Entre écrans traditionnels et nouveaux écrans, quelle évolution des usages ?

Lors du CES 2022, Sony avait révélé son premier téléviseur utilisant la technologie QD-OLED ou Quantum Dot-Organic Light Emitting Diode. Tandis que certains acteurs de l’électronique se focalisent sur le développement de nouvelles technologies adaptées aux écrans traditionnels comme le téléviseur, d’autres préfèrent se concentrer sur la mise en avant de nouveaux écrans pour de nouveaux usages.

Les écrans traditionnels et ceux devenus incontournables

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Les écrans traditionnels, ce sont les écrans qui sont présents dans de nombreux foyers depuis très longtemps. Le téléviseur par exemple, est l’écran le plus présent dans les foyers, avec un taux de pénétration de 91,7% d’après la dernière publication du CSA sur l’équipement audiovisuel des foyers pour l’année 2020. Le téléviseur, ou l’écran que l’on regarde assis en arrière, demeure plus présent dans les habitations que l’ordinateur, l’écran que l’on regarde assis en avant, présent dans 85,8% des foyers français.

D’autres écrans plus récents sont, eux, devenus incontournables. Il s’agit du smartphone, l’écran multi-usages, possédé à 77,4% des personnes âgées de plus de 11 ans, et de la tablette, l’écran qu’on lit, possédé par quasiment la moitié des foyers français.

Des écrans traditionnels qui s’adaptent aux nouveaux usages

Les écrans traditionnels s’adaptent à la consommation des utilisateurs : 81% des foyers qui disposent d’un téléviseur ont un téléviseur connecté à Internet, soit un chiffre en hausse de 2 points sur un an. Plus précisément, dans ces foyers-là, on observe une forte progression des Smart TV et des boitiers OTT.

Les Smart TV permettent de se connecter au réseau Internet et de disposer de fonctionnalités supplémentaires comme des applications de streaming telles que Netflix ou YouTube, et fréquemment, la possibilité de diffuser sans fil des contenus à partir de son smartphone.

OTT signifie Over The Top, c’est un service de contournement du fournisseur d’accès à Internet (FAI) : l’utilisateur va consommer du contenu disponible uniquement via une connexion Internet, mais le FAI n’a aucune emprise dessus. Le FAI représente la couche d’accès, mais pas le moyen d’accéder au contenu qui est contrôlé, lui, par le service OTT auquel souscrit l’utilisateur. Les principaux prestataires OTT sont Netflix, Amazon Prime, Hulu ou encore Eurosport Player.

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Le contenu que l’utilisateur visionne sur son téléviseur est donc fait selon ses préférences, à sa demande, sous son contrôle. Bien que le streaming de séries et films à la demande semble prédominant en OTT, les domaines du sport et du jeu vidéo constituent des marchés de croissance.

Tout terminal connecté à Internet permet de visualiser le contenu diffusé par les applications OTT : smartphone, tablette, ordinateur… Cependant, la qualité du streaming du contenu dépend de la stabilité et de la performance de la connexion Internet de l’utilisateur. La France est le pays le plus fibré d’Europe avec un taux de pénétration de la fibre de 92% est prévu pour 2026, elle représente donc un fort potentiel de croissance pour le marché de l’OTT.

Avec la télévision connectée, les différents écrans du foyer fonctionnent ensemble tel un écosystème : la Smart TV a besoin d’un smartphone ou d’une tablette pour son usage optimal et l’OTT permet la visualisation des contenus sur tous les écrans connectés. Le renouvellement de la télévision traditionnelle en télévision connectée participe à la densification des écrans connectés et à l’accroissement des usages numériques ; elle marque une convergence des supports.

D’autre part, l’arrivée de l’OTT et la consommation de contenus via les plateformes de services de vidéos à la demande (SVOD) ont bouleversé les usages de telle sorte que la chronologie des médias a dû s’adapter et diffuser plus rapidement les œuvres cinématographiques après leur sortie en salles.

De nouveaux écrans, pour être encore un peu plus connecté

Depuis le réveil jusqu’à l’heure du coucher, les écrans nous accompagnent partout. C’est ce qui est résumé par le concept de ATAWAD qui signifie « any time, any where, any device », ou mobiquité, pour la contraction de « mobilité » et « ubiquité ». Que l’on soit chez soi, dehors ou au travail, on dispose toujours d’un écran à travers lequel on peut être joint.

De nouveaux écrans font leur apparition progressive sur le marché et viennent renforcer la mobiquité. Il s’agit notamment de la montre connectée, l’écran que l’on consulte et qui nous alerte. La montre intelligente permet à l’utilisateur d’avoir accès à ses applications mobiles, mais aussi à des services supplémentaires comme la mesure de l’activité physique. La smartwatch ne se limite pas à un écran déporté du smartphone, elle est pensée pour s’intégrer avec les autres appareils connectés.

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La montre connectée a amené de nouvelles habitudes, comme le paiement sans contact via le NFC ou Near-Field Communication. Au-delà, la montre connectée représente la possibilité d’être alerté rapidement, sans avoir à sortir son smartphone puisque la montre, par une simple vibration, va faire savoir à l’utilisateur qu’il a reçu une notification. Pour les médias, cela représente une porte d’entrée pour un flux d’informations en continu, quasiment en temps réel, sous forme de news courtes et rapides à lire. La montre connectée s’inscrit dans la tendance aux formats courts, privilégiés par les médias pour capter l’attention.

D’autres écrans en sont encore à leur balbutiement, et leur adoption par le marché n’est pas encore complète. On parle des lunettes connectées, que l’on peut considérer comme l’écran qu’on lit en transparence, et du miroir, l’écran qui nous regarde.

Les lunettes connectées vont mettre la réalité augmentée à la portée d’un plus grand nombre. La réalité augmentée consiste en une superposition d’une dimension virtuelle sur la réalité de notre environnement. Dans le domaine des jeux vidéo par exemple, la pénétration des lunettes connectées sur le marché des appareils électroniques connectés pourrait faciliter l’apparition de nouveaux types de jeux et de nouvelles pratiques de jeu. Plus largement, la réalité augmentée rendue possible par les lunettes connectées ouvre aussi la porte au métavers.

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La 5G, un enjeu majeur pour la connectivité de nos écrans

En décembre 2020, les premiers services 5G – la norme de réseau de téléphonie mobile de cinquième génération – ont pu être commercialisés. Elle va se déployer sur plusieurs bandes de fréquences : les bandes basses utilisées pour les réseaux actuels, et deux bandes hautes, jusque-là non attribuées aux réseaux mobiles, qui permettront de faire face à la saturation des réseaux actuels.

Le but est en effet d’offrir une connexion plus performante sur trois aspects : le débit, la latence et la densité. Il est prévu que la 5G offre un débit jusqu’à 10 fois supérieur à celui de la 4G, que la latence soit divisée par 10 et que la densité de connexion permette de multiplier par 10 le nombre d’objets connectés au réseau.

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L’amélioration de la connectivité grâce à la 5G permet de faire face à l’augmentation des usages digitaux ; et elle va même en accélérer la tendance grâce à des capacités technologiques qui permettent l’apparition de nouveaux. Non seulement la 5G devrait permettre l’émergence de l’internet industriel, de la smart city ou de la voiture autonome, mais elle va aussi apporter l’ultra-connectivité. 

Le secteur des médias va être particulièrement bouleversé par le enhanced mobile broadband ou eMBB, qui est l’un des trois axes d’amélioration que suit la 5G d’après l’organisation 3GPP, une coopération entre organismes de normalisation des télécommunications. Cette connexion ultra haut débit va permettre le visionnage de vidéo haute définition, l’utilisation de réalité virtuelle ou augmentée avec une qualité de service élevée et stable.

Ces nouvelles possibilités technologiques induisent une adaptation des médias via des contenus sous de nouveaux formats plus visuels. En parallèle, elles induisent aussi une adaptation des supports, c’est-à-dire une prolifération des écrans connectés, d’une part par l’adoption par le marché de nouveaux écrans comme les lunettes connectées, d’autre part par l’augmentation de leur usage, comme celui des smartphones. 


Emmeline Ruellan

Clue, le futur de la santé est-il connecté ?

 

La startup berlinoise Clue, dont l’application a été lancée en 2013, a réuni un total de 30,3 millions de dollars lors de ses multiples levées de fonds. L’application mobile met la science et la donnée au service de connaissances personnelles actionnables dans le domaine de la santé féminine.

La cofondatrice Ida Tin est partie du constat que depuis 60 ans, première commercialisation de la pilule contraceptive, aucune innovation majeure n’a eu lieu en la matière. Et si la technologie pouvait entrer en jeu ?

Clue, mais qu’est-ce donc ? Voici des indices !

L’application mobile s’est positionnée comme un traqueur du cycle menstruel et une aide à la contraception et la fertilité. L’application est disponible dans plus de 190 pays, 15 langues et comptabiliserait selon elle 5 millions d’utilisateurs actifs. L’application repose sur trois technologies principales : le machine learning, les big datas et le cloud. Clue devrait proposer à l’avenir du hardware avec notamment l’utilisation de la technologie de réseau de capteurs sans fil.

L’application Clue peut être utilisée avec ou sans création de compte utilisateur :

  • Sans compte (opt out) : les données sont stockées localement sur le mobile de l’utilisateur, certaines fonctionnalités et la récupération des données sont impossibles. Les données ne sont partagées avec aucun tiers.
  • Avec compte (opt in) : les données sont stockées sur les serveurs propriétaires de Clue. Les données personnelles collectées sont anonymisées et sont utilisées pour la recherche par des universités partenaires comme Oxford University ou encore Columbia.

Les applications de suivi du cycle représentent la deuxième catégorie la plus téléchargée après les applications de running dans la catégorie forme et santé de l’App Store. Il existe à ce jour une centaine d’applications mobiles sur cette thématique sur le store français. Quels signaux sont actuellement envoyés sur le marché de la santé connectée et quelles stratégies peuvent y émerger ?

La santé connectée : un marché attractif !

Selon Statista, le marché global de la santé numérique a été évalué à 60 milliards de dollars en 2013 et devrait être multiplié par quatre d’ici 2020, pour atteindre les 233,3 milliards de dollars. Le marché devrait être plus particulièrement tiré par la m-santé, santé connectée grâce au mobile, la santé sans fil (« wireless health ») qui regroupe tous les usages de technologies sans fil au service de la santé et enfin la télémédecine qui désigne l’usage des NTIC pour permettre l’exercice de la médecine à distance. Le segment de marché de la m-santé devrait générer 55,9 milliards de dollars en 2020.

Le culte du « quantified self », déjà une habitude de consommation…

La mesure de soi, « quantified self », n’est pas née avec le numérique. Cependant, le numérique a permis sa généralisation et son partage. Ce terme désigne l’ensemble des méthodes et technologies permettant à l’utilisateur de mesurer ses données personnelles pour mieux se gérer lui-même. Cela peut regrouper la gestion de sa productivité, de son bien-être ou encore de sa santé. L’émergence et le succès d’applications permettant de suivre la santé de ses utilisateurs sont indissociables de l’accélération du phénomène de mesure de soi.

… Malgré une méfiance à l’égard des produits de santé connectée !

Il existe néanmoins un enjeu fort de confiance envers les services et produits du marché la santé numérique. Une étude Statista montre qu’un quart des consommateurs américains entre 35 et 44 ans sont soucieux du fait que leurs données de santé, et plus particulièrement leurs dossiers médicaux, soient stockés dans le cloud. Les générations les plus jeunes sont plus enclines à partager leurs données que leurs ainées.

Quant au partage des données de santé de manière anonyme pour faire avancer la recherche médicale, le clivage entre la génération des 18-24 ans et des 25-34 ans est particulièrement marqué puisque 40% des 18-24 ans y sont favorables tandis que les 25-34 ans sont parmi les générations les moins enclines à partager ces données (28%).

Enfin, la confiance des médecins est primordiale pour apporter de la légitimité aux produits et services de la santé numérique ainsi que favoriser leur développement et leur usage. L’enjeu actuel est de rassurer les médecins sur la manière selon laquelle les données sont traitées puisque la principale préoccupation des médecins en Europe est la mauvaise interprétation des données.

L’importance de se positionner en « good data company »

Face à ses concurrents, Clue affirme être une « Good data company » et être très vigilante quant aux données de ses utilisateurs. Son concurrent Ovia Health espère valoriser ses données auprès des compagnies d’assurance et la réputation de Glow a été dégradée lors de l’été 2016 dans un rapport du site américain Consumer Reports démontrant des failles de sécurité concernant les données des utilisateurs, depuis démenties par Glow.

L’actualité juridique est particulièrement riche dans ce domaine avec l’entrée en vigueur du règlement européen sur la protection des données personnelles en 2018. Clue devra dès lors intégrer toutes les contraintes législatives à venir, en assurant une protection effective des données de ses utilisateurs dès la conception du hardware, en intégrant la notion de privacy by design.

Une stratégie de verrouillage des utilisateurs et de coopétition avec Apple

La stratégie de Clue est une stratégie de verrouillage et de mise en place d’un switching cost psychologique. L’utilisateur peut accéder grâce à l’application à toutes les données qu’il a entrées depuis le début d’utilisation de l’application. Le machine learning permet d’avoir des données dont la pertinence augmente avec l’utilisation de l’application. Si l’utilisateur quitte l’application, il perdra non seulement ses données, mais surtout la fiabilité des prédictions proposées par l’application. Clue ne verrouille pas ses utilisateurs de manière agressive : il est possible d’exporter ses données pour pouvoir les emmener en consultation médicale par exemple. Le verrouillage réside également dans le design de l’application puisque l’utilisateur est habitué à l’interface et en changeant d’application, il sera obligé d’apprendre à utiliser la nouvelle interface, ce qui peut constituer un switching cost psychologique.

L’arrivée d’Apple sur le marché a incité Clue à développer une logique de coopétition avec cet acteur. Plutôt que d’affronter frontalement Apple, Clue a décidé de coopérer avec lui en permettant de synchroniser les données de santé reproductive de Clue avec l’interface Health Kit de Apple. Cependant le passage par l’application Clue propose davantage de catégories que ce qui est pris en charge par le Health Kit, pour favoriser l’usage direct de l’application.

Du software au hardware, les prémisses du modèle d’affaire

Ida Tin, depuis les débuts de Clue, croit dans l’utilisation des capteurs sans fils, en plus des algorithmes et du machine learning, au service de la santé. Clue permet le suivi des données entrées par les utilisateurs eux-mêmes. En complément de l’application, il est déjà possible de se synchroniser avec FitBit, et Health Kit et ainsi, de prédire par la fréquence cardiaque, quand l’utilisatrice est plus fertile. Clue espère grâce à l’utilisation d’objets connectés, favoriser l’émergence d’une alternative aux moyens contraceptifs classiques.

Clue pourrait à terme constituer une alternative aux contraceptifs hormonaux, sous réserve d’études et tests cliniques rigoureux prouvant l’efficacité et la fiabilité de ce nouveau mode de contraception par rapport aux contraceptifs traditionnels. L’enjeu majeur est d’instaurer la confiance auprès des utilisatrices. Les alternatives actuelles restent contraignantes puisqu’elles nécessitent la prise de température basale et un suivi du mucus quotidiennement.

Le modèle d’affaire de Clue repose dès lors sur le hardware et non sur l’application seule. Le service proposé pourrait être à l’achat du support hardware et/ou à l’abonnement au service lié à l’usage du hardware. A date, aucune information descriptive sur l’objet connecté en cours de création n’a été communiquée, le projet restant secret et devant d’après les cofondateurs présenter une « innovation scientifique majeure ».

De l’application mobile au dispositif médical

Selon la directive Européenne 93/42/CEE, on qualifie les accessoires utilisés avec des dispositifs médicaux comme des dispositifs médicaux eux-mêmes. Avec le développement du hardware, il y a requalification de l’application Clue et les règles qui s’y appliqueront seront dès lors plus contraignantes. Clue semble avoir néanmoins déjà pris en compte en partie cet aspect juridique puisque tous les contenus rédigés sur l’application sont suivis d’une bibliographie citant la littérature scientifique ayant permis leur rédaction.

La course à l’innovation est lancée sur le marché de la santé connectée !

Le time to market du produit hardware semble long puisque la startup a été fondée il y a quatre ans. L’innovation technologique, la date de lancement du produit ainsi que les stratégies de pricing, communication et distribution seront déterminantes dans la réussite du modèle d’affaire de Clue. L’enjeu règlementaire viendra complexifier davantage les règles qui s’appliqueront à Clue, plus particulièrement sur le territoire européen. Plusieurs modèles d’affaires sur la m-santé féminine devraient s’affronter et l’avenir nous montrera s’ils pourront cohabiter ou si de gros acteurs comme Apple avec son softwares HealthKit ou encore Google, qui investit dans la recherche et développement de hardwares liés à la santé, capteront l’essentiel du marché.

 

Alice Fauroux

La magie de yuzzit ou la mémoire augmentée

Accompagnée de Sud de France Développement,  la start-up vient d’être récompensées au Consumer Electronic Show (CES) de Las Vegas. Objet intelligent, connecté à une application, Yuzzit est une sorte de petit boîtier connecté et intelligent.

Yuzzit enregistre pour vous des lieux géolocalisés, vous invite à enregistrer vos pensées et retrouve en fin de journée tout ce que vous avez aimé lors de votre journée sur un fil personnalisé.

Vous n’oublierez plus rien : ni l’emplacement de votre voiture, ni la petite robe noire repérée dans une boutique, ni le restaurant au coin de la rue. Yuzzit vous promet de se souvenir de tout ce que vous voudrez.

Pour cela, le wearable est doté d’un micro intégré et intelligent qui permet d’enregistrer des notes vocales.

Shazamer, tagger sa vie.

L’idée née dans les années 2000. Le fondateur, Frédéric Bruel, souhaite identifier tout ce qu’il voit, entend, rencontre.

Cela germe dans son esprit. Shazam est lancé en 2002 comme service téléphonique et débarque en 2014 sur l’Apple Store : le succès est enclenché. Je shazame, tu shazames… Mais, il (Frédéric Bruel), veut « shazamer » plus que de la musique. L’idée de Yuzzit est née. Lancée en 2016, elle se fait vite remarquer. L’application et son wearable reconnaîtront plus vite que la musique.

La fin du post it.

La startup Yuzzitit entend tagger notre vie. Plus que de se remémorer de manière digitale tous les moments de notre journée, Yuzzit est un outil pour notre to do list comme pour nos achats… Il yuzzit, nous yuzzitons, vous yuzzitez ?

Le wearable est un boîtier doté d’une technologie de « clipping ». Un clic, le boîtier enregistre le lieu, la musique ou la voix, via une technologie « speech to text », qui facilite le bookmark.

Deux clics, Yuzzit enregistre une action personnalisée, comme l’enregistrement d’un programme. Le wearable est bien une prolongation de soi. La transformation numérique permet par le tactile ou la voix d’être toujours plus proche du corps.

Les technophobes vont diront que cela simplifie l’accès aux fonctionnalités, les automobilistes éviteront une amende quand les technophiles prescripteurs vous diront que Siri suffit et fonctionne très bien.

La reconnaissance vocale, c’est la tendance du CES 2017 : Siri, mais aussi Alexa, Amazon Echo… Yuzzit développe toutes ses technologies en interne. Dix personnes s’y activent.

Petite révolution ou gadget ?

L’internet des objets avec la miniaturisation des processeurs permet d’intégrer des technologies très puissantes dans un porte-clef qui récolte une myriade de données.

Comme toute startup dont le cœur d’activité repose sur la data, Yuzzit a dû intégrer un paramètre essentiel dans son business model : la protection des données.

Pour nous rassurer, l’aspect confidentialité est pris en compte dès la création. C’est ce qu’on appelle la « privacy by design ».

En effet, l’actualité juridique se révèle riche dans ce domaine avec l’entrée en vigueur du règlement européen en 2018. Cette privacy deviendra une condition sine quanon.

Sécurisé, Yuzzit devient votre alter ego, notre journal intime 4.0 ; le mécanisme n’est qu’en second lieu celui du partage sur les réseaux sociaux.

Yuzzit se propose comme une Killer App en intégrant Bluetooth low energy, géolocalisation, API (Facebook ou Google Maps) ainsi qu’un cloud de reconnaissance audio universelle.

Trop d’applications, une application

78% des applications téléchargées sont utilisées moins d’une fois avant d’être définitivement supprimée. Plus besoin de se souvenir où l’application, ni même le wearable est caché… bippez à distance votre yuzzit.

L’utilisation de ce pense-bête 2.0 est très intuitive. Doté également d’un d’un système de reconnaissance vocale, le wearable peut reconnaître la voix de son utilisateur mais également une émission à la radio ou encore à la télévision. De quoi donner des idées aux annonceurs tv ?

Yuzzit avec sa logique servicielle fonctionne sur une co-création de données avec ses utilisateurs. C’est une boîte de technologie, où le consommateur est une ressource (« customeras a resource ») et le produit une commodité.

Un marketing 4.0

Pour se différencier, du côté B2C, Yuzzit devra proposer une promesse limpide et des fonctionnalités essentielles attendues par les consommateurs. A priori, peut-être un Yuzz, tout détenteur de smartphone. Le développement d’une réelle masse critique, d’une communauté permettrait de faire exister cette cet outil pour capter l’attention de chaque utilisateur.

Le « tag » devient la nouvelle technologie marketing. Mais parallèlement, 90% des ventes se font encore, en France, en physique : quoi de mieux que de se rappeler où aller acheter l’objet de sa convoitise.

Des perspectives d’évolution

1/La segmentation B2B2C pour atteindre une masse critique d’utilisateurs via des acteurs prescripteurs

Pour atteindre une masse critique, les concessionnaires automobiles seront des partenaires clefs.

En voiture, chacun se transporte d’un point à l’autre sans avoir forcément accès à son smartphone : Yuzz.it prend alors tout son sens. Logiquement, c’est un service que le concessionnaire pourrait offrir à son client lors de l’achat d’une voiture. Le wearable Yuzz.it serait alors remis avec le porte-clef de la voiture. Le concessionnaire pourrait, par ailleurs, nouer des partenariats avec des assurances de voitures telles que Axa dans l’offre du Yuzz.it. Ainsi, ce porte-clef malin éviterait bien des accidents au volant.

Dans un premier temps, l’objet du porte clef avec l’appareil Yuzz.it serait conservé avant la mise en place de la « car-as-a-platform ». Dans un futur proche, certains constructeurs pourraient proposer directement dans le dashboard de leur voiture, des fonctionnalités et des services à leurs clients. Alors, la licence seule pourrait être proposée au sein de cette automobile du futur.

Au sein d’une API, qui appelle des fonctions de données, il convient de multiplier les partenariats afin de proposer et d’assembler un maximum de services. En effet, face à des géants du web, une solution de reconnaissance vocale et de clipping ne suffisent pas. Aussi, c’est une source supplémentaire de revenus pour les différents clients de yuzz it. Dans le modèle B2B2C, le client final a une expérience client optimisée permise par une récolte de données en opt in du B2B.

Carrefour, pourrait proposer le device Yuzz It aussi à ses clients afin qu’ils se souviennent des produits qu’ils souhaitent mettre sur leur liste de course ou pour récolter des données sur leurs clients. Plus en avant encore, Carrefour pourrait faire payer le device du Yuzz à d’autres fins utiles. Le B2B2C prend ici un autre sens. Carrefour vend son objet mais n’utilise pas en retour les données de l’utilisateur. Cet outil permettrait aux clients de chez Carrefour de (re)commander un produit (comme le dash button pour Amazon) ou à recevoir des push pour des offres pour lesquelles les clients auraient choisi de souscrire. Ce sont des business model totalement différents. Mais Yuzzit, comme nous l’avons dit, peut être un outil de base, un device comme une licence, que les entreprises se réapproprient selon leurs besoins.

Selon le client, il y a donc plusieurs possibilités de “revenue model” :

• Facturation de l’objet : la marque qui commande des boîtiers à Yuzzit facture une somme moins importante que le prix de vente affiché dans les commerces (49€) et réalise du co- branding.

• Facturation de la privacy : Carrefour vend le boîtier yuzzit mais c’est le client qui est au commande de l’objet connecté pour en faire ce qu’il souhaite. Carrefour concurrence ainsi Amazon.

• Objet gratuit versus data : la marque offre l’objet et en récupère la data, un concessionnaire ou le salon de l’automobile auront tendance à choisir ce modèle.

 

2/Le géomarketing, un évolution clivante

Le géomarketing est une fonctionnalité à double tranchant. Tout d’abord, il faut avoir atteint une masse critique pour espérer pouvoir revendre les données de ciblage de manière intéressante pour des partenaires. C’est pourquoi, le géomarketing ne peut être permis qu’à partir d’un certain seuil d’utilisateurs pouvant intéresser des annonceurs ou des partenaires.

Aussi, la deuxième barrière de cette recommandation, vient du opt in. Le yuzz doit avoir accepté de recevoir des offres contextualisées.

En push, Yuzz It pourrait suggérer tant des publicités, que des offres promotionnelles ou des sorties. Pour ce faire, il faut penser un contenu intéressant pour le client en s’associant à des partenaires.

Si cela est bien fait, avec un contenu créatif, voire du gaming, des publicités pensées avec du DCO (Dynamic Creative Optimization) voire personnalisées en fonction des personnes avec un message et un habillage ingénieux, cela peut être gagnant, alors les utilisateurs n’iront pas vers le opt out. Au contraire, avec une publicité ou des push trop intrusifs, l’utilisateur de yuzz pourrait considérer que sa data sert plus les intérêts des annonceurs ou des partenaires que le sien ; alors la mise en œuvre pourra faire échouer cette fonctionnalité.

Enfin, pour les restaurants, le revenu sharing de ce produit est plus complexe. Le restaurant n’aurait aucun intérêt à donner ou vendre l’objet yuzzit tel quel. Aussi, dans un premier temps, yuzz it pourrait être un apporteur d’affaire pour les restaurants. Comme Mapstr, yuzz permet de se souvenir des restaurants où l’on veut aller. Mais si yuzz it convertit une envie en une réservation dans le restaurant, un système de commission pourrait être envisagé. Ainsi, dans un premier temps, Yuzzit doit déjà proposer une API ouverte à des partenaires hôteliers ou de la restauration pour avoir un maximum d’endroits répertoriés. Bien que l’API de Google Maps soit quasiment suffisante, il ne faut pas que Yuzzit soit trop dépendant des données de Google Maps.

D’un point de vue plus stratégique, Yuzzit aurait intérêt à développer les meilleures fonctionnalités de Shazam, de Dash Button d’Amazon, de Mapstr, de Evernote ou encore de Wistiki dès sa version de lancement afin de devenir une killer app.

 

Alix de Goldschmidt
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