La magie de yuzzit ou la mémoire augmentée

Accompagnée de Sud de France Développement,  la start-up vient d’être récompensées au Consumer Electronic Show (CES) de Las Vegas. Objet intelligent, connecté à une application, Yuzzit est une sorte de petit boîtier connecté et intelligent.

Yuzzit enregistre pour vous des lieux géolocalisés, vous invite à enregistrer vos pensées et retrouve en fin de journée tout ce que vous avez aimé lors de votre journée sur un fil personnalisé.

Vous n’oublierez plus rien : ni l’emplacement de votre voiture, ni la petite robe noire repérée dans une boutique, ni le restaurant au coin de la rue. Yuzzit vous promet de se souvenir de tout ce que vous voudrez.

Pour cela, le wearable est doté d’un micro intégré et intelligent qui permet d’enregistrer des notes vocales.

Shazamer, tagger sa vie.

L’idée née dans les années 2000. Le fondateur, Frédéric Bruel, souhaite identifier tout ce qu’il voit, entend, rencontre.

Cela germe dans son esprit. Shazam est lancé en 2002 comme service téléphonique et débarque en 2014 sur l’Apple Store : le succès est enclenché. Je shazame, tu shazames… Mais, il (Frédéric Bruel), veut « shazamer » plus que de la musique. L’idée de Yuzzit est née. Lancée en 2016, elle se fait vite remarquer. L’application et son wearable reconnaîtront plus vite que la musique.

La fin du post it.

La startup Yuzzitit entend tagger notre vie. Plus que de se remémorer de manière digitale tous les moments de notre journée, Yuzzit est un outil pour notre to do list comme pour nos achats… Il yuzzit, nous yuzzitons, vous yuzzitez ?

Le wearable est un boîtier doté d’une technologie de « clipping ». Un clic, le boîtier enregistre le lieu, la musique ou la voix, via une technologie « speech to text », qui facilite le bookmark.

Deux clics, Yuzzit enregistre une action personnalisée, comme l’enregistrement d’un programme. Le wearable est bien une prolongation de soi. La transformation numérique permet par le tactile ou la voix d’être toujours plus proche du corps.

Les technophobes vont diront que cela simplifie l’accès aux fonctionnalités, les automobilistes éviteront une amende quand les technophiles prescripteurs vous diront que Siri suffit et fonctionne très bien.

La reconnaissance vocale, c’est la tendance du CES 2017 : Siri, mais aussi Alexa, Amazon Echo… Yuzzit développe toutes ses technologies en interne. Dix personnes s’y activent.

Petite révolution ou gadget ?

L’internet des objets avec la miniaturisation des processeurs permet d’intégrer des technologies très puissantes dans un porte-clef qui récolte une myriade de données.

Comme toute startup dont le cœur d’activité repose sur la data, Yuzzit a dû intégrer un paramètre essentiel dans son business model : la protection des données.

Pour nous rassurer, l’aspect confidentialité est pris en compte dès la création. C’est ce qu’on appelle la « privacy by design ».

En effet, l’actualité juridique se révèle riche dans ce domaine avec l’entrée en vigueur du règlement européen en 2018. Cette privacy deviendra une condition sine quanon.

Sécurisé, Yuzzit devient votre alter ego, notre journal intime 4.0 ; le mécanisme n’est qu’en second lieu celui du partage sur les réseaux sociaux.

Yuzzit se propose comme une Killer App en intégrant Bluetooth low energy, géolocalisation, API (Facebook ou Google Maps) ainsi qu’un cloud de reconnaissance audio universelle.

Trop d’applications, une application

78% des applications téléchargées sont utilisées moins d’une fois avant d’être définitivement supprimée. Plus besoin de se souvenir où l’application, ni même le wearable est caché… bippez à distance votre yuzzit.

L’utilisation de ce pense-bête 2.0 est très intuitive. Doté également d’un d’un système de reconnaissance vocale, le wearable peut reconnaître la voix de son utilisateur mais également une émission à la radio ou encore à la télévision. De quoi donner des idées aux annonceurs tv ?

Yuzzit avec sa logique servicielle fonctionne sur une co-création de données avec ses utilisateurs. C’est une boîte de technologie, où le consommateur est une ressource (« customeras a resource ») et le produit une commodité.

Un marketing 4.0

Pour se différencier, du côté B2C, Yuzzit devra proposer une promesse limpide et des fonctionnalités essentielles attendues par les consommateurs. A priori, peut-être un Yuzz, tout détenteur de smartphone. Le développement d’une réelle masse critique, d’une communauté permettrait de faire exister cette cet outil pour capter l’attention de chaque utilisateur.

Le « tag » devient la nouvelle technologie marketing. Mais parallèlement, 90% des ventes se font encore, en France, en physique : quoi de mieux que de se rappeler où aller acheter l’objet de sa convoitise.

Des perspectives d’évolution

1/La segmentation B2B2C pour atteindre une masse critique d’utilisateurs via des acteurs prescripteurs

Pour atteindre une masse critique, les concessionnaires automobiles seront des partenaires clefs.

En voiture, chacun se transporte d’un point à l’autre sans avoir forcément accès à son smartphone : Yuzz.it prend alors tout son sens. Logiquement, c’est un service que le concessionnaire pourrait offrir à son client lors de l’achat d’une voiture. Le wearable Yuzz.it serait alors remis avec le porte-clef de la voiture. Le concessionnaire pourrait, par ailleurs, nouer des partenariats avec des assurances de voitures telles que Axa dans l’offre du Yuzz.it. Ainsi, ce porte-clef malin éviterait bien des accidents au volant.

Dans un premier temps, l’objet du porte clef avec l’appareil Yuzz.it serait conservé avant la mise en place de la « car-as-a-platform ». Dans un futur proche, certains constructeurs pourraient proposer directement dans le dashboard de leur voiture, des fonctionnalités et des services à leurs clients. Alors, la licence seule pourrait être proposée au sein de cette automobile du futur.

Au sein d’une API, qui appelle des fonctions de données, il convient de multiplier les partenariats afin de proposer et d’assembler un maximum de services. En effet, face à des géants du web, une solution de reconnaissance vocale et de clipping ne suffisent pas. Aussi, c’est une source supplémentaire de revenus pour les différents clients de yuzz it. Dans le modèle B2B2C, le client final a une expérience client optimisée permise par une récolte de données en opt in du B2B.

Carrefour, pourrait proposer le device Yuzz It aussi à ses clients afin qu’ils se souviennent des produits qu’ils souhaitent mettre sur leur liste de course ou pour récolter des données sur leurs clients. Plus en avant encore, Carrefour pourrait faire payer le device du Yuzz à d’autres fins utiles. Le B2B2C prend ici un autre sens. Carrefour vend son objet mais n’utilise pas en retour les données de l’utilisateur. Cet outil permettrait aux clients de chez Carrefour de (re)commander un produit (comme le dash button pour Amazon) ou à recevoir des push pour des offres pour lesquelles les clients auraient choisi de souscrire. Ce sont des business model totalement différents. Mais Yuzzit, comme nous l’avons dit, peut être un outil de base, un device comme une licence, que les entreprises se réapproprient selon leurs besoins.

Selon le client, il y a donc plusieurs possibilités de “revenue model” :

• Facturation de l’objet : la marque qui commande des boîtiers à Yuzzit facture une somme moins importante que le prix de vente affiché dans les commerces (49€) et réalise du co- branding.

• Facturation de la privacy : Carrefour vend le boîtier yuzzit mais c’est le client qui est au commande de l’objet connecté pour en faire ce qu’il souhaite. Carrefour concurrence ainsi Amazon.

• Objet gratuit versus data : la marque offre l’objet et en récupère la data, un concessionnaire ou le salon de l’automobile auront tendance à choisir ce modèle.

 

2/Le géomarketing, un évolution clivante

Le géomarketing est une fonctionnalité à double tranchant. Tout d’abord, il faut avoir atteint une masse critique pour espérer pouvoir revendre les données de ciblage de manière intéressante pour des partenaires. C’est pourquoi, le géomarketing ne peut être permis qu’à partir d’un certain seuil d’utilisateurs pouvant intéresser des annonceurs ou des partenaires.

Aussi, la deuxième barrière de cette recommandation, vient du opt in. Le yuzz doit avoir accepté de recevoir des offres contextualisées.

En push, Yuzz It pourrait suggérer tant des publicités, que des offres promotionnelles ou des sorties. Pour ce faire, il faut penser un contenu intéressant pour le client en s’associant à des partenaires.

Si cela est bien fait, avec un contenu créatif, voire du gaming, des publicités pensées avec du DCO (Dynamic Creative Optimization) voire personnalisées en fonction des personnes avec un message et un habillage ingénieux, cela peut être gagnant, alors les utilisateurs n’iront pas vers le opt out. Au contraire, avec une publicité ou des push trop intrusifs, l’utilisateur de yuzz pourrait considérer que sa data sert plus les intérêts des annonceurs ou des partenaires que le sien ; alors la mise en œuvre pourra faire échouer cette fonctionnalité.

Enfin, pour les restaurants, le revenu sharing de ce produit est plus complexe. Le restaurant n’aurait aucun intérêt à donner ou vendre l’objet yuzzit tel quel. Aussi, dans un premier temps, yuzz it pourrait être un apporteur d’affaire pour les restaurants. Comme Mapstr, yuzz permet de se souvenir des restaurants où l’on veut aller. Mais si yuzz it convertit une envie en une réservation dans le restaurant, un système de commission pourrait être envisagé. Ainsi, dans un premier temps, Yuzzit doit déjà proposer une API ouverte à des partenaires hôteliers ou de la restauration pour avoir un maximum d’endroits répertoriés. Bien que l’API de Google Maps soit quasiment suffisante, il ne faut pas que Yuzzit soit trop dépendant des données de Google Maps.

D’un point de vue plus stratégique, Yuzzit aurait intérêt à développer les meilleures fonctionnalités de Shazam, de Dash Button d’Amazon, de Mapstr, de Evernote ou encore de Wistiki dès sa version de lancement afin de devenir une killer app.

 

Alix de Goldschmidt

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