmour pour tous » qui permet de rechercher des vidéos, toutes hébergées sur Youtube, où intervient Eric Zemmour. L’algorithme de référencement de Youtube (SEO) intègre alors les recherches de ces vidéos en associant aux vidéos un mot clé rentré sur le moteur de recherche. Cela permet d’avoir en recommendation sur YouTube des vidéos d’Eric Zemmour, dès lors qu’on rentre le mot clé sur la plateforme.

Une croissance particulièrement forte chez Eric Zemmour

Une question d’adhésion

Toutes ces techniques constituent la première étape du déroulé d’une élection sur les réseaux sociaux, l’objectif étant de susciter la curiosité et l’intérêt des potentiels électeurs et des indécis. Le principal but de cette étape est de faire connaître le candidat en question et que les français en parlent. Ce qui a été le cas pour tous les protagonistes au moment de leur annonce de candidature. L’attrait des utilisateurs peut être mesurable en regardant les statistiques des réseaux sociaux, comme le nombre de followers, de likes ou de partages. Une mesure qui a démontré que les moyens déployés par l’équipe de campagne d’Eric Zemmour ont été efficaces, puisqu’il a multiplié par quatre sa base d’abonnés depuis septembre 2021 (Les Echos, 2022). Cependant, il faut garder en mémoire que des faux comptes peuvent être créés, dupliqués ou que des faux followers peuvent être achetés, pour influer sur les chiffres. Plus l’échéance de l’élection approche, plus les candidats doivent transformer cet intérêt en adhésion et donc en vote, ce qui constitue la seconde étape. L’adhésion se gagne avec une communication positive du candidat, en lui donnant une stature présidentiable grâce à deux ou trois points stratégiquement forts de son programme. Un très bon moyen de savoir si la stratégie arrive à établir une logique d’adhésion est, d’après Véronique Reille Soult spécialiste en communication et e-réputation, de regarder si la communauté adepte du candidat commence à pénétrer d’autres communautés en faisant passer ses messages (Ouest France, 2022). Les faux comptes et autres comptes fantômes n’auront donc aucun impact dans cette logique puisqu’ils seront inutiles pour communiquer envers d’autres communautés. Toujours dans cette logique d’adhésion, les réseaux sociaux peuvent aussi être employés pour décrédibiliser un candidat concurrent, à l’image des « Macron Leaks » en 2017 qui constituaient le piratage d’origine inconnue de plus de 20000 documents électroniques reliés à la campagne du futur président qui ont été rendus public quelques jours avant le vote du second tour (France Culture, 2022). Les réseaux sociaux se sont donc emparés très rapidement de l’information et ont amplifié sa propagation.

Les réseaux sociaux ne servent pas uniquement à suciter l’intérêt, ils s’inscrivent également dans une logique d’adhésion des électeurs pour un candidat.

Pour conclure, les réseaux sociaux ont eu une place importante dans l’élection présidentielle puisque la grande majorité de la population française se renseigne aujourd’hui via internet et notamment les réseaux sociaux. Tout l’enjeu de la stratégie d’une campagne numérique est d’être présent là où les électeurs se trouvent pour tenter de récolter le plus de voix possible. Néanmoins, cela n’aura pas forcément renversé la tendance pour cette élection car certains candidats n’ont pas réussi à transformer l’intérêt suscité en adhésion, puis en vote. Dans des situations de choix complexes, on ne se rapporte pas forcément à des choses de l’ordre du rationnel mais de l’ordre de l’affect (jeune, sympa, cool…), comme sur Instagram ou TikTok avec Macron se prenant en selfie vidéo ou Marine le Pen chantant du Dalida. Qu’on le veuille ou non, cela à un impact sur notre vote (Hugo Decrypte, 2022). Certains processus, passant souvent inaperçus, sont employés par les équipes de campagne pour influencer et de manipuler les choix des votants. Des techniques comme l’astroturfing encouragent le repartage d’une information, sans vérification de source, pour la rendre spontanée et ainsi renforcer sa crédibilité. Cette propagande via les réseaux sociaux sera une menace grandissante pour les futures élections, si nous n’éveillons pas la conscience des votants à l’égard des pratiques employées et si nous n’éduquons pas les électeurs sur les données qu’ils partagent, qu’ils likent ou qu’ils suivent. On constate que le débat ne porte plus principalement sur le fond mais sur la forme et que, entre punchlines et fake news, les réseaux sociaux sont adaptés à ce nouveau genre de communication. Une tendance qui va certainement s’accélérer sur les prochaines élections.

Chloé Sangiorgio

Références

AFP, (2022) . [EN LIGNE]. Disponible via : https://www.leparisien.fr/elections/presidentielle/presidentielle-2022-comment-les-reseaux-sociaux-bousculent-la-campagne-31-10-2021-3OVRHGGXUFANNI6IWXWXXBZHX4.php [Accedé le 1 Mai 2022].

Bresson, V., 2022. Au cœur du Z. ed. Goutte d’or.

Corsan, O., (2022) . [EN LIGNE]. Disponible via : https://www.leparisien.fr/elections/presidentielle/presidentielle-2022-comment-les-reseaux-sociaux-bousculent-la-campagne-31-10-2021-3OVRHGGXUFANNI6IWXWXXBZHX4 [Accedé le 1 Mai 2022].

Grandin, J., 2022. La présidentielle se joue aussi sur les réseaux sociaux. Les Echos, [EN LIGNE]. Disponible via : https://www.lesechos.fr/elections/presidentielle/la-presidentielle-se-joue-aussi-sur-les-reseaux-sociaux-1399033 [Accédé le 27 April 2022].

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Hugo Decrypte, (2022). Le Master SIREN invite Hugo Decrypte. Université Paris-Dauphine, 26 Avril 2022.

Ma, A. et Gilbert, B., 2019. Facebook understood how dangerous the Trump-linked data firm Cambridge Analytica could be much earlier than it previously said. Here’s everything that’s happened up until now.. Business Insider, [EN LIGNE]. Disponible via : https://www.businessinsider.com/cambridge-analytica-a-guide-to-the-trump-linked-data-firm-that-harvested-50-million-facebook-profiles-2018-3?r=US&IR=T [Accédé le 25 Avril 2022].

Philipps, G., 2022. Les réseaux peuvent-ils destabiliser l’élection ?. France Culture, [EN LIGNE]. Disponible via : https://www.franceculture.fr/politique/presidentielle-2022-les-reseaux-peuvent-ils-destabiliser-lelection [Accédé le 27 April 2022].

Rousset, A., 2018. Comment Cambridge Analytica a repéré les électeurs de Trump grâce à leurs vêtements. Les Echos, [EN LIGNE]. Disponible via : https://www.lesechos.fr/elections/presidentielle/la-presidentielle-se-joue-aussi-sur-les-reseaux-sociaux-1399033 [Accédé le 27 April 2022].

Saltiel, F et Théviot, A,. 2022. Les réseaux sociaux peuvent-ils faire basculer une élection ?. Le meilleur des mondes. [Podcast]. [Accédé le 22 April 2022]. Available from: https://www.franceculture.fr/emissions/le-meilleur-des-mondes/les-reseaux-sociaux-peuvent-ils-faire-basculer-une-election.

Tran, S., 2022. Présidentielle 2022. « L’espace télévisé n’est plus l’espace naturel où va se déployer la campagne ». Ouest France, [EN LIGNE]. /, /. Disponible via : https://www.ouest-france.fr/elections/presidentielle/presidentielle-2022-l-espace-televise-n-est-plus-l-espace-naturel-ou-va-se-deployer-la-campagne-e1300368-7308-11ec-b5e2-f1d665483d2a [Accédé le 25 Avril 2022].

Patagonia, quel marketing pour une entreprise engagée ?

Patagonia est une entreprise de vêtements techniques de sports de montagne et de surf. La marque peut-être considérée comme haut de gamme du point de vue des prix et de la qualité, comptez 40 euros pour un tee-shirt et 200 pour une doudoune légère. 

La proposition de valeur de Patagonia réside dans son engagement pour l’environnement. Les produits sont éco-conçus, c’est-à-dire qu’ils utilisent des matières recyclées ou bio, l’énergie utilisée est 100% renouvelable en Amérique du nord et l’entreprise investit 1% de son chiffre d’affaires auprès d’associations locales et d’initiatives sociales et environnementales. 

Si elle n’est pas la seule à adopter cette position éco-friendly au sein de l’industrie du textile, Patagonia n’a pas eu à changer sa nature et son identité pour y intégrer une dimension écologique. En effet, la marque s’est construite autour du respect de l’environnement depuis sa création en 1957. En 1988, elle lançait sa première campagne environnementale en Californie, en 1992, année du sommet de la terre de Rio, la marque développait un programme d’étude d’impact écologique des produits et abandonnait le coton traditionnel pour du bio. En somme, impossible de reprocher à Patagonia un virage écologique opportuniste poussé par un marketing à l’écoute de la demande. 

Cependant, être avant-gardiste et “green-by-design” ne garantit pas le succès. À l’heure du greenwashing, difficile de démêler le vrai du faux. 

Pour rester fidèle à ses principe, et se démarquer par ce qui fait sa force, son engagement écologique, Patagonia a fait le choix de la transparence. Allant jusqu’à publier une pleine page dans le New York Times lors du Black Friday 2011 arborant le slogan Don’t buy this jacket (“n’achetez pas cette veste”) au dessus d’une photo d’une veste de la marque. Opération couronnée de succès, l’entreprise se démarque des stratégies de greenwashing “conventionnelles” et fait parler d’elle en touchant son cœur de cible, les gens ayant une sensibilité écologique appartenant aux catégories socio-professionnelles supérieures, susceptibles de lire le New York Times. 

Je me suis penché sur leurs réseaux sociaux pour comprendre comment Patagonia a entretenu sa réputation et construit une communauté autour de la lutte contre le dérèglement climatique.

Lutter contre la société de consommation en vendant des vêtements, un exercice d’équilibriste

Patagonia est dans une situation unique : il lui faut vendre des vêtements sans pouvoir les promouvoir directement. En effet, la marque s’est construite autour de valeurs écologiques fortes, à l’image de sa devise : “We’re in business to save our home planet” (« nous sommes dans les affaires pour sauver notre planète natale »). Prôner une consommation responsable en vendant des produits manufacturés oblige à être irréprochable et empêche tout type de promotion “agressive” comme les soldes et autres réductions ou les partenariats avec d’autres marques et organisations moins engagées. 

Cette politique se traduit sur les réseaux sociaux de la marque par une absence totale de promotion directe des produits. À la place, on retrouve sur Instagram 11 comptes Patagonia certifiés et une autre dizaine non certifiés mais reconnus comme officiels. Ces comptes offrent des propositions de contenus différentes à travers une segmentation intelligente. En dehors du compte principal “Patagonia”, il existe un compte par sport pour lequel la marque créé des vêtement, des comptes correspondant aux différentes régions ainsi que des comptes liés au type de vêtement. 

Le choix d’avoir autant de comptes sans promouvoir de produit directement reflète la mentalité de la marque de se reposer sur le bouche à oreille numérique et de rares publicités bien ciblées pour diffuser son offre.

Avoir de nombreux comptes implique d’être capable de créer beaucoup de contenu autour de la marque. Pour ce faire, Patagonia se repose énormément sur le User Generated Content (UGC).

Le User Genrated Content, sur Instagram consiste dans l’immense majorité en du partage de photographies prises dans l’action. En identifiant les différents comptes de la marque associés à la photo postée par un sportif, par exemple @patagonia_climb et @patagonia_europe pour une photo d’escalade alpine, celui-ci  propose implicitement à la marque de reprendre l’œuvre à son compte. Ce qui ne manque pas, de plus, la marque propose à l’auteur de la photographie de choisir la description de la photo repostée, souvent un témoignage personnel poétique et inspirant. Si la photo a du succès sur les comptes spécialisés de la marque, elle sera peut-être reprise par le compte principal @Patagonia et ses 4,8 millions d’abonnés.

Voir sa photo reprise par la marque mythique des sports de montagne et du surf est en soi un aboutissement pour nombre de sportifs, cette stratégie de mettre en valeur le User Generated Content est un moyen d’avoir du contenu régulier mais aussi de développer une communauté investie. Sur tous ses réseaux sociaux, la marque ne manque d’ailleurs pas de répondre à de nombreux commentaires et à les liker.

Le Brand Content au coeur de la communication d’une marque-média

Néanmoins le vrai atout de la communication de Patagonia réside dans le contenu qu’elle est capable de produire. Patagonia constitue en elle-même un véritable média écologique, qui produit des documentaires inspirants associant des sportifs à des grandes causes. Le dernier exemple en date est celui de Martin Johnson, que l’entreprise de textile à accompagner dans sa course de 40 heures le long de la Tamise pour célébrer l’intégration de la communauté afro-américaine dans le trail.  

Cette approche de co-création entre communauté et marques de vêtements techniques est très répandue dans le secteur. Cependant la valeur ajoutée écologique de Patagonia lui permet d’aller plus loin que le reportage sportif en dénonçant au travers de ces productions, disponibles sur youtube et sur le site gratuitement, ou en mettant en avant des associations environnementales pour lesquels la marque finance des projet à hauteur de 1% de son chiffre d’affaire chaque année. 

L’objectif de la marque, qui co-produit également des livres autour du sport et de l’écologie disponibles sur son site, est de devenir un véritable média écologique pour transformer une simple veste en expérience complète et engagée. Vous n’achetez pas seulement un tee-shirt à 50 euros, vous faites partie d’une communauté qui compte des grands sportifs et des militants pour le climat. Et ce pour la vie, car Patagonia met en avant la durée de vie des produits à travers les cinq “R” : Reduce, Repair, Reuse, Recycle, Reimagine, qui correspondent à des actions menées par la marque vis-à-vis de sa communauté pour augmenter la durée de vie des vêtements.

« Le commerce a un rôle à jouer, mais ce n’est qu’un levier. Nous devons utiliser tous les outils à notre disposition pour assurer un avenir plus sûr et plus juste. »

Ryan Gellert, CEO

Des plateformes pour animer la communauté

C’est dans cette optique que Patagonia a développé la plateforme Worn Wear qui permet aux détenteurs de vêtements de la marque de les revendre en magasins une fois portés assez longtemps, d’acheter des pièces réparées par la marque ou de se les échanger. À travers cette plateforme, l’entreprise contrôle une partie du marché de la seconde main, et peut réaliser de nouveaux bénéfices sur d’anciennes pièces.

Patagonia Action Works est une autre plateforme de la marque qui met en relation la communauté avec des organisations qui luttent pour la préservation de l’écosystème. En tant que média, cela permet à Patagonia de dépasser sa condition “naturelle” de marque pour devenir un intermédiaire social et environnemental. En aidant les gens à trouver des bonnes actions à réaliser près de chez eux, Patagonia en apprend plus sur ce qui tient le plus à cœur à ses adeptes les plus engagés, information qui guide naturellement les choix de brand content à venir et les engagements de la marque. 

La dépendance à l’irréprochabilité, limite du modèle Patagonia ?

La marque mythique des sports de montagne n’a jamais connu un succès équivalent à celui qui l’entoure en ce moment. Elle a su bénéficier de l’intégration de l’escalade aux jeux olympiques, à l’effervescence autour de la course à pied et du trail et bien entendu à la sensibilisation du monde aux enjeux environnementaux. Cependant, à l’heure où tout se sait et où les réseaux sociaux savent se montrer impitoyable, notamment envers le greenwashing, Patagonia marche sur des œufs et sa notoriété grandissante en fait une plus grosse cible. 

Savoir réagir aux scandales, vrais ou faux, qui ne manqueront pas d’éclater sera une clé de succès pour entretenir la désormais large communauté de la marque. Néanmoins ce défi n’est pas inconnu. En 2015, l’association Four Paws avait dénoncé l’utilisation de duvet issu d’oie vivantes et gavées. Patagonia avait joué la carte de l’honnêteté en se séparant de son fournisseur mis en cause et en mettant un plan d’action pour s’assurer de la provenance de son duvet, néanmoins le scandale a coûté cher en image et en ressources.

Sources

Félix Rougier

Twitch : La Révolution du Streaming

C’est une réalité que la pandémie a apporté de nouvelles façons de communication et a accéléré les processus de croissance des plateformes qui étaient en plein essor avant l’arrivée du confinement causé par le Covid-19. Dans le secteur du divertissement, le streaming a occupé un nouvel espace pour se développer et se consolider en tant que nouveau moyen de partage du contenu via les réseaux sociaux, tels que Twitch. Selon le rapport de l’industrie du streaming en direct par Streamlabs & Stream Hatchet, entre 2019 et 2020, le nombre total d’heures de contenu en direct consommées a augmenté en 78,44 %, passant de 15,63 milliards en 2019 à 27,89 en 2020.

Twitch est une plateforme dédiée au streaming en direct qui est née en 2011 en tant que sous-produit de Justin.tv, avec l’idée de renforcer le créneau d’utilisateurs intéressés par les matchs de jeux vidéo en streaming. En 2014, il y avait déjà un grand nombre de téléspectateurs (environ 35 millions d’utilisateurs mensuels), ce qui a attiré l’attention des géants de la technologie. Pourtant à la fin de cette même année, Amazon a acheté Twitch pour la somme de 970 millions de dollars.

Aujourd’hui, Twitch est la plateforme de streaming du moment, il n’y a aucun endroit où autant de créateurs de contenu se réunissent en direct. Grâce à une étude de Stream Elements en collaboration avec Rainmaker, les chiffres montrent que Twitch a augmenté ses heures de visionnage en 45% par rapport à celles obtenues en 2020. Pour être plus précis, cette année, la plateforme a atteint 17 milliards d’heures de visionnage et en 2021, elle dépassé 24 milliards. Par contre, Facebook Gaming qui a aussi fortement progressé en 2021, a augmenté ses heures de visionnage en 47%, mais il comptait seulement de 3,5 milliards en 2020 et 5,3 en 2021.

Même si Twitch s’est d’abord spécialisée dans le streaming de jeux vidéo, où l’on pouvait trouver des joueurs talentueux, amusants et des grandes compétitions eSports, au fil du temps elle a diversifié son offre en termes de contenus. Musiciens, sports, contenus culturels et bien d’autres sujets ont commencé à apparaître, toujours en direct, permettant au public d’interagir avec les créateurs. Twitch diffère principalement des plateformes comme YouTube précisément à cause de ce facteur d’interaction, d’immédiateté, de contact et de protagonisme du public, puisque YouTube permet aussi de diffuser en direct, mais c’est Twitch qui a triomphé en renforçant cet aspect.

Si l’on s’arrête pour parler des catégories les plus vues sur la plateforme, celle-ci est de manière inattendue « Just Chatting », qui a réuni plus de 3 milliards d’heures. Elle consiste simplement à ce que les téléspectateurs s’installent pour discuter et échanger leur avis avec la communauté du streamer qu’ils regardent, sans jouer, juste passer un peu de temps à discuter.

Les autres catégories les plus consultées, comme prévu, sont les jeux vidéo comme GTA V, LOL…

Qu’est-ce qui a amené Twitch au sommet ?

Sans aucun doute, le confinement a énormément contribué à rendre possible un tel niveau de croissance. Le fait d’avoir été enfermé à la maison, nous a amené à chercher des alternatives de divertissement pour faire face à nos moments libres et à nous déconnecter de la routine du travail ou des études. C’est dans ce contexte que Twitch fait son apparition. Grâce à une accessibilité simple et gratuite, soit depuis PC, Mobile ou Smart TV, Twitch a intégré la présence de certaines de nos idoles que vous pouviez voir en direct en tant que footballeurs (Agüero, Courtois, Neymar…).

Étant en direct, cette alternative permet d’interagir en temps réel pendant la diffusion. Cela se fait via un chat qui permet la communication entre les streamers et leurs spectateurs, les permettant de choisir leur contenu préféré, de personnaliser les emojis, ou de faire des critiques et des suggestions via des sondages, avec lesquels les streamers ont su très bien interagir en tenant compte l’avis de son public. Ce chat a des modérateurs pour s’occuper du des commentaires publiés et des bots pour résoudre les questions récurrentes, garantissant son bon fonctionnement.

De plus, le facteur de variété du contenu est important. En ayant autant de streamers sur la même plateforme, le public décide quoi regarder et même à travers qui. Une réalité qui nous a permis de voir l’impulsion des nouvelles technologies, c’est l’importance d’avoir un menu riche en contenu et surtout que nous puissions décider quand le consommer à différence de la télévision traditionnelle.

On peut remarquer que l’apparition de Twitch est apparue comme un complément à YouTube plutôt qu’un substitut. Permettant à un grand nombre de Youtubers bien connus de conserver leurs comptes, c’est vrai qu’ils ont vu une série d’avantages sur Twitch qui les fait se sentir plus libres et plus à l’aise lors de la création de contenu. Même s’il semble qu’il s’agit de faire le même contenu, c’est très différent, puisque faire une émission en direct ne demande pas autant de préparation qu’une vidéo quand il s’agit de montage, de dialogue… Il s’agit simplement d’allumer la caméra et interagir avec votre public. Le modèle que de nombreux chatteurs ont choisi consiste à utiliser Twitch comme sa plateforme principal à la fois qu’ils publient leurs émissions en Youtube sous forme de clips.

D’autre part, Twitch accorde une importance particulière aux créateurs de contenu et prend soin d’eux puisque, après tout, ils sont la marque de la plateforme, la raison pour laquelle elle obtient des vues. Pour cette raison, les accords avec les grands influenceurs et les facilités économiques fournies par la plateforme sont un facteur déterminant, ce qui conduit de nombreux créateurs à vouloir profiter de ces avantages que le reste des réseaux sociaux n’offrent généralement pas. Cela fonctionne de la manière suivante : tous les utilisateurs peuvent profiter du streaming gratuitement, cependant, ils diffèrent des abonnés qui paient une redevance mensuelle (s’ils ont Amazon Prime, ce sera gratuit) à leur streamer préféré pour profiter de certains avantages tels que l’exclusivité d’émoticônes dans le chat, chats privés, vues sans pub, tombolas… Cela devient un élément différentiel par rapport aux autres réseaux sociaux comme YouTube puisque c’est la principale méthode de monétisation pour les streamers en dehors des contrats publicitaires signés indépendamment par chacun d’eux. Concernant ces abonnements, la moitié de l’argent ira au créateur et l’autre moitié à Twitch. Cependant, tous les créateurs de contenu n’optent pas pour cette forme de monétisation. Des exigences minimales sont nécessaires pour que la plateforme vous permette d’être affilié (8 heures au cours des 30 derniers jours, sur 7 jours différents, avec une moyenne de 3 téléspectateurs simultanés ou plus). Un autre moyen de monétisation sont les donations, par lesquels les téléspectateurs envoient de l’argent au streamer en échange d’une reconnaissance et d’une dédicace au milieu du live. Et enfin, il y a les bits qui sont la monnaie virtuelle de la plateforme utilisée également pour prendre en charge les streamers et cela coûte environ 1,4 $ pour 100 bits.

Ces derniers moyens dont disposent les abonnés pour soutenir leurs créateurs de contenu sont les plus efficaces puisque la quasi-totalité de la donation va au streamer.

Daniel Lacasta

Sources :

https://blog.streamlabs.com/streamlabs-and-stream-hatchet-q4-live-streaming-industry-report-a898c98e73f1

https://blog.streamelements.com/state-of-the-stream-2021-year-in-review-4a7074439829

https://www.revistalagunas.com/299-el-fenomeno-twitch-de-que-se-trata-la-plataforma-de-moda-entre-los-jovenes

https://mbamci.com/twitch-la-nouvelle-plateforme-qui-replace-la-television/

https://www.dexerto.fr/divertissement/le-just-chatting-sur-twitch-ecrase-tous-les-autres-jeux-en-2020-1281171/

Social media and Arab spring: What impact ?

The Arab Spring started in December 2010 in Sidi Bouzid, Tunisia. A street vendor named Mohamed Bouazizi set himself on fire after being humiliated by the police, and it immediately triggered protests all over the country. This local, small-scale event then spread out to countries of the MENA region such as Bahrain, Egypt, Jordan, Morocco, Syria, and Yemen. After roughly one month of protest, the former dictator Zine el Abidine Ben Ali was ousted. Similar, protests in Egypt brought about the resignation of President Hosni Mubarak, and the Yemeni President Ali Abdullah Saleh agreed to step down after 33 years in power. In other countries, protests were organized but only lead to promises of democratic reform, or harsh repression. They were striking similarities in the situations of the countries of this region, which also caused the Arab Spring to a certain extent. Moreover, they were also impacted by global economic crisis of 2008. All the countries (with exceptions of Qatar and the UAE) suffered from stagnant growth, high inflation, rising unemployment, and heavy government subsidies.

 Before analyzing how social media impacted the different social movements during the Arab Spring, it is important to note that these countries were in different stages of digital development. According to the regimes, a mix of censorship and openness were combined to regulate the use of social media.

 Social media and the aftermath of the Arab Spring

Social Media impacted the aftermath of the Arab Spring, to a certain extent. It helped the people choose their next candidate, as 48% of the people in Tunisia and 71% in Egypt declared that they were “more likely to vote for a candidate who uses social media to connect with citizens” (1). But social media has also been censored by a lot of government and regimes used the Internet in a strategic way. They identified how “to keep power the right way”, by analyzing “how the government can identify grievances and address them” (2). Therefore, the fact that social media was heavily controlled, or more or less open somehow led to different outcomes for the Arab spring. Some countries did not undergo a revolution or even a change of regime because they managed to control the situation before the use of social media spread information’s about the neighboring revolts. Paradoxically, some states displayed the highest levels of Internet usage (such as Bahrain with 88 percent of its population online), and other states displayed a really low level of Internet and social media exposure (like Yemen and Libya), but both experienced mass protests. One observation remains unclear and leads us to question the role of social media, ultimately. The countries of the Gulf, such as Qatar, Bahrain, the UAE and Kuwait “dominate the top five countries in terms of both Twitter users and volume of tweets” (1). The correlation remains unsettled; what is the role of social media in those countries? It might mean that social media doesn’t only have a political function but can be used for entertainment. The core difference in the countries that had high levels of Internet exposure and low levels of revolts and those that had high levels of revolts remains in how they dealt with the threat of social media. The Bahraini government for example, took advantage of its power at the beginning of the uprisings. They created a Facebook page called “Together to Unmask the Shia Traitors” to reveal the names and information’s about people that went to protests »(3). Facebook became a real wall of shame with the names of those arrested being publicly checked off on Facebook. Other pages served to humiliate anti-government activists. One of these was called “Against Ayat Al Qurmezi”, named after a 20-year-old girl who had participated in protests at Pearl Roundabout. These pages authorized posts and messages that were calling for her arrest, torture, and death.

Social media and its informative and organizational role

It is a fact that social media fulfilled an informative and organizational role in the protests. 9 out of 10 of Tunisians and Egyptians surveyed in the following months after the uprisings stated that they used Facebook to “organize protests or spread awareness about them” (2). It also helped linking different groups of a society that have no ties in the offline world and countries “where there was no strong civil society” (4). Moreover, the vast majority of people surveyed in Egypt and Tunisia (88 per cent for Egypt, 84 per cent for Tunisia) affirmed that they “were getting their information from social media sites” (2). Therefore, the main source of information shifted from the local traditional media, that was still linked to the old regime as they were state-owned, to social media. The main difference between traditional channels of media and alternative media is how they shape the information. Social media allowed the different actors to frame their own information and to share it with their own networks, rather than becoming aware of events without feeling part of it. Mass media, and traditional medias such as the television were all owned by companies, or specific business, therefore the information’s were framed in their advantage and through their lens. However, the role of social media remains partial. Real life networks are essential to understand the Arab Spring uprisings, especially in times where the governments decided to use censorships and shut down Facebook, and YouTube. There is an observable small Facebook penetration in countries such as Syria and Yemen. What can be argued it that Facebook was an instrumental tool for a core number of activists, while there were still social movements that were expanding for the entire population, rather than just people who used social media. In these countries, the population appealed to their own networks, through “traditional real-life networks of strong ties” (1). Egypt displayed a really low “penetration rate of 5.5%”, which represents 6 million Facebook users”. These 6 million have all a social network and contacts that can be influenced by information from those with Facebook accounts. The most important factor was how the people with a social network conveyed the information, and the extent to which they did it, as “strong interpersonal ties provide the influence upon recruitment” (3). In Yemen, the tribal and opposition groups have very solid, “dense networks of constituents” (3). They used traditional means to organize themselves rather than social media, yet managed to gather an important number of protesters. This demonstrates the importance of pre-existing organizational, or in this case, tribal, membership stipulated in social movement theory to bolster participation in social movements. The utility of social media when it comes to protests is not the only factor that has to be considered. It helps social movements flourish but does not cause them. The questions of the access to social media also remains unresolved. The “impact of those with no access”, as well as “the hyper connected elites” (2) has remained unexplored.

Conclusion

 To conclude, it is important to state that these social movements across the regions were “rooted in a broader set of economic, social, and political factors” (3), and social media cannot be seen as the only factor causing these revolts. However, social media helped the mass to organize themselves, and to spread neutral information, to the extent of reaching a revolution in some countries. To understand the role of social media on collective action, it is safe to take a contextualist approach. Academics need to understand the impact of political and social variations on the role of the social media in collective action during the Arab Spring, to explain the various outcomes of it in the different countries.

Skander HOUISSA

References

1-Dubai School of Government (2011). Civil Movements: The Impact of Facebook
and Twitter. [ebook] Arab Social Media Report. Available at:
https://www.arabsocialmediareport.com/UserManagement/PDF/ASMR%20Report%202.
pdf

2- Karatzogianni, A. (2013). A Cyberconflict Analysis of the 2011 Arab Spring
Uprisings. In: G. Youngs, ed., Digital World: Connectivity, Creativity and
Rights. Routledge.

3-Dewey, T., Kaden, J., Marks, M., Matsushima, S. and Zhu, B. (2012). The
Impact of Social Media on Social Unrest in the Arab Spring | Public Policy
Program. [online] Publicpolicy.stanford.edu. Available at:
https://publicpolicy.stanford.edu/publications/impact-social-media-socialunrest-arab-spring

4-Howard, P., Duffy, A., Freelon, D., Hussain, M., Mari, W. and Mazaid, M.
(2011). Opening Closed Regimes: What Was the Role of Social Media During
the Arab Spring?. SSRN Electronic Journal.

Luxe et réseaux sociaux, deux univers incompatibles ?

On pourrait penser de prime abord que le luxe et les réseaux sociaux sont deux concepts aux antipodes. En effet, le luxe représente un monde traditionnel, presque inaccessible tandis que les réseaux sociaux symbolisent la modernité, les nouvelles technologies et ont surtout vocation à toucher un large public. De fait, l’univers du luxe, jusqu’à présent réticent à ce changement, a pris beaucoup de retard dans sa transition digitale.

Les marques de luxe ont donc dû adapter leur stratégie de communication pour toucher une audience plus importante en démocratisant leur contenu grâce à un storytelling davantage universel. L’enjeu majeur auquel ces marques ont pu être confrontées est de trouver la juste combinaison, à savoir comment sembler accessible tout en restant inaccessible ? La grande difficulté à donc été de se positionner sur le même plan que leurs concurrents plus « mainstream » tout en gardant les valeurs intrinsèques au luxe. Il a donc été nécessaire de casser certains codes pour gagner en visibilité sur les plateformes et ainsi courtiser de nouveaux clients.

Les accélérateurs de cette transition

Différents facteurs ont poussé les marques de luxe à se lancer dans l’univers digital en soignant leur représentation sur les réseaux sociaux. En effet, avec la pandémie ainsi que l’arrivée sur le marché de nouveaux acteurs tels que les jeunes et la clientèle asiatique, les marques ont dû s’adapter à un changement drastique dans les habitudes d’achat des consommateurs de luxe.

Le marché asiatique

Dans un premier temps, on remarque depuis quelques années un fort attrait pour le luxe dans les pays asiatiques, notamment la Chine qui représente aujourd’hui 21% de la part de marché mondiale du luxe. Pour plaire à cette nouvelle clientèle très avancée sur la plan technologique, le luxe a donc dû accélérer sa transition digitale. Les réseaux sociaux vont également avoir une place très importante au sein de la jeune génération asiatique avec l’arrivée d’un nouvel état d’esprit dans l’habillement, le « to be seen on screen », c’est-à-dire être parfaits à l’image, avoir un look « instagramable ». Les designers doivent donc réfléchir à la manière de rendre chaque pièce plus photogénique en retravaillant les matières, les couleurs, les graphismes, …

Les jeunes 

Actuellement les générations Y et Z représentent environ 60% du marché du luxe et pourraient atteindre 70% d’ici 2025. Ainsi, ce secteur va devoir s’adapter aux nouvelles exigences, comportements, usages et habitudes de ces consommateurs. La caractéristique de cette génération est qu’elle affiche énormément sa vie sur les réseaux en montrant ce qu’elle fait, ce qu’elle aime ou encore ce qu’elle achète. Ils suivent énormément de créateurs de contenu et sont très influencés par ces derniers.

Le Covid

Enfin, le Covid a également joué un rôle dans le changement de comportement des individus. Depuis la propagation du virus, les questions d’éthiques et de développement durable semblent plus que jamais influencer les comportements d’achat. L’expérience en boutique, mais aussi tous les évènements tels que les défilés, les cocktails, les privatisations ont été interdis et ont donc amené les marques de luxe à se réinventer pour continuer à rester en contact avec sa clientèle. De fait, les investissements en stratégie d’influence ont fortement progressé.

Luxe et influence

Les réseaux sociaux viennent offrir un large éventail d’outils marketing afin d’attirer ces nouvelles cibles et convenir aux nouveaux modes de consommation de ses clients. Ainsi, le but des réseaux sociaux pour une marque de luxe ne va pas être de vendre directement ses produits sur la plateforme, mais plutôt de soigner son image et surtout sa e-réputation. Ils apportent un nouveau souffle qui permet de rajeunir leur image, de gagner en transparence afin de sensibiliser plus sur certains enjeux.

Soigner sa e-réputation afin d’attirer les jeunes

A la différence des consommateurs de luxe traditionnels, les jeunes vont être très sensibles aux problématiques liées à l’environnement, l’éthique ou encore la diversité. Ainsi, c’est dans l’intérêt des marques de luxe d’utiliser cet outil numérique afin de promouvoir ces valeurs dans sa communication sur les réseaux. Ceci pourra également être l’endroit où la marque pourra faire preuve de transparence en montrant, par exemple, comment sont confectionnés ses produits au travers de vidéos (voir « focus sur Lena Situation »). La stratégie de certaines maisons à l’instar de Moncler ou encore Valentino est d’afficher clairement des messages forts pour promouvoir l’éthique ( comme suppression de la fourrure pour la protection animale) de la marque ainsi que leur démarche éco-responsable.

Le choix des influenceurs et marketing d’influence

L’ère des égéries (top modèles, actrices, …) a fait place à celle des influenceurs. Ce choix n’est plus directement imposé par la marque mais par une synergie entre popularité et éthique. L’influenceurs doit véhiculer des valeurs que partage la marque, mais qui sont également en accord avec sa propre ligne éditoriale. Il faut donc réussir à trouver une triple symbiose entre la marque, l’influenceur et sa communauté.

Pour toucher à la fois les générations Y et Z, les marques de luxe vont devoir sélectionner avec soin les influenceurs afin qu’ils continuent à porter l’image et les valeurs de la marque. Le markéting d’influence va donc être utilisé par les maisons de luxe comme un outil phare de leur stratégie de communication sur les réseaux sociaux. A titre d’exemple, aujourd’hui Dior n’hésite pas à inviter des influenceurs à ses défilés, auparavant réservés aux célébrités ou personnalités mondiales (exemple : Lena Situation, Paola, …  ) .

Le choix de ses influenceurs ne va pas se faire au hasard. Les marques vont devoir choisir des personnalités en accord avec les aspirations des jeunes en combinant de manière subtile les méga, macro et micro-influenceurs. Les top influenceurs vont venir contribuer à renforcer l’image et la notoriété de la marque tandis que les macro et micro-influenceurs vont davantage se focaliser sur un objectif d’engagement et de confiance, permettant de gagner en authenticité. Créant ainsi une relation bilatérale, dans la mesure ou la notoriété de l’influenceur varie en fonction du prestige de la marque.

In fine, les influenceurs permettent de montrer à leur audience des produits et services afin de démocratiser ce secteur autrefois perçu comme exclusif et trop fermé. A l’inverse des célébrités, les influenceurs possèdent une relation plus intime avec leur communauté. Ceci permet de donner de la valeur aux marques grâce aux recommandations faites par les influenceurs jugés comme étant légitimes et authentiques.

Par ailleurs, on remarque que lorsqu’une marque fait appel à un influenceur pour promouvoir l’un de ses produits, ceci sera davantage un produit accessible tel que du cosmétique ou encore un parfum, plutôt que des sacs ou du prêt-à-porter. L’influenceur crée ainsi une clientèle de primo accédant qui pourra ensuite se familiariser et s’intéresser à une gamme plus élevée.

Focus sur Léna Situation & Chiara Ferragni

Sans aucun doute, on peut dire que la bloggeuse et styliste Chiara Ferragni a été la pionnière dans le marketing d’influence en étant l’une des premières personnalités à faire des collaborations avec les plus grandes marques de luxe. Déjà en 2018, la maison de haute couture Dior a pu sponsoriser son mariage. Selon l’agence Launchmetrics, l’impact médiatique du mariage est estimé à 5,6 millions de dollars, et la photo de sa robe de mariée a été likée plus de 2 millions de fois sur son compte Instagram.

Du côté français, on peut s’accorder à dire que l’influenceuse la plus populaire du moment est Lena Situation, très médiatisée depuis 2020. En seulement 2 ans, la créatrice de contenu a déjà eu l’opportunité de faire des collaborations avec les plus grandes marques de luxe telles que Balmain, Miu Miu ou encore Dior. Ainsi, sur la chaîne Youtube de Lena il est possible de retrouver un contenu exclusif comme la présentation des ateliers Dior ou encore de nombreux défilés de mode.

Les réseaux sociaux comme nouvel outil de vente

Les réseaux sociaux dans l’avant et après-vente

Les réseaux sociaux vont intervenir à différentes étapes dans le cycle d’acquisition d’un produit de luxe. Tout d’abord, ils vont jouer un rôle majeur dans la découverte d’un produit. De ce fait, lors du lancement d’une nouvelle gamme de produit, les marques de luxe ne vont pas hésiter à faire appel à des influenceurs pour la faire découvrir à sa communauté. On pourrait par exemple citer la campagne de Lancôme avec la sortie de son nouveau parfum « la vie est belle – l’éclat ». De plus, les influenceurs modes sont également suivis par leur communauté comme étant des modèles dans leur style vestimentaire. Ainsi beaucoup de marques vont faire du « gifting » pour qu’un influenceur porte son produit et ainsi donne envie aux individus de sa communauté d’acheter cette pièce pour faire le même look.

Ensuite les réseaux sont également très importants dans la phase d’avant-vente, lors de la prise de décision. En effet, les réseaux sont le terrain parfait pour trouver des avis sur un produit, et voir comment il rend dans « la vraie vie ».  

Offrir une nouvelle expérience

Enfin, les réseaux sociaux permettent d’étendre l’expérience luxe au delà du monde physique. On  a beaucoup vu ces dernières années des marques de luxe faisant appel à la réalité augmentée. On pourrait par exemple citer Dior qui s’est associé à Snapchat pour lancer ses nouvelles sneakers B23 avec la création d’un filtre où l’utilisateur a la possibilité d’essayer ses chaussures de manière virtuelle.

Margaux Tournois

Sources :

Léontine Parolini, L’industrie du luxe et les influenceurs : un combo gagnant, Mai 3, 2021

#TheFerragnez | L’impact digital du mariage de Chiara Ferragni & Fedez, Sep 06, 2018

Carine Zanchetta, Luxe et marketing d’influence : une union dans l’air du temps Jun 22, 2021

Caroline Boudehen, Comment les jeunes et riches Chinois bousculent le marché du luxe Mai 13, 2021

Le luxe face au défi des réseaux sociaux, Juil 31, 2017

Les réseaux sociaux créent-ils une dépendance et quels en sont les effets notamment chez les jeunes? 

De nos jours, les jeunes se tournent et s’investissent fortement dans toute plateforme. Elles permettent d’établir des liens entre les différents utilisateurs mais elles permettent aussi d’intégrer certains groupes. Il est largement admis que les réseaux sociaux peuvent être une arène dans laquelle les jeunes se connectent et interagissent de manière compulsive. Par exemple en 2016 une plateforme tel que Facebook connaissait une influence quotidienne de 1.09 milliard d’utilisateurs actifs. 

La société actuelle connait un réel essor de l’ensemble des technologies. La population est constamment à la recherche d’outil plus petits et plus performants. Dorénavant les téléphones portables sont de réels ordinateurs, et ils permettent d’avoir un accès permanent aux différents médias sociaux. L’ensemble de ces technologies a donc créé une réelle dépendance de la population vis-à-vis des réseaux sociaux. Ces addictions sont dues au fait que sur les différents réseaux sociaux l’utilisateur joue un rôle actif dans la création du contenu. Cette participation accrue des membres permet de créer et de renforcer les différentes expériences. Le fonctionnement de ces différentes plateformes repose en grande partie sur les interactions auxquelles participent les différents utilisateurs. Celles-ci peuvent donc être à l’origine de certains effets négatifs, notamment sur la santé mentale de la jeune population. On trouve souvent : des pensées suicidaire, une baisse de l’empathie, une hausse de la solitude, etc. 

Aux États-Unis la RSPH (Royal Society for Public Health), à mener une étude auprès d’un large panel d’adolescent en 2017 afin d’étudier les effets de cette sur exposition. Tout d’abord, ils ont remarqué que 91% des personnes entre 18 et 24 ans utilisent internet afin d’avoir accès aux réseaux sociaux. 

Lors de cette étude, la population interviewée assure que les grandes plateformes telles que Facebook, Twitter, Instagram et Snapchat créent un réel sentiment d’anxiété, ce qui peut entrainer d’autres conséquences néfastes. Ce sentiment d’inquiétude, peut mener à une déscolarisation des jeunes, à un isolement, etc. Cette étude montre notamment que les jeunes qui sont exposés plus de deux heures par jour sur ces réseaux sociaux, sont plus enclin à l’anxiété. 

Le sentiment d’anxiété ou de dépression, peut être lié au fait que les jeunes individus postent des photos de leurs vacances ou de leurs soirées. Au vu de cette exposition de la vie privée certaines personnes peuvent trouver leur vie comme étant banale et sans réel intérêt.  

De plus, les médias sociaux sont des lieux où l’on cherche à montrer la perfection (une vie personnelle parfaite, un physique parfait). Cette quête peut être la source de perte de confiance en soi, de dépression ou encore d’anxiété, car les personnes n’ayant pas cette vie peuvent tout remettre en question. Au Royaume Unis près de 80 000 jeunes sont en dépression, suite à l’utilisation des réseaux sociaux. Cette maladie psychique, peut apparaître lorsque les jeunes sont connectés plus de deux heures par jour sur les réseaux. Le fait d’être constamment joignable, rend les utilisateurs enclins à diverses pressions. Certaines études ont même cherché à prédire si une personne était dépressive ou non en fonction de ses publications. La prédiction de l’état dépressif d’une personne s’est élevée à 70% en se basant uniquement sur les Tweets d’une personne. D’après l’OMS la dépression est une des principale cause d’incapacité, et celle-ci peut mener au suicide, qui est la deuxième cause de mortalité chez les 15-29 ans. 

Une surexposition et une dépendance vis-à-vis des réseaux sociaux, peuvent déclencher d’autres effets néfastes sur la santé mentale des jeunes. En effet, une mauvaise santé mentale peut avoir pour conséquence d’avoir un mauvais sommeil, et un sommeil perturbé peut lui aussi avoir des répercussions sur la santé mentale des individus. Un sommeil agité peut être à l’origine d’hypertension, d’obésité ou encore de diabète. Le fait de consulter nos réseaux sociaux avant d’aller se coucher peut-être à l’origine d’un sommeil perturbé. Cela est dû au fait que le cycle cérébral va être perturbé suite à cette surexposition aux écrans. Notre cycle de sommeil sera donc décalé, et les individus dormiront moins. De plus certaines études montrent que près d’un jeune sur cinq se réveille pendant son cycle de sommeil afin de consulter ses messages sur les différentes plateformes. Cette action perturbe encore plus le sommeil notamment chez les jeunes. Cela aura des répercussions le lendemain, car un sentiment de fatigue permanente sera exprimé par le corps. 

Les réseaux sociaux restent un mode de communication très porté sur le physique des individus. On cherche à atteindre la « perfection ». Les jeunes ont donc une image négative de leur corps, car ils se comparent sans cesse à des individus qui selon eux ont le physique idéal. Sur Instagram par exemple plus de 100 millions de photos et vidéos sont publiées chaque jour et plus de 500 millions de comptes utilisent la story Instagram chaque jour. L’ensemble de ces contenus permet aux jeunes de se comparer sans cesse. Environ neuf jeunes adolescentes sur 10 sont insatisfaites de leurs corps. Cette insatisfaction pousse les jeunes adolescents à avoir recours à la chirurgie esthétique (environ 70 % des 18-24 ans envisageraient de subir une intervention de chirurgie esthétique). Dorénavant, les jeunes ne vont plus chercher à être eux-mêmes, mais ils cherchent à ressembler aux autres, afin d’être «accepté» par la société qui les entoure.  

Un autre fait marquant suite à la surexposition aux réseaux sociaux, peut être le cyber-harcèlement ou l’intimidation en ligne. Les jeunes sont dorénavant en contact quasi-permanent les uns avec les autres. Cette interaction constante permet à certains de continuer leurs intimidations même lorsqu’ils ne sont pas en contact direct avec la personne.

Ces nouvelles formes de communication, permettent de diffuser des photos ou vidéos rapidement et à grande échelle, ce qui peut chambouler la santé mentale de la victime. Le cyber-harcèlement est aussi présent sur les réseaux sociaux du fait de la possibilité d’anonymat. D’après une étude publiée dans l’Encéphale, sur 272 personnes interrogées, 95 personnes (soit 35%) affirment avoir été victime de cyber-intimidation au moins une fois. Cette étude est basée sur la moyenne d’âge des 12-22 ans. 21% de ces 95 personnes disent souffrir de dépression sévère, 15% se disent anxieux, et d’autres éprouvent d’autres troubles mentaux. Ces cyber-harcèlements peuvent prendre différentes formes : des commentaires négatifs ou des messages privés directement. Ce type d’intimidation est d’autant plus dangereux, que les différentes plateformes ne réagissent que très rarement au signalement de ces contenus (afin de les supprimer). D’après une étude menée par Centre pour contrer la haine numérique (Center for Countering Digital Hate) les plateformes telles que Facebook, Twitter ou Instagram ne sont que trop peux réactives au vu de ces contenus, car ils ne suppriment que 16% des publications antisémites (soit 84% des contenus qui ne sont pas retirés de la plateforme). 

Enfin, la montée en puissance des réseaux sociaux, a fait émerger un nouveau courant qui est « la peur de manquer » (Fear of Missing Out). Le terme FoMO désigne la peur de rater un événement social ou quelque chose d’agréable qui se déroulerait sans l’individu. Afin de ne rien manquer ces individus doivent être constamment connectés sur les réseaux sociaux. La peur de manquer peut-être la source de baisse de l’humeur ou de perte de satisfaction dans la vie. 

Nous pouvons donc conclure qu’avec une croissance continue de la possession de notre société de téléphone portable, de tablettes et d’autres appareils électroniques, ainsi que l’essor des diverses applications ainsi que le développement de la technologie en elle-même, la dépendance vis-à-vis des réseaux sociaux doit-être et restera une préoccupation majeure. Une telle addiction peut avoir des effets quasiment irréversibles sur la santé mentale des jeunes. En effet, cela peut mener à un décrochage scolaire, des automutilations ou encore une dépression. C’est pour cela qu’une mise en garde ainsi qu’une prévention concernât les risques des surexpositions aux médias sociaux doit être effectuée auprès des jeunes. Les différents réseaux sociaux tels que Facebook, Twitter et Instagram, doivent aussi s’impliquer dans la protection de leurs utilisateurs. Un contenu étant signalé comme étant négatif, doit être retiré de la plateforme, un utilisateur ayant été trop de fois signalé au vu de son contenu doit être banni de réseau social. Les jeunes doivent donc être accompagnés afin d’avoir une utilisation optimale de ces différents médias sociaux. 

Oscar PERRIN

Sources:

  • L’Encéphale: https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0013700612000097?casa_token=NSmtDM4B8p0AAAAA:RiujOSM3XhYVZpQuc5RqUrOU_6RSoaQg1IzEkjS-5262_wrakFcYJ2g9PyNQOtR34H4LJGYBlfA

Snapchat Shows : de nouvelles opportunités publicitaires ?

Apparus en novembre 2018, les « shows » sont des programmes vidéo quotidiens ou hebdomadaires que l’on peut retrouver dans l’onglet Discover de Snapchat. D’une durée comprise entre 3 et 7 minutes, ils combinent la volonté de proposer du contenu plus scénarisé tout en participant à la tendance des formats courts. Les annonceurs étant de plus en plus friands de la publicité sur les réseaux sociaux, quels sont les arguments de Snapchat pour les convaincre ?

Les shows au coeur du Discover

Format vertical s’imbriquant dans une série composée plusieurs épisodes, les shows Snapchat sont proposés par des éditeurs et abordent plusieurs sujets : actualité, société, cuisine, sport ou encore beauté. Contrairement aux éditions publishers également présents dans le Discover, les shows ne disparaissent pas après 24h. Proposés exclusivement par une cinquantaine de partenaires media sélectionnés par Snapchat, ils ne sont donc pas (encore) accessibles en termes de production au grand public, ni aux autres créateurs de contenu.

Les partenaires éditoriaux de Snapchat, dans la rubrique Discover

Chaque show est scénarisé, planifié en termes de fréquence et d’audience par l’éditeur, et ensuite validé par le réseau social. Il de se focaliser sur un thème ou un angle, moins développé dans les éditions publishers. Par exemple, « Témoignage » par Cosmopolitan propose chaque semaine un épisode de 300 secondes d’une prise de parole face relatant tabous persistants dans la société (troubles psychiatriques, violences, handicap etc.).

Avec une durée de quelques minutes, les éditeurs (et Snapchat) ont la volonté de créer de nouveaux rendez-vous, afin de créer de la fidélité et augmenter le temps passé sur l’application. Avec des formats courts, ils ont la volonté de séduire les générations, notamment habituées à la courte durée des Tiktoks et des Reels Instagram. La proposition par série permet donc d’installer un réel storytelling et de préserver l’attention de l’utilisateur, avec comme objectif à long terme de développer des fictions ou des mini-séries.

Un reach potentiel non négligeable

Si la motivation des éditeurs réside dans le fait d’informer leur audience, le reach potentiel de la plateforme demeure un très bon argument de vente auprès des annonceurs. En effet, selon Médiamétrie, en janvier 2022 en France, Snapchat comptait 25,2M de visiteurs uniques (+26% par rapport à 2020), et 18,1M par jour (+32% par rapport à 2020). Son score journalier le classe 5e des marques les plus visitées sur internet, derrière Google, Facebook, Youtube et WhatsApp. L’application dépasse Instagram de plus de 3M de visiteurs uniques journaliers alors qu’Instagram compte 10M de visiteurs mensuels de plus au niveau mensuel. Une preuve d’engagement pour Snapchat : un utilisateur est plus susceptible d’ouvrir Snapchat une fois par jour plutôt qu’Instagram.

Cette progression des visiteurs uniques va de pair avec les utilisateurs actifs quotidiens (DAU), qui sont près de 16,6 millions en France et 82 millions en Europe. La diffusion des campagnes publicitaires a ainsi de grandes chances d’atteindre un niveau d’impressions satisfaisant. Le potentiel d’audience de la plateforme est significatif, sachant que le temps moyen/jour d’un utilisateur Snapchat est de 49 minutes, et plus d’une heure pour les utilisateurs entre 15 et 24 ans, le faisant réseau social le plus important en termes de temps d’utilisation. Dans le cas des shows, il faut compter 2 publicités pour 5 minutes de format. Avec un plus grand temps passé pour l’utilisateur, un plus grand nombre d’affichage de publicités est possible.

PureBreak, éditeur géré par Webedia, compte en avril 2020 3,8M de visiteurs uniques. Ses trois shows, « Match ou Next », « Off Screen » et « L’interro Surprise » atteignent une audience de 2,6 millions de spectateurs uniques en moyenne sur la plateforme. Si les annonceurs peuvent craindre une audience trop jeune (spectateurs non-décisionnaires d’achats), Snapchat a récemment diffusé ses audiences, en affichant que 14,9% des audiences touchés par la publicité sont mineurs. Si ce n’est un engagement de transaction, les annonceurs peuvent organiser des campagnes avec pour objectif de la notoriété ou du branding.

Age de l’audience de Snapchat en France, par DataMind, basé sur les rapports de Snap Ads Manager

Des formats publicitaires spécifiques

Avec 2 coupures publicitaires pour 5 minutes de contenu, les annonceurs ont de quoi se positionner sur la plateforme.


Les formats publicitaires sur Snapchat, © Snap Inc

  • Les Snap Ads. GIF animé ou vidéo, cette publicité intervient entre les Snaps présents dans le Discover. Agrémenté d’un CTA (Call To Action) tel que « Voir », « Jouer », « Acheter » ou encore « S’inscrire », ce format permet de générer du traffic ou d’augmenter les téléchargements d’une application, mais aussi d’améliorer le taux de conversion. Bien que les normes de Snapchat acceptent les publicités jusqu’à 3 minutes (idéales pour les teasers ou bandes annonces), le format recommandé est de 3 à 5 secondes, afin de maximiser l’attention de l’utilisateur.
Exemple : Snap Ad de Krys

  • Les Snaps Commercials. Ce format publicitaire est considéré comme premium, car non-skippable pendant 6 secondes, en plein écran et avec le son activité automatiquement. Les annonceurs peuvent décider du placement de leur publicité, avec une réservation de l’emplacement dans le contenu éditorial des shows. Cela leur permet d’obtenir une meilleure mémorisation du message par un meilleur taux de complétion vidéo. Snapchat a communiqué la campagne exclusive de Coca Cola Light Taste, qui a été diffusée exclusivement sur Snapchat pour en mesurer la réelle efficacité. Résultat : taux de complétion moyen de 80%, mémorisation publicitaire de plus de 18 points et augmentation des ventes de 3,6%.

  • Les Collection Ads. Composé d’un carrousel d’images et/ou de vidéos, ce format est utilisé surtout dans un but de conversion pour le e-commerce. Il apparaît entre le visionnage de deux stories, et dans le cas des shows, entre deux épisodes.

  • Les Story Ads. Ces annonces viennent se mélanger aux éditions publishers et aux shows dans le discover. Comme si ces publicités étaient des émissions/contenus à part entière, elles ne s’activent que si les utilisateurs cliquent dessus.

  • Les Dynamics Ads. Ces annonces permettent de mettre en avant des publicités directement avec le catalogue produit de l’annonceur, avec un ciblage et une sélection automatique.

  • La native/partenariat éditorial. Non-gérable directement par Snap Ad Manager, ce format consiste à faire la promotion d’un produit/d’une marque à travers le journaliste qui présente le Show. Les annonceurs passent alors directement par la rédaction de l’éditeur, ce partenariat sera néanmoins toujours validé par Snapchat, car eux-seuls valident scénarios et contenus avant la diffusion.

En ce qui concerne le prix, le réseau social propose deux options : un budget quotidien (minimum de 5€) ou un budget global sur une période définie. Snapchat met à disposition, pour les annonceurs préférant collaborer directement avec leur régie publicitaire et non avec celles des éditeurs, des prévisions d’affichage et du nombre de « Swipe-Up ». Snapchat peut ainsi vendre des emplacements au sein des contenus éditoriaux et entre les épisodes des Shows des éditeurs, en leur partageant 50% des revenus. Cependant, toutes les données récoltées auprès des segments d’audience des publicités vendues par Snapchat leurs sont réservées, et les éditeurs ne peuvent y avoir accès. Du côté des régies publicitaires des éditeurs, les tarifications des formats varient entre 8 et 12€ de CPM (Coût Par Mille).

Pourquoi Snapchat ?

Tout comme ses concurrents, Snapchat propose un ciblage data précis, qui permet de viser des secteurs démographiques, des intérêts ou encore la localisation de ses utilisateurs. A l’instar de Facebook, il propose également des audiences personnalisées qui permettent de créer des Lookalikes, pour cibler des utilisateurs similaires aux clients actuels de l’annonceur. Les différents formats laissent libres les annonceurs pour exprimer leurs créativités, tout comme optimise le temps de ceux qui souhaitent réaliser les campagnes les plus simples possibles (GIF d’images par exemple). Moins populaire auprès des annonceurs, comme Facebook Ad Manager avec Instagram, la concurrence peut également être plus faible sur Snapchat. Argument de taille, l’écosystème éditorial fermé du Discover, avec seulement des partenaires médias, protège des fakes news. En contrôlant le contenu éditorial, Snapchat s’assure d’avoir un environnement sain pour ses annonceurs au sein du Discover. Par ailleurs, Snapchat possède des règles publicitaires assez strictes, avec un encadrement autour des sujets sensibles pour les annonceurs comme pour le public, avec notamment les sites de rencontre, l’alcool, les traitements minceurs, la chirurgie esthétique, les jeux d’argents ou encore les produits financiers.

Cependant, Snapchat possède des contraintes non négligeables. Par exemple, le format vertical, avec très peu de largeur peut contraindre les annonceurs qui ont l’habitude de promouvoir avec des formats horizontaux. En ayant moins d’offres publicitaires pour des normes plus strictes que ses homologues, Snapchat a également des contraintes en termes de possibilités pour les plus petits annonceurs, n’ayant pas nécessairement le budget.

Snapchat est en test pour un nouveau modèle de contenu, les Dynamic Stories, permettant aux articles d’un site de remonter directement en story dans le flux de Discover, avec en swipe up l’accès au site de l’éditeur. Deux problématiques inhérentes à cette démarche : quels seront les impacts sur les formats publicitaires des articles sur les sites, et quid de la présence exclusive des éditeurs partenaires sur le Discover.

Alice Joie

Sitographie

Reach new heights with social media integration

Social media has become an integral part of our daily lives, and it’s only getting more integrated into a wider ecosystem. According to The Global State of Digital 2022 report, only last year has seen a 10.1% increase in social media users, making a total of 4.62 billion

The number of social media platforms for marketing and promotion is growing, with TikTok being the most recent addition. Facebook, Instagram, Twitter, LinkedIn, Pinterest, and Youtube are the most used ones. In this post, I want to share with you how to make the most out of social media by integrating them into your website and how to make them work together for your benefit.

First, let’s understand what is website social media integration?  

Website social media integration is the act of using social media accounts as an extension of your website marketing strategy and improving your user experience by exploiting the features developed by social media providers. This allows you to redirect your social media audience to your website and vice versa.

Social media integration is one of the key factors for your online marketing efforts. It helps you accomplish a few key goals:

  • Increase your brand reach and awareness –  social media integration helps you to increase traffic to your website through social media, on the other hand, it provides a wider reach of your social media activity by encouraging website visitors to join your social following. 
  • Increase engagement – social media integration with your website adds call-to-actions and makes it more engaging 
  • Grow conversions –  you can ease your website user flow by some features offered by social media providers that can make your prospective customers’ journey more smooth and eventually help them do your desired actions. 
  • Built trust –  bringing visibility to your social media activities and mentions help visitors to create higher levels of trust.

The number of social media platforms for marketing and promotion is growing, with TikTok being the most recent addition. Facebook, Instagram, Twitter, LinkedIn, Pinterest, and Youtube are the most used ones.

Let’s get into more details on best practices of social media integration

Social login

Social login is a single sign-on for end users which uses the existing login information from a social network provider. Due to social login users can sign in to your website with social media authentication and avoid filling in all the required information for creating a new account.


Users usually abandon websites on the account creation step. The main 2 reasons are that they avoid filling out registrations form and are having trouble creating and remembering another username and password. According to the 2019 State of Password and Authentication Security Behaviors Report, respondents spend an average of 10.9 hours per year setting and/or resetting passwords. Social media logins are game savers here. When already logged in to the social media account users can experience a one-click sign-in to your website which ensures a smooth user journey, thus, a better conversion rate.

Social media login comes with other benefits as well. When logging in via social media account email of the user is verified by the social network provider. Furthermore, you can get additional information about users, such as interests, birthdays, location, etc. This will allow you to provide personalized content for your users. And finally, people usually keep their social media profiles up to date unlike their accounts on most of the other websites and applications.

With all of its benefits, social logins are also a subject of discussions for security and privacy. Take some additional efforts to ensure that your social login experiences are secure and communicate it to your customers.

You can see the example ASOS e-commerce website social login with awesome communication to customers explaining the “why” and assuring privacy.  

Useful tools for social login integration:

Social sharing 

Social sharing buttons on your website pages not only give your readers a seamless way to share your content but also allows you to increase engagement on your social media and website. This also increases the likelihood of sharing your web content on other websites, therefore, affecting your SEO efforts. 

Although social sharing buttons are critical be careful to not spam your webpage by overuse of them. Keep the focus on sharable content and only for platforms that are relevant to your brand. 

Word Stream chooses one of the most popular positionings – the floating social buttons on the left side of the content. Furthermore, the number of shares is displayed on top of the buttons that encourage users to share. Find more about social media sharing buttons on their blog post

Screenshot from the website https://www.wordstream.com/

Here is another example where we can see multiple social sharing buttons and other call to actions on one screen, which can overwhelm customers. 

Screenshot from the website https://neilpatel.com/

Useful tools for social sharing:  

Social Media Feed

This integration helps to display your brand’s content from social media platforms on your website and keep it up to date. 


There are many tools that allow you to choose which social media posts you want to share, customize your layout, and choose the type of content (mentioned posts, page posts, videos, etc.) you want to be displayed. 

A successful example of social media feed integration is Life Is Good clothing brand which displays on the home page of its website their customers’ posts from Instagram using #ThisIsOptimism hashtag. Not only does this keep the webpage more interesting and always updated, improving brand image and customer connection, but also the brand links the products used in the photos to their shopping pages, which boots sales.  

Screenshot from the website https://www.lifeisgood.com/

Useful tools for social media feed display :

Social Media Reviews

Reviews build trust and credibility for your business and help your prospective customers with buying decisions. However, customers do not always leave reviews on the webpage but on the social media platforms of their preference, and people who come to your website are not necessarily aware of those. There are many tools that can help you not only display and keep up to date on those reviews but also add new ones through social media authentication.

Useful tools for social media review display:

Social Shops

According to Instagram research 70% of shopping enthusiasts, people turn to Instagram for product discovery.  Another loved social media platform for product discoveries is Pinterest. According to Pinterest weekly Pinners are 7x more likely to say that Pinterest is the most influential platform in their purchase journey, compared to social media platforms.

Thus, if you have an e-commerce webpage go ahead and upload your product catalog on social media and link them to your website. Here are examples from Camp Brand Goods on Instagram and Hoff on Pinterest.

Screenshot from Instagram
Screenshot from Pinterest

These social media integration tips can take your marketing efforts to the next level. Start your journey right away!


Author: Anna Simonyan

Mapstr : nos bonnes adresses sur le bout des doigts

  • Mapstr, le réseau social français pour partager ses bonnes adresses
Logo Mapstr

Mapstr, produit purement français, est une application permettant de répertorier et d’enregistrer ses adresses coup de cœur, qu’elles soient des restaurants, des bars mais aussi des châteaux ou même encore des Escapes Games. Tout simplement, n’importe quelle adresse ouverte au public.  Apparue sur nos smartphones en juillet 2015, cette application signée Sébastien Caron est un véritable réseau social à la fonctionnalité d’un social bookmarking. En d’autres termes, il s’agit d’un service en ligne qui permet aux utilisateurs d’ajouter, d’annoter, de modifier et de partager des signets, ici des adresses.

Lorsque vous ouvrez l’application, vous êtes toujours accueilli par une carte en plein écran. Vous pouvez vous déplacer et consulter vos précédents tags, et appuyer sur une épingle pour obtenir plus de détails. Vous pouvez filtrer les tags à l’aide du tiroir de tags situé sur la gauche (restaurant, sushi, cocktails, etc.). Et bien sûr, vous pouvez ajouter de nouveaux lieux avec de nouveaux tags et en laissant votre propre commentaire. Mapstr est également un excellent moyen de vérifier les heures d’ouverture, d’obtenir le numéro de téléphone d’un restaurant et bien plus encore.

Captures d’écran de l’AppStore

Mais ce n’est pas tout. L’utilisateur peut également ajouter ses amis, ce qui rend l’application et l’expérience un peu plus sociales. La plateforme a été intelligente et n’a pas ajouté les adresses préférées des abonnés et amis sur la carte de l’utilisateur. Cela aurait pollué tout le travail que l’utilisateur a réalisé pour créer sa carte. Au lieu de cela, il suffit taper sur le nom d’un ami et charger sa carte.

Aujourd’hui, Mapstr c’est plus de 2.5 millions d’utilisateurs, une application disponible en 11 langues mais également une équipe de 9 personnes derrière ce phénomène qui ne fait que gagner en visibilité à travers le monde.

Captures d’écran de l’AppStore
  • Qu’en est-il du marché des plateformes de recommandations en ligne ?

Il est vrai que les fonctionnalités de Mapstr peuvent paraître (et sont) ingénieuses. Beaucoup d’entre nous en sont même facilement arrivés à penser « Mais oui c’est brillant, comment cela se fait que personne n’y ait pensé avant ?! ». Et bien si, d’autres y ont pensé. Seulement, ils y ont pensé, mais différemment.

Tout d’abord, nous avons tout simplement Google Maps lui-même qui propose un service similaire à celui de Mapstr. Avec un compte Google, vous pouvez cartographier des lieux spécifiques et les enregistrer sur votre compte. Ces signets vous permettent de localiser rapidement des restaurants, des commerces ou plus généralement des lieux insolites. Vous pouvez également envoyer un emplacement marqué d’un signet à une autre personne par courrier électronique en copiant simplement l’URL applicable. Cependant, la limite de la concurrence de Google est que le géant est certes un GAFAM, mais pas un réseau social.

Site TechCrunch

Ensuite, nous pouvons également mentionner Yelp. Fondé en 2004, Yelp est un annuaire en ligne populaire permettant de découvrir des entreprises locales, qu’il s’agisse de bars, de restaurants, de cafés, de coiffeurs, de spas ou de stations-service. Vous pouvez effectuer des recherches sur Yelp via son site web ou avec les applications officielles sur les appareils intelligents iOS et Android. Les listes sont classées par type d’entreprise et les résultats sont filtrés en fonction de la situation géographique, de la fourchette de prix et de caractéristiques uniques comme les places en plein air, le service de livraison ou la possibilité d’accepter des réservations. Yelp a un fort aspect social et encourage ses utilisateurs à laisser des avis écrits, des étoiles et des photos de leur expérience avec chaque commerce qu’ils visitent. Chaque compte Yelp possède une liste d’amis qui peut être alimentée en connectant l’application à Facebook et au carnet d’adresses d’un smartphone ou d’une tablette. Les avis publiés sur Yelp peuvent également être commentés par d’autres utilisateurs, tandis que les avis populaires ont la possibilité d’être promus au statut de Yelp Elite. En 2020, Yelp était le premier site d’annuaires publics en ligne et Google avait même proposé d’acheter la plateforme pour la somme de 550 millions de dollars en 2005.

Captures d’écran de l’AppStore

En outre, le réseau social Instagram saura également faire de l’ombre à notre service de cartographie made in France. En novembre 2020, Instagram a lancé une nouvelle fonctionnalité appelée Guides, qui offre à certains comptes un moyen de créer du contenu centré sur des recommandations et des conseils de bien-être. Depuis, Instagram a étendu les Guides à l’ensemble de la plateforme, les ouvrant à tous les utilisateurs et permettant aux marques et aux entreprises de les utiliser plus facilement dans le cadre de leurs stratégies de médias sociaux et de contenu. Les guides Instagram sont une nouvelle fonctionnalité qui permet aux utilisateurs de découvrir et de partager facilement des recommandations, des conseils et d’autres contenus provenant de créateurs individuels, de petites entreprises ou de marques. En utilisant une combinaison de textes et de visuels, les Guides Instagram ressemblent à des articles de blog de type liste et vous aident à créer du contenu approfondi pour vos followers. Bien qu’ils apparaissent dans leur propre onglet distinct de votre flux principal, ils peuvent être découverts sur la page Explore ou par le biais des Instagram Stories et des messages directs. Il est vrai que les recommandations d’adresses n’est pas l’utilité principale d’Instagram, mais il s’agit néanmoins d’un réseau avec une importante communauté fidèle toujours avide de nouvelles fonctionnalités.

Captures d’écran du compte Instagram @leparisdalexis

Tout le marché semble donc être occupé par les Américains. Tout ? Non ! Quelques irréductibles Gaulois résistent encore et toujours à l’envahisseur. En effet, Mapstr est accompagné sur le marché depuis 2019 par Delicously. Cette start-up aussi française propose le même principe : une application sous la forme d’une cartographie afin de trouver des recommandations, uniquement de restaurants cette fois-ci. Attention, à la différence de Mapstr, l’utilisateur n’a pas beaucoup de pouvoir sur l’application. Celui-ci ne peut pas personnaliser la carte. Plus précisément encore, il ne peut pas rajouter lui-même d’adresses (mais seulement en soumettre auprès de l’application) ou ajouter des tags. Il s’agit simplement sur cette application de visualiser les recommandations de restaurants.

Captures d’écran de l’AppStore
  • Vers où se dirige le potentiel de cette plateforme ?

Mais où se trouve Mapstr dans tout cela ? Par son influence croissante, Mapstr a su démultiplier son utilité.  Par exemple, durant la pandémie du Covid 19, l’application a décidé de se mettre au service des petits commerçants. C’est ce qu’explique Sébastien Caron, le fondateur de Mapstr, à BFM Business dans une interview en novembre 2020. Tout au long de cette crise sanitaire, Mapstr s’est donc réinventé et, avec sa communauté grandissante, a décidé de créer des cartes collaboratives où chacun pourrait entrer des informations, en particulier des informations locales pour aider les petites entreprises et leur permettre de mettre en avant leurs services révisés pour faire face à notre nouveau mode de vie. La plateforme avait mis en place une rubrique dédiée aux petits commerçants dans le besoin sur laquelle il était rappelé que tel commerçant proposait le click-and-collecte ou encore qu’un autre proposait le service de livraison. De cette manière, nos petits commerçants préférés ont pu alimenter leur visibilité durant ces temps durs.

Mapstr prend de plus en plus d’importance dans le quotidien de ses nombreux utilisateurs. La plateforme clôturait l’année 2021 avec 44 millions de lieux visités dans l’application, 9.55 millions d’adresses sauvegardées et 3.29 millions de cartes consultées. Mapstr devient également un véritable outil de travail pour de nombreux commerçants qui peuvent désormais suivre leurs statistiques et découvrir leur communauté grâce au lancement de tableaux de bord et à la mise en place de la plateforme VIPstr pour faciliter la mise en relation avec les influenceurs de Mapstr. Aujourd’hui, la carte de Mapstr s’exporte et grandit de façon exponentielle. On peut notamment parler de la carte collaborative créée en 2021 destinée aux commerces français de Sao Paulo ou encore de la carte collaborative créée dans le cadre d’un partenariat entre Mapstr et HomeExchange (une plateforme d’échanges de maisons et d’appartements entre particuliers). On peut rajouter à cela des collaborations avec Konbini Food, Relais & Châteaux, Nike sans oublier ELLE Magazine. Le mois dernier, Sébastien Caron le disait lui-même : Masptr c’était « 3 millions ouvertures de l’appli, 1.2 millions de lieux enregistrés, 5.4 millions de lieux visités, ça fait un sacré mois de Mars. »

Face à ses concurrents aux profils divers et variés, Mapstr apprend à trouver et confirmer sa place en rendant l’expérience des utilisateurs unique à son réseau social : un service de cartographie basé sur la confiance pour recommander, découvrir mais aussi partager avec un cercle privé.

Victoria Kubisa

Sources

Alcouffe, E. (2021). « Nouvelle fonctionnalité « Guides » d’Instagram », Junto. Available at : https://junto.fr/blog/fonctionnalite-guides-instagram/

Bosson, V. (2022). « Où trouver les commerces français à São Paulo ? », Le petit journal. Available at : https://lepetitjournal.com/sao-paulo/communaute/ou-trouver-commerces-francais-sao-paulo-335924

Gailhard, J. (2019). « Mapstr, carte du monde des bonnes adresses : avis et test », Generation Voyage. Available at : https://generationvoyage.fr/mapstr-avis-test/

Lainé, L. (2022). « HomeExchange crée sa carte de bonnes adresses avec Mapstr », L’écho touristique.Available at : https://www.lechotouristique.com/article/homeexchange-lance-sa-carte-de-bonnes-adresses-avec-mapstr

Luczak-Rougeaux, J. (2019). « Mapstr veut devenir le premier réseau social de lieux dans le monde », Tom Travel. Available at : https://www.tom.travel/2019/03/19/mapstr-veut-devenir-le-premier-reseau-social-de-lieux-dans-le-monde/

Unknown (2020). « 15 choses que vous ne savez peut-être pas sur Yelp », News Chastin. Available at : https://news.chastin.com/15-choses-que-vous-ne-savez-peut-etre-pas-sur-yelp/

Les réseaux sociaux menacent votre santé mentale ?

Les réseaux sociaux constituent désormais un moyen de communication et d’échange incontournable. Nous trouvons tous du plaisir à « scroller » et à « texter ». Aujourd’hui, être jeune, c’est être connecté, mais aussi être exposé à cette nouvelle forme de dépendance. Essayez de tenter l’expérience de vous passer de votre smartphone et de vos navigations sur les réseaux sociaux. Vous vous rendrez rapidement compte qu’il s’agit d’une privation et d’un manque difficilement supportable. Votre activité et votre présence sociales s’en trouvent affectées ainsi que votre niveau d’information et suivi de l’actualité. J’en ai tenté l’expérience et c’est une des conclusions que je retiens au bout d’une semaine.

Les réseaux sociaux font partie de notre comportement social. À l’instar de tout autre phénomène social, les abus, le manque d’encadrement et les excès exposent les utilisateurs à des risques et notamment les plus vulnérables parmi eux.

Il s’avère que les adolescents et les jeunes sont les plus grands « consommateurs » des réseaux sociaux. En raison de leur vulnérabilité et de leur usage souvent démesuré de ces médias, ils sont les premiers concernés par les risques qui se traduisent souvent par les troubles de comportement et des troubles mentaux.

Comment se présente la situation en termes d’utilisation des réseaux sociaux et quels risques pour les adolescents et les jeunes ? C’est l’objet de cet article qui essayer d’apporter quelques éléments de réponse.

Les réseaux sociaux : réalité indéniable

En 2022, plus de 4,6 milliards de personnes sont des utilisateurs actifs des réseaux sociaux. Il s représentent 58,4% de la population mondiale et près des trois-quarts (74,4%) de la population âgée de 13 et plus. Cela montre manifestement une nouvelle réalité des comportements sociaux qui s’est diffusée à l’échelle planétaire.

Figure 1 : Population mondiale, internautes et utilisateurs actifs des réseaux sociaux (janvier 2022)

Source : d’après les données de We are social and Hotsuite, Digital 2022: April Global Statshot Report

Le nombre des personnes utilisatrices des réseaux sociaux n’a cessé d’augmenté. Il a évolué à un rythme annuel de 11,6% durant la dernière décennie en passant de 1,72 milliard en 2013 à 4,62 milliards en 2022; rythme dépassant celui du nombre des internautes (8,2% par an) et nettement plus élevé que celui de la croissance démographique mondiale (1,1%).

Figure 2 : Évolution du nombre des internautes et des utilisateurs actifs des réseaux sociaux

Source : d’après les données de We are social and Hotsuite, Digital 2022: April Global Statshot Report

Les jeunes constituent les principaux utilisateurs des réseaux sociaux. Les données montrent qu’en 2022, plus de 45% des utilisateurs actifs des réseaux sociaux sont âgés de 13 à 29 ans. Rappelons que leur poids dans la population totale se situe à moins de 27,6% ce qui montre un taux de pénétration de l’usage des réseaux sociaux beaucoup plus élevé chez les jeunes que pour le reste de la population.

Figure 3 :Répartition des utilisateurs actifs des réseaux sociaux selon le genre et les tranches d’âges

Source : d’après les données de We are social and Hotsuite, Digital 2022: April Global Statshot Report

Les réseaux sociaux impactent la santé mentale

Actuellement, plus de 1 million de nouveaux utilisateurs des médias sociaux sont enregistrés chaque jour, soit 13,5 nouveaux usagers à chaque seconde, dont 6 jeunes.

Les données montrent que l’internaute passe désormais près de 7 heures par jour à utiliser Internet sur tous les appareils. Cela représente environ 40% de sa vie éveillée (si on considère que la personne moyenne dort environ 7 à 8 heures par jour). Plus du tiers du temps de connexion sur internet est consacré à l’utilisation des réseaux sociaux, soit en moyenne 2 heures 27 minutes par jour. Il s’agit d’un comportement social devenu, désormais extrêmement important et qui est susceptible de générer des effets négatifs notamment en matière de santé mentale pour la population la plus vulnérable, à savoir les adolescents et les jeunes.  

D’une manière générale, près d’une personne sur dix vit avec un trouble mental. En effet, une étude réalisée en 2017 a estimé que 792 millions de personnes vivent avec un trouble de santé mentale (dépression, anxiété, trouble bipolaire, etc.). Les jeunes sont les premiers concernés par les troubles de santé mentale : les trois quarts des troubles de santé mentale commencent avant l’âge de 24 ans.  

Les troubles mentaux sont influencés par nos interactions sociales au quotidien . La plupart de ces interactions se produisent via les réseaux sociaux, notamment pendant les confinements qui se sont enchaînés et la période postpandémie de la Covid-19. Aujourd’hui, la possession d’un smartphone est presque universelle, notamment pour les adolescents et les jeunes.

Cette utilisation accrue des réseaux sociaux a des effets négatifs particulièrement pour les adolescents compte tenu des particularités de cette période de la vie de la personne. En effet, à cette tranche d’âge, ils sont particulièrement sensibles aux risques des nouvelles technologies. Pendant l’adolescence, le développement rapide des circuits socioaffectifs du cerveau peut accroître la sensibilité à l’information sociale. Les adolescents utilisateurs des réseaux sociaux sont en quête de récompenses sociales et s’exposent aussi à la pression suscitée par l’évaluation par les pairs.

L’adolescence favorise l’établissement de relations intimes, le développement de l’indépendance par rapport aux adultes et l’exploration de l’identité et de soi. Les réseaux sociaux présentent l’espace le plus attrayant pour les adolescents afin de développer ces différents aspects. En effet, ces réseaux offrent une opportunité singulière en matière d’environnement social et d’espace d’échange d’expériences et d’informations personnelles qui sont disponibles à tout moment avec une échelle d’appréciation quantifiable à travers les « j’aime », les « vues » et les « partages ».

Mais concrètement, comment les réseaux sociaux peuvent-ils affecter notre état mental ? Des activités spécifiques en ligne ont été identifiées comme des facteurs de risque potentiel de problèmes de santé mentale. Citons-en quelques-unes :

  • La cybervictimisation ou le harcèlement en ligne, s’est constamment avéré associé à des taux plus élevés d’automutilation et de comportements suicidaires. Selon une étude effectuée sur des élèves allemands, le harcèlement en ligne, comparé au harcèlement physique et relationnel, est le facteur d’influence le plus important sur la santé mentale des adolescents (d’âge moyen 14,9 ans). Ceci a été expliqué par le fait qu’ils passent beaucoup de temps sur les réseaux sociaux, ce qui renforce des effets psychosociaux profonds, tels que la dépression, l’anxiété et le suicide.
  • Les adolescents se sentent souvent dépassés par ce qui se passe sur les réseaux sociaux et la pression qu’infligent certaines plateformes, notamment Instagram. Une plateforme connue pour n’afficher qu’une parfaite représentation de la vie de ses utilisateurs. Il est en effet beaucoup plus courant pour les jeunes de publier le côté positif de leur journée. Ceci est expliqué par la pression qui accompagne le fait de poster sur les réseaux. Selon une enquête réalisée par Pew Research Center en 2018, environ quatre personnes sur dix (âgés entre 13 et 17 ans) affirment qu’elles ressentent une pression de ne poster que du contenu qui donne une bonne image d’eux ou qui apportera plus de commentaires et de « j’aime ». Par ailleurs, 45% des adolescents disent qu’ils se sentent dépassés par tout le drame sur les médias sociaux. Ils sont particulièrement vulnérables et sensibles au contenu qu’ils consomment chaque jour. Cette sensation peut conduire à des effets beaucoup plus néfastes comme de l’anxiété ou des troubles alimentaires dans le but de construire cette image « parfaite ».
  • L’algorithme des réseaux sociaux est conçu à fin de remonter à l’interface des utilisateurs un contenu qui leur correspond. Cela va donc dépendre des données partagées avec la plateforme en question, les interactions (likes, commentaires et partages) des utilisateurs. D’où vient le « Pour toi » de Tiktok et « Explorer » d’Instagram par exemple. Ceci renforce les biais de confirmation des adolescents qui passent par des périodes difficiles et qui se retrouvent face à des contenus qui appuient leurs pensées négatives. Les utilisateurs des réseaux sociaux se retrouvent donc dans des chambres d’écho qui, à long terme, ont des effets cumulatifs sur leur santé mentale. Il a été prouvé que les jeunes exposés à des contenus comportant un comportement à risque (par exemple la consommation d’alcool ou d’autres substances) peuvent être susceptibles d’engager ces comportements. Le contenu non modéré lié à l’automutilation ou suicide est aussi facilement accessible en ligne, notamment sur Twitter. Des enquêtes ont montré qu’une proportion significative de jeunes hospitalisés pour des tentatives de suicide ou d’automutilation ont été exposés préalablement à des scènes similaires en ligne.

Conclusion : questions et interrogations

En dépit des conclusions irréfutables de plusieurs études et recherches, certaines plateformes refusent d’admettre publiquement les effets générés par leurs réseaux sur la santé mentale des utilisateurs. Citons, par exemple, le cas de Meta qui a constamment minimisé les risques et effets négatifs d’Instagram sur les adolescents et n’a pas rendu publiques ou accessibles ses recherches aux universitaires ou aux législateurs qui l’ont demandée.

Il faut donc se demander si nier les faits minimise les risques auxquels nous sommes exposés ? Sommes-nous condamnés, en tant qu’utilisateurs des réseaux sociaux, à être exposés à ces risques ? Comment atténuer la portée de ce danger sur les populations vulnérables et notamment les adolescents et les jeunes ? Faut-il instaurer une autorité de régulation et de contrôle à l’échelle mondiale ou se fier uniquement à la modération interne des plateformes ? Quel rôle à jouer par le système éducatif ? Cela représente autant de questions que de challenges à relever par les différentes parties prenantes impliquées dans ce nouveau fléau mondial.

Asma Zaafrane

Sources :

  1. Mental Health Myths and Facts|MentalHealth.gov. 2020. Available online: https://www.mentalhealth.gov/basics/mentalhealth-myths-facts.
  2. Consequences of Bullying on Adolescents’ Mental Health in Germany: Comparing Face-to-Face Bullying and Cyberbullying / Baier, Dirk ; Hong, Jun Sung ; Kliem, Sören ; Bergmann, Marie Christine. Source : Journal of child and family studies, 2018-07-18, Vol.28 (9), p.2347-2357
  3. Anderson M, Jiang J. Teens’ Social Media Habits and Experiences. Pew Research Center website. https://www.pewresearch.org/internet/2018/11/28/teens-social-media-habits-and-experiences/#fn-21827-1 Published November 28, 2018. Accessed January 10, 2020.
  4. Moreno MA, D’Angelo J, Whitehill J. Social media and alcohol: Sum­mary of research, intervention ideas and future study directions. Media and Communication. 2016;4(3):50-59.
  5. Nesi J, Prinstein MJ. Using social media for social comparison and feedback-seeking: Gender and popularity moderate associations with depressive symptoms. J Abnorm Child Psychol. 2015;43(8):1427-1438. doi: 10.1007/s10802-015-0020-0
  6. Facebook Knows Instagram Is Toxic for Teen Girls, Company. The wall street journal, By Georgia Wells Follow , Jeff Horwitz Follow and Deepa Seetharaman Follow Sept. 14, 2021 7:59 am ET

Les communautés de gamers sur les réseaux

Introduction

Par le passé, les gamers se rassemblaient sur des blogs dans le but d’échanger des informations sur leurs jeux préférés ou même de poster des astuces pour aider les autres joueurs. Le but était aussi pour les gamers d’échanger sur leurs avis au sujet des nouveaux jeux ou de leurs attentes. Depuis, de nouvelles plateformes ont émergé et ont pour pu regrouper leurs utilisateurs afin de les rassembler en communautés. Les plateformes les plus utilisées par les gamers de nos jours sont Reddit, Discord, Steam, Youtube, Twitch et Facebook, chacune assez différentes les unes des autres et remplissant des besoins spécifiques des communautés de gamers. 

Présentation des plateformes

Reddit :

Reddit est un réseau social qui proposent une grande quantité d’informations sur de nombreux sujets très différents. Les communautés gaming s’en servent pour regrouper et partager des informations sur différents jeux en les organisant sous différentes catégories. On y retrouve des guides, des espaces de questions réponses, des challenges ainsi que des espaces pour montrer ses progrès et succès. Une des particularités de la plateforme est sa page principale appelé « frontpage » où l’on peut y retrouver tout les subreddits (que l’on pourrait qualifier de fils de discussion) auxquels une personne est abonnée. Cela permet l’utilisateur d’avoir une vue d’ensemble et un historique pour les différents jeux qui l’intéresse.

Discord : mai 2017 à juin 2020 nombre d’utilisateurs passé de 45 à 300 millions

Discord est assez différente de Reddit. La plateforme avait été inventée pour le gaming dans le but de permettre à des individus de communiquer entre eux oralement lors de jeu en ligne. Depuis, la plateforme s’est lentement transformée en réseau social qui permet aux joueurs de se regrouper par serveurs et de communiquer par écrit et oral. Ces serveurs sont des groupes privés créé par les utilisateurs qui peuvent inviter leur contact en envoyant un lien exclusif à leur serveur. Dans le but de structurer les serveurs, il est possible d’organiser les discussions en les subdivisant en salons de discussions. Si certains serveurs sont utilisés par des groupes d’amis pour jouer ensemble en multijoueurs à plusieurs jeux, d’autres serveurs permettent à de nombreux inconnus de jouer à un jeu très spécifique ensemble, comme le serveur de LoLFR qui héberge actuellement 129972 membres.

YouTube : (405 millions de personnes qui suivent le top 10 des streamers sur Youtube)

Youtube est connu pour être un site web d’hébergement de vidéos et a dédié une grande partie de son catalogue au gaming. La plateforme permet au créateur de contenu de partager des vidéos sur leur chaine mais aussi de streamer des parties en direct afin de pouvoir échanger immédiatement avec leur audience et leur communauté. Ces deux parties sont très complémentaires sur la plateforme et permettent de varier les expériences pour l’utilisateurs. L’espace commentaire sous les vidéos gaming sont souvent des espaces de discussion pour les différentes communautés qui sont cruciales à son bon développement.

Twitch : (peak at 9.98 million active streamers (janvier 2021))

Twitch est un service de diffusion de vidéos en direct. La plateforme fait beaucoup de bruit depuis quelques années et est devenue un incontournable pour les communautés de gamers. Le contenu sur Twitch n’est pas exclusivement lié au jeu vidéo mais cela reste la principale activitée de la plateforme. Twitch est devenue la plateforme la plus populaire pour regarder du contenu de jeux vidéo avec les plus gros créateurs de contenu présent sur la plateforme. Les communautés de gamers sont très actives sur la plateforme et les intéractions entre membre et avec le streamer sont multiples. 

Facebook :

Finalement, Facebook est un média social qui comptabilise 2.9 millards d’utilisateurs et est connu mondialement. La plateforme accueille de nombreuses pages dédiées aux jeux vidéo souvent découpées par franchises animées par des fans. Facebook à décidé de se lancer dans le monde du gaming et a lancé le 1er juin 2018 Facebook gaming. Celle-ci a pour but de regrouper des vidéos de jeu en direct et préenregistrées sur la plateforme. La plateforme a longtemps eu une phase expérimentale mais commence enfin à accélérer son développement. Depuis peu, certains streamers ont d’ailleurs commencé leur transition de Twitch vers Facebook Gaming (comme les populaires Disguised Toast, T90Official…) du fait des contrats plus avantageux et ont emmené leur communauté avec. 

Les raisons de l’essor du gaming sur les réseaux

Le monde du gaming est en pleine expansion depuis un certain nombre d’années et les communautés de gamers ont suivi cette évolution. C’est d’ailleurs un des rares domaines qui a pu profiter du confinement et qui a pu voir soir ses ventes exploser durant la période avec une croissance de 11,3% sur l’année 2020. Le confinement a également permis aux communautés de joueurs de jeux vidéo de se rassembler plus qu’au paravent. En effet, les intéractions sociales étant limitées, beaucoup se sont tournés vers l’internet et les communautés de jeu pour palier à ce manque. Les joueurs se regroupent sur différentes plateformes dans le but d’interagir entre eux. Les raisons pour lesquelles les gamers utilisent ces réseaux sociaux ou autres plateformes sont multiples mais l’idée principale est de rejoindre et de faire partie d’une communauté. Pour la majorité d’entre eux, rejoindre une communauté permet de briser l’isolement créée par le monde du jeu vidéo. Les réseaux sociaux permettent l’intéraction entre les joueurs et de rassembler des groupes de personnes qui partagent les mêmes intérêts. En effet, 56% des gamers utilisent Youtube comme la plateforme principale où ils échangent sur l’actualité d’un jeu et 48% des gamers sur la plateforme estiment qu’ils passent plus de temps à regarder du contenu qu’eux même passe à jouer. De plus les réseaux sociaux et plateformes sont également beaucoup utilisés pour y trouver des conseils (74% des gamers estiment que les communautés en ligne sont les meilleurs endroits pour trouver des conseils et améliorer sa technique ou même découvrir de nouvelles fonctionnalités). La notion de pédagogie est très importante dans ces communautés avec une grande partie du contenue étant à l’origine dédié aux tutoriels pour nouveau jusqu’au conseil pour montre en niveau.

Un nouveau phénomène, le social gaming

Aussi connu sous le nom du « jeu vidéo communautaire », le social gaming rassemble des jeux vidéo via certains réseaux sociaux. Ce sont généralement des jeux largement multijoueur et relativement simple, mais qui possèdent tout de même un gameplay assez riche. Les exemples des jeux les plus populaires sont : Zynga, Playfish et Playdom. Ils sont souvent disponibles sur navigateur web ou alors sur certaines plateformes sur appareil mobile. La simplicité de ces jeux permet une prise en main rapides et ne demandent rarement ou peu d’investissement au long terme. Le succès de ces jeux repose sur la viralité du phénomène assuré par les réseaux sociaux. Facebook est un exemple de plateforme qui encourage le développement de ce genre de jeu. La différence avec les jeux classique est repose sur le fait de faire intéragir les utilisateurs entre eux et de créer un espace de compétition. Cela créer un environnement léger ou les gamers peuvent se mettre en compétition sans se prendre trop la tête en dehors de leurs jeux principaux.

La ruée vers le Metaverse, réelle opportunité pour les entreprises ? 

Introduction

La semaine dernière, Ledger annonçait son entrée dans le Metaverse. La suivante, c’était Slipknot. Celle d’après, The Sandbox décide de lever 400 millions de dollars. Le Metaverse et ses promesses paraissent à première vue engendrer un engouement certain à l’échelle mondiale.

En effet, le terme Metaverse est synonyme d’innovation, et il a séduit de nombreuses entreprises qui ont décidé de s’y positionner, alors même que la définition du Metaverse reste obscure pour une majorité de la population et que ses cas d’usage sont encore limités.

Il semble intéressant et important de comprendre pourquoi et comment les entreprises se positionnent sur les Metaverses, la façon dont elles communiquent à ce sujet, et la différence entre la réalité actuelle et les promesses de demain. 

Définition

Il convient d’abord de définir ce qu’est le Metaverse. Ce mot a été créé par l’auteur de science-fiction américain Neal Stephenson dans sa nouvelle Snow Crash parue en 1992. On peut définir le Metaverse comme étant un réseau massivement étendu, décentralisé et interopérable de plusieurs mondes virtuels. Ce sont ces mondes, communément appelés « les metaverses », qui sont actuellement en train de voir le jour et sur lesquels les entreprises se positionnent déjà. 

Pour autant ces Metaverses ne représentent pas LE Metaverse. En effet, ces mondes virtuels sont pour la plupart non interopérables et non décentralisés. Ces mondes ne communiquent pas entre eux, que les données restent à la main du propriétaire du monde et que les expériences proposées au sein de ce monde virtuel sont proposées par son propriétaire. 

Les Metaverses rassemblent des éléments du jeu vidéo, des éléments sociaux, commerciaux, en une seule plateforme. On peut y vivre des expériences sociales en ligne telles que des concerts, des réunions de travail, ou des jeux, par exemple. 

Ainsi, il existe de multiples Metaverses qui proposent tous des expériences différentes à ses utilisateurs et des partenariats variés avec les entreprises : Epic Games, Meta, Microsoft, Decentraland, The Sandbox, etc. Les jeux tels que Fortnite et Roblox peuvent également être considérés comme tels.

Certains Metaverses comme The Sandbox favorisent l’implantation de grandes entreprises dans leur espace, tandis que d’autres Metaverses sont complètement centralisés et ne permettent aux entreprises qu’une utilisation similaire aux autres utilisateurs (Workrooms par exemple). Les Metaverses offrent une opportunité de marketing B2B, et on a déjà pu constater l’organisation de réunions virtuelles par son biais.

Le succès de « The Sandbox »

On va ici étudier plus en détail The Sandbox, car c’est une entreprise française qui est parvenu à attirer de nombreuses entreprises du monde entier. 

The Sandbox est accessible depuis un logiciel Windows. Actuellement en cours de développement, la saison 2 de l’alpha s’est terminée fin mars 2022, et la saison 3 sera bientôt accessible aux détenteurs de tickets gagnés lors de la saison 2. 

Il était déjà possible, durant cette saison 2, de découvrir l’univers de The Sandbox à travers certains LANDs avant son lancement officiel, pour récolter des premiers retours et montrer à ses utilisateurs le type d’expériences qu’ils pourraient y vivre. 

Cette plateforme est décentralisée, c’est-à-dire que ses utilisateurs peuvent la contrôler en partie, tout son fonctionnement n’est pas entre les mains de The Sandbox. Elle n’est pas interopérable, ce qui signifie qu’on ne peut pas faire passer des éléments de ce Metaverse à un autre.

Les transactions dans The Sandbox sont faites en via la blockchain Ethereum pour l’achat des NFTs qui sont affichées, et via les SAND pour l’achat et l’entrée sur les espaces propriétaires, les LANDs.

C’est cette particularité et cette décentralisation qui font que de nombreuses entreprises se positionnent actuellement sur la plateforme. En effet, contrairement à d’autres Metaverses, The Sandbox offre une certaine liberté de création et de commercialisation via des NFTs que d’autres ne permettent pas. 

La liste des sociétés présentes sur The Sandbox s’allonge de semaine en semaine, au fur et à mesure qu’elles achètent des LAND à des prix d’or (Carrefour avait payé 300 000€ en février 2022 pour acquérir un terrain virtuel). On peut retrouver une cartographie des LANDs (terrains virtuels dans l’univers The Sandbox) à l’adresse suivante : https://www.sandbox.game/en/map

Quand on étudie la liste des entreprises présentes dans The Sandbox, on constate qu’elles proviennent de tous les secteurs, même ceux n’étant pas directement liés aux nouvelles technologies du Web3. Voici une liste non-exhaustive des entreprises présentes dans The Sandbox à date du 30 avril 2022 : 

Adidas, Atari,Club Leader Price, Carrefour  , Gucci, HSBC, Ledger, Ubisoft, Samsung, Square Enix, PricewaterhouseCoopers, Warner Music, et bien d’autres.

On constate qu’on a de nombreux domaines très variés : jeux vidéo, luxe, téléphonie, musique, grande distribution, etc.

Ces marques proposent des expériences virtuelles dans la limite des possibilités offertes par The Sandbox. Par exemple, Warner Music Group a confirmé en janvier 2022 avoir acheté des parcelles sur The Sandbox et projette de construire un univers pour assister à des concerts d’artistes renommés (Ed Sheeran, Dua Lipa, Green Day) et pour explorer des parcs d’attractions musicaux. 

L’interface de The Sandbox se rapproche de celle d’un MMORPG classique (jeu de rôle en ligne massivement multijoueur). En effet, on y retrouve un inventaire, un chat général et par zone, la possibilité d’interagir directement avec les avatars présents par le biais d’actions telles que des danses ou d’autres animations. Certains lobbys (espaces virtuels fermés et interconnectés) proposent des expériences encore plus proches de celles d’un jeu. 

Un enthousiasme à nuancer

Néanmoins, tout cet engouement peut être relativisé quand on observe des signaux faibles tels que le réajustement du cours des crypto-monnaies en 2021 ou le récent flop de la vente aux enchères du 1er tweet de l’histoire en avril 2022. Vendu une première fois à 2,9 millions de dollars, son propriétaire avait voulu le revendre 49 millions mais la meilleure offre s’est arrêtée à 10 millions. De même, Meta a connu des résultats décevants au dernier semestre 2021 : une baisse de son bénéfice de 8%, et une stagnation du nombre d’utilisateurs malgré son ambition de créer le Metaverse de demain.

Ces signes sont inquiétants pour l’avenir du Metaverse quand on sait que les NFTs et les cryptomonnaies en sont des technologies essentielles. En effet, c’est sur elle que reposent tout le système de propriété interopérable des actifs numériques. C’est par la vente de NFTs que les entreprises vont pouvoir accorder différents avantages à leurs clients, et générer des revenus.

Cet écart entre l’engouement suscité par les nouvelles technologies du Metaverse et les usages réels qui existent à l’heure actuelle ou dans un futur proche font écho au « cycle de la hype », théorisé et actualisé tous les ans par l’entreprise américaine de conseil Gartner. Gartner place les technologies émergentes du moment sur une courbe, le temps étant en abscisse et les attentes en ordonnées. 

On observe un pic de hype lorsque les attentes sont au plus haut, qui retombe lorsque l’on réalise que la technologie va requérir trop de temps avant d’être utile ou qu’elle ne le sera tout simplement jamais : c’est la désillusion. 

Pour les NFT (non-fungible tokens), les attentes en 2021 étaient très élevées, mais cette technologie n’atteindra son plateau de productivité que dans 2 à 5 ans. Le plateau de productivité est la période de temps où une technologie trouve une application concrète et peut perdurer.

Si l’on ne peut classer les Metaverses sur cette courbe (car ils sont constitués de multiples technologies), on peut néanmoins y placer les technologies essentielles : NFT, cryptomonnaies, VR et AR notamment.

La question qui peut légitimement se poser dans ce contexte est la suivante : dans quelle mesure l’arrivée d’entreprises dans le Metaverse offre t elle un vrai plus, dans la mesure où les usages réels ne sont pas encore bien définis et que les Metaverses investis ne sont pas tous très populaires parmi les consommateurs “traditionnels” de ces marques ?

Par exemple, dans le cas de Carrefour, la réaction des utilisateurs avait été assez critiquée sur les réseaux sociaux, car elle ne répondait à aucun de leurs besoins, et semblait être une initiative prise pour des raisons marketing et financières : montrer dans un premier temps que l’entreprise reste dans l’air de son temps, et se positionner en avance sur un potentiel marché futur avant les autres. 

Les marques doivent nous utiliser pour faire du branding

Sébastien Borget, COO de The Sandbox

Disposant d’1,6 millions d’utilisateurs en 2021, The Sandbox peut éventuellement influencer les consommateurs. Mais l’aspect innovant est désormais moindre car les entreprises rejoignant le Metaverse sont nombreuses. En revanche, il est toujours possible d’innover par les expériences proposées.

En revanche, se positionner en amont sur le Metaverse pour commencer à expérimenter semble être une idée pertinente quand on sait qu’une personne sur quatre passera au moins une heure par jour dans le Metaverse d’ici 2026 selon une étude de Gartner.

De plus, certaines marques – et notamment les marques de luxe – ont déjà prouvé que le Metaverse peut être source de revenu, dans la mesure où la revente de biens digitaux coûte moins que la production d’objets physiques. 

Le Metaverse représente à la fois un eldorado d’opportunités business pour les entreprises, mais peut tout aussi bien se révéler être un gaspillage de ressources s’il ne réussit pas à convaincre les consommateurs, qui sont le cœur de cible de ce marché.

Gaspard Martin-Lavigne

Influenceurs et communautés : bouleversement dans nos relations (para)sociales

Il devient presque inutile aujourd’hui de présenter les relations parasociales, tant elles ont fait l’objet d’un regain d’intérêt à l’ère de l’explosion des médias sociaux. Il est pourtant nécessaire de revenir à l’essence même du terme pour comprendre la suite du propos. Après un premier essor dans les années 1950s en parallèle de celui des médias de masse et une formulation du terme par les chercheurs américains en science sociales D. Horton et R. Wohl[1], il revient sur le devant de la scène avec l’apparition de nouveaux acteurs : les influenceurs. Désignant primairement une « relation psychologique unilatérale vécue par quelqu’un qui ressent un lien émotionnel et intime avec quelqu’un qu’il n’a jamais rencontré », le terme prend tout son sens dans l’étude du lien entre un influenceur et sa communauté au même titre qu’il y laisse apparaitre des limites nouvelles. A son apparition au siècle dernier, le but était principalement de mettre un mot sur la fascination que l’on pouvait ressentir face aux stars hollywoodiennes que l’on pouvait voir quotidiennement sur le petit écran de notre salon mais que l’on savait au même moment inatteignable, car socialement très distancée de nous. Les créateurs de contenu, les nouvelles stars d’aujourd’hui, sont alors parvenus, en apparaissant spontanément dans le paysage médiatique moderne, à remettre en lumière cette relation en la reformattant aux normes d’une société comme « horizontalisée » par les réseaux sociaux.

Première vidéo postée sur Youtube en 2005

2005, la première vidéo Youtube est postée sur la plateforme. Presque 20 ans plus tard, ce sont près de 720 000 heures[2] de contenu qui sont postées chaque jour et des milliers de créateurs / micro-entrepreneurs qui ont fait de cette nouvelle activité passion, un réel business. Le phénomène de Youtuber prend de l’ampleur dans les années 2010s pour s’étendre à toute la panoplie de réseaux sociaux actuels – Instagram, Tiktok, Twitch, Twitter, etc. – faisant de ces nouveaux influenceurs, des acteurs éminemment importants pour les utilisateurs, principalement la jeunesse. De leurs collaborations avec diverses marques aux invitations à des évènements prestigieux, ces nouvelles stars n’ont rien à envier aux stars plus « classiques » du cinéma ou de la musique. Ayant construit de bout en bout ce qu’ils nomment souvent leur « communauté » (l’ensemble des gens qui les suivent), ces influenceurs peinent souvent à se définir comme des célébrités et leurs followers comme des fans, tout en en cochant la plupart des cases.

Même s’il était difficilement envisageable, il y a 10 ans de cela, de s’imaginer faire carrière sur les réseaux sociaux, c’est aujourd’hui une réalité. Et cette réalité de célébrité est d’autant plus flagrante qu’elle est assez facilement mesurable par le nombre à côté de leur photo de profil, pouvant monter à plusieurs millions de followers. Suivre de près la carrière de Leonardo DiCaprio ou les posts Instragram de LenaSituations se résume alors au même principe d’unilatéralité, essentiel dans la qualification des relations parasociales. Les influenceurs ne dérogent pas à la règle : malgré l’appellation de « communauté », leurs followers restent cantonnés au rang de « fan ».

Compte Instragram de l’influenceuse LenaSituations

Revenons maintenant à nos relations parasociales. S’il est indéniable que la relation entre un influenceur et sa communauté relève d’une relation parasociale, elle prend une forme assez différente de celle étudiée dans les années 1950s. D’après une étude de Shupel Yan de la Northern Illinois University[3], les relations parasociales sont fortement corrélées à la proximité et la similitude qu’un individu ressent face à la personne qu’il admire. C’est sur ce point précis que la relation va changer. Les influenceurs ont cela de particulier et de nouveau de mettre en avant un contenu plus personnel et intime qui va toucher son audience d’une manière différente. Alors que, précédemment, les relations parasociales semblaient se baser sur de l’admiration pour le talent ou la personnalité de la célébrité, les nouvelles relations semblent davantage construites sur les bases de confiance et de proximités entre les parties. Les stars hollywoodiennes vont alors assez peu évoquer leur vie privée – ou de façon non-consentie par l’intermédiaire de journalistes – alors que les influenceurs auront tendance à partager cela de façon beaucoup plus naturelle, comme on le partagerait à des amis. Le climax de ce phénomène s’illustre parfaitement par les vlog – vidéos de la journée d’un influenceur, permettant à sa communauté une immersion totale dans son intimité. Au fil du temps, l’audience de ces influenceurs développe un sentiment intimiste qui reflète et reproduit les interactions sociales réelles, s’intensifiant à l’obtention d’informations personnelles sur ces célébrités. La frontière entre relations parasociales et simple relation sociale se floute en même temps que les conditions ne sont plus pleinement remplies.

Alors que l’exposition aux contenus des influenceurs est beaucoup plus intense – voir quasi quotidienne – les réseaux sociaux révolutionnent la relation par l’accessibilité accrue à l’influenceur qu’ils donnent à sa communauté. L’asymétrie qui enfermait et isolait pendant longtemps la star à ses fans se rompt en un message privé sur Instagram ou un commentaire sous une vidéo Youtube. Le fan passif devient actif de la construction de sa relation avec sa célébrité. Selon le Dr Cook, « Social media allows the untouchable to become touchable » (les réseaux sociaux permettent à l’inatteignable de devenir attaignable). La relation peut alors sortir du domaine imaginaire car même si le retour n’est pas assuré, l’espoir, lui, est bien présent, et la probabilité bien plus grande. Et même s’il est également possible de contacter Beyoncé en DM, les bases de proximité sur lesquelles se sont construites les relations entre les créateurs de contenu et leur communauté permettent bien plus facilement un échange entre les parties. Les nouvelles technologies ont permis de transformer les interactions parasociales en une représentation plus précise des interactions sociales. Cette simulation d’une amitié réelle est entretenue par les influenceurs – de manière consciente ou non – par l’intermédiaire de rencontres (meet-up), d’incitation à l’interaction (sondage, Q&A, etc.) ou même par l’utilisation du tutoiement lorsqu’ils s’adressent à eux. Les followers cherchent une relation bien différente avec les influenceurs, qu’ils voudraient souvent – et le plus possible – d’égal à égal, allant jusqu’à critiquer les créateurs qui s’éloigneraient de leur communauté en gagnant en popularité.

Vidéo Vlog de l’influenceuse Enjoyphoenix (film de ses vacances partagé à sa communauté)

Malgré l’interaction possible, l’asymétrie reste bien présente. L’influenceur ne peut pas lier une relation d’amitié avec les milliers de personnes qui le suivent sur ses réseaux sociaux. Ces derniers ont ouvert la voie à une nouvelle forme d’interactions parasociale amenant à une perte de conscience du caractère intrinsèquement parasociale de la relation.

Si un doute quant à la qualification de la relation peut persister du côté de la communauté, les influenceurs ont tendance à être plus lucides sur la question, pouvant même profiter de cette opportunité nouvelle. La célébrité offerte à ces créateurs par Youtube ou les autres réseaux sociaux et la proximité particulière créée (comme nous venons de le voir) offrent une crédibilité aux influenceurs que les marques ont très rapidement comprise. Les pseudo-amitiés entre les créateurs et leur communauté résonnent comme la traduction virtuelle d’un bouche-à-oreille (word of mouth) à plus grande échelle, tout en gardant un cadre intimiste. Plus la relation parasociale est intense, plus les produits promus par l’influenceur auront un intérêt pour sa communauté. Ainsi, les liens se complexifient encore davantage, mais il se pourrait que les deux côtés y trouvent leur compte. Si les influenceurs surfent sur leur notoriété acquise par les réseaux sociaux pour se créer un microcosme personnelle et gagner en popularité, la communauté de ces dernier peuvent, malgré l’asymétrie, se satisfaire d’une relation à sens unique qui peut les inspirer, les faire grandir tout en évitant tout rejet ou déception. Le tout est de ne pas se faire duper sur la nature de cette relation.

Sophie PINIER

Sources

Études sociologiques

CACCAMISE Samantha, Parasocial Relationships Are The Social Media Downfall Everyone Is Talking About, octobre 2021, disponible ici : https://stylecaster.com/parasocial-relationships-meaning/

RASMUSSEN Leslie, Parasocial Interaction in the Digital Age: An Examination of Relationship Building and the Effectiveness of YouTube Celebrities, The journal of social media in society, 2008, Vol.7

GLEASON Tracy R., THERAN Sally A., NEWBERG Emily R., Parasocial Interactions and Relationships in Early Adolescence, Department of Psychology, Wellesley College, Wellesley, MA, USA, février 2017, disponible ici : https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpsyg.2017.00255/full

SHUPEL Yan, How Social Media Influencers Foster Relationships with Followers: The Roles of Source Credibility and Fairness in Parasocial Relationship and Product Interest, Journal of interactiv advertising, mai 2020, disponible ici https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/15252019.2020.1769514

Sitographie

PETIT Paulie, Youtubeurs, podcasteurs : nos relations parasociales avec ces amis qui nous ignorent, France Culture [en ligne], septembre 2021, franceculture.fr/numerique/youtubeurs-podcasteurs-nos-relations-parasociales-avec-ces-amisqui-nous-ignorent

Podcast

BERAUD Anne-Laetitia, « Minute Papillon ! » : Du béguin à l’obsession, que sont les « relations parasociales » ?, podcast 20 minutes, octobre 2021, https://www.20minutes.fr/podcast/3153031-20211021-minute-papillon-relations-parasocialesliens-sens-unique-eprouves-celebrite

Vidéo

Cyrus North, Je ne suis pas ton ami., Youtube, 2021 https://www.youtube.com/watch?v=EQaAyHhGc7Y


[1] HORTON Donald, WOHL Richard Mass communication and parasocial interaction: Observations on intimacy at a distance, Interpersonal and Biological Processes, Volume 19, 1956

[2] BOUILLET Stéphane, Les chiffres clés de la plateforme YouTube, Indluence 4you [en ligne], janvier 2020 https://blogfr.influence4you.com/les-chiffres-cles-de-la-celebre-plateforme-youtube-maj-en-2020/#:~:text=On%20compte%20environ%202%20milliards,heures%20de%20vid%C3%A9os%20chaque%20heure

[3] SHUPEL Yan, How Social Media Influencers Foster Relationships with Followers: The Roles of Source Credibility and Fairness in Parasocial Relationship and Product Interest, Journal of interactiv advertising, mai 2020

Vers une structuration de l’activité des créateurs de vidéos sur internet ?

Étude de trois initiatives qui cadrent l’activité des vidéastes du web

Les créateurs de vidéos sur internet sont des vidéastes qui diffusent leurs créations sur des plateformes prévues à cet effet. Lesdites plateformes proposent un accès libre et gratuit à ces contenus. Parmi ces plateformes, on peut citer Youtube, Instagram ou encore TikTok et Dailymotion. La SACD (société des auteurs et compositeurs dramatiques) parle de créateurs du web, tandis que le CNC (centre national du cinéma et de l’image animée) qualifie ces nouveaux vidéastes de créateurs vidéo sur internet.

Un vidéaste est l’agrégation de plusieurs métiers allant de l’écriture à la production, jusqu’à la promotion de cette création . Mais alors, comment classifier ce métier dans une sphère audiovisuelle organisée de manière binaire, avec les auteurs d’un côté, et les producteurs de l’autre ? À ces différentes casquettes s’ajoute le côté entrepreneurial du métier de créateur du web. Dans quel cadre social faire évoluer ces vidéastes entrepreneurs ? En pratique, la convention collective de la production audiovisuelle est par exemple difficilement applicable à l’activité de ces vidéastes. De même, peu d’organismes sont destinés à épauler ces vidéastes dans leur activité.

Un vidéaste est « l’agrégation de plusieurs métiers allant de l’écriture à la production, jusqu’à la promotion de cette création ».

Ce billet vise à explorer plusieurs initiatives qui structurent cette activité. Ces dispositifs de différentes natures sont mis en place par des organismes divers : association, établissement public ou organisme de gestion collective. Ces propositions permettent d’apporter une protection et un soutien qui contribuent à structurer et à légitimer cette activité plurielle.

Des fonds de soutien dédiés : la création du CNC talent

Le CNC est un établissement public qui soutient l’économie du cinéma, de l’audiovisuel et du multimédia. En 2017, cet organisme a élargi son éventail d’aides en créant le fonds CNC talent, destiné aux créations originales pour le web en accès gratuit. Ce fonds se partage en deux aides distinctes, l’une destinée aux vidéos et réservée aux créateurs ayant au moins 10 000 abonnés, l’autre aux chaînes et réservée aux créateurs vidéos ayant au moins 50 000 abonnés. Un créateur peut candidater pour des créations vidéos de tout genre et de tout format : de la série, du court, du long, du documentaire, de la fiction etc.

Du côté de la SACD, des initiatives d’un autre type sont mises en place. Cette association se rapproche de diffuseurs – tels que France Télévisions, Arte ou France Culture – pour assurer davantage de débouchés aux projets soutenus. Le fonds Création et Diversité, en partenariat avec France Télévision, soutient par exemple les auteurs de séries numériques qui représentent « les images de la France dans sa grande diversité ». D’autres aides du même types existent dans cette association, mais toujours centrées vers les séries Web.

L’ensemble de ces aides a permis d’apporter une légitimité aux vidéos du Web en tant qu’objet culturel au même titre que les œuvres audiovisuelles.

Certains regrettent néanmoins que les conditions d’éligibilité soient aussi restrictives. En raison du seuil d’abonnés requis pour candidater, le fonds CNC talent est destiné à « soutenir des professionnels, pas des pratiques amateur ». Dans cette même perspective, il n’est pas rare d’observer que le CNC octroie des subventions à de grands groupes de médias tels que M6 ou TV5 Monde. L’établissement se défend de ces décisions en expliquant vouloir donner envie aux gros financeurs d’accompagner des talents à leur tour et de contribuer à cette structuration.

De plus, le détail des projets aidés montre que le CNC n’accompagne qu’une minorité de vidéos uniques, « les autres projets validés se servant de la mention “web-série” pour faire passer une série de formats qui constitue en fait l’essence de leur chaîne YouTube ». Pareillement,  les aides proposées par la SACD ne soutiennent qu’un type d’œuvre, les séries web.

Ces offres apparaissent ainsi comme perfectibles, tout particulièrement pour les créateurs de contenus de niche qui restent en dehors des radars du CNC, mais aussi pour les créateurs qui proposent autre chose que des web séries.

Des droits d’auteurs spécifiques : une nouvelle mission de la SACD

La SACD est une société d’auteurs créée en 1777 par des auteurs qui la détiennent et la composent. Cet organisme de gestion collective a pour but de défendre leurs droits, de les protéger et de les accompagner lors de négociations mais aussi de les soutenir par le biais d’actions et d’évènements.

Depuis 2017, les créateurs de vidéos sur internet accèdent à des droits d’auteur grâce à la SACD. Ces vidéastes perçoivent des revenus publicitaires à partir d’un certain nombre de vues. En tant que créateurs du web, ils sont auteurs et ont le droit à une rémunération supplémentaire en droits d’auteurs. Les créateurs font en effet vivre les plateformes car leurs créations génèrent des revenus publicitaires très importants pour ces médias sociaux. Youtube, Instagram ou TikTok sont ainsi tenus de verser des droits d’auteur aux créateurs. En étant membre de la SACD, les vidéastes peuvent déclarer leurs vidéos et percevoir leur rémunération en droit d’auteur. Pour ce faire, la SACD négocie un contrat avec chacune des plateformes pour définir les conditions de rémunération avec les auteurs. Elle s’occupe ensuite de collecter la somme négociée et de la répartir entre les membres.

De nouveaux espaces de sociabilité et d’accompagnement : la mise à disposition de ressources de travail et la création de la Guilde des vidéastes

Se lancer sur les plateformes en tant que créateur de contenus ne nécessite pas un équipement très couteux. La production de contenus pour le web est donc largement déconcentrée, alors qu’historiquement implantée en Île-de-France. Les créateurs de contenus sont géographiquement éloignés, alors même qu’ils partagent les mêmes problématiques professionnelles. Cette configuration génère plusieurs difficultés : les vidéastes peuvent difficilement échanger entre eux, ils ne peuvent pas faire valoir leur activité à l’échelle locale, et ils peinent à faire entendre leurs besoins à l’échelle nationale.

Se lancer sur les plateformes en tant que créateur de contenus ne nécessite pas un équipement très couteux. La production de contenus pour le web est donc largement déconcentrée, alors qu’historiquement implantée en Île-de-France.

Dans cette perspective, les services gratuits mis à disposition par la SACD et le CNC – tels que les studios de tournage équipés, les salles de projection ou les rencontres avec les professionnels du milieu – ne touchent qu’une part très mince des créateurs.

Pour pallier à cet isolement, la Guilde des vidéastes a été créée en 2019. Cette association a pour but d’accompagner, de représenter et de défendre les vidéastes du net. Elle permet aux vidéastes « d’accéder aux informations pratiques en lien avec leur activité », « de rentrer en dialogue avec les institutions publiques et privées » et « d’aider les vidéastes à faire valoir leurs droits ». Ce syndicat qui ne dit pas son nom permet de rassembler des retours d’expérience qui seront précieux pour avancer dans la structuration de cette profession. D’ores et déjà, la Guilde accompagne les institutions qui souhaitent mener des études sur la webcréation.

Pour conclure ce billet, cette nouvelle branche de la filière audiovisuelle nécessite d’être pensée comme un ensemble à part entière. La complexité de cette activité fait qu’il est impossible de l’inclure dans un régime d’activité existant, autant d’un point de vue social qu’économique. Depuis 2017, les choses avancent grâce aux initiatives du CNC et de la SACD. Ces pas en avant fédèrent les créateurs qui s’organisent en association pour défendre leurs intérêts.

Agathe MORNON

Twitter : des communautés engagées autour du Esport – Le cas Karmine Corp

La Karmine Corp : c’est quoi ?

La Karmine Corp est une structure d’Esport française formée le 30 mars 2020 par Kamel « Kameto » Kebir, alors déjà connu en tant que streameur. En novembre 2020, il est rejoint à la direction par Amine « Prime » Mekri, notamment connu pour sa carrière sur Youtube et dans le rap. La structure possède plusieurs joueurs professionnels regroupés au sein d’équipes, qui participent à des compétitions concernant les jeux compétitifs League of Legends, TrackMania, Teamfight Tactics et Rocket League dans le but d’atteindre la première place du podium et de remporter des titres ainsi que des prix.

Aujourd’hui, la Karmine Corp est suivie par près de 315 000 personnes sur Twitter, réseau sur lequel elle est le plus active, et par près de 100 000 personnes sur Instagram, mais la structure possède également une page officielle sur LinkedIn. Toutefois, le réseau social qui a vraiment permis de construire une communauté engagée d’« ultras » est Twitter.

Twitter : un engouement autour des sujets gaming et esport

D’un point de vue global, Twitter est un terrain favorable au développement de communautés engagées autour du gaming et de l’Esport. En effet, il s’agit d’un des centres d’intérêt importants pour les utilisateurs de Twitter. Ainsi, en 2021, 2.4 milliards de tweets ont été postés sur le réseau, d’après la Retrospective Gaming 2021 de Twitter. Twitter est un des endroits de prédilection pour les fans d’Esport qui y encouragent et y supportent leurs équipes fétiches, et y commentent leurs matchs favoris. En France, on retrouve notamment parmi les jeux et franchises les plus tweetés en 2021, League of Legends. C’est notamment un des facteurs explicatifs de l’engouement populaire autour de la Karmine Corp, qui est essentiellement relatif à son équipe (roaster) de joueurs League of Legends.

Un engouement populaire et la formation d’une communauté d’« ultras »

Les bonnes performances des équipes Karmine Corp, notamment de son équipe League of Legends, ne constituent pas le seul facteur explicatif de l’engouement autour de la structure sur Twitter.

A l’origine de la Karmine Corp, il y a d’abord deux personnalités populaires sur les réseaux sociaux. Kameto, le fondateur de la structure qui commente chacun des matchs de son équipe et s’exprime majoritairement sur celle-ci via Twitter, a notamment constaté un phénomène de conversion de son audience vers l’audience de la Karmine Corp : «Beaucoup de gens ont suivi par curiosité, raconte Kameto. Ils sont venus sur le stream, ont vu qu’il y avait une ambiance de fou et sont revenus toutes les semaines. C’est comme s’ils suivaient leur équipe de foot.». De nombreux abonnés de la Karmine Corp ont découvert le club (et parfois même le Esport) par le biais de Kameto. La base conséquente des abonnés de ce dernier a rapidement permis de constituer une base solide à la communauté Karmine Corp.

Au sein de son équipe League of Legends constituée de 5 individus, deux de ses membres se placent parmi les 10 joueurs Esport les plus tweetés au monde, d’après les données de Twitter pour le premier quart de l’année 2022. On y retrouve notamment le suédois Martin « Rekkles » Larsson  à la 3ème position, ainsi que Lucas « Cabochard » Simon-Meslet à la 6ème position. Des membres influents qui attirent l’attention sur la structure au-delà des frontières.

A l’instar de certaines compétitions sportives (telles que l’UFC), la rivalité et les show matchs sont courants dans le domaine du Esport et permettent de générer un grand nombre d’impressions sur Twitter ainsi que de populariser la structure en l’amenant dans les Top Tendances. La Karmine Corp a ainsi des rivaux au sein de la Ligue Française, tels que Vitality et Solary (autre équipe portée par des streamers), donnant lieu à des confrontations sur Twitter accompagnées de hashtags, portant les deux équipes en Top Tendances. Les rivalités s’exportent également avec des structures internationales à forte renommée et se transforment en show matchs extrêmement commentés sur Twitter, comme avec l’espagnole KOI, récemment lancée et dirigée par Ibai, l’un des streamers hispanophones les plus populaires au monde.

La Karmine Corp possède une large communauté de fans qui se définissent comme des « ultras ». Reconnaissables par le sigle KC présent devant leurs pseudos Twitter, pour les plus fervents, ils sont également nombreux à afficher une photo de profil représentant un mur bleu (blue wall), un visuel associé à la Karmine Corp en référence à un mouvement produit lors des matchs. Il s’agit notamment du nom choisi par l’association officielle de la Karmine Corp qui comptabilise plus de 15 000 abonnés sur Twitter et possède son propre canal Discord. Il existe d’autres groupes sur Twitter, telle qu’une page pour les supporters « ultras » qui regroupe plus de 40 000 followers. Une des raisons de l’engagement de la communauté Karmine Corp, c’est ainsi la capacité a créer un fort sentiment d’appartenance sur Twitter.

Toutefois, la communauté peut parfois souffrir de la mauvaise publicité faite par la minorité bruyante de Twitter. Le réseau social est peu modéré et les vagues de harcèlement sont un phénomène fréquent sur la plateforme de l’oiseau bleu. Ainsi, Laure Valée, journaliste et intervieweuse des compétitions League of Legends, a subi une vague de harcèlement après la diffusion d’une vidéo contenant une séquence montrant les mauvaises performances du joueur phare de la Karmine Corp, Rekkles. Certains « ultras » lui ont fait comprendre leur mécontentement, notamment via des propos sexistes et insultants, sous couvert de l’anonymat permis par la plateforme.

La Karmine Corp mise en lumière

Aujourd’hui, la Karmine Corp est considérée comme une des équipes les plus influentes au monde dans la compétition de League of Legends. D’après les données de Twitter pour le premier quart de l’année 2022, la Karmine Corp était à la 5ème position des structures Esport les plus mentionnées sur Twitter, et la seule structure française du classement.

Les performances rapides et excellentes, ainsi que l’engouement autour de la Karmine Corp dès son arrivée en première division de la Ligue Française, ont amené d’autres personnalités populaires sur les réseaux sociaux, à exprimer et afficher leur soutien envers la structure via Twitter, la mettant ainsi en lumière. C’est notamment ce qu’ont fait Squeezie (8,4 millions d’abonnés sur Twitter) et Gotaga (1,7 millions d’abonnés sur Twitter).

Cette mise en lumière dépasse même le cadre de Twitter, puisque l’existence et les performances de la Karmine Corp parviennent jusqu’à la classe politique, qui y trouvent un moyen de s’adresser à la jeunesse française. Ainsi, Emmanuel Macron a envoyé un message de soutien le 3 mai 2021 suite à la victoire de la coupe d’Europe via message privé sur Twitter à la Karmine Corp. Il a également récemment mentionné le club français, en citant le domaine de l’Esport comme « another field of French excellence with teams like Team Vitality or Karmine Corp ».

Sarah Collot

Comment la forte stratégie de social listening de Netflix lui permet-elle de créer une véritable expérience client et de dominer le secteur du streaming vidéo ?

La célèbre plateforme de streaming Netflix a connu une croissance phénoménale ces dernières années, laquelle s’est accentuée pendant la pandémie de COVID-19 rythmée par les différents confinements. Alors que la base d’abonnés de Netflix ne comptait que 22 millions en 2011, elle est passée à 150 millions en 2019 et à plus de 220 millions à la fin de l’année 2021 (Statista, 2022). De plus, selon le dernier rapport Sandvine (2022 : 13), Netflix est désormais la deuxième application la plus populaire au monde avec 9,39% du volume de trafic total des applications. Le service doit son essor à deux facteurs déterminants : la qualité de son offre et ses compétences en matière de communication. Cependant, les films et les séries produits par la plateforme étant généralement appréciés de tous, quels que soient le genre, l’âge ou la nationalité, il pourrait sembler impossible pour Netflix d’adhérer à l’adage populaire « Know Your Audience » de par le fait que son public soit composé de catégories sociales et tranches d’âge diverses. Toutefois, le service parvient à jongler avec tous ces éléments et à promouvoir leur marque de manière puissante, en partie grâce à ses différents canaux de médias sociaux.

En effet, grâce à une excellente stratégie de communication, Netflix a réussi à dominer ses concurrents au fil des ans et s’est imposé comme le fournisseur de streaming dominant. Il est souvent dit que Netflix y est parvenu en partie grâce à son activité de veille sur les réseaux sociaux, aussi appelée social listening. À mesure que le nombre d’utilisateurs sur les réseaux sociaux augmente, il est essentiel pour les marques de se mettre au diapason des conversations de leur public (Stewart, Arnold, 2018). Grâce au social listening, les marques obtiennent des informations précieuses sur l’évolution des comportements de leur public cible en temps réel et adaptent leur stratégie de marketing des médias sociaux en conséquence (ibid.). En écoutant son public, Netflix peut suivre les tendances et lancer ses campagnes marketing en fonction de ce qui est le plus attendu. Cela lui permet donc de se rapprocher de ses utilisateurs, de proposer de nouvelles solutions et de développer une relation durable et des flux de revenus supplémentaires.

1. Générer un fort engagement client

Contrairement à la télévision traditionnelle, Netflix diffuse souvent tous les épisodes en une seule fois, ce qui oblige les community managers de la marque à élever leur stratégie d’un cran. Il s’agit là de planifier et de structurer les campagnes de manière à maintenir un flux constant d’engagement des fans, tant au tout début de la série qu’après le dernier épisode. En ajoutant des « clins d’œil » à sa communication, la plateforme fait un excellent travail sur ses différents réseaux sociaux, comme le prouvent les chiffres suivants : plus de 81 millions de fans sur Facebook, 17,6 millions d’abonnés au compte Twitter de Netflix US, 7,5 millions d’abonnés au compte Netflix France, et près de 30 millions d’abonnés au compte Instagram de Netflix US et 8,6 millions pour Netflix France !

D’autre part, le service s’est créé plusieurs comptes régionaux lui permettant ainsi de partager uniquement le contenu le plus pertinent pour chaque pays, ainsi que des comptes dédiés à des séries spécifiques afin de toujours mieux cibler le bon public. Netflix a commencé à se concentrer sur des sous-ensembles de son audience, très présents sur les réseaux sociaux mais qui se plaignent d’être souvent négligés par le marketing traditionnel. Pour ce faire, le service a lancé des comptes dédiés, dont Netflix Geeked, pour tout ce qui concerne la science-fiction ; Con Todo, un compte destiné au public latino-américain ; The Most, une chaîne LGBTQ+ ; et Strong Black Lead, qui célèbre les films et les séries afro-américains.

Exemples de comptes Instagram dédiés à des thématiques ou programmes

De plus, Netflix est une marque qui ne joue pas la carte de la sécurité et qui n’a pas peur de repousser les limites avec ses blagues. L’humour est la marque de fabrique de la plateforme sur les réseaux sociaux et c’est ce qui rend le service très sympathique et facile à suivre. En guise d’illustration, on peut voir dans les publications ci-dessous que Netflix sait pertinemment que les utilisateurs partagent leurs mots de passe et que les gens sont prêts à tout pour éviter de payer un abonnement à plus de 10 euros par mois. Sur ses réseaux sociaux, le service de streaming publie le type de contenu humoristique et pertinent que l’on attendrait d’un ami drôle, et non d’une marque, et comprend ainsi le sens de l’humour de son public.

Meme publié sur Twitter par @netflix reprenant la célèbre chanson de Mariah Carey

Tweet de @NetflixFR reprenant la chanson de K.Maro « Femme Like U » à sa manière

En outre, Netflix adopte un ton conversationnel dans toutes ses publications sur les réseaux sociaux. En effet, la marque incarne un personnage de « fan » en engageant des passionnés de cinéma et de télévision pour gérer ses comptes et qui suivent les directives de l’entreprise en matière de contenu. Instagram est devenu le principal réseau social de Netflix, où l’entreprise peut procéder à un social listening rigoureux et réagir en utilisant du contenu « supplémentaire », comme des aperçus, des coulisses et des selfies de stars. En conséquence, la voix de Netflix est authentique, pleine d’esprit et accessible.

Sondage sur la page Instagram @netflixfr

Secrets de tournage de Bridgerton en format Reel sur la page Instagram @netflixfr

2. Utiliser du UGC comme le meme marketing

Netflix trouve un écho efficace auprès des milléniaux et a véritablement promu le concept de meme marketing, et ce, de manière très efficace dans l’ensemble de ses publications. Les memes sont une sorte de « monnaie sociale » et donnent à la plateforme un air branché tout en générant des réactions positives vis-à-vis de sa marque. L’utilisation du contenu original de Netflix dans ces memes donne également l’impression aux personnes qui n’ont pas Netflix d’être « exclues de la conversation », et peuvent donc les inciter à souscrire à un abonnement.

Meme utilisé pour faire la promotion de la saison 4 de Stranger Things

Netflix s’efforce de créer davantage de programmes originaux, et la communication faite autour de ces derniers représente donc un élément clé de leur succès. Par exemple, à l’époque où Netflix s’apprêtait à sortir Bird Box, des images et GIFs de Sandra Bullock aux yeux bandés ont commencé à circuler sur les réseaux sociaux. Très vite, tous nos fils d’actualité ont été inondés de memes et de théories sur le film. Cependant, ce contenu n’a pas été généré par des spécialistes du marketing dans le cadre d’une campagne spécifique : il a été créé par des personnes lambda. Ce type de user-generated content (UGC) est une des raisons pour lesquelles des dizaines de milliers d’entre nous se pressent sur Netflix pour regarder les derniers films et séries. En une semaine, Bird Box a atteint 45 millions de vues, et ce résultat a été obtenu en partie grâce au contenu généré par les utilisateurs qui n’a pas coûté un centime à Netflix. Ce qu’il faut retenir ici, c’est que Netflix a su reconnaître quand et comment le contenu généré par les utilisateurs pouvait renforcer sa propre réputation et a saisi l’occasion quand elle s’est présentée.

3. Créer du contenu adapté aux envies des utilisateurs

Le social listening a parfois permis à Netflix de repérer des opportunités commerciales et de reprendre des émissions que les concurrents avaient décidé d’annuler. À titre d’exemple, en 2018, la Fox a annulé Lucifer, une de ses séries phares. À la suite de cette annonce, les fans se sont mobilisés sur Twitter et #SaveLucifer est rapidement devenu le premier sujet tendance dans le monde, le hashtag ayant été utilisé environ 1 million de fois en seulement un jour. Il n’a pas fallu longtemps pour que cela attire l’attention de Netflix et, une fois de plus, le service a écouté son public et a fini par commander une quatrième saison de Lucifer. Celle-ci a généré des milliards de minute de visionnage et fait aujourd’hui partie des séries Netflix les plus rentables.

Poster de la saison 4 de Lucifer produite par Netflix

4. Surfer sur l’actualité

La stratégie de contenu de Netflix va bien au-delà de la création de memes et de la publication de vidéos extraites de ses émissions. Le service de streaming n’hésite pas à suivre l’actualité sur les réseaux sociaux afin d’y intégrer le contenu de ses programmes. En effet, l’exploitation des hashtags viraux et des tendances en ligne permet non seulement d’attirer l’attention du public, mais aussi de promouvoir les films et séries diffusés sur la plateforme. Tel fut le cas lors du « Earth Day », événement annuel qui a lieu le 22 avril dernier et qui vise à démontrer le soutien à la protection de l’environnement. Netflix n’a pas hésité à surfer sur cette tendance pour faire la promotion de ses divers fictions et documentaires abordant la question du changement climatique et a donc encouragé les gens à regarder ses programmes afin de s’instruire davantage sur le sujet.

Tweet de @netflix publié lors du Earth Day

De plus, afin d’optimiser la visibilité sur ses publications liées aux tendances actuelles, Netflix encourage ses abonnés à partager leur contenu avec leurs amis, à les taguer, à participer aux activités et aux sondages publiés dans les stories Instagram etc. 

5. Exploiter l’influence des célébrités

Ici, les règles du marketing d’influence s’appliquent et Netflix sait comment bien les exploiter. Il suffit de mentionner la bonne personnalité au bon moment, comme avec ce tweet destiné à Ryan Reynolds, et de regarder comment cela génère davantage de réactions sur les réseaux sociaux ainsi que de trafic sur la plateforme. Cependant, ce qui est particulièrement appréciable dans la pratique de social listening de Netflix c’est que la marque se comporte comme le meilleur ami de chacun, aussi bien par rapport aux célébrités et personnalités de l’industrie audiovisuelle que par rapport à tout autre utilisateur. Tout le monde reçoit la même attention, les mêmes ondes positives et les mêmes types de réponse.

Conclusion

Netflix est une marque fortement axée sur le client et elle réussit à manier les réseaux sociaux de façon à établir des relations privilégiées avec ses fans. Le service considère chaque interaction comme une chance de construire une meilleure relation avec le client et de se renforcer en tant que marque soucieuse. Il sera donc intéressant de voir si les plateformes concurrentes comptent elles aussi redoubler d’efforts en matière de social listening et si cela représenterait une menace potentielle pour la position dominante de Netflix, qui vient déjà d’être affaiblie par la récente perte de plus de 200 000 abonnés.

Sources :

Sandvine, (2022). The Global Internet Phenomena. Growing app complexity, Paving the way for digital lifestyles and immersive experiences, Janvier 2022. Accessible via : https://www.sandvine.com/hubfs/Sandvine_Redesign_2019/Downloads/2022/Phenomena%20Reports/GIPR%202022/Sandvine%20GIPR%20January%202022.pdf?hsCtaTracking=18fff708-438e-4e16-809d-34c3c89f4957%7C067d9d28-ef90-4645-9d46-c70d10279247 [Ouvert le 15/04/2022].

Statista, (2022). Nombre d’abonnés au service streaming de Netflix dans le monde du 3e trimestre 2011 au 4e trimestre 2021. In Statista – The Statistics Portal. Accessible via : https://fr.statista.com/statistiques/564089/nombre-d-abonnes-streaming-netflix-dans-le-monde/#:~:text=Cette%20statistique%20repr%C3%A9sente%20des%20donn%C3%A9es,221%20millions%20abonn%C3%A9s%20au%20monde. [Ouvert le 15/04/2022].

Stewart, M.C., Arnold, C.L., (2018). Defining social listening: Recognizing an emerging dimension of listening. International Journal of Listening32(2), pp.85-100.

L’évolution du social selling du youtubeur aux plateformes dédiées.

Qu’est-ce que le social selling ?

Qu’est-ce que le social selling (ou vente sociale en français) ? « Vendre sur internet, créer une communauté, dénicher des influenceurs pour incarner sa marque sont les nouveaux usages de la vente »[1].

Ce terme a été employé pour la première fois en 2009 à la suite de recherches universitaires. Les médias sociaux vont contribuer à faire émerger ce concept. Bruno Fridlansky définit le social selling comme « un état d’esprit à adopter dans le cadre de nouveaux comportements (humains) business dus au digital pour développer des relations personnelles (humaines) centrées sur les besoins et centres d’intérêts de nos interlocuteurs pour développer son chiffre d’affaires »[2].Les entreprises intègrent les nouveaux canaux de distribution que sont les médias sociaux comme un atout majeur.

Aujourd’hui il existe une multitude de médias sociaux dont les principaux sont Facebook, Twitter, TikTok ou Instagram qui révolutionnent notre quotidien. Les réseaux sociaux sont devenus un outil stratégique de vente, et d’après une enquête Sales Force, 78 %[3] des vendeurs vendraient mieux que leurs concurrents qui n’utilisent pas les médias sociaux.

L’avantage du social selling est qu’il semble moins intrusif que l’e-mailing pour les prospects de la marque, avec une cible toujours plus digitalisée. Grâce aux réseaux sociaux comme Facebook comptabilisant plus de 2,9[4] milliards d’utilisateurs actifs à travers le monde, des ciblages plus précis peuvent être réalisés par les marques.

Le social selling sur les réseaux sociaux?

Le numérique à modifié les comportements d’achats des agents économiques.
Aujourd’hui, rares sont les entreprises à ne pas promouvoir leurs marques sur les réseaux sociaux ; une expérience différente s’offre alors aux prospects.

En effet, on peut voir sur les réseaux sociaux tel qu’Instagram que des Key Opinion Leader (KOL) ont émergé sur les médias sociaux. Qu’est-ce qu’un KOL ? Ce sont des créateurs de contenus sur les réseaux sociaux qui construisent une audience qu’ils souhaitent monétiser. Les créateurs de contenus connaissent les codes des réseaux sociaux et ont réussi à développer au fil des années de très nombreuses communautés.

Tous les jours, les « stories » des influenceurs sur les réseaux sont suivis par d’innombrables abonnés. On peut illustrer le KOL en prenant l’exemple des influenceurs qui sont payés par des marques pour tester et vendre leurs produits. Prenons l’exemple de Lena Situations, une créatrice de contenus qui a plus de 3,5 millions d’abonnés sur Instagram et qui a été élue en 2021, influenceuse luxe la plus puissante du monde ».[5] Cette dernière est embauchée par des marques comme Adidas pour promouvoir la marque. L’entreprise sait que sa communauté est réceptive à ses placements de produits et à l’opportunité d’augmenter ses ventes.
Le KOL, permet de rendre plus réceptifs des abonnés qui n’auraient pas forcément été attirés par la marque sans le placement de produit.

Si l’on prend un autre média social, qu’est Youtube c’est la même mécanique qui s’opère. Sur Youtube, rares sont les vidéos qui ne débutent pas par un contenu sponsorisé.
Mcfly et Carlito par exemple vont faire de la publicité sponsorisée dans une vidéo pour une application de rencontre nommée Fruitz. Cette marque a conscience que la cible de ces youtubeurs aux 7 millions d’abonnés est autour des 15-25 ans[6]. Celle-ci va rémunérer les youtubeurs pour qu’ils fassent connaitre l’application au plus grand nombre et donc gagner en visibilité. Passer par le canal des réseaux sociaux comme YouTube, a un impact direct sur les prospects ciblés.
Les catalogues physiques semblent dépassés, les consommateurs veulent qu’on leur explique les produits de manière plus accessible en créant un lien entre le créateur de contenus et son audience. Le marketing d’influence est donc un partenaire clé pour le social selling.

Capture d’écran « Nos pires anecdotes de honte (Masterclass de Gad) » en date du 27 juillet 2021

E-commerce et social selling :  

Avec la pandémie, le nombre de e-commerce a augmenté de manière exponentielle. Les médias sociaux sont devenus des acteurs à part entière dans le processus de vente pour les marques. Les réseaux sociaux ont rendu le parcours d’achat d’un consommateur plus rapide et plus ciblé. Grâce aux algorithmes de ces plateformes, il est possible d’acheter un produit en quelques clics, TikTok est même allé jusqu’à établir un partenariat avec Shopify.

Le Live shopping : découverte de cette nouvelle façon de vendre

Qu’est-ce que le live shopping ? C’est le fait de diffuser une vidéo en direct sur les réseaux sociaux à destination de ses abonnés.
Ce format rend la vente plus authentique aux yeux du consommateurs qu’avec les « stories » filmées et enregistrées depuis son smartphone.  Certains live shopping ne se placent pas dans une logique de vente immédiate mais de conseils (par exemple, une routine beauté réalisée par un KOL).

Le Live shopping est en plein essor en Asie et plus particulièrement en Chine et a conduit à l’arrivée de plateformes dédiées. Ces nouvelles plateformes utilisent principalement des codes hérités du monde du sport et du jeu vidéo. Ainsi, Taobao Live (filiale du groupe Alibaba) , plateforme chinoise née en 2016 est aujourd’hui l’application chinoise la plus téléchargée ; c’est une plateforme de e-commerce mais aussi de live shopping. Le live shopping est devenu un atout non négligeable en Chine, et aurait généré environ 300 milliards [7] de dollars en 2021.
Le live shopping en Asie est aujourd’hui porté par tous les secteurs d’activités : de l’immobilier à la mode. Ce format est plus ludique pour le consommateur, en effet, par l’intermédiaire des réseaux sociaux, le vendeur peut répondre instantanément aux questions des consommateurs et générer de l’interaction. C’est l’expérience client qui se retrouve bouleversée par cette méthode de vente. Le live shopping a été intégré dans la société chinoise et permet de rendre le processus de décision plus rapide et authentique.

Le live shopping en Chine et en Asie est en partie populaire grâce aux KOL. En effet, d’après le China’s Smart Retailing Pays Off, 60% [8]des consommateurs en Chine pourraient acheter un produit vendu par un KOL, le taux d’engagement est donc très important. Par exemple, en mars 2021, un KOL chinois a généré 254[9] millions d’euros en une seule vente de live shopping. Les plateformes dédiées comme Taobao ou Shopshops en Asie et plus précisément en Chine sont devenues des acteurs clés pour les marques et vont continuer de s’ancrer dans les mœurs.

De l’autre côté de l’Océan Atlantique, le social selling progresse mais pas aussi rapidement qu’en Asie et des plateformes de live shopping voient le jour.

La multinationale Walmart a créé sa propre plateforme de live shopping nommée Walmart Shop Live et figure comme l’une des premières entreprises américaines à avoir sauté le pas. Le live shopping prend de l’ampleur en Amérique du Nord, ainsi lors d’un live sur Walmart Shop Live avec des influenceurs en décembre 2020, le visionnage de la vidéo a été multiplié par 7. Avec Walmart Shop Live, les spectateurs du live shopping peuvent ajouter instantanément le produit dans un panier en ligne et poser des questions en direct.
Le géant Amazon a lui aussi sauté le pas en créant Amazon Live, essentiellement conçu pour l’activité de live shopping. Sur Amazon Live, on peut visionner du live shopping pour tous les goûts, allant du jardinage au maquillage. La fonction « chat » permet également au vendeur d’expliquer son produit et de répondre directement aux questions des consommateurs.

Les plateformes déjà existantes, voient le potentiel du live shopping et s’organisent. Le live shopping est en train de s’ancrer progressivement dans les mœurs outre Atlantique. Ainsi Facebook à lancé en 2020 Facebookshop et Instagram en à fait de même en ajoutant une fonctionnalité de live sur son application en 2021.

Quant au live shopping en Europe, cette méthode de vente n’a pas encore réussi à faire évoluer les mœurs et n’est pas à ce jour au même niveau qu’en Amérique du Nord ou en Asie. Cette nouvelle manière de procéder à nos achats est récente et il faudra quelques années pour voir si la tendance se confirme également sur le vieux continent.

Sarah Halphen


Sources:
[1] https://bigmedia.bpifrance.fr/news/quest-ce-que-le-social-selling

[2] https://solutions.lesechos.fr/com-marketing/c/quest-social-selling-6166/

[3] https://www.salesforce.com/blog/guide-to-social-selling/

[4] https://fr.statista.com/infographie/26783/utilisateurs-actifs-mensuels-et-quotidiens-de-facebook-taux-de-croissance-annuel/

[5] https://www.forbes.fr/femmes-at-forbes/entretien-exclusif-avec-lena-situations-la-plus-puissante-influenceuse-luxe-du-monde/

[6] https://www.ledauphine.com/insolite/2020/02/19/meme-les-retraites-ont-leurs-youtube-avoriaz-je-ne-suis-pas-un-senior-qui-compte-130-000-abonnes-youtube

[7]https://www.forbes.com/sites/kristinlarson/2021/03/27/retailers-embrace-livestreaming-market-expected-to-reach-11-billion-in-2021/?sh=35b86e542fde

[8] https://www.sqli.com/fr-fr/insights-news/blog/live-streaming-et-social-commerce-les-nouveaux-usages-e-commerce-en-asie#:~:text=60%25%20des%20consommateurs%20chinois%20seraient,fictives%20pr%C3%A9sentes%20dans%20le%20pays.

[9] https://siecledigital.fr/2021/03/29/live-shopping-chinois-254-millions-euros-vente/

Une marque inspirante sur les réseaux sociaux : GoPro.

Quelle stratégie pour GoPro sur les réseaux sociaux ?

On ne la nomme plus, elle nous accompagne de partout dans notre quotidien mais surtout en vacances : la Gopro, cette petite caméra que l’on peut emporter de partout et par toutes les conditions, fait l’objet aujourd’hui d’une attention toute particulière. En effet, elle est considérée comme l’une des marques les plus inspirantes sur les réseaux sociaux. Quelle est donc cette fameuse stratégie qui place GoPro comme leader sur les réseaux sociaux ? 

GoPro est une marque de caméra fondée en 2005, originellement créée par Nick Woodman, un surfeur californien souhaitant optimiser ses sessions et prendre en photo sa passion. Il raconte : « À l’époque, les seules options étaient d’utiliser un appareil jetable étanche […]. Mais 9 fois sur 10, soit vous loupiez la photo, ou vous vous blessiez et souvent, vous perdiez l’appareil dans l’eau. J’avais l’impression d’être en train d’inventer la plus importante création du monde du surf ».

Créée par un passionné, pour des passionnés, les amateurs de sensations fortes adoptent peu à peu la petite caméra et la placent au cœur de leurs sessions sportives. Sous l’eau, dans la neige, dans le vide ou encore en parachute, la GoPro permet à ses utilisateurs d’immortaliser leurs meilleurs moments et de partager leur passion à leur communauté sur les réseaux sociaux. 

GoPro, ou les maîtres de l’User Generated Content.

Le premier volet du succès de GoPro sur les réseaux sociaux, et le plus efficace, concerne l’usage de User Generated Content. En effet, la grande majorité du contenu posté sur les réseaux, que ce soit Facebook, Twitter, Instagram ou encore Youtube, est créé directement par les consommateurs de GoPro, aka les passionnés. 

Originellement créée pour les surfeurs, GoPro s’est étendue progressivement vers tous les amateurs de sensations fortes, professionnels ou non, et s’est même inscrite dans le quotidien de personnes lambdas souhaitant immortaliser des instants spéciaux. La cible étant plutôt jeune (16-35 ans), ces personnes sont les acteurs principaux des réseaux sociaux car ce sont des générations qui sont nées et/ou ont grandies avec les réseaux. Ainsi, le partage et la publication de contenus est presque évidente pour ces derniers qui vont ainsi générer beaucoup de UGC.

Cela donne ainsi à GoPro la chance d’avoir accès à une source inépuisable de contenus originaux, pour laquelle les utilisateurs n’attendent presque uniquement que de la reconnaissance en retour : avoir leur photo / vidéo postée sur l’une des pages de GoPro.

L’approche de GoPro par rapport à cet UGC est unique, car le produit en lui-même – la caméra – est rarement montré. Les utilisateurs les plus importants font exactement ce qu’ils sont censés faire avec la caméra : immortaliser leurs instants de vie, leur sport et leur passion. 

Cette manière de promouvoir la marque offre la possibilité d’un fort engagement de la part des utilisateurs sur les réseaux, qui se reconnaissent dans le UGC.

Pour faciliter ce flux continu de User Generated Content, GoPro a anticipé et a même créé un canal de partage directement sur son produit. Grâce à l’application GoPro, les utilisateurs peuvent éditer et partager leurs photos et vidéos directement sur Instagram, Facebook ou encore Youtube. GoPro devient donc un outil central dans le partage des activités sur les réseaux et oriente clairement sa stratégie sur le UGC.

Ces contenus permettent ainsi aux nouveaux utilisateurs d’avoir accès à une multitude de retour d’expérience plus que convaincants : les images sont magnifiques, traduisent des passions communes et des expériences sensationnelles. Tout « fait envie » et pousse les nouveaux utilisateurs de GoPro à participer et à intégrer la communauté.

Capture d’écran du compte Instagram de Gopro @gopro.

Afin de pousser les utilisateurs à créer du UGC, GoPro gamifie son fonctionnement en lançant de nombreux challenges et autres concours. En effet, la marque lance les GoPro Awards qui sont des concours où les utilisateurs sont invités à capturer leurs plus beaux instants et à les soumettre à GoPro. Les gagnants des différents challenges gagnent des lots, de l’argent, mais surtout une couverture médiatique sur les réseaux de GoPro. Divers challenges existent sur différents thèmes, comme « the photo of the day » ou encore « be a hero challenge ». 

Des images sensationnelles promues par des célébrités portant les valeurs du sport de haut niveau. 

La stratégie de GoPro repose également sur un contenu digital sensationnel. L’expérience GoPro fait rêver, et pour cela la marque a très bien compris quels moyens utiliser. 

Tout d’abord, le UGC créé et repartagé par GoPro ne montre que des photos et vidéos fabuleuses. Entre paysages, hautes sensations ou encore vues du ciel, le contenu fait rêver et associe l’expérience sensationnelle directement à l’utilisation de GoPro. En voyant cela, le consommateur se projette (car les photos et vidéos viennent d’un utilisateur comme lui) et se dit qu’en utilisant la GoPro il aura accès aux mêmes expériences. 

Pour accentuer cette expérience, GoPro s’inscrit dans une stratégie de marketing d’influence en promouvant sa marque par des stars et autres sportifs de haut niveau connus et réputés dans leur domaine. 

Par exemple, GoPro a publié une vidéo sur la skieuse alpine Lindsay Vonn qui bat un record du monde sous l’objectif attentif de la GoPro. GoPro a aussi par exemple décidé de suivre la fin de carrière du pilote de vitesse moto Valentino Rossi, attirant tous ses fans pour une dernière vidéo phénoménale en son honneur. 

La marque possède 10,6 millions d’abonnés sur Youtube et attire ainsi beaucoup d’audience grâce à ce genre de vidéos.

Ces célébrités du sport qui utilisent la GoPro dans des conditions extrêmes et professionnelles jouent donc quelque part le rôle de Key Opinion Leader car leur opinion compte : leur professionnalisme leur confère de la crédibilité, et montre que la GoPro peut s’utiliser même par les plus grands. 

Ici, les logiques du celebrity endorsement sont rencontrées de bout en bout : les sportifs de haut niveau sont crédibles car professionnels ; ils sont beaux et jeunes et renvoient une image saine et ambitieuse ; leurs caractéristiques collent entièrement avec les caractéristiques de GoPro qui promeut les sensations fortes et les images spectaculaires ; enfin, les sportifs de haut niveau représentent des valeurs importantes dont la communauté va s’imprégner, véhiculées par la simple phrase qui est maintenant leur slogan : « Be a hero ». D’ailleurs, chaque modèle de caméra porte ce nom : Hero.

Pour renforcer cette image de héro, GoPro est maintenant en partenariat avec la boisson énergisante Redbull qui promeut les mêmes valeurs et ambitions. En effet, Redbull organise de nombreux événements dédiés aux sports à sensations fortes de haut niveau (cliff diving, porsche race, formula one). GoPro couvre ainsi la totalité des événements Redbull. Redbull associe son image à la création de tels événements et GoPro associe son expertise audiovisuelle et ses images spectaculaires. Combinées, les deux marques comptent près de 40 millions d’abonnés rien que sur Instagram, ce qui promet un partenariat ambitieux et procréateur. 

Adobo magazine

« L’envergure et les capacités d’exécutions mondiales de Redbull sont impressionnantes, ce qui rend ce partenariat très stratégique pour GoPro. Nous partageons la même ambition d’être une source d’inspiration dans le monde entier, afin d’inciter le public à vivre intensément. » Nicholas Woodman, CEO de GoPro.

Une communauté très forte.

GoPro repose sur un fort esprit de communauté.

D’une part, GoPro organise sa propre communauté grâce au site community.gopro.com sur lequel on y retrouve des forums de discussion où les utilisateurs expérimentés peuvent aider les nouveaux dans la prise en main de leur appareil. Des ingénieurs et autres professionnels de GoPro sont également présents sur les forums pour promouvoir des messages important et aussi aider les utilisateurs.

Depuis peu, un nouvel espace de la communauté existe, appelé les GoPro Labs, où les ingénieurs proposent de nouvelles fonctionnalités à tester par les utilisateurs expérimentés. Ces derniers laissent leurs avis et permettent aux équipes de développement de savoir si cette nouvelle fonctionnalité en question vaut le coup ou non. 

“GoPro Labs is an initiative to deliver new, experimental features to our GoPro community. Many of these features originated from internal hackatons […]. We don’t promise any of these will make it to a production camera, but they’re cool enough and cooked to give you a taste. Why hold back anymore?”

Capture d’écran de la page GoPro Labs

GoPro va plus loin en proposant également la plateforme Open GoPro où l’utilisateur peut développer lui-même des fonctionnalités personnalisées à intégrer à sa caméra. Par le biais de la communauté, l’utilisateur peut atteindre un degré de personnalisation précis.

Par la multitude de UGC, on se rend donc compte que c’est la communauté de GoPro qui promeut l’objectif principal : être un héros. De nombreux groupes informels sont créés sur les différents réseaux (groupes Facebook, pages Instagram etc…), gérés par des utilisateurs expérimentés qui souhaitent uniquement partager la passion GoPro.

Chaque membre de la communauté est un ambassadeur pour GoPro.

Mathilde Comte

Gopro.com. GoPro Awards | Défis vidéo et photo. [online] Available at: <https://gopro.com/fr/fr/awards>

Instagram – GoPro. [online] Available at: <https://www.instagram.com/gopro/>

Sport Stratégies. Red Bull donne des ailes à GoPro. [online] Available at: <https://www.sportstrategies.com/red-bull-donne-des-ailes-a-gopro/>

DigiSchool commerce. GoPro : Etudes, Analyses Marketing et Communication de GoPro. [online] Available at: <https://www.marketing-etudiant.fr/marques/gopro-marketing.html>

Comment GoPro stimule la fidélité à la marque avec l’UGC |. [online] Available at: <https://clarksbarandrestaurant.com/social-spotlight-how-gopro-fuels-brand-loyalty-with-ugc>

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